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culture et histoire - Page 1019

  • Les non-conformistes des années 30, précurseurs ou prophètes de malheur ?

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    643450568.2.jpgLes non-conformistes des années 30, comme les a appelés Jean-Louis Loubet del Bayle, ont écrit une page trop vite enterrée de l’histoire des idées politiques françaises. Emmanuel Mounier, Robert Aron et Thierry Maulnier, pour ne citer qu’eux, ont pourtant été les tenants talentueux d’une réaction salutaire, bien que finalement défaite, au triomphe des idées modernes en leur temps. 

    Les non-conformistes comptent parmi les oubliés de l’histoire des idées contemporaines. Pourtant, derrière cette appellation mystérieuse, se cache une génération d’auteurs virulents et ambitieux qui, faisant sien l’héritage de la pensée anti-moderne, lui aura permis de passer le cap du XXe siècle. Bien que très active, cette relève intellectuelle sera cependant restée confidentielle, signant l’échec d’un combat intellectuel déterminant.  Ce qu’Olivier Dard a appelé le « rendez-vous manqué des relèves des années 30 » est cependant, sinon le point de départ, le moment de la cristallisation d’un clivage qui perdure. Faute d’avoir percé en son temps, la génération des non-conformistes a de quoi inspirer les relèves actuelles. 
    Les non-conformistes, d’inspirations diverses, parfois rivaux, avaient en commun leur opposition au matérialisme galopant sous les bannières libérale et marxiste. Contre le matérialisme historique ou le libéralisme bourgeois, c’est avant tout le complexe d’une génération vexée de n’avoir pas encore pu décider des grandes orientations du monde à venir qui s’exprime dans les colonnes des revues Esprit, l’Ordre nouveau, ou celles de la Jeune droite — refuge de plusieurs dissidents de l’Action française.
    Vingtenaires et trentenaires projetés dans un monde fatigué, vieilli, ils perçoivent comme nombre de leurs contemporains (René Guénon par exemple, qui publie La crise du monde moderne en 1927) les signes de la dégénérescence avancée de l’Occident d’alors. Enfants du XXe siècle, ils voient dans la crise de civilisation d’un monde qui peine à sortir du XIXe le règne du « désordre établi », dont le symptôme premier est le mépris du  spirituel au profit du tangible, de l’utilitaire. Un désordre qui s’installe lorsque les remparts traditionnels aux manifestations intempestives de l’air du temps, Église catholique en tête, se mettent à le suivre. Désordre définitivement acquis lorsque l’ennemi, la société contaminée par l’esprit bourgeois, se drape de religion et parodie la spiritualité : provocation ultime, subversion intolérable pour ceux qui ont fait de Léon Bloy et de Georges Bernanos des maîtres.

    Et c’est une véritable agitation intellectuelle qu’a provoqué cette génération ambitieuse, dans de nombreuses publications périodiques, avec une prédilection évidente pour le genre du manifeste. À droite, Jean de Fabrègues et Thierry Maulnier se font remarquer, après avoir fait la preuve de leurs qualités d’intellectuels dans un registre plus méditatif, par leurs vitupérations et des titres violents aux accents insurrectionnels, dirigés contre le capitalisme et la démocratie des bourgeois. À ce titre, leurs positions rejoignent, à la fin des années 1930, celles des groupes dits d’extrême-droite, sans pour autant souscrire à la dimension raciale de leurs doctrines.

    Les plus inclassables des non-conformistes, sous la bannière de l’Ordre nouveau, préfigurent quant à eux à bien des égards les tendances décroissantes, anti-productivistes et écologiques actuelles. Daniel-Rops, Robert Aron ou Arnaud Dandieu comptent parmi les doctrinaires de ce mouvement aux aspirations très concrètes. Ils iront jusqu’à créer de nombreuses cellules de travail spécialisées — du juridique au médical — ayant vocation à souffler l’esprit nouveau de leur génération dans ces domaines, avec un succès tout relatif néanmoins.

    Enfin, plus sage — même si quelques-un de ses sympathisants, devenus militants et réunis au sein du groupe Troisième Force, font occasionnellement le coup de poing — et plus volontiers classée à gauche, la revue Esprit formalise la doctrine personnaliste. Doctrine humaniste fondée sur « la primauté des valeurs spirituelles », opposée à l’individualisme moderne. C’est principalement l’œuvre d’Emmanuel Mounier, dont la pensée rayonne alors largement chez tous les non-conformistes.

