L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat de son pays à Istanbul, a finalement été avoué par le pouvoir saoudien qui ne cesse de varier dans ses versions du drame. Une exécution qui a permis aux médias de se souvenir, malgré l’esprit d’ouverture tant vanté de son nouveau dirigeant Mohammed Ben Salmane, que ce pays vit sous un régime liberticide, féroce avec ses opposants. Et même criminel quand on constate la sauvagerie avec laquelle les forces saoudiennes interviennent au Yémen. Un conflit sanglant qui n’a pas soulevé chez nous un émoi comparable à celui qui a endeuillé la Syrie, alors même que la République arabe syrienne lutte pour sa survie, contre le terrorisme islamiste et les tentatives de dépeçage de son territoire national. Un sujet de réflexion certainement pour les parlementaires du groupe d’amitié France-Arabie saoudite à l’Assemblée nationale, composé principalement de députés macronistes ou de droite (médiatiquement plus connus) comme Olivier Dassault, Marc Le Furr ou Meyer Habib…
Donald Trump a évoqué très directement les mensonges du régime saoudien dans cette affaire Kashoggi. Une dépêche Reuters rapportait lundi que « Jared Kushner, conseiller à la Maison blanche et gendre de Donald Trump, a souligné l’importance essentielle de l’allié saoudien pour les Etats-Unis, ajoutant que Washington cherchait encore à établir les faits à propos de la mort de Jamal Khashoggi. Le président Trump, a-t-il poursuivi, est avant tout attaché aux intérêts des Etats-Unis.»
Au nom de la défense ce qu’il estime être ses intérêts, de la realpolitik diraient certains, l‘Oncle Sam ne s’est jamais soucié, outre mesure, du respect par ses commensaux des droits de l’homme et de la démocratie. Intérêts bien présents dans l’esprit de M. Trump qui s’était félicité en mai 2017, lors de sa visite officielle en Arabie saoudite, des contrats faramineux signés au profit des entreprises américaines entre les deux pays, alliés depuis l’après-guerre. Ce qui n’empêche pas Washington de maintenir la pression sur Ryad. On sait notamment que le président américain réclame instamment une augmentation de la production de brut, pour compenser l’embargo sur l’Iran et faire baisser le prix du baril…
La défense de l’intérêt national, au sens large, consiste aussi pour les gouvernants qui en ont la charge, à maintenir au sein des jeunes générations la flamme patriotique, le sentiment d’appartenance à une communauté nationale soudée notamment par une mémoire commune, la célébration des épreuves surmontées ensemble, au prix de grands labeurs, d’un grand courage et parfois de sacrifices inouïes. Ce fut le cas de la Première guerre mondiale dont nous commémorerons le centenaire et célébrerons la victoire le 11 novembre. Marine et une forte délégation du RN se rendront dans ce cadre à Verdun. Il est entendu que cette guerre fut une terrible boucherie préfigurant la suivante – ce qu’avait annoncé avec lucidité le grand historien Jacques Bainville à la lumière du funeste traité de Versailles – et qu’aucun pays européen n’en est vraiment sorti vainqueur, 1914 marquant au contraire le début du déclin de notre continent.
Pour autant, il est possible de s’interroger sur ce que rapportait Jean-Dominique Merchet sur son blogue Secret Défense le 19 octobre, à l’occasion de la présentation à l’Elysée, de « l’itinérance mémorielle et territoriale (sic) que le chef de l’Etat compte effectuer dans l’Est et le Nord de la France, à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918. » « Le sens de cette commémoration, ce n’est pas de célébrer la victoire de 1918. Il n’y aura pas de défilé ou de parade militaires , indique-t-on à l’Elysée, où l’on refuse une expression trop militaire . On précise que cela a été négocié avec l’Allemagne, la chancelière Merkel étant une invitée de marque des cérémonies.»
« Si les armées organisent leur propre cérémonie, le président de la République ne sera pas présent aux Invalides (pour rendre hommage aux militaires français), précise l’Elysée (…). L’idée de rendre hommage aux Maréchaux, et à travers eux aux officiers d’active, a du gros plomb dans l’aile. Au-delà du cas délicat de Philippe Pétain, c’est bien l’idée même d’un tel hommage qui coince en haut lieu. Le chef d’état-major des armées, grand admirateur des coloniaux Gallieni et Lyautey, devra trouver une autre occasion.»
