Les comparaisons entre les systèmes de santé allemand et français vont bon train, ces derniers temps. Beaucoup s’interrogent sur une contradiction apparente : alors que le taux de prélèvements obligatoires est plus élevé en France, les services publics paraissent moins efficients.
En France, le montant des prestations de protection sociale était de 741 milliards d’euros, en 2018, répartis de la façon suivante : 339 milliards pour le pôle vieillesse-survie ; 261,2 milliards pour la santé ; 55,4 milliards pour la famille ; 44,6 milliards pour l’emploi ; 23,7 pour la pauvreté-exclusion sociale ; 17,2 milliards pour le logement (source : Les Échos).
Mentionnons, sur ce thème, les études du magistrat Charles Prat pour qui 2,4 millions de personnes nées à l’étranger sont en surnombre dans le système de Sécurité sociale française mais qui touchent des droits ouverts pour les prestations sociales, retraites et allocations familiales. Interrogé par la commission d’enquête au Parlement, il estime la fraude à 30 milliards d’euros par an (Le Figaro, 5/3/2020).
Alors, quand vient le jour de verser les aides sociales, les autorités françaises prennent les devants pour éviter les heurts. C’est le quotidien Le Parisien, non inscrit sur le fichier rouge de la fachosphère, qui en témoigne ce matin : « Pris d’assaut, des bureaux de poste d’Île-de-France ont été placés sous protection policière pour le premier jour de versement des aides sociales. Plusieurs incidents ont éclaté, avec parfois des arrestations… Des bureaux de poste pris d’assaut, des files d’attente trop longues et trop denses, des distances et des gestes barrière pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19 non respectés, des tensions, des bagarres, des vigiles puis la police ! […] La veille, ces bureaux, qui dans un contexte de pandémie redoutaient un effet de cohue le premier jour des versements des prestations sociales de la Caisse d’allocations familiales (CAF), ont fait l’objet d’un renforcement de personnel. Quelque 20.000 postiers ont ainsi été mobilisés sur toute la France. Pour cela, La Poste avait lancé un appel au volontariat parmi ses conseillers bancaires, managers et postiers. Des vigiles avaient été embauchés également » (Le Parisien, 7/4/2020).
À l’heure où le pays connaît une récession estimée à plus de 6 % de son PIB, selon 20 Minutes, ce sont désormais les agriculteurs, les chauffeurs-livreurs, les employés de la grande distribution, entre autres, qui parviennent à maintenir une économie de subsistance. Pendant ce temps, le personnel hospitalier redouble d’efforts dans les services d’urgence et de réanimation, avec du matériel de protection de fortune qui frise l’indécence. Les enseignants, malgré les quolibets de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, s’efforcent de transmettre leurs savoirs à leurs élèves, de la maternelle au lycée, par le biais des technologies informatiques. Ces catégories socioprofessionnelles ne sont pas sans nous rappeler cette France des gilets jaunes qui s’était rassemblée sur les ronds-points. Malheureusement – une fois n’est pas coutume -, cette dernière ne devra pas s’attendre à beaucoup de gratitude de la part du pouvoir en place.
Car une nouvelle fois, les signes politiques envoyés par le chef de l’État et le gouvernement ne vont pas dans cette direction. Emmanuel Macron, au prix d’une communication et d’images catastrophiques en période de confinement, a accordé une visite en Seine-Saint-Denis. Nous nous rappelons les révélations du Canard enchaîné concernant le secrétaire d’État Laurent Nuñez selon lesquelles le confinement des banlieues n’était pas « une priorité ». Les témoignages des forces de l’ordre se multiplient et les chiffres d’hospitalisations en Seine-Saint-Denis confirment ce deux poids deux mesures par rapport au reste du territoire. Pendant ce temps, le garde des Sceaux a relâché pas moins de 8.000 détenus des prisons au prétexte de la crise sanitaire. Nous ne reviendrons pas sur le traitement médiatique de l’attentat de Romans-sur Isère…
Tout converge, le pouvoir progressiste sera prêt à faire « tapis » – « all-in », comme disent les joueurs de poker – pour aller jusqu’au bout de leur projet : cette société multiculturelle qui ne tient qu’à coup de chèques et de laisser-faire. Car il y a une chose que le pouvoir macroniste craint encore plus que la crise sanitaire, c’est la « guérilla »