- Page 69
-
-
Défendre d’abord nos intérêts…
Les événements qui se déroulent depuis quelques mois en Ukraine ont entrainé, surtout sur les réseaux sociaux, un débat animé au sein de notre famille d’idées. Cela est bien naturel et à le mérite de prouver, à ceux qui en doutaient, que les nationalistes français sont attentifs à ce qui se passe dans le reste de l’Europe. Les uns, au nom d’une vision romantique des choses et s’appuyant sur des faits historiques terribles (la grande famine planifiée en Ukraine par Staline au début des années 30 qui fit plus de six millions de victimes réelles), soutiennent l’insurrection ukrainienne, tandis que les autres, par réalisme géopolitique et sans doute par admiration pour le style « direct » du Président Poutine, épousent la cause de la Russie.
Tout cela nous amène à quelques observations.
D’abord, force est d’admettre que les deux points de vue sont compréhensibles et il est dommage que certains en arrivent à s’insulter pour défendre celui qu’ils ont choisi.
Les nationalistes ukrainiens, et le peuple ukrainien dans son ensemble, ont souffert, c’est indéniable, du joug soviétique pendant plus de 70 ans. Cela à tel point qu’une partie n’a pas hésité dans un premier temps à se ranger aux côtés des forces de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, depuis l’indépendance de l’Ukraine, au début des années 1990, la Russie a toujours eu une position ambiguë par rapport à Kiev dont elle dépend en bonne partie économiquement. Les raisons du soulèvement sont d’ailleurs, dans un premier temps, plus à mettre sur le compte d’un refus des pouvoirs ukrainiens corrompus et incapables qui se sont succédés depuis l’indépendance, et sur celui de la misère sociale qui gangrène ce pays, que sur celui de la rancune envers les Russes. Même si celle-ci demeure vivace.
En tant que Français attachés à notre pays et en tant qu’Européens fiers de notre civilisation, nous pouvons comprendre les motivations des insurgés du Maïdan. Le problème c’est que ces motivations ne sont pas forcément les mêmes que celles de ceux qui ont tout intérêt à ce que l’Ukraine se détache de l’influence russe et qui œuvrent en sourdine depuis longtemps dans ce sens.
La sincérité ne doit pas engendrer la naïveté
J’ai pu le constater par moi-même, les nationalistes ukrainiens font parfois preuve d’une certaine candeur. J’ai eu l’occasion il y a quelques mois, avec notre ami Robert Spieler, par l’intermédiaire de Thibaut de Chassay, le dynamique président du Renouveau français qui entretient des liens politiques avec différents mouvements patriotiques de l’Est européen, de rencontrer des responsables de Svoboda, le principal parti nationaliste ukrainien, venus à Paris pour présenter leur mouvement et leurs revendications. Sans douter un instant de la sincérité de ces nationalistes, au demeurant fort sympathiques, j’ai été frappé par leur fascination, frisant la naïveté, pour l’Union européenne. Leur vision du monstre bruxellois était totalement tronquée. Ils plaçaient toutes leurs espérances dans leur visite au Parlement européen prévue pour le lendemain à Bruxelles. Curieuse approche des choses… Je dois avouer que Robert et moi sommes restés sceptiques suite à cette rencontre. Néanmoins, comme quoi en politique il ne faut jamais écarter « l’imprévu », quelle ne fut pas ma surprise de voir que deux de nos interlocuteurs d’alors sont aujourd’hui membres du nouveau gouvernement. Cela dit, il ne faut pas se leurrer. L’Europe, une fois qu’elle se sera bien servie des patriotes ukrainiens contre la Russie, se débarrassera d’eux vite fait car leur idéologie est malgré tout diamétralement opposée à ses projets mondialistes
Parlons maintenant de la position de la Russie de Vladimir Poutine. Celle-ci qui estime, à juste titre, que l’Ukraine est « son berceau » ne peut en aucun cas laisser se développer, à ses frontières, des Etats qui lui seraient foncièrement hostiles. Ce d’autant plus que cela risquerait de faire « tache d’huile ».
Nous considérons pour notre part que la Russie est actuellement, malgré tous ses défauts, l’un des meilleurs remparts face aux intentions belliqueuses et aux menées hégémoniques de l’Empire de la Haute finance apatride. Qu’on le veuille ou non, la Russie d’aujourd’hui n’est pas l’URSS d’hier. Nous ne tomberons donc pas, bien évidemment, dans le piège tendu par les lobbys droits-de-l’hommistes stipendiés par les Fondations mondialistes qui voudraient faire passer Poutine pour un nouveau Staline. Les maîtres du Nouvel Ordre mondial croyaient en avoir fini, au lendemain de la chute du Mur de Berlin, avec l’Union soviétique. Ils pensaient que la Russie allait devenir une puissance déliquescente dirigée par des mafieux ou des ivrognes type Boris Eltsine. Ils se sont lourdement trompés car ils n’avaient pas imaginés l’émergence d’un Poutine capable, en quinze ans, de redonner à son pays sa fierté, comme on a pu le constater à l’occasion des magnifiques Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, et de lui offrir à nouveau une place essentielle dans le monde. Ce renouveau de la Russie peut, légitimement, susciter une grande sympathie auprès des patriotes français écœurés de voir leur pays « dirigé » par une bande de baudruches incapables.
Ne pas se tromper de combat
Nous le voyons, chacun peut trouver de nombreuses bonnes raisons de soutenir un camp ou un autre. Mais, est-ce bien à nous, nationalistes français et identitaires européens, de nous immiscer dans ce conflit qui, quoiqu’en disent tous les va-t’en-guerre de la terre style BHL, ne nous concerne pas vraiment ?
