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culture et histoire - Page 1161

  • Livres & Actualité • Éric Zemmour : Terrorisme et vieilles recettes

    Un expert en stratégie dénonce avec pertinence les insuffisances dans la réponse des autorités. Mais son réquisitoire tourne vite à la sérénade bien-pensante. Tel est du moins le point de vue qu'expose Eric Zemmour dans cette excellente recension du livre que publie François Heisbourg. LFAR 

    Il faut se méfier des experts. Pas seulement pour le style, souvent ampoulé et pédant. Mais leur science, incontestable, dans leur domaine d'excellence, les persuade qu'ils ont la même légitimité sur un terrain plus politique. Ils confondent science et idéologie et croient qu'ils assènent des connaissances alors qu'ils ne font que défendre des convictions.

    François Heisbourg n'est pas n'importe qui. Il est conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique; préside l'International Institute for Strategic Studies de Londres et le Centre de politique de sécurité de Genève. Il a participé à la rédaction des livres blancs sur la défense pour les trois derniers présidents de la République. Quand il aborde les attentats qui ont ensanglanté Paris en 2015, notre auteur sait de quoi il parle. La raison sans doute pour laquelle il parle aussi de ce qu'il ne veut pas savoir. François Heisbourg n'a pas l'habitude qu'on lui dise non. Il ne s'est visiblement pas remis du refus - par Manuel Valls - de convoquer une commission nationale - à l'exemple des Américains après le 11 septembre 2001 - pour tirer les leçons des attentats. Il a décidé de tenir sa convention nationale à lui tout seul. D'où ce livre.

    Son texte est bref, concis, efficace. Découpé sur le modèle des dix commandements, transformés en dix erreurs à éviter. Erreurs dont on a déjà commis la plupart ! Erreurs d'anticipation et de réaction. Il reproche ainsi à Sarkozy la fusion de la DST et des RG, qui a dépouillé notre police de ses informateurs de proximité. Il oublie seulement qu'il est plus facile pour un policier français d'infiltrer un parti politique ou un groupuscule gauchiste qu'une mouvance islamique qui repose sur les liens des fratries et de la religion.

    L'assaut à Saint-Denis qui a suivi l'attentat du 13 novembre lui paraît disproportionné. Cela a pourtant tué dans l'œuf un autre massacre prévu.

    Et puis notre expert passe de la pratique à la théorie, des actes aux mots. Comment nommer l'ennemi ? Califat ou Daech. Heisbourg félicite Hollande de parler de Daech car « c'est le nom que Daech déteste ». Notre spécialiste ne se demande pas pourquoi on interdirait aux djihadistes - avec un mépris gourmet - l'autoproclamation d'un califat alors que notre propre Histoire regorge d'autoproclamations comme la déclaration d'indépendance américaine ou la République française de 1792. Dans la foulée, Heisbourg comme d'autres glosent sur le concept de « guerre » employé à foison par nos gouvernants. C'est alors que notre expert découvre ce qui est tu ou nié : « Bombarder Raqqa dans le cadre de la guerre contre Daech est une chose, mais quid de Molenbeek ou du « 93 » ? Y faire la guerre au sens militaire du terme - armée contre armée - serait absurde ; mais cela est pourtant implicite dans le discours non métaphorique sur la guerre à Daech puisque les forces que celui-ci lance contre nous sont « de chez nous » et frappent chez nous. La guerre serait donc aussi une guerre civile ? »

    Le livre alors change d'âme. Affolé par sa découverte, l'expert se mue en prédicateur. Aucun poncif, aucun lieu commun sur la France des Lumières et des droits de l'homme ne nous seront épargnés. L'esprit du padamalgam règne en maître sur notre maître.

    Heisbourg en appelle à l'esprit de la Résistance pour mieux renouer avec les réflexes pacifistes de la politique « d'apaisement » qui menèrent à la collaboration.

    La déchéance de nationalité promise aux djihadistes binationaux (à laquelle Hollande a dû renoncer) provoque l'ire de notre auteur. Tous les habituels arguments de la bien-pensance sont ressassés. Il n'est pas venu à l'idée de notre expert que si l'égalité sacro-sainte était bien rompue, c'était au bénéfice des binationaux qui ont deux nationalités. Abondance de biens ne nuit pas. Si une égalité devait être rétablie en ces temps de nécessaire rassemblement national contre l'ennemi, ce serait plutôt par la suppression de la binationalité qui obligerait chacun à choisir : partager le destin français ou pas.

    Heisbourg ridiculise l'éventuel rétablissement des frontières parce qu'on peut toujours les passer. Mais alors pourquoi interdire le vol et le meurtre puisqu'on peut toujours transgresser ces lois en volant ou en tuant ?

    Il condamne la « dérive » de l'état d'urgence au nom de l'État de droit. Et si c'étaient les dérives laxistes de l'État de droit qui avaient conduit à notre tragique situation ?

