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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XIV]

    Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LA MACHINE CONTRE L'HOMME-MACHINE

    Les Japonais, trop nombreux pour un territoire exigu, ne pouvaient faire appel à l'immigration, en dehors de quelques centaines de milliers de Coréens, indispensables pour les métiers jugés dégradants. Ils automatisèrent, robotisèrent, formèrent une main d'œuvre hautement qualifiée, qu'ils soumirent à une sélection sévère. N'ayant pas d'autre choix, ils se lancèrent dans la troisième révolution industrielle. Comprenant qu'ils devaient susciter des concurrents dont ils feraient les clients de leur industrie de pointe, ils investirent à Taïwan, en Corée du Sud, à Hong-Kong, à Singapour, où des usines de textile, des chantiers navals, des complexes sidérurgiques employèrent la main d'œuvre locale. Cette concurrence, non pas subie mais provoquée, les contraindra à « améliorer dans ces domaines, leur productivité, afin de compenser les surcroîts de personnel. Pendant ce temps nous installions à Fos et à Dunkerque des hauts fourneaux qu'il aurait fallu construire à Dakar, ou à Abidjan …

    Au cours de la seconde révolution industrielle les besoins de main d'œuvre n'ont cessé d'augmenter. Il fallait attirer les paysans à la ville, persuader les domestiques que leur dignité serait mieux protégée par l'atelier, décourager l'artisanat. Comme cela ne suffisait pas on a fait venir des maghrébins et des africains. Maintenant les usines et les bureaux doivent se débarrasser de ces millions de travailleurs en trop. On ne sait plus qu'en faire. On a même trouvé pour qualifier cette opération un mot atroce, le dégraissage. Qui a rendu obèse l'économie ? La résignation des chômeurs a quelque chose d'effrayant. Jamais révolte ne serait plus justifiée que la leur mais il y a tant de coupables, à commencer par les syndicats, qui ont retardé tant qu'ils ont pu les ajustements indispensables, qu'une coalition où se retrouve le parti communiste, au coude à coude avec le C.N.P.F., les persuade qu'ils sont victimes d'une obscure fatalité. La mauvaise graisse doit être mise au rebut.

    Autrefois, sauf dans les banlieues des grandes villes le chômeur ne dépendait pas des aumônes de la nation. Il possédait un jardin, des cousins agriculteurs auxquels il donnait de temps à autre un coup de main, la femme faisait des ménages ou travaillait à façon comme couturière. Les romanciers populistes ont brossé de ce proche passé d'atroces tableaux. Par contre, il ne semble pas que les « nouveaux pauvres » les intéressent. Tout se passe comme si les allocations chômage, l'aide sociale, l'Etat Providence avaient anesthésié les indignations collectives. D'autant que nos statistiques sont trompeuses. Elles recensent le nombre de chômeurs, non la durée du chômage qui seule importe. Il ne serait pas grave que cinq millions de français soient six mois sans travail. Quand un million d'entre eux perdent l'espoir d'en retrouver cela devrait devenir un drame national.

    Le véritable problème n'est donc pas d'assurer le plein emploi mais de réduire la durée de chômage, pour le rendre humainement et socialement tolérable. Même en U.R.S.S., il existe 1 % de « demandeurs d’emploi ». Dans ce cas, il ne s'agit pas d'un chômage véritable mais du temps de transit entre deux entreprises. On trouve aussi en Union Soviétique un pourcentage indéterminé de « parasites ». Au moins 3 %. Certains de ces « parasites », juifs, chrétiens et autres dissidents, voudraient bien travailler, mais on refuse de les embaucher afin de les placer dans une situation juridique qui permettra de les envoyer au goulag. N'empêche qu'en U.R.S.S., comme ailleurs, des gens vivent du vol, du proxénétisme ou de la spéculation. S'ils se font repérer, ils sont promis au travail forcé. Beaucoup passent au travers.

    Dans les pays libres, cette catégorie sociale tend à proliférer. Elle s'inscrit volontiers au chômage puisqu'elle ne risque pas d'être contrainte d'accepter un emploi. Ces marginaux ne sauraient être éliminés, qu'à condition d'instaurer, comme en Union Soviétique, le travail forcé. Il y a donc, même en période de « plein emploi » 4 à 5 % de gens, en âge de travailler, qui pour des raisons, honorables ou pas, sont inactifs.

