par Jacques Vuillemin
Lors de son voyage en Chine, le président Macron dans un entretien a évoqué l’autonomie stratégique de l’Europe. Débat ancien, jamais vraiment tranché. Pour le président, sans autonomie stratégique l’Europe risque de sortir de l’histoire.
C’est une évidence même si l’idée de la défense européenne a fait quelques progrès. Il est vrai que pendant longtemps l’Europe a négligé la construction d’une autonomie stratégique. Mais la vérité est que cette négligence relève d’un choix délibéré. Depuis trop longtemps on ne propose que des morceaux d’Europe sans vision globale : Europe sociale, Europe de la sécurité, Europe des marchés, Europe de l’économie …. Ce n’est pas l’Europe qui a fait rêver des générations au lendemain de la guerre.
Dès l’origine, le choix a été fait d’une Europe zone économique, et non d’un ensemble capable de peser sur les événements du monde. Or, l’Europe n’est pas qu’une zone économique, c’est un espace privilégié de liberté, des droits de l’Homme, de la démocratie. Cette Europe-là a des devoirs, des messages à livrer au monde.
Hélas, abandonnée à des comptables, elle a négligé la construction de son autonomie stratégique. Et puis, comment affirmer la volonté d’une autonomie stratégique et maintenir un lien fort avec l’OTAN ? Les moyens de toute défense nationale ou supra nationale sont au service d’une politique, d’une vision stratégique, d’une ambition. Ils visent à répondre au mieux à toutes formes de menaces, à protéger des intérêts vitaux pour la survie de la nation.
L’OTAN est une organisation qui rassemble et emploie des moyens au service d’une vision stratégique : Celle des ÉTATS-UNIS. Quels sont les intérêts vitaux de l’Europe ? Ont-ils été définis ? Dans ce même entretien, le président affirme que s’agissant de l’autonomie stratégique, la bataille idéologique est gagnée ; Pour ma part, je suis plus mesuré . S’agissant de la sécurité, trop de pays membres regardent davantage vers Washington.
En Europe on fait chambre commune, mais rêves à part. L’Europe souffre d’ un manque cruel de perspectives à long terme, de vision stratégique commune. L’Europe peut-elle définir une autonomie stratégique, c’est à dire une vision globale commune, sans franchir l’étape de la dimension politique ?
Il est temps de faire entrer l’Europe dans le XXIe siècle en donnant enfin une réponse à une question toute simple : « Quelle Europe voulons nous ? » Europe zone économique ou ensemble capable de peser sur les événements du monde « Ce que l’Europe à 27 ne peut faire, une avant-garde ouverte aux pays qui veulent aller plus vite pourrait le faire.