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culture et histoire - Page 1230

  • Retour sur "Le dernier Gaulois"

    France 2 nous proposait, en première partie de soirée et pendant la période des fêtes, un docu-fiction franco-belge intitulé « Le dernier Gaulois ». Nous ne pouvons que saluer l'initiative, d'autant plus que ce reportage ne fut pas le prétexte à un intense moment de propagande dont la télévision est pourtant un vecteur majeur. C'est déjà un point positif.

    Réalisé essentiellement en « motion capture » et donc en 3D, il nous faisait vivre la fin d'une civilisation, celle des Gaulois, à travers un personnage, Apator, vieux chef Eduen. Je regrette pour ma part qu'une plus large place n'ait pas été réservée à l'archéologie expérimentale et à la reconstitution historique, où vêtements et objets sont reproduits fidèlement. Cela permet une plus grande authenticité et une meilleure immersion.

    Le reportage passe en revue un grand nombre d'aspects de la civilisation gauloise : habitat, artisanat, activité guerrière, rôle de la femme ou encore assemblées politiques et divisions. Il s'inscrit dans un mouvement de revalorisation des Gaulois qui ont oscillé entre les caricatures du roman national et celles de tous ceux qui à l'inverse méprisent notre histoire. A l'instar des populations du Haut Moyen-Âge, en en particulier des Francs et des « Vikings », les études archéologiques et historiques nous permettent de porter un regard bien plus favorable sur ces peuples gaulois qui pratiquaient peu l'écrit. On y découvre alors un véritable artisanat de qualité et une organisation sociale complexe qui n'a rien à envier – ou presque – à ses voisins romains. Ils leur sont proches au moins par la géographie et une origine commune, indo-européenne. Le commerce est florissant entre Romains et Gaulois, en particulier dans la vallée du Rhône, de la Saône, et les Romains introduisent la vigne. De leur côté les Gaulois inventent le tonneau, ce qui est un véritable progrès par rapport aux amphores grecques et romaines, très fragiles. On notera que le reportage fait l'impasse sur les contacts encore plus anciens des Gaulois avec le monde grec. La cité de Phocée ayant par exemple fondée des colonies aux VIIeme et VIeme siècles av. JC comme Nikaia (Nice), Massalia (Marseille) ou encore Agathé Tychè (Agde). On prête également des contacts entre druides et savants grecs. Du côté des Romains, c'est vers Cicéron qu'il faudrait chercher pour trouver des éloges envers les druides.

    Le reportage se focalise sur la période de la guerre des Gaules (entre 58 et 52 av. JC), dont la principale source écrite est l’œuvre éponyme rédigée par Caius Julius Caesar. Ce dernier est alors pro-consul en Gaule narbonnaise, territoire contrôlé par Rome depuis la fin des guerres puniques contre Carthage. Un proconsul est un ancien consul (le plus haut magistrat romain) qui est amené à gérer un province à la fin de sa magistrature. On parlerait actuellement de gouverneur. Au-delà du « Dernier Gaulois », ce reportage est aussi l'occasion de s'apercevoir du génie politique et surtout militaire de Jules César, presque inégalé jusqu’à Napoléon. Certes, César valorise ses adversaires pour augmenter son prestige, mais il est toutefois attesté que les différents peuples gaulois furent des adversaires redoutables pour les Romains. Le souvenir de la victoire de Brennus est resté douloureux dans les mémoires romaines. Malheureusement pour eux, les Gaulois sont à l'époque de la guerre des Gaules rongés par les luttes intestines et Rome exerce une véritable fascination pour une partie de leurs élites. Ils ne purent pendant ces six années offrir une opposition solide, ce qui ne les empêche pas de vaincre les Romains à Gergovie avant d'échouer à Alésia. Nous apprécions que le reportage mentionne que Vercingétorix a servi au côté de César, nous regretterons cependant que cet aspect n'ait pas été plus expliqué. César apparaît dans le reportage comme froid et cynique, n'hésitant pas à massacrer vieillards, femmes et enfants et à humilier les aristocrates gaulois. C'est un homme avide de pouvoir dans sa lutte contre Crassus et Pompée qui va parvenir à dominer toute la Gaule (oui toute, même les villages d'Armorique !) et pénétrer en Bretagne.

    Sur ce point, on pourra toujours s'interroger. Le caractère des personnages participe plus de la narration que de la réalité. Ce n'est pas le seul élément discutable du reportage. Outre l'absence d'explication sur le « retournement » de Vercingétorix, le reportage ne fait que peu de cas de la cavalerie gauloise, la meilleure de son temps. Il est peut-être un peu caricatural sur le rôle de la femme. Certes, il était nécessaire, et nous ne nous en plaindrons pas, de rappeler que la femme gauloise avait un rôle sociale plutôt favorable, surtout si on la compare à d'autres cultures, y compris de nos jours. Mais cela manque peut-être un peu de nuance. Quant au passage sur le gaulois étreignant une femme avec un mot grivois, il était totalement dispensable... La diversité des peuples n'est pas non plus très marquée. A diverses reprises le narrateur, Clovis Cornillac, nous parle de diversité dans les panthéons, mais les dieux ne sont presque jamais mentionnés, sauf dans le cadre des batailles avec Taranis et Teutates. L'Aquitaine est par ailleurs complètement oubliée, quid des Vascons de Novempopulanie qui occupent une partie non négligeable de la Gaule ?

    Au terme de ce reportage, nous pouvons toutefois tirer quelques leçons d'histoire. La liberté défendue par Vercingétorix ou Apator - celle de rester un ensemble de peuples distincts pouvant vivre en bonne intelligence avec l'empire romain - est très noble, mais elle montre la difficulté de résister face à une puissance organisée, déterminée et qui parvient à séduire une partie des élites adverses. Il apparaît assez clairement qu'une partie des élites gauloises se laisse séduire par le commerce et qu'elle voit surtout ses intérêts immédiats dans ce domaine. Cela nous rappellerait presque nos élites actuelles… Presque... Nous savons désormais de façon certaine que la romanisation fut avant tout un processus de séduction, contrairement à l'idée jadis en vogue selon laquelle Rome aurait imposé son mode de vie. C'est un long processus d'acculturation et d'adoption des mœurs romaines (comme les tria nomina ou la toge) qui fera des Gaulois des Romains à part entière. Paradoxe lorsqu'on étudie dans le même temps l'hellénisation des élites romaines.

    A l'heure de la faillite de notre système d’assimilation (qu'on s'en réjouisse ou qu'on le regrette n'est pas le sujet ici), ces questions identitaires et culturelles ne sont pas négligeables. Le reportage conclut en disant que les Gaulois deviennent des « gallo-romains », mais cette expression est aujourd'hui contestée et traduit l’ambiguïté de la dimension identitaire à cette époque. En effet, être Romain, ce n'est plus simplement être issu de la ville de Rome, mais être un citoyen de l'ensemble politique dirigé par Rome. Ce n'est plus l'ethnie qui définit seule l'identité, mais l'appartenance à un ensemble culturel et politique. Au final, le titre est bien choisi, car sans que les contemporains en aient conscience, Alesia a scellé le sort d'une civilisation mais peut-être aussi d'une conception de l'identité et de la citoyenneté.

    Jean/C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

     

  • Nous avons laissé détruire l'humus économique de nos nations en échange de produits bon marché

    Plus de 50 % des produits manufacturés achetés par les Américains et les Européens sont importés. Pour la première fois depuis deux siècles, l'Occident n'est plus maître du jeu. Trois mots expliquent cet échec : aveuglement, cupidité, arrogance. Les dirigeants politiques et économiques portent une responsabilité écrasante dans l'explication de ce déclin. Pendant des années, nous avons observé, fascinés, la montée en puissance de l'Asie pour découvrir tardivement qu'elle était due à notre aide et à notre financement. En exportant notre travail et notre savoir-faire, nous avons créé les conditions de notre nouvelle dépendance. 
         Partout en Occident, l'ascenseur social semble définitivement bloqué. Les Américains eux-mêmes doutent de l'American dream. En Europe et aux États-Unis, en exportant les emplois à travers les délocalisations, les dirigeants d'entreprises et les responsables politiques ont implicitement trahi la confiance de leurs employés et de leurs administrés et piétiné le contrat social qui cimente un pays. Pour que le système économique actuel fonctionne à son paroxysme, pour maximiser le présent au détriment du futur et les profits d'un tout petit nombre de privilégiés au détriment du reste de l'humanité, il fallait que toutes les barrières logistiques, politiques, morales et culturelles sautent. Ce fut chose faite avec la fin de l'URSS. C'est là que les mentalités en Chine et en Inde ont changé, rendant accessible au capital occidental une source de travail peu coûteuse. Un processus s'est ensuite vite mis en place pour transférer les emplois et les industries occidentales vers les pays émergents. C'est cette globalisation qui a provoqué l'accélération du démantèlement des bases industrielles qui avaient porté l'Europe, puis les États-Unis, à dominer le monde.
         Ce n'est même pas de l'ultra-libéralisme, c'est du totalitarisme, du socialisme pour les très riches, déguisés sous des oripeaux de marché et de libéralisme. La globalisation est un moyen idéal de privatiser les profits des grandes entreprises (par délocalisation des productions), de socialiser les pertes (faire porter le coût social du chômage ainsi créé par les collectivités locales) puis, comble du toupet, de faire aider ces grandes entreprises par l’État - et donc par le contribuable - lorsqu'elles sont en situation de perte. Jamais l'investissement dans les lobbies n'avait été aussi rentable.
         La globalisation a en plus permis à de grands distributeurs de massacrer les petits vendeurs et les artisans à coup de prix très bas, rendus possibles par les économies d'échelle et une production qui se fait sous des cieux moins regardants quant aux coûts et aux conditions de travail. Ces petites entreprises et ces artisans étaient pourtant au cœur du tissu social par leur travail, utile en soi, mais aussi parce que leur activité cimentait des liens de proximité entre la communauté du quartier, de la ville ou de la région. Nous avons d'abord délocalisé à 5 euros par jour en Europe de l'Est, puis à 99 centimes par jour en Asie. Nous avons laissé détruire l'humus économique de nos nations en échange de produits bon marché. 
         Hélas, les multinationales ne sont liées à aucun pays. Nomades et apatrides, elles sont quasiment toutes installées dans des paradis fiscaux. Elles ne payent que très peu d'impôts grâce à des jeux de comptes opaques, des coûts et des revenus savamment croisés entre filiales à l'organigramme complexe. Souvent, ces grands groupes bénéficient même de subventions généreuses alors que leur contribution locale est insignifiante. Dans les régions à forte délocalisation, c'est la désolation : la fermeture d'une usine, souvent seule source d'emploi, peut ruiner une agglomération tout entière après avoir provoqué la mort professionnelle et sociale de ses habitants. 
         Le libéralisme, qui à l'origine était uniquement synonyme de libre concurrence, de libre-échange, de droit d'entreprendre sans barrières bureaucratiques, de libre accès aux capitaux et de transparence, s'est transformé en ultra-libéralisme ou, selon la formule heureuse de l'historien Edward Luttwak, en turbo-capitalisme. Il n'existe pas, dans toute l'histoire mondiale, d'exemples d'une telle démarche : des chefs d'entreprises commencent par tuer l'emploi chez eux pour le transférer dans un pays dont ils apprécient le faible niveau de salaires et l'absence de droits sociaux. Puis, devant les exigences croissantes du pays hôte dont le rôle se renforce sur la scène mondiale, ils vont accepter de tuer l'innovation en le laissant s'en emparer. C'est ce que décrit le journaliste Éric Laurent dans son livre Le scandale des délocalisations : "L'essor de la Chine et de l'Inde s'est bâti sur le futur cadavre de l'Occident"
         Le coût humain de ces tribulations est considérable, tant en Chine, en Inde, qu'en Occident. La violence réelle faite aux ouvriers des pays émergents, ainsi que celle infligée aux travailleurs occidentaux dont les emplois ont été délocalisés, est terrible. Les travailleurs qui ne sont pas encore délocalisés,  n'ayant plus l'assurance d'un employeur loyal et prévisible, sont de plus en plus soumis à une concurrence darwinienne entre eux. Les fournisseurs sont obligés de se battre férocement les uns contre les autres pour survivre. Tout cela, en théorie, à l'avantage du consommateur qui, bientôt sans emploi ou en situation précaire, n'aura de toute façon plus les moyens de consommer ! Afin d'obtenir un gain immédiat, les entreprises occidentales ont ruiné les citoyens et les travailleurs de leur pays, et fourni à de futurs adversaires les moyens de les dominer. Seulement un salarié sur trois ayant perdu son emploi en Europe et aux États-Unis en retrouvera un, et toujours avec une rémunération inférieure. La baisse des revenus et du pouvoir d'achat des ménages et des salariés en Occident s'accélère. Cela est surtout vrai pour la classe moyenne, qui devient une classe de working poors, devant faire appel au crédit de manière exagérée afin de maintenir son train de vie. 
    Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique

  • Au rallye et vite !

    A la fin de la deuxième décennie du siècle, nous aborderons au rivage des Désordres, en conséquence de la politique de masse qui a prévalu en France depuis 1962 annihilant progressivement toute stratégie nationale et laissant le pays en proie aux opinions éphémères, à l'émotion, au sentimentalisme et à ce redoutable poison socialiste qu'est l'envie. Cette date est arbitraire mais confirmait le peuple dans son rôle escroqué de souverain maître en dernier ressort, ce qui est la falsification morale la plus dangereuse de l'époque moderne car le peuple est inconséquent, surtout quand ça va mal. Ainsi lui a-t-on confié l'élection directe du chef de l'Etat faisant ainsi le lit de la démagogie la plus éhontée. Bien sûr les défauts de cette architecture n'apparurent que peu à peu, masqués par deux présidents hors du commun que furent Charles De Gaulle et Georges Pompidou. Après eux on s'est vautré ! Le Pharaon, le Florentin, Pinarque, Zébulon et Flanby ! Le régime sélectionne aujourd'hui rusés ou malins portés par des écuries gouvernées par l'avidité et la prébende juteuse, mais jamais des hommes d'Etat ; à croire que les gens de haute éducation et compétences fuient la sphère politique qu'ils méprisent. Entendre Yves Rocard parler de son fils Michel, Pal Sarkozy de son fils Nicolas ou Georges Hollande parler de François ne laisse aucun doute : ce choix de vie n'était pas vraiment digne. Or nous avons maintenant plus que jamais besoin d'hommes d'Etat. Nous avons besoin d'une stratégie nationale ancrée dans les réalités mondiales, et nous allons devoir tous faire bloc en agrégeant en France la plus forte masse critique qui pèsera le plus lourd possible sur les attentes (exprimées ou non) du camp retranché intérieur et celles de nos partenaires extérieurs. Car nous ne serons plus jamais seuls à décider. Si 74% des électeurs veulent vraiment passer le balai* dans la classe politique, c'est un bon début. Pourvu que ça dure !
    Chacun s'aperçoit que notre société est cul par dessus tête, le bon sens est même combattu pour ce qu'il est, sans arguments sérieux, comme on le voit pour la déchéance de nationalité française des assassins semi-étrangers. Mais il y a plus grave, surtout le délaissement des pauvres et des vieux, l'insécurité grandissante de l'espace commun, et ce n'est pas du "ressenti", la punition systématique des citoyens qui se défendent en lieu et place d'un police débordée, l'inversion des valeurs naturelles pour privilégier des minorités bruyantes, nourries de provocations grotesques, la confiscation massive des revenus par l'impôt ou les taxes directes et indirectes asséchant les capacités d'initiatives, la corruption gazeuse qui pourrit tout, enfin, la perversion du vivre ensemble transformé en intégration forcée de populations factieuses, dans le mépris des aborigènes - fameux souchiens - qui sont les premiers soutenus partout ailleurs dans le monde mais pas ici. Le délire immigrationiste des élites auto-proclamées est à son comble des deux bords, pro- et anti-, jusqu'à passer à côté des vrais problèmes, tant ceux des nouveaux arrivants que ceux des résidents déjà installés. Rassurez-vous, on ne fera pas dix pages sur la jongle calaisienne.

    (*) Sondage Odoxa pour Le Parisien - 2.01.2015
    Alors, que font les royalistes dans ce champ de ruines ?
    (1) A l'échelle de la planète, un pays très moyen en déclin pour l'instant, dernier avatar du modèle marxiste effondré. Le pays est captif de corporations privilégiées indéboulonnables sauf dynamitage des socles. Le bétonnage de socles si résilients date du Conseil National de la Résistance (1945).Rien ou presque rien. Comme le disait Gérard de Villèle dans le dernier Lien légitimiste : beaucoup d'entre nous sont des "royalistes de posture et nostalgiques de ce qu'ils n'ont jamais connu mais toujours rêvé". Une définition de l'idiotie qui en vaut d'autres ! Laissons aux gérontes de la Cause les béquilles du compassionnel et du commémoratif - bientôt la galette des rois puis la messe en grand noir - et attelons-nous à la promotion sérieuse de la monarchie qui ne peut se suffire de prières et de l'histoire du vieux royaume disparu, histoire passablement enjolivée, parfois ! Nous affrontons aujourd'hui un défi purement technique d'élaboration d'un régime politique crédible, insérable, pérenne. Qui s'y colle ? Vox clamans in deserto, je ne vois pas beaucoup de doigts levés. Et pourtant cette construction intellectuelle sera décisive si elle est bien fondée. A défaut, rentrer chez soi et cesser d'appeler les cotisations !
    La première mise à jour concerne l'évaluation du "pays réel" qui est carrément nié par les royalistes qui préfèrent organiser un pays rêvé, comme le faisait les Emigrés de Coblence. Or nous devons aux gens à qui nous parlons un langage de vérité au milieu de la pourriture politique ambiante.
    Alors c'est quoi la France de 2016 qui sera transformée en royaume avant qu'elle ne soit brisée en plusieurs morceaux ?

    (2) Un pays majoritairement irreligieux, voire athée où cohabitent sur tout l'espace deux monothéismes de la même force, l'islam et le christianisme, le premier taillant des croupières au second qui ne se défend pas ou ne se défend plus depuis l'abdication de Benoît XVI.
    (3) Quelque soit le domaine d'intégration internationale, ce pays a dû rendre ses attributs de souveraineté de par son incapacité à les porter. Sans être gouverné depuis l'étranger - mais le champ d'autonomie est réduit dès lors qu'une majorité de lois naissent à Bruxelles - toutes les décisions sont insérées dans un schéma exécutif multinational : énergie, monnaie, commerce, droits et devoirs, tout vient d'ailleurs même les munitions de guerre ! A ce titre, le souverainisme est un tunnel ! L'art politique nécessaire sera d'optimiser nos dépendances et oublier notre impossible indépendance sauf à disparaître de l'histoire.
    (4) Les finances publiques sont en grand désordre et l'Administration pléthorique du pays emprunte à l'étranger pour se payer ses propres salaires sur nos comptes de contribuables. Notons qu'elle en demande chaque année la permission à nos représentants élus, qui la lui donnent. La classe politique est complètement mouillée dans cette faillite publique et elle devra rendre des comptes complets et dégorger pour l'exemple.
    (5) Le pays perd de sa substance en qualité par l'émigration des cerveaux et l'immigration des bras. Une frange conséquente de la population éduquée a fait une croix sur son avenir dans un pays aussi coincé économiquement et politiquement. Elle y revient en touriste mais éduque ses enfants au coeur battant de la mondialisation gagnante, pas ici. Ce qui est nouveau c'est que désormais nous connaissions tous au moins un expatrié heureux. Faire revenir de la substance de qualité passe par une réforme complète du système économique afin de le rendre attractif. Ce sera très dur.
    (6) Le complotisme est répandu dans les segments perdants du pays où disparaît beaucoup d'énergie civique. Les quatre Etats confédérés de Charles Maurras n'existent plus en puissance ; il s'en est créé d'autres, organisés autour des nouvelles technologies de l'information et de la science. On en est aux ordinateurs quantiques ! Les Juifs, quand ils se prévalent de cette origine, ont fait leur deuil de la Terre Promise abandonnée à la gouvernance des boutiquiers du Sentier - Israël est un Etat avorté. L'incinération de la moitié de la nation juive, si elle a donné du grain à moudre à certains survivants, a surtout encouragé une grande majorité d'entre eux à se fondre dans la masse. Les Francs maçons, parlons-en ! Les loges sont autant de clubs de ratés venus compenser une position sociale précaire ou dégradée ; il est amusant de n'y jamais croiser des entrepreneurs à succès. Certes ils pèsent encore sur la politique française mais dans les seuls domaines sociétal et éducatif d'où ils seront expulsés par le coefficient naturel d'attrition. L'influence des Protestants, quant à eux, a suivi la déchristianisation générale d'un côté, la négrification de la liturgie de l'autre, on approche irrésistiblement du hip hop. Restent les Métèques ! Nous serions tous le métèque de quelqu'un si le brassage de la globalisation n'était passé par là. Les entreprises d'une certaine taille sont toutes des United Colors of Benetton. La racialisation des élites techniques d'aujourd'hui a disparu. Elle demeure dans les couches populaires comme les scories du temps jadis sauf quand la race s'associe au risque de mort comme maintenant et met tout le pays en résonance. Soutenir le complotisme fait perdre du temps et décrédibilise le travail de propagande royaliste. Il faut se couper des relents fuligineux de la Révolution vichyste, c'était un mauvais choix, moralement explicable mais politiquement dévastateur. Il faut savoir ce qu'on veut.
    (6) La Cinquième République, avachie depuis que la tête de pyramide tourne fou, est parvenue à fracturer la société en tous sens. A la fameuse fracture sociale d'origine économique, fracture réparable dans un paradigme libéral bien conduit, elle a ajouté les fractures communautaires qui la croisent en tous sens, essentiellement au bénéfice de l'islam d'importation récente, puis a rajouté aujourd'hui des fractures ethniques, ce qui est un comble en France, pays d'origine composite de par sa position en panier de basket à l'extrême occident de l'Eurasie. Après nous, l'océan immense, on ramasse tout. Le pays est "faïencé" et pas loin de tomber en miettes au premier choc sérieux, ce qui déclenche de grandes envolées lyriques d'un pouvoir totalement dépassé par les enjeux. Il ne faut donc pas compter sur une cohésion nationale au son du canon ! Elle devra être refaite comme un jeu de patience.
    Le seconde mise à jour est celle du "programme" :
    Facile ! Il n'existe pas. Sont-ce les princes ? Ils n'existent pas. Le programme politique royaliste est à écrire en se fondant sur les avantages indéniables de la monarchie cantonnée au domaine régalien** ; faudra-t-il encore savoir expliquer à l'Opinion qu'un mécanisme complet et qui marche est prêt à s'appliquer. Personne, et moi moins qu'un autre, ne fera confiance aux qualités intrinsèques du plus aimable des messies sans connaître d'avance le déroulement du programme. Nous avons trop souvent donné, les cornes sont lourdes à porter.
    Le Désordre est annoncé. Il est plus que temps que les Royalistes se fondent en un parti structuré, capable d'élaborer une politique appliquée - en science politique fondamentale, nous sommes champions du monde mais pas en pratique - et capable surtout de se donner les moyens de sa propagande. Je pense pour cent raisons que l'Action française devrait être le pivot de ce rassemblement général des royalistes, chaque chapelle s'attachant à couper les épines les plus acérées qui blessent les autres et à laisser de côté les cours princières qui ne seront d'aucun renfort si l'on se fie à l'expérience que nous en avons. Si le mouvement dans sa diversité ne précipite pas en force politique organisée, il se ment à lui-même. Nous y reviendrons... évidemment !

    (**) Il est important de limiter la monarchie au domaine régalien car il faudra laisser le pays se reconstruire à partir de ses bases territoriales dans un cadre décentralisé : plus d'Etat en haut, moins d'Etat en bas.

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • Chronique de livre : Guillaume Faye "Comprendre l'islam"

    3671887558.jpgLe retour de l’Islam au premier plan de la scène mondiale est indéniablement l’un des événements majeurs du XXe et du XXIe siècles. Ce dernier est source de polémiques diverses, suscite rejet, parfois haine mais aussi l’inverse. D’un point de vue historique, les royaumes musulmans et l’empire Ottoman furent pendant de nombreux siècles l’ennemi (extérieur) de l’Europe, voyant cette dernière comme terre de conquête. Mais le voilà implanté chez nous depuis maintenant plusieurs décennies à cause des torrents migratoires se déversant sur notre continent ainsi que des politiques dites de « regroupement familial ». Ce phénomène, facilité par de nombreuses complicités, est considéré par certains comme un enrichissement culturel, par d'autres comme une invasion et même parfois comme une conquête, est-il à craindre ? A l’aulne des attentats du 7 janvier 2015 et de la tragédie du 13 novembre 2015, il est, à fortiori, légitime de se poser une telle question. Connaître et comprendre l’Islam s’impose donc comme une nécessité. Le dernier livre de Guillaume Faye qui s’appelle justementComprendre l’Islam arrive ainsi à point nommé.

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est au préalable impératif d’apporter quelques précisions concernant quelques-unes des positions et idées défendues par l’auteur. En effet, Guillaume Faye qui fut autrefois, à l’instar d’un Alain de Benoist, l'une des locomotives du GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne) est souvent considéré comme, au mieux, un provocateur, au pire un traitre. Au C.N.C. nous préférons mettre de côté les débats passionnels et passionnés pour nous concentrer sur les idées. Et bien que nous souscrivons à certaines d’entre elles, qui relèvent toutefois de l’évidence, d’autres nous posent déjà plus de problèmes. Comment en effet adhérer au libéralisme dorénavant et explicitement soutenu par l’auteur ? A ce titre il est d’ailleurs bon de préciser que Comprendre l’Islam est édité chez Tatamis, les éditions de Jean Robin, qui se définit justement comme un libéral-conservateur (sic). Concernant le positionnement de Guillaume Faye sur la Russie, le lecteur du C.N.C. ne sera pas surpris quant à notre exaspération envers sa « Russolâtrie » et nos doutes sur son concept d’ « Eurosibérie » (concept séduisant mais problématique développé dans son ouvrage L’Archéofuturisme, ouvrage stimulant et vivifiant au demeurant). Mais le point le plus problématique réside dans le philosémitisme pro-sioniste présumé de Faye. Et autant prévenir d’emblée que de ce côté-là les détracteurs de l’alter ego de « Skyman » ne vont pas être déçu à la lecture de ce livre !

    Quant à nous, notre position est simple : nous essayons avant tout de prendre de la hauteur sur le sujet. Nous ne suivons pas la monomanie des antisémites carabinés qu'ils soient « nostalgiques » ou « réconciliés » et nous rejetons les partisans d’une quelconque alliance avec le Sionisme et Israël, tactique de plus en plus répandue en Europe et défendue par certains partis ou hommes politiques dans le spectre des droites, souvent poutinolâtres par ailleurs. Si le nombre de juifs à des postes influents ou la politique de l’Etat d’Israël ne sont certes pas les préoccupations prioritaires des Français, à l’inverse de l’immigration, du chômage ou de l’Islam, il convient toutefois de ne pas se voiler la face sur le sujet. Par conséquence nous ne partageons pas du tout certaines affirmations développées par Guillaume Faye dans ce livre concernant les juifs, leur élite et Israël. Les points ayant été mis sur les « i », passons aux choses sérieuses.

    Comprendre l’Islam s’articule autour d’une thèse centrale qui veut que l’Islam opère un basculement « archéofuturiste », c’est-à-dire à un retour de l’archaïque dans le présent sous des oripeaux modernes. C’est le cas par exemple de l’Etat Islamique qui combine à la fois l’horreur takfiriste et le sens du spectacle (mise en scène, production vidéographique de qualité, etc.). En revanche, son but est demeuré inchangé : La Loi d’Allah doit s’imposer sur terre dans un régime politico-religieux totalitaire (l’Islam ne reconnait pas la séparation temporelle/spirituelle), le Califat. Cette domination s’opère en trois temps :

    1) Le « Dar al-Suhr » où le musulman n’est pas en position de conquête et se sert de la « taqiya » pour tromper son monde en attendant le moment propice pour agir.
    2) Le « Dar al-Arb » qui est la conquête en cour (en terme de lutte armée ou démographique).
    3) Le « Dar al-Islam » ou terre conquise par l’Islam et régie par la Charia.

    Pour Guillaume Faye, le choc civilisationnel (Occident contre monde musulman), la colonisation de peuplement et ses corolaires (grand remplacement du substrat ethnique européen et islamisation culturelle) ainsi qu’un risque terroriste en constante augmentation incarnent indubitablement les dangers liés à l’Islam. Jusqu’ici, le lecteur n’apprendra pas grand-chose car, pour peu que l’on habite dans une ville de taille moyenne ou dans une grande ville, il suffit de sortir de chez soi pour s’en rendre compte très vite. De l’Islam, on n’apprend en définitive pas grand-chose. Aucune explication sur les différences entre Sunnisme, Chiisme ou Soufisme par exemple… Faye, qui se réclame pourtant d’une méthode et d’un esprit que l’on qualifiera de scientifique par facilité de langage, n’étaye quasiment jamais ses affirmations de citations du Coran. Un manque de rigueur se fait sentir tout au long de la lecture du livre accompagné par de nombreuses redites inutiles. N’espérez donc pas comprendre et connaitre l’Islam de façon sérieuse et documentée... Une fois la lecture de Comprendre l’Islam achevée, on réalise que le titre aurait dû être « Comprendre pourquoi Guillaume Faye n’aime pas l’Islam ». Alors oui, les arguments se tiennent et on tombera d’accord à plusieurs reprises avec lui... mais le lecteur voulant se documenter sur l’Islam sera extrêmement déçu. Pour tout dire, ce livre est centré autour de Guillaume Faye. D’une part car sa vision de l’Islam est purement subjective et sert de prérequis, au lieu d’avoir une analyse objective, détaillée et sérieuse suivie d’une critique argumentée. Ensuite, et c’est là où ça devient véritablement n’importe quoi, le lecteur assistant à un réglage de compte en bonne et due forme.

    La couverture de Comprendre l’Islam est quasiment la même que celle deComprendre l’empire d’Alain Soral. A la vue des critiques à l’encontre du président d’Egalité & Réconciliation et de Dieudonné, on devine sans peine que ce mimétisme graphique est tout sauf un hommage. Par ailleurs, ces derniers ne sont pas les seuls à être durement écornés dans le livre. L’extrême-droite antisémite en prend pour son grade elle aussi. Et on arrive au gros problème de ce livre, à savoir le parti pris clairement et outrancièrement philosémite de Guillaume Faye qui confère parfois au ridicule. L’islam est comparé de manière récurrente au communisme mais surtout au nazisme. On découvre ainsi que Roger Cukierman, président du CRIF, est une source d’inspiration pour Guillaume Faye! Affirmer que l’Islam et le Nazisme seraient comparables mutatis mutandis tout en citant Carl Schmitt et sa conception de la désignation de l’ennemi tout au long de l’ouvrage est quand même sacrément cocasse ! Le sous-chapitre intitulé « Les juifs face à l’islamisation » aurait pu être écrit par Gilles-William Goldanel ou Meyer Habib. Pire, dans un sous-chapitre concernant la victimisation des palestiniens, Guillaume Faye va jusqu’à affirmer que : « les roquettes tirées sur les bourgs israéliens depuis les zones urbanisées de Gaza avaient pour unique but de faire réagir l’aviation et l’artillerie israéliennes dans l’espoir que, malgré toutes les précautions de Tsahal, des frappes collatérales fassent le plus grand nombre de victimes possibles ». Guillaume Faye oublie volontiers le nombre de résolutions de l’ONU bafouées par Israël mais peut-être que cette organisation de haute-autorité est un repère d’islamistes antisémites pratiquant la taqiya ?

    Synthétisons: ce livre est à éviter d’urgence si vous souhaitez comprendre l’Islam. Il ne vous apportera rien de concret. On ne peut pas en dire de même de l’auteur qui aura surement droit à son stand au prochain salon du livre du B’naï B’rith.Comprendre l’Islam est une déception et apparait comme le crépuscule d’un auteur autrefois brillant, maintenant reconverti dans un néo-conservatisme russolâtre et philosémite. Le Μηδὲν ἄγαν (Medèn ágan), cette « juste mesure » opposée à l’hubris et invoquée par Guillaume Faye dans certaines de ses œuvres, est définitivement mort et enterré.

    Donatien / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • Non, les gens n’aiment pas que…

    En quinze années de conversations sur le fauteuil (pas sur le divan) avec l'accusé Le Pen, je n'ai détecté aucun propos nauséabond.
    Allez, une petite histoire en ce début de nouvelle année, comme c’est de coutume en cette période !
    En plus, ça parle un peu de la Légion étrangère, si connue, entre autres pour ses superbes crèches célébrant la Nativité, et ciment d’hommes d’origines si différentes, unis à la France par le sang versé !
    La médecine militaire m’a apporté la joie de soigner nombre de légionnaires.
    Mais c’est dans la vie civile qu’il m’a été donné de m’occuper de la santé buccale d’un des plus célèbres de ses anciens membres : Jean Marie Le Pen. Rassurez-vous, je ne trahirai pas le secret médical !
    Ce dernier, donc, alors que j’exerçais non loin de La Trinité-sur-Mer, me vint en urgence, amusé de trouver un ancien officier qui, à une époque, remplissait sa salle d’attente de bérets verts et de képis blancs !

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  • Il y a 40 ans, mourait le général Franco

    Le 20 novembre 1975, mourait le général Franco

       Après trente cinq jours d’agonie, et un acharnement thérapeutique digne des médecins du Kremlin, beaucoup de désinformations sur son état de santé, et peut-être même sur sa survie, produisirent, en dehors de l’Espagne, une forme de gêne sinon de dégoût à l’égard d’un homme de l’Histoire qui reçut bien peu d’éloges posthumes. De façon remarquablement contradictoire, la presse européenne à la fois relevait la mort d’un dictateur, le dernier issu des terribles années trente, et redoutait que sa disparition signalât une nouvelle période de troubles dans son pays. « L’après-franquisme » comme on disait alors semblait lourd de menaces, dans une société qui ne s’était pas complètement réconciliée avec elle-même, en proie au terrorisme basque et à l’irrédentisme catalan, dont plusieurs régions affichaient encore un visage de sous-développement, où l’Église romaine semblait tenir sous la coupe de l’obscurantisme un peuple en grande partie arriéré, et dont l’avenir politique, avec un futur roi de pacotille qui ne pourrait qu’échouer, paraissait aussi sombre que le pelage des taureaux a las cinco de la tarde.

       Et puis le miracle se produisit. Seul des dirigeants occidentaux, Valéry Giscard d’Estaing l’avait pressenti. La Movida, la démocratisation, le surgissement de responsables politiques de qualité, la modernisation économique et sociale, un bouillonnement culturel dont toute l’Europe devint jalouse, enfin l’admirable prise en main du destin du pays par ce jeune roi qui allait se révéler comme un des plus grands hommes d’État de la fin du XXe siècle.

       L’Espagne avait-elle, d’un fier coup d’épaule bien dans la tradition castillane, tourné le dos aux « années noires » du franquisme ? Ou bien Franco était-il pour quelque chose dans cette inattendue et admirable métamorphose ? Telle est bien la question qui, pendant longtemps, n’osa être posée. Avec le temps, l’écriture de l’Histoire s’apaise et permet d’examiner plus sereinement les causes des évènements comme les aboutissements des phénomènes.

       Certes Franco fut un homme brutal, secret, manipulateur, implacable et cruel, fermé à la perception de bien des évolutions de son temps. À bien des égards, il se situe dans cette lignée interminable des généraux félons qui, à coup de pronunciamientos, bâtirent tout au long du XIXe siècle la légende noire de l’Espagne.

        Le coup d’État dynastique commis par Ferdinand VII le 31 mars 1830 ayant plongé le royaume dans un état quasiment constant de guerre civile, aggravé par les déconvenues outre mer de l’ancienne première puissance coloniale mondiale, avait brisé  ce lien qu’Ernest Renan baptisa «  vouloir vivre ensemble » pour qualifier ce qui fait le ciment d’une nation. Alors que, partout en Europe, notamment en Allemagne et en Italie, les vieux souverainismes régionaux s’effaçaient pour donner naissance à de nouvelles puissances, l’Espagne s’enfonçait au contraire dans le réveil d’irréductibles différences qu’aucun ferment fédérateur ne parvenait à réduire. Et le paroxysme en fut atteint avec la guerre civile déclenchée en 1936 par les exactions du gouvernement de Front populaire.

        Indubitablement, Franco était un homme de cette époque et agit en homme de cette époque. Cependant,  et voilà tout le mystère du personnage, il réussit là où tous ses prédécesseurs avaient échoué, offrant à l’Espagne la fin de ses déchirements. La paix et l’ordre rétablis au prix d’une dictature de trente ans. Était-il possible de faire autrement ?

        Mais Franco fut aussi un homme du futur et même souvent, visionnaire. Au moins par trois fois et à des titres essentiels.

        C’est d’abord lui qui, en 1940, sut dire non à Hitler, refusant que les troupes allemandes traversassent son pays pour fermer la Méditerranée. L’Espagne y aurait gagné la reprise de Gibraltar mais aurait porté une lourde responsabilité devant l’Histoire : que serait en effet devenue la deuxième guerre mondiale si l’Allemagne avait contrôlé l’Afrique du Nord dès juillet 1940 ? De même que pendant quatre ans, le sud des Pyrénées devint la seule région d’Europe continentale à représenter un refuge, certes fragile et incertain mais refuge quand même, pour les juifs persécutés. Justifiant la fameuse formule : « Franco a sauvé plus de juifs que Picasso » (qui, en effet, n’en sauva aucun) Conscient de tout cela, De Gaulle refusait qu’on dît du mal de Franco devant lui et se dépêcha, dès qu’il eut quitté le pouvoir en 1969, d’aller saluer le caudillo à qui la France libre devait tant.

        C’est lui qui, en deuxième lieu, fonda le redressement de l’économie espagnole sur deux atouts : le tourisme et l’immobilier. Politique qui suscita par la suite de nombreuses et vives critiques mais que, curieusement, aucun des gouvernements postérieurs à 1975 ne remit fondamentalement en cause …

       C’est lui, enfin, qui comprit que l’avenir de l’Espagne passait par le rétablissement de la monarchie légitime tant il est vrai qu’aucun État de droit ne peut se passer d’ancrage dans son Histoire, comme il comprit que seul ce régime permettrait à son pays d’établir durablement la démocratie et les libertés publiques, toujours ignorées jusque là.

       Relevons au passage que le « régent du royaume d’Espagne », en désignant Juan Carlos plutôt que le prince Alphonse, libéra la branche aînée des Bourbons pour le trône de France, la séparation des deux couronnes, gravée dans le marbre d’Utrecht, se trouvant ainsi définitivement assurée et conforme aux lois fondamentales du royaume. On ne sait toutefois si Franco prit cette décision en toute connaissance de cause. Mais, s’il s’agit d’une légende, outre sa portée réelle, elle justifie de la part des royalistes français une reconnaissance presque aussi grande que celle exprimée par le général De Gaulle.

    Daniel de Montplaisir

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/1644-il-y-a-40-ans-mourait-le-general-franco

  • Ce qu'était un roi de France - Frantz Funck-Brentano - Vidéo

    Ce qu'était un roi de France - Frantz Funck-Brentano - Vidéo
    La propagande révolutionnaire et plus de deux siècles construits sur ce socle bien tassé font que, depuis longtemps, plus personne en France ne sait exactement ce qu'était un roi de France, pas plus que comment ces rois étaient considérés par leurs sujets, nos ancêtres. L'historien Frantz Funck-Brentano tente de soigner les Français de leur amnésie.
    http://www.democratie-royale.org/2015/12/ce-qu-etait-un-roi-de-france-frantz-funck-brentano-video.html

  • Civilisation : ce terme si galvaudé

    De Christophe Dickès sur Atlantico :

    "La civilisation n’a donc rien à voir avec le progrès. Elle était pour l’historien Jacques Bainville comme la santé, destinée à un équilibre instable : « C’est une fleur délicate. Elle dépend de tout un ensemble de conditions économiques, sociales et politiques. Supprimez quelques-unes de ces conditions : elle dépérit, elle recule ». Et il ajoutait plus loin : « La réalité que l’on avait oubliée ou méconnue et qui se rappelle à nous cruellement, c’est que la civilisation, non seulement pour se développer, mais pour se maintenir, a besoin d’un support matériel. Elle n’est pas dans les régions de l’idéalisme. Elle suppose d’abord la sécurité et la facilité de la vie qui suppose à son tour des Etats organisés, des finances saines et abondantes. » Et c’est ici que Bainville donne la définition de la civilisation. Elle est, écrit-il, « un capital. Elle est ensuite un capital transmis. Car les connaissances, les idées, les perfectionnements techniques, la moralité se capitalisent comme autre chose. Capitalisation et tradition, -tradition c’est transmission, - voilà deux termes inséparables de l’idée de civilisation. »

    Il peut paraître étonnant de la part de Bainville, historien et spécialiste des relations internationales, d’associer l’idée de civilisation en partie à des nécessités économiques. Pourtant, c’est oublier qu’il fut, dans l’histoire de la presse, un des tous premiers journalistes économiques, collaborateur du journal libéral Le Capital. A cet égard, il offre bien des leçons pour notre temps et n’aurait pas été dépaysé sous la présidence de François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls : il blâmait les rigueurs du fisc qui empêchait l’investissement ; il souriait de la fuite des capitaux en rappelant l’histoire de Voltaire que l’on considérerait aujourd’hui comme un exilé fiscal ; il soutenait le sort des classes moyennes « qui sont le plus solide support de la civilisation » contre l’Etat-providence.

    [...]

    Néanmoins, l’enseignement de Bainville a ses limites. En effet, il aurait été surpris par les fractures sociale et sociétale de notre époque, tout comme par le développement du communautarisme. La France du début du XXe siècle, c’est-à-dire la France de la IIIe République gardait une identité forte incarnée dans l’éloquence de ses hommes politiques, de ses gens de Lettres et ses hommes de presse. C’était un temps aussi où l’on respectait le professeur dont le rôle était de transmettre un savoir et non d’éduquer des enfants. La IIIe république entretenait aussi le culte du passé. De tout le passé, sans exception. A La Sorbonne, l’amphithéâtre Louis Liard qui date des premières années du régime républicain, un des plus beaux d’Europe, incarne cette conception assumée de notre histoire : on y voit le portrait en pied de Richelieu au-dessus de la chaire principale et, dans les médaillons, on reconnaît Pascal, Bossuet, Descartes, Racine, Molière et Corneille. L’âme française.Bainville pleurerait de voir que la civilisation est aujourd’hui aux mains d’amateurs plaçant le latin comme un « enseignement de complément » selon le jargon du Ministère de l’Education nationale.

    Bainville, qui associait nécessités de la politique intérieure et défis de la politique étrangère, croyait aux permanences dans l’histoire. Pour cette raison, son œuvre, qui ne cesse de puiser des exemples dans le passé, reste profondément contemporaine. C’est peut-être pour cette raison que depuis sa mort en 1936, elle a été rééditée par les plus grandes maisons de la place parisienne. Si Bainville avait vécu de nos jours, il aurait été classé dans le camp des « déclinistes » aux côtés de Zemmour, Lévy, Rioufol ou de Villiers. Pourtant, il rappelait que « le pessimisme, cause de découragement pour les uns, est un principe d’action pour les autres. L’histoire vue sous un aspect est une école de scepticisme ; vue sous un autre aspect, elle enseigne la confiance. » L’année 2015, elle, nous aura enseigné une leçon oubliée, celle de la fragilité des temps. Il ne tient qu’à nous de redonner à notre civilisation toute sa force."

    Michel Janva