Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1227

  • «Supplément aux entretiens de Georges Albertini», de Morvan Duhamel

    Note de lecture de Camille Galic, écrivain, journaliste, essayiste.

    ♦ A l’instar de Marine Le Pen qui se dit « pas gaulliste mais gaullienne », beaucoup de ceux qui ne l’ont pas connue idéalisent la première présidence de la Ve République, quand souveraineté aurait rimé avec intégrité. A ceux-là on conseillera la lecture des entretiens que l’homme d’influence que fut Georges Albertini eut trois décennies durant avec de très hautes personnalités, particulièrement bien informées, des années 1950 jusqu’à sa mort en 1983 et que Morvan Duhamel, son plus proche collaborateur à la revue Est & Ouest, retranscrivait fidèlement.

    Trois volumes ont ainsi déjà été publiés aux éditions Amalthée,Entretiens confidentiels de Georges Albertini, Les Ecrits en prison de Georges Albertini et En mission pour Georges Albertini déjà recensés ici (1). Supplément aux entretiens de Georges Albertiniclôt le cycle.

    Comme pour les précédents volumes, on ne mettra pas en doute la fidélité du scribe ni celle d’Albertini lui-même dans la relation des propos qui lui étaient tenus lors de ses innombrables rencontres. Mais ses interlocuteurs étaient-ils tous fiables ? Sachant qu’il était très répandu et très consulté dans les cercles dirigeants, ne cherchaient-ils pas à l’influencer, voire à l’intoxiquer afin de régler de sombres comptes avec d’autres ministres, d’autres décideurs ? Sans doute, mais Albertini, ancien second de Marcel Déat, dont Le Monde écrivit après son décès qu’il « fréquenta, connut, conseilla, guida presque toutes les personnalités politiques de premier plan entre 1940 et 1981, organisa des campagnes électorales, fit écrire des centaines d’articles, prononcer des dizaines de discours, exerça le pouvoir par gens célèbres, interposés » n’était pas un naïf. Il savait distinguer le bon grain de l’ivraie dans les confidences et même secrets d’Etat qu’il recueillait.

    De la Résistance au grand banditisme

     Cela transparaît dans les chapitres portant sur l’OAS, l’enlèvement du colonel « factieux » Argoud à Munich et l’enlèvement à Paris puis l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, où l’on retrouve d’ailleurs les mêmes personnages (douteux), certaines des barbouzes – souvent des repris de justice s’étant, tel le gangster Jo Attia, refait une virginité dans la lutte contre l’Organisation Armée secrète – ayant participé plus tard à l’élimination définitive de Ben Barka. L’on retrouvera même quelques-uns d’entre eux dans l’instrumentalisation du meurtre en septembre 1968 du truand et gigolo serbe Stevan Markovic, garde du corps d’Alain Delon lui-même en cheville avec le Corse Marcantoni, « passé de la Résistance au grand banditisme ». Une affaire sordide dont on n’a jamais connu le fin mot (non plus que du rapt de Ben Barka) mais qui allait être utilisée par les gaullistes de gauche René Capitant, alors garde des Sceaux, et Louis Vallon pour barrer la route de l’Elysée au premier ministre Georges Pompidou. Une tentative vaine : ulcéré de voir le nom de son épouse Claude indûment mêlé par certains plumitifs à cette affaire sur la seule parole d’un autre voyou et indicateur serbe, Pompidou riposta par la « Déclaration de Rome » (janvier 1969) où il se portait ouvertement candidat à la succession de Charles De Gaulle. Ce qui eut pour effet de rassurer les Français qu’effrayait la prédiction du général : « Moi ou le chaos. » Sans la présence rassurante de Pompidou dans la coulisse, le « non » l’aurait-il emporté au référendum constitutionnel d’avril 1969, ce qui entraîna le départ immédiat de De  Gaulle ?

