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culture et histoire - Page 1160

  • Les Déracinés, de Maurice Barrès Partie 2

    Ce qui ne trouve en revanche aucun élément rédempteur aux yeux de Barrès, c'est le rationalisme kantien, comprenant le fameux Impératif catégorique issue du Fondement de la métaphysique des mœurs (1785). Le défaut fondamental que lui trouve Barrès est qu'il ne prend pas en compte l'existence de la chair, et qu'il s'attache exclusivement à un idéal de pureté davantage adapté à Dieu qu'à l'Homme, négatif photo du pragmatisme (le kantisme considérant, par exemple, qu'une action ne peut être jugée qu'en fonction de ses motivations, et n'a aucune valeur si elle n'est pas mue par la "volonté bonne", ce qui veut dire qu'on excusera l'enfer, tant qu'il est pavé de bonnes intentions). On a évoqué plus haut la réflexion de Kant : "agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle" (appréciez la plume aérienne du philosophe). Barrès y voit une démonstration d'égocentrisme absolue. Les Déracinés est une critique du règne de la subjectivité et de la moralité individuelle, à laquelle il oppose la "conscience nationale". L'organique. Ses jeunes protagonistes veulent "devenir des individus", seuls entre eux-mêmes, mauvaise idée à laquelle Barrès oppose une pensée holistique pure (qui consiste à considérer les phénomènes comme des totalités et non comme des sommes de parties, s'opposant, d'un point de vue sociologique, à l'individualisme). La morale de Barrès est celle de la volonté d'accomplir un destin commun, celle de la terre et de la patrie. On retrouve sa légère obsession de la "race", qu'il emploie plus au sens territorial que biologique, comme Charles Maurras. À travers son roman, Maurice Barrès cherche à rendre meilleurs l'homme et la société dans laquelle il se meut, non à partir de concepts abstraits ou d'idées fausses, mais en se fondant sur des réalités tangibles. Aux méfaits du jacobinisme, de l'universalisme, et du centralisme sur les jeunes esprits, en un mot, du déracinement, il oppose les bienfaits de la décentralisation, de la continuité, de "tout ce qui demeure vivant de l'héritage de que nous avons reçus de nos pères", en un mot, de l'enracinement. "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut", écrit Frédéric Mistral dans Les Îles d'or. À l'époque de Barrès, la France avait déjà cessé de monter.

    Barrès descend donc l'enseignement de ladite philosophie par le vil Bouteiller, élite formatée n'envisageant pas un instant de remettre en question son bien fondé, comme un croyant face à la vérité révélée. À travers ce personnage, on pressent la venue, lointaine mais sûre, des profs sociaux-libéraux de l'ère soixante-huitarde, et leur qualité de propagandistes solidifiée par leur conviction d'appartenir au Camp des Saints ; mais aussi des amibes technocratiques moralement désertiques comme un Alain Minc, dont les analyses du monde ignorent ses réalités sociales, culturelles, charnelles. Pour Barrès, l'enseignement de la philosophie allemande contribue à détacher la jeunesse française de ses racines. C'est en partie d'elle que se nourrit le cosmopolitisme, concept dément vieux comme l'antiquité mais appliqué depuis peu au monde. L'expression "citoyen du monde" reviendra à plusieurs reprises dans le roman, jamais sous un éclairage positif, naturellement. En tentant d'accéder à l'universel, les petits étudiants vont se défaire de leurs attaches régionales, du lien charnel à la terre, et d'un certain particularisme, devenant des créatures sans passé, employées du grand Capital, bâtards du siècle. On croyait les pages vierges qu'ils étaient remplies des "enseignements" de Bouteiller, mais ces "enseignements" ont été écrits à l'encre sympathique. L'élévation va pour beaucoup se transformer en chute, qu'elle prenne la forme d'une sévère désillusion, ou d'une authentique tragédie comme indiquée plus haut : les plus pauvres des sept jeunes Lorrains, confiants en la justesse du nouveau monde et en l'égalité des chances tant vantée, demeureront au final les perdants, victimes du système qui les aura transformés en Icare de supermarché, aveuglés par les lumières de la capitale, croyant naïvement pouvoir toucher le soleil du doigt ("L'état donne aux jeunes Français des notions exagérées de la place occupée dans le monde par les idées de droit, de justice, de devoir" - p.293). Au lieu de cela, ils auront droit à l'isolement et au vice… ils auront droit aux coulisses de leur nouveau monde.

    Les enseignements de l'Empereur

    Plus haut a été évoquée la réunion fondatrice des jeunes protagonistes du livre autour du tombeau de Napoléon 1er. Il va sans dire que la figure de l'Empereur occupe une place cruciale dans Les Déracinés, comme ce chapitre constitue un passage charnière du récit. Une façon de rappeler que le bonapartisme doit être une voie explorée attentivement par le traditionaliste à la fois méfiant de la république, et pas entièrement convaincu par la praticabilité de la restauration royaliste (on pense surtout à la notion de dynastie dans la monarchie héréditaire : vers qui se tourner ? Légitimistes ? Orléanistes ?). L'idée de l'homme providentiel émergeant des cendres du combat a de tout temps suscité la fascination des peuples - plus ou moins conscient des risques de dérive dictatoriale inhérents à ce cas de figure. On peut se demander si la tentation césariste est véritablement un danger.

