
(Chronique à lire dans Causeur de décembre)
« Qu’ils se taisent ! » : la pensée mondaine s’horripile du réveil des Français silencieux. L’élite ne voit que des ploucs dans ce peuple qui relève la tête. Les salonnards s’indignent, par exemple, du succès des banquets populaires du Canon français, où bourgeois et prolos franchouillards chantent, dansent et boivent autour de cochons à la broche. Le Monde (8 novembre) y a vu « un repli identitaire » et la marque du « milliardaire réactionnaire Pierre-Edouard Stérin » supposé être derrière ces fêtes « idéologiques et politiques ». Une même indignation a répondu à la nouvelle politique de l’enseignement catholique consistant – quel toupet !
– à vouloir affirmer son caractère religieux. Guillaume Prévost, le patron, est décidé à « redonner clairement le droit à une enseignante de faire une prière le matin avec ses élèves, parce que c’est le cœur du projet éducatif ». Les évêques semblent décidés, cette fois, à tenir bon dans leur soutien à celui qui veut « parler du Christ » dans les écoles cathos.
Dans le même temps, des apparatchiks du journalisme se joignent à Emmanuel Macron dans leur commune obsession d’un contrôle du récit médiatique. Le 6 novembre, dans un café parisien, Laurent Joffrin a invité à débattre, dans l’entre-soi de la corporation, sur les « menaces sur l’info » que ferait peser la nouvelle presse d’opposition. Le Figaro y a rendu compte des propos de l’éditorialiste-modèle, Thomas Legrand, suggérant d’interdire CNews et d’arrêter Vincent Bolloré. Le 12 novembre, le chef de l’Etat, participant à son tour à un débat organisé par La Dépêche du Midi sur « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux », est reparti à l’assaut du numérique et de ses libertés, en envisageant de quitter X afin de « sonner le tocsin ». Le 19, avec La Voix du Nord, Macron a remis ça à Arras, en parlant du « far-west » de l’internet. Les accusations en « complotisme » et en « extrémisme » unissent les censeurs.
Cependant, ces menaces sont vaines. Les nostalgiques de la gauche impériale prennent des airs de fantômes. France Inter, havre de la pensée conforme, a perdu 460.000 auditeurs (source Médiamétrie de novembre) sans avoir rien vu venir. Plus les médias alternatifs sont hués par le pouvoir et ses toutous, plus ces indésirables s’imposent comme l’authentique quatrième pouvoir. L’internet, où tout se dit, déverrouille la démocratie. Les Oubliés n’ont pas fini de faire hurler les oligarques. Lors du dixième anniversaire des attentats islamistes du 13-Novembre, il a été loisible de lire davantage de messages qui invitaient, comme celui-ci vu Place de la République, à « écraser l’infâme hydre islamiste ». Naguère, il était convenable de reprendre : « Vous n’aurez pas ma haine ». Désormais, des vérités veulent être dites. La glanost, la parole libérée, a fait tomber l’URSS…
La gauche cloueuse de bec a perdu. Son rejet de la parole dissidente l’entraîne vers les régimes obtus. Parce qu’il a refusé de se plier aux interdits des dogmes et des tyrannies, Boualem Sansal a été emprisonné par l’Algérie et abandonné à son sort, un an durant, par une grande partie de l‘intelligentsia française. La libération, le 12 novembre, de l’écrivain franco-algérien, est celle d’un homme qui ne cessera de répéter que l’islam importé, qu’il ne différence pas de l’islamisme, est une menace pour la nation : propos « d’extrême droite », récitera encore la pensée pavlovienne. Mais qui la prend encore au sérieux ?
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