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culture et histoire - Page 1161

  • Claude Lévi-Strauss et Mai 68

    Qu'aurait pensé Claude Lévi-Strauss de Nuit Debout ?
    Pour l'imaginer, voici un extrait du livre De Près et de loin, un long entretien du grand ethnologue avec Didier Éribon.
    Claude Lévi-Strauss évoquait dans ce passage mai 68 mais ses propos s'appliquent parfaitement à ce mouvement créé et encadré par l'extrême-gauche qu'est Nuit Debout.
    Didier Éribon : Comment avez-vous vécu mai 68 ?
    Claude Lévi-Strauss : Je me suis promené dans la Sorbonne occupée. Avec un regard ethnographique. J'ai également participé avec des amis à quelques séances de réflexion. Il y a eu chez moi une ou deux réunions.
    D.E. : Mais vous n'avez pas pris position dans le courant des événements ?
    C.L.-S. : Non. Une fois passé le premier moment de curiosité, une fois lassé de quelques drôleries, mai 68 m'a répugné.
    D.E. : Pourquoi ?
    C.L.-S. : Parce que je n'admets pas qu'on coupe des arbres pour faire des barricades (des arbres, c'est de la vie, ça se respecte), qu'on transforme en poubelles des lieux publics qui sont le bien et la responsabilité de tous, qu'on couvre des bâtiments universitaires ou autres de graffiti. Ni que le travail intellectuel et la gestion des établissements soient paralysés par la logomachie.
    D.E. : C'était quand même un moment de bouillonnement, d'innovation, d'imagination... Cet aspect-là aurait dû vous séduire.
    C.L.-S. : Je suis désolé de vous décevoir, mais pas du tout. Pour moi, mai 68 a représenté la descente d'une marche supplémentaire dans l'escalier d'une dégradation universitaire commencée depuis longtemps. Déjà au lycée, je me disais que ma génération, y compris moi-même, ne supportait pas la comparaison avec celle de Bergson, Proust, Durkheim au même âge. Je ne crois pas que mai 68 a détruit l'université mais, plutôt, que mai 68 a eu lieu parce que l'université se détruisait.
    D.E. : Cette hostilité à mai 68 n’était-elle pas une rupture totale avec vos engagements de jeunesse ? [Durant l'adolescence et au début de sa vie d'adulte, Claude Lévi-Strauss a été un fervent socialiste, passionné par Marx.] 
    C.L.-S. : Si je veux rechercher les traces de cette rupture, je les trouve beaucoup plus tôt, dans les dernières pages de Tristes Tropiques. Je me souviens m'être évertué à maintenir un lien avec mon passé idéologique et politique. Quand je relis ces pages, il me semble qu'elles sonnent faux. La rupture était consommée depuis longtemps.
    Didier Éribon, De Près et de loin, Odile Jacob, 1998 ; rééd. 2001, pages 115-117.

    http://www.ventscontraires.fr/2016/04/claude-levi-strauss-et-nuit-debout.html

  • #JEANNE2016 : DISCOURS DE VINCENT VAUCLIN

    Voici le texte de l’intervention de Vincent Vauclin lors du rassemblement unitaire en hommage à Sainte Jeanne, le 08 Mai 2016 à Paris.

    « Réinventer le Nationalisme »

    Mes chers amis, mes chers camarades, merci à tous, merci d’être venu aujourd’hui à ce premier rassemblement unitaire en hommage à Sainte Jeanne, Martyre et Patronne de la Nation.

    À l’heure où certains font le choix de la division et du sectarisme, nous avons su montrer, aujourd’hui et grâce à vous, que les patriotes français peuvent se rassembler et parler d’une seule voix, dans l’intérêt supérieur de la France et des Français d’abord.

    Je pourrais faire un discours pour évoquer l’épopée héroïque de Jeanne, ses combats, ses espérances, et ses victoires, mais aussi sa fin tragique… Mais ils sont déjà nombreux avant moi à avoir évoqué, souvent avec brio, cette épopée.

    Le passé est une source d’inspiration considérable, à condition qu’il éclaire nos choix futurs, qu’il inspire notre combat, qu’il guide nos pas.