    Seul importe le chômage involontaire. Il tourne à la tragédie sociale quand plusieurs millions d'hommes, jeunes ou non se sentent exclus du marché du travail. Parfois, leur entourage les tient pour des incapables ou des fainéants. Des familles se défont. Ce qui précipite la déchéance. Mais même soutenu par les siens, le chômeur fait figure de déchet, que la société rejette parce qu'il n'est plus utilisable. Les mois passent et le moment vient, inexorablement, où il arrive« en fin de droits ». Il a fallu un hiver terrible pour que les Français découvrent les « nouveaux pauvres », des hommes et des femmes qui vivaient comme tout le monde, payaient leur loyer et leurs impôts et soudain basculent dans la clochardisation. Ces nouveaux pauvres, ce pourrait être vous ou moi. Le phénomène n'a rien de commun avec ce que l'on nomme le « quart monde », ce ramas de malheureux qui accumulent les handicaps, les illettrés, débiles mentaux, infirmes, fruits des tristes amours d'alcooliques. Les travailleurs sociaux s'en chargeaient. Ils sont payés pour ça ! La société voulait bien leur donner un peu d'argent, à condition qu'ils se fassent oublier.

    Tout homme a droit au travail, le droit de faire vivre sa famille de son travail. La France se préoccupe beaucoup des « droits de l’homme » qui seraient paraît-il violés presque partout mais pas chez nous. Quand un pays a trois millions de chômeurs, dont deux au moins promis à la « nouvelle pauvreté », il devrait commencer par balayer devant sa porte. Un père de famille condamné à ne plus retrouver d'emploi, même si on lui fait l'aumône d'une aide sociale est atteint dans sa dignité. Les Français considèrent qu'il n'existe pas de problème plus grave et ils entendent juger leurs gouvernants sur leur capacité à le résoudre. Ils ont raison.

    Et encore n'ont-ils rien vu, encore. Des centaines de milliers de manœuvres aux écritures seront chassés des bureaux, pendant la prochaine décennie. Les hommes politiques le savent et le cachent. Mais les travailleurs sont assez lucides pour comprendre que la modernisation d'une entreprise signifie, pour la plupart d'entre eux, le licenciement. Pour la première fois, une révolution technologique supprime plus d'emplois qu'elle n'en engendre. Certes, il faudra des hommes pour concevoir les machines, les fabriquer, les surveiller, les réparer. Il s'agira de techniciens peu nombreux, bien payés, assurés d'une certaine stabilité de l'emploi, une aristocratie qui aura été sûrement sélectionnée. Les autres ? Des O.S. subsisteront, qui seront affectés à des tâches de manutention ou de nettoyage. Le processus d'élimination du personnel commencé dans le grand commerce par la disparition des vendeuses se poursuivra dans tous les domaines, de façon impitoyable. Certes les métiers de la communication, publicité, audio-visuel, se développent. Cela ne représentera pas grand monde.

    Les socialistes, désormais d'accord avec les libéraux, considèrent que la seule manière de créer des emplois consiste à assainir les entreprises en réduisant les effectifs et le niveau de vie afin de moderniser notre équipement. Selon eux, les chômeurs d'aujourd'hui feraient les travailleurs de demain. Il suffirait de profiter de l'occasion pour leur fournir une formation, adaptée aux emplois de l'avenir. De qui se moque-t-on ? Qu'il faille moderniser, c'est vrai, mais s'imaginer que cela suffira relève de la mauvaise plaisanterie.

    Bien sûr, nous exporterions davantage si nos coûts de production diminuaient. Cela ne signifierait pas que nous vendrions assez pour engendrer des emplois. Le marché international reste étroit. Chaque pays pratique un protectionnisme sournois. De nouveaux concurrents surgissent, hier le Brésil, demain l'Indonésie, bientôt la Malaisie. Alors que les pays solvables sont de moins en moins nombreux. Tout au mieux, parviendrons-nous à préserver nos parts de marché et même à récupérer celles que nous avons laissées échapper. Formés ou pas, les chômeurs d'aujourd'hui s'ajouteront à ceux de demain.