    Quand on parle de bonapartisme, il ne s'agit pas de celui de Napoléon III, le nain qu'aimait moquer Victor Hugo, et qui aura surtout anéanti les chances de formation d'une dynastie en transformant progressivement l'Empire en régime gras, parlementaire et démocratique. Quitte à choisir un sous-courant consécutif à la dissolution du Second Empire, on préfèrera le bonapartisme "blanc" des victoriens ou impérialistes, proches de la droite royaliste et cléricale, opposée à la gauche républicaine. Mais il est conseillé de s'arrêter sur le "vrai" bonapartisme. Et pour retourner à ses  fondements, la voie la plus conseillée est sans doute la lecture du Mémorial de Sainte-Hélène, recueil des mémoires de Bonaparte rédigé par l'historien Emmanuel de Las Cases au cours d'entretiens quasi quotidiens avec l'Empereur, à Saint-Hélène. Ce que l'on peut en lire confirme le fossé qui sépare le bonapartisme du jacobinisme. Présenté à l'inverse par certains comme un libéral, Bonaparte s'en distingue également par son attachement à un exécutif puissant et sa méfiance presque maladive envers le marché (on pense à son fameux "la bourse, je la ferme"). Son antiparlementarisme et sa méfiance envers les assemblées législatives, "sources d'instabilité", accroissent le pouvoir de séduction de sa "monarchie constitutionnelle tempérée" - nous sommes loin du despotisme militaire. Le caractère plébiscitaire de sa gouvernance renforce plutôt qu'elle ne menace sa dimension héréditaire : pour lui, un peuple aspire à une dynastie de régnants, qui trouvera sa raison d'être dans l'incarnation de ses aspirations élémentaires (après tout, ce n'est pas un référendum qui a fait tomber le second empire). Enfin, Napoléon 1er aspire à la fin du règne des partis, un des éléments fondamentaux de la pensée royaliste. Pour fortifier la nation, Napoléon proclame le bien-fondé de la promotion des élites, et aspire à la création d’une aristocratie nationale sans privilèges anachroniques. Une aristocratie à mille lieues de celle, financière, de cosmocrates nomades jouant avec nos vies de leurs dirigeables de luxe.

    La gouvernance d'un de Gaulle, seul chef d'état digne de ce nom que nous ayons eu en deux siècles, comporte de nombreux points communs avec celle de Napoléon 1er. Il n'y a pas de coïncidence. Cette somme de constats suggère une réflexion de fond sur un système qui parviendrait à combiner les qualités du monarchisme selon Maurras et celles du bonapartisme originel. Le combat de la critique positive n'est pas près de finir.

    Si loin, si proche

    Une des choses qui rendent Les Déracinés d'autant plus passionnant vis-à-vis du Socle, c'est le parallèle que l'on peut faire entre nous, ses membres, et les sept jeunes Lorrains. Comme nous, ils se cherchent un positionnement politique et moral dans la société française moderne - c'est là l'ambition supérieure qui les distingue de leurs pairs. Comme nous, ils cherchent une place à la France dans un monde qui l'ensevelit chaque jour un peu plus, et un sens à l'Histoire qui, elle aussi, prend de cours un peu tout le monde. Comme nous, et en dépit de quelques convictions solides comme la primauté de la nation (issue d'une sorte de proto-boulangisme préfigurant à mon sens un socialisme national), ils bâtissent leur vision du monde sur la conscience que ce dernier est complexe, et que son sens menace de leur échapper à tout instant. Comme Barrès, comme nous, ils se nourrissent de leurs doutes et de leurs dissensions cordiales. Il est probable que la majorité des groupes d'action ou de réflexion politique qui se forment dans la France d'aujourd'hui aient, chacun, leur François Sturel, leur Maurice Roemerspacher, et leur Henri Gallant de Saint-Phlin. Certains membres de ces groupes pourront même puiser dans Les Déracinés une certaine inspiration. Au moment d'une réunion, Suret-Lefort dit : "il est évident que chacun de nous a ses vues sur la religion. J'admire Saint-Phlin ; je demande seulement que nul n'ait à endosser les idées de ses collaborateurs. Je ne pourrais écrire à La Vraie République s'il n'était pas entendu que la profession de Saint-Phlin n'engage que lui seul." (p.242) Les multiples divergence entre les membres du journal la Vraie République sont complexes, parce qu'aucun d'entre eux n'a entièrement raison, ni entièrement tort, ce magnifique patchwork illustrant les tourments existentiels de la France d'alors… tourments qui se poursuivent encore aujourd'hui.

    Les Déracinés inspirera nombre de réflexions au traditionaliste n'ayant pas encore trouvé parfaitement sa voie. Rejette-t-il la république, tel un Barrès ? Ou bien sa conception de la France pourrait-elle se satisfaire d'une république autoritaire et "virile", quitte à être portée, dans un premier temps, par un tempérament despotique ? Dans le second cas, croit-il que l'instauration d'une sixième république constituerait un début de solution ? Où se situe-t-il face à, d'un côté, les tenants d'un pouvoir centralisé, comme les césaristes, et de l'autre, l'exaltation par un Barrès de la province comme "France réelle" ? Dans le prolongement de cette réflexion, que pense-t-il du principe de subsidiarité ? Au risque d'effrayer son propre pessimisme, ne croit-il pas que la France a, comme les jeunes protagonistes du roman de Barrès, subi un processus de désenracinement déjà bien engagé ? Auquel cas, a-t-il une idée des moyens de la réenraciner, fussent-ils radicaux ? Sans forcément se positionner vis-à-vis de la figure historique de Napoléon, qui a tant inspiré nos jeunes déracinés, que pense-t-il qu'il faudrait garder de l'héritage napoléonien (d'un côté, le bilan matériel et les institutions établies de 1800 à 1804, de l'autre, le bilan mythologique et imaginaire) ? Et une myriade d'autres interrogations tout aussi substantielles.

