Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1060

  • L’année de tous les dangers

    1715160180.jpgPascal Gauchon Directeur de Conflits

    États-Unis et Royaume-Uni font penser à ces jumeaux qui, séparés à la naissance, vivent des existences différentes et pourtant parallèles, connaissant aux mêmes âges les mêmes bonheurs et les mêmes coups du sort comme s’ils restaient connectés par un lien invisible. États-Unis et Royaume-Uni se sont séparés il y a plus de 200 ans. Pourtant ils suivent des cycles identiques.

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les idées et les partis progressistes dominent des deux côtés de l’Atlantique. L’américain Truman continue le New Deal mis en place par Roosevelt dans les années 1930, le britannique Attlee instaure le Welfare State. Face à eux, conservateurs et républicains restent passifs, comme à l’époque où Roosevelt appelait son concurrent Dewey le candidat me too – moi aussi – car il ne pouvait avancer la moindre idée originale. Quand ils reviennent au pouvoir dans les années 1950, Eisenhower à Washington et Mac Millan à Londres, ils se contentent d’agir en honnêtes gestionnaires du système inventé par leurs adversaires. Ils assistent impuissants à son approfondissement au milieu des années 1960 avec le président Johnson et le Premier ministre Wilson. Nixon et Heath tentent de réagir, mais échouent tous deux au début des années 1970.

    Dès lors la droite – appelons-la ainsi – se radicalise et adopte un programme libéral en opposition totale avec les idées progressistes. Elle accède au pouvoir en 1979-1980 : Thatcher et Reagan se réclament d’une idéologie de rupture et jettent les fondements d’un autre modèle à base de libéralisation et de mondialisation. Dorénavant ce sont les hommes de gauche qui deviennent les candidats me too et qui se contentent du rôle d’honnêtes gestionnaires du capitalisme libéral, Bill Clinton et Barack Obama comme Tony Blair.

    Le synchronisme est presque parfait. On peut l’expliquer par l’imprégnation d’une même philosophie politique qui doit plus à Locke qu’à Rousseau ; comme des jumeaux, les pays anglo-saxons ont la même hérédité. Ils partagent aussi la même addiction à la finance et au commerce qui les prédispose à suivre des politiques comparables.

    Il existe un cycle politique anglo-saxon. Sous l’influence de son voisin du Sud, le Canada en ressent les effets, parfois avec un certain retard : Stephan Harper, un clone de George W. Bush, devient Premier ministre en 2006 et Justin Trudeau, qui imite Obama, arrive au pouvoir en 2015. Plus éloignées, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont elles aussi affectées.

    Héritier de l’Angleterre impériale, le monde anglo-saxon forme un bloc que la géopolitique étudie peu. Le Brexit en juin et l’élection de Donald Trump en novembre le confirment. La plupart des experts se sont montrés incapables de prédire et même de pressentir les deux événements. Ils s’interrogent aujourd’hui sur leur signification – la révolte du peuple d’en bas, le rejet de l’establishment, le refus de la mondialisation, la réaffirmation des identités nationales. Un nouveau paradigme émergerait et l’onde de choc pourrait submerger l’ensemble des pays occidentaux – beaucoup s’en inquiètent. Comme après 1945, comme après 1980, les modèles venus du monde anglo-saxon ne sont-ils pas destinés à être copiés ailleurs ?

    Il est trop tôt pour trancher. Le Brexit n’est pas encore acté et ses adversaires cherchent à le vider de sa substance. On ne sait pas grand-chose des intentions de Donald Trump et rien ne dit que l’establishment républicain ne parviendra pas à le récupérer. Les votes de 2016 sont-ils un baroud d’honneur, dans ce cas la mondialisation, la banalisation des nations et la sécession de l’élite mondialisée reprendront leur cours ? Ou bien le monde prendra-t-il un cours opposé ?

    Beaucoup dépendra sans doute de la détermination de Théresa May et de Donald Trump. Qu’ils mollissent et leur électorat, une nouvelle fois déçu, retournera à l’abstention. Il est pourtant une vertu que l’on doit reconnaître aux peuples anglo-saxons et qu’ils ont démontrée au long de leur histoire : la ténacité. Les États-Unis de Trump et le Royaume-Uni de May en feront-ils preuve ?

    Conflits n°12, en vente en kiosques.

    Site de Conflits cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Les Réprouvés d’Ernst Von Salomon : Grandeurs et limites de l’activisme

    Bréviaire de plusieurs générations d’aventuriers et de militants (de « gauche » comme de « droite »), « Les Réprouvés » est l’analyse la plus fine des grandeurs et des limites de l’activisme. A travers le récit d’Ernst Von Salomon, on découvre une époque troublée où les explosifs les plus violents étaient les esprits embrasés et où les hommes pouvaient encore jouer à avoir un destin. « Nous croyons aux instants où toute une vie se trouve ramassée, nous croyons au bonheur d’une prompte décision ».

    « Peu importe ce qu’on pense. Ce qui compte c’est la manière de le penser »

    L’épopée romantique, ne doit pas faire oublier que ce récit est surtout un témoignage sur une expérience personnelle à laquelle l’Histoire a donné une dimension tragique. Von Salomon se garde de tomber dans le manichéisme, sachant par expérience que les idéologies ne sont que des masques pudiques pour les passions humaines. Reconnaissant la valeur de l’adversaire, que ce soit les insurgés communistes poursuivant sous d’autres drapeaux un combat comparable au sien ou bien Walter Rathenau, à qui il rend un hommage riche d’enseignement, il tire de son époque une morale de l’action qui transcende les clivages : « Agir, agir n’importe comment, tête baissée, se révolter par principe, tendre ses énergies par tous les moyens, avec toutes les audaces, le sang ne coule jamais en vain ! ». Les seuls être qui ne trouvent nulle grâce à ses yeux sont les bourgeois, leur lâcheté les lui rend à jamais méprisables.