    Rendez à l'emploi sa flexibilité et nous embaucheront soutiennent les patrons. Discrètement le gouvernement leur a donné raison, en portant à deux ans les contrats à durée limitée. Un patron hésite à recruter quand les commandes affluent de peur de ne pouvoir licencier quand les affaires vont moins bien. Que le code du travail soit trop rigide, c'est certain. Cependant, à terme, les suppressions d'emplois n'en seront pas moins plus nombreuses que les embauches. Aucune loi, aucune négociation ne renversent une évolution irréversible.

    D'où l'apparition d'une chimère connue qu'enfourchent tout à la fois les enfants du bon Dieu et les suppôts de Satan. A la suite de la C.F.D.T., les évêques proposent le partage du travail, d'autres le renvoi des immigrés. L'erreur est la même. Elle consiste à prendre le travail pour un saucisson que l'on couperait en tranches plus fines pour que chacun ait la sienne ou dont on donnerait la part des immigrés à des Français. Les emplois malheureusement ne sont pas interchangeables. La France manque d'électroniciens. Quand le gouvernement offre aux sidérurgistes lorrains une formation qui devrait leur permettre de faire ce métier, ils savent qu'on se moque d'eux. De même la plupart des tâches actuellement confiées à des immigrés sont appelées à disparaître ou si disqualifiées qu'elles ne sauraient tenter de jeunes Français. Le maire de Paris a recruté des ramasseurs de crottes de chiens sans trop de mal. Il les a munis d'une moto. Le plaisir de chevaucher cet engin l'a emporté sur le peu d'attrait d'une tâche malodorante. De même, si l'on mécanisait le balayage du métro, ce qui est techniquement concevable, on trouverait deux Français pour remplacer dix Maliens. L'investissement serait-il rentable ?

    Il existe un problème de l'immigration. C'est un problème d'ordre politique, d'ordre culturel. Pouvons-nous conserver des Maghrébins, inassimilables qui sont ou vont être définiti­vement exclus du marché du travail ? Même nécessaire, leur départ ne libérerait que peu d'emplois et pas davantage la réduction de la durée du travail. Celle-ci est inévitable. Deux raisons permettent de l'affirmer sans trop de risque d'être démenti par les faits. Il faudra éviter le « chômage des machines » car la nécessité de les amortir de plus en plus vite conduira à les faire tourner en continu. Les patrons consentiront des aménagements d'horaires pourvu qu'ils acceptent de travailler même le dimanche. De plus, l'automation réduit la fatigue physique mais augmente la fatigue nerveuse, qui exige un temps de récupération plus long. Les réductions de la durée du travail devront correspondre à des gains de productivité sinon elle augmenterait les coûts de production, diminuerait la compétitivité de l'entreprise, ce qui lui ferait perdre des marchés et la contraindrait à licencier. Au bout du compte, le partage du travail supprimerait plus d'emplois qu'il n'en « créerait ».   A suivre  (A venir : Le travail ne manque pas mais l'argent pour le payer).

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    I     II     III     IV     V     VI     VII     VIII    IX     X    XI     XII     XIII

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/02/28/une-politique-pour-l-an-2000-de-pierre-debray-xiii-6030301.html

  • Politique magazine numéro de mars : « La France paysanne : une mort programmée »

     Un excellent numéro de Politique magazine, qui a le mérite de traiter - sujet ô combien important - du sort de la paysannerie française. Bien plus qu'un sujet économique ! Nous publierons dans les prochains jours les analyses d'Hilaire de Crémiers. LFAR

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Crise ou pas crise ? 

    CORSE : La double leçon

    SAHEL : La guerre continue

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • SYRIE : LA PROPAGANDE DJIHADISTE BAT SON PLEIN

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    Tout sauf Assad. Qu’Allah le bannisse ! Il assassine son peuple, celui qui est bloqué dans cette immense banlieue de la Ghouta-Est. Il le bombarde, le gaze, le carbonise. Bref, le tyran Assad, une fois de plus, est accusé du pire… Et les médias reprennent à l’envi les témoignages des habitants de ces quartiers populaires, se basant sur des vidéos postées depuis l’enfer.

    Le Monde, par l’intermédiaire de son correspondant basé à Erbil, Allan Kaval, se fait un plaisir de rapporter les récits de ces habitants qui racontent leur calvaire sur les réseaux sociaux, et notamment le récit d’un ado de 15 ans, Mohamed Najem.

    Présentant bien, ce jeune garçon aux yeux clairs et cheveux blonds bouclés n’a rien d’un terroriste ni même d’un bonimenteur, et pourtant, ses photos, ses vidéos, ses récits ne paraissent pas vraiment sortir de sa seule jeune tête. Nous avions vu ce phénomène à Alep, où la désinformation concernant les quartiers est n’a pu être vérifiée qu’une fois la paix revenue. Et là, rebelote pour la Ghouta orientale.

    RT, la chaîne de télévision russe qui a des envoyés spéciaux en Syrie, accuse carrément certains internautes de détournement de photos. Tel cet Américain d’origine syrienne, Samir Sharbek, qui, sur son compte Twitter, n’a pas hésité à montrer deux photos dramatiques mais qui avaient été déjà diffusées depuis Mossoul et Gaza ! Poutine vient, d’ailleurs, de démontrer que les obus djihadistes n’ont pas cessé de tomber sur Damas en déclarant qu’il ne tolérerait plus très longtemps les obus djihadistes tombant sur son ambassade de Damas. 

    À cette propagande pro-rebelle, Alexandre del Valle répond que les véritables criminels sont les djihadistes. Car qui sont ces rebelles dont la presse nous rebattent les oreilles ? Comme l’a souligné également Régis Le Sommier, mercredi, au micro d’Éric Brunet sur RMC, ces rebelles ne sont autres que des gens venant de multiples groupes radicaux ; l’Armée syrienne libre, à l’origine de la guerre civile, ayant pratiquement disparu, aurait donc laissé la place aux pires ennemis de la démocratie.

    Et ces dizaines de milliers d’habitant coincés dans les ruines de la Ghouta orientale ne sont rien d’autre que des otages servant de boucliers humains aux djihadistes de toutes tendances qui les empêchent de fuir vers la capitale. Ceux qui tentent cette fuite éperdue sont la cible des snipers. Mais cela, chut, personne n’osera le dire, et surtout pas l’OSDH, organisme officiel de la propagande pro-rebelle qui semble être la source principale d’information de nos confrères de la doxa. Rappelons-nous ces habitants libérés de l’emprise rebelle d’Alep qui ont dit leur soulagement de pouvoir enfin respirer. Il se passe exactement le même scénario, sous nos yeux, mais, hélas, pas sous les objectifs « objectifs » des caméras.

    La trêve demandée par l’ONU ne semble pas très effective, même si la Russie a décrété qu’un couloir humanitaire était ouvert entre 9 et 14 heures afin de permettre l’évacuation des habitants. Mais que peut faire une telle décision face aux snipers ? Le petit Mohamed Najem saura-t-il profiter de cette trêve pour échapper aux bombardements ? Ou préférera-t-il continuer ses reportages destinés à émouvoir le monde entier sur la situation de ses frères en islam ? Certains internautes l’accusent d’être un acteur à la solde de ceux qui le conseillent. CNN, qui utilise ses vidéos, annonce, d’ailleurs avec précaution, que les informations diffusées par le jeune « reporter » sont invérifiables…

    Avec la Ghouta orientale et Alep, nous voilà en tout cas dans une belle campagne d’intox. Une intox dont les deux camps sont devenus maîtres, avec un avantage certain, toutefois, pour le camp des « rebelles ».

    http://www.bvoltaire.fr/syrie-propagande-djihadiste-bat-plein/

  • Il y a 55 ans : mon grand-père Jean Bastien-Thiry

    De Benoît Gauthier pour les lecteurs du Salon beige :

    6a00d83451619c69e201bb09f6d216970d-800wi.jpgUne figure forte d’intégrité et de fraternité qui honore notre pays. C’est ainsi que je vois mon grand-père Jean Bastien-Thiry. Ce grand militaire qui, en 1962 alors que la crise des événements d’Algérie battait son plein, se révolta contre la politique menée par son pays et par le sort réservé à ses compatriotes musulmans et pieds-noirs. Il alla au bout de ses convictions en organisant l’attentat du Petit-Clamart en août 1962 contre le chef de l’Etat Charles de Gaulle. Arrêté, il dénonça sans langue de bois le pouvoir qu’il jugeait criminel, ce qui lui valut d’être condamné à mort et exécuté.

