Pierre-Henri Tavoillot *
L’État de droit et la démocratie sont unis par des liens sacrés. Sans le pouvoir (cratos) de l’État, le peuple est réduit à l’état d’impuissance. Sans le droit, il s’expose à l’injustice, car la loi de la majorité ne saurait l’autoriser à opprimer une minorité ni à bafouer les libertés fondamentales. Mais sans le peuple (demos), l’État de droit est inexorablement entraîné dans une dérive techno-bureaucratique à force d’empiler des règlements toujours plus nombreux et complexes. La démocratie contemporaine est donc un ménage à trois à l’équilibre aussi subtil que délicat, et il faut veiller à ce qu’aucun des conjoints ne prenne le pas sur les deux autres.