    Malheureusement cet élan vital ne suffira pas pour faire triompher les valeurs portées par les « réprouvés ». Car le manque d’expérience politique et l’ignorance des forces en jeu amènera les soldats perdus à servir les intérêts de cette classe bourgeoise tant haïe. Qui ne s’enracine pas dans le peuple, se laisse emporter par le vent de l’Histoire. C’est toute l’ambiguïté d’une partie de cette génération de combattants qui s’était sacrifiée pour sa Nation. En réalité, celle-ci les avait cyniquement instrumentalisés alors qu’ils pensaient lutter pour des valeurs héritées, dignes d’êtres défendues. Néanmoins, ils s’étaient plutôt construit une Nation idéale mais, d’une certaine façon, concrètement vécue sur la ligne du front, au coeur de la guerre. Toutefois, que pouvait-elle valoir, lorsque que ces hommes revinrent à la vie civile? Condamner la médiocrité de la vie bourgeoise prosaïque témoigne bien d’une certaine conscience de l’aliénation vécue quotidiennement mais ne suffit pas, pour remettre clairement en question, les fondements du système ayant conduit à la boucherie de la guerre impérialiste.

    « La guerre est finie : les guerriers marchent toujours »

    Elevé pour servir un ordre qui s’écroule avec l’armistice de Novembre 1918, Von Salomon se retrouve orphelin d’un Empire idéalisé. Il va rejoindre les colonnes revenant du front et, qui comme lui se sentent perdues dans cette Allemagne au bord du chaos.

    Seules subsistent encore les valeurs guerrières forgées par les années de tranchées, la communauté fraternelle des camarades servant de refuge face aux bouleversement de leur époque. « La Patrie était en eux, et en eux était la Nation » écrit Von Salomon qui comprit que lorsque la majorité décide de capituler, il ne reste aux hommes libres qu’à rester fidèles à eux-mêmes.

    Ces troupes seront mises à contribution par la République de Weimar afin de liquider la révolution spartakiste dans un Berlin surréaliste, où la luxure des cabarets côtoie les derniers combats de rue. Sale besogne qui entachera les drapeaux des corps-francs. Les guerriers vont comprendre trop tard qu’ils ont sauvé leur pire ennemi, la bourgeoisie, et se condamner. C’est alors que vers l’Est de nouveaux combats éclatèrent. La nouvelle époque, celle du Baltikum, permit d’oublier l’amère « victoire » de Berlin. Voulant garantir les frontières de l’Allemagne à l’Est, ils furent utilisés par le système pour faire barrage à l’avancée communiste de la jeune Union Soviétique.

    Les « desperados de la Nation » traînèrent leurs guêtres de la Lettonie à la Silésie, combattant sans cesse pour finir une nouvelle fois poignardés dans le dos par le régime de Weimar. « Nous avons tendu la victoire comme une coupe précieuse sur nos mains prêtes au sacrifice. Mais ils l’ont laissé tomber par terre, et elle s’est brisée sur leurs pieds ». La marche vers l’Est avait été un moyen de fuir les bassesses de la démocratie, qui finirent pourtant par les rattraper. Leur retour à la vie civile les laissèrent sans repère : « A l’époque, l’Allemagne était pour lui un pays de soixante millions d’hommes qui avaient le sentiment de ne pas être à leur place et de quelques autres qui n’étaient pas du tout à leur vraie place ».

    La Nation Impossible

    Condamnés à revenir vers ce monde qu’ils fuyaient, soldats sans armée, il ne leur restait qu’à devenir des terroristes. Ce plongeon dans la clandestinité donne à l’aventure un tournant individualiste qui fait de Von Salomon plus un aventurier qu’un militant. D’abord, dans la Ruhr occupée par les alliés, puis en menant un activisme débridé contre l’Etat. La violence que ces soldats perdus exerceront contre leur propre gouvernement ne pouvait être comprise par les masses.

    Le choix d’assassiner Walter Rathenau s’éclaire au soleil noir d’un nihilisme refusant totalement une société négatrice de leurs valeurs (dont le ministre social-démocrate était l’incarnation intolérable). Il fut donc leur victime expiatrice, non du fait qu’il était le responsable de l’armistice ou parce qu’il était d’origine israélite, mais parce qu’il incarnait, par sa valeur, l’avenir du système…

    Fournissant la voiture qui servit aux lieutenant de vaisseaux Kerm et Fischer pour abattre leur victime, Von Salomon sera traqué dans sa tentative de retrouver ses camarades encerclés. Ils se suicideront pour éviter la capture, ce destin ne sera pas offert à l’auteur. Arrêté, il passera plusieurs années en prison. Au bout de trois années d’isolement, on l’autorisera à recevoir un livre, Le Rouge et le Noir de Stendhal et à en écrire un, Les Réprouvés. Dès sa publication, il exercera une fascination qui est loin d’être éteinte.

    Von Salomon à sa sortie de prison devra assurer sa survie par de multiple petits boulots, avant de trouver sa voie comme scénariste pour les studios de cinéma. Amoureux de la France, il s’installe un temps au Pays Basque. Toujours en contact avec la mouvance national-révolutionnaire, il observe la montée du nazisme. Après la prise de pouvoir par Hitler, il refuse les honneurs que lui offre le régime et s’enferme dans un «exil intérieur» comparable à celui d’Ernst Jünger. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il sera inquiété par les Américains . Ceux-ci n’ayant rien à lui reprocher au final, il sera libéré après plusieurs mois d’internement et reprendra son activité cinématographique,avant de mourir en 1972.

    Source

    http://www.voxnr.com/7466/les-reprouves-dernst-von-salomon-grandeurs-et-limites-de-lactivisme

  • Samedi dernier : c'était la journée de la fierté parisienne et la marche en honneur à Sainte Geneviève

    Samedi 14 janvier, l’association Paris Fierté invitait une nouvelle fois les Parisiens à venir célébrer la culture et l’histoire de leur ville.

