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Il y a 60 ans, Dien Bien Phu...
Du 13 mars au 7 mai 1954, l'élite de l'armée française, retranchée à Dien Bien Phu, affronta l'armée vietminh du général Giap. Retour sur un holocauste.
Le 13 mars a sonné un anniversaire tragique, celui du commencement, voilà 60 ans, de la bataille de Dien Bien Phu. Peu après 17 heures, ce jour-là, l'artillerie vietminh, dont la présence et l'importance devait considérablement surprendre le commandement français, ouvrit le feu contre le camp retranché.
Pour les Français comme pour le Vietminh, le combat qui s'engageait devait être une démonstration de puissance. Il manifesta la défaite de la France dans ce conflit commencé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, après la déclaration d'indépendance de la République démocratique du Viêt Nam par Hô Chi Minh en septembre 1945.
Le vietminh, qui bénéficie pleinement de l'appui de la Chine depuis la victoire définitive de Mao Tsé-Toung en 1949, a déjà infligé aux Français une défaite sur la RC4 en 1950. Le général de Lattre de Tassigny, envoyé par Paris pour rétablir la situation, a renoué avec les victoires, mais il est mort en janvier 1952. Le général Salan, qui lui a succédé, a lui aussi connu le succès contre le général viet Vo Nguyen Giap, en remportant la bataille de Na San, fin 1952, avant d'être remplacé en mai 1953 par le général Henri Navarre, qui doit empêcher le vietminh de progresser au Laos. À cette fin, Navarre se rallie à la stratégie du « hérisson », qui a réussi à Na San : l'implantation de camps retranchés à partir desquels peuvent être lancées des opérations offensives. Pour implanter son nouveau camp, il choisit une petite plaine de 17 kilomètres de long sur 7 de large, entourée de collines, traversée du nord au sud par une rivière, la Nam Youn, et au centre de laquelle se trouve un village : Dien Bien Phu. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Japonais y ont installé un aérodrome.
Le 20 novembre 1953, le 6e Bataillon de parachutistes coloniaux (6e BPC) et le 2e Bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), respectivement commandés par les commandants Bigeard et Bréchignac, s'emparent de Dien Bien Phu, où d'autres unités paras sont larguées les jours suivants. Pendant quatre mois, des troupes et du matériel sont aéroportés dans le camp retranché, organisé autour de la principale piste d'aviation qu'entourent plusieurs centres de résistance, baptisés de noms féminins : Anne-Marie, Huguette, Françoise, Claudine, Junon, Eliane, Dominique, Béatrice au nord-est, Gabrielle, Isabelle à part, 5 kilomètres plus au sud. Ces centres de résistance sont eux-mêmes divisés en points d'appui: Dominique 1, Dominique 2, etc.
Des canons en pièces détachées
Giap réagit rapidement, en ordonnant à quatre divisions d'élite vietminh de faire mouvement vers Dien Bien Phu, pour une attaque qu'il fixe au 25 janvier, et qui sera finalement reportée. Dans la perspective d'une conférence qui doit se tenir en avril, à Genève, entre les puissances occidentales, la Chine et le vietminh, une victoire spectaculaire contre l'armée française serait évidemment très bienvenue.
Les militaires français, pour leur part, envisagent le bras de fer avec optimisme. Ils considèrent que Giap, trop éloigné de ses bases, sera confronté à de sérieux problèmes d'approvisionnement, alors que l'aérodrome garantira le ravitaillement du camp retranché et l'acheminement des renforts ; et que l'ennemi ne pourra amener sur place qu'un faible nombre de pièces d'artillerie, que les canons français, de plus fort calibres, n'auront pas de mal à contrebattre. C'est pourquoi les fortifications, à Dien Bien Phu, ne sont pas bétonnées, mais construites en terre, rondins, sacs de sable et tôles...