Et quand ce n’est pas Mme Merkel qui s’oppose de concert avec M. Macron à la célébration de la victoire des armées françaises, nous pouvons compter sur la gauche sectaire ordinaire pour donner de la voix. Nous l’avons constaté dernièrement avec les hurlements des bien-pensants contre la décision du Conseil régional des Pays de la Loire de donner au lycée de Carquefou, près de Nantes, le nom d’un héroïque militant national d‘Action Française. En l’espèce celui de l’officier de marine Honoré d’Estienne d’Orves, un des organisateurs du réseau de résistance Nemrod, fusillé par l’occupant allemand le 29 août 1941.
La gauche et c’est là peut-être une de ses spécificités, mais aussi il faut bien le dire, une de ses forces, ne désarme jamais sur le front culturel, métapolitique. Elle ne lâche rien. Elle ne se résout jamais à abandonner dans l’espace public des symboles à l’adversaire afin de maintenir son hégémonie sur les esprits, quand bien même sa vision du monde serait -elle minoritaire et rejetée par nos compatriotes. Et ce, très souvent, avec la complicité d’une droite courbe et couchée qui n’a pas protesté en Ile-de-France contre la décision du maire communiste de Vitry (Val-de-Marne), Jean-Claude Kennedy, de donner au collège de la ZAC Seine-Gare, dont l’ouverture est prévue en septembre 2019 le nom du « collège Josette et Maurice Audin». Une volonté d’honorer, comme l’a fait récemment Emmanuel Macron, ce militant du parti communiste algérien, vraisemblablement abattu par l’armée française en tant que complice actif des terroristes poseurs de bombes du FLN qui tuèrent, mutilèrent des dizaines de nos compatriotes civils, hommes, femmes et enfants pendant la bataille d’Alger en 1957 (voir ici ou encore ici).
Les nationaux, eux, savent cependant dépasser les clivages ou à tout le moins les mettre de côté, quand il s’agit de défendre l’intérêt général du peuple français. Bruno Gollnisch en a apporté une nouvelle preuve hier lors de sa conférence de presse dans les locaux du parlement européen à Paris. Le député national a retracé dans le détail les persécutions politiques dont les nationaux sont la cible dans l’affaire dite des assistants parlementaires, donnant des preuves tangibles de notre bonne foi et a contrario de la duplicité, de la partialité, du double-langage des initiateurs de cette cabale. A cette occasion, il aussi tenu à témoigner sa sa « solidarité » avec Jean-Luc Mélenchon, dont il a compris la colère lors des perquisitions dont le dirigeant de LFI, son parti et ses collaborateurs ont été l’objet. « Forcément, le pouvoir veut couper les deux bouts de l’omelette. Les populismes, c’est l’ennemi ! » a-t-il relevé en commentant les attaques menées contre la principale force d’opposition qu’est le RN mais aussi contre LFI
Populisme qui était l’objet du débat mené le 17 octobre dans l’émission de Frédéric Taddeï sur RT,Interdit d’interdire. Invité à s’exprimer, le journaliste, essayiste et libraire François Bousquet a bien résumé les raisons de ce phénomène politique. La poussée populiste a-t-il dit, s’explique par le déni de la démocratie qui est apparu clairement aux yeux des Français lors du référendum de 2005 qui a rejeté nettement la constitution européenne, laquelle a cependant été ratifiée deux ans après par les parlementaires.
Un événement capital pour comprendre le sentiment du peuple français d’avoir été dépossédé de sa souveraineté. M. Bousquet a cité Pierre-André Taguieff qui note qu’« au cœur du populisme se trouve une demande d’hyperdémocratisme, de démocratie directe, de démocratie référendaire. « Comment se fait-il que LFI, le FN et Dupont-Aignan qui font 45% au premier tour, avec des gens qui ne votent pas, avec 4 millions de personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales, les abstentionnistes, aient (seulement) 4% des députés? Il y a un problème de représentation. Tous les peuples sont confrontés à ce problème de représentation, il y a un déni de représentation. Dans la demande populiste il y a un désir, une demande d’être réellement représentée. » Ce qui induit de se poser la question de savoir si un système pyramidal qui repose sur sa pointe et non sur sa base a de grandes chances de perdurer dans le temps? A moins de changer de peuple, cela apparaît très compliqué…
https://gollnisch.com/2018/10/23/le-vrai-clivage-qui-monte-qui-monte-qui-monte/