    A 15 h, le public était accueilli sur une péniche pour se retrouver dans un bistrot guinguette à la parisienne. La péniche a vite été pleine à craqué, et la bonne humeur était de rigueur !

    fiertc3a9-parisienne-2017-7.jpg

    A l’issue de la journée, mille Parisiens se sont rendus aux flambeaux en l’honneur de Sainte-Geneviève. Les musiques populaires ont succédé aux slogans à la gloire de Paris, dans un spectacle son et lumière qui a ravi les passants.

    Le formidable succès de cette journée prouve, une fois de plus, que les parisiens ne sont pas prêts d’abandonner leur ville : demain comme aujourd’hui, ils défendront Paris !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Réflexions sur le terrorisme, face hideuse de la mondialisation

    Partons de l'idée qu'un chahid, un fou nihiliste, un illuminé ou un zélote abruptement radicalisé, appelez-le comme vous voudrez, « aime plus la mort que nous autres n'aimons ta vie » ! Parce que combattre le terrorisme c'est d'abord comprendre le phénomène sous tous ses aspects. Dire qui est qui et qui tire les ficelles, grosses, visibles ou invisibles. Lutter contre le mal c'est commencer par savoir le nommer. En désigner et en décrire les rouages et les organes, en identifier les tenants et les aboutissants. L'affaire est complexe et nous en sommes, avec nos faibles forces, réduits à tracer au sein de jungles inextricables, quelques sentes d'abatis, des layons, qui nous permettront peut-être de faire pénétrer un peu de clarté sous la voûte obscure de la selve.

    En vérité - parce que la vérité objective existe, ce que nient les nouveaux épistémologues, ceux qui prétendent que la réalité n'est que le regard, subjectif par définition, que nous portons sur les choses, une manière comme une autre d'abolir le mensonge d'ériger les falsifications médiatiques en science de l’information - les choses ne sont pas si complexes, surtout pour ceux qui, hasard ou curiosité exploratoire, ont ouvert le grand livre de l'Histoire. Livre où s'inscrivent en toutes lettres, narrées au passé, nos épreuves présentes. Tout y est dit, a été dit ou presque. L'homme certes évolue, mais lentement, à nous de repérer les constantes qui délimitent notre champ d'enquête. Ajoutons que sous la surface des mœurs modernes gisent encore tous les archaïsmes des temps anciens. Distinguons les formes actuelles, contingentes, des invariants qui nous habitent et nous charpentent. Il ne s'agit sans doute pas à proprement parler d'instincts, plutôt de superstructures comportementales qui ressurgissent selon les circonstances, situation. Ces résurgences qui nous surprennent le plus souvent ne sont pas en fait aussi inattendues ni profondément enfouies que l'on aurait tort de le croire.

    La destruction pour seul horizon

    Les familles des sacrifiés, ces fous de Dieu, se montrent volontiers, devant les micros et les caméras, incrédules ne voulant pas croire que leur fils, frère ou cousin puisse être le tueur froid qui vient de commettre un carnage... dans le théâtre du Bataclan, sur la Promenade des Anglais à Nice, ou à Berlin au pied de l'église du Souvenir ou plus loin à Orlando le 12 juin 2016, avec ses 49 morts dans un club gay, répétition du dernier carnage en date à Istamboul et ses 39 victimes de la Saint-Sylvestre. Des jeunes gens qui hier avaient pour la plupart épousé les vices de la société consumériste - drogue, alcool, vagabondage sexuel, délits en tous genres, parfois indicateurs des services de police tel Merah - se transforment du jour au lendemain en martyrs d'une croisade à rebours contre l'Occident mécréant. Y a-t-il ici contradiction ? Non, pas vraiment. Pas plus qu'il n'y en avait chez les terroristes de la Narodnaïa Volia - la Volonté du peuple de jeunes bourgeois acoquinés à d'authentiques apaches, qui, pour embrasser la cause des déshérités jetaient des bombes meurtrières sur les fonctionnaires de l'autocratie tsariste.. et s'enorgueillirent en 1881 de l'assassinat d'Alexandre II, le 13 mars du calendrier julien.

    Lequel empereur venait tout juste, par un oukase du 19 février, d'abolir le servage en octroyant aux paysans et à leur communes - mir - la moitié des terres possédés jusque-là par les hobereaux et autres barines. Observons en passant que l'histoire nous apprend que les tyrans que l'on abat au nom de la Liberté ne sont jamais aussi cruels que ceux qui leur succèdent. Les Narodniki s'inspiraient dans leurs actions, et avant Lénine, du Catéchisme révolutionnaire de Serge Netchaïev que Dostoïevski fit passer à la postérité par le biais de son roman Les démons.. Catéchisme dans lequel on peut lire qu'un enragé ne prônant que le terrorisme « ne connaît qu'une science, celle de la destruction »(1). Remplacez science par loi chariatique dévoyée à la mode wahhabite et vous aurez une copié/collé de l'une des idées motrices de nos modernes djihadistes.