Or, Giap a compris le raisonnement de ses adversaires et trouvé la solution. Cette solution, c'est l'utilisation de 260 000 coolies, hommes, femmes (surtout) et enfants, qui accompliront, souvent pieds nus, des centaines de kilomètres, de jour comme de nuit, en portant des charges d'une quarantaine de kilos ou en poussant des milliers de vélos Peugeot bricolés pour pouvoir véhiculer jusqu'à 250 kg de matériel. « Pour l'état-major français, il était impossible que nous puissions hisser de l'artillerie sur les hauteurs dominant la cuvette de Diên Bien Phu et tirer à vue, expliquera le général viet. Or, nous avons démonté les canons pour les transporter pièce par pièce dans des caches creusées à flanc de montagne et à l’insu de l'ennemi. Navarre avait relevé que nous n'avions jamais combattu en plein jour et en rase campagne. Il avait raison. Mais nous avons creusé 45 km de tranchées et 450 km de sapes de communications qui, jour après jour, ont grignoté les mamelons. »
Des combats d'une âpreté inouïe
Les Français sont placés sous le commandement du colonel Christian de Castries (nommé général pendant la bataille). La garnison du camp retranché, d'un effectif de 10800 hommes au début de la bataille, 14000 à la fin, regroupe l'élite de l'armée française, parachutistes, légionnaires, tirailleurs algériens et marocains, plus deux bataillons thaïs, appuyés par des unités de génie, de l'artillerie et dix chars.
En face, Giap aligne 65 000 hommes en mars, 80 000 en mai, pas d'aviation, mais une artillerie nombreuse et enterrée, qui dès le 13 mars crée la surprise chez les Français.
D'entrée de jeu, en effet, leurs défenses sont écrasées sous les obus ennemis de gros calibre : pas plus que l'aviation, les canons français ne sont capables de faire taire les pièces ennemies, nombreuses et bien protégées. Le colonel Piroth, commandant l'artillerie française, s'en jugeant responsable, se suicidera le 15 mars.
Le 13, sur Béatrice, premier centre de résistance attaqué par les viets, le chef de bataillon Pégot, qui commande le 3e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, est tué dans son abri avec ses adjoints. Un autre projectile tombe un peu plus tard sur l'abri du lieutenant-colonel Gaucher, chef de corps de la 13e DBLE et commandant du sous-secteur, et lui arrache les deux bras.
Les combats prennent tout de suite une âpreté et une sauvagerie inouïes. Tout au long de la bataille, les viets creusent, comme des taupes, des tranchées dont ils surgissent pour donner l'assaut, sans souci des pertes humaines, sous les obus de leur propre artillerie, précédés par les « volontaires de la mort » portant des charges de plastic au bout de longs bambous. « Les minces silhouettes surgissent devant les tranchées en rangs serrés, au coude à coude, elles tombent sous les rafales des défenseurs et sous les obus viets, et d'autres sans cesse les remplacent, montant sur les rangées qui sont tombées », écrit Georges Blond(1). Vague après vague, elles finissent par submerger les légionnaires, qui se battent à un contre dix et se font tuer sur place.
Des antennes médicales débordées
Après Béatrice, vient le tour de Gabrielle. Deux régiments attaquent le 5e bataillon du 7e régiment de tirailleurs algériens, qui se défend si farouchement que la 308e division vietminh doit être relevée : en six heures, elle a eu 1200 tués et le double de blessés. Mais Gabrielle finit aussi par tomber, le 15 mars, malgré une contre-attaque de secours trop tardive, conduite par des parachutistes et appuyée par des chars.
La prise des deux centres de résistance a cependant coûté très cher à Giap, qui se contente jusqu'à la fin du mois de mars de bombarder copieusement le camp retranché et en particulier la piste d'aviation, rendue définitivement inutilisable à partir du 27 mars. Cela non plus, n'avait pas été prévu. Dien Bien Phu est désormais isolée, le ravitaillement, les munitions et les renforts ne peuvent qu'être parachutés, sous les tirs de la DCA ennemie, et l'évacuation des blessés devient impossible. Le médecin-commandant Grauwin, en revanche, gagne une aide précieuse avec l'arrivée d'une jeune convoyeuse de l'air, Geneviève de Galard, bloquée à Dien bien Phu.
Très vite, les antennes médicales, prévues pour accueillir quelques dizaines de blessés, sont d'ailleurs débordées. 4000 hommes y seront soignés avec des moyens de fortune, dans des conditions abominables.
