Tout a commencé le 24 novembre comme d’habitude, par une longue (vingt-sept minutes) exhibition de Blanche-Neige-Macron : une « adresse aux Français » comme il dit, encore à propos de la situation sanitaire et dans un décor quasi-virginal (photo publiée sur le site officiel de l’Elysée).
Tout a continué par diverses interventions des nains du gouvernement. Puis l’apothéose, un feu d’artifices (au sens propre), a été une conférence de presse par le chef du-dit gouvernement le 26 novembre (encore une heure quinze minutes). Ce qui démontre au moins qu’en ces temps de confinement, les spectacles du cirque ne sont pas totalement interrompus.
Vingt-sept minutes de Blance-Neige-Macron, et tout s’est déroulé comme à l’ordinaire :
- Il a parlé de stratégie, comme s’il s’agissait d’une guerre alors que ce n’est qu’une simple crise sanitaire, et alors que, de stratégie on n’en voit poindre nulle part depuis le début, mais un grand désordre ponctué de bouffées délirantes.
- Il a encore dit que ce qui se passe en France, c’est ce qui se passe partout, histoire de nous faire croire que c’est vrai et qu’en plus ça pourrait diminuer sa responsabilité (« nous avons freiné la circulation du virus. Mais il demeure très présent, en France comme dans tout l’hémisphère Nord, en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Russie, où il circule encore très fortement»).
- Il a bien sûr parlé tambouille de chef de bureau (kilométrage, horodatage…) comme il adore le faire.
- Il a produit les mensonges également habituels : « Regardez comme ces neuf derniers mois nous ont permis aussi de réussir ce que longtemps nous avions pensé impossible. Nous avons su rendre notre Etat plus efficace pour faire face à l’urgence, sanitaire comme économique. Nous avons collectivement transformé l’hôpital, notre système de soin», alors que nous continuons d’être englués dans une vue comptable adossée au nombre de lits de réanimation disponibles, plutôt inférieur à ce qu’il était en début d’année.
- Il a, comme d’habitude, appelé à une sorte de motivation nationale (« Mes chers compatriotes, une nouvelle fois nous serons, j’en ai la certitude, au rendez-vous des défis des semaines et des mois qui viennent»), alors que jusqu’à présent l’Etat n’a été présent à aucun rendez-vous (sauf en retard) et que ce qu’il a évoqué à plusieurs reprises, c’est la possibilité d’un nouveau confinement en cas de… rechute (« Nous ferons ainsi le point tous les 15 jours sur la situation sanitaire et déciderons alors, si nous pouvons prendre des mesures supplémentaires d’ouverture ou si, au contraire, il nous faut revenir en arrière pour prévenir tout nouvel emballement de la propagation du virus ») ! Tout subordonner à l’évolution de quelques chiffres pandémiques, c’est ce que Blanche-Neige-Macron appelle « pouvoir nous fixer un cap, un calendrier et esquisser des perspectives ».
- Il a produit les incohérences également habituelles, comme à propos de l’annonce de la réouverture des commerces et services à domicile. Celle-ci n’est possible que « dans le cadre d’un protocole sanitaire strict, qui a été négocié avec l’ensemble des professionnels » avec, on l’a appris plus tard, la hausse de 4 à 8m2 de surface au sol minimale par client.
Or, que disait M. Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises à l’Assemblée nationale le 17 septembre (une semaine juste avant) :
« À aucun moment, je le répète, les commerces n’ont été accusés de mal faire leur travail, de ne pas protéger les Français, de ne pas appliquer les protocoles. L’enjeu était seulement de réduire les flux de circulation afin que les Français respectent au mieux le confinement ».
Autrement dit, à aucun moment les commerces n’ont été mis en cause pour risque sanitaire dans leurs locaux. L’enjeu était à l’extérieur. Mais, pour camoufler toute cette incohérence, on les a quand même obligés à négocier des règles encore plus contraignantes. La bureaucratie à l’état pur.
- Autre incohérence de Blanche-Neige-Macron, la promesse fumeuse de « garantir la sécurité sanitaire. Un comité scientifique sera chargé du suivi de la vaccination. Un collectif de citoyens sera aussi mis en place pour associer plus largement la population. Ensuite, je tiens à ce que celle-ci se fasse dans un cadre totalement transparent». Un collectif de citoyens auquel s’en remettre pour la sécurité sanitaire ? Alors qu’en même temps, il déclare : « nous devrons nous en remettre au savoir et à la science » ? Vous vous sentez vraiment rassurés ? Quant à la transparence, mot-valise obligatoire, où la trouver quand on sait que la dernière référence apparemment disponible sur l’étude des clusters en France, publiée par la Santé Publique France date du 26 octobre (on attend avec impatience d’être démenti) ?
- Blanche-Neige-Macron a aussi avancé des hypothèses étonnamment aventureuses, comme celle d’un vaccin qui serait disponible dès la fin de l’année (« Enfin, nous allons organiser une campagne de vaccination rapide et massive au plus près des personnes [NDLR : Comprenne qui pourra. L’opposé aurait-il été une vaccination par visioconférence ?]. La Haute Autorité de Santé présentera dès les jours à venir ses recommandations [NLDR : si c’est la même Autorité qui a proscrit l’hydroxychloroquine sur la foi d’un fameux faux publié par The Lancet, ça ne rassure pas non plus]. … Nous commencerons vraisemblablement, dès fin-décembre-début janvier »). Comme celle aussi d’une fermeture des stations de ski pour laquelle « nous nous coordonnerons sur ce point avec nos voisins européens », alors que l’Autriche et la Suisse comptent bien conserver leurs stations ouvertes.
- Finalement, la seule chose qui apparaît sûre est peut-être la suivante : « « Quoiqu’il en coûte » n’a pas seulement été une formule mais bien des actes et une réalité». Là, c’est du lourd. On dirait même de l’explosif. Et, à propos, le financement ? Pas de gros mot qui fâche, s’il vous plaît.
Un sujet n’a pourtant pas été entièrement habituel : la séquence du 30 personnes maximum à la fois pour un office religieux. Il paraîtrait que le Président s’est trompé : il aurait confondu 30 personnes maximum et un pourcentage de 30% des places disponibles occupées en même temps. Et puis il aurait appelé derechef le Président de la Conférence épiscopale de France pour « dire qu’il s’était trompé ». Et d’aucuns de rêver à une rectification officielle, comme si on pouvait attendre d’un membre du gouvernement des nains une mise en cause de l’intelligence du Président (même avec une mauvaise présentation de la part de ses nains, confondre valeur et pourcentage aurait quand même été stupéfiant). Naïfs.
Ainsi, c’est d’abord Petitattal qui s’est chargé d’expliquer la mesure sur Europe 1 : « ça permet d’avoir des règles claires. Le fait d’avoir une jauge pour tout le monde, c’est clair ». Avec son « Trente, c’est clair », Petitattal se hisse largement, dans une forme peut-être plus soviétoïde, à la hauteur de Sibeth quand cette dernière expliquait que les Français étaient trop bêtes pour apprendre à mettre un masque.
C’est alors que, pendant sa conférence de presse, M. Castex a plus que brillamment gagné le titre du nain Halluciné.
Nous ne parlerons pas trop de ses contresens toujours distrayants néanmoins (« Dans le cadre d’un protocole sanitaire renforcé, il y a augmentation de la jauge de densité de l’accueil du public », alors même que là où vous pouviez recevoir 2 personnes sur 8 m2, vous ne pouvez plus en recevoir qu’une) ou bien de quelques formules à l’emporte-pièce : « Ce virus décidément très pernicieux » [ah, le salaud] ; « Plus que jamais le dialogue social est indispensable dans notre pays et, j’allais dire, le dialogue tout court » [quand tout se décide en Conseil de défense et que le Parlement a été mis en sommeil tout au long du nouvel état d’urgence sanitaire].
Nous revenons par contre au sujet du nombre de personnes par office religieux. Halluciné a, avec impavidité, confirmé les dires de son patron. Il a ajouté : « les discussions se poursuivent avec les autorités religieuses » alors que la C.E.F. a saisi la justice pour un référé-liberté et que certain évêque explique :
« il ne sera pas fait de sélection, de ségrégation, ni de limitation dans le Peuple de Dieu qui se présentera à l’église. … Je garantis ma protection à ceux qui pourraient être mis en difficulté, certain que l’État ne saurait perturber les offices divins et ceux qui viennent y chercher joie et espérance » (Mgr Rey, évêque de Toulon, le 27 novembre).
Halluciné a aussi affirmé (comme Petitattal, ils se sont donnés le mot) : « les lieux de culte ont été en France comme ailleurs des lieux de contamination ; et la circulation virale demeure encore forte dans notre pays…» quand tout le monde attend la réalité de ces études (on rappelle que le gouvernement des nains a promis de travailler en toute transparence) et que le fameux tableau de Santé Publique France n’affiche aucun cluster associé à un lieu de culte.
Mais Halluciné a véritablement pété tous les compteurs avec trois autres sujets :
- Pour essayer d’amadouer les patrons de bars et restaurants qui auront connu environ 6 mois de fermeture administrative, il suggère : « Nous pourrions faire de 2021 l’année de la gastronomie française, valoriser les savoir-faire de nos bars et restaurants, inciter à la reprise de la consommation le moment venu». Plus foutage de gueule, difficile. D’autant plus que Halluciné ajoute : « Je vais nommer une personnalité qualifiée pour ce grand chantier », ce qui immédiatement flanque la trouille à quiconque se rappelle que lui-même a été LA personnalité qualifiée nommée pour le grand chantier du déconfinement.
- A propos du passage des limites de 1H/1km à 3H/20km, Halluciné se permet la remarque suivante : « cela ne vise pas à permettre des visites à des amis ou à la famille ».
- Enfin, comble du sublime, la situation faite aux stations de sports d’hiver : « Il sera loisible à chacun, chacune et à tous de se rendre dans les stations pour profiter del’air pur de nos belles montagnes et des commerces, hors bars et restaurants, qui seront ouverts. Simplement, toutes les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés ».
- On aura compris qu’il faut en plus remercier Halluciné pour n’avoir pas interdit aux heureux propriétaires de logements dans les stations de sport d’hiver l’accès à leurs biens. C’est uniquement dû à sa mansuétude.
Yves Bourdillon, journaliste aux Echos, relevait dans un tweet cursif quelques conséquences économiques directes et immédiates :
Blanche-Neige, Halluciné, Grincheux, Simplet : ce serait une histoire, vous n’y croiriez pas un instant. Aucun dialoguiste n’aurait osé. C’est la France macronienne.
https://www.lesalonbeige.fr/blanche-neige-hallucine-grincheux-simplet/