culture et histoire - Page 1064
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(2.9) Sur nos traces - Le voyageur gallo-romain
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Samedi 4 février, à Valenciennes :
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Tacite et la naissance du mythe germanique
Le mythe germanique est ancien ; on le lie souvent aux invasions germaniques.
Nietzsche en parle très bien dans la Généalogie, I, 11 :
« La méfiance profonde, glaciale, que l’Allemand inspire dès qu’il arrive au pouvoir — et il l’inspire une fois de plus de nos jours — est encore un contrecoup de cette horreur insurmontable que pendant des siècles l’Europe a éprouvée devant les fureurs de la blonde brute germanique (— quoiqu’il existe à peine un rapport de catégories, et encore moins une consanguinité entre les anciens Germains et les Allemands d’aujourd’hui). »
Mais si l’on veut comprendre le mythe germanique il faut relire Tacite. Il est le Maître. Je laisserai traîner du latin pour en inciter à s’y remettre (découvrez Remacle.org et Gutenberg.org sans négliger la traduction allemande de Paul Stefan).
Tacite, témoin du désastre de la civilisation romaine (comme Sénèque, Pétrone, Juvénal, tant d’autres, désastre si proche du nôtre) :
« Quant à la population, je suis porté à la croire indigène et moins mélangée qu’ailleurs par l’établissement ou le passage de races étrangères. Ipsos Germanos indigenas crediderim, minimeque aliarum gentium adventibus et hospitiis mixtos. »
Il frappe fort dès le début notre Tacite, et il maintiendra la pression jusqu’au bout dans ce poème en prose écrit à la gloire d’une race presque idéale.
«Ils ont un autre chant, appelé bardit, par lequel ils excitent leur courage, et d’où ils augurent quel succès aura la bataille ; car ils tremblent ou font trembler, selon la manière dont l’armée a entonné le bardit. Et ce chant semble moins une suite de paroles que le bruyant concert de l’enthousiasme guerrier. »
Il en remet une couche sur la pureté de cette race :
« Du reste je me range à l’avis de ceux qui pensent que le sang des Germains ne fut jamais altéré par des mariages étrangers, que c’est une race pure, sans mélange, et qui ne ressemble qu’à elle-même. »
Et là lisez bien le latin :
Ipse eorum opinionibus accedo, qui Germaniae populos nullis aliis aliarum nationum connubiis infectos propriam et sinceram et tantum sui similem gentem exstitisse arbitrantur:
Tacite accomplit sa description physique :
« De là cet air de famille qu’on remarque dans cette immense multitude d’hommes : des yeux bleus et farouches ; des cheveux roux ; des corps d’une haute stature et vigoureux pour un premier effort, mais peu capables de travail et de fatigues, et, par un double effet du sol et du climat, résistant aussi mal à la soif et à la chaleur qu’ils supportent facilement le froid et la faim. »
La richesse chez les Germains est dans le troupeau :
« On aime le grand nombre des troupeaux ; c’est la seule richesse des Germains, le bien qu’ils estiment le plus. Les dieux (dirai-je irrités ou propices ?) leur ont dénié l’or et l’argent. »
Leur société parfaite est élitiste et égalitaire :
« Dans le choix des rois, ils ont égard à la naissance ; dans celui des généraux, à la valeur : et les rois n’ont point une puissance illimitée ni arbitraire ; les généraux commandent par l’exemple plus que par l’autorité. S’ils sont actifs, toujours en vue, toujours au premier rang, l’admiration leur assure l’obéissance. »
On n’obéit qu’au chef digne. Les décisions importantes sont collectives.
Tacite fait allusion à la puissance des bois sacrés :
« Ils ont des images et des étendards qu’ils tirent de leurs bois sacrés et portent dans les combats (effigiesque et signa quaedam, detracta lucis, in proelium ferunt). »
Il poursuit sur le caractère sacré des bois :
« Ils consacrent des bois touffus, de sombres forêts ; et, sous les noms de divinités, leur respect adore dans ces mystérieuses solitudes ce que leurs yeux ne voient pas. lucos ac nemora consecrant, deorumque nominibus appellant secretum illud, quod sola reverentia vident ».
Il explique pourquoi au combat les germains sont redoutables.