Grauwin évoquera plus tard le pullulement des asticots « grouillant dans les couvertures sales, les draps, les plâtres, les pansements », ainsi que le « trou des amputés », « où l'on jette les membres broyés que l'on a séparé du vif en salle d'opération. .. ». Servent aussi comme infirmières les prostituées du BMC, des Algériennes de la tribu des Ouled-Naïl dont Georges Blond saluera le courage et qui ne reviendront pas des camps viets.
Les attaques reprennent le 30 mars, les soldats de Giap s'emparant de nombreux points d'appui. Le lendemain, Dominique 2 et Eliane 1 sont réoccupées à grand prix par les parachutistes des 8e et 6e BPC, qui doivent néanmoins abandonner les positions reprises, faute de pouvoir y être relevés.
À partir du 20 avril, commence la mousson, les fortes pluies tropicales, qui gêne l'aviation et dont un ancien de Dien Bien Phu a décrit les effets : « Dix, vingt centimètres d'eau dans les tranchées encombrées de macchabées. Dans les abris, dix centimètres de boue. Plus jamais rien de sec, ni la nourriture, ni les vêtements. Ne plus jamais se dévêtir ni se déchausser la peau des pieds pourrie. Et l'horreur des latrines, dégoulinantes, répandant leurs ruisseaux atroces... »(2). L'odeur de la mort y plane, comme sur les champs de bataille de 14 : « Entre la mi-avril et la capitulation, la plus grande partie de la surface du camp retranché est devenue une juxtaposition de charniers affreux qui ont plusieurs fois changé de mains. »(3).
Le hurlement des orgues de Staline
Tout au long du mois d'avril, les Viets rongent en effet les positions françaises, dont le périmètre diminue. Jusqu'au début de mai, des renforts sont pourtant parachutés dans la fournaise - non seulement les régiments paras, comme le 2e BEP ou le Ie1 BPC, mais aussi des volontaires dont c'est le tout premier saut et que n'effraie pas le risque de la casse, ni celui de tomber chez l'ennemi. Malgré cela, le 15 avril, il ne reste que 3500 hommes en état de se battre. Les derniers jours, on voit des blessés graves, y compris des manchots ou des unijambistes, rejoindre les postes de combat: à Dien Bien Phu, l'héroïsme est quotidien.
Saignés à blanc, les défenseurs du camp retranché tiennent toujours. Le 6 mai, cependant, le dénouement approche ; les combattants encore à peu près valides envisagent de tenter de percer les lignes vietminh, pour échapper à la capture et tenter de rejoindre une colonne de secours, la colonne Crèvecoeur. Mais le piège est solide et vers 19 heures, après une nouvelle préparation d'artillerie, les troupes de Giap attaquent partout. Les Français se battent à un contre cent, se faisant tuer sur place. Et soudain, « un bruit effroyable retentit, une sorte de hurlement suivi d'une explosion », écrit Geneviève de Galard(4). Ce sont les redoutables « orgues de Staline », lance-roquettes tirant douze torpilles à la fois, qui font pour la première fois leur apparition dans la bataille. Les Viets ont creusé une sape sous Eliane 2, y font sauter une charge qui éventre le sommet du point d'appui.
Dien Bien Phu tombe le lendemain, 7 mai. A 5 kilomètres au sud, sur Isabelle, seul point d'appui que les viets ne tiennent pas encore, les survivants des deux bataillons du colonel Lalande tentent la percée. Une centaine d'entre eux seulement parviendra à forcer la souricière et à atteindre vivants Muong Saï, poste français à 200 km à l'ouest. Beaucoup d'autres mourront, perdus dans la jungle.
Quant à leurs camarades, ils prennent par milliers le chemin des camps de concentration viets. Sur 11 721 prisonniers, 3 290 seulement en reviendront.
Hervé Bizien monde & vie 18 mars 2014
1.2.3. : Georges Blond, la Légion étrangère, Stock.
4. Geneviève de Galard, Une femme à Dien Bien Phu, Les Arènes.
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L’or ukrainien : disparu et retrouvé en Irak – par Laurent Glauzy
« Nuit du 7 mars 2014 : à Borispol, aéroport de Kiev, quarante caisses de lingots d’or sont chargées en secret dans un avion non immatriculé, entouré d’une impressionnante escorte.