Notre rôle ne serait-il pas, plutôt, de chercher à apaiser ces antagonismes qui ne peuvent que servir les projets fumeux de ceux qui veulent justement anéantir les nations ?
Louis XIV, pour expliquer sa politique étrangère, disait que « la France n’a pas d’amis ni d’ennemis, elle n’a que des intérêts ». C’est ainsi que les nationalistes français, qui sont sensés mettre l’intérêt national au-dessus de tout, devraient voir les choses aujourd’hui. Plutôt que s’entredéchirer à propos de ce conflit qui, finalement, concerne avant tout les Ukrainiens et les Russes, ne serait-il pas plus judicieux de s’interroger sur ce qui sert le plus notre pays ?
La menace que fait peser sur nos identités et nos libertés le mondialisme destructeur devrait suffire à elle-seule pour nous guider. La réalité, en France comme dans la plupart des pays, c’est que ce sont justement des gouvernements inféodés à la politique mondialiste imposée par les financiers de Wall Street, et leur bras armé qu’est l’OTAN, qui sont aux affaires. Alors, ne nous trompons pas de combat. Au lieu de s’entredéchirer sur la question ukrainienne, les nationalistes français doivent se mobiliser totalement contre le Système qui, ici comme ailleurs, veut détruire notre nation et notre civilisation.
Or, face à ce Système, force est de reconnaître que la Russie, dans l’état actuel des choses, est un allié nécessaire.
Roland Hélie Directeur de Synthèse nationale
Editorial du n°35 de la revue Synthèse nationale
-
Ce que peut un quarteron d’idéologues (Tera Nova - LGBT) devrait nous inciter à donner la priorité à la formation d’acteurs ardents pour revitaliser les corps intermédiaires de l’intérieur
Jean Ousset dans son livre l'Action, explique combien d’entreprises, combien de mouvements, après un magnifique essor quantitatif, échouèrent, par manque de cadres. Parce qu’ils ne disposèrent pas d’un nombre suffisant de ces « acteurs » indispensables, pour assurer sécurité et avenir. Et combien de « systèmes », par contre, détestés par la majorité d’une nation parviennent à se maintenir, ou à refaire surface promptement, parce que ledit système, lui, a ses « acteurs ardents »… Pendant qu’il n’est, de notre côté, qu’une foule de braves gens. Pleins de bonnes intentions, mais d’intentions vagues. Troupe souvent plus nombreuse, mais peu disposée à se dévouer à la chose publique. Toujours pressée de revenir à ses pantoufles…
Sans [une équipe de « leaders »] formée et agissante... (Sans les « acteurs ardents »...) les meilleures institutions risquent d’être balayées, comme château de sable, par le flux de [l’esprit mondain] …
Ce n’est pas, en effet, un mince étonnement de voir à quel point des hommes d’expérience, chefs d’entreprises, techniciens avertis, peuvent être « manœuvrés » par un quarteron d’idéologues. Exemples innombrables d’organismes syndicaux, agricoles, professionnels, familiaux, scolaires, culturels... pratiquement orientés par des éléments branchés sur tout autre chose que l’expérience, la compétence, les responsabilités, la science que ces éléments disent représenter.
Pour peu qu’on s’en donne la peine, on a tôt fait de découvrir le rôle des foyers de pensée cryptogames très différents des institutions fondamentales : familles, syndicats, professions, corps intermédiaires... Foyers qui jouent les relais, les stations services, les centres de pressions idéologiques. Colloques, tables rondes, « séminaires », cellules de prospective qui orientent tout, sans rien offrir de cette qualification expérimentale, technique, scientifique, sur laquelle chacun pense que la cité est fondée désormais.
Et partout se découvre semblable phénomène d’une compétence, d’une expérience, d’une science avérée qui n’en sont pas moins intimidées, manœuvrées par des facteurs idéologiques sans références scientifiques ou expérimentales sérieuses.
Autrement dit : les vrais savants, les vrais techniciens, les vraies compétences locales, les vrais chefs d’entreprises, les vrais parents, les vrais enseignants, les vrais exploitants agricoles se laissent pratiquement coiffer par de purs idéologues. Mais idéologues experts à jargonner science et technique.
La raison en est que ces vraies autorités sociales sont le plus souvent absorbées dans les spécialités où, précisément elles se qualifient.
Les idéologues irresponsables, eux, triomphent dans la mesure où ils sont seuls à occuper le champ des synchronisations fondamentales. Triomphe assuré autant qu’entretenu par une multiplication de clubs, groupes de pensée, tables rondes, centres idéologiques.
Ils ont … formé leurs cadres, conquis les Universités et les Ecoles. Ils inspirent la presse, intimident les clercs, envahissent les sphères politiques. Une fois incrustés, comme noyaux dirigeants, à la tête des syndicats, des groupements économiques, des administrations sociales, ils excellent à réduire le champ d’action des [responsables naturels]. D’où l’avilissement, l’appauvrissement des cadres sociaux vrais. Car la non-participation aux responsabilités habitue les notables à se laisser faire. D’où le climat de non-résistance et d’impuissance dont se plaignent les victimes elles-mêmes...
Dans le processus totalitaire, on doit donc considérer les deux causes réciproques :
- abus de puissance des uns...
- abdication des autres.
Celui-là n’étant possible que par l’appel du vide creusé par celle-ci.
Un technocrate ne disait-il pas : « Ce n’est pas tant l’Etat qui a tué les initiatives, étranglé les corps intermédiaires. Ses interventions ont été rendues indispensables par l’impuissance des libertés à s’exercer elles-mêmes ». Il y a du vrai dans cette boutade. La France et d’autres pays, sont encore assez riches de libertés juridiquement reconnues, mais que les responsables ne songent pas à exercer.