    Je n’irais pas par quatre chemins : Les défis considérables que nous avons à relever, conjugués aux échecs récurrents qui jalonnent l’histoire du nationalisme français ces 50 dernières années, nous obligent à repenser l’intégralité de notre logiciel, de notre praxis et de notre stratégie. Il n’est en effet plus temps de se contenter de porter le témoignage d’une fidélité, tout à fait louable par ailleurs, à ceux qui nous précédèrent dans ce combat et qui, de fait, ont échoué pour mille et une raisons sur lesquelles il est inutile de revenir.

    Si nous voulons véritablement vaincre, agir sur le réel, ce qui est tout de même l’objet de la politique et le sens de notre engagement, nous devons impérativement réinventer notre nationalisme, actualiser les vecteurs de notre militantisme, repenser notre stratégie.

    Bref, forger intelligemment une nouvelle force de frappe politique, médiatique, culturelle, et même esthétique, capable de désorienter l’ennemi, de neutraliser son système de défense et de séduire nos contemporains.

    Précisons-le d’emblée : il n’est nul besoin pour cela d’accepter de quelconques compromis sur le plan de la doctrine ni de céder aux sirènes du politiquement correct, dans l’espoir naïf qu’une simple « dédiabolisation » suffirait à rendre nos aspirations audibles et notre victoire acquise.

    Il s’agit au contraire d’affirmer haut et fort la cohérence de notre radicalité sous des formes nouvelles et adaptées à l’époque. Car la modernité est passée, qu’on le veuille ou non, et rien ne semble aujourd’hui capable de la contenir, et certainement pas des incantations figées ni des attitudes éculées venant d’une époque définitivement révolue.

    Nous ne sommes ni des vétérans du 6 Février 34, ni des anciens de la Division Charlemagne, ni de vieux briscards de l’Algérie Française. Il ne s’agit pas de vivre dans une mythologie passéiste, muséographique et sclérosante, mais au contraire de forger notre propre mythologie militante, en partant à la fois de ce qui nous a précédé, mais aussi de ce que nous sommes, de ce que nous voulons, et de ce que nous faisons, ici et maintenant.

    Nous sommes les enfants d’une France déclassée, vacillante au bord de l’abîme, nous sommes la génération sacrifiée, frappée par le chômage et la précarité, abrutie par la télévision, la drogue, et l’idéologie libertaire, livrée pieds et poings liés à la mondialisation libérale et au cosmopolitisme niveleur.

    Mais nous sommes aussi la génération connectée, résolument tournée vers l’avenir, pétrie de paradoxes et d’espérances, aspirant à une rupture profonde et parfaitement capable de renverser la table, d’imposer ses codes, d’inoculer au corps social une nouvelle vision du monde pour redresser notre pays.

    Nous sommes à l’avant-garde d’une révolution conservatrice inéluctable dont il s’agit de précipiter l’avènement, en domptant pour les réorienter tout ce que la modernité a pu utiliser comme vecteurs.

    Ainsi est-il essentiel de décloisonner le milieu nationaliste français, quitte à bousculer ses conservatismes et à brusquer certains de ses représentants autoproclamés qui depuis trop longtemps confinent leurs groupes respectifs dans une prostration folklorique aussi inefficace que sectaire, en décalage total avec le réel et les aspirations de notre génération.

    Je pose la question : Qui d’autre que nous, pour renouveler notre combat ? Qui d’autre que nous, pour innover, pour opposer une alternative véritable à la tyrannie des partis, des loges et des lobbies ? Personne évidemment, nous sommes en première ligne.

    C’est tout le sens de notre présence ici aujourd’hui : la figure de Jeanne d’Arc n’est pas le symbole d’un passé poussiéreux, et ne doit pas être l’objet de simples récupérations politiques à courte vue. Car pour nous, Jeanne incarne l’espérance, et l’offensive de la jeunesse indomptée, elle incarne la rupture et le défi lancé à l’Histoire. Jeanne est le symbole de l’insoumission Française, de notre fierté nationale.

    Et aussi longtemps que nous combattrons, Jeanne vivra à travers nous.

    Je vous remercie.

    Vive la France, et Vive la Dissidence Française !

