Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

“Emmanuel Macron, qui n’a pas eu d’enfant, est manifestement incapable de se mettre à la place des parents”

“Emmanuel Macron, qui n’a pas eu d’enfant, est manifestement incapable de se mettre à la place des parents”

Sabine de Villeroché a interrogé pour Boulevard Voltaire Ludovine de La Rochère sur le nouveau gouvernement. Extraits :

Instauration d’un nouveau congé parental et lutte contre l’infertilité : ces mesures annoncées par Emmanuel Macron sont-elles à la hauteur de l’enjeu démographique ?

Non seulement ces propositions, qui s’apparentent à des trouvailles de dernière minute, ne sont pas à la hauteur, mais, pire, le « congé de naissance » irait à l’encontre du but recherché.

L’idée d’Emmanuel Macron est de remplacer le congé parental actuel, qui peut aller jusqu’à trois ans, par un « congé de naissance », qui serait certes mieux indemnisé, mais qui serait de seulement six mois pour chaque parent, cette durée incluant le congé de maternité et de paternité. Imaginer que les mères – car ce sont elles, dans 99 % des cas, qui prennent un congé parental – ne puissent plus rester plus de six mois auprès de leur tout petit alors qu’elles le souhaiteraient serait infiniment désolant, aussi bien pour les parents que pour les enfants. Car il est évidemment plus confortable et apaisant pour un nourrisson d’être à la maison auprès de sa mère plutôt que d’être en collectivité. Je rappelle, au passage, qu’en crèche, un adulte s’occupe à lui tout seul de 5 à 8 tout-petits (suivant leur âge). L’attention donnée à chacun est donc bien différente de la maison !

Et, naturellement, cela ne favoriserait en rien la natalité, bien au contraire. Déjà, les places en crèche et chez les assistantes maternelles sont largement insuffisantes. Cela signifie que les parents seront très angoissés à l’idée de ne pas trouver de moyen de faire garder leur enfant au bout de ces six mois, ou douze si le père prend aussi ce congé de naissance. Ce serait la meilleure manière, en fait, de dissuader d’avoir un enfant. D’ailleurs, les témoignages en ce sens fleurissent sur les réseaux sociaux depuis la conférence de presse présidentielle.

Certes, Emmanuel Macron promettra de nouvelles places de crèche, mais ce sera de la poudre aux yeux. Créer des places est très difficile – et aucun gouvernement n’a tenu ses promesses en la matière depuis bien longtemps –, notamment parce qu’il y a un problème majeur de recrutement.

Mais le comble, c’est que ces places de crèches représentent un budget beaucoup plus important pour les finances publiques que le congé parental : la crèche coûte 2.000 € par mois par enfant à la collectivité, contre 429 € par mois pour l’allocation PreParE versée aux parents pour le congé parental. Il serait donc tout à fait possible de revaloriser le congé parental – largement insuffisant à ce jour – tout en maintenant sa durée actuelle.

En outre, il faut absolument supprimer les conditions imposées depuis 2015 pour le congé parental : les parents ont en effet l’obligation de se répartir ce congé. La mère ne peut plus prendre que deux années, et si le père ne prend pas la troisième année, celle-ci est perdue. Or, les pères ne le prennent pas plus qu’avant 2015, ce qui signifie que les parents doivent trouver un moyen de faire garder leur enfant de ses 2 ans jusqu’à l’entrée à l’école. Et, précisément, c’est l’une des raisons du décrochement de la natalité en 2015.

Emmanuel Macron, qui n’a pas eu d’enfant, est manifestement incapable de se mettre à la place des parents et de comprendre quelque chose aux problématiques de l’accueil de l’enfant !

[…]

Bruno Le Maire, pourtant initialement hostile à la GPA, déclare, lui, « poursuivre sa réflexion sur le sujet » et semble prêt à changer d’avis au nom de « l’esprit d’ouverture ». Y voyez-vous le signe d’une probable légalisation à venir de la GPA ?

C’est une mauvaise nouvelle parce que tout avis positif, tout signe en faveur de cette pratique est un scandale au regard de ce qu’elle est, à savoir une exploitation de la femme, une chosification de l’enfant, un trafic international d’êtres humains. Comme pour la loi Taubira, sur laquelle il s’était abstenu en 2013, on peut penser que Bruno Le Maire souhaite avant tout se donner une image de modernité, d’ouverture. Mais la GPA n’a rien de moderne ni de sympathique. Il fait une lourde erreur. Une grande part des féministes y est d’ailleurs farouchement opposée. Et je crois vraiment que tôt ou tard, tous ceux qui se seront déclarés favorables à cette pratique et l’auront facilitée seront condamnés par les générations à venir.

Quant à son argumentation (il a déclaré avoir été touché par l’histoire d’un couple d’amis qui a obtenu un enfant par GPA), elle est indigne d’un politique, qui plus est de son niveau. La politique doit reposer sur la raison et non sur l’affect. Elle implique impérativement de savoir prendre du recul, de réfléchir à la portée des décisions pour l’ensemble de la société, d’analyser les implications et conséquences. Or, sur la gestation pour autrui, celles-ci sont insupportables et indéfendables.

Mais je ne pense pas que cela annonce un projet de légalisation d’ici 2027. Cela me semble plutôt correspondre aux ambitions présidentielles de Bruno Le Maire, à sa stratégie pour 2027 ou 2032, car il est de notoriété publique que c’est son obsession. Comme Emmanuel Macron et d’autres, il veut payer son écot à la gauche progressiste. Mais la GPA est un sujet atypique qui divise profondément à gauche et qu’une grande part de l’électorat de droite n’admettra pas. La GPA, c’est tout, sauf un pari gagnant !

https://lesalonbeige.fr/emmanuel-macron-qui-na-pas-eu-denfant-est-manifestement-incapable-de-se-mettre-a-la-place-des-parents/

Les commentaires sont fermés.