Instauration à partir de samedi, et pour au moins un mois, d’un couvre-feu entre 21 heures et 6 heures en Ile-de-France et dans ces huit autres métropoles du pays que sont Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse ; autorisation de se rendre dans la famille pour la Toussaint mais à condition de « porter le masque » et de « respecter les distances » ; limitation des réunions privées ou au restaurant à « six personnes maximum »…
Comme l’on pouvait s’y attendre, c’est un nouveau et sérieux tour de vis que le président Macron a annoncé mercredi soir, au nom de la lutte anti-Covid, lors de son interview télévisée par les journalistes de TF1 et de France 2. Des mesures liberticides et d’autant plus injustes qu’elles font payer aujourd’hui aux Français l’incurie d’un gouvernement qui, depuis mars dernier et le confinement, n’a quasiment rien prévu en vue de la seconde vague épidémique annoncée.
Nos compatriotes rendus responsables
Le récent coup de gueule de Castex, reprochant à nos compatriotes de ne pas tenir compte des consignes sanitaires diffusées par le gouvernement, avait quelque peu annoncé la couleur : au lieu de faire son autocritique et d’admettre que depuis mars dernier le gouvernement n’a en réalité mis en œuvre aucune mesure vraiment efficace (telle que la création en urgence de lits supplémentaires dans les hôpitaux) en prévision d’une probable seconde vague de l’épidémie, le Premier ministre choisissait la facilité en rendant les Français responsables de la recrudescence des cas de Covid-19. Nous n’aurons donc pas été surpris de voir Macron, certes avec un peu plus de diplomatie, nous faire lui aussi la leçon mercredi soir, en annonçant ces nouvelles mesures destinées surtout à palier l’incompétence de l’Etat. Au nombre de celles-ci, nous l’avons dit, ce fameux couvre-feu, dont la durée pourrait bien être prochainement portée à « six semaines ». Mais aussi la réactivation des mesures de chômage partiel pour les secteurs touchés, le versement aux Français qui perçoivent les APL et le RSA d’une « aide exceptionnelle massive » de 150 euros par famille, à laquelle s’ajouteront 100 euros par enfant, ou encore – sans rire – le lancement d’une nouvelle application pour téléphone portable, appelée « Tous anti-Covid »…
« On a détruit l’hôpital public français »
Autant d’annonces qui ont valu à Macron d’essuyer les critiques nombreuses et justifiées d’une grande partie de l’opposition. A commencer par Marine Le Pen qui a jugé que « les aides financières aux secteurs touchés doivent être plus larges, plus rapides, moins complexes que celles mises en œuvre jusqu’à présent », et souligné que l’amélioration de la politique de tests, qui permettrait « la préservation de nos grandes libertés publiques, doit être une PRIORITÉ ». Mais aussi l’eurodéputé RN Thierry Mariani, qui a fait ce constat sur Twitter : « Incapacité à instaurer la stratégie “tester, tracer, isoler”, refus de reconnaître les erreurs commises, aucune création de places en réanimation supplémentaires ! Les Français et des pans entiers de notre économie vont payer l’incurie de Macron et de ce gouvernement ! » Enfin, on citera encore les mots très justes de Michel Onfray qui, invité un peu plus tôt mercredi sur CNews, a estimé que le gouvernement utilisait « un vocabulaire extrêmement martial, tout ça pour ne pas dire qu’on a détruit l’hôpital public français ».
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 15 octobre 2020