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  • Les milieux de la Défense jugent le projet de François Fillon inquiétant

    Article de Jean-Dominique Merchet pour l'Opinion :

    "Le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (Cema), a publié un « point de vue » dans Les Échos de mercredi pour rappeler que « le prix de la paix, c’est l’effort de guerre. » Sur le fond, rien de neuf. Depuis des mois, le Cema martèle le même thème devant tous ses auditoires : face aux menaces, il faut augmenter le budget de la défense jusqu'à 2 % du PIB, contre 1,77 % aujourd’hui - soit une augmentation d’environ 4 milliards. Et il faut le faire, selon lui, « avant la fin du prochain quinquennat ». C’est là que le bât blesse, notamment avec François Fillon.

    Les deux hommes se connaissent bien et se fréquentent à titre privé. Et la semaine dernière, le Cema aurait rencontré Jean-Paul Faugère, ancien dircab de Fillon à Matignon et toujours proche de lui. Le général en est ressorti convaincu que la priorité du candidat LR serait le redressement des finances publiques… pas le budget militaire. Deux notes plaidant dans ce sens ont été transmises à François Fillon, que les milieux de la défense jugent « inquiétantes ».

    Le candidat de la droite ne s’en cache d’ailleurs pas. « Mon objectif est que le budget de la défense atteigne 1,9 % du PIB en 2022 », assurait-il à l’Opinion. L’objectif des 2 % est repoussé au quinquennat suivant. Selon le rythme de progression, la différence entre les souhaits des armées et les engagements de François Fillon pourrait atteindre cinq ou six milliards sur la durée du mandat. Comme on le dit à l’état-major, l’article des Echos est « une façon de peser sur les choses. »

    En attendant, François Fillon passe de la pommade aux militaires, comme il l’a fait le week-end dernier en se rendant auprès de l’opération Barkhane au Sahel. Les mots gentils ne coûtent pas cher (...)"

    Les milieux de la Défense peuvent effectivement être inquiets car François Fillon fût le premier ministre ayant mené la diminution des effectifs militaires la plus importante de ces 30 dernières années (- 54 000 hommes) et la plus destructrice en termes d'efficacité (embasement).  

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • «Un vrai procès pour Christine Lagarde» Signez la pétition !

    La pétition, hébergé par la plateforme en ligne citoyenne Change.org appelle à l’organisation d’un nouveau procès pour Christine Lagarde, jugée coupable de «négligence» par la Cour de justice de la République mais dispensée de peine.

    «Quelle honte pour notre « démocratie » ! Qu’est-ce donc sinon un tribunal d’exception qui vient d’appliquer une décision incompréhensible et injuste au vu de la gravité des faits reprochés ?», s’indigne Julien Cristofoli, l’initiateur de la pétition mise en ligne sur le site Change.org. Le texte, qui a déjà recueilli plus de 122 000 signatures, est adressée entre autres à François Hollande, Claude Bartolone, président de l’Assemblée et Gérard Larcher, président du Sénat.

    La décision de la Cour de justice de la République (CJR) dans l’affaire dite de l’arbitrage Tapie a suscité de nombreuses réactions, notamment une pluie de critiques sur les réseaux sociaux. Nombreux sont ceux qui ont dénoncé une justice d’exception ou un jugement sophistique incompréhensible.

    585ad8e9c36188c2778b46d2Afin d’exempter Christine Lagarde de toute peine, les juges de la CJR ont en effet établi une dichotomie subtile, distinguant d’un côté la décision de lancer une procédure d’arbitrage privée, et, d’un autre côté, celle de faire appel de la sentence arbitrale. La CJR a ainsi estimé que Christine Lagarde, «en sa qualité de ministre» ne s’est pas «rendue coupable de négligence constitutives de fautes pénales».

    Mais, ont estimé les juges dans leurs attendus, en ne contestant pas la décision de verser à Bernard Tapie quelque 403 millions d’euros, l’alors ministre de l’Economie «a fait preuve de négligence». Mais dispensée de peine en raison du «contexte de crise financière mondiale».

    Signéz la pétition ici

  • MULTICULTURALISME ET TERRORISME : APPLIQUONS LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION !

    Communiqué de la Dissidence Française

    Lundi dernier, un homme à bord d’un camion a foncé dans la foule d’un marché de Noël à Berlin, faisant 12 morts et près de 50 blessés (dont on ignore d’ailleurs le nombre d’enfants, soigneusement dissimulé par les médias).