    Nous ne reviendrons pas sur l'idée que la prédication surnuméraire d'Abdelwahhab (1703/1792) - parce qu'elle se surajoute aux quatre grandes Écoles jurisprudentielles de l'Islam postérieurement auxquelles fut close au XIe siècle l'exégèse coranique, l'ijtihad - s'est exorbitée de la foi pour n'être plus qu'une idéologie mortifère(2) Que cette idéologie et la rage normalisatrice et destructrice qui l'accompagne, sont sur le fond l'exact équivalent de cet autre messianisme armé - en principe athée - que fut le bolchévisme. L'islamisme radical est un lit de Procuste tout aussi meurtrier que l'est toujours - au moins potentiellement - la vulgate marxiste lénino-trotskiste et avant elle, les Grands égalisateurs devant l'Éternel que furent les Conventionnels et les Thermidoriens. Que si donc une comparaison s'impose, ne serait-ce qu'au regard de leur prosélytisme révolutionnaire et de leur esprit de conquête à échelle planétaire, ce sera du côté des Jacobins et des Communistes qui se, firent de féroces épurateurs en 1944, qu'il faudra rechercher le code-source, l'archétype du terrorisme moderne. À savoir la volonté de rédimer l'homme, avec pour corollaire une soif illimitée de destruction de tout, humains et monuments, ce qui pourraient porter la trace d'un état antérieur devant être aboli sans retour et de vive force. En Russie, à partir de 1918 et durant la Terreur rouge et comme à Phnom Penh en 1975, la callosité des mains sauvait ou signait l'arrêt de mort. Quant à l'arasement du passé, la cabale lourianique [Issac Louria 1534/1572] ne dit pas autre chose qui prêche la destruction des kellipot, ces urnes maudites enfermant la lumière divine qu'il convient de libérer après les avoir brisées. Or les kellipot ne sont rien d'autre que la gangue de l'histoire et les hommes qui la composent. Soit tout ceux qui interdisent, qui bloquent - tant qu'ils n'ont pas été anéantis ou recadrés - la grande restauration, tikkoun... Cela suppose donc la rédemption des nations par le fer, le feu, la disparition de la propriété privée, la collectivisation des terres, ou plus progressivement, de manière moins douloureuse mais tout autant efficace, la reconfiguration progressiste de nos société par le fisc, l'effacement des frontières, l'accueil volontariste de migrants invasifs, par la négation de la relation de cause à effet, par la théorie du genre... qui, elle non plus, n'existe pas ! Au-delà, par la diffusion à coup de pétrodollars d'une prédication molochienne salafo-wahhabite prônant l'extermination des apostats à commencer par les musulmans non fanatiques - et la conversion (ou la mort) des mécréants par la Terreur. Or quel que soit le loup, les brebis seront bien gardées et se serreront sous la houlette des bons pasteurs qui les conduisent aux abattoirs.

    Fanatisme et déséquilibre mental du métis culturel

    Chacun sait que l'entrée dans la vie s'accompagne d'une ivresse qui, sous sa forme la plus bénigne, se nomme romantisme. Les jeunes gens normaux ont soif d'aventures; d'épouser un idéal qui les grandisse. La rébellion contre les malfaçons du monde peut en être une et pour qui s'est fourvoyé un instant sur les sites de l'islam radical, nous savons combien les appels à la guerre sainte peuvent s'avérer envoûtants, en un mot : convaincants. Il y a une indéniable magie dans ces appels du large, dans ces psalmodies qui font, n'en doutons pas, vibrer certaines cordes ataviques enfouies dans les tréfonds de nos déracinés purs produits de la société ouverte, plurielle, métisse à l'identité incertaine et au déséquilibre prononcé… ersatz de musulmans mais le plus souvent vraies cailleras. Nous ne parlerons pas ici de leurs chefs dont la formation intellectuelle est parfois supérieure comme le montre le récent exemple de ce médecin radicalisé, interne à l'hôpital de la Timone à Marseille. Croyons cependant aux gènes dominants, à la mémoire des corps chargés des empreintes laissées par les aïeux. Gustave Le Bon, ce grand penseur aujourd'hui méconnu, se montrait convaincu que nos ancêtres pesaient plus lourd dans nos vies que tous les vivants réunis. Cela sous l'influence de ces « caractères invariables, legs des ancêtres, constituant l'âme collective d'un peuple ». Autant dire que chacun, d'Orient ou d'Occident, porte en lui, plus ou moins aigu, plus ou moins sauvage suivant son bagage héréditaire, le goût de la violence ou la propension à l'exaltation ou à la faim du sacrifice au service d'une cause transcendante. Appétence différente de l'un à l'autre et plus ou moins marquée selon les moments de sa vie. Qu'elle soit as justice sociale - en tout état de cause ce qui prétend l'incarner - ou de soumission à la loi divine telle que présentée par la dogmatique nihiliste du wahhabisme. En ce domaine peu importe le contenu, seule compte la mystique qui en forme la substance. Le résultat est là, non exhaustif mais terrible en soi... Prenons le cas de la Tunisie vivier et pépinière de djihadistes sur les six dizaines de milliers de combattants étrangers venus en Syrie affronter l'hydre de la mécréance, l'on n'en compte pas moins de cinq mille (sur onze millions de Tunisiens) auxquels l'on doit en 2015 quelques sinistres faits d'armes ! Musée du Bardo (18 mars, 22 morts), Sousse (26 juin, 39 morts), Tunis (24 novembre, 13 morts), en 2016 Ben Gerdane (7 mars, 49 morts) de Nice (14 juillet, 86 morts) et de Berlin (19 décembre, 13 morts). Des Égarés qui somme toute ne sont pas différents, sauf dans la perception qu'en ont les adeptes d'une lecture mythifiée de l'histoire, des 35 000 volontaires des Brigades internationales qui, entre 1936 et 1938, ont durant la guerre civile espagnol, participé à la lutte centre le fascisme. Le Bien centre le Mal et ceci en fonction du camp où l'on se trouve puisque désormais les guerres sont essentiellement idéologiques et même eschatologiques... et non plus directement d'intérêts matériels, dynastiques, territoriaux, commerciaux !

    Leçons d’histoire : balayer devant sa porte

    Des tueurs rouges, baptisés Républicains, dont les méthodes ne seraient certainement pas désavouées pas nos takfiristes contemporains. Car mis à part les islamistes les plus durs (ceux de l'ÉI que nul n'encense ouvertement), les démocraties occidentales considèrent que les terroristes modérés, en guerre contre le régime laïc de Damas - autrement appelés "rebelles" parce que le mots de résistants n'est hélas pas ici utilisable - sont tout aussi admirables et fréquentables que les marxistes révolutionnaires qui n'eurent de cesse de massacrer en Espagne le clergé catholique... À l'instar en Syrie de nos brigadistes sunnites radicaux avec les minorités hétérodoxes, alaouite, chrétiennes, yézidie, druze, Ismaélienne, et caetera. Ce parallèle - qui pourtant s'impose fera hurler les bien-pensants voulant ignorer que la barbarie s'invite dès que la morale naturelle ainsi que les lois et coutumes de guerre sont mises de côté. Ce que fit Washington lorsqu'il refusa à l'automne 2001 le statut de prisonniers de guerre aux Talibans vaincus déclarés prisonniers du champ de bataille... Comme Eisenhower l'avait déjà fait en 1945 pour les prisonniers allemands(3) Si le terrorisme vient aujourd'hui frapper à nos portes, admettons qu'en la matière nous nous sommes montrés d'excellents professeurs. S'il est coutumier que l'élève dépasse le maître, il serait cependant bon que la dive démocratie balayât un peu devant sa porte.

