Marc Baudriller a interrogé Jean Sévillia sur Boulevard Voltaire à propos du terrorisme intellectuel. Extrait :
[…] Aujourd’hui comme hier, le terrorisme intellectuel consiste à diaboliser l’adversaire, à lui assigner la figure du Mal. Comme depuis 1945, la figure du Mal, c’est Hitler, on traite donc les adversaires de nazis. Le principe du terrorisme intellectuel est de délégitimiser son adversaire politique en lui ôtant le droit à la parole et en lui collant toutes sortes d’étiquettes. Dans les années 1950, la dominante était le stalinisme, le crime des crimes était d’être anticommuniste.
Ensuite, le communisme stalinien a passé. On est passé au marxisme tiers-mondiste, c’était les années Hồ Chi Minh, Fidel Castro, etc., dans les années 1960. À ce moment-là, le criminel était celui qui défendait les Américains ou les Français dans les guerres coloniales. Ensuite, ce fut la crise de Mai 68 et l’adversaire était celui qui était contre le libertarisme. Ensuite, dans les années 1980, c’était la philosophie droit-de-l’hommiste : les intellectuels diabolisaient les adversaires de cette philosophie. Le terrorisme intellectuel évolue en fonction de la dominante idéologique du moment. Le mécanisme est identique : diaboliser l’adversaire pour lui ôter le droit à la parole.
L’idéologie de gauche est-elle toujours aussi dominante aux plans intellectuel et médiatique aujourd’hui ?
Tout à fait. Il y a cinq ou six ans, certains milieux conservateurs pensaient avoir gagné la bataille des idées : c’est une foutaise ! Les conservateurs restent minoritaires dans le monde des idées. Regardez tout le cirque fait autour de CNews : malgré son audience limitée, on en a fait une espèce de monstre.
À l’université, il y a un renouveau du marxisme. On exalte à nouveau Robespierre comme on le faisait il y a cinquante ans. Les schémas dominants intellectuels restent ceux de la gauche, du progressisme, du wokisme, de la cancel culture ou du néo-marxisme. Les poches de résistance sont CNews à la télévision, Boulevard Voltaire sur Internet, et quelques autres sites. […]