    L’attentat a depuis été revendiqué par Daesh et est attribué à l’un des quelques 1 200 000 « réfugiés » entrés légalement en Allemagne entre 2015 et 2016, à l’invitation d’Angela Merkel et des élites cosmopolites « allemandes ».

    Cet attentat n’est pas sans précédent. On se souvient évidemment de l’attentat de Nice, de celui du Bataclan ou de Saint-Etienne du Rouvray, et des autres actes terroristes qui ont endeuillé notre pays ces derniers mois, ces dernières années. En Allemagne comme ailleurs, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Loin d’être isolé, cet attentat fut précédé par d’autres drames et épisodes traumatiques, systématiquement liés à l’immigration légale ou clandestine, et au multiculturalisme promu par des élites irresponsables.

    Si le lien entre terrorisme, délinquance et immigration est désormais évident, les élites européennes et leurs chiens de garde médiatiques continuent de promouvoir le multiculturalisme envers et contre tout. Mais ce totalitarisme idéologique n’est pas sans conséquence, et la réalité rattrape toujours les utopies. La preuve, une fois encore, à Berlin il y a deux jours.

    Combien de morts innocentes sur l’autel du cosmopolitisme ? La destruction des nations et l’arasement des spécificités ethno-culturelles des peuples européens sont au coeur du projet mondialiste, quel qu’en soit le prix à payer.

    Quelques policiers de plus ou de moins dans les rues ne changeront évidemment rien au problème et n’éviteront pas un nouveau drame. C’est vers une guerre civile à l’échelle continentale que nous nous précipitons, et que seule une réaction radicale pourra permettre d’éviter.

    La Dissidence Française a formulé depuis des mois ces propositions radicales, des propositions de bon sens qui, tôt ou tard, seront rendues incontournables par les circonstances. Seule une politique de remigration, ferme, ordonnée, mais pacifique, pourra permettre d’éviter le pire. Et si nos propositions sont systématiquement occultées, caricaturées ou tournées en dérision par les tenants du Système, il n’en demeure pas moins que si elles avaient été mises en oeuvre en Allemagne, cet attentat n’aurait tout simplement pas eu lieu.

    En Allemagne comme en France, appliquons le principe de précaution : une solution, remigration !

    https://la-dissidence.org/2016/12/21/multiculturalisme-terrorisme-principe-precaution/

  • Robert Redeker : « Le but de la politique est la continuation de la nation dans la durée »

    Le mot de « valeur » est prisé à gauche comme à droite. Le philosophe Robert Redeker dénonce dans l'entretien qui suit l'usage de ce terme galvaudé qui dissimule une faillite de la politique et le triomphe du vide idéologique [Figarovox, 16.12]. Sachons reconnaître que lorsque nombre d'intellectuels qui publient, s'expriment dans les grands médias, ont une audience importante, tiennent le discours qu'on va lire, s'insurgent à ce point contre la pensée dominante, lui opposent une contre-culture cohérente et forte, l'on a bien affaire à cette percée idéologique dont parle Buisson. Et dont il dit avoir la certitude qu'elle portera ses fruits. Notre avis est que c'est là un espoir qui - pour cette fois - n'est pas illégitime. Lafautearousseau   

    44121169.jpgLe mot « valeur » est partout en politique. On parle sans cesse des valeurs de la République. Qu'y a-t-il derrière l'omniprésence de ce mot ?

    Pas grand-chose de consistant. Les valeurs ne sont ni des idées, ni des concepts, ni des principes. L'invocation politique rituelle des valeurs est une mode très récente. Plongez-vous dans la littérature politique d'il y a une trentaine d'années seulement, écoutez les discours d'alors, vous constaterez l'absence de ce recours obsessionnel aux valeurs. Au lieu de révéler ce que l'on pense, le mot valeur le dissimule. Pourquoi ? Parce qu'il est aussi vague qu'abstrait. Il peut aussi cacher que l'on ne pense rien du tout, que l'on n'a pas de conviction arrêtée, justifier tous les revirements. Le même Premier ministre peut au nom des valeurs user et abuser du 49.3 avant de mettre à son programme présidentiel la suppression de ce 49.3 pour honorer ces valeurs !