    Bref, que les takifiristes nihilistes et suicidaires soient la plupart du temps de la graine de mauvais garçons, rien n'est plus sûr. Nous assistons avec une naïve stupeur à la conversion mystique d'une violence sui generis, laquelle se coule dans la matrice théologique que leur imposent les oulémas wahhabites et leurs épigones des Frères musulmans. Les terroristes du social-démocrate Lénine, avant 1917, furent bien entendu et avant tout des scellerais pensons à la fascination morbide des progressistes pour le crime et les criminels - qui saisirent la formidable occasion d'exercer leur férocité, de donner libre cours à leur haine de la société et des hommes, cela sous couvert un idéal d'apparence grandiose. Oui nous sommes en guerre et cette guerre aujourd'hui larvée ne pourra que se développer, insidieusement, prenant des formes inédites et sournoises telles ses attaques de passants frappés au hasard dans la rue « pour le fun ». Une mode arrivée d'Amérique - mais dont l'un des précurseurs fut le pédomane philomarxiste André Gide, théoricien de l'acte gratuit et du meurtre par désœuvrement dans son roman fameux Les Caves du Vatican. Cela pour dire que la guerre qui nous est et qui nous sera livrée, nous en avons déjà exploré et décrit toutes les tribulations. Hélas, nous sommes appelés à payer maintenant le prix de nos inconséquences, de notre permissivité et de notre déshérence spirituelle. Et parce que haine et destruction sont contagieuses, nul ne sait où s'arrêtera l'incendie. Maintenant, afin de ne pas prolonger indûment ce soliloque, il serait urgent de savoir qui instrumente réellement ces fiancés de la mort ? Qui sème la dévastation au nom d'une quête de salut poursuivie à rebours ? En croyant suivre la Voie droite la Charia - loi divine, mais en se fourvoyant sans le comprendre sur les sombres et tortueux chemins de la Rédemption par le péché négatrice de la Loi... Sont-ce uniquement les djihadistes adossés à nos modernistes et prébendiers sociaux-libéraux ? Tous les naïfs et madrés qui escomptent qu'après le chaos ils verront l'aurore d'un nouvel Eden(4) ?

    Théorie du complot et théologie de la conscience

    Pour aller au cœur de cible posons tout de suite avec le Corriere délla Sera une seconde question qui éclaire la première. lors du « massacre de Berlin, pourquoi le terroriste a-t-il laissé ses papiers ? ». La police et les services antiterroristes en fouillant le camion ne découvrent pas immédiatement sous le siège du chauffeur la demande d'asile rejetée en juin 2016 que le Tunisien Anis Arnri a oubliée. Raison pour laquelle un Pakistanais de 23 ans est appréhendé puis relâché avec de plates excuses. Entre-temps, presque par hasard, un enquêteur découvre les papiers du terroriste dont on connaît le parcours européen exemplaire depuis son entrée par l'île de Lampedusa, son incarcération pendant quatre ans en Italie pour un incendie criminel et ses vagabondages couverts par l'immunité de l'hyper laxisme bruxellois. Il est intercepté fortuitement à Milan, en pleine nuit, et abattu par une patrouille dans le voisinage de la gare de Sesto San Giovanni à quelques encablures de l'endroit d'où était parti le camion polonais utilisé pour le massacre [ilmanifesto.info27déc16]. Or ça, si vous n'êtes pas tenant de la théorie du complot, vous devez l'être assurément devenu de la théorie de la coïncidence.

    Rappelons que les documents miraculeux deviennent sur les scènes de crime une sorte de routine : le passeport volage de Satam Al-Suqami qui, dans l'effondrement à la vitesse de la chute libre des Tours jumelles, réchappe aux poutrelles d'acier en fusion, pour venir se déposer sagement au pied d'un passant (celui d'Aziz Al-Omari - autre membre du commando pirate de New York - sera retrouvé dans un bagage ayant manqué la correspondance pour le vol détourné). Ou encore la carte d'identité de l'un des frères Kouachi, Saïd, retrouvée dans la voiture volée et abandonnée Porte de la Chapelle après le crime de la rue Nicolas Appert. Idem, à nouveau en France, après l'attentat du 14 juillet à Nice, un permis de séjour au nom du Tunisien Lahouaiej Bouhlel, connu des services de police pour des faits de violence et d'usage d'armes, est retrouvé dans le camion ayant servi au carnage de la Promenade des Anglais. Aucun de ces terroristes ne parlera ni ne passera en jugement, tous seront très vite liquidés.

    Alors qui se cache derrière les terroristes ? En première ligne des individus qui, comme le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, nous assènent que « nos valeurs, notre façon de vivre ensemble en liberté et notre ouverture sont nos meilleurs moyens de lutter contre le terrorisme ». Un homme qui préconise mezzo voce d'ouvrir en grand les frontières de l'Union afin que cesse le terrorisme islamiste. Ce pourquoi M. Junker, en lutte contre la « rhétorique de l'exclusion », prône de barrer la route aux dangereux populismes… parce qu'il est vital que « l'Europe continue à offrir un abri aux personnes fuyant les zones de guerre ». La Tunisie n'est pas une zone de guerre et pourtant…

    Le terrorisme, face hideuse de la mondialisation

    En mai 2014, Mehdi Nemmouche, binational franco-algérien, après avoir combattu une année en Syrie dans les rangs de l'État islamique, ouvrait le feu sur le Musée juif de Bruxelles. Le 13 novembre 2015, le Bataclan et le Stade de France étaient attaqués par dix islamistes dont sept revenaient de Syrie, deux autres d'Irak. À Bruxelles, en mars 2016, cinq djihadistes "européens" attaquent l'aéroport de la capitale de l'Union européenne. Tous avaient fait leurs classes en Syrie. Tous en effet fuyaient une zone de guerre... mais pour mieux allumer l'incendie en Europe. Les trois derniers attentats en Allemagne ont également été perpétrés par des escrocs à la demande d'accueil. À Wurtz-bourg, l'assaillant du train était un faux réfugié afghan de 17 ans. Pareil à Ansbach où un Syrien fait sauter sa ceinture d'explosifs dans un festival de musique après avoir demandé l'asile en Bulgarie, en Autriche et en Allemagne...

