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Royaume-Uni : on reparle des 1400 fillettes violées par les gangs pakistanais ?

©Shutterstock
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Dix jours après les violentes manifestations et émeutes anti-immigration qui ont suivi le meurtre de trois fillettes à Southport, les autorités britanniques fouillent les réseaux sociaux pour débusquer les coupables de l’embrasement des rues.

On salue partout la réaction plus que ferme du gouvernement sous la férule du nouveau Premier ministre, Keir Starmer. Un homme, se félicite Mediapart, qui « veut identifier les émeutiers racistes grâce à la reconnaissance faciale ». A retenir que Keir Starmer fut Haut responsable du ministère public (procureur général) de 2008 à 2013, élu député en 2015, puis ministre de l’Immigration dans le cabinet fantôme de Jérémy Corbin avant de devenir chef du Parti travailliste.

Monsieur Starmer, s’il veut gagner du temps dans sa recherche, devrait se regarder dans le miroir car, c’est une certitude, il porte une lourde responsabilité dans la montée de violence qui secoue aujourd’hui son pays.

Le meurtre de trois fillettes par un jeune homme d’origine immigrée n’est en effet qu’une goutte d’eau dans l’océan des ignominies qui ont touché ces populations du Nord-ouest de l’Angleterre. On parle ici de 1.400 viols recensés (comme le rapportait en août 2014 la très sérieuse BBC) commis pendant une décennie par des gangs indo-pakistanais sur des enfants de 10 à 15 ans, faits sur lesquels l’omerta a pesé jusqu’au terme des procès quand ceux-ci ont enfin eu lieu.

La coalition du silence

Omerta policière d’abord – refus d’enquêter. Omerta politique ensuite – refus d’en parler par crainte d’être accusé de racisme. Omerta médiatique enfin – interdiction par la justice d’évoquer les faits dans la presse, y compris durant les procès lorsqu’ils se sont tenus.

Les fillettes de Rochdale (banlieue de Manchester), Telford, dans le Shropshire, Rotherham et Huddersfield dans le Yorkshire, ont connu l’horreur. En novembre 2012, Le Monde évoque le premier procès, celui de Rochdale où l‘on juge l’affaire de « Girl A », première victime ignorée d’une longue liste. La jeune fille a pourtant apporté aux policiers ses sous-vêtements, sur lesquels des traces de l'ADN de Shabir Ahmed seront retrouvées, mais « aucune enquête sérieuse n’est menée. Les services du procureur de la Couronne de la région Nord-Ouest ne donnent pas suite ». Il faut attendre un an pour que le dossier soit rouvert, en 2009. Lors du procès, en 2012, 47 victimes ont été identifiées par la police. « A l'exception d'un demandeur d'asile afghan, tous sont d'origine pakistanaise. Toutes les filles sont blanches » nous dit-on.

C’est Nazir Afzal, le plus haut magistrat d'origine pakistanaise du royaume, qui ose énoncer la dure vérité : « Il s'agit avant tout d'une question de genre, d'hommes qui croient qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent de femmes vulnérables. Mais vous ne pouvez pas non plus faire l'impasse sur le facteur racial. C'est l'éléphant au milieu de la pièce. »

La peur d’être accusés de racisme…

A Nelson, Oxford, Telford, High Wycombe… c’est le même scénario, les mêmes gangs coupables et la même négligence policière : « Entre 2004 et 2010, 127 alertes ont été émises sur des cas d'abus sexuels sur mineurs, bon nombre concernant le groupe de Shabir Ahmed, sans qu'aucune mesure soit prise. » Une députée locale confirme : « police et services sociaux étaient "pétrifiés à l'idée d'être accusés de racisme". »

En 2018, lors du procès des violeurs de Huddersfield (qui s’est tenu à Leeds, notez-le bien), c’est Marianne qui s’interroge : « Angleterre : pourquoi les viols commis par un gang d'origine pakistanaise ont été tus par la presse ? ». En effet, « alors que les scandales sexuels d'ampleur se multiplient outre-Manche, le procès était sous embargo médiatique : pas un mot dans la presse ». C’est « la justice britannique(qui) avait interdit à la presse d'évoquer l'affaire judiciaire, un embargo qui n'a été levé que ce vendredi 19 octobre 2018. » Et Marianne de rappeler que, depuis le début de ce scandale, « de grands quotidiens comme le Times et le Guardian ont fort timidement relaté les faits », et que « En France, L'Obs a carrément choisi d'angler son traitement de l'affaire de Telford sur un scandale qui "fait le miel de la fachosphère" et "réactive clichés et fantasmes xénophobes" ».

Un rapport d’enquête sur ce scandale, commandé en 2017, a été rendu le 15 janvier dernier, détaillant comment les viols, commis à Telford entre 2004 et 2013, ont été ignorés. Ecoeurée, Maggie Oliver, l’inspectrice qui menait l’enquête et par qui, finalement, le scandale a été révélé, a démissionné. Elle confie : « J’ai perdu mon travail, ma maison, je n’avais plus rien. On m’a dit que si je parlais, j’irais en prison, mais je n’avais pas l’intention de me laisser intimider  » C’était « Trop cher d’enquêter pour ces filles-là », dit-elle.

Pour finir d’éclairer le Premier ministre Keir Starmer, revenons à Leeds. Un indice : en mai dernier, le candidat du Parti vert, Mothin Ali, a fêté son élection au conseil municipal au cri de « Allah Akbar », ajoutant « c’est une victoire pour la population de Gaza ».

Marie Delarue

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