    De trop nombreux politiciens sombrent dans l'illusion suivante : les valeurs sont les buts de l'action politique. Pourquoi faire de la politique ? Pour les valeurs ! C'est-à-dire pour du vide ! Funeste erreur ! On fait de la politique pour la nation, pour la France, pour le peuple, pour le social, pour l'histoire, jamais pour des valeurs. Les valeurs ne constituent ni la réalité d'un peuple ni un projet de société, ces objets de la politique. Elles sont trop inconsistantes pour définir un projet de cette nature. Les valeurs ne sont que le cadre à l'intérieur duquel la politique peut se déployer. Elles ne sont pas un programme, elles sont des bornes. Les valeurs sont hors politique, elles sont extrapolitiques. Loin d'avoir affaire aux valeurs, la politique rencontre les projets, les réalités et, par-dessus tout, la nation et le souci du bien commun.

    À gauche particulièrement, ce mot est dans toutes les bouches...

    La rhétorique creuse des valeurs est le linceul dans lequel a été enveloppé le cadavre de la gauche. C'est une thanatopraxie, le maquillage du cadavre. Cette fatigante psalmodie sur les valeurs évoque les récitations funéraires. C'est parce qu'elle est morte, parce qu'elle n'a plus rien à dire, plus rien à proposer pour l'avenir à partir de son passé (le socialisme), que la gauche se gargarise, de tréteaux en tribunes, avec les valeurs. Les valeurs fournissent la matière d'une péroraison se substituant aux défuntes promesses de socialisme (le progrès social, l'émancipation dans et par le travail). La thématique des valeurs est le dispositif que la gauche a bricolé pour basculer de la défense des classes populaires (« les travailleurs » comme, elle disait d'un mot que symptomatiquement elle n'emploie jamais plus) vers celle des minorités sexuelles et ethniques. La gauche a abandonné son projet social (réaliser la justice économique) pour lui substituer un projet anthropologique (l'exaltation des différences sexuelles et culturelles). Le discours sur les valeurs a permis de prendre ce virage. Autrement dit, l'invocation des valeurs est le moyen trouvé par la gauche pour abandonner les classes populaires. L'extrême-droite récupère la mise. Dernier point : ce discours sur les valeurs est aussi l'instance qui la dispense la gauche du devoir d'inventaire. La ridicule prestation de Ségolène Royal aux obsèques de Fidel Castro est, à cet égard, pleine d’enseignements : la gauche ne parvient pas à condamner totalement certaines dictatures sanguinaires, donc à liquider l'inventaire, parce que celles-ci ont prétendu s'appuyer sur les idéaux (l'égalité, la justice, le partage, etc.…) dont elle se veut le bras armé.

    Lors de la primaire de la droite, les électeurs étaient invités à signer la charte des valeurs de la droite et du centre. Pour exprimer leur souhait que la droite retrouve son identité, beaucoup évoquent la « droite des valeurs ». Est-ce le bon chemin que la droite emprunte ?

    Je réponds en trois temps. D'une part, la droite s'est laissé imposer par une gauche pourtant en coma dépassé l'obligation d'en appeler sans cesse aux valeurs. Par la reprise de cette thématique, la droite se croit obligée de répliquer aux accusations permanentes d'anti-républicanisme et au soupçon larvé de racisme, de fascisme, voire d'inhumanité, que la gauche fait peser sur elle. Nous avons dans ce soupçon et dans la propension de la droite à y répondre, l'ultime résidu de feu l'hégémonie idéologique de la gauche. Mieux : la dernière métastase de l'antifascisme. D'autre part, évoquer des « valeurs de droite » revient à les relativiser. Le relativisme pointe le bout de son nez dès que l'on latéralise politiquement les valeurs. Si des valeurs existent, elles sont universelles. Il est plus pertinent de parler d'idées et de programmes de droite ou de gauche.

    À ces deux remarques il faut ajouter une précision. Les valeurs ne sont pas le contenu de l'action politique, mais ses frontières. Elles ne disent rien de positif, elles tracent des limites. Elles définissent un intérieur et un extérieur. La laïcité, par exemple, que l'on hisse au statut de valeur, est une telle frontière : elle exprime une limite à ne pas dépasser dans l'expression publique d'un sentiment religieux. À l'image de toutes les valeurs elle fonctionne comme le démon de Socrate : une voix intérieure qui dit non. Ainsi de toutes les valeurs. Ces frontières s'imposent à la droite comme à la gauche.