« Mais le principal aiguillon de leur courage, c’est qu’au lieu d’être un assemblage formé par le hasard, chaque bande d’hommes à cheval, chaque triangle d’infanterie, est composé de guerriers unis par les liens du sang et de la famille. »
Enfin on comprend comme Siegfried le chant des oiseaux :
« …car on sait aussi, chez ces peuples, interroger le chant et le vol des oiseaux. Un usage qui leur est particulier, c’est de demander même aux chevaux des présages et des révélations. »
Mais Tacite est fasciné aussi par la condition féminine ici :
« Aussi vivent-elles sous la garde de la chasteté, loin des spectacles qui corrompent les mœurs, loin des festins qui allument les passions. Hommes et femmes ignorent également les mystérieuses correspondances. Très peu d’adultères se commettent dans une nation si nombreuse, et le châtiment, qui suit de près la faute, est abandonné au mari. »
On est loin du beau sexe, du maquillage et du vain marivaudage. La femme chasse même avec le mari.
« La même chasse nourrit également les hommes et les femmes : car celles-ci accompagnent partout leur mari, et réclament la moitié de la proie. Idemque venatus viros pariter ac feminas alit. Passim enim comitantur, partemque praedae petunt. »
Elles interviennent du coup dans les batailles ces femmes :
«On a vu, dit-on, des armées chancelantes et à demi rompues, que des femmes ont ramenées à la charge par l’obstination de leurs prières, en présentant le sein aux fuyards, en leur montrant devant elles la captivité, que les Germains redoutent bien plus vivement pour leurs femmes que pour eux-mêmes. »
Evidemment la femme a une dimension sacrée et initiatique :
« Ils croient même qu’il y a dans ce sexe quelque chose de divin et de prophétique (Inesse quin etiam sanctum aliquid et providum putant): aussi ne dédaignent-ils pas ses conseils, et font-ils grand cas de ses prédictions. »
Il semble bien que notre maître Tacite, témoin lucide de l’effondrement moral du grand peuple romain, ait regardé d’un œil admiratif cette race sublime épargnée par la civilisation ; et qu’il ait comme célébré un univers parfait avec un peuple magique.
http://www.voxnr.com/7378/tacite-et-la-naissance-du-mythe-germanique
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Michel Déon, bien au-delà des Hussards…
L’écrivain et académicien Michel Déon s’est éteint hier, à l’âge vénérable de 97 ans et après avoir offert plus de 40 romans à la littérature française dont il restait l’un des plus élégants et brillants représentants.
Maurrassien, ancien secrétaire de rédaction de l’Action Française, Michel Déon n’était pourtant pas un esprit très politique, mais bien plus un romantique, un aventurier et un rêveur. Il se plaisait d’ailleurs à entretenir des amitiés et des centres d’intérêts dépassant les clivages idéologiques et les sectarismes partisans. Il était beaucoup plus sensible à la qualité humaine qu’aux étiquettes politiques et aimaient les hommes droits, fidèles, courageux et sensibles aux beautés comme aux failles du monde.
Si l’histoire retiendra son appartenance au fameux groupe des « hussards », en compagnie de Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin, il se plaisait lui-même à expliquer le caractère largement artificiel et ponctuel de ce « rapprochement ». Il n’aimait pas se sentir enfermé dans ce « concept » idéologico-publicitaire assez largement adolescent. Il aura même, à la fin de sa vie, des mots très durs sur la qualité littéraire et la pérennité de l’œuvre du dandy Nimier.
Au-delà de son œuvre, considérable, empreinte tout à la fois de fougue et de mélancolie, Michel Déon était également de ces hommes que l’on dit avec tristesse et nostalgie « d’un autre temps ». Cultivé, courtois, amical, élégant, frondeur… Très français, peut-être trop, ce qui peut expliquer son exil irlandais lui permettant d’échapper au spectacle de la déréliction et de la déliquescence de sa patrie tant aimée…
A l’occasion d’un numéro de la petite revue littéraire que je l’ai plaisir de co-animer avec le camarade Patrick Wagner, « Livr’arbitres », nous l’avions contacté pour solliciter un texte de sa main. Il s’était montré d’une grande disponibilité et d’une extrême amabilité… Depuis lors, il était devenu un « ami » de la revue et nous adressait régulièrement ses encouragements, ses conseils et ses vœux… J’avais bien évidemment été très touché par cette attitude et cette bienveillance qui contrastent tellement avec la morgue et la frénésie narcissique que l’on croise désormais si souvent chez les jeunes écrivaillons qui, après avoir publié deux autofictions pour trentenaires dépressives, se prennent pour des génies littéraires et ne rêvent que de passages chez Laurent Ruquier pour vendre leur soupe et baiser des fans... Autre temps, autres mœurs… Et c’est en faisant ce constat amer que l’on ressent encore plus douloureusement la disparition du grand écrivain.
Le meilleur moyen de lui rendre hommage, c’est bien sûr d’honorer sa mémoire à travers ses livres qu’il faut lire, relire et faire découvrir aux plus jeunes générations, en commençant peut-être par « Les poneys sauvages » ou le merveilleux « Je vous écris d’Italie ».