Dès lors, pourquoi des corps intermédiaires, s’il apparaît qu’ils ne sont plus animés par cet esprit d’initiative, de liberté qui est leur plus précieuse raison d’être ? A quoi bon les corps intermédiaires si ceux qui les animent sont gagnés au fatalisme révolutionnaire ?
Disons qu’en bien des cas ces corps intermédiaires ont moins besoin d’être gardés de l’extérieur que d’être revigorés, ré-animés de l’intérieur.
Et cela par une opération ayant pour but, non de les annexer, non de les orienter au gré d’une idéologie indifférente ou franchement hostile à leur nature... Mais opération ayant pour but de fournir les éléments de doctrine qui permettront aux corps intermédiaires de reprendre conscience de ce qu’ils sont, de leur destin, de leur service, de leur rôle, une plus sûre justification de leur puissance…
Les véritables responsables de ces communautés naturelles sont légion, ils ont les vraies responsabilités sociales, l’expérience et, formellement, le pouvoir concret. Et pourtant, ils reculent. Dans la mesure où ils n’opposent à l’infiltration idéologique … qu’une foi, une volonté doctrinale quasi éteintes.
D’où il ressort que, si, pour être efficaces, les « hommes » ont absolument besoin d’une formation solide (les « idées »), il faut que cette formation doctrinale s’organise dans l’action sociale elle-même. Au contact des vraies responsabilités et des vrais problèmes. Au sein des véritables « réseaux » humains.
Nécessité donc d’une formation générale s’exerçant, presque simultanément, au contact de la vie sociale concrète.
A suive ….
Au moment où des Français se lèvent pour défendre la dignité de toutes les personnes et de toute la personne, en particulier des plus fragiles, que faire pour une action durable ? Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. Action de personne à personne et actions multiformes en réseau, ses intuitions sont mises en œuvre magnifiquement dans l'utilisation d'internet. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin.
-
L'Etat de Nature selon Hobbes - Philosophie Politique [2]
-
Introduction à l'Etat de Nature - Philosophie Politique [1]
-
Cécile Duflot se voit Premier ministre
Lu dans Minute :
"La fin de non-recevoir opposée par Cécile Duflot et Pascal Canfin aux propositions de Manuel Valls n’a rien d’un coup de tête. [...] Le discours peut-être le plus important de sa carrière est celui qu’elle a prononcé ce 2 avril 2014 lors de sa passation de pouvoirs à Sylvia Pinel, qui lui succède au ministère du Logement, discours que nul ne semble avoir entendu [...]. Cécile Duflot, qui a travaillé la sémantique à défaut d’avoir encore travaillé son « look », a commencé par ces mots: « J’ai été fière de servir mon pays. » Puis elle a évoqué l’avenir. Non pas celui des écologistes mais celui de la gauche, et celui de la France. Elle a parlé de « la défense de l’intérêt général », ajoutant: « A la place qui sera la mienne désormais, j’entends y contribuer, avec en tête l’amour de mon pays et au coeur l’amour des Françaises et des Français. » « Ma liberté, pleinement retrouvée et assumée, a-t-elle conclu, je la mets au service de l’écologie, de la gauche et de la France. »
Le discours fut très bref (moins d’une minute) et Cécile Duflot avait choisi chacun de ses mots. Si ce qu’elle a dit n’a pas été entendu, tant pis. Elle saura le rappeler… le moment venu.Cécile Duflot n’a pas parlé comme un ancien ministre qui part retrouver le banc des députés. Elle s’est exprimée comme quelqu’un qui a un autre dessein. Et dont la position découle d’une froide analyse : celle que le Parti socialiste ne sera plus, forcément, la force dominante de la gauche française.Il y eut le PCF, puis il y eut le PS, puis il y aura…Cécile Duflot a perçu à juste mesure le séisme des élections municipales. Elle l’a dit samedi devant le conseil national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) : « C’est bien un cycle ouvert par les élections municipales de 1977 qui s’est refermé dimanche dernier. La gauche perd 155 villes. Le socialisme municipal a reçu des coups très importants, y compris dans des villes bastions comme Limoges, Quimper ou… Grenoble! A n’en pas douter, l’effet domino de cette déroute électorale se fera de nouveau sentir.» De cette analyse – juste – découlent une certitude:la gauche socialiste va s’effondrer encore plus, et une conviction:les écologistes peuvent devenir la force dominante de la gauche française.
A trois conditions: que Manuels Valls échoue – elle en est sûre –, que les écologistes ne soient pas tenus pour coresponsables de son échec – d’où son départ – et qu’ils ne puissent pas être soupçonnés d’avoir oeuvré contre la gauche – d’où le refus de voter contre le gouvernement à l’Assemblée nationale, du moins pour l’instant.
[...] Le projet de Duflot est, en fait, extrêmement simple, du moins sur le papier. Il est de « bâtir une nouvelle alliance citoyenne capable de poser les jalons d’une force écologiste majoritaire dans le pays ». Avec un premier rendez-vous qui est celui des européennes. Deux autres, l’an prochain, les cantonales – si elles sont maintenues – et surtout les régionales. Et, juste après, l’élection présidentielle. [...]"
-
Marine Le Pen: boodschap aan de Brusselaars/Message aux Bruxellois
-
Un patient échappe de peu à l’euthanasie et au prélèvement d’organes, avant de récupérer
« L’histoire nous provient de Göteborg, en Suède. Un homme de 43 ans a porté plainte contre l’hôpital dans lequel il était soigné après avoir entendu une conversation entre les médecins et sa petite amie sur… le prélèvement de ses organes. Annoncé en état de mort de cérébrale par les chirurgiens, Jimi Fritze était encore conscient, malgré sa paralysie totale. Horrifié par ce qu’il venait d’entendre, il n’a pas été en mesure de protester.