    Une civilisation est-elle définie par des valeurs, des coutumes, des attachements ?

    Pas uniquement. Les aspects dont vous parlez procurent à l'existence collective d'un peuple sa couleur, sa particularité. Si on se limite à ces aspects, on parlera plutôt d'une culture. La culture, toujours particulière, toujours bornée, toujours nationale, est le terreau à partir duquel une civilisation peut germer et se développer. Une civilisation se définit par ce qu'elle donne au monde, et qui est pourtant marqué du sceau de la culture qui la nourrit. La France donne au monde, entre autres choses, Molière et Stendhal, dont les œuvres n'auraient pu voir le jour ailleurs. Elle donne au monde son architecture, sa musique, ses savants, et même sa gastronomie… C'est le don irremplaçable, insubstituable, qui définit une civilisation plutôt que seulement ses valeurs et coutumes.

    La référence aux valeurs va souvent de pair avec le discours « droits-de-l’hommiste ». N'y a-t-il pas un paradoxe entre des valeurs qui peuvent impliquer une forme de relativisme et des droits de l'homme qui sont considérés comme naturels et objectifs, dépassant les volontés humaines ?

    Les droits de l'homme, devenus les droits humains, sont une invention métaphysique du XVIIIe siècle. Ils sont suspendus dans les nuées. Ils servent de principes structurant l'action politique, et non, comme les valeurs, de frontières. Ils sont affirmatifs, positifs, et non limitatifs, négatifs. La différence est alors celle-ci : posés au départ, les droits de l'homme ne sont pas déduits, ils sont une hypothèse politique, tandis que les valeurs sont un résultat, une construction politique. Plutôt que de paradoxe, je parlerai de jeu, comme d'un roulement à billes « qui a du jeu » : une valeur comme la laïcité trace la frontière que la liberté de penser et de croire, comprise dans les droits de l'homme, ne peut dépasser. Néanmoins il faut éviter d'être la dupe de ces droits de l’homme : ils n'ont rien d'évidents ni de nécessaires, ils sont une illusion métaphysique propre à une certaine civilisation. Ils n'auraient pu être inventés ailleurs que dans l'Europe chrétienne et rationaliste. Ils sont enfants d'une certaine civilisation, la nôtre. Ils ne sont pas universels, mais universalisables.

    L'histoire est faite de mots comme la nation ou la République qui sont davantage des êtres voire des personnes morales et fictives que des concepts ou des idées. Diriez-vous que l'abus du mot « valeur » traduit une certaine impuissance du politique, qui n'est plus en prise avec le réel ?

    Guettée par le relativisme, souvent thanatopraxique, la péroraison sur les valeurs fait oublier l'essentiel, qui est ceci : le but de la politique est d'assurer la survie d'un peuple dans la durée malgré les vicissitudes et selon le souci du bien commun. La République est une structure politique, qui dans notre histoire s'est appelée tantôt monarchie, tantôt empire, ou tantôt « république » (au sens de démocratie). La nation est l'âme de cette structure. C'est une âme qui survit à chaque vie individuelle qu'ainsi qu'aux différents états de la République (les régimes politiques). C'est aussi une âme fragile, qui peut disparaître si on ne la nourrit pas (par la transmission). Qu'est-ce que l'éducation publique sinon une forme de transmigration de cette âme, la nation, qui renaît de génération en génération ? L'éducation est bel et bien une métempsychose politique. Le but final de la politique est la continuation de la nation dans son originalité irremplaçable par-delà l'existence et les intérêts de chacun. C'est de cela bien plus que des valeurs que gauche et droite doivent parler. 

    « La culture, toujours particulière, toujours bornée, toujours nationale, est le terreau à partir duquel une civilisation peut germer et se développer »

    Professeur agrégé de philosophie, Robert Redeker est écrivain. Il a notamment publiéLe soldat impossible (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2014) ; Bienheureuse vieillesse(éd. du Rocher, 2015) et dernièrement L'École fantôme (éd. Desclée De Brouwer, 2016). 

    Alexis Feertchak  

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Droite hors les murs : derrière la porte étroite, un boulevard !

    Un spectre politique est fait d'interactions , un parti n'existe pas seul, indépendamment des autres. Aussi, la désignation de François Fillon par la primaire de la droite et le renoncement de François Hollande influencent-ils l'identification et le positionnement des autres formations politiques.