    Pour le SOCLE 

    - Face aux menaces extérieures, la république n'a pas les moyens de protéger la France.

    - Le parlementarisme est un régime dangereusement instable et aisément corruptible.

    - Il n'existe qu'un seul nationalisme : défensif et conservateur.

    - Paris, ou du moins le Paris de son époque, est une Babylone nouvelle, dévoreuse d'âmes.

    - La Province est la "France réelle".

    - L'universalisme et le cosmopolitisme sont parmi les plus grands ennemis de la patrie.

    - Le processus de dissolution de l'identité française sous les influences étrangères avait déjà commencé dans la seconde moitié du XIXème siècle.

    - La subsistance de la patrie tient à la volonté d'accomplir un destin commun.

    - Le rationalisme kantien et son culte de la raison sont fondamentalement mauvais.

    - Le "culte du Moi" (épanouissement de sa propre sensibilité) nourrit le patriotisme : en invitant à l'introspection, il induit une célébration de ses propres origines et du passé.

    - Il est recommandé de se méfier des professeurs trop exaltés !

    http://lesocle.hautetfort.com/archive/2016/03/20/les-deracines-de-maurice-barres-5777117.html

  • Les Déracinés, de Maurice Barrès Partie 1

    Quand le traditionaliste séduit par la pensée royaliste a suffisamment parcouru l'œuvre de l'incontournable Charles Maurras, son arrêt suivant se situe généralement sur les sentiers du tout aussi grand Maurice Barrès. Présentons-le en quelques lignes hautes en couleur, pour les non-initiés : Barrès est un écrivain et homme politique français né en 1862, qualifiable de pendant mélancolique de Maurras, et autre figure de proue du nationalisme traditionaliste français. Orateur virulent, funestement antidreyfusard, boulangiste convaincu, nationaliste attaché un temps aux idées socialistes, ennemi absolu du marché absolu, figure fluctuante d'un patriotisme se cherchant un peu, tanguant entre la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède (antiparlementaire et nationaliste) et le royalisme positif de son ami Maurras, dont il se distinguait par un rapport aux idées politiques bien plus distancié. Il  ne cèdera jamais au monarchisme, ni au républicanisme, ni à aucun autre dogme que celui de la terre et du sang. Tout en tenant à l'"équilibre du Moi" en ces temps où moult idéologies veulent transformer la personne en individu, l'homme donne une importance capitale au respect de ce qui a précédé, les ancêtres et leur héritage, et à ce qui transcende les êtres, le sacré. "Nous sommes les instants d'une chose immortelle", dira-t-il vers la fin de sa vie.

    Félix Croissant, pour le SOCLE

    La critique positive des Déracinés au format .pdf

    2382446219.jpgAlors que Barrès est surtout un essayiste, un chroniqueur et un journaliste, son livre le plus connu est un roman publié en 1897, Les Déracinés. Bien que la bibliographie du Socle tiennent également à distance la fiction, s'arrêter attentivement sur cet ouvrage n'aura pas manqué de nourrir notre pensée politique.  

    L'action se déroule dans l'atmosphère dépressive engendrée par la débâcle militaire de 1871 face à la Prusse, cadre où les institutions, jusqu'à la République même, se trouvent en péril, et dans le contexte de la crise économique qui accable le monde depuis 1873, et a provoqué une forte montée du chômage chez les paysans et ouvriers.

    Disons-le d'entrée : Les Déracinés est un grand roman dans la lignée de l'œuvre d'un Balzac ou d'un Stendhal, ample et foisonnant, aussi stimulant intellectuellement que passionnant dans son récit. L'écriture de Barrès est un peu solennelle, parfois exagérément verbieuse, mais surtout massive, et lyrique (la description des funérailles de Victor Hugo, sur laquelle se conclura le roman, est d'une puissance inégalée), et d'une précision parfois intimidante dans ses descriptions des tourments psychologiques de ses personnages. 

    Nancy, 1879

    L'action des Déracinés démarre dans un lycée de Nancy, en 1879 (on est dans de la quasi-autobiographie, à ce stade), où sept lycéens, Sturel, Suret-Lefort, Saint-Phlin, Roemerspacher, Racadot, Renaudin et Mouchefrin, pages blanches ne demandant qu'à être remplies, voient leur monde retourné à 670 degrés par un professeur de philosophie jeune et dynamique, Bouteiller, à la fois professeur plein d'idéaux et petit commissaire politique en puissance. Son éloquence, sa verve, et sa conviction monolithique d'appartenir au camp de l'avenir et du juste va convertir sans mal ces gamins à une vision du monde républicaine (Bouteiller est un gambettiste convaincu, soit de la gauche républicaine modérée) et kantienne (sa devise : toujours agir en désirant que son action serve de règle universelle). Cette vision du monde a un corollaire : l'idée que l'avenir se joue à Paris, centre du monde d'alors… où ces jeunes hommes joueront, précisément, leur avenir. On percevra rapidement l'amour de Barrès pour la province et sa méfiance envers la cité. L'ascension des jeunots sur la capitale survient au bout d'une petite cinquantaine de pages au-delà desquelles rien n'ira plus : ivres d'espoirs et de fierté mal placée, naïvement confiants en la solidité de leurs liens face à la gargantuesque machine citadine, le groupe de jeunes hommes est déjà, sans s'en rendre compte, victime du déracinement lorrain que leur a fait subir Bouteiller, théoricien plus obsédé par sa grande idée de la France que par les âmes qui la forment. Le déniaisement parisien suivra, et se conclura cinq ans plus tard par le sacrifice sous la guillotine d'un des sept protagonistes, présenté comme le dommage collatéral de leur entreprise trop grande qui se sera brisée sur l'impitoyable réalité de cette fin de siècle comme des vagues sur un rocher. 