Il y a deux ans, Jimi a été victime d’une apoplexie (ndlr. suspension brutale plus ou moins complète de fonctions vitales d’un organisme) lors de vacances sur une île près de Göteborg. Arrivé sur place en urgence, l’hélicoptère médical n’a pas pu atterrir directement en raison du vent puissant qui soufflait à ce moment-là: du temps très précieux perdu qui lui a peut-être été fatal. C’est seulement après une heure et demie qu’il a pu être emmené à l’hôpital… par bateau. Sur place, le diagnostic a été sans appel: paralysie totale.
« Les médecins ont examiné le scanner du cerveau et ont expliqué à ma copine qu’il n’y avait plus beaucoup d’espoir et qu’il ne me restait pas beaucoup de temps à vivre », relate le quadragénaire, choqué. « Ma compagne pleurait tout le temps mais je n’étais pas en état de parler ou de bouger. Je ne pouvais qu’entendre », prolonge-t-il.
Après avoir brièvement perdu conscience, l’homme s’est « réveillé ». C’est à ce moment-là qu’il a été témoin d’une conversation morbide. » Ils parlaient de donations, ils voulaient effectuer des tests sur mon foie et mes reins en vue d’un don à d’autres patients ». Toujours impossible à ce moment-là pour Jimi d’esquisser la moindre réaction. « J’avais très peur de subir une mort terrifiante. Je craignais qu’ils m’incinèrent. Je me demandais si j’allais voir et sentir les flammes », témoigne le Suédois dans The Telegraph.
Jimi en est convaincu, il ne serait plus là aujourd’hui si un autre chirurgien plus expérimenté n’était pas revenu de vacances pour s’occuper de lui. Après avoir à nouveau analysé le scan, ce médecin a directement réalisé qu’il y avait encore de l’espoir et qu’il avait toujours une chance de s’en sortir. L’administration de nouveaux médicaments a permis de faire diminuer ses lésions au cerveau. Quelques jours plus tard, Jimi était capable de communiquer avec sa famille à l’aide de hochements de la tête.
A l’issue d’une revalidation de deux ans, il est à nouveau en mesure de parler et de bouger, même s’il reste cloué dans une chaise roulante. La semaine dernière, il a introduit une plainte contre l’établissement « Sahlgrenska » dans l’espoir que d’autres patients ne soient pas victimes de la même mésaventure. En théorie, les médecins ne peuvent évoquer le don d’organes que lorsque le patient a été déclaré officiellement en état de mort cérébrale. Ce n’était pas le cas de Jimi. L’hôpital a pris la plainte très au sérieux et effectuera une enquête interne. »
Vu sur metatv
-
Libéralisme, croissance, mariage gay, les trois faces d’une même pièce (mais si, ça existe, une pièce à trois faces…)
Je suis toujours effaré de voir mes camarades de lutte contre le mariage gay, la GPA et la "théorie du genre" ne jurer que par le libéralisme. J’ai l’impression de voir des gens qui crient – à raison – au feu tout en déversant de l’essence par camions-citerne entier.
Le libéralisme est une théorie certes plaisante, voire convaincante, mais elle ne l’est que dans un contexte donné : celui d’une communauté de personnes à faible étendue. Un pays, par exemple, mais idéalement à échelle encore plus réduite, tout simplement parce que cette théorie a été établie à une époque où l’homme vivait dans un monde immense, trop grand pour lui, et où les échanges ne pouvaient donc globalement se faire qu’à des distances réduites. Le pétrole a fait sauter ce mur de la distance ; on va plus rapidement aujourd’hui de Paris à Tokyo qu’on allait il y a un siècle de Paris à Marseille.
Ça change tout : alors que le mécanisme de régulation naturelle sur lequel repose le libéralisme fonctionnait dans un espace uni, où la concurrence pouvait jouer pour maintenir des prix raisonnables, et où les prix ne pouvaient pas monter en laissant les salaires trop à la traine, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Ceux qui achètent ne sont pas ceux qui produisent, et on peut donc payer une misère ceux qui produisent tout en vendant le produit une fortune, parce que les producteurs et les acheteurs n’ont pas le même référentiel. La régulation naturelle ne marche plus.
On m’objectera qu’il y a toujours eu des échanges internationaux, et que ça s’appelait le commerce. Certes, mais la différence est que dans le commerce, les deux parties y gagnent : le vendeur écoule sa marchandise, s’enrichit et fait travailler ces proches ; l’acheteur acquiert un produit qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Le régulateur naturel dans ce cas est celui de l’espace-temps, qui fait augmenter la valeur du produit. Si ce produit est trop cher, l’acheteur fera mieux de le produire lui-même, s’il le peut. Et s’il ne peut pas, il n’achètera plus, et le vendeur aura intérêt à baisser le prix, mais pas trop pour que lui et ses proches continuent à y gagner dans l’échange. Aujourd’hui, les échanges internationaux ne sont plus gagnant/gagnant, ils sont perdant/gagnant-puissance-dix/perdant. L’acheteur paie au prix fort ce pour quoi le producteur a été payé au prix faible, et c’est l’intermédiaire qui se remplit les poches.
Précisons également que ces libéraux ont raison de faire remarquer que la France n’est pas un pays libéral : c’est vrai. Mais ils oublient justement que cette notion de pays, au niveau économique, ne veut plus rien dire. L’économie est mondiale, et à ce niveau-là le libéralisme est bien en place. Les rares instances de régulation mondiales sont bien faibles et complètement dépassées.