    Pour l'heure, les candidats de la droite modérée et du Front national sont donnés au second tour de la prochaine présidentielle. La principale force de François Fillon vient de la déconfiture de la gauche et de l'aspiration de l'opinion publique à l'alternance. Son programme est intrinsèquement libéral bien qu'il l'ait mâtiné de marqueurs conservateurs (préconisation de l’uniforme à l'école). Ce sont ces derniers, mis en avant dans la toute fin de la campagne, qui lui ont permis de distancer ses adversaires. Il pourrait donc voir sa popularité décroître si, confronté à la concurrence d'Emmanuel Macron (qui incarne le retour à l'unité doctrinale du libéralisme dans ses versions, sociétale de gauche, et économique de droite), il accentuait son positionnement libéral.

    Quant à Marine Le Pen, elle pense sa place au second tour assurée par la division de la gauche (entre socialisme, social-démocratie et social-libéralisme). Elle se désintéresse donc voire agresse dans leurs convictions (comme sur l’avortement) les électeurs de cette droite catholique qu'elle juge, sans doute hâtivement, peu nombreux au regard du score réalisé par Jean-Frédéric Poisson au premier tour de la primaire de la droite. Elle cherche à atteindre une telle « normalisation » qu'elle gomme de son programme toute une série de marqueurs identitaires (son indifférentisme religieux la conduit à une sorte de laïcisme). Elle en devient sociétalement libérale, tout en préconisant une forme d'étatisme (sans pour autant aller jusqu'au collectivisme) en matière économique. Elle pense que cela lui permettra de réunir sur son nom les différentes catégories d'électeurs s'étant opposé, lors du référendum de 2005, au traité établissant une constitution pour l'Europe.

    L'un comme l'autre risquent donc de voir une partie de leur électoral être déçue et être susceptible de les quitter. Dans les deux cas, il s'agit de l'électorat authentiquement de droite qui ne confond pas (contrairement à François Fillon) le rejet du fiscalisme avec le libéralisme ni (à l'inverse de Marine Le Pen) l’antilibéralisme avec l'étatisme. C'est cet électorat qui, tout à la fois, regrette que François Fillon ne soit pas souverainiste et n'apprécie pas que Marine Le Pen abandonne l'organicisme social. En fonction de priorités rationnelles ou de réactions émotionnelles, il s'est déjà porté sur la droite modérée ou sur le Front national. Mais toujours faute de mieux.

    Nous sommes la droite hors-les-murs

    Dans ces conditions, contrairement à ce qui a pu être affirmé, ce qu'il est convenu d'appeler, à défaut d'une meilleure expression, la « droite hors les murs » (DHLM) a, devant elle, un boulevard. Certes, son espace politique semble a priori écrasé tant François Fillon et Marine Le Pen cherchent à étendre, au risque de l'incohérence, leurs spectres politiques. Mais, l'un comme l'autre n'ont pas du tout compris cet électorat qui fait le pont entre la droite modérée et le FN et dont une partie balance, au gré des élections, entre les deux. Sans qu'il en soit parfaitement conscient (d'où son errance électorale), il adhère à la philosophie classique.

    Celle-ci promeut la sociabilité : (où les corps sociaux sont régis par des principes inscrits dans l'ordre cosmologique des choses) à l'inverse de l'idéologie moderne qui fait l'apologie de la sociabilité artificielle (où les règles de fonctionnement des corps sociaux sont produites par la rencontre de volontés). Sur tous les sujets, qu'il s'agisse de la nation (identitaires contre multiculturalistes), de l'Europe (souverainistes contre fédéralistes), des mœurs et de la bioéthique (conservateurs contre progressistes) ou enclore des relations internationales (réalistes contre idéalistes), l'opposition est philosophiquement la même. Tous ces clivages thématiques se superposent. La ligne de fracture entre classicisme et modernisme est donc fondamentale.

    Or, si la modernité a cherché à détruire l'ordre naturel des choses, elle n'a pu qu'en obscurcir la perception et non le déraciner entièrement du cœur et de l'esprit des hommes. Une grande partie des Français sont donc toujours classiques c'est le cas quand ils veulent conserver leur identité et exiger des immigrés l'assimilation ou la remigration, quand ils voient dans l'Europe une civilisation et rejettent la bureaucratie de l’Union Européenne, quand ils approuvent les crèches de Noël dans l'espace public et refusent le laïcisme, quand ils rejettent tant la loi de la jungle libérale (travail du dimanche) que l'égalitarisme socialiste (assistanat) mais veulent un État fort (protecteur) mais limité dans ses interventions (subsidiarité) ou encore quand ils défendent la famille traditionnelle contre une atomisation hédoniste.