    Jean Bastien-Thiry inscrivit son action dans le cadre de la légitime défense de ses compatriotes. Homme de foi et de devoir, il se sentit pleinement concerné par le sort de ses concitoyens qu’il voyait menacés. Menacés physiquement dans l’immédiat en Algérie, mais aussi menacés plus globalement dans l’avenir par l’émiettement de principes moraux et de valeurs qui ont façonné notre civilisation, expliqua-t-il devant ses juges.

    Mon grand-père aimait profondément ses proches, mais avait fait le serment de défendre son pays et les valeurs qu’il représente en donnant sa vie s’il le fallait. Son premier devoir était la défense de l’Etat de droit et de ses « frères dans le malheur », comme il l’exposa lors de son procès. En visant le chef de l’Etat qu’il considérait indigne de sa fonction, le chef du commando du Petit-Clamart appelait notamment l’Etat au respect de sa première fonction régalienne: protéger tous les citoyens. Revenons au contexte des faits. Le conflit opposant les forces françaises et les forces indépendantistes algériennes se solde par les accords d’Evian de mars 1962 qui prévoyaient un cessez-le-feu en Algérie. Ces accords garantissaient en théorie la sécurité de tous mais furent rapidement oubliés par l’Etat français. Or les Harkis, ces Français musulmans fidèles à la France mais trompés par l’Elysée, et les pieds-noirs, furent livrés à la folie terroriste des «libérateurs » de l’Algérie. Véritable massacre de masse rendu possible par la complicité passive de l’Etat français, cette tragédie coûta la vie à des dizaines de milliers de Harkis - entre 80 000 et 150 000 victimes selon les historiens - et à plus d’un millier de pieds-noirs, tous citoyens français. Abandon cruel et honteux qui aurait matériellement pu être évité. Car en août 1962, au moment de l’attentat du Petit-Clamart, l’armée française était en Algérie sur les lieux de la tragédie, forte de plus de 100 000 hommes et parfaitement au courant de la situation. Mais elle resta immobile sur ordre du chef de l’exécutif alors que les massacres évoqués atteignaient leur paroxysme pour se poursuivre jusqu’au début de l’année 1963 et plus loin encore. Les archives de l’armée ouvertes en 2010 et mises en lumière par Jean-Jacques Jordi dans son ouvrage « Un silence d’Etat, les disparus civils européens de la guerre d’Algérie » sont sans appel sur la réalité de cette tragédie et du sort indigne réservé à ces populations.

    Quelques-uns, peu nombreux, ont voulu empêcher ce drame. Facilement qualifiés de « soldats perdus », ces militaires qui ont dit non à un abandon programmé de citoyens français, ont posé des choix en liberté.

    Mon grand-père n’était pas un ultra de l’Algérie française : il déclara d’ailleurs lors de son procès qu’il concevait différentes solutions pour l’Algérie, l’essentiel étant de garantir l’intégrité des personnes et de leurs biens qui étaient sous la responsabilité de la France.

    Ce soldat de la vérité a appliqué son principe de vie jusqu’au bout et avec dignité : « La vie doit être une ». Une dignité manifestée aussi lors de son procès dont la forme fut plus que douteuse.

    Car la manière dont furent jugés les membres du commando du Petit-Clamart interpelle et mérite d’être dénoncée, dans la mesure où le procès bafoua les principes fondamentaux de la justice ainsi que le principe de séparation des pouvoirs de notre République. En effet, aucun des piliers sur lesquels se fonde la justice française depuis le XVIIIe siècle et Montesquieu ne furent respectés par le tribunal d’exception chargé de l’affaire: ni l’impartialité, ni l’indépendance, ni les droits de la défense. Et pour s’assurer de la condamnation à mort de l’accusé, le chef de l’exécutif qui était alors juge et partie, fit voter en force au parlement la prolongation de cette Cour militaire de Justice que le Conseil d’Etat et son arrêt Canal avaient pourtant dénoncée quelques mois auparavant. Or une exécution sans respect de la justice n’est-elle pas criminelle et injustifiable pour un Etat de droit ?

    Ce grand-père s’est battu pour des causes qui sont nobles et éternelles : la fidélité à la parole donnée, le sens du devoir, la protection du désarmé et la défense de la civilisation contre la barbarie. Un combat difficile mais édifiant.

    Capture d’écran 2018-02-26 à 23.07.50Flyer  JBT 55 ans

    Michel Janva

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