    Point commun de plusieurs des dossiers faisant l’objet de ces Entretiens : la porosité entre grande truanderie, services secrets (notamment le SDECE, que Pompidou fera réformer en 1970 par Alexandre de Marenches) et haute politique, sur fond de trafics d’héroïne – la fameuse French Connection – finançant entre autres des opérations inavouables et contraires à l’honneur d’un Etat se voulant de droit. En novembre 1972, Albertini relate ainsi que, selon Michel Poniatowski mis au parfum par les Américains, un certain nombre de hiérarques gaullistes seraient les « banquiers de la drogue ». Parmi eux, l’ancien résistant Joseph Comiti, député des Bouches-du-Rhône très lié aux milieux barbouzards et plusieurs fois ministre, et Achille Peretti, lui aussi ancien résistant entre autres créateur du réseau Ajax, député-maire de Neuilly avant Charles Pasqua et président de l’Assemblée nationale de 1969 à 1973 avant de siéger au Conseil constitutionnel jusqu’à sa mort subite en avril 1983. Or, « les agents américains auraient noté à maintes reprises que les trafiquants corses arrêtés par leurs services seraient pratiquement tous en possession de certificats de résistance établis par Achille Peretti ». Simple solidarité insulaire ou implication plus profonde ?

    Simone Veil, Holocauste et le désert médical

    Autre fréquentation intéressante pour Albertini, celle d’Alice Saunier-Seité, ministre des Universités sous Giscard et connue pour son franc-parler. Déplorant que la presse soit « achetée, aux ordres » – une situation qui n’a fait qu’empirer : lire Les médias en servitude (2) et La Tyrannie médiatique de Jean-Yves Le Gallou (3) –, elle se demande « comment les gens peuvent continuer à gober tout cela ». De même n’est-elle pas tendre pour sa collègue Simone Veil qui, ministre de la Santé et donc chargée de la réforme des études médicales, voulait « réduire de 3.000 en un an le nombre de diplômés ». Mme Saunier-Seité obtint que « la réduction intervienne en deux ans et porte seulement sur 2.000 étudiants » mais, quatre décennies plus tard, la France continue de payer très cher ce numerus clausus trop radical à l’origine de l’actuel « désert médical » imposé par la « mère » de la loi dépénalisant l’avortement avant de quitter le gouvernement pour conduire la liste de la droite aux élections européennes de 1979 où sa liste recueillit 27,7% des suffrages.

    Il est vrai que rien n’avait été négligé pour ce succès. De retour d’un déjeuner avec Mme Saunier-Seité le 14 mai 1979, Georges Albertini confie ainsi à Morvan Duhamel : « Selon Alice, l’interview de Darquier de Pellepoix (4), puis l’affaire du film Holocauste, n’auraient été montées que pour assurer sa publicité » – celle de Simone Veil, rescapée d’Auschwitz mais qui, rappelle Morvan Duhamel dans une note, « n’est jamais allée jusqu’à se présenter en témoin de l’existence et du fonctionnement de la moindre chambre à gaz homicide dans les camps de concentration où elle a séjourné ».

    Disciple de Georges Albertini, qui avait été très lié au défunt résistant, déporté puis député socialiste Paul Rassinier qui, le premier, mit en doute certains mythes de la Seconde Guerre mondiale, M. Duhamel livre un intéressant éclairage sur Oradour et s’intéresse à l’existence et au fonctionnement des chambres à gaz homicides dans un ultime chapitre, intitulé « Naissance d’une religion » mais que l’article 24 bis de la loi de 1881 sur la liberté de la presse nous interdit d’aborder ici.

    Camille Galic, 4/01/2016

    Morvan Duhamel, Supplément aux entretiens de Georges Albertini, éditions Amalthée 2015, 210 pages avec index.

    Notes :

    1. Entretiens confidentiels de Georges Albertini
    Ecrits en prison de Georges Albertini
    En mission pour Georges Albertini
    2. Les médias en servitude

    3. Disponibles à La Boutique de Polémia

    4. En octobre 1978, sous le titre provocateur « A Auschwitz, on n’a gazé que les poux », L’Express publia une interview de Louis Darquier de Pellepoix, ancien commissaire aux questions juives alors largement octogénaire et assez diminué, qui provoqua une énorme vague d’indignation relayée et amplifiée par Simone Veil. A noter que celle-ci serait toujours la troisième « personnalité préférée des Français » (après le chanteur Jean-Jacques Goldman et l’acteur sénégalais Omay Sy) selon le « Top 50» publié le 28 décembre 2015 par le Journal du dimanche.

    http://www.polemia.com/supplement-aux-entretiens-de-georges-albertini-de-morvan-duhamel/

  • LA PRISE DE ROME PAR LES GAULOIS, PAR DOMINIQUE BRIQUEL

    La prise de Rome par les Gaulois, en 390 avant J.C., n’est pas une légende. Mais la tradition historique n’aurait-elle-pas amplifié cet événement ? Les récits transmis sur les oies sacrées du capitole, l’épée de Brennus, l’incendie de Rome, seraient-ils, eux, légendaires ? Quel vieux schéma mythique aurait transfiguré la réalité ?

