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  • Nationalisme en Pologne : 100 000 manifestants radicaux

    Le Renouveau français livre son témoignage après avoir envoyé une délégation pour la manifestation nationaliste annuelle à Varsovie :

    « À l’invitation du Młodzież Wszechpolska, « Mouvement de jeunesse de toutes les Polognes », co-organisateur de la « Marche de l’indépendance », défilé nationaliste annuel dans la capitale polonaise, une délégation du Renouveau français s’est rendue à Varsovie le week-end du 11 novembre.

    Plus de 100 000 personnes, familles, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, se sont rassemblées en plein cœur de la ville pour manifester leur patriotisme en ce dimanche 11 novembre, fête de l’indépendance nationale.

    De nombreuses délégations de mouvements nationalistes européens étaient présentes pour cette manifestation, la plus grande d’Europe.
    Le Renouveau français y était présent et a entretenu ses excellentes relations avec des mouvements qui comptent, dont le Młodzież Wszechpolska en Pologne et le Jobbik de Hongrie.

    Vive l’Europe des nationalismes !

     

    La vidéo officielle de la « Marsz Niepodległości 2012 » :

    http://www.contre-info.com

  • Gaza: Que fait le Qatar ?

    Ziad Medoukh, responsable du département de français à l'université Al Aqsa et coordinateur du Centre de la Paix de Gaza, dans un poignant appel à l’opinion internationale, a déploré, le 15 novembre 2012, la léthargie de la communauté internationale face aux massacres commis par l’armée israélienne. René Naba, compagnon de route de longue date du combat national palestinien, lui répond en ces termes:

    Bonsoir Ziad,

    Le Monde se tait, mais cela était prévisible. Mais bon nombre de patriotes arabes et non arabes, sympathisants actifs de la cause palestinienne, sont sans voix devant le silence du Qatar et le revirement du Hamas. Que les dirigeants de Gaza demandent donc à leurs nouveaux alliés de voler à leur secours.

    Qu'ils demandent au nouveau Docteur Honoris Causa de l'université de Gaza, l'Emir de Qatar, le meilleur serviteur des Etats-Unis, de bouger….Et au Hamas de s'expliquer sur son alignement confessionnel sur l'Islam wahhabite, alors que ses missiles longue portée lui proviennent de Syrie et d'Iran.

    A force de sacrifier ses principes, la cause palestinienne est en état de décomposition. Le Hamas nous doit des explications, de même que les Frères musulmans au pouvoir dans trois pays arabes (Egypte, Tunisie et en Libye), ainsi que leurs confrères de Syrie, majoritaires dans l'opposition syrienne.

    La Ligue arabe a organisé en 18 mois de conflit syrien, pas moins d’une vingtaine de réunion sur la Syrie et aucune sur la Palestine, alors que le tiers du parlement palestinien est emprisonné par les autorités d’occupation israéliennes, que la colonisation du Grand Jérusalem et de la Cisjordanie se poursuit sans relâche, au rythme de la normalisation rampante des pétromonarchies envers Israël.

    Mais dans le cas d’espèce, l’identité de la Syrie n’est pas contestable. Elle est même incontestable. Celle de Palestine, en revanche, est en voie d’évanescence. Dégagez le bourreau Bachar al Assad serait une mesure de salubrité publique, selon le duo Alain Juppé et Laurent Fabius, les deux meilleurs de gauche et de droite réunis de la classe politique française. Soit. Mais alors que dire du bourreau de votre peuple, qui se sert de Gaza comme d’un tremplin électoral?

    Qu’attendez-vous pour pointer les contradictions de vos amis pour éviter de les dédouaner à bon compte et les contraindre à un devoir de cohérence. Ne soyez pas dupes de leurs belles paroles. La France, artisan du démembrement de la Syrie par le rattachement d’Alexandrette à la Turquie, se propose de créer des zones libres en Syrie et de fournir des armes à l’opposition syrienne. Que ne le ferait-elle pas aussi pour vous, elle qui vient de recevoir avec éclat, Benyamin Netanyahu, votre nouveau bourreau?.

    Bachar Al Assad ne mérite pas de vivre, Monsieur Laurent Fabius. Soit. Mais alors que dire de Netanyahu, «un menteur», selon son ami Nicolas Sarkozy, et que dire du xénophobe Avidgor Libermann. Nous sommes naturellement solidaires de vos souffrances et indignés par l'apathie du Monde arabe.

    Que cela nous serve de leçon.

    Les néo-islamistes égyptiens, frères d'armes du Hamas, devraient accorder la priorité à la levée du blocus de Gaza et la libération de la Palestine et non à la destruction du sphinx et des pyramides, et leurs frères Libyens à la destitution de la statue de Nasser, de même que les salafistes tunisiens s'abstenir de menacer Samir Kintar, le doyen des prisonniers politiques arabes en Israël.

    Juguler les turbulences du nouveau trublion de la scène libanaise le salafiste haririen Ahmad Al Assir qui s’imagine que le chemin de la Palestine passe par le cadavre transpercé d’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, au glorieux palmarès sur le champ de bataille de la confrontation.

    On peut être croyant et ne pas négliger de faire fonctionner son cerveau. Nous payons, vous plus durement que nous, le prix de la légèreté de la direction palestinienne et de ses reniements successifs, de même que la récente défection du Hamas.

    Le Monde se tait, c'était prévisible. Mais votre nouveau parrain aussi, l’Emir du Qatar, Hamad Al Thani, et sa princesse Mozza, qui devaient vous apporter, en tandem, «amour, gloire et beauté». Exigez des explications et ne soyez plus dupes de ses manigances.

    En ces heures douloureuses, ayez une pensée pour l’artisan clandestin de votre première victoire, le chef militaire du Hezbollah Imad Moughniyeh, tué par suite d’une dénonciation d’un espion palestinien à la solde d’Israël, -Quelle monstruosité un espion palestinien à la solde d’Israël- compagnon d’armes de votre chef militaire assassiné Ahmad Jaabari.

    Une pensée aussi à vos anciens frères d’armes qui vous ont équipé en missiles instaurant un équilibre de la terreur entre la petite enclave de Gaza et le «Grand Israël», terreur de la conscience occidentale.

    Le Monde arabe souffre de désorientation. A ce titre je me suis adressé à vous, au-delà, à l’ensemble de l’opinion arabe pour dénoncer cette forme pernicieuse de la perversion mentale et provoquer un sursaut intellectuel salutaire

    Avec l’expression de ma solidarité douloureuse mais intransigeante et exigeante

    René Naba http://www.voxnr.com

    notes :

    René Naba est ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information.
    Rene Naba est l’auteur des ouvrages suivants :
    "De notre envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde" Editions l’Harmattan Mai 2009
    "La Libye, la révolution comme alibi" Editions du Cygne septembre 2008

  • Garibaldi, héros romantique

    Le Figaro Magazine - 14/09/2012

    Après avoir fait le coup de feu en Amérique du Sud, il devint, toujours les armes à la main, un héros de l'unité italienne. Mais cette figure sur laquelle ont couru tant de mythes doit être regardée avec la distance de l'historien.
     