Tous les médias occidentaux ont observé le plus grand silence sur cette affaire. Seule la presse russe a évoqué l’évènement. Les journaux moscovites supposent que l’Oncle Sam aurait pris livraison des caisses de lingots d’or de l’Ukraine, par crainte d’une improbable invasion russe.
Ainsi, quarante caisses de lingots, constituant peut-être la quasi-totalité de la réserve d’or de l’Ukraine, ont quitté le pays en une seule nuit ! Le World Gold Council estime à 42,3 tonnes les réserves d’or de l’Ukraine. D’après les experts, une caisse de lingots portés par une palette standard contient 900 kg. Quarante caisses représentent donc environ 36 tonnes d’or.
Par ailleurs, le 27 mars 2014, selon l’organe économique Les Échos, « l’Irak double ses réserves d’or ». L’Irak, qui possédait déjà 29,8 tonnes d’or, a acheté 36 tonnes d’or, au prix de 1,5 milliard de dollars. Par conséquent, ce pays possède à présent 65,8 tonnes d’or qui, d’après les déclarations officielles de Bagdad, servent à stabiliser la monnaie nationale, le dinar. Les Échos affirment qu’aucun gouvernement n’avait acheté autant d’or depuis trois ans.
Les experts se demandent comment une acquisition aussi importante n’a pas altéré les cours du métal jaune. En effet, en 2013, lorsque Chypre avait été contrainte de mettre en vente une grande partie de ses réserves, soit 13,9 tonnes d’or, les valeurs avaient chuté et le marché avait été saisi d’un vent de panique inédit depuis trente ans.
Curieusement, à présent, la banque centrale de Bagdad achète une quantité trois fois plus importante, sans que le marché n’enregistre aucune baisse. Sachant que l’Ukraine est presque devenue un satellite des États-Unis, et que Bagdad est sous « libération » américaine, cette transaction demeure bien suspecte.
Celle-ci aurait pu servir de paiement anticipé à une future livraison de pétrole, car Moscou a doublé ses prix à Kiev.
Et, pendant que les Ukrainiens sont dépossédés de leurs réserves (bienvenu en Occident, mes frères !), l’Amérique poursuit ses provocations en envoyant un navire de guerre en mer Noire « en réponse à la situation ukrainienne », mais aussi en déployant des F-15 et des F-16 en Pologne et dans la Baltique pour patrouiller dans l’espace aérien. Washington offre aussi de protéger militairement l’Arménie et l’Azerbaïdjan, terres d’exercices militaires pour la Russie. Les États-Unis agissent comme si l’Ukraine était déjà membre de l’OTAN. En fait, Washington, qui veut toujours sa guerre, entend y parvenir par des provocations.
De plus, les vingt-huit ministres des Affaires étrangères de l’OTAN ont choisi (pour satisfaire l’oncle Sam) de suspendre toute forme concrète de coopération civile et militaire avec la Russie. L’Alliance atlantique est en train de renforcer les dispositifs militaires dans tous les pays limitrophes de la Russie, proposant de les défendre contre l’envahisseur. Enfin, via la banque JP Morgan, ils ont bloqué un virement émanant de l’ambassade russe à Astana[1] en faveur de la compagnie d’assurance russe Sogaz. Cette manière de procéder constitue bien un acte contraire à la civilité diplomatique.
Toutes ces provocations ont un but évident : obliger Moscou à réagir en maintenant les tensions. En outre, la disparition de l’or ukrainien constitue surtout le vol d’un État. »
Laurent Glauzy
http://www.contre-info.com/lor-ukrainien-disparu-et-retrouve-en-irak-par-laurent-glauzy
[1] Une capitale dédiée à Satan : Il est intéressant de noter qu’Astana [anagramme de Satan(a)] est la capitale du Kazakhstan depuis 1997. Auparavant, elle s’est appelée Akmolinsk jusqu’en 1961, Tselinogradjusqu’en 1992 et Akmola jusqu’en 1997. Toutes ces nouveautés sont d’autant plus intrigantes qu’Astana accumule les symboles maçonniques (multiplication de globes et de triangles, comme la tour d’observation de Bayterek), à tel point que de nombreux observateurs s’interrogent sur cette prolifération de signes ésotériques. Quel rôle pourrait remplir Astana dans les plans mondialistes ?