    Sans s'ouvrir dessus, l'action des Déracinés prend vraiment son envol lorsque les sept jeunes Lorrains se retrouvent autour du tombeau de Napoléon 1er pour lancer leur grand projet de journal "différent", La Vraie République. Napoléon, figure du grandiose et de l'accomplissement personnel, source de l'imagination condensée du siècle. Un modèle. À la fin du livre, les ex-gamins auront remplacé ces aspirations à un horizon supérieur par une place dans le système, vie faite de concessions qu'ils auraient méprisées quelques années plus tôt. La cité corruptrice… air connu.

    Nous avons donc Sturel, fils de la grande bourgeoisie provinciale et rêveur à la sensibilité maladive ; Roemerspacher, animal social cartésien et équilibré ; Gallant de Saint-Phlin, de famille monarchiste et catholique, grand optimiste ; Suret-Lefort, pur produit de Science Po, avocat anticlérical et antiromantique ; Renaudin, journaleux arriviste et avare, futur traître au boulangisme ; Racadot, petit-fils de serf et ambitieux matérialiste ; Moucherin, sans-le-sou malingre et laid trouvant sa raison d'être dans l'ombre de Racadot. Quelques uns des personnages ont de sérieux airs de Rastignac - l'œuvre de Balzac n'ayant pas échappé à Barrès. Mais l'élévation dans la société des personnages de Barrès se distingue de celle des personnages de Balzac par sa différence de ton : là où Balzac épousait le cynisme blasé de son antihéros, Barrès habite ses personnages les plus prospères et carriéristes d'un certain fatalisme stendhalien (certains rappelant davantage le Julien Sorel du Rouge & Le Noir). Par ailleurs, le mélancolique et indécis François Sturel, qui ressemble le plus à Barrès, a davantage de temps d'antenne que des personnages comme l'opportuniste Suret-Lefort. Sturel et quelques autres finiront par réaliser, trop tard, l'erreur de leur voie individualiste et de la réalité du déracinement.

    Un puissant écho dans le présent

    Se distinguant de l'œuvre d'un Zola de par son aptitude à bouleverser les idées, Les Déracinés n'offre rien de moins qu'un témoignage historique et politique d'une époque à la fois proche de la nôtre sur la frise historique, et séparée par le gouffre béant du 20ème siècle. C'est une fiction certes, mais nourrie à l'expérience barrésienne du monde, détail qui confère au romanesque une légitimité de document officiel, et une épaisseur d'ouvrage documentaire. Documentaire étonnant d'actualité : Barrès décrit un monde en connaissance de cause, et cela donne lieu à des scènes de la vie politique et sociale de Paris d'une authenticité impressionnante, et effroyablement proches de celles que l'on connait aujourd'hui. Barrès invite rétrospectivement à une mise en perspective de l'Histoire française d'après-1793, réduisant le gouffre du 20ème siècle à quelques coups de canons bien bruyants et deux-trois charniers fort regrettables : en le lisant, le patriote d'aujourd'hui, fût-il pleinement conscient que le désastre civilisationnel contemporain n'a pas surgi du néant au mois de mai 68, ne manquera pas de penser : "ventre-saint-gris, c'était exactement la même chienlit en 1880 !" Exactement, cent ans avant l'arrivée d'Attali à l'Élysée en tant que conseiller spécial de l'homme à l'écharpe rouge - non, pas Christophe Barbier. La même chienlit : le déracinement. Une société sans repère. Les Déracinés est un manifeste presque philosophique sur ses dangers, et, bien naturellement, politique (on peut y deviner, par exemple, l'antidreyfusisme de son auteur et son hostilité générale envers les Juifs non-assimilés…).

    Trouvons, page 240, un exemple illustrant le puissant écho du roman avec notre réalité : "La France débilitée n'a plus l'énergie de faire de la matière française avec des éléments étrangers. Je l'ai vu dans l'Est, où sont les principaux laboratoires de Français. C'est pourtant une condition nécessaire à la vie de ce pays : à toutes les époques, la France fut une route, un chemin pour le Nord émigrant vers le Sud ; elle ramassait ces étrangers pour s'en fortifier. Aujourd'hui, ces vagabonds nous transforment à leur ressemblance." Le caractère prophétique des Déracinés est un autre de ses joyaux : dès 1880, il aura diagnostiqué un ébranlement fondamental des valeurs annonçant un "ordre nouveau".