    Stupidité et/ou complicité de la part des dirigeants européens ? Une stratégie de contrôle des populations autochtones par la peur et le dévoiement de l'attention publique ? Au demeurant les véritables marionnettistes ne sont-ils pas ceux qui ont entrepris de redessiner la carte du Proche-Orient, quel qu'en soit le prix ? Ceux qui se sont engagés dans la voie d'une politique volontariste, à marche forcée, en faveur du brassage et du métissage des populations européennes dans le but de détruire à jamais le spectre d'identités nationales fondées sur une homogénéité ethnique, confessionnelle et historique ?

    Ceux-là sont les vrais donneurs d'ordre et pas seulement ceux qui payent, qui financent les voyages périlleux et les passeurs des faux réfugiés et vrais migrants à hauteur de dix mille euros par tête de pipe. Un nom vient immédiatement à l'esprit George Soros et ses richissimes Fondations. Mais ce serait oublier qu'il n'est que le prête-nom d'intérêts autrement plus puissants. Ceux de groupes qui se font les promoteurs d'idéologies véhiculant un messianisme révolutionnaire et dont les centres sont à Riyad pour le wahhabisme (lequel se diffuse grâce à un océan de pétrodollars et tend à s'imposer comme la nouvelle orthodoxie de l'islam), Londres et New York, Zurich et Francfort pour le mondialisme transgenre prêchant l'hédonisme consumériste hors-sol dans la fusion des races, des sexes, des cultures et l'amnésie générale. Un monde sans histoire, sans passé et sans avenir autre que celui de la termitière à échelle planétaire.

    La guerre sempiternelle

    Finalement que penser a posteriori de nos brillants causeurs qui, voici vingt ans, annonçaient l'échec de l'islam politique et la marginalisation du terrorisme condamné à devenir un épiphénomène ? Surtout sachant que le mal ne sera pas éradiqué par la reconquête des bastions de l'ÉI au Levant même si les rebellions armées déposent les armes et concluent un armistice durable avec l'État syrien ! L'idéologie virale wahhabite à n'en pas douter perdurera au Sahel, dans la Corne de l'Afrique, dans le Golfe de Guinée ou dans les grands réservoirs islamistes d'Asie. La signature le 29 décembre d'un accord de cessez-le-feu en Syrie sous le parrainage de la Russie et de la Turquie et validé par le Conseil de Sécurité unanime, ne règle rien sur le fond. Cela parce qu'il s'agit plus largement d'une guerre véritablement eschatologique du Bien contre le Mal faisant écho à la Guerre sans limites que l'Amérique lançait en défi aux Nations au lendemain du 11 Septembre. Autrement dit, la Croisade (le mot fut vite abandonné) que GW Bush annonçait le 16 septembre 2001(5).

    En retour les sites de Daech incitent et avec une éloquence certaine à la migration vers une Union européenne pour s'y livrer au djihad contre les "Croisés ». L'Europe, cet espace géographique sans visage qui fait tomber ses frontières pour mieux inviter sur son sol toute la misère du monde et l'écume corrosive du sous-développement, au prétexte d'accueillir les réfugiés des guerres qu'elle a elle-même allumées au service de l'Otan. Ce que confirmait encore, une fois de plus il y a quelques jours, ce 27 décembre à Ankara, l'ex-grand ami de Washington, le président Erdogan en déclarant « Ils [les États-Unis] apportent leur soutien aux groupes terroristes, y compris l'EI… Nous avons des preuves confirmées, avec des photos, des photos et des vidéos ». Inutile d'épiloguer.
    Or si Daech, scission/émanation d'Al-Qaïda, se mêle à la masse des migrants, c'est avec l'idée bien arrêtée de faire de l'Europe démographiquement agonisante, la Maison de la guerre, le Dar alharb. Il va de soi, qu'en accord avec le précepte maoïste, les égorgeurs se meuvent comme des poissons dans l'eau au sein des foules affluant vers un sous-continent atteint de sida mental, c'est-à-dire dont les défenses immunitaires, spirituelles et intellectuelles, se sont effondrées. L'Union n'étant qu'un conglomérat de peuples perclus de mauvaises bonnes intentions, de culpabilité pour tous les crimes réels ou imaginaires qu'ils auraient commis dans un proche ou lointain passé... croisades, traite négrière, colonisation, décolonisation et tutti quanti ! Autant dire que la guerre civile larvée en Europe est appelée à durer si une paix syrienne ne parvient pas à éteindre durablement l'incendie, le Qatar comme la Turquie s'étant ralliés à Moscou devraient cesser de l'alimenter. Reste toutefois l'Arabie et d'autres États voyous, du Golfe entre autres, mais pas seulement, pour armer les armées djihadistes avec des matériels achetés aux grands marchands d'armes, étatiques ou non. Une guerre intestine plus ou moins larvée, épisodique, mais inéluctablement destinée à s'étendre pour déboucher peut-être - à moyenne échéance, sur une guerre civile européenne ouverte. L'hypothèse, aussi désagréable soit-elle, ne peut cependant pas être totalement exclue…

    Le cancer terroriste

    Retenons de ce qui précède que le cancer chirurgicalement excisé a déjà métastasé au sein du milliard et demi d'hommes qui composent l’Oumma islamique, la « Communauté des croyants ». L'incendie n'est par conséquent pas près de s'éteindre puisque ceux qui prétendent l'éteindre sont également ceux qui l'ont allumé... Al Qaïda, la Base, officiellement fondée en 1987, est née en réalité au Pakistan à l'initiative de la CIA dès 1977, soit deux ans avant l'entrée des troupes soviétiques sur le sol afghan. Elle servira dé prétexte et de repoussoir sur plusieurs fronts de guerre. Ainsi en Bosnie, en avril 1992, puis en Yougoslavie en 1999 dans la guerre du Kossovo. En mars 2011, l'Otan ouvre les hostilités en Libye par le truchement de chefs d'Al-Qaïda tel Abdel-hakim Belhadj qui, après la chute de la Jamahiriya, ira porter la dévastation et la mort en Syrie(6).