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Le jugement
Juger revient à établir un rapport entre deux notions. On peut par exemple juger les autres, ce qui peut paraître insupportable pour certains : « Un tel est un minable », « Telle femme est belle ou laide », « Un tel est un psychopathe ».
Dans tout jugement il y a une part de création de vérité, d'affirmation de soi, d'engagement, ce qui peut s'opposer à l'humilité judéo-chrétienne : « Qui suis-je pour juger ? » (Pape François). On ne juge pas uniquement les autres, mais aussi tout objet, tout acte. En plus des jugements de valeurs et de faits (« le toit est gris »), existent les jugements de goûts (« telle œuvre est belle ou réussie »). Juger est en fin de compte lié à l'activité de penser. Penser, c'est juger. Penser est aussi dominer, car juger est aussi s'approprier le monde ou les autres.
Kant
Dans la critique du jugement (Urteil) Kant analyse le terme. En logique, tout énoncé relie deux concepts : le sujet et le prédicat. « Le mur est blanc » (S est P). Ce jugement peut être vrai ou faux. La critique du jugement analyse la raison en tant qu'elle a la faculté de porter des jugements.
Dès que nous parlons nous jugeons. Le philosophe distingue les jugements analytiques et les jugements synthétiques.
Il y a aussi les jugements a priori nécessaires et universels. Ils ne viennent pas de l'expérience. Ils conditionnent notre pensée comme les énoncés mathématiques. Les jugements empiriques viennent de l'expérience « la mer est bleue ».
Un jugement est analytique lorsque le prédicat ne fait que dire ce qui est déjà dans sujet (« les corps sont étendus »). Dans la notion de corps se trouve déjà l'étendue.
Dans le jugement synthétique, le prédicat ajoute quelque chose au sujet (« les corps sont pesants »).
Pour Kant seuls les jugements synthétiques a priori sont « scientifiques ». Ils nous apprennent quelque chose tout en étant nécessaires et universels.
Le philosophe dans « Critique de la raison pure » se pose la question : comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? Il verra dans le sujet les formes a priori qui constituent l'objet.
Les deux sources de la connaissance sont la sensibilité par laquelle les impressions sont reçues et l'entendement qui permet de les penser. Sans résumer ici la critique de la raison pure, l'espace et le temps sont les formes a priori de la sensibilité.
La sensibilité est passive, l'entendement est une fonction active.
Les formes a priori de la pensée sont appelées par Kant catégories de l'entendement. La catégorie capitale est celle de la causalité. Elle est a priori et ne provient pas de l'habitude à la différence de Hume. Les catégories a priori viendraient sans qu'il le dise de la structure de notre cerveau.
Descartes - Spinoza
Pour Descartes, le jugement est l'expression de ma liberté. C'est décider en face de l'existant en engageant sa responsabilité. Juger est prendre parti dans un monde qui peut sembler sans signification.
Spinoza qui a critiqué l'idée de la liberté ne voit bien sûr dans le jugement aucun acte libre. Si j'ai l'idée d'un triangle et que je vois une forme géométrique qui a l'aspect d'un triangle, comment pourrais-je juger autrement ?
« Nul, ayant une idée vraie, n 'ignore que l'idée vraie enveloppe la plus haute certitude ; avoir une idée vraie, en effet ne signifie rien, sinon connaître une chose parfaitement ou le mieux possible ; et certes, personne ne peut en douter, à moins de croire que l'idée est quelque chose de muet comme une peinture sur un panneau et non un mode de penser, savoir l'acte même de connaître ». (Spinoza - Ethique)
L'erreur n'est qu'une connaissance mutilée et imparfaite pour Spinoza, à la différence de Descartes pour qui l'erreur nait d'un acte de volonté. On accorde son assentiment alors qu'il n'y a pas lieu de la donner à une idée confuse. À la différence de Descartes, Spinoza ne voit pas l'engagement du sujet dans le jugement.
Jugement et croyance
Saint Augustin avait déjà remarqué que la foi n'est pas limitée au religieux. Toute connaissance est aussi une croyance. Dans toute connaissance, il y a un pari, comme dans le pari de Pascal sur la foi.
« Savoir, c 'est toujours engager le sujet dans l'objet, risquer une hypothèse, une idée dans les faits et y croire d'autant plus qu'elle explique davantage. Toute connaissance est un mixte de science et de foi, une croyance : croire est le propre de l'homme » (Jean Lacroix).
« J'ai donc du supprimer le savoir pour y substituer la croyance » (Kant, Critique de la raison pure).
L'acte de juger ne se limite pas au monde des idées. Juger est un acte social qui agit sur les êtres. Le psychiatre qui jugeant qu'un tel est fou, quels que soient les termes techniques à sa disposition, décide l'enfermement. Le juge au tribunal déclare un tel « coupable » ou « irresponsable ». Tel jugement sur une œuvre peut faire la gloire ou la ruine d'un artiste. L'homme politique juge parfois l'adversaire ou même l'ennemi. « Le Front National est le mal absolu » (Pierre Mauroy). Quelle métaphysique de la politique !
Juger établit des relations entre les représentations, mais parfois à quel prix et avec quelle violence ? Le jugement des hommes avec ses effets autoréalisateurs peut parfois à juste titre faire peur.
Patrice GROS-SUAUDEAU
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La France de François Hollande et de Manuel Valls...
Barbès, c’est un quartier d’Alger ?
Double nationalité oblige, la campagne présidentielle algérienne s’invite à Paris. Tracts sur les voitures et affiches géantes en arabe, du candidat Ali Benflis, dans le quartier de Barbès :
Merci au Salon Beige
Avec Valls, le problème de l’immigration est résolu !
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Dans-la-France-de-Francois
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Laurent Ozon et les Troupes d'Occupation Mentale. Réponse aux menteurs.
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Après 1 an, le mouvement des veilleurs est toujours bien vivant
Axel Noorgard Rokvam, l'un des fondateurs du mouvement des Veilleurs, déclare au Figarovox :
"Les veillées ont commencé grâce à la mise en place de la «loi Taubira» et le comportement scabreux des autorités politiques et préfectorales face à un mouvement populaire d'une consistance inédite dans notre histoire, tant sur le fond que sur la forme. Dans l'agacement général et face à la tentation de l'insurrection, nous nous sommes souvenus que «le bien ne fait pas de bruit» et que «le bruit ne fait pas de bien» (Saint François-de-Sales) et avons décidé d'organiser des veillées, assis calmement sur les places publiques pour «redevenir humain»selon le mot de Georges Bernanos.
Je pense que les veillées sont avant tout le signe visible d'un mouvement de l'âme, d'une aspiration à davantage de justice dans une sociétéoù l'illusion, en toutes choses, prend le pas sur la réalité et où la notion de justice est pervertie. Les événements politiques ont suscité ou ressuscité chez de nombreuses personnesla prise de conscience d'une responsabilité personnelle face au délitement du sens de l'homme et la dissolution du lien social, à commencer par le lien familial.Partant de l'idée avancée par Emmanuel Levinas que «nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres» (Les frères Karamazov, Fedor Dostoïevski), les veillées sont pour nous une réponse possible à cette prise de conscience. Elles sont ouvertes à tous, gratuites, non-confessionnelles et non-partisanes.
Quelle vision de la société défendez-vous? A quoi cela sert-il de veiller?
Comme l'a si bien écrit il y a quelques mois Gaultier, un veilleur de Lyon: «Nous ne sommes ni un groupe de prière ni un meeting partisan, nous n'avons ni morale ni programme à asséner. Nous ne sommes pas des gardiens de musée, des conservateurs de l'ancien monde, ni même simplement des indignés. Nous sommes des amoureux de la vie, c'est-à-dire de ce qui se transmet.»