    La cité mortifère

    Au-delà même de sa nature de récit initiatique, Les déracinés est surtout une radioscopie de l'univers intellectuel Parisien dans la troisième république naissante, aux institutions menacées par les calculs politiques et les ambitions personnelles. Barrès connaissant le monde du journalisme parisien, on a droit à des pages entières de description des relations perverses qui lient temporairement politiciens et journalistes, et du carnaval des subventions d'état à la presse. On retrouve Bouteiller, anciennement professeur de philosophie plein de formules pompeuses, présentement boursier et aspirant-député ne reniant pas le moindre calcul, et le gotha parisien qu'il fréquente, comprenant des personnages historiques comme le banquier juif Jacques de Reinach. On passe de la haute bourgeoisie vivant dans des hôtels particuliers de l'ouest parisien, incarnée par la jeune Mademoiselle Alison, qui épousera plus tard un jeune baron un peu crétin, au Paris populaire du nord-est, où subsistent deux de nos jeunes Lorrains les moins fortunés. Barrès juxtapose l'univers érudit et ouaté du Bel-Ami de Maupassant à celui, étouffant et suintant, des Misérables d'Hugo, dimensions interdépendantes d'un Paris hypertrophié et articulé par le seul chaos, au cœur duquel fermente le tumulte à venir, cadre de la monstrueuse mosaïque de l'auteur.

    On s'évade aussi de cet imposant foutoir à travers les récits rocambolesques et mystiques de la belle aristocrate ottomane Astiné Aravian, venue de Constantinople et de passage à Paris, dont le jeune Sturel tombe vite amoureux. Elle l'aidera à prendre en partie conscience de l'ampleur du monde, et à déceler - un peu - l'absurdité certaine du petit théâtre parisien. 

    En guise de parenthèse, on rappellera que Barrès était un grand voyageur. Lorsqu'André Gide, pas son plus grand partisan, lui écrit, après lecture des Déracinés : "né à Paris d'un père uzétien (d'Uzes, située dans le Gard) et d'une mère normande, où voulez-vous que je m'enracine ? J'ai donc pris le parti de voyager", Barrès a l'autorisation de lui rire à la figure. Il faut préciser que Gide le comparera plus tard à Adolf Hitler. CQFD.

    La République, l'universalisme, Kant, et leur "nouveau monde" 

    Qui dit Paris dit république. La position de Barrès à son égard est ambigüe ; jamais vraiment antirépublicain comme un Maurras, mais conscient de ses tares inéluctables, il se fend d'une critique en demi-teinte de ce régime incandescent. Il prend lui aussi un recul saisissant pour observer cette dernière, inspiré par l'œuvre du grand historien Hippolyte Taine, à qui l'on doit le monumental livre-fleuve Origines de la France contemporaine. Ce dernier, auquel Barrès dédiera un chapitre entier de son livre, compare l'internat à de "grosses boites de pierre", machines égalitaires où la personne est réduite à l'état d'individu. Barrès n'exprimera rien de moins dans son livre avec ses sept jeunes protagonistes à la fois produits et victimes de cette machine. 

    Face au niveau de langage et de réflexion de ces jeunes Lorrains, sans commune mesure avec celui des jeunes têtes plus ou moins blondes qui garnissent nos lycées, certains de nos contemporains seront tentés de relativiser les failles de l'internat. Ce point n'échappera pas à l'esprit lucide traversant nos âges sombres et subissant les excentricités funestes du monde moderne, son néolibéralisme suintant, son progressisme vindicatif, son vivrensemble, sa discrimination positive, son relativisme culturel, sa LGBT-friendliness, son Aymeric Caron à l'incomparable chouinage poivre et sel, sa Belkacem à mini-jupe rétractable, son sapin de Noël anal, son art moderne tout autant, et son absence regrettable de Dominique Wolton. C'était déjà la chienlit en 1880, mais en lisant Les Déracinés, on mesure l'ampleur de la dégringolade pluridisciplinaire que connait la France. Pour paraphraser Orwell, à l'époque d'Entre les murs, embrasser le monde de Barrès devient un acte révolutionnaire.

    À suivre

    http://lesocle.hautetfort.com/archive/2016/03/20/les-deracines-de-maurice-barres-5777117.html

     

  • Les Déracinés, de Maurice Barrès

    2382446219.jpgQuand le traditionaliste séduit par la pensée royaliste a suffisamment parcouru l'œuvre de l'incontournable Charles Maurras, son arrêt suivant se situe généralement sur les sentiers du tout aussi grand Maurice Barrès. Présentons-le en quelques lignes hautes en couleur, pour les non-initiés : Barrès est un écrivain et homme politique français né en 1862, qualifiable de pendant mélancolique de Maurras, et autre figure de proue du nationalisme traditionaliste français. Orateur virulent, funestement antidreyfusard, boulangiste convaincu, nationaliste attaché un temps aux idées socialistes, ennemi absolu du marché absolu, figure fluctuante d'un patriotisme se cherchant un peu, tanguant entre la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède (antiparlementaire et nationaliste) et le royalisme positif de son ami Maurras, dont il se distinguait par un rapport aux idées politiques bien plus distancié. Il  ne cèdera jamais au monarchisme, ni au républicanisme, ni à aucun autre dogme que celui de la terre et du sang. Tout en tenant à l'"équilibre du Moi" en ces temps où moult idéologies veulent transformer la personne en individu, l'homme donne une importance capitale au respect de ce qui a précédé, les ancêtres et leur héritage, et à ce qui transcende les êtres, le sacré. "Nous sommes les instants d'une chose immortelle", dira-t-il vers la fin de sa vie.