    Le cri d’une génération

    Radicale dans son opposition à l’air pollué du temps, cette génération a  considéré qu’elle n’avait d’autre choix que l’affrontement. Le non-conformisme s’est défini en réaction à la convergence manifeste de toutes les forces vers le désordre. Pire que les créations de la modernité, c’est la capacité de cette dernière à subvertir les institutions, les âmes et les traditions qui préoccupe cette génération. C’est ainsi qu’Emmanuel Mounier a emporté l’adhésion des nombreux chrétiens parmi les non-conformistes en affirmant : « Voici l’homme qui est né avec l’âge du confort. Qu’il soit apparu dans l’histoire avec un pareil contre-sens de l’homme, qu’il envahisse le monde chrétien, nous aurions déjà à nous en affliger. Qu’il soit en train de faire sauter le monde, nous crions gare et passons à la défensive. Qu’il fasse passer ses valeurs pour des valeurs chrétiennes, cette fois, il peut nous « avoir » partout ailleurs, il ne nous empêchera pas de témoigner contre son hypocrisie. »

    Société aux allures résolument contemporaines que cette société libérale embourgeoisée qui ne connaît plus aucun sanctuaire, qui réduit la personne à l’individu, et mène inlassablement l’assaut contre l’esprit. Dans une ambiance de fin de règne, société allègrement euthanasiée par les castes obsolètes des milieux politiques, intellectuels et, aujourd’hui comme hier, ecclésiales. Désordre total marquant une crise totale, dont la donnée économique est la nouveauté fondamentale. « Croyant gagner sa vie, l’homme a perdu la part éternelle de lui-même », lit-on dans le manifeste de la revue Réaction à laquelle collabore Jean de Fabrègues.

    Certes, les non-conformistes, dans leur diversité, se sont voulus révolutionnaires. Mais révolutionnaires dans l’esprit, avant tout, dans le cœur. L’action, entendue comme le coup de force et de poing — qui ne s’imposait sans doute pas comme une nécessité absolue dans le contexte de la France des années 1930 — était suspecte aux yeux de beaucoup d’entre eux. Ils se sont majoritairement attachés à rester intellectuels comme pour rester purs, et parler à l’âme sans jamais trop flatter les bas instincts de l’homme en masse, de la foule émue et manipulée. Dans un article définissant les « positions d’attaque pour l’Ordre nouveau », Arnaud Dandieu, Daniel-Rops et Robet Aron (pour ne citer qu’eux), avouent que : « Le groupe de l’Ordre nouveau n’a pas fait jusqu’ici beaucoup de bruit sur les places. C’est que nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. »

    Ils se sont arrangé avec l’idée même de révolution pour se faire les promoteurs d’une « révolution constructive », qui témoigne en réalité d’une attitude proprement conservatrice. C’était considérer que le désordre ambiant était déjà en soi une subversion, une destruction, en somme une ruine contre laquelle il n’y avait plus lieu de s’acharner. Il fallait retrouver l’ordre éternel, dicté par la nature humaine, au milieu de ces ruines, là était la révolution constructive.

    L’échec d’une métapolitique ?

    Le parallèle avec les révolutionnaires conservateurs allemands s’impose intuitivement. Mais là où les non-conformistes ont adopté une attitude conservatrice à des fins révolutionnaires, les Allemands ont été révolutionnaires en acte — dans un contexte qui l’imposait sans doute — à des fins conservatrices. La Révolution conservatrice est née d’une crise vécue, là où le non-conformisme a réagi à une crise perçue, mais nettement moins urgente, pressante et tangible. Il est certain que l’agitation, la crise profonde de l’Allemagne au lendemain du premier conflit mondial, a permis aux instincts révolutionnaires conservateurs de gagner du terrain, tandis que le non-conformisme, rechignant à se traduire en actes et demeurant somme toute fort confidentiel, n’a guère percé. D’autant moins qu’il s’est largement tenu à distance des différentes ligues et autres groupements, ce qui témoigne une fois de plus d’un non-conformisme sans concession. Mais c’était sans doute une erreur de diagnostic — un excès de naïveté ou un refus de pousser la dialectique jusqu’au bout — que de supposer que le désordre n’était pas lui-même une construction solide qu’il convenait d’abord d’anéantir, pour ensuite rebâtir. Opposer une aspiration à « l’ordre » au désordre établi revenait à ne pas admettre que le désordre n’est pas un chaos sans cause profonde, un ordre en lui-même, voulu et entretenu par une génération devenue obsolète aux yeux de cette jeunesse.

    La tentative échouée de ré-instaurer un ordre sain et véritable n’est sans doute pas pour autant le fait de la méthode choisie par les non-conformistes. C’est bien plutôt la vérification de ce que ce sont les révolutions qui font les véritables révolutionnaires, et non pas les prétendus révolutionnaires qui font les révolutions. Pour autant on peut regretter que la force, la cohérence et le talent de cette génération n’aient pas eu davantage de portée, et qu’elle n’ait pas perduré en tant que telle. Toutes ses tendances ont été éclatées par l’histoire, et respectivement digérées, si ce n’est détournées, par d’autres formations politiques et intellectuelles d’envergure. Mais le regard acéré de cette génération sur un monde agonisant, tout comme le patronage de ses pères spirituels et son attitude circonspecte, survivent. Les non-conformistes des années 1930 auront au moins créé, ou du moins renouvelé, une tradition d’intellectuels dés-engagés, impatients et irrécupérables.