Veiller, c'est sortir de son confort idéologique pour affronter la réalité. «Si rien n'est sacrifié, rien n'est obtenu», écrivait Hélie de Saint-Marc. La veillée est une main tendue à la société, un risque que le veilleur prend en donnant une part de lui-même, qu'il s'agisse d'un témoignage, d'une pensée philosophique, d'un talent musical ou d'une présence attentive. Les veillées ont le souci d'éveiller les consciences et de mener à l'engagement personnel par le biais de la rencontre. Nous espérons que naissent des liens entre les personnes présentes, ou au-delà, avec ceux qui nous ignorent et nous voient ou ceux qui nous connaissent et ne nous comprennent pas. Dans une société post-moderne où la «liberté» ne consiste plus à s'unir mais à se distinguer, unir les personnes autour d'un témoignage ou d'un poème a certes une portée politique, mais elle ne vient qu'en surcroît de la rencontre. Don Luigi Giussani disait que «les forces qui changent le cours de l'histoire sont les mêmes que celle qui changent le cœur de l'homme». Il y a quelque chose de plus qui ne s'explique pas, qui se déroule à l'intérieur et que l'on ne ressent qu'assis, humblement, parmi les veilleurs, et qui permet de dépasser la seule émotion de la rencontre et de s'engager.
Le réseau s'est étendu au fil du temps, à près de 200 villes aujourd'hui. Comment cela fonctionne-t-il?
Pour quantifier le mouvement, il serait plus pertinent de parler d'une cinquantaine de veillées par semaine en France, un nombre stable malgré une diminution du nombre de personnes dans les veillées dans le cœur de l'hiver. La question de l'organisation intrigue souvent, car on n'ose plus croire qu'un tel mouvement puisse apparaître spontanément et durablement. Pourtant, après la première veillée à Paris, nous avons seulement cherché à prendre contact avec les personnes qui organisent des veillées partout en France pour les relayer sur notre site internet. Chaque ville agit de manière autonome. A Paris, nous sommes une poignée de jeunes devenus amis et nous organisons environ une veillée par mois. Exceptionnellement, nous avons proposé à toutes les villes de veiller simultanément ce mardi 8 avril.
Quel bilan peut-on tirer de cette première année? Est-ce un mouvement appelé à durer?
Nul n'est en mesure d'établir un bilan exhaustif de ce qu'il s'est passé au sein d'environ 3.000 veillées (selon mon calcul). Je sais qu'à Paris, des personnes ont pris des engagements politiques, crée des associations au service du bien commun, des vies ont été «renouvelées». Deux mariages sont même prévus pour cet été, à la suite d'une rencontre au sein des veilleurs !
Un an après son apparition, le mouvement semble toujours bien vivant. Il s'est même exporté en Italie où les «sentinelles» se réunissent par centaines sous une forme légèrement différente. En Espagne, à Madrid, des jeunes veulent aussi se lancer. Tout me laisse penser que cette forme de réappropriation de l'espace public s'installe durablement. En France, je pense que si le mouvement parvient à s'unir régulièrement autour de veillées nationales, il peut durer bien au-delà des contingences et mandats politiques passagers qui lui ont permis de naître.
On entend souvent dire qu'il n'y a «plus de raisons de manifester». C'est bien mal connaître ce que font les veilleurs. Il suffit d'aller s'asseoir parmi eux un soir pour voir que les veillées se sont non seulement émancipées de la seule question de la filiation, mais qu'elles l'ont approfondie et élargies à une plus large réflexion sur l'homme, la liberté, la justice, la vie et la mort. Mardi soir, le thème de la veillée à Paris, place Saint- Michel, sera «Culture et démocratie»."
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Vae Victis - La Joie Partout
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Opération "ruban-blanc" contre les 80 km/h
L’association 40 millions d’automobilistes lance aujourd’hui l’opération « ruban-blanc » sur toutes les routes de France. En accrochant un ruban au rétroviseur gauche de leur voiture, les automobilistes afficheront leur mécontentement face à la baisse annoncée des limitations de vitesse sur le réseau secondaire.
"Un défilé de voitures dans Paris n’aurait que trop peu de sens. Il serait apparenté à un bouchon comme il y en a tous les jours sur le périphérique parisien", explique 40 millions d’automobilistes à Auto-Plus.
L’opération « ruban-blanc » a également pour but de dire oui à d’avantage de prévention routière et oui à la trêve entre le gouvernement et les automobilistes. Pour obtenir le ruban, il suffit d’entrer son adresse postale sur le site Internet de 40 millions d’automobilistes qui l’enverra par courrier.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Operation-ruban-blanc-contre-les
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1108 : Louis VI, le père des communes de France
Cette année-là trépassait à Melun à l’âge de cinquante-cinq ans le roi Philippe Ier. Son fils aîné Louis, vingt-huit ans, n’étant alors que “roi désigné”, se hâta de se faire sacrer par l’évêque Yves de Chartres, mais avant même qu’il ne devînt le roi Louis VI le Gros, dit aussi le Batailleur, avait affirmé sa volonté d’en finir avec l’anarchie féodale, de mater les brigands, de raser les donjons insolents et de libérer les communications. Assurer la sécurité était pour lui le premier devoir d’un roi. Le peuple allait pouvoir souffler, dans les campagnes comme dans les villes.
Depuis déjà quelques décennies se manifestait le mouvement communal, lourd de belles promesses mais aussi de grands dangers. Les villes s’étaient jusqu’alors développées sous la protection des châteaux forts, mais, profitant de l’augmentation des échanges commerciaux au cours du XIe siècle, on avait vu apparaître une “classe moyenne” forgée par le travail et l’épargne, et qui supportait de moins en moins la tutelle, parfois capricieuse, du seigneur. Depuis déjà quelques générations, estimant inutiles et humiliantes les tracasseries fiscales et judiciaires de l’ordre féodal, des bourgeois se prêtaient mutuellement serment de maintenir eux-mêmes la paix et la tranquillité des individus et des métiers et de garantir ainsi leurs intérêts communs : ainsi naquirent les “communes” revendiquant aussitôt des libertés propres.
Sagesse capétienne
Parfois les bourgeois arrivaient à conquérir ou à acheter les droits féodaux, notamment de police, et les seigneurs s’accommodaient tant bien que mal du mouvement, mais quand ceux-ci résistaient, les communes en étaient réduites à devenir insurrectionnelles, comme à Cambrai où le seigneur évêque, estimant cette agitation peu recommandable, l’avait vers 1076 noyée dans un bain de sang. Dès son avènement, Louis VI comprit, avec une sagesse toute capétienne, tout empirique, que le mouvement, résultant du progrès économique et de la sûreté rétablie, était irrésistible, mais aussi qu’un ferment insurrectionnel pouvait s’y glisser et porter les communes, livrées à elles-mêmes, à s’ériger à leur tour en nouvelles féodalités. Pour protéger le mouvement contre ses propres excès, il fallait du doigté, chose dont seul un roi, même “gros”, est capable, n’étant lié par aucun intérêt ou aucune idéologie.
Il manifesta sa sympathie pour le mouvement en créant lui-même des “villes-neuves” dotées d’une charte des libertés, dont la communauté rurale de Lorris-en-Gâtinais, affranchie de corvées féodales, allait pour longtemps servir de modèle. Puis il alla soutenir entre autres les habitants de Mantes (lesquels, défendant leurs propres libertés seraient de meilleurs soldats contre le roi d’Angleterre...) ou ceux d’Amiens, les plus aptes à contenir la turbulence des seigneurs de la contrée. À Laon les choses se passèrent mal : les émeutiers poussés par un scélérat nommé Thomas de Marle envahirent en 1112 le palais épiscopal et tuèrent à coups de hache l’évêque caché... dans un tonneau. Seule la justice royale pouvait trancher un tel conflit : Louis VI imposa l’ordre, puis dix ans plus tard, les esprits enfin calmés, il accorda à la ville de Laon tout ce qu’elle réclamait de juste. L’affaire se terminait sans rancune.
Le grand mérite de Louis pendant tout son règne allait être non seulement d’accepter l’espèce de révolution en train de se produire, mais d’en prendre la tête pour en faire valoir ce qu’elle avait de juste. Lui-même et ses descendants qui confirmèrent sans cesse les libertés des villes ont offert à la France l’occasion d’un grand progrès des libertés.
La chose mérite d’être évoquée dix siècles plus tard, à quelques jours des élections municipales, où l’on va voir la politicaillerie républicaine instrumentaliser les plus précieuses libertés reçues de nos rois.
Michel Fromentoux L’Action Française 2000 n° 2743 – du 5 au 19 mars 2008