    Il reprend sans aucune distance l'antienne convenue sur « les discriminations au logement et à l'embauche » qui alimentent le « vivier de Daech ». Il est vrai que les millions de Français « de souche » qui végètent dans le périurbain deviennent tous trafiquants de drogue puis djihadistes, qu'Oussama Ben Laden était miséreux et que les frères Kouachi n'avaient pas bénéficié de tous les généreux bienfaits de la République sociale…

    « Ce seront toujours les peaux mates qui appelleront les contrôles d'identité un peu virils, les portes des maisons mal situées qui seront forcées à coups de bélier. » On croit entendre le refrain de la chanson parodique de Coluche : « Misère, misère, pourquoi t'acharnes-tu toujours sur les pauvres gens ? »

    Il nous explique avec des accents apocalyptiques que l'échec de Schengen serait un « retour à l'Europe d'avant l'Union européenne et une belle victoire pour les djihadistes qui ne rêvent que de nous voir renier nos valeurs et revenir sur nos réalisations ». On ignorait qu'Oussama Ben Laden avait fait campagne pour le non à Maastricht !

    Il refuse de voir que l'Union européenne est un handicap dans la lutte contre nos ennemis puisqu'elle a laminé les souverainetés nationales sans forger une souveraineté européenne.

    Mais il est temps de conclure, impérieux et grandiloquent : « L'Histoire jugera durement ceux qui choisiront de persister dans l'incompétence et le contresens. » François Heisbourg a raison : l'Histoire jugera durement ceux qui ont choisi de persister dans l'aveuglément et le déni de réalité… 

    Comment perdre la guerre contre le terrorisme. François Heisbourg. Stock. 119p., 15 €.

    Eric Zemmour     

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • La France n'a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l'Afrique et aux Africains

    Suite à "l'affaire BlackM", Bernard Lugan analyse pour son blog la désinformation sur la Première guerre mondiale, qui voudrait que la France doive sa victoire et son salut à l'Afrique. Il n'en est rien :

    "Dans la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France entreprise par les partisans du « grand remplacement », la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement la bataille de Verdun, constitue un argument de poids. Son résumé est clair : les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous.

    Voilà qui explique pourquoi ces ardents défenseurs du « vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, à la ville époux de Madame Rama Yade, et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idéologie.

    Laissons donc parler les chiffres[1] : 

    1) Effectifs français (métropolitains et coloniaux)

    - Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20% de la population française totale.

    - Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit environ 20% de la population « pied-noir ».

    - Les pertes françaises furent de  1.300 000 morts, soit 16,67% des effectifs.

    - Les pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des effectifs.

    2) Effectifs africains

    - L’Afrique fournit dans son ensemble 407.000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française.

    - Sur ces 407.000 hommes, 218.000 étaient des « indigènes » originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, soit 2% de la population de ces trois pays.

    - Sur ces 218.000 hommes, on comptait 178.000 Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs français.

    - L’Afrique noire fournit quant à elle, 189.000 hommes, soit 1,6% de la population totale et 2,42% des effectifs français.

    - Les pertes des unités nord africaines furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs.

    - Sur ces 35.900 morts,  23.000 étaient Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc 17.98 % des effectifs mobilisés ou engagés.

    • Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87%.

      Pour importants qu’ils soient, ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.

      Des Africains ont donc courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux.
      Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple : le 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments. Les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.

      Autre idée-reçue utilisée par l’idéologie dominante : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre.
      Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde.

      Conclusion : durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 3,5% de toutes ses importations et 5,22 % de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les négliger. Mais prétendre qu’ils furent déterminants est un mensonge doublé d’une manipulation."                                  [1] Les références de ces chiffres sont données dans mon livre Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Le Rocher, en librairie le 2 juin 2016.

    Marie Bethanie

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/05/la-france-na-pas-gagn%C3%A9-la-premi%C3%A8re-guerre-mondiale-gr%C3%A2ce-%C3%A0-lafrique-et-aux-africains.html

  • Le populisme à la croisée des chemins

    Pour l’emporter, le populisme doit être social et non pas libéral. Une proposition qui ne plairait pas à tout le monde …

    Le moteur du populisme en Europe – et en France du Front national – provient historiquement du refus de l’immigration de peuplement. Ce refus se justifie aujourd’hui plus que jamais alors que le Grand Remplacement et l’Islamisation de l’Europe progressent si rapidement qu’il faut désormais être aveugle ou complice pour ne pas le constater.

    L’erreur des mouvements et partis populistes serait évidemment d’abandonner cette ligne identitaire au moment même où une part croissante de nos concitoyens comprend que l’avenir de notre civilisation est en jeu.

    Mais une erreur symétrique consisterait aussi à n’en rester qu’à ce niveau, en oubliant l’autre versant de la dissidence identitaire : la société et le social, justement.

    Un refus fondateur

    Le populisme en Europe est la forme politique prise par le refus de la disparition de leur civilisation et de leur identité par les Européens qui se sentent abandonnés par les pouvoirs publics et trahis par les oligarchiesremplacistes (1).

    Il s’agit d’un refus politiquement fondateur, comme toutes les grandes alternances politiques et intellectuelles se sont fondées de la sorte : qu’il s’agisse du refus d’une religion, du refus d’un régime, du refus d’une défaite, du refus d’une oppression ou du refus d’une injustice.

    Cependant il ne suffit pas de dénoncer le Grand Remplacement : pour le combattre efficacement il faut aussi s’interroger sur ses causes profondes, ce qui ouvre nécessairement d’autres perspectives.

    Le moteur du Grand Remplacement est d’abord idéologique

    Le Grand Remplacement n’est pas tombé du ciel en effet.

    Car il correspond au projet de l’oligarchie occidentale (2) qui a pris le pouvoir à la fin du XXe siècle en Occident et qui a mis en application son idéologie libérale/libertaire et cosmopolite. Même si ce projet a fini par lui échapper en partie sous la forme du djihadisme, l’oligarchie l’a initié, l’a encouragé et l’a entretenu.

    Le moteur du Grand Remplacement est donc d’abord idéologique, avant d’être civilisationnel, africain, musulman ou climatique.

    C’est au nom de l’idéologie libérale/libertaire que l’Occident croit que les hommes doivent circuler et s’installer librement partout, comme s’il s’agissait de marchandises. C’est pourquoi les oligarques ont détruit les frontières et les douanes qui permettaient de réguler la concurrence, ainsi que les mouvements de populations et de marchandises. Et ils ont fait cela pour le plus grand profit des entreprises mondiales. Car l’immigration permet de faire baisser les salaires et de réduire au silence les salariés autochtones.

    Au nom de cette même idéologie, tous les hommes sont désormais réputés avoir les mêmes « droits » politiques et sociaux, qu’ils soient étrangers ou citoyens d’un Etat : ce qui a permis de déconstruire la souveraineté et la démocratie en Europe occidentale et de faire exploser les régimes de protection sociale.

    Le Grand Remplacement, une dérégulation civilisationnelle

    Le Grand Remplacement n’est que l’effet le plus visible de la catastrophe culturelle, sociale et humaine provoquée partout par les oligarques occidentaux, qui depuis 30 ans exercent un pouvoir sans partage, notamment en Europe. Car le Grand Remplacement est une dérégulation civilisationnelle au même titre que la dérégulation financière, économique et sociale.

    La mondialisation n’est heureuse (3) que pour les oligarques, les bobos, les banquiers, les histrions médiatiques et les dirigeants des entreprises transnationales. Pour les autres, c’est-à-dire la majorité de la population, elle signifie désindustrialisation, chômage, précarité du travail, fin de l’ascenseur social, diminution des droits et des protections sociales, réduction des services publics, augmentation des impôts, des charges et des taxes, déflation, dépossession de son identité, inquiétude devant l’avenir.

    Car l’oligarchie n’a pas hésité à sacrifier la classe moyenne européenne sur l’autel du mondialisme, annulant en quelques années l’effet des Trente Glorieuses et un siècle de luttes sociales. Dans le même temps elle a cyniquement promu l’immigré/migrant au rang de prolétariat compassionnel de rechange : Big Other permettant de masquer l’étendue de la régression provoquée partout par les oligarques et pas seulement en Europe.

    On ne saurait oublier que le développement du mondialisme économique et financier se paye ailleurs aussi de drames sociaux et environnementaux : exode rural massif entraînant la perte de l’autonomie alimentaire, mouvements de populations dans des centres urbains surpeuplés et pollués, exploitation brutale des salariés dans les usines travaillant pour les grandes firmes mondialisées, saccage de l’environnement, etc.

    Les tenants du national-libéralisme se trompent

    Cela signifie qu’on ne peut pas inverser le processus remplaciste en cours en Europe si on ne remet pas en cause l’idéologie libérale/libertaire qui le sous-tend.

    Un populisme conséquent ne peut faire l’impasse sur cette question. Car la question sociale prolonge la question identitaire : l’identité c’est la nation et la nation c’est le peuple. Et à l’âge du mondialisme seuls les peuples souffrent.

    C’est pourquoi les tenants d’une nouvelle gauche (4) qui ne se soucierait pas de la question identitaire n’ont aucun avenir.

    C’est pourquoi aussi ceux qui, au sein de la droite populiste, préconisent l’adoption d’une ligne libérale et nationale se trompent d’époque.

    Le cocktail libéral/national est en effet un oxymore ou, au mieux, un malentendu politique.

    Le libéralisme conséquent, comme agent du capitalisme, tend en effet à détruire la nation, en déconstruisant tout ce qui fait obstacle à la liberté du marché. Il ne faut donc pas confondre la liberté économique qui peut effectivement s’appliquer dans l’espace national sous certaines conditions (5) avec le libéralisme, qui est une idéologie de combat contre les identités et les nations.

    Le populisme s’affirme sur le registre de la souveraineté politique des nations, toutes choses que les libéraux ont toujours exécrées. Les libéraux ne croient qu’en l’individu et en la providence des marchés. Pour eux, comme le disait Mme Thatcher, « la société n’existe pas ». Alors pourquoi voudraient-ils la sauver ?

    On ne peut donc pas être sincèrement populiste et libéral en même temps.

    Les ravages du néo-libéralisme : un remake du XIXe siècle

    Elargissons la perspective.

    La mise en œuvre des préconisations libérales/libertaires a provoqué le chaos partout au XXIe siècle, dont ne profite qu’une infime minorité de la population occidentale. Cette situation n’est pas sans rappeler les ravages sociaux advenus au XIXe siècle lors de la mise en place de l’industrialisation capitaliste en Europe.

    Ces ravages ont provoqué par réaction l’apparition du socialisme, puis au XXe siècle, du communisme en Europe. C’est pourquoi on a pu écrire que le socialisme avait été le « cri de douleur » du prolétariat (6).

    Que le socialisme et le communisme n’aient pas réussi à abolir « l’exploitation de l’homme par l’homme » ou que le communisme ait été une utopie sanglante ne doit pas faire oublier que ces mouvements ont quand même réussi à forcer le capitalisme à se montrer plus social et à corriger ses excès en Occident (7).

    Mais de nos jours le communisme est mort, les syndicats sont marginalisés et la gauche a abandonné l’héritage du socialisme pour devenir l’idiot utile du néo-capitalisme mondialisé. Cela signifie que plus personne n’est en mesure d’obliger les oligarques mondialistes à faire preuve de retenue dans leur course au profit.

    On en voit le résultat : le chaos partout.

    Le populisme, un socialisme pour notre temps ?

    Si le populisme veut s’affirmer comme une véritable réponse aux interrogations de notre temps, il ne peut donc pas faire l’impasse sur la nouvelle question sociale.

    Pour le dire autrement, le populisme doit jouer, au plan métapolitique, vis-à-vis du néo-capitalisme mondialisé, le rôle dévolu hier au socialisme vis-à-vis du capitalisme national.

    Il doit à son tour devenir le « cri de douleur » des peuples européens et se présenter comme une force alternative aux ravages de la dérégulation néo-libérale, en Europe d’abord, au plan international ensuite.

    Le populisme doit pour ce faire promouvoir une nouvelle éthique du Bien Commun et de l’Etat, en réponse à la marchandisation du monde incarnée par les oligarques mondialistes ; en réponse aussi à l’idéologie de l’individualisme absolu, destructeur de tout lien social. Le populisme doit aussi porter le retour des vertus civiques et des bonnes mœurs, conformément aux traditions européennes, contre le laxisme et le cynisme qui sont une arme aux mains de l’oligarchie.

    Le populisme : passer du refus à la révolution

    Cela implique d’annoncer et d’entreprendre une révolution culturelle et morale qui ébranle les dogmes et les oligarques dominants. Cela implique qu’une nouvelle élite politique, économique et sociale, s’avance. Cette élite existe mais elle est réduite au silence par les oligarques : il faut seulement qu’elle sorte de sa réserve.

    La menace de la révolution socialiste a imposé au capitalisme européen la conscience sociale qui lui manquait.

    La perspective d’une révolution populiste doit produire le même effet vis-à-vis du néo-capitalisme mondialisé.

    C’est à cette condition que le populisme deviendra vraiment populaire. C’est à cette condition qu’il deviendra majoritaire.

    Michel Geoffroy, 10/05/2016

    Notes :

    1. Selon l’expression de l’écrivain Renaud Camus.
    2. Voir le livre de Jean-Yves Le Gallou : Immigration : la catastrophe/ Que faire ? Via Romana, 2016.
    3. Selon l’expression de Dominique Strauss-Kahn.
    4. Genre Mélanchon.
    5. Comme cela a été le cas dans le passé européen.
    6. Jaurès, Histoire socialiste.
    7. Ce qui d’ailleurs explique l’envolée occidentale après la seconde guerre mondiale : la loi du profit étant associée à une politique sociale dynamique (social-démocratie ou sécurité sociale) ou par des salaires élevés (fordisme).

    Relire du même auteur :

    Lettre à mes frères oligarques (1)
    Lettre à mes frères oligarques (2)
    Les oligarques écrivent aux oligarques
    La fin programmée des oligarques

    http://www.polemia.com/le-populisme-a-la-croisee-des-chemins/

  • Nouveau capitalisme criminel : le bonus des uns fait le malus des autres

    1263007951-1.jpgLe capitalisme financiarisé est-il criminogène ? La question a de quoi interpeller. Jean-François Gayraud, haut fonctionnaire de la Police nationale, la pose dans son dernier ouvrage, Le nouveau capitalisme criminel, une enquête troublante, à la croisée de la géopolitique, de la criminologie et de l’économie.
    Time is money 
    Derrière l’émergence du trading de haute fréquence, on retrouve les grands fonds spéculatifs et les grandes banques d’investissement, un lobby tout-puissant dont les pressions ont fini par être assimilées outre-Atlantique à de la « corruption légale ». Sans leur action, le high frequency trading n’aurait pu voir le jour. Ce sont eux qui ont aménagé un environnement juridique sur mesure. Une des pièces centrales du dispositif fut la décimalisation des ordres de Bourse, mesure en apparence anodine, mais qui allait modifier la taille des ordres en fractionnant quasi-indéfiniment leur valeur. L’autre grande nouveauté, c’est que les traders ont désormais la possibilité technique d’annuler plus de 90% des ordres qu’ils lancent. Il s’agit « d’ordres fantômes » (phantom orders) – des leurres – que Gayraud compare à des radars permettant de cartographier le marché en temps réel et donc de disposer de quelques millièmes de seconde d’avance sur lui. En 350 millisecondes (millième de seconde), un homme cligne des yeux ; c’est le temps nécessaire à un algorithme pour déclencher 7 000 transactions !
         Time is money, répétait Benjamin Franklin. C’était au XVIIIe siècle et l’Amérique était déjà pressée – mais elle était encore en basse fréquence. Avec la haute fréquence, perdre ou gagner une seconde peut rapporter ou coûter la bagatelle de 100 millions de dollars. Les logiciels approchent aujourd’hui de la microseconde (millionième de seconde), bientôt de la nanoseconde (milliardième de seconde). Ce faisant, le marché évolue dans des échelles de temps quantique – une « course vers le zéro ». Le devenir Dieu du trading et son fantasme d’ubiquité totale. Dieu, le Diable, Lloyd Blankfein, le DG de Goldman Sachs – autrement appelée la « Firme » ou « Government Sachs », tant on retrouve ses cadres au sein de toutes les administrations, indifféremment démocrate ou républicaine – est un peu les deux à la fois. Il se flattait en 2009 auprès de journalistes de « faire le travail de Dieu ». On a voulu voir une boutade dans cette réplique. C’est bien pourtant un pouvoir démiurgique que possèdent les « too big to fail ». Car qu’est-ce que présenter un risque systémique, sinon disposer d’une arme aussi dissuasive que la bombe atomique ?
         A ce stade, la question n’est plus de savoir si le trading de haute fréquence facilite ou non les comportements déviants : il est en lui-même déviant. Jean-François Gayraud n’est pas le seul à avancer cela. Une banque aussi peu suspecte d’anticapitalisme que le Crédit suisse a publié sur son site une étude (précipitamment retirée) soulignant son fort potentiel manipulateur et prédateur :High Frequency Trading. Measurement, Detection and Response. Les techniques de manipulation des cours sont légion. Il y a d’abord celle de la saturation, appelée le quote stuffing (« saturation, leurre, bourrage de cotations ») : on inonde le marché d’ordres fantômes. L’effet recherché ? On mystifie les autres donneurs d’ordres, on dissimule ses intentions et on congestionne le marché. En 2010, 75% des actions cotées aux Etats-Unis ont subi une attaque de ce type. Autre technique : le spoofing (« escroquerie, mystification ») et le layering (« superposition »), qui visent à déstabiliser les carnets d’ordres et à influencer provisoirement les cours par un afflux massif d’ordres trompeurs, l’objectif inavoué étant de réaliser une transaction en sens inverse.
    700 milliards de dollars en 10 minutes 
    Il y aussi les petits arrangements entre amis, ce que le procureur de l’Etat de New York, Eric Schneiderman, a appelé les « délits d’initiés2.0 ». Le FBI a pu apporter la preuve, mais sans qu’une instruction soit ouverte, que des agences de presse comme Bloomberg et Thomson Reuters donnaient à leurs clients les plus fortunés un accès privilégié à leurs données économiques. Pour l’anecdote, mais c’est une anecdote à plusieurs millions de dollars, l’agence Thomson Reuters, qui avait signé un contrat d’exclusivité avec l’Université du Michigan pour être la première à publier son indice de confiance du consommateur américain, négociait ensuite cette exclusivité au plus offrant. En pratique, Thomson Reuters rendait publiques les données sur son site le jour dit, soit 10 heures précises. Mais dans les faits, l’agence les diffusait en accès prioritaire auprès de ses clients premium à 9 heures 55. Quant à l’élite de l’élite, les fonds spéculatifs, ils recevaient l’information à 9 heures 54 minutes et 58 secondes. Dans ce minuscule intervalle, des dizaines de millions de dollars changeaient de mains. Thomson Reuters a dû mettre un terme à cette pratique en juillet 2013. Officiellement. En réalité, ces « fuites » sont si nombreuses que les administrations américaines sont contraintes de régler leurs communiqués de presse sur des horloges atomiques.
         « L’erreur est humaine, mais, pour vraiment se planter, il faut un ordinateur ». Le proverbe fait actuellement fureur à Wall Street, qui attend toujours aussi sereinement la prochaine apocalypse que son inconséquence aura déclenchée. La fin du monde a failli survenir le 6 mai 2010, à ce jour le seul krach majeur imputable au trading de haute fréquence. A 14 heures 32, un grand fonds d’investissement vend via son programme informatique 75 000 contrats pour une somme de 4,1 milliards de dollars. Dans la foulée, l’indice Dow Jones s’effondre de 1 000 points. En l’espace de 10 minutes, le marché perd, puis regagne 700 milliards de dollars. Du jamais vu de mémoire de trader ! Il faudra une suspension des cotations pour mettre un terme à l’emballement. « Le déclin, puis le rebond des prix sur un des principaux marchés, le 6 mai, fut sans précédent par sa vitesse et son ampleur », avouera la SEC, la Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse américain, qui concédera que cette journée ne fut pas perdue pour tout le monde.
         Les incidents de type minikrach (flash crash) sont quant à eux si nombreux et si fréquemment liés au trading de haute fréquence que ce dernier est systématiquement pointé du doigt, même quand sa responsabilité n’est pas engagée. Ils n’ont pour l’heure aucun effet systémique, mais qui se risquerait à écarter des scénarios du type « cygne noir », ces événements imprévisibles à faible probabilité, mais aux conséquences désastreuses ? L’un des meilleurs et plus lucides criminologues financiers américains, William K. Black, expert au FBI, envisage très sérieusement une « série de défaillances en cascade » : « le 11 septembre ou le Ground Zero » du trading de haute fréquence.
    « Moins de régulation qu’au temps du Far West » 
    Depuis l’affaire Madoff, les agences de régulation se montrent un tantinet plus regardantes, mais elles ne vont pas au-delà de rares sanctions administratives. Rien au pénal. Le too big to fail (trop grosses pour faire faillite) se redouble donc d’un too big to jail (trop grosses pour être poursuivies). Bref, l’impunité totale. Par la bouche de son ministre de la Justice, l’attorney general Eric Holder, le gouvernement américain en a lui-même fait l’aveu en mars 2013 devant une commission sénatoriale : « Je crains que la taille de certaines de ces institutions [Holder parle de HSBC] devienne si grande qu’il ne soit difficile pour nous de les poursuivre ». Et de mettre en avant les périls qu’une action en justice ferait peser« sur l’économie nationale, peut-être même sur l’économie mondiale ». Moralité :« C’est le gouvernement qui admet avoir peur de poursuivre les très puissants – quelque chose qui ne s’était jamais produit même à l’âge d’or d’Al Capone ou de Pablo Escobar », comme s’en désola Matt Taibbi, dont les articles ont fait la gloire du magazine Rolling Stone.
         « Vous êtes des bookmakers, et vous êtes soumis à moins de régulation qu’au temps du Far West », lança une sénatrice démocrate aux dirigeants de Goldman Sachs lors d’une audition de la banque devant une commission d’enquête au moment de l’affaire Abacus, du nom de ce fonds « exotique » (comprenez : toxique) commercialisé par Goldman Sachs et créé par l’inénarrable Fabrice Tourre, un employé français de la banque. Noté « AAA », ce produit n’en était pas moins un vrai shitty deal (une « affaire de merde »), selon les mots mêmes de Tourre. Comme Kerviel en France, le trader servit de fusible à la banque, qui échappa aux poursuites, moyennant un dédommagement financier. Brillant, drôle et cynique, aussi arrogant qu’insignifiant, le personnage vaut le détour. Il se surnommait lui-même « Fabulous Fab » et offrait maintes ressemblances avec Patrick Bateman, le héros d’American Psycho, le roman de Brett Easton Ellis, qui met en scène un golden boy, accessoirement psychopathe. Un mouton noir ?C’est ce que le système voudrait nous faire croire
    Le crime parfait 
    Les derniers rebondissements de l’affaire Kerviel vont peut-être changer la donne. En cassant l’arrêt de la Cour d’appel, qui imputait l’ensemble des fautes à Jérôme Kerviel, la Cour de cassation va-t-elle relancer la question de la responsabilité de la banque (et des banques) ? Qui le sait ? On restera cependant loin du compte. La justice cherche des coupables, alors que c’est tout un système qui a failli, un système à l’intérieur duquel la fraude est génétiquement inscrite. Elle en est pour ainsi dire la signature anonyme. C’est ce que signalait déjà Jean de Maillard, vice-président du tribunal de grande instance d’Orléans, dans L’Arnaque, La finance au-dessus des lois et des règles (Gallimard, 2010). Face aux tricheries généralisées, les agents du FBI, et à leur suite tous les analystes financiers, en arrivent à la même conclusion : c’est comme s’ils étaient confrontés au crime organisé... mais sans syndicat du crime. Le crime parfait
    Eléments n°151

  • La mairie de Verdun annule le concert du rappeur Black M

    La très forte mobilisation des patriotes français a payé : le concert que le pitoyable Black M devait donner le 29 mai prochain en clôture des commémorations des 100 ans de la Bataille de Verdun, vient d’être annulé par la mairie.

    black m2

    Dans un communiqué, la mairie invoque des « risques forts de troubles à l’ordre public » (ce qui n’est pas faux, même si ce sont les pouvoirs publics qui sont les véritables fauteurs de trouble), en raison d’une « polémique d’ampleur sans précédent ». Le standard de la mairie n’a pas cessé de sonner pendant plusieurs jours.
    « La majorité municipale et le maire de Verdun, en concertation avec la région et le Département, sont contraints d’annuler le concert », précisé le maire (PS) Samuel Hazard.

    Lire l’article de L’Est Républicain

    http://www.contre-info.com/

  • La révolution Chomsky

    J'écoutais distraitement la radio lorsque je fus accaparé par un refrain obsessionnel : Noam Chomsky is a soft revolution! Et cela émanait d’un rockabilly endiablé !

    Après une brève recherche, j’ai retrouvé le morceau et son auteur. Le refrain était le titre du morceau. Il venait de sortir. Et l’auteur : Foy Vance, auteur-compositeur-interprète venu d’Irlande du Nord. Casquette en tweed, moustache « Brigades du Tigre » et mobilhome pour les tournées.

    Dans sa chanson, Vance mêle ses préférences musicales, d’Aretha Franklin à Willie Nelson, aux influences intellectuelles :

    Jean-Paul Sartre si tu as perdu ton âme, Dostoïevski si tu veux vraiment savoir…

    …pour conclure, à chaque couplet, que Noam Chomsky est une douce révolution.

    De la linguistique à la résistance idéologique

    679233348.jpgCette ritournelle fut ma madeleine de Proust. Elle m’a ramené à une vie précédente où j’essayais de suivre une voie universitaire. Ruminant à la bibliothèque sur les montagnes de théories pédantes, sophistiquées et provisoires qu’on nous obligeait à ingurgiter, j’étais tombé sur une anthologie de textes de Noam Chomsky.

    A mes yeux, il s’agissait uniquement, jusqu’alors, de l’illustre linguiste, inventeur de la grammaire générative et transformationnelle, une innovation qu’on qualifiait aussi derévolution chomskyenne. Je découvris soudain que la vraie révolution chomskyenne, la plus importante, était ailleurs. Non dans le champ de la science, mais dans le champ de la conscience.

    Je découvrais ce qu’on ne m’avait pas dit du grand savant : qu’il était un opposant, un penseur politique et un veilleur. A ce moment précis, l’Empire du Mal soviétique était sur le point de s’écrouler, le triomphe de l’Amérique et de son idée paraissait total et absolu. Chomsky, pourtant, continuait de pointer du doigt l’oncle Sam.

    Du temps de la Guerre froide, ses adversaires avaient beau jeu de déclarer qu’il « jouait pour le camp adverse », qu’il était un agent soviétique. Mais les agents soviétiques se sont évanouis le jour même où leur employeur a fait faillite. La critique de Chomsky n’était pas partisane au sens où elle aurait servi un camp contre l’autre dans une guerre. Elle était absolue, c’est-à-dire ancrée dans les principes de la morale universelle. Il est des choses, nous disait-il, qu’on ne fait pas, même si l’adversaire ne se prive pas de les faire lui non plus.

    Pour cette raison, les écrits politiques de Chomsky ont traversé les époques et conservent toute leur valeur. L’auteur n’a fait qu’ajouter des étages à son édifice, notamment dans ses prises de position sur la Palestine. Même si l’on n’épouse pas toutes ses causes, on est subjugué — et éduqué — par l’intelligence du regard. Son bref exposé sur Les dessous de la politique de l’Oncle Sam n’est pas un manifeste politique, mais avant tout un traité sur la manipulation des esprits.

    La loi du « deux poids-deux mesures »

    4070359018.jpgEn tant que linguiste, c’est sur la novlangue que Chomsky s’est d’abord fondé pour déconstruire une propagande foncièrement totalitaire. Avec l’aide de ses étudiants, il s’est livré à de sérieux travaux de médialogie, les rares vraiment utiles. Étant entendu que les « recherches » de la filière officielle, en matière de sciences humaines, ne servent jamais à confondre le discours officiel, mais au contraire à le renforcer soit en lui ajoutant une justification académique, soit en brouillant et estompant toute représentation claire de la réalité vécue.

    A rebours de ces méthodes, Chomsky va droit au but, avec des mots simples et des arguments concrets. Deux de ses exemples me sont restés en mémoire et ont changé ma manière de penser et de voir le monde.

    Dans les dernières années du bloc soviétique, nous étions quotidiennement abreuvés de nouvelles sur la lutte du syndicat Solidarnošć et de la Pologne catholique contre la dictature communiste. L’élection d’un pape polonais — le premier non italien depuis des siècles — avait évidemment offert à cette cause un écho mondial. La nouvelle de la torture et de l’assassinat de l’aumônier du syndicat, le père Popieluszko, en 1984, a sonné le glas du régime du général Jaruzelski. 500’000 personnes ont assisté aux funérailles du prêtre martyr, qui fut béatifié en 2010.

    Le père Popieluszko, victime d’un régime communiste, est une belle et lumineuse figure de résistant au totalitarisme. Cependant, Chomsky et son coauteur Herman ont placé cette tragédie unique en regard du sort de nombreuses autres figures catholiques martyrisées à la même époque par des régimes « amis » des USA. Et elles ne sont pas peu : 72 religieux tués en Amérique latine entre 1964 et 1978, 23 au Guatemala entre 1980 et 1985, et surtout l’assassinat de Mgr Romero et de quatre religieuses américaines au Salvador en 1980. Il y avait parmi ces victimes des exemples de dévouement et de foi non moins admirables que celui du père Jerzy. Mais la comparaison de l’espace médiatique objectif alloué, aux États-Unis, à ces ensembles d’événements aboutit à un résultat sidérant. Il apparaissait qu’un prêtre assassiné par le régime polonais « pesait », en matière de couverture médiatique, 666 fois plus lourd qu’un prêtre assassiné par un régime satellite des USA !

    Il serait superflu de relever les exemples de ce procédé d’escamotage dans l’actualité récente. Il ne s’agit plus de cas, du reste, mais du mode même de l’information passant par l’ensemble des médias de grand chemin occidentaux. Les rédactions, ou plutôt les journalistes isolés, qui essaient de rééquilibrer un tant soit peu la balance, sont aussitôt stigmatisés par leur milieu même. Les « décideurs » n’ont même pas à intervenir.

    Un auto-aveuglement total

    4175245013.jpgL’autre étude de cas proposée par Chomsky est encore plus instructive quant au fonctionnement de la propagande occidentale. Elle prend pour point de départ un incident stupéfiant survenu à la radio soviétique en 1983 lorsqu’un courageux animateur, Vladimir Dantchev, dénonça l’occupation soviétique de l’Afghanistan au cours de cinq émissions successives avant d’être limogé et envoyé aux soins psychiatriques. La presse occidentale salua abondamment le courage de ce dissident, non sans se rengorger : « cela ne pourrait jamais arriver chez nous ».

    Prenant cette autosatisfaction à la lettre, Chomsky s’attela à trouver des exemples de critique semblables dans les médias du mainstream américain au sujet de la calamiteuse guerre du Vietnam. Il n’en trouva… aucune !

    « En bref, il n’y a pas de Danchevs chez nous. Dans le mainstream, il ne se trouve personne pour appeler une invasion “invasion”, ou même pour prendre conscience du fait ; il était impensable qu’un journaliste US appelle publiquement les Sud-Vietnamiens à résister à l’invasion américaine. Une telle personne n’aurait pas été envoyée dans un hôpital psychiatrique, mais il est improbable qu’elle eût conservé sa position professionnelle et son statut social. »

    Et Chomsky ajoute encore ceci:

    « Il est à remarquer que dire la vérité, de ce côté-ci, ne demande pas de courage, seulement de l’honnêteté. Nous ne pouvons invoquer la violence d’Etat, comme le font ceux qui suivent la ligne du parti dans un pays totalitaire. »

    Parler bas pour penser haut

    L’école de pensée de Chomsky n’a rien de révolutionnaire. Elle repose, en somme, sur le vieux dicton évangélique de la paille et de la poutre. Mais le calme, la persévérance et la constante lucidité du vieux linguiste ont modifié la conscience de millions d’Américains et d’Occidentaux, précisément en leur ouvrant les yeux sur la matrice qui les conditionne eux-mêmes, le plus souvent à leur insu. Chomsky n’a pas besoin de dresser des barricades ni de faire de l’agitation politique, même s’il reste, curieusement, un démocrate très discipliné. Sa révolution est dans les têtes, et dans des têtes, souvent, fort éloignées des hautes sphères de la vie intellectuelle.

    Comme le dit Foy Vance : « Jamais aucun être humain n’a parlé aussi doucement en délivrant des vérités aussi dévastatrices que Noam Chomsky lorsqu’il a partagé ses idées. Il est réellement une douce révolution. »

     © 2016 Association L’Antipresse ANTIPRESSE  | N° 23 | 8.5.2016

    PS: Foy Vance se produira le 2 juin prochain au Caribana festival de Crans-près-Céligny.

    Association L’Antipresse c/o INAT Sàrl CP 429 Sion 1950

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Black M aux cérémonies de Verdun : la France humiliée

    Pour Maxime Tandonnet, choisir le rappeur Black M pour chanter à la commémoration du centenaire de Verdun n’est pas anodin. Désacraliser ainsi le souvenir de centaines de milliers de morts pour la France témoigne de la volonté des élites d’en finir avec notre Histoire.

    Peu importe que l’artiste invité à cette commémoration soit un chanteur de rap, de raï, de reggae, de rock, de hard rock, de variété française, de techno, de musique yéyé, bebop ou autre. C’est le principe même de l’amusement, du divertissement musical pour célébrer Verdun qui est blessant.
    S’il doit y avoir une musique, ce ne peut être que celle de la solennité et de l’émotion, la sonnerie aux morts qui fige et glace le sang à la pensée des disparus, de leur souffrance et de celle de leurs proches qui ne les reverront jamais.

    Il faut tout de même rappeler que le rappeur a tenté d’éteindre l’incendie avec les paroles suivantes : “C’est la scène et c’est quelque chose que j’aime énormément […] Je les invite à venir me voir, qu’ils aiment ou pas ma musique, on va s’amuser“.

    On savait déjà que Black M considérait la France comme un pays de kouffar. On vient d’apprendre que, selon lui, la meilleure façon de commémorer le martyre de la jeunesse européenne, c’est de la faire en s’amusant…

     

    http://fr.novopress.info/200947/black-m-aux-ceremonies-verdun-france-humiliee/