    L’histoire retient le trio collaborationniste de Rebatet, Drieu La Rochelle et  Brasillach, mais ce ne sont certainement pas les chantres du fascisme ou du national-socialisme qui ont eu l’influence la plus importante sur la suite de l’histoire des idées. Les non-conformistes des années 1930 ont longtemps pu apparaître comme des prophètes de malheur, ils doivent sans doute être désormais regardés comme les précurseurs des tendances actuelles.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2017/04/20/les-non-conformistes-des-annees-30-precurseurs-ou-prophetes-5935070.html

  • Paris samedi 13 mai, colloque du Cercle de Flore : « Refonder le Bien Commun » en présence du Prince Jean de France

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    Colloque du 13 mai 2017 : REFONDER LE BIENCOMMUN

    Invité d'honneur le prince Jean de France, duc de Vendôme 

    L'intérêt général n'est pas la somme des intérêts particuliers. L’intérêt du moment n’est pas celui de l’avenir. Comment déterminer, aujourd’hui, dans le contexte actuel mais pour les générations à venir, ce qui est bien, juste, bon, durable, efficace, légitime ? Et comment s’assurer que la société mettra en œuvre les moyens nécessaires pour atteindre le but fixé ? Comment surtout ne pas tendre vers l’utopie mais s’inscrire dans la réalité, forcément mobile, de la nature, des êtres, des gens, des communautés, des peuples, des nations ? 

    Introduction :

    François Marcilhac, directeur politique de l’Action Française 2000 

    Table ronde 1 : BIEN COMMUN ET GOUVERNEMENT IDEAL

    Animateur : Stéphane Blanchonnet, président du Comité Directeur de l’Action Française

    Comment définir le Bien commun et peut-il être mieux servi par une forme de gouvernement que par une autre ? La participation politique des sujets sociaux à la vie de la Cité est-elle une condition, une marque du Bien commun ? Et quels sont ces sujets sociaux : personnes, familles, entreprises, associations, régions, peuples ? Ont-il tous un rôle à jouer ?

    + Guillaume Bernard, maître de conférences à l’ICES : "Le bien commun."

    + Pierre-Yves Rougeyron, directeur de la revue Perspectives Libres, Président du Cercle Aristote :" Les sujets sociaux." 

    Table ronde 2 : SUBSIDIARITE ET SOLIDARITE

    Animateur : Guillaume de Prémare, directeur-général d'Ichtus

    Le bon gouvernement ménage la liberté de chacun dans le cadre du bien commun poursuivi. Comment les individus conçoivent-ils leurs propres actions en fonction de ce bien commun, comment exercent-ils leur liberté, quelle réciprocité de services peuvent-ils ou doivent-ils mettre en place ?

    + Jacques de Guillebon, écrivain et journaliste La Nef : "Être un sujet libre."

    + Gauthier Bes, co-fondateur des Veilleurs : "Être un sujet engagé." 

    INTERVIEW DU PRINCE JEAN DE FRANCE. 

    Table ronde 3 : BIENS COMMUNS IMMEDIATS

    Animateur : Philippe Mesnard, rédacteur-en-chef de L’Action française 2000

    Si le bien commun doit être refondé, si la promotion de ce bien commun est nécessaire, si les formes du politique doivent être réinventées, il y a simultanément à ce chantier primordial une urgence sociale. C’est aujourd’hui que le bien commun de demain est menacé. S’engager dès maintenant, sans l’assurance de la meilleure forme politique et sans la légitimité du consentement des personnes et des communautés, est-ce déjà poser les bases, refonder ?

    + Charles de Meyer, président de SOS Chrétiens d'Orient : "L’urgence diplomatique."

    + Gabrielle Cluzel, écrivain et journaliste Boulevard Voltaire : "L’urgence sécuritaire."

    Conclusion :

    M° Jacques Tremolet de Villers, avocat et écrivain.

    Informations pratiques

    * Lieu : Espace Cléry, 17 rue de Clery, 75002 Paris.

    * Horaires :  14h-18h - colloque - 20h-00h - banquet

    *Tarifs : Colloque seul : 7€ (adhérent de l'Action française) 10€ / 20€ (soutien) Colloque + banquet : 20€ (adhérent de l'Action française)  30€ / 50€ (soutien)

    Renseignements : contact@cercledeflore.fr

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Islam et Laïcité : deux siècles ensemble

  • Il y a quatre-vingts ans, Pie XI condamnait le communisme

    Le 19 mars 1937 - il vient d'y avoir quatre-vingts ans - Ambrogio Damiano Achille Ratti (1857-1939), pape sous le nom de Pie XI (1922-1939), publiait l'encyclique Divini Redemptoris condamnant sans appel le communisme comme « intrinsèquement pervers ». C'était un pape qui savait parler en pape et qui osait dénoncer une erreur absolument nocive pour la foi, pour l'intelligence et pour la paix de nos vieux pays chrétiens.

    On me reprochera peut-être de parler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... Le communisme, pense-t-on souvent, c'est maintenant une vieille histoire ! Il semble en effet si loin, le temps où la guerre froide opposait Soviétiques et Américains et menaçait le sol européen ! En France même, nous avons fini de trembler devant la menace d'une révolution communiste comme durant les grèves insurrectionnelles de 1947-1948, par lesquelles le Parti communiste dit "français", alors à son apogée, préparait la prise du pouvoir. En 1981, encore, l'arrivée de l'allié momentané des communistes, François Mitterrand (1916-1996), à l'Elysée en remplacement du trop médiocre Valéry Giscard d'Estaing, qui, pendant sept années, avait accompli l'essentiel du programme des socialo-communistes, donna quelques sueurs froides à bien des Français. Tout cela a marqué les générations nées dans les années 40. Mais il y eut la chute du mur de Berlin en 1989 et l'effondrement, dans les années suivantes, de l'empire soviétique, comme un château de cartes ! Depuis lors, le parti communiste français ne semble plus représenter grand-chose...

    Au secours de la famille, de l’école et du mariage…

    Alors, aujourd'hui, on croit que tirer sur le communisme, c'est tirer sur une ambulance. Or, sachons ouvrir les yeux : le communisme pur et dur subsiste à Paris, rue de Grenelle, dans les murs du démentiel ministère de l'Éducation dite nationale, où pullulent nombre d'enseignants, de pédagogues, de psychologues, de technocrates et de "spécialistes", qui continuent de s'inspirer du plan Langevin-Wallon de 1947 selon lequel « c'est à l'Éducation nationale qu'incombe la mission de l'éducation pour tous les enfants », comme si les enfants appartenaient à l'État plus qu'à leurs parents.

    Le poison communiste demeure aussi dans l'esprit des prétendues élites françaises, lesquelles, même quand elles ont rompu avec k communisme ou n'ont jamais adopté sa façon de penser ou d'agir, restent marquées quand même par son idéologie, c'est-à-dire par le marxisme-léninisme qui est un matérialisme dialectique et qui explique la vie par l'évolution perpétuelle des forces matérielles au nom de quoi on ne croit à la Vérité durable de rien, mais à la force variable de tout. Ce qui explique le ralliement de tant d'hommes et de femmes, apparemment raisonnables, à toutes les idées détruisant notamment la famille. Ces personnes n'ont peut-être pas lu les principes du communisme rédigés par le théoricien Friedrich Engels (1820-1895) : « Le communisme transformera les rapports entre les sexes en rapports purement privés, ne concernant que les personnes qui y participent. Cette transformation sera possible du moment qu'il supprimera la propriété privée, qu'il élèvera les enfants en commun et détruira les deux bases principales du mariage actuel, à savoir la dépendance de la femme vis-à-vis de l'homme et celle des enfants vis-à-vis des parents. » Tout laisse à croire que ce genre d'idées ont envahi l'esprit de ceux qui, actuellement, rédigent des lois, dites de société, sur le mariage, la famille ou l'école.

    Dans Le Capital de Karl Marx (1818-1883), petit-fils de rabbin, on lit aussi « Il est absurde de considérer comme absolu et définitif le mode germano-chrétien de la famille » et dans le Manifeste du parti communiste, écrit vers 1848 par Marx et Engels « Sur quelles bases repose la famille bourgeoise d'à présent ? Sur le capital, sur le profit individuel. » Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine (1870-1924) préconisait, quant à lui. « Toutes les pensées des ouvrières doivent être dirigées vers la révolution prolétarienne. C'est elle qui créera également une base pour les nouvelles conditions du mariage et les nouveaux rapports entre les sexes. »

    Il était logique que de telles bases eussent conduit à l'union libre et à l'avortement légalisé par les institutions. Mais les communistes moscovites, se soumettant à la règle de l'efficacité, revinrent momentanément à des principes plus traditionnels lorsque la démographie devint inquiétante pour l'Union soviétique, base mondiale essentielle de la révolution - preuve que, dans cette philosophie du devenir et de l'évolution perpétuelle, où seule la transformation permanente par l'action est acceptable, n'est moral que ce qui sert le Parti, et la notion de famille est toujours au service de la révolution permanente.

    C'est sur ce point, entre autres, que Pie XI condamna sévèrement le communisme dans son encyclique : « En refusant à la vie humaine tout caractère sacré et spirituel, une telle doctrine fait nécessairement, du mariage et de la famille, une institution purement conventionnelle et civile, fruit d'un système économique déterminé. On nie par conséquent l'existence d'un lien matrimonial de nature juridico-morale qui soit soustrait au bon plaisir des individus ou de la collectivité et, par suite, on rejette l'indissolubilité de ce lien. En particulier le communisme n 'admet aucun lien spécial de la femme avec la famille et le foyer. [...] [En outre] on retire aux parents le droit de l'éducation, que l'on considère comme un droit exclusif de la communauté, c'est seulement au nom de la communauté, et par délégation, que les parents peuvent l'exercer. »

    Le matérialisme dialectique est encore dans tous esprits

    Toutefois, c'est tout le communisme que condamnait Pie XI comme « système rempli d'erreurs et de sophismes, opposé à la raison comme à la révélation divine [...] Pour la première fois dans l'Histoire, nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre tout ce qui est divin. Le communisme est, par sa nature, anti-religieux. » Le pape avait bien compris que le matérialisme dialectique était un athéisme total, refusant non seulement Dieu, mais tout ce qui a été créé par Dieu, n'acceptant donc aucune réalité stable, aucune vérité constante, mais s'opposant toujours à ce qui existe en le transformant par l'action révolutionnaire dans laquelle l’homme se crée lui-même et crée l'histoire dans le rejet de toute dépendance vis-à-vis de Dieu.

    Pie XI savait qu'il était de son devoir de mettre en garde les insouciants qui laissaient se propager des doctrines aussi néfastes. Car le communisme avait l'art de pénétrer dans les milieux les moins accessibles et d’obtenir des connivences en manoeuvrant les catholiques, sans outrager ouvertement leurs sentiments religieux, pour les éduquer par l'action commune sur le terrain humanitaire. Le pape ne se laissait pas duper : « Ainsi, voyant le commun désir de paix, les chefs du communisme feignent d'être les plus zélés Jouteurs et propagateurs du mouvement pour la paix mondiale ; mais en même temps, ils excitent à une lutte des classes qui fait couler des fleuves de sang et, sentant le manque d'une garantie intérieure de paix, ils recourent à des armements illimités. » Alors éclate cette énergique et solennelle recommandation pontificale : « Veillez, vénérables frères, à ce que les fidèles ne se laissent pas tromper. Le communisme est intrinsèquement pervers, et l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. »

    On vantait parfois devant Pie XI les progrès économiques obtenus par le communisme, mais cela ne l'impressionnait nullement « Seul l'homme, seule la personne humaine, et non la collectivité en soi, est doué de raison et de volonté moralement libre, tandis que le communisme, renversant l'ordre des relations entre l’homme et la société, appauvrit la personne humaine. [Il] dépouille l'homme de sa liberté, principe spirituel de conduite morale, il enlève à la personne humaine tout ce qui constitue sa dignité, tout ce qui s'oppose moralement à l'assaut des instincts aveugles. On ne reconnaît à l’individu, en face de la collectivité, aucun des droits naturels à la personne humaine ; celle-ci, dans le communisme, n’est plus qu'un rouage du système. »

    Avec cela, le communisme peut se vanter d'être responsable, si l'on compte les exactions commises sous les différents régimes communistes et les famines causées par leurs différentes politiques économiques, de plus de 85 millions de morts dans le monde. Quel système fut plus criminel ?

    Cette attitude de défense envers le communisme continua sous le pontificat suivant, celui d'Eugenio Pacelli (1876-1958), pape sous le nom de Pie XII (1939-1958), où, par un décret du Saint-Office de 1947, fut condamnée fermement toute forme de collaboration avec les communistes.

    Honte à Vatican II

    Puis vint le concile Vatican II (1962-1965) qui s'empressa découronner le Christ roi des nations, et fit adopter par les évêques du monde entier un profil bas ; les « pères conciliaires » refusèrent que fût réitérée la condamnation du communisme et cela suffirait à jeter le discrédit sur ce conciliabule, car, à ce moment-là, en dépit des sourires de Nikita Khrouchtchev (1894-1971) à l'Occident et de sa déstabilisation donnée en spectacle, le monstre soviétique et son rival chinois étaient encore en train de persécuter les chrétiens, d'en envoyer par fournées dans les Goulags, et de réprimer sans pitié les révoltes hongroises, tchécoslovaques, ou autres... Cette non-assistance à chrétiens en danger montre qu'à Vatican II l'Église catholique qui était « l’arche de salut des sociétés » qu'admirait tant Charles Maurras s’éclipsait !

    Après 1989, le communisme a amorcé sa descente, non pas aux enfers, mais dans les oubliettes momentanées de l'Histoire. Et ce ne fut pas grâce aux gesticulations de Wojtyla (1920-2005), dit Jean-Paul II (1978-2005), mais sous le poids de ses propres contradictions. Il a cessé en principe d'être une menace nos libertés, mais il n'en reste pas moins un danger pour les intelligences et les volontés trop souvent soumises à une mafia de penseurs et de théologiens de pacotille qui s'obstinent à diffuser les idées les plus subversives et les plus avancées, donc encore quelque peu marxistes. C'est pourquoi rendre hommage à Pie XI pour Divini Redemptoris ce texte prophétique et de validité permanente, était un devoir.

    Michel Fromentoux. Rivarol du 30 mars 2017

  • Pierre Boutang : « Le seul horizon politique, le Prince chrétien

    Conférence donnée à Marseille, le 3 mars 1988, sous la présidence de Pierre Chauvet, au siège de l'Union Royaliste Provençale. Titre : « L'horizon politique, le Prince chrétien ». [Durée : 1 h 46]. 

    Nous hésitons toujours à diffuser cette conférence – pourtant exceptionnelle - de Pierre Boutang. 

    A cause de sa médiocre qualité technique, pour commencer : l'enregistrement a presque trente ans ; et, même pour l'époque, ce n’était pas un travail de professionnel…

    Ensuite, Boutang lui-même donne à sa conférence un aspect décousu, alors qu'elle est, en réalité, très construite. Ordonnée mais foisonnante et familière. A son habitude. D’ailleurs, ce soir-là, on est nombreux mais en famille.

    Qu'importe ! Une conférence de Pierre Boutang, d'une heure trois-quarts sur la situation de la France, de l'Action française, du royalisme français et, si l'on veut, de la mouvance maurrassienne, cela est sans analogue. Il n'en existe pas d'autre.

    Et quelle meilleure pièce à verser au débat rouvert par Jean Birnbaum dans Le Monde ! Il pourra y vérifier les rapports de fidélité – infidélité de Boutang à Maurras et à l'Action française, leur degré et leur nature respectives ; il verra si Boutang y apparaît comme « ce fils qui a mis à mort un père aimé et défaillant » ; il verra bien aussi s’il y trouve confirmation d’un Boutang « acceptant désormais la République » ; sans-doute constatera-t-il encore que parmi les sujets de préoccupation grave dont traite Boutang [l’islam, l’Allemagne, l’extrême fragilité de notre civilisation ... ] Israël – quoi qu’il aurait pu en dire – n’est pas du tout évoqué. Etc…

    Il y a, nous semble-t-il, une autre raison, conjoncturelle celle-là, de trouver un intérêt particulier à cette conférence. Donnée à Marseille le 3 mars 1988, elle tombe en pleine période préélectorale. Le 1er tour de l'élection présidentielle qui verra la réélection de François Mitterrand, est fixé au 24 avril, soit à moins de deux mois. En introduction, Boutang rappelle le sujet - pour lui en rien anachronique - de sa conférence : « le seul horizon politique : le Prince chrétien ». Il énumère les constitutions et les régimes, toujours faillis, que la France a connus depuis la Révolution ; il évoque l'échéance présidentielle toute proche, passe en revue les candidats, caractérise chacun d'eux en quelques phrases, non pas indifférent mais avec distance ou, si l’on préfère, avec détachement, et constate in fine pour situer son sujet dans le contexte politicien : « C’est très ennuyeux : Tout le monde s'occupe justement de ce qui n'est pas mon souci ».

    Y a-t-il là comme un exemple pour l’Action française et, au-delà pour les royalistes, les patriotes, d’aujourd’hui ? Nous le croyons. S’il faut établir une hiérarchie entre notre participation à l’enjeu électoral en cours [elle va de soi] et notre véritable horizon, l’avantage va à l’évidence au second terme. Telle est ici, nous semble-t-il, en la circonstance, la leçon de Pierre Boutang. 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Comment « Le Monde » expose sur une pleine pagne signée Jean Birnbaum que « Boutang reprend le pouvoir »

    Au printemps 2016, alors qu’il dîne avec François Hollande à l’Élysée, l’acteur Fabrice Luchini évoque ses lectures du moment. Le comédien confie qu’il est plongé dans un livre de Pierre Boutang (1916-1998), poète éruptif, philosophe difficile et journaliste ­cogneur, en son temps pétainiste et disciple favori de Charles Maurras à l’Action française (AF). « Vous lisez Boutang ! C’est l’écrivain préféré de mon père ! », répond Hollande, au grand étonnement de son hôte.

    Mais, en l’occurrence, le président se révélait simplement normal. Car Boutang, depuis l’origine, c’est l’histoire d’un père qui revient sans cesse harponner les fils, faisant retour depuis les lieux les plus divers : un dossier du « Figaro littéraire » et un souvenir de Bernard-Henri Lévy, un ­livre de Patrick Buisson, mais aussi un dialogue télévisé avec le philosophe George Steiner, une réunion de La ­Manif pour tous ou une revue de chrétiens pro-israéliens.

    Relation au père

    Bien sûr, on doit commencer par mentionner l’enjeu biographique. Rappeler la relation de Boutang à son propre père, ingénieur déclassé, camelot du roi et grand lecteur du pamphlétaire antisémite Edouard Drumont : « Un jour, j’étais chez Boutang à Saint-Germain-en-Laye, se souvient Rémi Soulié, auteur de Pour saluer Pierre Boutang (Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016). Il a ouvert une commode, en a sorti une photo de son père, il avait les larmes aux yeux ».