    Des faits accablants pour les Euratlantistes, mais bien connus dé tous les observateurs avertis, et que viennent, une fois de plus, faire ressortir l'affaire des courriels de Madame Clinton divulgués par Wikileaks... des révélations si gênantes que la Maison-Blanche a tenté d'en minimiser l'impact en accusant les Services de guerre électronique russes d'en avoir été les initiateurs. Cela dans le but de peser dans la balance des élections présidentielles américaines au détriment du camp Démocrate. Une façon peu élégante de chercher à délégitimer (ou de jeter une ombre de suspicion), le nouveau président trois semaines avant sa prestation de serment, le 20 janvier 2017. Ajoutons que les signes négatifs se multiplient quant à un regain de tension Est/ Ouest, à commencer par l'expulsion des Etats-Unis de trente-cinq membres du personnel diplomatique russe. Mesure vexatoire à laquelle le Kremlin beau joueur ne répondra pas. Ayons en mémoire que le prix Nobel de la paix fut attribué en 2009 au président Obama « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples ». In fine, avec l'affaire Wikileaks, nous avons là une fort intéressante illustration de ces « efforts extraordinaires en faveur de la diplomatie et de la coopération » !

    Pour ceux qui n'auraient pas tout à fait saisi, l'Administration américaine n'aura jamais cessé ces trois dernières décennies de financer, d'organiser, de superviser et d'armer des groupes islamistes pour déstabiliser et détruire les Etats nations qui ne s'alignaient pas. Cette politique du « régime change » a montré ses limites. Les échecs se succèdent et finissent par se ressembler. Même l'État hébreu qui eût dû bénéficier de l'effondrement ou de l'affaiblissement des ses voisins, se révèle aujourd'hui, à la fin du mandat présidentiel de l'Américain Obama, particulièrement affaibli nonobstant les chasseurs-bombardiers de dernière génération F35 que les États-Unis lui livrent actuellement. Guérillas islamistes au sein desquelles se formeront et se recruteront les noyaux durs de l'ÉI et de ses succursales au Maghreb islamique, dans la Péninsule arabique, la Corne de l'Afrique, au Nigeria, en Asie. En mars 2013, le New York Times évoquera à plusieurs reprises le transfert au printemps 2011 d'éléments combattants, notamment en Syrie pour y renverser le régime baasiste de Bachar el-Assad. Un rapport du Pentagone du 12 août 2012 (déclassifié le 18 mai 2015), précisera que « les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie soutiennent en Syrie les forces qui tentent de contrôler les zones orientales », cela devant permettre « la possibilité d'établir un émirat salafiste en Syrie orientale » [cf ilmanifesto27déc16]. La messe est dite, Manhattan et Riyad, deux idéologies différentes, apparemment en guerre mais en apparence seulement, au final, un unique catéchisme subversif, un seul et même combat.

    Léon Camus Rivarol du 5 janvier 2017

    1) Le Catéchisme révolutionnaire dispose que le militant « au fond de lui-même, non seulement en paroles mais en pratique, a rompu tout lien avec l'ordre public et avec le monde civilisé, avec toute loi, toute convention et condition acceptée, ainsi qu'avec toute moralité. En ce qui concerne ce monde civilisé, il en est un ennemi implacable, et s'il continue à y vivre, ce n'est qu’afin de le détruire plus complètement » Règle n°2. Il « ne connaît qu'une science - celle de la destruction... » Règle n°3. « Il méprise l'opinion publique. Il méprise et hait dans tous ses motifs et toutes ses manifestations la moralité sociale actuelle. À ses yeux il n'y a de moral que ce qui contribue au triomphe de la Révolution ; tout ce qui l'empêche est immoral » Règle n° 4. « Jour et nuit, il ne doit avoir qu 'une pensée, qu'un but - la destruction la plus implacable. Travaillant froidement et sans répit à ce but, il doit être prêt à périr lui-même, et à faire périr de sa main tout ce qui empêche cet accomplissement ». Règle n°6.

    2) Voir Jean-Michel. Vernochet, Les Égarés - Le wahhabisme est-il un contre-islam ? Sigest 2013. Notons qu'en Tunisie dont il est beaucoup question ces temps-ci - dans les années quatre-vingts, la diffusion de l'islamisme radical s'est faite par le haut, dans les Universités, avec la conversion des militants trotskistes. Lesquels sont passés sans difficulté d'un messianisme révolutionnaire à un autre mieux adapté à leur culture et tout aussi porteur d'apocalypse. Un phénomène passé inaperçu de nos soi-disant islamologues parisianistes. Le djihadisme combat au premier chef ce qu'il considère comme l'apostasie, puis en second l'idolâtrie identifiée avec l'Europe croisée, mais en réalité postchrétienne. Nous sommes ainsi meurtris « non pas pour ce que nous sommes, mais pour ce que nous ne sommes plus, des chrétiens ». Peu après le 13 novembre 2015, l'ÉI s'était félicité d'avoir frappé Paris, cette capitale « qui porte la bannière de la croix en Europe ». Erreur d'appréciation, c'est un vieillard hors d'âge qui est égorgé dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray à la fin de la synaxe de Paul VI et les marché de Noël n'ont plus de Noël que le nom. « Il s’agit avant tout d'un marché dans une civilisation du Marché planétaire ». De fait les takfiristes ne s'attaquent pas à des symboles chrétiens mais à ceux de la société mercantile, ceux dévoués au culte de Mammon qui fait marchandise et commerce du reliquat de nos fêtes et traditions religieuses.

    3) Le 4 mai 1945 le commandant en chef des forces américaines en Europe, le Général Eisenhower, donnait l'ordre de traiter tous les vaincus de guerre allemands comme des « Disarmed Enemy Forces » (DEF), ce qui exonérait les vainqueurs de l'obligation d'appliquer les Conventions de Genève et conduisit l'hiver suivant à une politique délibérée d'extermination par « la faim et le froid » de plusieurs centaines de milliers de soldats, cela avec l'aval des plus hautes autorités des États-Unis. Par un même tour de passe-passe du Secrétaire à la Défense, les vaincus d'Afghanistan furent étiquetés « prisonniers du champ de bataille », soit en « illégal enemies combatant », ce qui permit notamment de recourir à un usage extensif de la toiture et autres traitements dégradants. De la base de Bagram à la prison d'Abou Graïb en Irak, l'Amérique démocratique a su administrer à l'humanité ébahie d'admirables leçons de civilisation.

    4) Suivant Sabbataï Tsevi (1626/1676), la Loi est la conséquence du péché originel. La rédemption, le retour à l'Eden primordial, la rend donc inutile et vide de sens. La faute, une fois rachetée, les actes au paravant interdits ou offensants deviennent de facto normaux. Plus avant, pour son disciple Nathan de Gaza, la loi est ce par quoi le péché se maintient en ce monde, puisqu'elle repose sur la connaissance du bien et du mal, fruit défendu goûté par Eve, source du mal. Chaque fois que nous observons la loi, que nous distinguons le bien du mal, nous répétons le geste du péché originel. Que faire ? Au paradis se dresse un aube arbre, l'arbre de Vie qui ignare les distinctions, les limitations, qui ignore la loi et sa contemplation marque l'achèvement de la rédemption, par-delà le bien et le mal. Il s'agit donc de détruire la loi. Aux yeux de Nathan, la Torah édifie un mur entre Dieu et l'humanité rachetée... « l'accomplissement de la Torah sera par conséquent sa transgression ».

    Pour retrouver la présence divine en sa plénitude, il sera nécessaire de s'aventurer là où la Torah perçue comme la Loi ultime nous interdit d'aller. Il est dès lors question de transgression et de descente dans les profondeurs de l'abîme afin d'y recueillir les étincelles de lumière divine qui s'y trouvent dispersées. Pour s'élever, nous devons donc ignorer et subvertir la loi afin de ne plus entendre dans la parole divine la menace sourde du jugement, mais la promesse d'un monde de félicité à venir [cf.lundimatin#27-13sep15]. Qui ne saurait voir dans cette vision eschatologique le fil rouge courant à travers les doctrines messianistes de libération de l'homme et de dépénalisation tous azimuts ? Un monde où celui qui dénonce le mal est coupable et celui qui commet le crime est une victime.

    5) « Le temps est maintenant venu de gagner de manière décisive la première guerre du XXI siècle. Cette croisade, cette guerre contre le terrorisme demandera du temps ». Conférence de presse du 16 septembre 2001.

    6) Ce qu'en dit le très désinformatif Wïkipédia. Belhadj a guerroyé en Afghanistan dans les années 1980. Il deviendra plus tard par la suite l'émir du Groupe islamique combattant en Libye. On le retrouvera successivement au Pakistan, en Turquie et au Soudan. En Irak, il combat aux côtés d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, chef d'Al-Qaïda mort en juin 2006. Arrêté en Malaisie par la CIA en 2003, interrogé à Bangkok, il est livré aux moukhabarats (SR) libyens en 2004. Il restera emprisonné jusqu'en 2009 jusqu'à ce qu'il soit gracié par Saïf ai-Islam Kadhafi qui a renégocié une trêve avec le Groupe islamique combattant. Aux dires de l'ancien Premier ministre espagnol, José Maria Aznar, Belhadj aurait été impliqué dans les attentats du 11 mars 2004 à Madrid. En mai 2011, il est au premier rang de l'insurrection contre Mouammar Kadhafi. Il se rend au Qatar et prend le commandement de la Brigade du 17 février, formée et armée par la France et les Émirats arabes unis. De retour en Tripolitaine, il participe à l'Opération française Sirène de l'aube, s'empare d'importantes réserves d'armes. Le 22 août 2011 il se proclame commandant militaire de Tripoli. L'Encyclopédie en ligne se garde bien d'évoquer le moins du monde le rôle joué ensuite par Belhadj en Syrie. Cf. Jean-Michel Vemochet, Retour de flamme - Les banlieues de Damas matrice du terrorisme, Sigest 2016.

  • Les liaisons dangereuses entre libéralisme et conservatisme

    51x9qlfyzdl_sx315_bo1204203200_.jpgConservateurs et libéraux ont souvent fait route ensemble, au risque de brouiller les frontières entre eux, alors que les différences sont de taille. Le conservatisme reconnaît ainsi l'existence d'un bien commun et promeut les communautés et les corps intermédiaires pour le réaliser, accorde une plus grande place à l'autorité charnelle et incarnée, aux hiérarchies ; il est sensible aux excès du projet politique moderne qui est au fond le projet libéral, articulé autour du rationalisme, de l'individualisme égalitaire et de l'utilitarisme. Il fait l'éloge du particularisme, croit à l'existence des peuples et à l'utilité des frontières, rappelle avec Disraeli que "les nations ont un caractère propre aussi bien que les individus", alors que l'anthropologie libérale conduit à al vision d'un individu planétaire unique appelé, à la fin de l'histoire, à être régi par un droit et un marché universels.
    "Roger Scruton, de l'urgence d'être conservateur", par Thomas Hennetier, Eléments, n°163