Enfin, ils semblent ne pas voir une dernière chose, qui me semble pourtant fondamentale : dans un monde sans morale, le libéralisme ne peut que mener au libertarisme. Quand plus rien ne vient poser de limites et de cadre, la seule règle qui reste est celle de l’offre et de la demande. L’infidélité existe, pourquoi ne pas en faire un business ? L’homosexualité existe, pourquoi ne pas faire de business autour ? Les couples homosexuels ont aussi envie d’avoir des enfants, pourquoi ne pas leur donner la possibilité d’en avoir contre rémunération ?
Ce cadre moral est d’autant plus difficile à trouver à l’échelle du monde que les repères peuvent changer selon les civilisations. À une époque où globalement on échangeait entre gens d’une même culture et d’une même religion, les cadres étaient les mêmes pour tout le monde et les dérives soit étaient évitées, soient mourraient vite sous l’opprobre publique. Aujourd’hui, un habitant d’un pays résolument féministe pourra très bien aller vendre des pierres pour lapider les femmes dans un pays où ça se fait encore, en les faisant fabriquer dans un pays où on n’est pas tellement regardant sur ce genre de choses. L’exemple est exagéré, évidemment, mais le mécanisme n’en est pas moins vrai.
Bref, le libéralisme contient en lui-même ses propres dérives, que ses penseurs n’ont peut-être pas anticipées mais qui n’en restent pas moins inévitables, surtout dans le contexte actuel, qui n’a plus rien à voir avec celui que ces théoriciens avaient sous les yeux.
J’évoque également la croissance dans mon titre, pour une raison très simple : elle est un dogme absolu pour ces mêmes camarades de lutte. Pour leur défense, je précise qu’elle l’est pour absolument tout le monde, de François Fillon (j’en parlais ici en octobre 2012) à Arnaud Montebourg (qui a déclaré qu’il sera "un militant de la croissance" pas plus tard que ce matin) en passant parMarine le Pen en 2013. Bref, tout le monde ne parle que de croissance, qui serait absolument la seule solution pour nous sortir de là. Tout le monde sauf Mélenchon.
En clair, aujourd’hui, dans le petit cercle des opposants au gouvernement, si tu n’es pas complètement acquis au libéralisme et que tu ne rêves pas toutes les nuits d’un retour de la croissance, tu as intérêt à continuer à faire rouler la discussion sur le thème "Hollande démission Valls aux chiottes franchement la gauche c’est des salauds". (Heureusement – ou peut-être pas -, ce n’est pas trop compliqué…)
Eh bien j’affirme aujourd’hui que c’est complètement contradictoire de lutter contre le mariage gay, la GPA et le genre tout en ne jurant que par le libéralisme et en invoquant la croissance comme le Peau-rouge invoque le grand Nanabozo.
- Nous combattons le mariage gay, la GPA et le genre au nom du réel. Nous croyons que les choses ont une essence, contre laquelle on ne peut pas aller. Un couple homosexuel ne sera jamais le point de départ d’une famille, et n’a donc aucune raison de voir son amour reconnu par la société ; une enfant n’est pas un dû mais un don, et un don à la valeur inestimable, on ne peut donc pas le produire sur commande et le vendre ; le sexe de la personne le défini bien plus que n’importe quoi d’autre, et les deux sexes sont différents, on ne peut donc faire comme si être un garçon ou une fille ne changeait rien au fond.
Et dans le même temps, on promeut une vision du monde en refusant de voir ce que son application produit dans le réel. On continue à s’agripper à des théorie formulées à une époque révolue en feignant d’ignorer qu’un changement aussi absolu de contexte ne peut que remettre en cause le réalisme de cette théorie. On refuse de constater que ce qu’on défend et promeut conduit invariablement à ces choses qu’on combat par ailleurs.
- Nous combattons le mariage gay, la GPA et le genre parce qu’ils forgent – autant qu’ils en découlent – une vision de l’homme libéré de toutes ses limites, celles que nous avons exposées juste ci-dessus : un homme n’est pas et ne sera jamais une femme, un couple homosexuel n’aura jamais d’enfants. Et dans le même temps, nous pleurons parce que le réel nous rappelle soudainement que le monde est limité, que la richesse est limitée, que l’énergie est limitée. Le dogme de la croissance, c’est justement cette idée que rien n’est limité, qu’on pourra chaque année avoir un peu plus que l’année précédente. On aurait même voulu que "la croissance ne diminue pas", c’est-à-dire qu’on croyait à une croissance exponentielle. Or, par définition, une exponentielle tend vers l’infini.
On voudrait tendre vers l’infini, avoir chaque jour plus que la veille, et dans le même temps on gueule parce que les homosexuels eux aussi voudraient abolir leurs limites, ou parce que Najat et Peillon veulent abolir les limites de nos enfants, limites dont la plus évidente est celle-ci : je suis né garçon, je ne serai jamais fille, et inversement.
Je le dis donc clairement, officiellement, solennellement : je suis anti-libéral et décroissant. Et ce n’est pas en dépit de mon engagement pour la famille, engagement parait-il "bourgeois" et "de droite", mais bien en raison de cet engagement. C’est cet engagement qui m’a amené à cette conclusion.
Je précise que d’autres ont fait le cheminement inverse : partis de la décroissance et de l’anti-libéralisme, donc de "la gauche" et de "la révolution", ils ont fini par combattre contre le mariage gay, la GPA et le genre. C’est le cas par exemple de Patrice de Plunkett ou de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal la Décroissance, qui a publié il y a peu ce bouquin, que je ne saurais trop vous conseiller d’acheter (c’est possible en cliquant ici) :
Source: Le blog de Fikmonskov
-
« Il n’y a pas de nation sans préférence nationale »
Frontières, nation, identité, appartenance. Alain Finkielkraut n’a pas peur des mots. Seulement de la réalité qu’ils véhiculent.
Il est inquiet, Alain Finkielkraut. Inquiet et aussi, passablement agacé. En cause : les menaces qu’il estime peser aujourd’hui sur la société française et notre incapacité à les reconnaître et à les nommer ; à voir la réalité et à la dire. En tête de sa black-list, – livrée en octobre dernier dans L’Identité malheureuse – le phénomène de “désaffiliation” qui sévit en France depuis que s’y érodent l’idée d’enracinement sur un territoire, celle d’appartenance à un peuple et jusqu’à celle de nation elle-même.
Depuis qu’il voit se profiler l’avènement d’une société “multiculturelle et post-nationale” et, avec elle, le risque d’assister au recul du vivre-ensemble, à l’effacement du citoyen et à la généralisation d’une vision purement économique des individus et des liens qui les unissent. Une vision réductrice et dangereuse parce que niant la réalité des différences culturelles et, ose celui qui ne craint pas de déplaire, du fait que “toutes ne sont pas nécessairement compatibles”.
Pour la contrer, le philosophe pointe les dangers – la montée de la francophobie, de l’ultra-subjectivisme, du “risque culturel”… -, dénonce les incohérences – celle qui pousse à refuser l’idée de frontière mais qui incite à militer pour l’exception culturelle, celle qui implique de célébrer la diversité mais qui requiert de nier les différences… – et, au final, en appelle au courage de chacun. Celui qui s’impose, estime-t-il, pour “soustraire la pensée à la tyrannie de la bien-pensance”. Celui sans lequel, il en est persuadé, on verra la société française basculer d’une “communauté de destin” à “une juxtaposition de particularismes”. Ame sensible…
Il est clair que la société française se désagrège petit à petit. Il s’agit, plus encore qu’une “déliaison”, d’une sorte de désaffiliation s’expliquant en partie par le fait qu’on a voulu, en France, neutraliser le sentiment d’appartenance à une nation, à un peuple. Mitterrand avait lui-même résumé cette tendance en affirmant : “Le nationalisme, c’est la guerre.” Cette phrase me paraît injuste à plus d’un titre.
D’une part parce qu’on ne peut mettre sur le même plan la philosophe Simone Weil écrivant l’enracinement et Charles Maurras, théoricien de la révolution nationale et du pétainisme, tout comme on ne peut comparer le rapport à la nation du général de Gaulle et celui du maréchal Pétain. D’autre part, parce que dès lors que disparaît le sentiment d’appartenance à une nation, c’est l’idée même d’une communauté politique qui entre en crise. Il n’y a pas de citoyen du monde, c’est une évidence. Une nation est un espace qui n’est pas infini mais qui, au contraire, est délimité par des frontières faisant qu’au sein de ces frontières, ce qui arrive à l’autre vous arrive à vous-même : les inondations récentes en Sardaigne ont été une catastrophe nationale et non une catastrophe européenne !
Si vous vous élevez au-dessus de cette idée de nation, vous pensez avoir vaincu vos préjugés mais en réalité, vous vous êtes libéré de toute obligation à l’égard de votre pays, si bien que vous n’êtes plus, face au monde, qu’un touriste ou qu’un consommateur. Ce qui représente un des périls de notre époque.
La notion de frontières
Nous sommes traumatisés par les horreurs du XXe siècle mais celles-ci devraient nous maintenir en alerte sur certaines réalités. Le geste inaugural de la Seconde Guerre mondiale fut, on semble l’avoir oublié, les troupes de la Wehrmacht repoussant dans un grand éclat de rire les barrières séparant l’Allemagne de la Pologne, car cette guerre était une guerre impériale contre les nations européennes, au mépris des frontières et, par-delà des frontières géographiques et historiques, au mépris de toute limite. Hitler, c’est l’hubris totalitaire. La démesure. Je crois donc qu’une mémoire véritablement respectueuse de ce qui s’est passé devrait nous emmener à réhabiliter la notion de frontières, ce que nous avons beaucoup de mal à faire.
L’affaire Léonarda en est une illustration. L’interpellation et l’expulsion de cette jeune fille ont ému les lycéens lesquels ont reçu, dans leur mouvement de protestation, le soutien de plusieurs politiques et surtout de nombreux artistes qui, justement, militent pour l’ouverture des frontières. Parmi eux, notamment, des cinéastes tels qu’Arnaud Desplechin, qui sont à l’avant-garde du combat pour la régularisation des sans-papiers, que le mot même de frontière hérisse et qui ne méprisent rien tant que l’idée d’enracinement. Ils sont de plain-pied dans le monde global : très bien ! Mais ces personnalités militent, avec la même ardeur, pour l’exception culturelle. Or qu’est-ce que l’exception culturelle sinon la préférence nationale en matière de cinéma ?
La préférence nationale
C’est une réalité : il n’y a pas de nation sans préférence nationale. Si cette préférence nationale conduit à rejeter l’étranger, elle doit bien entendu être combattue ; mais si elle conduit à faire la différence entre le citoyen avec ses droits et ses devoirs et, précisément, l’étranger, elle est absolument légitime. Car la France est un pays et tout le monde ne peut être français de même que tout le monde ne peut être américain, cela n’aurait pas de sens. Prenez l’Italie. Le pays évoque une civilisation raffinée, une culture cinématographique, une langue, des villes extraordinaires.
On comprend bien, dès lors, que l’Italie n’est pas un droit de l’homme mais une civilisation particulière dont le trésor doit être préservé. Voilà ce qu’il faudrait être en mesure de penser en France. Même ceux qui font profession de transgresser les frontières, dans la mesure même où ils restent des êtres incarnés dotés d’intérêts propres, retrouvent le sens de la nation et de la préférence nationale à l’instant où ces intérêts sont menacés. A ceux-là je demande simplement d’être cohérents. Un intellectuel aujourd’hui n’a pas besoin d’être courageux, c’est la chance de notre génération alors que les précédentes vivaient dans un climat de mort violente ; mais au moins, soyons cohérents !