Xavier Eman / C.N.C.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/
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Parution en janvier chez Pardès : Mesure de France de Pierre Drieu la Rochelle
Dans les bonnes librairies ou sur commande à
Pardès 44 rue Wilson 77880 Grez sur Loing
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2017, en toute simplicité #3 : « Schengen, c'est quoi ? »
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(2.14) Sur nos traces - Le commerçant
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La guerre des mondes voulue par le mondialisme
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Un peu d’islamologie pour 2017
« De Mulhouse à Strasbourg » comme dans la chanson, mais même à Nice ou à Paris, les marchés de Noël sont sous haute surveillance de crainte des attentats djihadistes (dont l’un, prévu pour la période de l’Avent dans la capitale, aurait été télécommandé de Syrie mais déjoué en novembre selon Bernard Cazeneuve, qui a annoncé le démantèlement du réseau), ainsi que les églises où plane l’ombre du père Hamel, égorgé en pleine messe par des fous d’Allah le 26 juillet à Saint-Etienne de Rouvray. C’est dire que, cette année, l’« esprit de Noël » n’est pas, si l’on ose dire, à la fête.
Pour rester dans l’air du (mauvais) temps, et mieux connaître ceux qui nous l’amènent, pourquoi ne pas s’offrir, ou offrir, quelques livres sur la religion dite « de paix et de tolérance » ? Cela tombe bien, les vitrines en regorgent.
« L’islamo-business, vivier du terrorisme », de Jean-Paul Gourévitch
Docteur en sciences de l’information et de la communication, ancien enseignant à l’Université de Paris XII et spécialiste de l’Afrique et des migrations, Jean-Paul Gourévitch est l’auteur de multiples ouvrages sur la question dont le fameux Les migrations pour les nuls, La Croisade islamiste, mais aussi L’Immigration, ça coûte ou ça rapporte et, tout récemment, Les migrations méditerranéennes en 2015 dont il chiffre le coût pour les contribuables français à 1,38 milliard d’euros. Tous ces travaux ont conduit celui qui se définit comme « ni islamophile ni islamophobe » à s’intéresser aux sources de financement du djihadisme, et notamment à l’« économie informelle (« travail illégal + fraudes [sociale, fiscale, dans les transports publics] + contrefaçons et piratages + trafics divers + vol + prostitution) », dont il avait déjà, en 2012, estimé qu’elle « représentait 17% du PIB national, soit 340 millions d’euros… avec une perte pour l’Etat de 60 milliards d’euros ».
Gigantesque business, donc, qui, affirme notre auteur, alimente les filières terroristes dont l’équipement n’est guère coûteux – 1000 euros pour une kalashnikov, trois à quatre fois plus pour un bazooka – et assure « une large redistribution au niveau du groupe, du quartier et des organisations “amies” auxquelles sont octroyés des “dons” ». D’autant qu’au niveau international s’y ajoutent, outre les subsides considérables versés par les régimes musulmans voulant acheter la paix religieuse, telle la famille royale séoudienne qui, à elle seule, allonge « 12 à 15 milliards de dollars, l’argent des rançons, que la France affirme vertueusement ne pas payer, mais on n’est pas obligé de la croire, celui de la piraterie finançant le djihad des shebab somaliens, mais aussi, dans les pays arabes, et comble de cynisme : la jizya, payée par les dhimmis ; censée leur donner droit à la protection, elle est le plus souvent utilisée pour financer les achats d’armes et rémunérer les combattants »… dont l’objectif est l’extermination des chrétiens. Comme on l’a encore vu le 11 décembre au Caire où un attentat à la bombe revendiqué par l’Etat islamique a massacré plus de vingt-cinq Coptes orthodoxes en pleine messe dominicale !
Dans ce livre fourmillant de renseignements et de chiffres puisés aux meilleures sources, Jean-Paul Gourévitch ne se borne pas à disséquer les sources de l’argent sale et surtout salement utilisé par les partisans d’un Califat à vocation universaliste : il étudie également les zones géographiques les plus touchées par l’islamisme de combat, soit l’Indonésie, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, la Corne de l’Afrique, l’Afrique subsaharienne et le Maghreb, en particulier l’Algérie, rongée par le chômage et la corruption et « engluée dans une culture de guerre qui conjugue islamisation et moralisation » – mais le Maroc n’est pas indemne, qui serait « le pays le plus vulnérable de l’axe méditerranéen » car « la mouvance islamique s’y nourrit du mal-être d’une population dont près de la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté » et qui est « tentée par le retour au fondamentalisme, surtout dans les villes où la pauvreté attise la haine ».
Or, c’est de la trop prolifique Afrique subsaharienne, du Maghreb et maintenant d’Erythrée ou de Somalie que viennent la plupart de nos immigrés et des actuels migrants qui, déçus dans leurs rêves d’Eldorado européen, se tournent vers les imams exacerbant leurs rancœurs et/ou sombrent dans la délinquance, ce qui les conduit en prison où la propagande ultra-islamiste fait rage. Envoyés au trou pour vols, trafic de haschich ou outrages à « personne dépositaire de l’autorité publique », nombre de petits voyous, à peine élargis, ambitionnent de se sublimer en « soldats du Califat » comme le montre l’auteur en étudiant « les étapes de l’itinéraire » vers le Djihad. Etapes facilitées par le tentaculaire et protéiforme islamo-business et par l’énorme flux de capitaux qu’il engendre.
« J’étais pas au courant que c’étaient des terroristes ! », de Philippe Herlin
C’est cette phrase, on s’en souvient, qui avait rendu célèbre Jawad Bendaoud, logeur à Saint-Denis d’Abdelhamid Abaaoud, le responsable opérationnel des attentats de novembre 2015 à Paris, qu’il prétendait avoir hébergé pour la seule raison qu’on lui avait « demandé de rendre service ». Le bonhomme était-il le crétin qu’il prétendait être ou le complice déterminé des terroristes islamistes ?
Ce qui est sûr, c’est que Jawad avait suivi « l’itinéraire » décrit par Jean-Paul Gourévitch puisque, avant même sa majorité, il avait trucidé en 2006
« d’un coup de tranchoir en plein thorax » un autre jeune pour une sombre histoire de téléphone volé. Après un réquisitoire très mesuré de l’avocat général Haffide Boulakras expliquant que le trancheur avait « porté volontairement un coup », certes, mortel, « mais sans l’intention de tuer », il s’en tira avec huit ans de prison qu’il ne fit qu’à moitié, pour se livrer ensuite à divers petits trafics.
Ce qui est sûr aussi est qu’en jouant les naïfs en 2015, Jawad pratiquait en virtuose la taqiya qui, trouvant sa source dans le Coran, « permet et justifie le mensonge et la tromperie, spécialement quand le musulman se trouve en situation de faiblesse ». Philippe Herlin consacre de longs développements à la taqiya, à juste titre puisqu’elle explique pourquoi tant de terroristes s’étant illustrés ces deux dernières années étaient considérés par leur voisinage comme de bons garçons parfaitement intégrés, levant le coude, courant les filles (ou les garçons, comme le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l’exterminateur de la Promenade des Anglais à Nice) et que nul n’aurait pu soupçonner de radicalisation.
Sur les six à quinze millions de musulmans qu’abrite la France selon les différentes sources, combien cachent ainsi leur jeu de mort ? Notre auteur se réfère à juste titre aux dernières élections tunisiennes, à l’occasion desquelles, dans les deux circonscriptions de France, les Tunisiens installés chez nous et les binationaux ont accordé au parti islamiste Ennahda jusqu’à 33,70% des voix. Il cite également un sondage britannique assez terrifiant selon lequel « quatre musulmans sur dix souhaitent que la charia soit instaurée dans les zones où ils sont majoritaires » au Royaume-Uni.
« Peut-on vivre avec ces gens-là ? », s’interroge-t-il, « La réponse est évidemment négative. » Mais comment, loin « de l’amalgame et de la peur de l’amalgame », régler le problème ? « Par la loi […] Une loi qui criminalise ce qui ne l’est pas, ou insuffisamment, c’est-à-dire tout ce qui relève de l’islamisme au sens large […] Il ne s’agit pas d’une épuration ethnique mais d’une épuration judiciaire, oui », nécessairement à l’échelle européenne puisque le problème se pose à tout le continent. Ce qui est « peut-être un mal pour un bien car voilà qui permettrait de resserrer les liens entre toutes les nations européennes pour en faire une force inexpugnable ».
Utopique ? Irénique ? Chimérique ? Peut-être, mais Philippe Herlin n’est pas un songe-creux. Il est économiste de profession, ce qui ne l’empêche pas d’écrire d’une plume si alerte que ses arguments portent.
Camille Galic 15/12/2016
Jean-Paul Gourévitch, L’islamo-business, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 210 pages.
Philippe Herlin, J’étais pas au courant que c’étaient des terroristes ! Ed. de Paris/Max Chaleil, 2016, 72 pages. Site de l’auteur : www.philippeherlin.com.
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Livre Libre : G. Collard / Philippe Alméras : Le biographe de Céline
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