         Garibaldi : dans la plupart des villes de France, une artère porte son nom. Mais combien de Français savent qui il fut ? Et combien d'hommes de gauche se souviennent du culte qui fut rendu, au XIXe siècle, à ce révolutionnaire anticlérical, fêté à Montevideo (Uruguay) comme en Italie, où il est resté un héros national ?
         Pierre Milza, professeur émérite à Sciences-Po et spécialiste de l'histoire italienne, publie une biographie où l'empathie pour Garibaldi et ses idées, tangible, n'empêche pas une distance critique vis-à-vis du personnage. Lire ce livre *, c'est plonger dans un tourbillon, tant la vie de l'aventurier fut remplie.
         Tout comme Mazzini, Verdi et Cavour, autres grands artisans de l'unité italienne, Giuseppe Garibaldi naît paradoxalement français, en 1807, Nice, sa ville natale, ayant été annexée sous la Révolution. En 1833, alors qu'il est officier dans la marine sarde, il rencontre Mazzini, chantre d'une République italienne unifiée et fondateur de Giovine Italia (Jeune Italie), mouvement auquel il adhère. Impliqué dans une tentative d'insurrection à Gênes, condamné à mort par contumace, Garibaldi fuit en Amérique du Sud où il passera treize années. De 1837 à 1841, il sert la république du Rio Grande do Sul, en révolte contre l'empereur du Brésil, puis, de 1841 à 1846, défend l'indépendance de l'Uruguay contre l'Argentine. C'est là que, avec des exilés italiens, il constitue son premier bataillon de Chemises rouges, uniforme qui va s'inscrire dans la légende.
    Obsessionnellement anticlérical
    En 1848-1849, la révolution gagne l'Italie et entraîne le Piémont dans la guerre contre l'Autriche, tandis que le pape Pie IX est chassé de Rome où Mazzini proclame la République. Revenu en Europe, se proclamant « plus patriote que républicain », Garibaldi offre son épée à Charles-Albert de Savoie, monarque constitutionnel qui aspire à réaliser l'unité italienne autour du Piémont-Sardaigne. Après la défaite piémontaise à Custoza, Garibaldi continue la lutte contre les Autrichiens à la tête de 3 000 francs-tireurs, passe en Suisse, puis regagne Nice. A l'issue d'une seconde défaite à Novare, le roi Charles-Albert abdique au profit de son fils Victor-Emmanuel.
         Garibaldi, lui, lève une légion de volontaires pour aider la République romaine contre la coalition de l'Autriche, de la France, de l'Espagne et de Naples, venues au secours du pape. Vainqueur des Français au combat de Janicule, puis des Napolitains à Velletri, Garibaldi se bat jusqu'au bout dans Rome. Quand la ville tombe, il conduit ses hommes, à travers les Apennins, jusqu'à la république de Saint-Marin et tente de rejoindre Venise. C'est à cette époque qu'il est atteint d'une haine inextinguible pour Pie IX et que son anticléricalisme, reconnaît Milza, prend « un caractère quasi obsessionnel ».
         Recherché par toutes les polices, Garibaldi s'exile : New York, Londres, l'Amérique centrale, la Chine. Rentré en Italie en 1854, toujours républicain, il se rallie néanmoins à Victor-Emmanuel II et à son ministre Cavour. En 1859, quand la France et le Piémont affrontent l'Autriche, il forme le corps des chasseurs des Alpes, 5 000 hommes avec lesquels il remporte un combat contre les Autrichiens. Après les victoires de Napoléon III à Magenta et à Solferino, François-Joseph cède la Lombardie au Piémont, mais Victor-Emmanuel doit empêcher Garibaldi, adepte du jusqu'au-boutisme, de soulever la Toscane.
         Au printemps 1860, en revanche, sans le soutien officiel du Piémont mais avec l'accord secret de Cavour, Garibaldi lance la plus célèbre de ses entreprises, l'expédition des Mille, qui vise à arracher la Sicile et l'Italie du Sud aux Bourbons. Avec 1 087 Chemises rouges, l'aventurier débarque à Marsala, se proclame « dictateur » au nom du roi Victor-Emmanuel, occupe Palerme et franchit le détroit de Messine. Le 7 septembre, il entre dans Naples, abandonnée par le roi François II. Une fois encore, Cavour est contraint d'intervenir, craignant que Garibaldi forme une république et qu'il ne marche sur Rome, provoquant une réaction des Français et des Autrichiens. Le Premier ministre sarde envoie alors des troupes qui traversent les Etats pontificaux, dont la petite armée est écrasée, tandis que la souveraineté temporelle du pape est réduite au Latium. Victor-Emmanuel II et Garibaldi paradent côte à côte dans Naples, mais c'est bien le monarque qui sera proclamé roi d'Italie en 1861 qui contrôle la situation.
    Elu député français en 1871
    Désormais, seules Venise et Rome échappent à la couronne des Savoie. Une nouvelle fois, Garibaldi prend l'initiative, décidant, en 1862, d'envahir les Etats pontificaux. Ce sont les Italiens qui l'arrêtent à Aspromonte, bataille où il est blessé par ses alliés de la veille. Fait prisonnier, amnistié, il se retire dans son île de Caprera, au nord de la Sardaigne.
         Toutes ces péripéties, Pierre Milza les raconte, jusqu'à la participation de Garibaldi à la guerre franco-prussienne de 1870, son élection à l'Assemblée nationale (française) de 1871, ses rapports ambivalents avec la Commune de Paris, son élection finale comme député de Rome, après l'incorporation forcée de la Ville éternelle au royaume d'Italie.
         Au-delà du mythe, quelle aura été la fonction historique de Garibaldi, disparu en 1882 ? « En acceptant le compromis avec la maison de Savoie, explique Pierre Milza, le condottiere a su transformer un climat insurrectionnel en un mouvement fédérateur. Qui peut dire que Cavour aurait pu réussir sans lui à accomplir la construction du pays ? Ou qu'à l'inverse l'unité italienne aurait pu advenir sans l'adhésion populaire ? »
         C'est pourquoi cette figure du Risorgimento sera revendiquée, en Italie, à gauche comme à droite. Avec des surprises. En 1922, Ricciotti Garibaldi, le fils cadet du héros, soutiendra un autre nationaliste italien venu de la gauche : Benito Mussolini.
    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
    * Garibaldi, de Pierre Milza, Fayard.