    C'est ce que ni François Fillon ni Marine Le Pen n'ont, semble-t-il, compris. Faisant preuve d'une incohérence doctrinale (sous prétexte d'attirer à eux différents segments électoraux), ils sont prêts à défendre une position moderne sur certains sujets tout en tendant vers une analyse classique pour d'autres. Ils ne satisfont donc vraiment personne. Voilà pourquoi l'avenir de la « droite hors les murs » s'il paraît à première vue bouché, est ouvert et prometteur, si celle-ci se fait clairement le porte-parole de la pensée classique. Encore faut-il qu'elle trouve ses incarnations tant nationales que locales.

    Guillaume Bernard monde&vie  15 décembre 2016

    Guillaume Bernard est maître de conférences à l'ICES (Institut Catholique d'Études Supérieures). Dernier ouvrage paru La guerre à droite aura bien lieu, Le mouvement dextrogyre, DdB. 2016,396 p., 19,90 €.

  • Le vrai rôle des médias de masse

    Slobodan Despot, éditeur et écrivain suisse d’origine serbe.

    ♦  Dans l’Occident moderne, l’altruisme émotif n’est pas une vertu, ni même une option: c’est un devoir. C’est un camouflage obligé pour sortir de chez soi, tout comme l’est la burqa pour les femmes en Arabie Saoudite.

    La rumeur parcourt l’«antisphère» depuis l’élection de Trump: les médias officiels sont morts! Ils ont tout misé sur Hillary, ils ont donc tous perdu et plus personne ne leur accorde le moindre crédit. Circulez, y a plus rien à en tirer!

    C’est évidemment une vue de l’esprit. Les médias ne sont pas là pour dire le vrai, ils sont là pour organiser notre vie. Ils sont, dans un sens général (englobant donc aussi les «antimédias»), le filtre par où nous recevons les 95% de notre connaissance du monde qui nous entoure. Le paysan du XIXe siècle pouvait encore se prévaloir d’un rapport presque direct à la réalité, construit par une expérience immédiate patiemment accumulée tout au long de sa vie et validé par une tradition immémoriale. Le paysan d’aujourd’hui n’a, de ce lointain ancêtre, que le nom. Pour acquérir un bien agricole en UE, il doit franchir une vingtaine d’étapes administratives qui supposent davantage de familiarité avec la bureaucratie qu’avec les bêtes. Son contact avec la terre est lui-même médiatisé par les roues de son tracteur. De l’observation du ciel et des vents, il ne tire plus rien, ayant des applications météo gratuites dans son smartphone, un smartphone sur lequel il tue le temps comme n’importe qui en labourant à la vitesse du pas les sillons interminables de ses champs de taille démesurée qu’impose l’agriculture industrielle.

    Supposez que les services de météorologie lui donnent de fausses informations, que la bureaucratie change soudain ses critères en fonction de la théorie du réchauffement climatique, qu’une vague de suspicion frappe la céréale qu’il produit en monoculture ou que son fournisseur lui vende des semences stériles qu’il devra racheter contre bon argent l’année suivante s’il veut semer à nouveau. Il est mort! Il est totalement dépendant, totalement démuni, lui dont l’aïeul, tout en n’ayant pas le sou, était seul maître dans son enclos après Dieu. Une inflexion du cours des denrées, une entourloupe de Monsanto peuvent entraîner des vagues de suicides parmi les paysans désespérés, comme cela se voit aujourd’hui en Inde et ailleurs.

    J’ai pris l’exemple du paysan comme un archétype de l’humain «archaïque» et antimédiatique – tout en sachant que c’était un faux exemple. Le paysan moderne est un technicien connecté, comme tout le monde dans notre société. Même des monastères régis par des règles de silence et d’isolation sévères dépendent de la vente de leurs produits sur l’Internet. Ils dépendent de leur médiatisation! Et il n’est pas un secteur d’activité dont la prospérité, et la survie même, ne dépendent de la pensée industrielle: de sa capacité de rationalisation, d’optimisation, de simplification. De la loi aveugle du nombre!