    En vidéo :

  • L'art contemporain, cette logorrhée architecturale qui inonde nos villes

    Paris, ça vaut le détour, principalement pour les touristes qui peuvent s’émerveiller de son patrimoine millénaire. De la Sorbonne, en passant par Notre Dame, Le Louvre, la Tour Eiffel, le Panthéon etc... 
    Le Panthéon, parlons-en, cette ancienne église dans laquelle l’État met désormais à l’honneur les grands hommes à qui la Patrie est reconnaissante ; essentiellement les grands hommes du compas et de l’équerre ; se voit affublée, durant sa rénovation, d’un horrible chapeau en tissu. Une grande toile illustrant bien la débilité de cette Mairie de Paris collabo trois points. Victoire ! Le projet débile a bien eu lieu : un photographe a pris mille visages en photos, et à la place d’un bâtiment pluri-centenaire, vous pouvez dorénavant admirer la tronche de la France multiculturelle. 
    Mais on s’en fout ! Y’a que des gros cons bobos pour faire preuve de bons sentiments bas de gamme. Alors que les fractures françaises (cf Christophe Guilluy) ne cessent de s’agrandir, que les cyclistes et piétons préfèrent les casques audio pour ne pas avoir à se mélanger, que les relations sont aujourd’hui plus suivies par Internet qu’au bistrot, vous croyez vraiment qu’on a à foutre quelque chose de ce mille-feuilles de tronches de la « diversité » qui vous épie ? 
    Si les Français croyaient vraiment à une communauté black-blanc-beur-jaune-amour-pétard-métissage, il ne serait pas nécessaire de les forcer à regarder ce projet de merde. Encore une propagande avortée, une fausse bonne idée des vomisseurs de bons sentiments qui pensent que, mélange sociétal et partouze dans leur 100m² du Marais, ont la même signification
    En parlant de sexe, juste à côté du déversoir multiculturel temporaire du Panthéon, vous pouvez apercevoir une statue de gros bonhomme noir nu, devant lequel tant de touristes nunuches aiment prendre la pause; c’est vrai que poser devant la bite d’une statue difforme d’art moderne, c’est tellement plus classe que de prendre en photo le Panthéon ou la Sorbonne (plus vieille faculté d’Europe donc l’une des plus vieilles au monde). 
    Cet art contemporain, cette logorrhée architecturale qui inonde nos villes, tels des WC bouchés après une gastro-entérite, il y en a malheureusement trop. Les Halles de Paris, le Quai Branly ou encore Beaubourg... 
    Après avoir trop réfléchi à une réhabilitation possible de ces verrues urbaines, une solution m’est apparue. A l’ère du développement durable et du recyclage il n’est pas possible d’envisager la destruction pure et simple de ces épouvantails hors-sol. Il faut réhabiliter encore et toujours. Non loin du quartier parisien que nous appelons aujourd’hui encore « Beau-bourg », défiguré par l’œuvre d’un plombier accro aux champis, se dressait le gibet de Montfaucon, édifice de salut public. Ce gibet pouvait accueillir jusqu’à 50 pensionnaires et permettait de détendre un peu ceux qui auraient été tentés par la fauche le meurtre ou l’arnaque. Ce qu’on appelait la dissuasion… 
    L’idée est simple, pourquoi ne pas réhabiliter le Centre Georges Pompidou en y pendant autour les enculés en tout genre ? 
    1/ On dissuade ainsi les criminels que la justice actuel encourage par son laxisme; 
    2/ On punit les corrompus et ceux qui ont les yeux plus gros que le ventre (à l’époque, les trésoriers et surintendants des Finances avaient souvent une cravate en corde à leur nom) ; 
    3/ On associe l’ignoble de la pendaison à l’art contemporain, histoire de le remettre à la place qui lui est due, c’est-à-dire le dégueulasse. 
    L'équipe d'Orages d'acier

  • Histoire & Actualité • Le grand panache du Puy du fou : un hommage aux martyrs de la Vendée

    Cette semaine s’ouvre un nouveau spectacle dans une salle unique au monde que les Villiers ont baptisé le Théâtre des Géants.

    Inutile de revenir sur l’étonnant succès du Puy du Fou, de son Grand Parc et de sa cinéscénie, qui n’arrête pas de glaner les plus hautes récompenses mondiales et qui a drainé l’an dernier plus de 2 millions de visiteurs.

    
Mais cette semaine s’ouvre un nouveau spectacle dans une salle unique au monde que les Villiers ont baptisé le Théâtre des Géants. Géant par les 7.500 m² de la nouvelle salle où les dernières technologies permettent de mettre en scène d’autres géants : ceux qui, pour Dieu et le Roi, ont affronté les troupes révolutionnaires et sanguinaires de la Convention de 1793 à 1796. Une guerre civile qui s’est terminée par un véritable « populicide » qui aura coûté la vie de 270.000 à 700.000 Vendéens, décimant cette province de ses habitants et la transformant en champ de ruines brûlantes.



    Pour le 20e spectacle du Puy du Fou, Philippe de Villiers et son fils Nicolas ont choisi de rendre hommage à François Athanase Charette de la Contrie, le plus emblématique des chefs royalistes vendéens. Et cet hommage est grandiose. 40 comédiens évoluent dans des décors réels ou virtuels qui reconstituent la vie mouvementée de ce héros oublié de nos livres d’histoire. Un héros qui traversera l’Atlantique pour libérer l’Amérique de ses envahisseurs anglais, puis viendra se battre contre les colonnes infernales de Turreau.

    Pour suivre Charette, le spectateur est embarqué dans un gigantesque travelling, comme au cinéma. Il a fallu des mois de réglages pour imaginer un système de rotation conforme aux exigences du récit. La technologie est omniprésente puisque les décors en vidéo projections, les lumières, le son et tous les effets spéciaux suivent l’action à 360°. On se laisse emporter par l’émotion. 33 minutes intenses pendant lesquels les tribunes se déplacent au gré des tableaux.

    Le spectacle débute sur l’Ile de Sainte-Hélène où Napoléon rédige ses mémoires et évoque la figure héroïque de Charette. Une belle mise en bouche avant que nous ne soyons emportés sur l’Océan Atlantique reconstitué sur un plan d’eau très agité de 60 mètres de long, sur lequel vogue une frégate à bord de laquelle Charette accompagne Lafayette. Lui qui détestait la mer, il avait été forcé par son père de suivre l’École de Brest. Victorieux des Anglais, il est décoré par le général Washington avant de revenir en France où les paysans lui commandent de mener la révolte contre les bleus qui ont reçu l’ordre de la sinistre Convention d’anéantir les brigands.

    Pendant trois ans, Charette sera pourchassé de village en forêt, de ferme en château avant que son destin ne bascule dans une fantastique et tragique épopée. Son ultime combat pour la liberté s’achèvera à Nantes, le 27 mars 1796. Condamné à mort, il ordonnera lui-même de faire feu avec sa célèbre réplique« lorsque je fermerai les yeux, tirez droit au cœur ». Il refusera d’ailleurs de se faire bander les yeux, et fera sienne, avant de mourir, la réplique « Seigneur, entre tes mains je remets mon esprit ». On reconnaît la discrète patte religieuse que Philippe de Villiers impose à tous ses spectacles.


    Vous pourrez assister en direct à cette exécution jusqu’au 25 septembre dans ce Théâtre des Géants, après avoir parcouru la tranchée des Amoureux de Verdun qui vient d’être sacrée par les Thea Awards de Los Angeles, « meilleure attraction du monde » ! Nul ne peut douter que ce Dernier Panache lui succédera, l’an prochain.
  

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma
    Boulevard Voltaire
     
     
  • Survivre à tous les coups

    Crise financière, migrations de masse et destruction de l’environnement écologique. Pour Piero San Giorgio, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera dans moins de dix ans. Ce survivaliste se prépare au pire.
    Cet homme est ce que l’on appelle un survivaliste. En Suisse, ils seraient plus d’un millier à se tenir prêts aux scénarios catastrophiques. L’illustré avait rencontré ce Genevois il y a trois ans, dans son chalet caché dans les montagnes. Cette «base autonome durable», comme il l’appelle, abrite de la nourriture, des armes et un accès à l’eau: de quoi abriter dix adultes pour une durée d’un an en cas de crise.
    Inutile de chercher l’image d’un extravagant confiné dans son bunker. Loin des clichés des films de Hollywood, c’est en famille que Piero San Giorgio a commencé à se préparer à l’échéance du krach il y a dix ans. Aujourd’hui, cet ancien directeur marketing est devenu l’un des gourous du survivalisme en Europe. Depuis, il a vendu plus de 100 000 exemplaires de ses trois livres, donne des conférences en Europe et en Afrique et propose des cours et conseils de survie et d’auto­défense.
    Il y a trois ans, vous disiez que le monde tel qu’on le connaît allait s’effondrer «dans une dizaine d’années». En êtes-vous toujours sûr?
    Oui, je le vois de plus en plus. Je pense que l’on va vers une crise économique provoquée par une convergence de différents chaos, comme la raréfaction des ressources, la destruction des environnements écologiques, les migrations de masse et un modèle économique occidental basé sur la finance. Dans cinq ou six ans, nous connaîtrons la fin de ce monde. Mais il ne faut pas s’attendre à une prophétie. Cela sera relativement progressif et n’arrivera pas à une date précise.
    Comment voyez-vous cette crise? Allons-nous tous nous entre-tuer?
    Bien sûr, en Suisse, nous sommes privilégiés. Mais les crises sont à nos portes, elles envahissent déjà les pays d’Europe comme l’Italie et la Grèce. Nous connaîtrons une pénurie des ressources énergétiques comme le pétrole; puis la chute du système financier détruira l’épargne des gens, ce qui provoquera un désastre social. Dans les climats difficiles, les gens ont souvent recours à la violence. Je n’espère pas que l’on ira jusqu’à s’entretuer. C’est la raison pour laquelle je vais au contact des gens. Plus les gens sont préparés, moins ils paniqueront et mieux ils réagiront à ce genre de changements. En cas de chaos, ce ne sera pas chacun pour soi, mais on formera des communautés avec notre famille, puis nos amis. Je récolterai des patates, tu t’occuperas du poulet et il fabriquera des chaussures. Il y aura clairement un retour vers quelque chose de plus naturel.
    Vous possédez tout de même une collection d’armes impressionnante.
    Oui. Mais il est tout à fait normal d’avoir son arme de service à la maison, en Suisse. C’est inscrit dans notre tradition. Si l’économie s’effondre, les forces de l’ordre disparaîtront et ne pourront plus défendre les citoyens. Mes propres armes me serviront de protection en cas d’attaque ou d’invasion.
    Que proposez-vous dans vos cours de survie dans la nature?
    En une demi-journée, je leur apprends quelques concepts de base pour se préparer. Il y a deux mois, nous nous sommes rendus dans la forêt, où j’ai donné des techniques de défense à des femmes. Ces cours sont gratuits et s’adressent à tout le monde. J’essaie aussi de montrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un arsenal pour se défendre. Il y a énormément d’outils que l’on peut avoir dans son jardin ou sa maison en cas d’attaque.
    D’où vous vient cette peur du chaos?
    Cette crainte m’est apparue lors de la deuxième guerre d’Irak en 2003 et des mensonges américains à l’époque. Si un gouvernement était capable de nous mentir sur des guerres, il devait y avoir quelque chose derrière. Cette chose, c’est le pétrole, qui est en déclin. Puis mes voyages en Afrique et en Asie dans le cadre de mon ancien travail m’ont fait prendre conscience de la destruction de l’environnement, des problèmes de pauvreté et de nutrition massifs. J’ai eu une prise de conscience progressive. En 2005, j’ai ressenti le besoin de me préparer. Il ne s’agit pas de craindre le changement, mais simplement de l’anticiper.
    Comment avez-vous commencé vos préparations?
    Au début, elles étaient sans queue ni tête. J’ai acheté une trousse de secours pour la maison, ensuite un chargeur solaire, quelques boîtes de conserve à mettre à la cave. Puis je me suis dit qu’il fallait que je sois plus organisé. En écrivant mon premier livre en 2011, j’ai dû raisonner et structurer mes préparations.
    Comment votre entourage a-t-il vécu vos débuts dans le survivalisme?
    Ils m’ont pris pour un original au début. Je leur faisais part de mes impressions sur ce qui se passait dans le monde. Puis un jour, on m’a dit: «Tu m’avais prédit qu’il y aurait cette guerre en Ukraine, et elle est arrivée.» Petit à petit, mes proches ont changé leur perception. Certains me disent que j’avais raison, ils ont vendu leur maison, se sont acheté une ferme à la montagne et se préparent. Les gens font leur chemin. Ils se rendent compte que ce mode de vie, qu’ils pensaient plus difficile, leur apporte en fait plus de bonheur, car ils sont réunis en famille, vivent dans la nature, fabriquent leur propre nourriture.
    Comment inculquez-vous vos valeurs à vos quatre enfants?
    Ils sont encore petits, donc je le fais de manière subtile. Je veux qu’ils aient une vie d’enfant normale, sans qu’ils angoissent par rapport au futur. Je les responsabilise petit à petit. Les grands font du kung-fu, ils apprennent à connaître la nature dans la montagne et à économiser l’eau.
    Cette préparation a-t-elle resserré vos liens familiaux?
    J’ai redécouvert les liens sociaux, car je passe plus de temps en famille et avec mes amis proches. Au final, c’est ce qui rend les gens heureux. L’être humain, c’est de la survie et de l’amour.
    Comment cela se passera pour vous et votre famille le jour où la catastrophe arrivera?
    Nous nous rendrons progressivement dans la «base autonome durable», si les choses continuent à aller mal de manière lente. Mais il n’y a pas forcément de scénario selon lequel nous partirons dans la minute. C’est un plan qui me semble peu probable.
    Et pour ceux qui ne sont pas préparés?
    Quand la crise arrivera, il y aura beaucoup de gens démunis. La plupart des gens feront comme ils pourront. Certains déprimeront, d’autres feront du troc et trouveront des ressources là où ils ne l’auraient pas imaginé. Ils seront paniqués et réagiront moins rationnellement que ceux qui se préparent. Après, la question n’est pas de survivre à tout prix tout le temps. Il y a des scénarios contre lesquels on ne peut rien.
    Pourquoi écrire ces livres et faire des conférences?
    Je poursuis deux objectifs. D’un côté, si tous mes voisins se préparent autour de moi, ils vont moins me poser de problèmes le jour d’une crise. De l’autre, je me considère comme citoyen responsable et veux le bien de mes concitoyens. Ma manière d’aider les gens, c’est de leur faire prendre conscience qu’on a des problèmes. Mais après, c’est à eux de faire le boulot. J’essaie de donner des techniques et des méthodes, je ne suis pas un prophète.
    Quelles sont ces méthodes?
    La première étape est de réaliser que l’on est en train d’aller vers un effondrement. Ensuite, il faut faire en fonction de la place que l’on a. Si l’on n’a pas de cave, il y a de la place dans les armoires ou sous le lit. Mais ne serait-ce qu’avoir une semaine de nourriture et d’eau, c’est déjà énorme et cela nous donne le temps de voir venir la crise. Il faut aussi des batteries, lampes de poche, couvertures. Il faut réfléchir à son autonomie, pas seulement au stock. On peut faire pousser des tomates sur son balcon, même en ville. Mais je vous avoue qu’en stockant un an pour dix personnes, je vois les choses un peu en grand. Mais c’est ma façon de faire, je suis un peu exubérant
    Sentez-vous que les Suisses s’intéressent de plus en plus au survivalisme?
    Oui, c’est clair. Quelques milliers se disent survivalistes dans notre pays, et ce ne sont pas des farfelus. Mais les gens qui se préparent instinctivement, sans le savoir, cela se compte par dizaines de milliers. Vous savez, il y a vingt ans, 100% des Suisses auraient été qualifiés de survivalistes, car ils stockaient dans leur abri antiatomique. Aujourd’hui, le chef de l’armée suisse nous dit de nous préparer et de faire des réserves d’eau, notamment. Quand on y pense, c’est totalement normal. Simplement, on l’oublie dans nos soucis quotidiens.
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