  • ERNST JÜNGER : HOMMAGE AU VIEUX SOLDAT

    Dans sa cent troisième année, l'ancien combattant de la guerre 14-18 est mort. L'écrivain allemand au beau visage distingué avait presque traversé dans sa totalité le XXe siècle (il était né en 1895 dans la ville célébrissime de Heilejberg). Son oeuvre et son engagement politique d'avant la seconde guerre furent controversés et il a du subir la bave haineuse de la gauche allemande, même si l'écrivain devait en rire avec morgue en pensant que François Mitterrand l'admirait beaucoup, qui n'avait sans doute pas compris dans toute sa profondeur la portée politique et idéologique de l'oeuvre. L'ancien soldat de retour du front avait écrit « Orages d'acier », livre qui exaltait la guerre. Elle permettait à l' homme de se réaliser, de se métamorphoser et de se confronter au plus grand des" défis. Elle est en quelque sorte la mère de l' homme (« la guerre notre mère »). Cela nous rappelle Mussolini lorsqu'il en vantait aussi les vertus curatives : « elle guérit de la tremblote ». L'idéal guerrier et chevaleresque, sa spiritualité inhérente étaient loués au plus haut point. Jünger dans son livre « La mobilisation totale » avait même inversé Clausewitz, la politique devenant la continuation de la guerre. À notre époque, où la guerre peut devenir une guerre presse-bouton, l'idéal guerrier n'est pourtant pas mort. Nous devons être des guerriers politiques, culturels et idéologiques. De nos jours il n' y a plus de front. Le combat est partout dans nos villes, nos banlieues, nos quartiers, nos rues, nos immeubles, à l'école et au travail... Jünger était avant tout un écrivain mais avait un peu étudié la philosophie. On ne peut parler de lui sans faire référence aux deux philosophes assez proches sur le plan politique (avec bien sûr des nuances) Nietzsche et Heidegger. On trouve des thèmes récurrents aux uns et aux autres assez proches. Jünger avait, bien sûr, lu Nietzsche et avait personnellement connu Martin Heidegger (ils habitaient la même région : le Bade-Wurtemberg en pays Souabe). L'idéal guerrier s'accompagne, bien évidemment du mépris pour le bourgeois: peureux, couard, grelotteux, sans spiritualité, politiquement libéral-démocrate, dont le seul but dans la vie est la recherche de la sécurité, du confort, et du bien-être matériel. Tout ceci s'oppose aux valeurs héroïques du soldat : le courage, l'audace, l'acceptation du risque et de la hiérarchie. Le guerrier possède et domine cette violence parfois nécessaire pour accoucher de l'être, ceci s'appelle l'impératif ontologique de la violence. Le bourgeois incarne socialement le nihilisme européen, terme clé que nous allons expliciter. La peste spirituelle de l'Europe est le nihilisme. La France et sa culture drouadelhomesque, avec ses idéaux de gauche qui ont même empoisonné la Droite en est le plus bel exemple et sans doute le pays le plus avancé dans ce domaine de décomposition spirituelle. Les idéaux français ou européens des «lumières» : droits de l'homme, raison, idéal scientiste, universalisme, économisme, moralité kantienne, conception abstraite de l'homme auquel on nie tout aspect charnel, égalitarisme qui implique la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre. Bref, tout ce qui globalement recouvre le terme consacré : « les valeurs républicaines ». Idéaux qui aboutissent de façon inexorable vers la haine de soi, le masochisme, un goût morbide pour tout ce qui est mortifère et l'apologie de tout ce qui détruit notre culture, notre pays, notre peuple. Les symptômes actuels de ce nihilisme sont une partie de la jeunesse blanche qui renie son pays, sa culture et se réfugie dans la drogue, le sexe, la débauche. Nietzsche avait parfaitement vu que ces valeurs elles-mêmes étaient, conformément à leur essence, intrinsèquement nihilistes, que leur état actuel de décomposition (voir la France actuelle) reflète leur potentiel de départ (et que cela ne vient pas comme le croit encore certains idéologues de gauche d'une baisse de l'idéal initial). Jünger et Heidegger par leur engagement politique de départ, même s'ils ont un peu divergé après, ont donc voulu dépasser le nihilisme européen : « là où croit le danger, croît aussi ce qui sauve ». Cette phrase résolument optimiste d' Höderlin redonnait espoir à Jünger et à Heidegger. L'engagement nationaliste était une façon de s'opposer sous une forme authentique au nihilisme européen qui obsédait tant les penseurs de génie européens. Pour eux, seule l'Allemagne pouvait avoir cette mission de renouveau spirituel. La défaite momentanée des mouvements nationalistes des années trente ne doit pas faire oublier leur origine intellectuelle, spirituelle et philosophique, le problème étant loin d'être réglé. Le nihilisme européen a atteint en France et en Europe le paroxysme. Et seul un mouvement nationaliste et spirituel fort pourra répondre à cette menace persistante pour l'avenir de la France, de l'Europe et de l'Occident.

    par Patrice GROS - SUAUDEAU mai - juin 1998 dans le GLAIVE

  • Le Prince et l'avenir (1)

    Les armées en campagne ont quelquefois moyen de s'accorder une journée de plein repos à l'occasion des solennités nationales ou des fêtes du souverain. Au point où sont venues les affaires de France, le trente-huitième anniversaire de la naissance de Monseigneur le duc d'Orléans 2 impose l'unique devoir de doubler le pas, de presser la marche, de multiplier l'activité par l'activité. Mais ce n'est pas rester inactif que de travailler, tout en avançant, à mieux voir le but.

    Notre but, ou du moins notre premier but, c'est le roi. Au-delà du roi est la France, raison finale et décisive des alarmes profondes développées en nous par les événements. Mais nous avons bien reconnu et démontré que ces émotions seraient vaines, ces mouvements stériles, et parfaitement chimérique toute espérance de relèvement national, sans un recours au grand ouvrier, à l'éternel artisan de la Renaissance française. Comme les fidèles de Charles V et de Charles VII, de Henri IV et de Louis XIV, nous savons qu'il n'y a ni Étranger, ni réformés, ni Ligue, ni Fronde qui tienne devant le Roi. Sans le Roi, au contraire, tous les désordres ont beau jeu, jeu constant et jeu régulier, jeu parfaitement naturel, jeu servi et fortifié par la complicité de l'histoire et de la géographie de la France, jeu funeste et fatal car il aboutit, par de misérables déchirements, au démembrement du pays. Le roi de France absent, tous les maux nationaux restent et resteront possibles. Lui présent, tout se recompose en vue de permettre le bien.

    Cela est si vrai que notre œuvre, en ce qu'elle a d'heureux, n'aurait été ni exécutée ni même conçue sans l'évocation énergique de la pensée du roi au fond de nos propres pensées. La rappeler, la méditer, c'est renouveler nos sources de force en nous reportant au point même d'où elles ont jailli. Seuls de tous les groupes nationaux et conservateurs, nous savons ce que nous voulons et où nous allons. Seuls nous pouvons inscrire un itinéraire précis dans les brumes, dans l'avenir. Mais, — tout comme, en septembre dernier, nous disions que nous ferions ceci en octobre, et cela en novembre et cela en décembre, et cette autre chose en janvier, — programme net et qui a été exécuté de point en point, — nous pouvons répéter aujourd'hui ce que nous disions hier et il y a neuf ans, dès les premiers efforts de notre pensée politique : — d'abord une élite intellectuelle, morale, sociale se ralliera énergiquement à l'idée du roi ; ensuite, cette élite établira un tel état de l'esprit public que royauté et ordre, royauté et patriotisme, royauté et organisation du travail, royauté et respect de la religion deviendront de purs synonymes admis et compris de quiconque aura un cerveau pour penser ; ensuite, dans l'importante fraction de l'opinion publique ainsi éclairée, un autre couple de synonymes achèvera de se former, l'association nécessaire se scellera entre République et persécution religieuse, République et désorganisation du travail national, République et anti-militarisme ou anti-patriotisme, République et désordre politique et mental ; ensuite, des deux couples bien liés et bien ordonnés en une alternative solidement bâtie, résultera par la force même des choses, — des brutales choses inanimées ou animées que la folie, ou la sottise, ou la malice républicaine auront mises en œuvre — l'évidente nécessité de choisir ; et le choix, le choix royaliste, naîtra dans la pensée d'une minorité puissante et résolue, éclairée par l'intelligence, unie, disciplinée et stimulée par tous les sentiments de générosité, de courage et d'audace qu'on prétend parfois morts ou parfois endormis et qui veillent pourtant silencieux et purs, au fond du cœur français : cette minorité énergique et lucide, « la brigade de fer », disait-on, il y a cinq ans, au milieu des sourires de gens trop bien stylés pour avoir une idée ou pour trouver un mot, opérera alors, au mieux des circonstances, de manière à saisir la première occasion. Quelle occasion ? Celle, tout d'abord, d'établir le Roi.

    Ainsi devra, non point finir, mais commencer l'action pratique extérieure. Tout ce qui se fait hors de là est préparatifs, déblaiement, organisation de l'action : celle-ci, qu'elle soit militaire ou civile, révolutionnaire et populaire ou administrative, qu'elle parte d'en haut, qu'elle parte d'en bas, l'action pratique tend au roi, et par le chemin le plus court. Que la chose s'opère en vingt-quatre heures, en vingt-quatre jours ou en vingt-quatre saisons, cet objectif unique justifie seul une démarche, un mouvement, parce que, dans ce cas, et dans ce cas seul, on peut essuyer un premier échec : démarche et mouvement n'en sont pas inutiles, ils subsistent, ils peuvent servir, à titre de souvenirs capitalisés, pour plus tard. Avenir défini, sans lequel on s'agite dans le néant ! Tous ceux qui ont horreur du néant vont au Roi. Mais ils y vont sans cesse, de plus en plus nombreux et, suivant le chemin que nous avons suivi, ils découvrent d'eux-mêmes la distincte et brillante figure d'espérances que le temps favorise et caresse avant de les accomplir.

    Aux aveugles qui doutent, aux timides qui tremblent, comme c'est leur destin, aux esprits embrouillés qui,nourris d'objections qu'ils ont mal digérées, n'ont de plaisir qu'à voir les autres succomber à leur propre paralysie, nous répétons sans trêve que cela se verra, que cela se fera, d'un cœur aussi tranquille, d'une voix aussi ferme que nous leur rappelons la réalité de succès antécédents. Un calcul très simple et très fort autorise nos certitudes.

    Deux hypothèses sont possibles. Pas une de plus. La crise violente est prochaine ou elle ne l'est point ; or, nous ne nous trompons ni dans un cas ni dans l'autre.

    L'anarchie ou la composition avec l'anarchie, le ralliement plus ou moins direct et explicite à l'anarchie peut continuer : en ce cas, tous les éléments de force ordonnée, et aussi tous les forts qui sont amis de l'ordre et tous les hommes d'ordre qui aiment la force seront, les uns implicitement, les autres carrément, nettement, brillamment avec nous ; tout ce qui est initiative personnelle, valeur intellectuelle, influence économique ou sociale se ralliera de près ou de loin à l'idée du roi, et, en ce cas, quelque sorte de Directoire qui ait assumé la surveillance de l'agonie républicaine et démocratique, agonie que l'on suppose lente, insensible et sans crise, il ne peut manquer de venir un moment où la chiquenaude des forts et des sages suffira à précipiter ces institutions contradictoires dans leur néant. Contrairement à une opinion qui a cours, plus elles durent, plus elles s'usent. Mais plus nous durons, plus nous gagnons de vigueur et d'autorité. Les générations nouvelles seront de plus en plus disposées à comprendre et à écouter. Leur éducation se fait sur un plan tel qu'un seul langage correspond à l'écho des malheurs publics. Ce langage est le nôtre. Il sera entendu et pénétré de plus en plus. Cette commune force ne cessera donc de grandir en même temps que l'œuvre à exécuter demandera aussi une dépense de plus en plus faible de cette force.

    Oh ! je conviens que l'hypothèse d'une longue décadence pacifique et sans crise n'est pas probable. Nous avons un trop beau pays qui allume au dedans et au dehors trop de convoitises pour que la guerre extérieure et la guerre civile ne soient pas dans l'ordre des probabilités menaçantes. Aucun Français ne peut y songer sans horreur. Aucun Français ne peut s'en désintéresser. Il faut regarder là et très droit.

    Il faut voir cette Europe organisée, armée, il faut voir ce socialisme organisé, armé ; il faut voir ces Quatre États confédérés — juif, protestant, maçon, métèque organisés, armés. Toutes ces organisations, toutes ces armes sont tournées contre la patrie. La France voit ligués contre elle son gouvernement public et son gouvernement occulte, son administration, et jusqu'aux électeurs grands et petits. Il reste à la France le roi. Le roi hors des frontières ; toujours prêt à les passer au premier signal 3 ; la pensée du roi au dedans, de plus en plus présente, vivace et agissante dans la pensée et dans la poitrine d'une multitude croissante de citoyens, de patriotes conscients. Tous les maux que j'ai dits, les menaces que j'ai comptées ont trop d'évidence pour être mis en doute, mais le bien est certain aussi. En toute hypothèse il subsiste. Dans l'hypothèse de révolution violente, le roi rallie les hommes d'ordre. Dans l'hypothèse de guerre civile, le roi prend le commandement de toutes les fractions restées saines de l'armée et de la nation. Dans l'hypothèse de la défaite, il renverse les serviteurs de l'Étranger, signe la paix, et organise la revanche. Dans l'hypothèse même du démembrement, il peut rester un coin où réfugier le royaume de Bourges et, si ce coin même est perdu par le poids réuni des fautes accumulées pendant cent dix-huit ans de démocratie et de République, eh bien ! l'irrédentisme français n'en gardera pas moins un drapeau, un mot d'ordre, un chef, le chef même de la dynastie nationale, en l'absence duquel se sera consommé le partage de la patrie : nos premiers soulèvements seront royalistes, et la France, un moment conquise et dépecée, sera, de l'est à l'ouest, du nord au sud, trop dure à garder et à digérer pour que notre génération n'assiste pas à un relèvement simultané de la royauté et de la patrie.

    Ne dites pas que cette hypothèse est impie. L'impiété, c'est l'aveuglement, c'est l'insouciance. Qui fut l'impie, de Napoléon III ou de Thiers au lendemain de Sadowa, de Lebeuf ou de Niel 4 à la veille de Sedan ? Les académiciens anarchistes qui s'inclinent honteusement devant la politique étrangère de la République, seront frappés un jour du même ridicule sinistre que les aliénés de 1863 et de 1870.

    Si le pays a la cataracte, il faut opérer le pays. Notre criterium est celui des bons chirurgiens : l'utilité.

    Disons-nous des vérités utiles ? Il ne s'agit pas de savoir si elles sont dures. Rendons-nous un service public en les disant ? En les disant, servons nous convenablement notre nation, notre pays et notre prince ? Un bon catholique, mais qui savait le sens des mots et qui n'ignorait pas les rapports de la religion et de la politique, — c'est le comte Joseph de Maistre, pauvre païen que je signale à l'animadversion de nos démocrates-chrétiens 5, — ne craignait pas d'écrire que ce qu'un honnête homme a de mieux à faire dans ce monde, c'est de servir son prince. Nous l'essayons de notre mieux.

    Nous ne l'essaierions point avec autant de ténacité, nous y mettrions moins d'enthousiasme et de bonne humeur si nous servions un autre Prince, si nous servions un Prince moins passionnément attaché au service de son pays, si nous servions un Prince moins vigilant sur la nature des services à lui rendre. On a tout dit, non seulement chez les royalistes, mais même dans le monde républicain, sur l'admirable patriotisme avec lequel la Maison de France, en exil, mais toujours représentée sur bien des trônes, puissante dans toutes les Cours, a favorisé, soutenu, servi enfin, tant qu'elle a pu, les efforts et les travaux de nos diplomates, sous le régime qui annule par sa nature même tant d'intelligence et de cœur.

    Ce que l'on n'a pas assez dit, ce qu'il faut que l'on sache, ce que nous ne pouvons cesser d'enseigner et de répéter c'est l'œuvre personnelle de Monseigneur le duc d'Orléans ; c'est le trait personnel de sa politique, c'est la nature des directions qu'il adressa à ses fidèles depuis le jour de son avènement. On les définirait d'un mot, et c'est le mot qui est revenu le plus volontiers sous sa plume. Elles sont nationales. Sans doute il faudrait tout un livre pour éclaircir le sens exact de ce mot ici. Mais souvenez-vous de deux faits. En janvier 1895 c'est-à-dire en un temps de calme relatif où nos partis extrêmes étaient seuls menaçants, la question présidentielle se posant entre Félix Faure et M. Brisson, c'est-à-dire entre un désordre pur et quelque faillie mais sincère velléité d'ordre intérieur et de dignité extérieure, ce Roi de vingt-six ans donna à son parti l'ordre d'élire M. Faure, et il le fit en termes tels que le plus ignominieux des opportunistes 6 ne put s'empêcher de s'écrier : « il y a là quelqu'un. » Deux ans plus tard 7, le faux ordre étant démasqué, l'opportunisme se révélant agressif, anarchique, anti-judiciaire, anti-militaire, le même jeune Roi, sans changer un iota de sa pensée, ni déranger un atome de ses principes, inaugurait de mémorables discours et des manifestes inoubliables cette admirable politique radicale qui a lentement rendu au monde royaliste sa physionomie de parti historique, sa position de parti national et qui, depuis dix ans, fait dire chaque jour à de nombreux Français, purs échos de M. Reinach, dont M. Reinach se passerait bien :

    — Quelqu'un. Il y a là quelqu'un.

    Grâce à Monseigneur le duc d'Orléans, il est devenu clair que Vive la nation ne veut rien dire ou veut dire Vive le Roi. Voilà son œuvre et son bienfait. Voilà son titre personnel ajouté à celui des quarante constructeurs royaux de la France. Sa politique le démontre, comme sa naissance l'a déjà désigné: il sera le reconstructeur.

    Charles Maurras http://maurras.net
    1. Notre texte est celui publié dans L'Action française du 15 février 1907, qui précise en note : « Charles Maurras, dans la Gazette de France du 7 février pour l'anniversaire de la naissance de Monseigneur le duc d'Orléans. Nos lecteurs nous saurons gré de leur faire connaître cette page où les vues politiques sont alliées au plus pur loyalisme. C'est un document à faire lire aux Français qui méconnaissent encore la grande figure de leur Roi. »

      Les notes sont imputables aux éditeurs.

    2. Louis Philippe Robert d'Orléans, « Philippe VIII » (1869–1926).

    3. C'est à dire prêt à les repasser pour rentrer en France, puisqu'il était alors frappé par la loi d'exil. [

    4. Le maréchal du Second Empire Adolphe Niel, né en 1802 et qui avant sa mort en août 1869 avait plusieurs fois fait part de son inquiétude devant l'Allemagne et ses capacités militaires. La guerre de 1870 sera engagée par le maréchal Lebeuf, resté célèbre par sa malheureuse phrase selon laquelle il ne manquait « pas un bouton de guêtre » à l'armée française.

    5. C'est bien entendu ironique : Maurras était alors en pleine polémique avec les tenants du Sillon et de Marc Sangnier, qui l'accusaient volontiers de paganisme en lui reprochant de présenter la politique comme supérieure à la morale ou à la foi.

    6. Joseph Reinach, comme le texte va le préciser plus loin ; la citation est souvent rappelée par Maurras. Tout ce passage évoque le propos général de Kiel et Tanger, alors en partie rédigé, mais resté impublié jusqu'en 1910.

    7. L'allusion est évidemment à l'affaire Dreyfus : c'est en 1894 que Félix Faure est élu et en mars 1896 que Picquart met en cause Esterházy.

  • 1er octobre 1938 La Politique

    I ) La paix gagnée — et comment !
    La guerre est évitée, son péril conjuré 1. Notre À bas la guerre — non, non pas de guerre, — pas de guerre non, non, — a été exaucée par l'événement. Nous ne reviendrons pas sur les fortes, les irréfutables raisons qui nous installaient dans cette position inflexible. Si elles avaient été faibles, on les aurait discutées. Parmi tous les adjectifs qualificatifs qui nous ont été décochés, on ne relèverait pas l'ombre d'une idée.
    Personne, ce qui s'appelle personne, n'a par exemple discuté notre distinction entre la guerre de défense où tout le monde français eût été d'accord et la guerre offensive que l'on voulait nous imposer en un moment où tout nous l'interdisait : la carte de géographie, et la lugubre histoire de ces vingt années écoulées, entre lesquelles les trois dernières ont si cruellement raréfiés notre production !
    Personne ne s'est soucié non plus de répondre à cette autre distinction essentielle entre les différents non que peut émettre un état : il y a le non verbal, dont les cocoricos de Sarraut, en 1936, sont le type, et dont l'effet pratique fut la honte pure, et les non réels, ceux de Joffre, de Foch et de Mangin, dont il faut commencer par avoir les moyens, lesquels, précisément, nous faisait défaut, défaut qui ne tient ni au courage de nos hommes, ni à la valeur de leurs magnifiques chefs, ni à l'état de notre armée de terre, mais au sabotage de notre armée de l'air, qui formait le point vif d'une offensive « pou les Tchèques 2 ».
    Ce qui a été fait pour éviter cette guerre devait être, en ces jours là, une sorte d'adhésion constante de soumission rituelle aux directions de l'Angleterre. Il ne faut pas se plaindre, puisque la paix a été sauvée, mais il ne faut pas s'en louer parce que l'autonomie de la politique française n'y a guère brillé. On a couru au plus pressé et l'on a très bien fait.
    Autre remarque digne d'intérêt. On n'a pu obtenir la paix qu'en insérant une correction essentielle dans la politique étrangère de nos dernières années. Les chefs de notre Anti-fascisme ont eu le rare bon sens de consentir, sur la demande anglaise, à une entrevue publique et amicale avec le Chef des Faisceaux romains. Le jeune et beau Dunois se plaint que nous élevions sur le pavois M. Mussolini. Qu'il aille porter sa plainte ou il faut ! Nous ne sommes ni président du Conseil, ni ministre des Affaires étrangères. Nous, dans notre poste ici-bas, disions à ces Messieurs qu'il leur faudrait en passer par Rome. C'est ce qui vient de leur arriver. En 1934, Hitler était maté au moyen des régiments que Mussolini mettait sur le Brenner. En 1938, on le modère, on le tempère, on le freine légèrement au moyen de l'arbitrage de M. Mussolini. C'est comme ça parce que c'est comme ça. Nous ne sommes pas assez injustes pour en accuser le jeune et beau Dunois. Il a tort de nous imputer une suite de causes et d'effets que nous nous étions modestement contentés de prévoir. Mais, au Popu 3, qui est le journal de Blum, on a des raisons sérieuses de tenir en une sainte horreur tout ce qui ressemble à une prévision juste. Le patron a tenu boutique du contraire ! Plaignons le jeune et beau Dunois, et disons, encore une fois, que l'Action française avait vu fort à l'avance, c'est-à-dire depuis trois ans, ce qui devait être et à ce qui a été, sur ce point.
    II ) L'esprit public
    L'Action française n'a pas été seulement pour la paix, mais pour ces conditions nécessaires de la paix.
    Elle prend donc allègrement et fièrement sa part des justes acclamations qui ont accueilli M. Édouard Daladier dès son arrivée au Bourget. Le cri public a montré que, tout réfléchi, tout compté, après tant de dures méditations sur un cauchemar de huit jours, l'esprit public et l'intérêt public avaient fini par coïncider. Non que les manœuvres eussent manqué pour les dissocier ! Non que l'on n'eût point fait le possible et l'impossible pour opposer le sentiment de l'honneur français et même celui de son intérêt général éloigné, aux durs impératifs du salut immédiat qui disait paix, paix, paix et qui voulaient la paix. Cette campagne était horrible par ce qu'elle avait d'impie, d'absurde et aussi par ses causes immédiates et lointaines dont les fils, tenus par l'ennemi public, aboutissaient ça et là à de bon cœurs emmanchés de pauvres cervelles. Jamais, peut-être, depuis le 20 avril 1792, le gouvernement d'opinion n'avait mis la France plus près de sa ruine ! Il y avait quelqu'un pour freiner en 1830, quelqu'un pour le même office en 1840. Mais la catastrophe de 1870 (où il y avait moins que personne) n'eût été qu'un jeu d'enfant auprès du désastre auquel on nous précipitait en 1938.
    L'esprit public a été utilement servi par la crainte des justes sanctions portées dans certaines hautes sphères du pouvoir.
    Ils ont eu peur.
    La saisie de L'Action française 4 pour ce que L'Ère nouvelle d'hier appelait une galéjade et un pastiche, suffit à montrer que, chez M. Paul Reynaud et chez M. Mandel, la menace des nationaux est quelque chose de présent. Ils sont loin de la mépriser. Ils sont en garde contre elle. S'ils conforment à cette crainte leur action publique, c'est que leur action secrète a dû subir aussi, de ce fait, d'heureux tempéraments. Ces messieurs n'ont pas osé aller jusqu'au terme de leur pensée. Ils n'ont pas osé aller au bout de leur puissance. L'esprit public y a gagné un certain degré de liberté. Le mouvement de l'esprit public a pu collaborer aux joyeux événements d'avant-hier et d'hier. Il ne les a pas contrariés, il les a favorisés, attendus, acclamés. Ni communisme, ni panjurisme 5 n'ont compté : purs et simples fétus agités emportés par le souffle de leur propre folie. Un fait matériel a tout dominé : la libre respiration d'un grand peuple que d'artificieuses manœuvres avaient opprimé et qu'elles n'ont pas réussi à abattre.
    À bas la guerre, disait-il. Non, pas de guerre !… Pas de guerre, non, non ! Et il n'y a pas eu de guerre, et M. Daladier en a reçu des fleurs et des couronnes plein son chapeau, plein sa voiture, plein ses bras et son cœur. Il en recevra d'autres ! Beaucoup d'autres, l'acte de Munich correspondant à toutes les plus urgentes nécessités du moment.
    III ) Mais réfléchissez, prenez garde !
    Cependant, on aurait tort de fermer les yeux à certaines clartés légitimes et même indispensables. On trompe le pays quand on dit que l'expérience de jeudi suffit à montrer que l'on peut se tirer de tous les mauvais pas par des ententes pacifiques et que l'échange de bons propos internationaux réglera tout. Cette généralisation est plus qu'imprudente. Elle néglige toutes les expériences des dernières années, elle passe outre aux leçons éclatantes données au Briandisme, au pacifisme, au genevisme par des événements lumineux. Non, non, « la guerre » en soi n'a pas été vaincue par un certain sérum fabriqué à Munich.
    L'immense gratitude que nous devons à M. Chamberlain, ne doit pas non plus nous nous voiler la double signification du pacte conclu hier entre lui et Hitler. Hitler a réalisé un des articles de son Mein Kampf, il a de nouveau collé, et du plus près qu'il l'a pu, à la puissance anglaise. Pour une concession qu'il lui a faite, il a obtenu un traité de non-agression entre Londres et Berlin, traité qui est classé directement à la suite du pacte naval. Si l'on croit l'incident négligeable, on risque de se faire de nouveaux moucher par l'événement. Car voilà qui dément la politique constante de l'Angleterre ! M. Chamberlain assure Hitler du désir qu'éprouve son peuple de ne point combattre le sien, au moment où Hitler devient par la force des choses l'arbitre du continent européen. On a certes vu des politiques embrasser leurs rivaux, afin de les étouffer. Mais ici, l'embrassade comporte quelque chose d'étonnamment gratuit de singulièrement spontané ! Honorons et remercions M. Chamberlain. Cela ne nous dispense pas d'ouvrir les yeux clairs sur sa politique : au lieu de l'éloigner, la puissance d'Hitler l'attire, et c'est bien dangereux.
    Il y a peu de jours, son Foreign Office était présenté comme devant militer aux côtés de la France de la Russie (la Russie qui, depuis vingt et un ans, ne s'appelle plus dans les actes internationaux que l'U.R.S.S.) et voilà aujourd'hui la politique anglaise dans la plus cordiale intimité de Hitler. C'est de l'empirisme, peut-être. Attention ! Que ce ne soit pas de l'empirisme désorganisateur.
    Enfin, je lis que cette histoire justifie le pacte à quatre que de ce pauvre Henri de Jouvenel 6 !
    Parce que l'on est entré, par force, en conversation le «  chien enragé de l'Europe » et, pour lui concéder toute la moelle de son os, moins quelques centimètres de carbonate de phosphate de chaux, la rencontre est recommandée que dis-je ? acclamée. J'ose m'avouer tout heureux et gaillard que ce système n'ait pas été appliqué plus tôt à la pauvre Europe. Une utile conduite si Henri de Jouvenel eût été écouté plus de quelques semaines ! Cela nous a fait perdre la Pologne. Prague subit. À qui le tour ?… Nous subissons aussi la mauvaise fortune. N'en faisons pas la Règle et la Loi !
    IV ) Ce que gagne Hitler
    Ce qu'il faut dire, ce qu'il importe de redire, c'est que nous avons été contraints, par les effets de nos malheurs récents, à calculer de plus grands malheurs et à en déjouer la menace. Nous avons fait tout ce qu'il fallait pour éviter le pire, et nous avons bien fait. Mais la situation n'en est pas simplifiée, ni allégée, ni embellie pour cela. Et le bonheur d'Hitler, ce qui s'ensuit et s'ensuivra, aura des effets plus désastreux que tout si nous nous laissions engager le moins du monde, à faire confiance à l'étrange quatrième 7 de ce loufoque pacte à quatre digne de quelque asile d'aliéné international.
    La vérité est que notre paix forcée permet à Hitler des gains extraordinaires. La vérité est que, à travers tous les protocoles, tous les accords, tous les instruments diplomatiques, signés ou à signer, il vient de s'ouvrir, sans coup férir, une voie libre et splendide vers l'Orient. La vérité est que non seulement aux yeux de M. Neville Chamberlain, de son propre peuple et des peuples circonvoisins, mais de l'ensemble de l'Europe centrale, il apparaît le maître, l'arbitre, le chef. On parle de Sadowa 8. C'est une bêtise. Sadowa, comme disait Bainville, s'était joué entre Allemands. Et voici l'Allemagne bien dépassée, l'Allemagne emportée elle-même vers des destins danubiens et asiatiques dont personne n'a la mesure, mais, par là même, se constituant des forces nouvelles, qui, brusquement retournées contre l'Ouest, peuvent aussi devenir extraordinairement redoutables…
    Nous avons envie de rien farder ici. Ce que nous ne cessions de dire, en répétant qu'il ne fallait pas de guerre, et que cette guerre serait un suicide de la patrie, doit être redit de plus belle : l'abandon nécessaire qu'il a fallu souscrire crée de nouveaux devoirs impérieux, urgents et vitaux.
    V ) Alerte !
    Loin de nous endormir sur aucune parole, loin de former aucun acte de foi dans la paix, qui, loin d'être fatale, est la plus contingente des choses, et peut-être la plus fragile, nous disons que le peuple français est cruellement menacé et qu'il n'a plus d'espoir ni d'avenir que dans un sursaut rédempteur. Jamais il ne lui aura fallu autant travailler ni jamais autant se rassembler, s'unir, se réorganiser, refaire les alliances de l'Occident, repasser par Rome où siègent de la victoire et la paix, s'armer enfin, s'armer pour le simple salut d'une vie que guettent, en vérité, trop de graves périls.
    Alerte ! Alerte ! disions-nous pendant la crise. Il faut le répéter maintenant qu'un sursis nous est accordé, — pour combien de temps ?
    Alerte ! C'est ce que tous les vrais Français voient, sentent, disent, écrivent, et nous sommes peu terminés par ses lignes de l'un d'eux, parisien patriote, qui ne se laisse pas tromper à de fugaces nuées :
    Si l'immédiat est sauvé, il reste demain. Il faudrait maintenant, avec plus d'acharnement que jamais, compléter notre réarmement encore bien déficient, refaire surtout un bloc national, et refaire nos alliances. Il faudrait surtout rompre une fois pour toutes avec l'ennemi (allié !) de Moscou, et briser le réseau occulte de ses agents en France.
    Alors, la France, au lieu de suivre péniblement à la remorque, reprendrait bientôt la tête de l'Europe, réparerait avec honneur les capitulations de ces vingt années, et imposerait sa paix, la paix française, c'est-à-dire la vraie paix européenne, la paix humaine dans la justice et la sécurité de tous. Parce qu'elle aura montré sa force, sans, peut-être, avoir à s'en servir.
    Mais ! Mais… Inutile de refaire l'énumération des mais qui, dès demain, dès aujourd'hui, vont faire avec acharnement obstacle au redressement du pays. Si, dans l'antre de Moscou, on doit ce matin faire la grimace, il y a en France des cavernes où la joie des bons français doit provoquer des grognements.
    Si la Bête est refoulée, elle est toujours bien vivante. Quels assauts nous réservent les mois qui viennent !
    Seule, L'Action française peut la braver et l'abattre.
    Refrain : ce ne sont pas des millions mais des dizaines de millions qui lui faut, non pour reprendre la lutte qu'elle n'a jamais cessée, mais pour la poursuivre jusqu'à la victoire finale, elle-même couronnée par le retour du roi fédérateur et réparateur.
    Hors de là point de salut ! Quelques riches français (il en reste bien encore ?) à l'esprit lucide et au cœur bien placé, le comprendront-ils, et voudront-ils ajouter un noble poids d'or aux innombrables oboles de leurs pauvres concitoyens ?
    La question est posée. La question du grand mouvement d'opinion qui ne s'arrêtera pas à de faibles figures, ni à de vagues disputes de personnalités sans consistance ni valeur.
    Il faut reprendre tout ou presque tout par le fond, depuis le moral du pays légal où les profiteurs sont les maîtres, jusqu'à la zone des idées, où les ignorants, les imbéciles et les impulsifs ont un peu trop tenu le haut du pavé.
    Alerte ! Et en avant !
    Charles Maurras
        1.    Les accords de Munich sont de la veille, 30 septembre.
        2.    Les notes sont imputables aux éditeurs.
        3.    Écho d'un article de Léon Daudet sur la même page. La diction singée est celle de Paul Reynaud, qui avait été l'un des plus chauds partisans d'une immédiate déclaration de guerre à l'Allemagne.
        4.    Le Populaire, qui était alors le journal de la S.F.I.O., avait été fondé en 1916 par des socialistes pacifistes minoritaires hostiles à la guerre. Blum en a été le directeur politique de 1921 à 1940. C'est par antiphrase et à la suite de diverses passes d'armes par articles interposés que Maurras, d'après une chanson de l'Empire dont il existe aussi diverses versions paillardes, appelle « le jeune et beau Dunois  » Amédée Dunois, de son vrai nom Amédée Catonné, qui était né en 1878 et mourra en 1945 après avoir été l'un des animateurs du Populaire clandestin durant la Seconde Guerre mondiale.
        5.    Le numéro du 29 septembre avait été saisi à Paris et avec plus ou moins d'efficacité dans plusieurs villes de province. Il notait en manchette :
        6.    À la manière de…
        7.    S'ils s'obstinent, ces cannibales, 
À faire de nous des héros,
Il faut que nos premières balles
Soient pour Mandel, Blum et Reynaud.
        8.    Parodie des vers de L'Internationale :
        9.    S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
        10.   
        11.    L'opinion qui professe que tout peut être réglé par le droit.
        12.    On ne sait si le pauvre est une appréciation politique ou une mention pieuse pour parler d'Henri de Jouvenel, mort à la surprise de ses contemporains en 1935, et dont les espoirs de « pacte à quatre » (Angleterre, Italie, France, Allemagne) avaient pu sembler une solution aux tensions européennes. Le « pacte à quatre » ne fut cependant jamais adopté par les pays concernés, du fait de la guerre italo-éthiopienne de 1935. Les négociations de Munich réunissant les mêmes pays, elles avaient ravivé ce souvenir du « pacte à quatre » prôné quelques années plus tôt par Henri de Jouvenel et Édouard Daladier.
        13.    L'Allemagne.
        14.    La bataille qui vit prévaloir la Prusse sur l'Autriche, en 1866.
    Texte paru le 1er octobre 1938 dans L'Action française.
    Ce texte est dans le domaine public en Amérique du Nord.

  • Femen : j’ai le bûcher qui me démange

    Les sorcières de 2012 ont beaucoup de chance par rapport à leurs consœurs d’il y a un millier d’années : au pire, elles se prennent quelques baffes. Et en matière de baffes, les possédées hystériques qui sont venues se confronter à la manif de Civitas de dimanche n’ont pas encore reçu le quota qui leur revient.

    la suite sur http://www.bvoltaire.fr

  • Quelques propositions pour sauver l'industrie automobile en France.

    Au mois de juillet dernier, la direction de l’entreprise PSA annonçait un vaste plan malencontreusement qualifié de « social » car profondément antisocial (et là, sans guillemets !), plan qui prévoyait 8.000 licenciements en France dans les usines du groupe, dont 1.400 sur le site de Rennes-La Janais. C’est, en fait, la conséquence directe des erreurs stratégiques de la famille Peugeot et d’une certaine désinvolture à l’égard des salariés, moins considérés, en définitive, que les actionnaires : est-ce si étonnant que cela dans un système économique qui compte plus en valeurs financières qu’en valeurs humaines, et qui a oublié ce principe humaniste énoncé par le véritable théoricien de la monarchie absolue, Jean Bodin, du temps du roi François Ier : « il n’est de richesses que d’hommes » ?

    Aujourd’hui, à Rennes comme à Aulnay, il faut parer au plus pressé, peut-on dire : éviter la disparition de 8.000 emplois, militer pour un moratoire sur ces licenciements programmés et, au-delà, penser l’avenir de la filière automobile en France : par exemple avec la création et la construction de nouveaux modèles adaptés aux conditions (et obligations) nouvelles des circulations urbaines et rurbaines, mais aussi au « souci environnemental », pour limiter consommations et pollutions des hydrocarbures, entre autres.

    Les projets dans les cartons ne manquent pas, et la crise actuelle de l’automobile en France peut inciter à explorer de nouvelles pistes industrielles : « l’imagination au pouvoir », pourrait-on clamer et espérer !

    Néanmoins, cela ne suffira pas, au regard même des enjeux environnementaux et de l’épuisement progressif (mais de plus en plus rapide) et inéluctable des matières premières non-renouvelables aujourd’hui nécessaires dans la construction automobile. Aussi, il n’est pas inutile de proposer une transformation d’une partie de la branche « fabrication » en branche ou filière « réparation » ou « reconversion » des véhicules déjà en circulation. Il y a là une piste à explorer, et cela d’autant plus que les usines de Rennes-La Janais et d’Aulnay-sous-Bois (entre autres) connaissent bien, pour les avoir fabriqués, une partie des modèles de Peugeot-Citroën qu’il s’agirait de réparer ou reconvertir. Je précise qu’il s’agirait de réparations lourdes (voire très lourdes) et non de celles déjà effectuées dans les garages de la région, et c’est pour cela que le terme « reconversion » peut sembler mieux adapté à cette proposition, avec reconstruction de grandes pièces et possibilités d’adapter de nouvelles pièces, voire des éléments de carrosseries et des moteurs (moins énergivores, par exemple), au lieu d’envoyer les véhicules très abîmés ou trop fatigués à la casse, comme cela se fait aujourd’hui. Cette stratégie, qui de toute façon s’imposera tôt ou tard à l’ensemble des filières industrielles d’ici quelques décennies, voire quelques années, par le simple fait de la raréfaction des matières premières non-renouvelables (et donc de leur surenchérissement consécutif), peut permettre à PSA de prendre de l’avance en ce domaine d’avenir que sera, justement, « la reconversion » ! De plus, cela permet de préserver, à longue échéance, l’emploi dans la filière automobile qui, au niveau mondial, va bientôt atteindre son niveau de saturation, en unités roulantes comme en possibilités circulatoires

    Il est fort dommage qu’aujourd’hui la direction de PSA et l’Etat soient si peu réactifs face à la crise automobile, et que la République semble abandonner les ouvriers de PSA-Rennes comme ceux d’Aulnay à une sorte de fatalité économique qui cache, en fait, une absence de volonté d’agir à la tête de l’Etat pour sauver l’industrie française (et cela malgré les velléités de M. Montebourg, peu soutenu par le ministre de l’économie, M. Moscovici…) : les propos de M. Hollande ne sont guère à son honneur ! Alors qu’il devrait être le protecteur des salariés français, il les abandonne à une mondialisation destructrice des forces vives de notre pays : quel gâchis et, au-delà, quelle honte !

    Décidément, les salariés de notre pays ne peuvent pas attendre grand-chose de cette République si libérale et si peu sociale…

    http://jpchauvin.typepad.fr/

  • Affaire Bettencourt : Sarkozy attendu chez le juge Gentil

    FPI - L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est attendu ce matin à Bordeaux dans le bureau du juge Jean-Michel Gentil en charge de l'affaire Bettencourt.
    Cette convocation surmédiatisée de l'ancien chef d'État, constitue véritablement « l’apogée » dans la carrière du juge Gentil. Elle pourrait cependant se terminer par un simple placement sous le statut de témoin assisté.

     

    En effet, le juge et ses collègues Cécile Ramonatxo et Valérie Noël veulent entendre Nicolas Sarkozy sur un éventuel financement illicite de sa campagne de 2007, voire des remises de fonds ultérieures, grâce à de l'argent de Liliane Bettencourt.
     
    Les juges veulent également savoir si Sarkozy a pu toucher de l'argent directement, ou bien si ses activités politiques ont pu être aidées par une partie des quatre millions d'euros en liquide que l'ancien homme de confiance des Bettencourt Patrice de Maistre a fait revenir d’un compte suisse.

    Beaucoup de « si » et de conditionnels dans cette « affaire »… à suivre.

    http://www.francepresseinfos.com/