    L’altruisme obligé, ou la burqa de l’homme blanc

     C’est dans ce contexte de mécanisation et de déshumanisation systémiques qu’est née la civilisation la plus sentimentale de tous les temps. L’humain de l’ère industrielle – cœur dur et tripe molle selon Bernanos – vit avec une larme perpétuelle au coin de l’œil. Mais c’est le contexte médiatique qui va décider à quel moment, et à quel propos, sa larme va grossir en goutte et rouler sur sa joue. Téléthon: on récolte des millions pour le malheur médiatisé, mais on n’aura pas la moindre mansuétude pour le nécessiteux qu’on croise sur son palier. Migration: on met en scène la générosité de l’accueil, mais on n’a aucune pitié pour les parias qui se retrouvent à la rue pour n’avoir plus pu assumer les charges d’une société où une part croissante des taxes part justement… dans la générosité obligatoire!

    La critique est facile, sur un plan général. On peut aisément en faire un système de pensée. C’est le système de pensée qui fonde le discours de ces mouvements dits «populistes» voire d’«extrême droite» qui constituent essentiellement le lobby des gens sans lobbies. Lesquels mouvements risquent bien, une fois arrivés, de remplacer une inhumanité par une autre. Entretemps, comme les révolutionnaires de jadis dans la civilisation bourgeoise, ils renvoient à cette société l’image la plus cruelle et la plus juste. Et, tout au fond de cette critique, se niche le plus petit dénominateur commun qui, par-delà les intérêts politiques et économiques, rassemble prolos et bourgeois, fils d’immigrés et vieux aristos sous les mêmes bannières: la volonté d’être non pas fascistes ni blancs ni français ni allemands; la volonté de rester ce qu’ils sont; de rejeter le camouflage imposé. Autrement dit, de rejeter la médiatisation qui les force dans un moule d’idées et de comportements qui les dénature.

    Dans l’Occident moderne, en effet, l’altruisme émotif n’est pas une vertu, ni même une option: c’est une obligation. C’est un camouflage imposé pour sortir de chez soi, tout comme la burqa pour les femmes en Arabie Saoudite ou dans les quartiers sous charia d’Angleterre. Et, de même que leur voile intégral recouvre parfois des jeans serrés, voire des dessous de dentelle provocants, de même notre altruisme de façade recouvre une sécheresse de cœur encore jamais vue dans cette espèce dont nous sommes issus et qui s’appelait l’humanité.

    A l’abri du sens

    En un mot, nous nous sommes accommodés à vivre dans une hypocrisie permanente et absolue du fond de laquelle nous dénonçons l’hypocrisie des autres milieux ou des autres époques. Le «fond» de notre pensée, nous l’exprimons à mi-voix et uniquement à des proches et plus personne n’est assez fou pour clamer tout haut les évidences les plus cuisantes. De temps à autre, des «fuites» impliquant des ministres bien-pensants ou des vedettes de show-biz (se souvient-on de John Galliano?) nous rappellent à quel point le langage public de leur caste doit être corseté pour qu’ils finissent, quand ils se croient «en cercle privé», par s’épancher en des grossièretés explosives. Un seul mot malheureux peut mettre fin à une carrière par ailleurs exemplaire. Le discours des responsables politiques ou économiques est soigneusement lissé par les spin doctors afin de ne jamais laisser dépasser le moindre coin de bois rugueux sous la nappe satinée des euphémismes et des platitudes. Il importe de ne rien dire qui fasse sens! Lorsque vous franchissez cette limite, lorsque vous exprimez du sens, vous tombez dans la marmite du «populisme», d’où que vous soyez parti (voir à ce sujet le scandale soulevé par le banquier socialiste Thilo Sarrazin, en Allemagne).