    Mais Boutang le fils est à son tour ­devenu père, père biologique, père symbolique aussi, et l’aura qui est la sienne aujourd’hui reste largement liée à l’accueil protecteur que cet ogre normalien réserva aux jeunes gens venus frapper à sa porte. À ces fils adoptifs, Boutang parlait de Maurras, mais aussi de littérature et même du chanteur Renaud…

    Comme Rémi Soulié, Jean-François Colosimo, patron des Éditions du Cerf, fut de ceux-là : « J’avais 17 ans. Ce fut ­l’irruption du génie à l’état brut. Par la suite, quand je suis parti en Grèce, sans moyens, avec l’idée de vivre dans un ­monastère du mont Athos, Boutang me demandait au téléphone : “Où êtes-vous ? Donnez-moi votre adresse pour que je vous envoie de l’argent”. »

    Boutang a fait du lien paternel le fil rouge de sa vie mais aussi de sa pensée, et c’est ce choix qui lui confère aujourd’hui une influence renouvelée, au moment où une frange de la droite française renoue avec ce que l’écrivain hussard Antoine Blondin nommait « l’âge de Pierre »… Aux femmes et aux hommes qui cherchent à réarmer ­intellectuellement la famille réactionnaire, sa philosophie du père fournit des réponses dans au moins trois ­domaines : ceux de la filiation, du pouvoir et de la civilisation

    La filiation, d’abord. Plutôt qu’un territoire charnel, la France selon Boutang est une culture qui vous tombe dessus, une langue qui vous élit. Pour lui, l’héritage forme le seul horizon digne de ce nom ; c’est la gratitude qui nous jette en avant. « Dès le berceau, nous naissons avec une dette que nous n’avons pas contractée et qui est impayable : voilà l’idée anthropologique de Boutang », note la philosophe Chantal Delsol.

    Pendant Mai 68, Boutang enseigne au lycée Turgot, à Paris, et il sent d’emblée que l’insurrection en cours produira cette révolution du désir dont il combat certaines figures tutélaires : ­« Althusser à rien, Lacan à pas grand-chose », fredonne celui qui signera un essai intitulé Apocalypse du désir (Grasset, 1979). Au slogan soixante-huitard, « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! », Boutang semble rétorquer : « Marche, compagnon, l’origine est devant toi ! » Cette origine détermine toute vie humaine, dit-il, et elle est indissociable de la différence des sexes telle que la Bible l’a fondée (un héritage peu présent chez Maurras,­davantage travaillé par la mort que tourné vers la vie).

    « Une vraie influence sur le mouvement royaliste »

    Ainsi n’est-il guère étonnant que la pensée politique de Boutang ait inspiré une partie de La Manif pour tous. Certes, celle-ci est souvent « boutangienne sans le savoir », précise Gérard Leclerc, éditorialiste au journal Royaliste et à Radio Notre-Dame. Mais le lien existe, et il n’est pas que théorique : « Boutang a une vraie influence sur le mouvement royaliste, qui a lui-même plus d’influence sur les droites qu’on ne le croit. Un certain nombre de gens liés à La ­Manif pour tous viennent de là, et même quand il n’est pas explicitement cité, Boutang pèse », ajoute Chantal Delsol.

    « L’Action française est un peu la ­franc-maçonnerie des réactionnaires, ­confirme Francis Venciton, jeune militant de l’AF Provence. Parmi les fondateurs de La Manif pour tous, pas mal de gens sont issus de l’AF ou l’ont fréquentée, et nous avons contribué à orienter son argumentaire. » Or pour ces royalistes qui nourrissent les nouvelles mobilisations de droite, la voix de Boutang compte à nouveau. Après avoir longtemps été effacé pour raison de querelles internes, son visage est réapparu sur les autocollants de ­l’Action française. « Boutang revient en force à l’AF, constate Axel Tisserand, auteur d’essais sur le royalisme. Il permet de penser au moins deux questions qui ont été remises au centre par La Manif pour tous : celle de la filiation et celle du consentement populaire. »

    Après la filiation, donc, le pouvoir. Là encore, il y va d’un déplacement par rapport à la figure paternelle de Maurras. Quand celui-ci refusait toute souveraineté populaire et ancrait le pouvoir du prince sur l’autorité et la légitimité, son disciple indocile insiste sur un troisième pôle : celui du consentement. Dès lors, les monarchistes peuvent sortir de l’impasse émeutière et devenir non plus les démolisseurs de la démocratie, mais ses veilleurs impitoyables. Acceptant désormais le fait républicain, ils exigent que le pouvoir soit incarné par un père populaire.