La crise
Je pense que l’élément identitaire dans la crise que nous vivons actuellement est extrêmement important et qu’il est donc illusoire de penser que cette crise sera résolue le jour où s’inversera la courbe du chômage. La crise économique l’alimente, bien sûr, mais notre principale difficulté se situe ailleurs. Nous sommes tiraillés entre deux anthropologies contradictoires : l’homo oeconomicus et l’homo culturalis. Ceux qui raisonnent en termes purement économiques sont très radicaux.
Je pense notamment à l’économiste Olivier Pastré qui nous expliquait dans une tribune récente qu’il manquerait bientôt 41 millions de travailleurs en Europe et qu’il fallait, par conséquent, encore plus d’immigration. Ouvrir les frontières et non pas contrôler les flux migratoires. Dans l’optique ultra-libérale, chacun cherchant à maximiser ses intérêts, nous sommes absolument interchangeables. Ainsi, s’il n’y a pas assez d’Espagnols en Espagne, il suffira d’y faire venir des Marocains. Ce qui revient à négliger la découverte par l’ethnologie de la diversité humaine.
La diversité
Nous savons qu’il existe des identités et que la culture façonne les individus. Mais si la culture a ce rôle cela signifie qu’il existe des cultures et qu’elles ne sont pas toutes nécessairement compatibles ; qu’elles peuvent se heurter. Ce qui est précisément en train de se produire en Europe où, sous le drapeau du métissage, nous voyons notre société se communautariser toujours davantage. Il faut comprendre que nous ne sommes pas interchangeables et en tirer les conséquences. Cela ne veut pas dire que les différences culturelles sont impossibles à surmonter. Mais cela signifie – et Lévi-Strauss le savait – que tout est une question de dosage.
Le mode de vie majoritaire
Si nous voulons vivre dans une société relativement harmonieuse, il faut que cette société ait une personnalité visible. Autrement dit, il faut que le mode de vie majoritaire puisse s’imposer, ce qu’il ne pourra faire qu’à la condition, précisément, de demeurer majoritaire. Or aujourd’hui, il y a de plus en plus de lieux, de quartiers, voire de villes où les nouveaux arrivants sont majoritaires.
L’affaire de la crèche Baby-Loup en est un exemple criant. Lors du procès en appel, l’avocat de la jeune femme voilée qui protestait contre son licenciement expliquait benoîtement au magistrat de la cour d’appel que, par son intransigeance, la directrice de la crèche avait mis le feu aux poudres dans la ville de Chanteloup puisqu’elle y avait heurté de plein fouet le sentiment majoritaire. Devant ce type d’argument, on se dit que l’intégration va échouer et que la loi républicaine sera, un jour ou l’autre, contrainte d’abdiquer devant la force du nombre…
Schizophrénie
Nous sommes dans une situation tout à fait étrange. D’un côté nous célébrons les différences, de l’autre nous les désactivons. Les sociologues notamment nous ont appris qu’il n’y a pas d’humanité qui n’appartienne à une culture mais ce sont les sciences sociales aujourd’hui qui réfutent toute interprétation culturelle des comportements humains et qui nous répètent que le problème est de nature économique, sociale ou politique. Et le sexisme dans les banlieues ? Et l’antisémitisme ? Et la francophobie? Ils répondent : tout cela vient du chômage, d’une injustice sociale fondamentale. Le paradoxe est donc saisissant : nous sommes mis en demeure de célébrer la diversité d’un côté et de l’autre, sommés de la nier ; de faire comme si elle n’existait pas. Cette schizophrénie est évidemment au cœur de notre crise.
Etre français aujourd’hui
Il est évidemment très difficile de répondre à la question : qu’est-ce qu’être français aujourd’hui ? L’identité n’est pas une propriété, c’est une question ; quelque chose d’ouvert et d’évolutif. Mais comme l’a dit Régis Debray, ce sont ceux qui maîtrisent le mieux un legs culturel qui sont capables de le dépasser. Plutôt que de parler de roman national je dirais donc que nous sommes, nous autres Français – Français de souche, car cela existe, ou Français de fraîche date, comme moi – dépositaires d’un grand héritage culturel. La France est une civilisation, ce qui est une chance. Certains peuples, au XIXe siècle, ont dû aller chercher leur identité dans leur folklore mais la France n’en a pas eu besoin : elle a une culture, une littérature, une langue… Je voudrais qu’on ait un peu plus conscience de la richesse de cette civilisation, qu’on ait un peu plus de gratitude pour la beauté de cet héritage.
Surtout, la société française ne peut évidemment pas se résumer à une juxtaposition de particularismes vivant côte à côte, ce doit être une communauté de destin. J’aime beaucoup cette phrase de Raymond Aron qui dit que “renier la nation moderne c’est rejeter le transfert à la politique de la revendication éternelle d’égalité”. Car c’est aussi cela la nation : une communauté dont tous les citoyens sont coresponsables et dont ils déterminent ensemble les aspects essentiels. Dès lors que disparaît ce sentiment de coresponsabilité, le citoyen s’efface.
Lorsqu’il y a eu l’affaire des premières lycéennes voilées, à Creil, j’ai vu la fragilité de la République et je l’ai aimée à partir de là. De même avec la France : c’est la montée de la francophobie, en France même et le sentiment que peut-être nous entrions dans une société multiculturelle et post-nationale, qui m’ont fait mesurer la réalité de mon attachement à cette nation et surtout l’ampleur de ma dette à son égard.
