Le paysage politique français présente depuis une dizaine d’années une originalité avec le souverainisme (1) bien que la France n’en ait pas l’exclusivité, la Grande-Bretagne, la Suède et le Danemark possédant eux aussi une mouvance souverainiste (2).
Le souverainisme apparaît dans le champ lexical entre le référendum sur le traité de Maastricht en 1992 et le succès électoral de Philippe de Villiers aux européennes de 1994. Le terme vient du Québec où il a été forgé à la fin des années 1960 au cours de la « Révolution tranquille ». À cette époque, la société québécoise, longtemps restée catholique, conservatrice et rurale, s’émancipe de ses cadres traditionnels. Les Québécois quittent les campagnes, cessent de fonder des familles nombreuses, s’entichent des modes soixante-huitardes venues de Californie et d’Europe occidentale, contestent l’autorité établie. Cette protestation socio-culturelle développe assez vite une expression politique indépendantiste. En 1967, le général de Gaulle crie depuis le balcon de la mairie de Montréal un vibrant « Vive le Québec libre ! ». Dans ce contexte effervescent, les indépendantistes québécois se regroupent pour fonder, un an plus tard, le Parti québécois (P.Q.). Le programme péquiste revendique un Québec indépendant qui serait néanmoins associé, en matières économique et stratégique, à un ensemble pancanadien anglophone. Au pouvoir dans la « Belle Province » à deux reprises, les péquistes ne parviennent cependant pas à obtenir l’indépendance après l’échec de deux référendums d’autodétermination en 1980 et en 1995 (3).