    Antisémite de ­culture

    Voilà pourquoi Boutang finira par soutenir la Ve République gaullienne : « Pour Boutang, de Gaulle réunit les fils de l’histoire de France en coiffant la ­monarchie d’un bonnet de Marianne », résume Jean-François Colosimo. Voilà aussi pourquoi Boutang peut inspirer une partie de la droite contemporaine, comme en témoigne Jérôme Besnard, essayiste et membre de l’équipe de campagne de François Fillon : « Boutang a compris que la crise de légitimité produite par 1789 était toujours ouverte. Quand on l’a lu, on sait que pour retrouver cette légitimité il ne faut pas avoir peur d’aller au peuple. Après tout, de Gaulle a réalisé son coup d’État sans qu’un seul coup de feu soit tiré… » Et en dernière instance, là encore, toute légitimité d’avenir exige de renouer avec l’héritage spirituel de la France.

    Pourtant, cet héritage est-il exclusivement chrétien ? Après la filiation et le pouvoir, nous voici venus au troisième enjeu, celui de la civilisation. Par rapport à Maurras, Boutang a peu à peu ­accompli, ici, un déplacement encore plus douloureux. Antisémite de ­culture, auteur de textes et de gestes où suintait la haine des juifs, Boutang a fini par considérer que le nouvel esprit du sionisme prenait le relais d’une chrétienté défaillante.

    Alors que l’Europe politique devenait une construction supranationale, Boutang regardait Israël avec tendresse, car à ses yeux cette nation perpétuait les formes que l’Europe abandonnait : un État souverain, un peuple en armes, une identité millénaire. « L’homme européen ne se trouve pas éminemment en Europe, ou n’y est pas éveillé. Il est, paradoxe et scandale, en ­Israël », écrivait Boutang dans son journal, La Nation française, en juin 1967, à la veille de la guerre des Six-Jours. 

    Une nouvelle alliance judéo-chrétienne 

    Cinquante ans plus tard, alors que des figures de droite, comme l’ancien ­ministre de la défense Hervé Morin, appellent à « israéliser » la France en termes sécuritaires, les textes de Boutang nourrissent les arguments de [ceux qui prônent une nouvelle alliance judéo-chrétienne : « Le lien de Boutang avec Israël, c’est le lien non seulement avec l’origine du christianisme, mais aussi avec l’origine comme telle, qu’il faut sans cesse reconquérir, assure ­Olivier Véron, le patron des provinciales, qui republie des classiques de Boutang, dont Reprendre le pouvoir (1978). Quand on prétend faire face au terrorisme islamiste, on ne peut pas se contenter d’invoquer la République, il faut remonter aux sources de la civilisation occidentale, à ses sources juives et chrétiennes, qui fondent l’idée d’une société. Pour Boutang, cela impliquait de désobéir à Maurras, qui défendait l’héritage catholique sans prendre au sérieux la spiritualité. »

    Et de fait, qu’il ait pensé la filiation, le pouvoir ou la civilisation, à chaque fois Boutang a relancé l’héritage de Maurras dans une forme d’infidélité fidèle qui ne pouvait le laisser en paix : « Boutang n’a jamais vraiment trahi Maurras, note François Huguenin, spécialiste de l’Action française. En 1942, il a rejoint Giraud en Algérie, pas de Gaulle. De même, il n’a jamais rompu radicalement avec l’antisémitisme, comme l’ont fait les chrétiens après Vatican II. Dans les deux cas, pour lui, cela aurait été tuer le père ­publiquement. Or si Boutang a bien tué le père, c’est souterrainement. Un jour, il a failli me foutre dehors parce que je lui avais demandé s’il entretenait un rapport filial avec Maurras. Il hurlait : “Vous ne savez pas ce qu’est la ­paternité !” J’avais touché juste… »

    En 1958, dans un article important ­publié par la revue Esprit, l’historien Jacques Julliard affirmait que la pensée de Maurras avait constitué le seul grand effort tenté, au XXe siècle, « pour donner à la droite française une doctrine ferme et cohérente ». Aujourd’hui, alors que les idées de cette famille politique ont à nouveau le vent en poupe, certains de ses enfants sont tentés de ­renouer avec Maurras.

    Mais son nom est définitivement ­associé à l’aventurisme impuissant et à la collaboration sanglante. Désireux de se rebrancher sur cette tradition sans avoir à en assumer les erreurs et les compromissions, les nouveaux réactionnaires se tournent parfois vers Boutang, ce fils qui a mis à mort un père aimé et défaillant… pour mieux maintenir en vie sa famille. Par Jean Birnbaum

    Le Monde n°22462 du 31 mars 2017. 

    Reprendre le pouvoir, de Pierre Boutang, introduction de Olivier Véron, Les provinciales, 2016.

    La Politique, la politique considérée comme souci, de Pierre Boutang, postface de Michaël Bar-Zvi, Les provinciales, 2014.

    Le petit boutang des philosophes, introduction à la philosophie de Pierre Boutang, par Henri Du Buit, Les provinciales, 2016

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    Notre premier commentaire de l'article de Jean Birnbaum

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