    Avec Dominique Briquel, correspondant de l’Académie des inscriptions et belles lettres, auteur de La prise de Rome par les Gaulois, lecture mythique d’un événement historique.

    Source : CANAL ACADEMIE

    ——————

    Comme l’indique le sous-titre, l’ouvrage ne revendique aucune perspective historique, mais se veut une analyse dans une perspective comparatiste des récits faits par les auteurs antiques – essentiellement Tite-Live et Plutarque – d’un épisode qui traumatisa durablement les Romains.

    De ces événements, nous ne pouvons que supposer le déroulement réel : profitant de leur supériorité militaire, qui en faisait aussi des mercenaires recherchés, les Gaulois ont vraisemblablement mené un raid pour obtenir une rançon, dont la tradition fixe le montant à mille livres d’argent ; malgré les enjolivements postérieurs, il paraît probable que les Romains aient bien payé cette somme, peut-être pour éviter que la Ville soit brûlée, puisque les fouilles archéologiques n’ont révélé aucune trace de l’incendie que les auteurs antiques se sont plus à évoquer.

    Lire la suite

  • Conférence Dextra 8 janvier 2016 : Qui contrôle notre monnaie ? Par Ludovic Greiling

    Pour la première conférence de l'année 2016, Dextra a la joie et l'honneur de recevoir Ludovic Greiling, journaliste et écrivain, qui traitera du sujet "Qui contrôle notre monnaie ?
    Nous vous attendons nombreux pour cette conférence au 19 rue Pascal, 5ème arrondissement, à partir de 19 h.
    Pour vous inscrire, cliquez ici

  • Livre : Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe

    « Le Paganisme est une Vue du monde

    basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme.

    Il est fondé sur le sens de l’honneur

    et de la responsabilité de l’Homme,

    face aux évènements de la vie »


    Paganisme-2-e.jpgEntretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe (préface d’Alain de Benoist) par Fabrice Dutilleul

    Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.

    Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.

    Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?

    C’est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.

    Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?

    Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.

    Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.

    Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.

    Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.

    Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.

    S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?

    Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.

    Lorsque Benoît XVI déclare solennellement que « spirituellement, les chrétiens sont des sémites », cela signifie-t-il pour l’Église que la spiritualité authentiquement européenne n’existe plus ? Ou est-ce que le Vatican estime nécessaire, pour ses relations avec Israël, de rappeler que les racines du christianisme ne se trouvent pas en Europe ?
    Quoiqu’il en soit, Gilbert Sincyr s’est senti « interpellé » par cette déclaration.
    D’où ce livre en réponse, pour démontrer ce qui oppose sémites et européens, dans leurs spiritualités comparées.
    De Stonehenge au Parthénon en passant par Lascaux. D’Odinn à Homère et Athéna, l’auteur nous explique ce qui est spécifique du Paganisme européen, comparé aux valeurs bibliques du Judéo-christianisme.
    Plus généralement il oppose l’esprit du Paganisme européen à celui du monothéisme moyen-oriental.
    La première partie du livre, est destinée aux enfants. Au fil de l’histoire d’Iris, fille de Zeus, nous parcourrons l’Europe païenne pour y découvrir sa spiritualité, alors que Rome entre en décadence.
    La seconde partie est destinée aux adultes. C’est une confrontation entre les conceptions bibliques et païennes, de l’homme et du monde.
    C’est en fait une rébellion contre le totalitarisme, et un appel à la liberté de l’âme.
    Gilbert Sincyr nous invite à retrouver nos valeurs ancestrales, non pas par un retour formel aux Dieux de la mythologie, forme d’expression spirituelle d’une époque passée, mais comme recours à l’esprit qui les a fait naître, et qui nous identifie en tant qu’européens.
    Non, définitivement, selon lui, les Ruropéens ne sont pas spirituellement des sémites. Ils n’ont pas les mêmes valeurs.
    Gilbert Sincyr, ingénieur spécialiste du traitement de l’eau, est diplômé de la faculté des Sciences Sociales de Toulouse. Écologiste convaincu, membre de la SEPANSO (Société pour la protection de la Nature dans le Sud-ouest), il a rejoint le Groupe Paul-Émile Victor avec Haroun Tazieff, Alain Bombard, Louis Leprince-Ringuet, Jacqueline Auriol… et la Fondation Cousteau en 1984. Parallèlement, il a participé au combat des idées pour une Renaissance culturelle et spirituelle de l’Europe, aux côtés des animateurs du GRECE (Groupement de Recherches et d’Études pour la Civilisation Européenne), dont il été Secrétaire Général. Il a fondé le mouvement Synergies européennes et a été Président européen de la Fédération des Activités Culturelles Européennes.
    Pour lui, l’avenir des Européens se trouve dans un recours à leurs valeurs fondatrices, identitaires, non cosmopolites et non libérales.

    Acheter le livre ici

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuVEAZukVlcMJnSnNI.shtml

  • Michel Delpech, quand il était chanteur…

    C’est dans la lecture, le recueillement et la prière que Michel Delpech trouva enfin la paix de l’esprit.

    Après Lemmy Kilmister (voir nos éditions précédentes), un autre grand artiste, même si n’officiant pas exactement dans la même registre, vient de nous quitter à son tour : Michel Delpech.

    Pour ceux qui ont passé la cinquantaine, il incarna mieux que quiconque la bande son de la France gaullo-pompidolo-giscardienne ; bref, celle d’avant le 10 mai 1981. Avec un indéniable instinct, il sut en accompagner, voire en précéder les mutations sociologiques. Avec « Inventaire 66 », c’était la lassitude de la présidence gaullienne, d’une société en noir et gris, alors qu’une autre jeunesse rêvait d’un monde en couleurs : Mai 68 n’était pas loin, Wooodstock non plus. D’ailleurs, quelques mois plus tard, il interprète encore « Wight is Wight », hommage au festival éponyme, réplique anglaise du Woodstock américain.

    Autre chanson symbolique, « Les Divorcés », à laquelle Éric Zemmour consacre de longs paragraphes dans son Suicide français. En effet, c’est la première fois qu’un artiste de variétés évoque un sujet encore tabou, alors exception qui n’allait pas tarder à devenir norme quasi dominante. Le texte est sublimement écrit mais, note Zemmour, donne cette vision singulièrement irénique de la chose, ambiance, le divorce, finalement, n’est pas si grave. Et les familles recomposées, ça peut être tellement cool…

    La vérité, c’est que Michel Delpech venait alors de se séparer de la mère de ses enfants, et que ce divorce avait été pour lui des plus douloureux.[...]

    Nicolas Gauthier

    La suite sur Boulevard Voltaire

     

  • Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes

    Conférence de Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes

    Conférence donnée le 19 janvier 2015 au Centre Les diguières par le professeur Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes.

    Africaniste, Bernard LUGAN est expert devant le TPIR (Tribunal
    pénal international pour le Rwanda), professeur à l'Ecole de Guerre
    et aux Ecoles supérieures militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
    Il dirige la revue par internet « l'Afrique Réelle».

    De la Libye au Nigeria et du Mali à la Somalie, l'arc de crise saharo-sahélien fait peser de très graves menaces sur toute l'Afrique de l'Ouest et sur l'Afrique du Nord. Ces crises sont d'abord des résurgences de conflits anciens aggravés par la modernité. Dans cette situation quelle pourrait être la stratégie de la France ?

    http://bernardlugan.blogspot.fr/

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Retour sur "Le dernier Gaulois"

    France 2 nous proposait, en première partie de soirée et pendant la période des fêtes, un docu-fiction franco-belge intitulé « Le dernier Gaulois ». Nous ne pouvons que saluer l'initiative, d'autant plus que ce reportage ne fut pas le prétexte à un intense moment de propagande dont la télévision est pourtant un vecteur majeur. C'est déjà un point positif.

    Réalisé essentiellement en « motion capture » et donc en 3D, il nous faisait vivre la fin d'une civilisation, celle des Gaulois, à travers un personnage, Apator, vieux chef Eduen. Je regrette pour ma part qu'une plus large place n'ait pas été réservée à l'archéologie expérimentale et à la reconstitution historique, où vêtements et objets sont reproduits fidèlement. Cela permet une plus grande authenticité et une meilleure immersion.

    Le reportage passe en revue un grand nombre d'aspects de la civilisation gauloise : habitat, artisanat, activité guerrière, rôle de la femme ou encore assemblées politiques et divisions. Il s'inscrit dans un mouvement de revalorisation des Gaulois qui ont oscillé entre les caricatures du roman national et celles de tous ceux qui à l'inverse méprisent notre histoire. A l'instar des populations du Haut Moyen-Âge, en en particulier des Francs et des « Vikings », les études archéologiques et historiques nous permettent de porter un regard bien plus favorable sur ces peuples gaulois qui pratiquaient peu l'écrit. On y découvre alors un véritable artisanat de qualité et une organisation sociale complexe qui n'a rien à envier – ou presque – à ses voisins romains. Ils leur sont proches au moins par la géographie et une origine commune, indo-européenne. Le commerce est florissant entre Romains et Gaulois, en particulier dans la vallée du Rhône, de la Saône, et les Romains introduisent la vigne. De leur côté les Gaulois inventent le tonneau, ce qui est un véritable progrès par rapport aux amphores grecques et romaines, très fragiles. On notera que le reportage fait l'impasse sur les contacts encore plus anciens des Gaulois avec le monde grec. La cité de Phocée ayant par exemple fondée des colonies aux VIIeme et VIeme siècles av. JC comme Nikaia (Nice), Massalia (Marseille) ou encore Agathé Tychè (Agde). On prête également des contacts entre druides et savants grecs. Du côté des Romains, c'est vers Cicéron qu'il faudrait chercher pour trouver des éloges envers les druides.

    Le reportage se focalise sur la période de la guerre des Gaules (entre 58 et 52 av. JC), dont la principale source écrite est l’œuvre éponyme rédigée par Caius Julius Caesar. Ce dernier est alors pro-consul en Gaule narbonnaise, territoire contrôlé par Rome depuis la fin des guerres puniques contre Carthage. Un proconsul est un ancien consul (le plus haut magistrat romain) qui est amené à gérer un province à la fin de sa magistrature. On parlerait actuellement de gouverneur. Au-delà du « Dernier Gaulois », ce reportage est aussi l'occasion de s'apercevoir du génie politique et surtout militaire de Jules César, presque inégalé jusqu’à Napoléon. Certes, César valorise ses adversaires pour augmenter son prestige, mais il est toutefois attesté que les différents peuples gaulois furent des adversaires redoutables pour les Romains. Le souvenir de la victoire de Brennus est resté douloureux dans les mémoires romaines. Malheureusement pour eux, les Gaulois sont à l'époque de la guerre des Gaules rongés par les luttes intestines et Rome exerce une véritable fascination pour une partie de leurs élites. Ils ne purent pendant ces six années offrir une opposition solide, ce qui ne les empêche pas de vaincre les Romains à Gergovie avant d'échouer à Alésia. Nous apprécions que le reportage mentionne que Vercingétorix a servi au côté de César, nous regretterons cependant que cet aspect n'ait pas été plus expliqué. César apparaît dans le reportage comme froid et cynique, n'hésitant pas à massacrer vieillards, femmes et enfants et à humilier les aristocrates gaulois. C'est un homme avide de pouvoir dans sa lutte contre Crassus et Pompée qui va parvenir à dominer toute la Gaule (oui toute, même les villages d'Armorique !) et pénétrer en Bretagne.