    Il importe de bien comprendre que cette terreur du «politiquement correct» n’est pas spécifiquement… politique. Comme le rappelle Angelo Codevilla, la correction politique passe avant l’exactitude factuelle parce que le Parti ou l’avant-garde éclairée (autrement dit le détenteur du monopole du langage public) incarne une réalité supérieure à la réalité elle-même. Une réalité «2.0», dirait-on aujourd’hui. Or depuis que nous sommes sortis du millénarisme marxiste et de ses illusions, plus aucun parti politique ne peut prétendre à une telle ambition: réécrire la réalité elle-même. La seule instance dotée des pouvoirs et des instruments d’un tel projet est le complexe académico-médiatique que les autorités publiques et l’économie entretiennent, mais qu’elles craignent plus que tout. L’université demeure aujourd’hui le dernier bastion des utopies collectivistes du XIXe siècle et en même temps le creuset des recherches de pointe en biotechnologie, cybernétique ou intelligence artificielle qui prétendent redéfinir concrètement l’être humain et son environnement. Sans l’assistance des médias (dont elle forme l’ensemble des cadres), l’université ne pourrait jamais justifier les crédits colossaux alloués à des recherches sans aucun intérêt ni écho pour les populations qui les financent, et encore moins s’assurer couverture et soutien pour des projets d’ingénierie humaine susceptibles d’accorder un droit de vie et de mort sur le «matériau humain» à une étroite et obscure avant-garde de technocrates. Il est aisé de voir que la théorie du genre elle-même avec ses ramifications constitue une stratégie d’intimidation et de prise de pouvoir sociétale, doublée d’un formidable désinhibiteur pour l’expérimentation la plus sacrilège: celle portant sur le sexe et la reproduction de notre espèce.

    L’altruisme des sangsues

    Au refaçonnage en laboratoire de la réalité biophysique correspond le remplacement de la réalité éprouvée par une réalité de synthèse au travers des médias. En ce sens, le processus est agnostique et apolitique. N’importe ce que vous pensez, pourvu que vous pensiez artificiel: c’est pourquoi, par exemple, le grotesque nazisme ukrainien ne dérange absolument pas les médias de grand chemin! N’importe ce que vous croyez voir, pourvu que vous le voyiez à travers nos lucarnes. Tout ce que nous sentons, tout ce que nous pensons est passé au crible des médias et des valeurs qu’ils colportent. Les contradictions ne leur font pas peur, au contraire. Elles contribuent à désorienter le cobaye – et donc à le rendre encore plus dépendant. Les médias ne servent pas à informer la meute, ils servent à la dresser.

    D’où cette insistance sur le culte de l’Autre en tant que négation du Même (de soi), couplée à la dérive émotionnelle qui court-circuite les garde-fous rationnels. Tandis qu’on nous intime d’être altruistes dans le contexte général, il nous est permis et recommandé d’être cupides comme des sangsues dans notre vie privée («Vos intérêts», «faire fructifier votre argent», «profiter de vos avantages», etc.). En couplant la générosité abstraite à la mesquinerie concrète, on façonne des masses d’humains écervelés, abreuvés de slogans de fraternité et de partage, mais mus par un égocentrisme strict excluant tout esprit de sacrifice et toute confiance en l’autre, conditions premières d’une identité collective.

    C’est pourquoi les mouvements identitaires (= défense du Même) sont proscrits, c’est pourquoi le réalisme politique, social ou éducatif est a priori décrié, c’est pourquoi les individus au langage franc et à l’engagement sacrificiel sont inévitablement poussés vers l’«extrême droite». N’échappent à la mise au ban que les grégaires et les veules qui acceptent de brouter l’herbe entre leurs quatre pattes sans s’intéresser au destin du troupeau.

    Et c’est aussi pourquoi la faillite totale du système médiatique sur la victoire de Trump n’était pas une simple erreur d’appréciation. C’était littéralement une «erreur système»: la faillite momentanée d’une matrice informatique mise en place non pour rendre compte de la réalité, mais pour la fabriquer.

    Slobodan Despot 12/12/2016

    Source : Antipresse n°54

    Voir aussi : Les médias en servitude : quand Polémia met la médiaklatura en examen

    Et à commander à Polémia, 60 ter rue Jean-Jacques Rousseau, 92500 Rueil-Malmaison. ( jcaferrer@club-internet.fr)

    « Polémia poursuit son travail d’analyse du phénomène médiatique. Après La tyrannie médiatique, le Dictionnaire de novlangue et le Dictionnaire de la réinformation, voici Les médias en servitude. Il s’agit d’une étude serrée de la médiaklatura, cette centaine d’hommes et de femmes qui donnent le la à l’opinion, cette sainte alliance du trotskysme de salles de rédaction et du capitalisme financier. Voici l’avant-propos de cet ouvrage ».

    http://www.polemia.com/le-vrai-role-des-medias-de-masse/