    Félix Croissant, pour le SOCLE

    La critique positive des Déracinés au format .pdf

    Alors que Barrès est surtout un essayiste, un chroniqueur et un journaliste, son livre le plus connu est un roman publié en 1897, Les Déracinés. Bien que la bibliographie du Socle tiennent également à distance la fiction, s'arrêter attentivement sur cet ouvrage n'aura pas manqué de nourrir notre pensée politique. 

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  • Dissidence française #JEANNE2016 : NOTRE BILAN !

    À l’appel de la Dissidence Française, 5 mouvements patriotes se sont rassemblés ce dimanche en hommage à Sainte Jeanne, Place des Pyramides à Paris : le Parti de la France, le Front de Défense de la France, Pegida France et la Ligue Patriotique.

    Au total, plus d’une centaine de patriotes venus des quatre coins de la France firent le choix de l’unité autour de la Patronne de la Patrie à l’occasion d’un week-end militant aussi chargé que convivial.

    Le samedi, Vincent Vauclin, accompagné de plusieurs militants du Mouvement, se rendit au 3ème Congrès du Parti de la France, en signe d’amitié et de fraternité patriote. Dans la soirée, un diner de cohésion rassembla nos militants et nos cadres à l’occasion de retrouvailles conviviales destinées notamment à finaliser les préparatifs pour l’évènement du lendemain.

    Le dimanche, à 10h, notre rassemblement débuta sous une météo propice et au traditionnel chant des Lansquenets. Après les prises de paroles de Thomas Joly (Parti de la France), Marceau (Front de Défense de la France), et Vincent Vauclin (Dissidence Française), deux bouquets de roses furent déposés aux pieds de la statue équestre de Sainte Jeanne, au nom de l’ensemble des patriotes Français. La Dissidence Française adresse en particulier ses remerciements à Thomas et Marceau pour le soutien logistique qu’ils apportèrent et qui permit de faire de ce rassemblement une réussite.

    Enfin, dans l’après midi, nos militants se joignirent au défilé traditionnel organisé par l’Institut Civitas, en compagnie de plusieurs autres mouvements, dans un esprit de cohésion. Une centaine de tracts de la Dissidence Française furent distribués aux manifestants à cette occasion.

    https://la-dissidence.org/2016/05/10/jeanne2016-notre-bilan/

  • Identité et existence enracinée

    Claude Bourrinet

    « Allez donc visiter le Mont-Saint-Michel ou le château de Versailles, cela vous donnera un début d'idée », a rétorqué Marion Maréchal-Le Pen à Cambadélis, qui avançait que la France n'existait pas, et que, seule, la république, avait la chance d'être, à ses yeux.

    Je serais quand même étonné que Cambadélis, même ancien trotskiste, même franc-maçon, ne l'eût faite, un jour, cette visite. Au moins celle du château de Versailles, où des sauteries ont parfois lieu, pour les bobos parisiens de luxe, qui se voient bien dans le costume de Marie-Antoinette ou de Louis XVI...

    Je reprends au bond la déclaration de Marion Maréchal Le Pen car elle me paraît emblématique d'un certain tour d'esprit des patriotes du moment. Il semblerait, en effet, que l'on découvrît actuellement, face à l'anxiété suscitée par notre possible disparition en tant que nation, à une sorte de « revival », comme disent nos « amis » américains (j'invoque les Yankees, car il se peut que nous soyons-là dans un mouvement de type néoconservateur). Nous voilà donc en quête de nos racines, que l'on croyait arrachées par la pelle de la modernité. Aussi a-t-on tendance à assimiler l'"identité" à des lieux chargés d'Histoire, ou à des périodes glorieuses de notre long passé.

    Or, à mon sens, c'est une erreur, et un péril.

    D'abord, même s'il est fort agréable de fréquenter les hauts lieux de notre civilisation, il n'en demeure pas moins que ce sont des souvenirs momifiés, pétrifiés, transformés en musées ou en cartes postales. On se satisfait de l'écume du temps. Mais a-t-on idée de ce qu'était la vraie pâte de l'Histoire ? Ne nous faisons pas une idée erronée de sa nature ? Ne sommes-nous pas comme ces amateurs de musique classique, qui ne goûtent que le Bolero de Ravel, les Quatre saisons de Vivaldi, sans connaître la véritable substance de ce continent immense qu'est la musique ? Le cliché qu'on a de notre Histoire ne saurait remplacer la vérité historique, bien plus complexe que les stéréotypes simplificateurs.

    Nietzsche, souvenons-nous, avait attaqué violemment, dans ses « Considérations inactuelles », l'historiographie allemande, lourde et méthodique, qui pesait sur l'instinct de vie, et l'empêchait de se manifester. Il louait ainsi l'oubli, qui débarrasse l'être des oripeaux du passé, et lui octroie l'innocence violente de l'animal, capable de se ruer sur sa cible. L'homme trop savant ploie sous la connaissance, sous les scrupules, sous les « leçons » de l'Histoire, et, lorsqu'il se mêle d'action, veut absolument imiter. Or, Marx ne disait-il pas que toute imitation, dans l'Histoire, n'est que bouffonnerie ?

    Il ne s'agit pas de cet « oubli » suscité par le libéralisme, l'utilitarisme économique, mais d'une libération des forces, qui s'inspireront de l'esprit, sans pour autant singer. Le dénuement actuel que la postmodernité nous impose, comme si nous étions des orphelins sans lieu ni feu, nous oblige à saisir ce qui est vital en nous, la lumière qui fait le monde, et non les ombres évaporées qui sont les reliquats de ce qui fut. Laissons les morts enterrer les morts.