    Sur ce point, on pourra toujours s'interroger. Le caractère des personnages participe plus de la narration que de la réalité. Ce n'est pas le seul élément discutable du reportage. Outre l'absence d'explication sur le « retournement » de Vercingétorix, le reportage ne fait que peu de cas de la cavalerie gauloise, la meilleure de son temps. Il est peut-être un peu caricatural sur le rôle de la femme. Certes, il était nécessaire, et nous ne nous en plaindrons pas, de rappeler que la femme gauloise avait un rôle sociale plutôt favorable, surtout si on la compare à d'autres cultures, y compris de nos jours. Mais cela manque peut-être un peu de nuance. Quant au passage sur le gaulois étreignant une femme avec un mot grivois, il était totalement dispensable... La diversité des peuples n'est pas non plus très marquée. A diverses reprises le narrateur, Clovis Cornillac, nous parle de diversité dans les panthéons, mais les dieux ne sont presque jamais mentionnés, sauf dans le cadre des batailles avec Taranis et Teutates. L'Aquitaine est par ailleurs complètement oubliée, quid des Vascons de Novempopulanie qui occupent une partie non négligeable de la Gaule ?

    Au terme de ce reportage, nous pouvons toutefois tirer quelques leçons d'histoire. La liberté défendue par Vercingétorix ou Apator - celle de rester un ensemble de peuples distincts pouvant vivre en bonne intelligence avec l'empire romain - est très noble, mais elle montre la difficulté de résister face à une puissance organisée, déterminée et qui parvient à séduire une partie des élites adverses. Il apparaît assez clairement qu'une partie des élites gauloises se laisse séduire par le commerce et qu'elle voit surtout ses intérêts immédiats dans ce domaine. Cela nous rappellerait presque nos élites actuelles… Presque... Nous savons désormais de façon certaine que la romanisation fut avant tout un processus de séduction, contrairement à l'idée jadis en vogue selon laquelle Rome aurait imposé son mode de vie. C'est un long processus d'acculturation et d'adoption des mœurs romaines (comme les tria nomina ou la toge) qui fera des Gaulois des Romains à part entière. Paradoxe lorsqu'on étudie dans le même temps l'hellénisation des élites romaines.

    A l'heure de la faillite de notre système d’assimilation (qu'on s'en réjouisse ou qu'on le regrette n'est pas le sujet ici), ces questions identitaires et culturelles ne sont pas négligeables. Le reportage conclut en disant que les Gaulois deviennent des « gallo-romains », mais cette expression est aujourd'hui contestée et traduit l’ambiguïté de la dimension identitaire à cette époque. En effet, être Romain, ce n'est plus simplement être issu de la ville de Rome, mais être un citoyen de l'ensemble politique dirigé par Rome. Ce n'est plus l'ethnie qui définit seule l'identité, mais l'appartenance à un ensemble culturel et politique. Au final, le titre est bien choisi, car sans que les contemporains en aient conscience, Alesia a scellé le sort d'une civilisation mais peut-être aussi d'une conception de l'identité et de la citoyenneté.

    Jean/C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

     

  • Nous avons laissé détruire l'humus économique de nos nations en échange de produits bon marché

    Plus de 50 % des produits manufacturés achetés par les Américains et les Européens sont importés. Pour la première fois depuis deux siècles, l'Occident n'est plus maître du jeu. Trois mots expliquent cet échec : aveuglement, cupidité, arrogance. Les dirigeants politiques et économiques portent une responsabilité écrasante dans l'explication de ce déclin. Pendant des années, nous avons observé, fascinés, la montée en puissance de l'Asie pour découvrir tardivement qu'elle était due à notre aide et à notre financement. En exportant notre travail et notre savoir-faire, nous avons créé les conditions de notre nouvelle dépendance. 
         Partout en Occident, l'ascenseur social semble définitivement bloqué. Les Américains eux-mêmes doutent de l'American dream. En Europe et aux États-Unis, en exportant les emplois à travers les délocalisations, les dirigeants d'entreprises et les responsables politiques ont implicitement trahi la confiance de leurs employés et de leurs administrés et piétiné le contrat social qui cimente un pays. Pour que le système économique actuel fonctionne à son paroxysme, pour maximiser le présent au détriment du futur et les profits d'un tout petit nombre de privilégiés au détriment du reste de l'humanité, il fallait que toutes les barrières logistiques, politiques, morales et culturelles sautent. Ce fut chose faite avec la fin de l'URSS. C'est là que les mentalités en Chine et en Inde ont changé, rendant accessible au capital occidental une source de travail peu coûteuse. Un processus s'est ensuite vite mis en place pour transférer les emplois et les industries occidentales vers les pays émergents. C'est cette globalisation qui a provoqué l'accélération du démantèlement des bases industrielles qui avaient porté l'Europe, puis les États-Unis, à dominer le monde.
         Ce n'est même pas de l'ultra-libéralisme, c'est du totalitarisme, du socialisme pour les très riches, déguisés sous des oripeaux de marché et de libéralisme. La globalisation est un moyen idéal de privatiser les profits des grandes entreprises (par délocalisation des productions), de socialiser les pertes (faire porter le coût social du chômage ainsi créé par les collectivités locales) puis, comble du toupet, de faire aider ces grandes entreprises par l’État - et donc par le contribuable - lorsqu'elles sont en situation de perte. Jamais l'investissement dans les lobbies n'avait été aussi rentable.
         La globalisation a en plus permis à de grands distributeurs de massacrer les petits vendeurs et les artisans à coup de prix très bas, rendus possibles par les économies d'échelle et une production qui se fait sous des cieux moins regardants quant aux coûts et aux conditions de travail. Ces petites entreprises et ces artisans étaient pourtant au cœur du tissu social par leur travail, utile en soi, mais aussi parce que leur activité cimentait des liens de proximité entre la communauté du quartier, de la ville ou de la région. Nous avons d'abord délocalisé à 5 euros par jour en Europe de l'Est, puis à 99 centimes par jour en Asie. Nous avons laissé détruire l'humus économique de nos nations en échange de produits bon marché. 
         Hélas, les multinationales ne sont liées à aucun pays. Nomades et apatrides, elles sont quasiment toutes installées dans des paradis fiscaux. Elles ne payent que très peu d'impôts grâce à des jeux de comptes opaques, des coûts et des revenus savamment croisés entre filiales à l'organigramme complexe. Souvent, ces grands groupes bénéficient même de subventions généreuses alors que leur contribution locale est insignifiante. Dans les régions à forte délocalisation, c'est la désolation : la fermeture d'une usine, souvent seule source d'emploi, peut ruiner une agglomération tout entière après avoir provoqué la mort professionnelle et sociale de ses habitants. 
         Le libéralisme, qui à l'origine était uniquement synonyme de libre concurrence, de libre-échange, de droit d'entreprendre sans barrières bureaucratiques, de libre accès aux capitaux et de transparence, s'est transformé en ultra-libéralisme ou, selon la formule heureuse de l'historien Edward Luttwak, en turbo-capitalisme. Il n'existe pas, dans toute l'histoire mondiale, d'exemples d'une telle démarche : des chefs d'entreprises commencent par tuer l'emploi chez eux pour le transférer dans un pays dont ils apprécient le faible niveau de salaires et l'absence de droits sociaux. Puis, devant les exigences croissantes du pays hôte dont le rôle se renforce sur la scène mondiale, ils vont accepter de tuer l'innovation en le laissant s'en emparer. C'est ce que décrit le journaliste Éric Laurent dans son livre Le scandale des délocalisations : "L'essor de la Chine et de l'Inde s'est bâti sur le futur cadavre de l'Occident"
         Le coût humain de ces tribulations est considérable, tant en Chine, en Inde, qu'en Occident. La violence réelle faite aux ouvriers des pays émergents, ainsi que celle infligée aux travailleurs occidentaux dont les emplois ont été délocalisés, est terrible. Les travailleurs qui ne sont pas encore délocalisés,  n'ayant plus l'assurance d'un employeur loyal et prévisible, sont de plus en plus soumis à une concurrence darwinienne entre eux. Les fournisseurs sont obligés de se battre férocement les uns contre les autres pour survivre. Tout cela, en théorie, à l'avantage du consommateur qui, bientôt sans emploi ou en situation précaire, n'aura de toute façon plus les moyens de consommer ! Afin d'obtenir un gain immédiat, les entreprises occidentales ont ruiné les citoyens et les travailleurs de leur pays, et fourni à de futurs adversaires les moyens de les dominer. Seulement un salarié sur trois ayant perdu son emploi en Europe et aux États-Unis en retrouvera un, et toujours avec une rémunération inférieure. La baisse des revenus et du pouvoir d'achat des ménages et des salariés en Occident s'accélère. Cela est surtout vrai pour la classe moyenne, qui devient une classe de working poors, devant faire appel au crédit de manière exagérée afin de maintenir son train de vie. 
    Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique