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« L’heure est grave » : quand Élisabeth Borne livre un éloge… involontaire des frontières

Élisabeth Borne

Donc, « l’heure est grave ». Notre Premier ministre l’affirme dans un tweet qui tente d’habiller le camouflet parlementaire reçu ce 12 juillet des oripeaux de la dignité bafouée.

L’heure est grave car, jusqu’ici, tout s’était passé comme prévu pour notre gouvernement tout neuf. La NUPES avait fait beaucoup d’agitation – c’est ce qu’ils font de mieux – pour rien. La motion de censure de la gauche s’était écrasée sur la réalité de son poids au Parlement et dans l’opinion : 25 % des voix, pas plus. Passé le temps de l’esbroufe, le roi Mélenchon reste plus nu que NUPES. Élisabeth Borne a jusqu’ici triomphé facilement.

Avec le Covid, c’est une autre paire de manches, car le Premier ministre paye, d’un coup d’un seul, cinq années d’autoritarisme du chef de l’ÉEtat auprès d’une chambre de godillots LREM, prêts à voter au coup de sifflet. Le virus macronien a bien affaibli, cinq ans durant, le jeu parlementaire, mais il a créé des anticorps. Une mauvaise campagne, des ficelles de démagogue un peu grosses – pas de programme, votez pour moi, ça se passera bien – et l’anticorps prend le dessus. Trop, c’est trop.

Le projet de loi sur les contrôles aux frontières n’aura pas franchi celle du palais Bourbon. Les députés donnent un coup d’arrêt (provisoire, avant l’examen par le Sénat) aux vagues de décisions liberticides enfilées comme des perles par le pouvoir macroniste depuis cinq ans et entérinées à coup de massue parlementaire.

Et oui, Madame Borne, l’Assemblée revient. Le jour même, ce 12 juillet, vous mettiez en scène une exclusion radicale du Rassemblement national pourtant démocratiquement élu, le mot dur et la mâchoire serrée, reprenant une pauvre antienne, usée par quarante années de service. « Je n’irai pas chercher les voix du Rassemblement national. Il y aura toujours quelque chose qui s’interposera entre nous. Cela s’appelle les valeurs. » Quelques heures plus tard, vos alliés LR et la gauche NUPES rejoignaient les mêmes députés RN pour voter contre une partie de votre loi. Serez-vous la dernière à le voir ? Le cordon sanitaire termine sa décomposition. L’exclusion de ce parti appartient au passé. Le 30 juin, des députés de la majorité ont voté en faveur des députés RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte au poste de vice-président de l’Assemblée (l’un élu avec 290 voix, l’autre avec 284 voix). De son côté, le RN n’a pas voté la motion de censure au gouvernement : il a donc effectivement soutenu Élisabeth Borne, toute abstention dans ce scrutin étant considérée comme un soutien. Surtout, Marine Le Pen l’a dit et redit, elle votera ou non les mesures proposées par le gouvernement en fonction de ses propres critères et de l’intérêt de la France. Il n’appartiendra pas à Borne d’accepter ou de refuser les voix des députés du RN. Difficile de faire comme si ces 89 députés n’existaient pas.

« Passée l’incrédulité de ce vote », avoue le Premier ministre… Eh oui, le retour de la liberté, on n’y croit pas. Élisabeth Borne met ainsi tout son espoir dans le Sénat. Elle a tort, car le Sénat ne lui est pas acquis, loin s’en faut. Certains sénateurs l’attendent même sans bouquet. Tel Philippe Bas (LR).

Les Français par leur vote ont voulu encadrer la propension du macronisme au caprice autoritaire et à la puissance illimitée. Apparemment, ce n’était pas inutile !

Au fond et surtout, le mot de colère d’Élisabeth Borne est révélateur. Il dévoile la duplicité du macronisme vis-à-vis de ce qui fait la France : ses frontières. Macron, l’un des chefs d’État les plus mondialistes de l’Occident, l’Européen supranational le plus convaincu, celui qui méprisait l’utilité de nos frontières en lançant follement que « le virus n’a pas de passeport », celui qui refuse de se pencher sur le désastre de ces frontières-protections devenues des passoires au pire moment de l’Histoire, cet homme nous impose soudain, via son Premier ministre, un subit retour du contrôle aux frontières sur des questions sanitaires.

Eh oui, l’heure est grave, Madame Borne. Les députés ont majoritairement jugé que ce « contrôle aux frontières » n’était pas nécessaire pour protéger les Français du Covid. Mais permettez-nous de découvrir, au passage, qu’il est donc possible, ce « contrôle aux frontières », puisque vous le proposez. Possible pour lutter contre l’immigration clandestine, les trafics d’armes ou les importations qui détruisent nos productions nationales. « Passée l’incrédulité sur ce vote », comme vous dites, il serait judicieux de les rétablir, ces frontières, et d’en faire usage. Merci, donc, Madame le Premier ministre, pour cet éloge involontaire de nos frontières que nos aïeux ont défendues de leurs vies et que cinq années de macronisme ont fini de ruiner. Nous nous en contenterons, pour l’instant !

Marc Baudriller

Tribune reprise de Boulevard Voltaire

https://fr.novopress.info/

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