    C'est le même constat pour les signes, les images, que l'on prétend être nos "racines". Là aussi, on est dans le mythe, c'est-à-dire le conte, le "roman". Certes, un tel imaginaire peut être efficace pour l'action. George Sorel y voyait le moyen de mobiliser. Toutefois, attention au jeu pervers des retours de manivelle, des ruses de l'Histoire, comme disait Hegel. On croit oeuvrer dans un sens, mais on travaille dans l'autre, et, finalement, on est écrasé par les forces contraires à nos aspirations. La Révolution française se réclamais de Spartes et de Rome. On a vu le résultat, le triomphe de la bourgeoisie, du commerce, de l'économisme.

    Il ne faut pas procéder par la périphérie, par ce fatras de signes, d'icônes, d'images, qui sont souvent le produit de la société du spectacle, et relèvent de fantasmes issus du ressentiment du dernier homme, qui se cherche pathétiquement des raisons d'exister. Il faut cherche le centre, le divin, et, par là, retrouver une vie authentique, qui se déploiera pour retrouver un monde où l'on soit de nouveau nous-mêmes. S'il n'y a pas conversion, transformation radicale de notre être, de nos façons intimes de voir, de sentir, et même de manger, d'être avec autrui, toute revendication devient une vaine incantation. Il s'agit de retrouver notre âme, notre cœur, au-delà des traces qu'il nous faut bien garder de suivre. L'essentiel est de capter ce que nous avons perdu, une source résurgente, si l'on veut, ou une centrale énergétique enfouie sous des couches de sédimentation.  

    http://synthesenationale.hautetfort.com/claude-bourrinet/

  • Jean-Philippe Chauvin - Quand l'Action Française m'invite...

    Samedi dernier se tenait un colloque organisé par l'Action Française sur le thème évocateur « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? », et j'y ai participé, ce qui m'a valu quelques réactions, fort contrastées au demeurant, entre indignation et satisfaction... En fait, ma présence n'aurait pas suscité d'émoi si, parmi les intervenants, il n'y avait eu Marion Maréchal-Le Pen, député du Front National, véritable « vedette » de l'après-midi aux yeux des médias et d'un certain nombre d'auditeurs : d'ailleurs, les micros et les caméras n'étaient là que pour elle, et pour les mots qu'elle pouvait prononcer, certains journalistes y voyant l'occasion de faire apparaître les divisions au sein du parti de sa tante ou de diaboliser une femme politique « se commettant » avec les royalistes de l'Action Française, mouvement dont France-info et d'autres rappelèrent les travers idéologiques et historiques, jusqu'à Vichy...

    Je connais bien l'histoire de l'Action Française, et je crois même y avoir, un temps qui n'est pas si lointain, participé : c'est par elle, en tant que mouvement et école de pensée, que je suis devenu militant royaliste, même si je dois aussi à Bertrand de Jouvenel, ce libéral fidèle du comte de Paris, une grande partie de mon chemin intellectuel vers la Monarchie, et je ne renie pas cet héritage d'A.F. ou cette partie de mon histoire personnelle, même si j'ai pris, depuis longtemps, d'autres voies et que je réserve ma seule fidélité politique à la Famille de France tandis que je ne revendique qu'une seule appartenance « partisane », celle du Groupe d'Action Royaliste (dont j'ai accepté la vice-présidence dès 2009), étant, encore, toujours et avant tout, royaliste tout simplement. Cela explique que je sois candidat aux élections européennes sous l'étiquette de l'Alliance Royale, que j'ai été le rédacteur en chef du Lys Rouge, la revue d'histoire du royalisme publiée par la Nouvelle Action Royaliste, et que je vais parler de temps en temps dans des réunions de l'Action Française, comme ce samedi-là. Quant aux textes de ce blogue, ils sont « libres de droits » et tout mouvement, journal ou site informatique, qui se revendique royaliste, peut les utiliser, pourvu qu'il en indique la provenance et l'auteur... Je suis royaliste, et je veux faire avancer la cause royale : j'ai l'habitude de dire que « je ne veux pas mourir royaliste, je veux vivre en Monarchie» !

    Quelques uns me reprochent ma participation à un événement auquel participait Mme Maréchal-Le Pen et auquel avaient été invités MM. Mélenchon et Macron, qui ont décliné l'offre. J'ai écouté l'entretien que la parlementaire a accordé lors du colloque et j'y ai entendu quelques éléments intéressants, je ne peux le nier : à ceux qui y verraient une compromission de ma part avec « l'extrême-droite », je répondrai avec un sourire que, parfois, « le diable porte pierre »... Je combats au nom de valeurs et pour l'établissement d'un régime qui, lui, devra s'accommoder de toutes les diversités politiques de droite comme de gauche sans, pour autant, renier son identité propre et sa position d'arbitre suprême du pays. D'autre part, je sais faire la part des choses et je n'oublie ni l'histoire ni son poids, sans méconnaître non plus ses pièges et ses masques. Et je suis assez solide pour résister aux tentations politiciennes ou électorales quelles qu'elles soient...