Car j’ai une dette : c’est la langue que je parle, c’est la culture dans laquelle j’ai baigné… Je ne suis pas mon propre créateur, je ne me suis pas inventé, je viens de quelque part et je défends cet enracinement. Les citoyens modernes de France et d’Europe voudraient pouvoir penser le monde à travers les seuls prismes de l’économie, du droit et des droits de l’homme. Autrement dit, ne pas prendre en compte la durée de l’enracinement sur le territoire. Mais en France il y a des citoyens. Un immigré tout juste naturalisé a évidemment autant de droits qu’un Français ayant des ancêtres français, il n’est absolument pas question de contester cette égalité juridique ; mais de l’égalité on veut aujourd’hui aller jusqu’à l’équivalence : “puisqu’ils ont les mêmes droits, ils sont aussi français…”.
Cela n’a pas de sens car, qu’on le veuille ou non, il y a aussi une connaissance par le temps. Lorsqu’on immigre en France, c’est bien pour rencontrer cette civilisation, cette culture. Pour en faire l’apprentissage parce qu’elle n’est pas vous, qu’elle a un ancrage historique, une profondeur de temps. Or un certain nombre d’immigrés aujourd’hui refusent de faire ce mouvement vers la France. Et beaucoup d’intellectuels leur donnent raison parce que, pour eux, seule compte l’égalité juridique.
Etre soi-même un étranger
Il est vrai que si vous vous retrouvez dans un quartier ou dans une ville où les musulmans venus d’Afrique ou du Maghreb sont majoritaires, et s’ils choisissent la voie du fondamentalisme, alors vous vous sentez perdus, plus tout à fait chez vous. Ceux qui raisonnent en termes analogiques concluent à une peur de l’étranger, à un refus de l’autre, mais ce n’est absolument pas cela. C’est le sentiment d’être soi-même un étranger. D’être soi-même, en France, regardé avec curiosité, parfois avec hostilité ; comme un autre. Or on ne peut pas être un autre chez soi, c’est impossible !
Beaucoup voient aujourd’hui dans l’idée même de “chez soi” une première manifestation de fascisme et de racisme, alors que c’est une condition de l’existence humaine. Au nom de l’antifascisme, on doit donc en arriver à nier les besoins de la vie humaine ? A réfuter un certain nombre de conditions requises par l’individu pour s’épanouir ? C’est extrêmement grave.
Crise d’intégration et désaffiliation
Je dirais qu’à l’heure actuelle, un double problème menace la société française : d’un côté une crise d’intégration et, de l’autre, un mouvement accéléré de désaffiliation des individus. Il s’agit d’un problème interne aux démocraties il est vrai, et c’est la conjonction de ces deux mouvements simultanés qui caractérise notre époque. Le résultat en est bien connu : ceux qui pourraient bénéficier de l’héritage culturel national le rejettent, car ils ne veulent pas s’encombrer de ces vieilles lunes, futiles et dépassées. Or pour une société, quelle qu’elle soit, le refus de la transmission constitue un véritable risque d’appauvrissement.
Ce ressentiment contre le “donné” sous toutes ses formes est une des caractéristiques des “modernes” qui ont la volonté d’être entièrement libres pour, au bout du compte, pouvoir s’inventer eux-mêmes. Ce qui explique qu’aujourd’hui, avec le succès de la théorie du genre, même celui-ci est récusé, considéré comme un stéréotype, comme un facteur d’enfermement hérité de l’Histoire. Pour moi, il y a là une forme d’ultra-subjectivisme qui nous vide.
La francophobie
La francophobie est un phénomène très répandu en France que beaucoup ont du mal à reconnaître pour ce qu’il est : un racisme anti-Français. A la faveur de l’affaire Taubira, on a prétendu qu’il n’existait pas. Que seul existait le racisme, effectivement ignoble, dont Christiane Taubira était l’objet, ce qui est absurde et s’apparente tout simplement à un déni de réalité : non seulement cette francophobie existe mais, ce qui est plus grave, elle est relayée en France par ceux-là mêmes qui ont rejeté non seulement le débat sur l’identité nationale – ce qui pouvait se concevoir car il était opportuniste – mais aussi le mot même d’identité nationale en le qualifiant de fasciste. Mais si le concept même d’identité française est fasciste, si l’identité française elle-même est criminelle, il ne reste plus à la France comme solution que de sortir d’elle-même, de renoncer à tout ce qui la constitue, ce qui est une forme de folie.
La tyrannie de la bien-pensance
Dans ce contexte, la notion de courage est essentielle. Pas celle de courage physique qui obsédait ma génération, celle des gens nés après la guerre et qui, des années durant, se sont demandé comment ils auraient su résister face à la torture – question qui m’habite encore. Le courage qui est requis aujourd’hui est d’un autre ordre : il consiste à se montrer capable de soustraire la pensée à la tyrannie de la bien-pensance pour regarder la réalité en face et, ainsi, affronter l’inconnu. Malgré les oukases, les amalgames et les injures dont on peut faire l’objet. C’est cette force et cette volonté qui sont réclamées actuellement, aussi bien de l’homme d’action que de l’homme de réflexion et en tout premier lieu, bien évidemment, du politique.
Je ne suis pas sûr que celui-ci soit à l’heure actuelle en mesure de répondre à cette attente, lui-même étant atteint du syndrome du politiquement correct. Et lorsque je pense à la gauche au pouvoir, je lui accorde des circonstances atténuantes car ses intellectuels ne l’aident vraiment pas à affronter le réel. Au contraire : ils interposent un écran de fumée, fondé sur les traumatismes du siècle passé, entre la réalité et la vision politique. Il faudra pourtant finir par affronter cette réalité. Autrement dit, oser la voir et la dire.
Alain Finkielkraut
http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EFAZpFkFkuzmVPERRa.shtml