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Budget français Paris ou Bruxelles, qui commande ? (texte de 2014)

Le match entre le gouvernement français et la Commission européenne menace de se prolonger, aucun des protagonistes ne voulant céder sur la question délicate du budget 2015. D'un côté, Manuel Valls et ses ministres n'entendent pas provoquer davantage une base qui menace, au point de voir se rétrécir dangereusement l'horizon 2017; de l'autre, Bruxelles, que ces considérations laissent de marbre, rappelle Paris à ses engagements d’État-membre. Qui est le patron ?

En matière de budget, le gouvernement français a voulu nous faire croire que tout allait aussi bien que possible. La fronde socialiste, il est vrai, s'est révélée peu opérante. Mais, pour le reste, le ministre de l’Économie a manifestement tenté de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en évoquant la souveraineté du parlement français en la - matière et en affirmant, contre toute évidence, que, en réalité, il n'y avait guère d'oppositions, sinon de détails, entre la France et Bruxelles.

La France, championne du déficit ?

Jugeant qu'on avait assez ri, la Commission européenne vient de siffler la fin de la récréation et de dresser un bilan sévère de la situation économique française. Par la voix, notamment, d'un certain Pierre Moscovici. Devenu Commissaire européen, celui-ci n’a pas de mots assez durs pour brûler ce qu'il défendait, il y a encore quelques mois. À sa décharge, le vent du boulet est passé bien près - si près qu'il a pu craindre de ne pas être nommé au poste pressenti. Cela vaut bien toutes les contradictions…

En attendant, Bruxelles a donc enfoncé le clou face au gouvernement français, estimant que, loin de se résorber, le déficit budgétaire atteindrait 4,5 % du PIB l'an prochain, avant de monter à 4,7 % l'année suivante. La France détiendrait alors le triste record du déficit le plus élevé de la zone euro.

Cette prévision pessimiste de la Commission s'explique par une appréciation négative des performances françaises. Sur tous les plans - croissance, dette, chômage, etc. - Bruxelles donne des chiffres largement inférieurs à ceux de Bercy.

Hollande veut y croire !

À Paris, comme on s'en doute, les dents ont grincé. François Hollande a immédiatement réagi pour soutenir « l'enjeu du sérieux budgétaire » de la France, allant jusqu'à engager sa « responsabilité ».

À Bercy, on s'est voulu catégorique : « Le calcul de la Commission ne prend pas en compte les mesures que le gouvernement prendra en 2015 pour 2016. C'est un calcul purement théorique, et donc par nature provisoire et qui ne signifie rien. » Effectivement, les calculs de la Commission n'incluent pas les 3,6 milliards d'euros de mesures nouvelles, ni deux des 21 milliards d'économie prévus par le projet initial de budget : Bruxelles a jugé que les mesures correspondantes étaient insuffisamment détaillées.

Le secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, a été plus loin encore, affirmant, à rencontre de Bruxelles, qu'il « faut beaucoup de prudence et d'humilité par rapport aux prévisions ».

Une formule qu'il conviendrait sans doute de ressortir lorsque le gouvernement avance des prévisions optimistes qu'il est quasi systématiquement obligé de désavouer ensuite. La politique n'est pas un jeu, et, quoiqu'il en soit, c'est l'Europe qui a en main les cartes maîtresses.

Olivier Figueras monde & vie 12 novembre 2014 n°899

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