    Il me paraît d'ailleurs inquiétant d'avoir toujours à se justifier de vouloir discuter avec tout le monde, de « Nuit debout » aux « identitaires » (par exemple) : j'ai toujours voulu garder cette liberté d'expression et d'écoute, d'approche et de débat, ce qui ne m'empêche pas de descendre, quand il le faut, dans la rue et dans l'arène contre les uns ou les autres, sans m'interdire de tendre la main vers l'autre côté de la barricade. 

    Ce qui m'importe, c'est la liberté d'expression, la possibilité du débat et la nécessité de la Monarchie. Cette Monarchie qui n'est rien d'autre, en définitive, que la forme politique française de l'unité nationale (celle des peuples fédérés, des « provinces unies » de France), de l'écologie intégrale et de la justice sociale face au « consommatorisme » de la société de consommation, au règne multiforme de l'Argent et au globalitarisme mondial dévastateur des paysages comme des âmes. Philippe VI, le premier de la famille des Valois sur le trône de France, s'écriait, au cœur de la bataille, « Qui m'aime me suive ! »... Une proposition tout à fait honnête et éminemment politique, en fait, que je fais volontiers mienne !

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Ils sont monarchistes. Et vous ?

    Le mouvement politique royaliste et nationaliste Action française organisait samedi 7 mai un colloque intitulé "Je suis monarchiste, pourquoi pas vous ?"

    Colloque de l’Action française ce samedi 7 mai au Forum de Grenelle à Paris © AF

    Le Forum de Grenelle a fait salle comble. Au moins 300 personnes se sont rendues au colloque organisé par l’association royaliste maurrassienne Action française (AF). Une foule se presse autour des quelques stands. Les vêtements patriotiques et cocardiers, les livres de Charles Maurras et de Léon Daudet côtoient ceux de Robert Brasillach et les CD de Jean-Pax Méfret. Les cravates à fleurs de lys foisonnent et les invités se succèdent à la tribune. Les royalistes croisent le fer avec des « républicains intelligents » et des experts : politologues, essayistes ou journalistes. Sympathisants, militants et curieux se pressent devant la scène. En quelques secondes le ton est donné : La France va mal. Pointant une crise politique, économique, identitaire et institutionnelle, les invités se succèdent pour dresser le constat d’un pays à la dérive. Tous unanimes sur le diagnostic, ils le seront moins sur le traitement.

    Le point sur les problèmes migratoires

    Marion Maréchal-Le Pen et Robert Ménard étaient les stars de ce rendez-vous. Avec Dominique Jamet et Roland Hureaux, ils ont représenté le camp républicain. Si l’AF se défend d’appartenir à l’extrême-droite, les invités issus de ce bord politique ont été pourtant bien accueillis. Devant un parterre très jeune acquis à sa cause, la députée frontiste a repris le thème de la crise migratoire sous les approbations et les applaudissements, martelant sa lassitude vis-à-vis de valeurs républicaines que personne ne saurait définir, déclarant que son monarque préféré est François 1er ou encore que « le FN est le plus monarchiste des partis politiques français ». Le discours télétransmis du maire de Béziers laissera les participants sur leur faim, haché par une connexion qui ne voulait pas lui laisser la parole ! [....]

    Marc Eynaud de Faÿ

    La suite sur Aleteia

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Ils-sont-monarchistes-Et-vous

  • L'Autre Tiers-mondisme des origines à l'islamisme radical

    Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste »
    l-autre-tiers-mondisme-des-origines-a-l-islamisme-radical.jpgPhilippe Baillet L'Autre Tiers-mondisme des origines à l'islamisme radical
    Le fait de parler d’un « autre tiers-mondisme », différent du tiers-mondisme progressiste, peut dérouter mais se justifie. En effet, s’appuyant sur une documentation très variée – du modeste bulletin militant à l’ouvrage classique – et puisant à des sources francophones, allemandes, italiennes, britanniques et nord-américaines, cet ouvrage met au jour un important corpus de textes, qui va des lendemains de la Grande Guerre à nos jours.
    À travers eux, l’ « autre tiers-mondisme », en cela bien antérieur à l’apparition de la formule « tiers-monde » en 1952, se dévoile comme inséparable d’une tentative de Troisième Voie européenne. Celle-ci s’affirme d’abord avec le préfascisme de D’Annunzio, se poursuit avec les nationaux-révolutionnaires allemands ou encore avec la gauche nationale-socialiste (des frères Strasser à Johann von Leers). Mais la « solidarité anti-impérialiste » ne passera jamais, aux yeux de Hitler et de Rosenberg, avant la « défense de la race ». Après 1945, l’ « autre tiers-mondisme » refait surface chez Maurice Bardèche admirateur de Nasser ou chez François Genoud soutien actif du fln. Il trouve son théoricien proprement politique avec Jean Thiriart, auprès duquel se forme Claudio Mutti, ensuite favorable à la révolution islamique d’Iran et converti à l’islam.
    Ainsi se précisent les contours d’un « parti islamophile » présent en Europe de l’Ouest sous une forme « docte » et culturelle, qui doit beaucoup à l’influence de l’œuvre de René Guénon, et sous une forme « simple » et politique, dont les écrits d’Alain Soral sont la dernière expression en date.
    À l’heure où l’islamisme radical incarne de plus en plus la forme agressive du flot montant des peuples de couleur contre la race blanche, cette somme, caractérisée par le sens de la profondeur historique, remet dans leurs vraies perspectives de nombreuses questions d’une brûlante actualité.

    Acheter l'ouvrage ici

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuyFEFuZykrzwrPwSP.shtml