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culture et histoire - Page 1255

  • L’âge du renoncement – Chantal Delsol

    Le renoncement, on le comprend vite, concerne en fait un ensemble de paradigmes, dont l’auteur constate que, dans nos sociétés, ils ne sont plus opérants (constate, et non souhaite) et ont fait place à d’autres. A l’âge de la foi succéderait ainsi celui de la sagesse, mais il s’agit en fait d’un retour à ce qui a précédé l’ère judéo chrétienne.

    Cette sagesse est portée par une conception du temps circulaire, et non plus fléchée, et par un ensemble de mythes aux contours flous, qui ont la force opérante de la vérité qu’ils ont remplacée. La quête de la vérité, constate l’auteur, n’est d’ailleurs absolument plus l’affaire de nos contemporains, dont le moteur du bien-vivre est l’utile.

    Le temps de la chrétienté n’est plus, nous dit Chantal Delsol d’entrée de jeu et « quand un monde culturel se dérobe, toujours ses fils et ses adeptes ont l’impression qu’il ne pourra être remplacé que par le chaos » (p. 7). A ceux de ses lecteurs qui se sentent ainsi cernés par des menaces nihilistes et relativistes, l’auteur explique que le nihilisme n’aura été qu’une brève adolescence, entre l’âge de la vérité et celui de la sagesse.

    Elle nous montre que la recherche de la vérité qui caractérise la civilisation chrétienne, et même, sous une forme différente, les Lumières, et les totalitarismes du XXe siècle, n’est en réalité qu’une parenthèse dans l’histoire des civilisations. « Le fanatisme de la raison a profané non pas seulement la Raison comme vérité mais l’idée même de vérité » (p. 70), et les Occidentaux d’aujourd’hui, comme les sages des civilisations antiques préchrétiennes ou comme ceux des cultures asiatiques de tout temps, n’aspireraient plus qu’à vivre en fonction de quelques mythes jugés fondateurs.

    Ces mythes sont intouchables, mais néanmoins variables, et l’on ne cherche pas à savoir s’ils sont vrais mais s’ils permettent de vivre bien. De nombreux exemples viennent étayer cette thèse et l’on est saisi par la pertinence de l’analyse que nous offre l’auteur et par l’extrême rigueur de sa démonstration.

    Tant de choses qui nous révoltent par leur incohérence acquièrent soudain une logique et l’on comprend pourquoi l’enseignement de l’histoire est aujourd’hui scandaleusement partisan et sélectif, pourquoi l’on condamne les massacres du nazisme en refusant résolument d’évoquer ceux du communisme, pourquoi les droits de l’homme sont et restent sacrés alors qu’ils ont radicalement changé en cinquante ans.

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  • Hommage à René Girard

    Non surpris, mais touché par la disparition récente de René Girard, je me suis senti obligé d’apporter mon humble contribution à l’ensemble des hommages qui lui ont été adressés ces dernières quarante huit heures.

    Découvert au tout début de mes études supérieures à travers la lecture de son premier ouvrage célèbre, Mensonge romantique et vérité romanesque, R. Girard n’a eu de cesse par la suite d’inspirer mes réflexions et ma vision des mécanismes sociaux, culturels, psychologiques et religieux du monde.
    Assez précoce, à l’époque, dans mes lectures, son nom m’était apparu après la lecture desFrères Karamasov, de F. Dostoievski, comme l’un des meilleurs critiques littéraires au sujet de ce génie russe. Le nœud de laine ainsi saisi, il ne me resta plus qu’à tirer tranquillement le fil qui sortait de la bobine pour me saisir, centimètre après centimètre, mètre après mètre, de sa pensée.
    C’est que, pour l’historien que je fus et suis en parti, il demeura assez agréable de lire et suivre la pensée de Girard car, il faut le dire, elle se déroule tranquillement tout au long du temps et de ses ouvrages, cohérente, s’affinant avec les décennies.
    Et, il faut le dire, c’est là tout le génie du personnage et de son œuvre, cette pensée n’est jamais déconcertante ou trop compliquée à saisir. Au contraire, elle apparaît presque trop évidente, systématique diront certains.
    Je ne me permettrais pas de refaire le détail de sa théorie du désir mimétique, des rivalités, de la victime émissaire, de la violence et du sacré, des sacrifices, et de l’Agneau de Dieu, puisqu’on la retrouve intégralement sur wikipedia.fr et dans une grande majorité des colonnes des journaux et des magazines traitant de sa disparition.
    Cependant, il est un article d’Alain de Benoist, paru dans Eléments en juillet 2008, qui refait surface sur les réseaux sociaux et dont le titre et la conclusion manquent de nuance : René Girard, auteur surfait :

    « Tous ceux qui ont approché Girard ont bien noté son « autisme » : il n’écoute que ce qu’il veut bien entendre. Mais ce qui frappe le plus chez lui, c’est son extraordinaire systématisme. Construite comme par élargissement de cercles concentriques, toute sa pensée se caractérise par une série de réductions généralisatrices (ou de généralisations réductrices) dont l’ampleur va croissant : réduction du désir au désir mimétique, réduction du désir mimétique à la rivalité qu’il peut engendrer, réduction de la violence, puis de toute la psychè humaine à la rivalité mimétique, et enfin réduction de toutes les cultures, de tout le champ anthropologique, au « sacrifice victimaire » né de cette rivalité mimétique. René Girard est assurément un grand critique littéraire. Mais en tant que théoricien, c’est un auteur surfait. »

    Il est assez amusant de constater qu’un tel article, écrit par un des plus grands penseurs païens français encore vivants, tienne un discours peu valorisant à l’égard du « théoricien » catholique qu’était Girard.
    On note de ci de là des critiques, non plus de Girard mais du christianisme, prouvant tout de même, un certain manque d’objectivité dans les propos de De Benoist, propos au demeurant intéressants :

    « Mais bien entendu, la bonne nouvelle évangélique n’a pas mis un terme à la violence. La rivalité mimétique ne cesse de renaître, le maintien de la paix exigeant toujours le sacrifice de victimes nouvelles, ce qui explique la persistance de la violence. Faute d’avoir accueilli le message évangélique, assure Girard, l’homme en est encore à la gestion de la violence par le sacrifice. Satan, en définitive, est l’autre nom de la rivalité mimétique. Le message chrétien a désacralisé le monde et détruit à jamais la crédibilité de la représentation mythologique, en agissant comme un ferment de décomposition de l’ordre sacrificiel. Mais cette décomposition ne parviendra à son terme que lorsque l’humanité entière en aura adopté le principe en instaurant une politique inspirée des Béatitudes. »

    Personnellement, j’estime que Girard est un théoricien. Il l’est devenu « à peu près » entre Mensonge romantique et la Violence et le Sacré, lorsque sa théorie du désir mimétique a permis de saisir certaines dynamiques anthropologiques des sociétés archaïques, ou non mécaniques (Levi-Stauss), et contemporaines.
    L’ensemble de ses réflexions, également, sur Clausewitz mérite d’être saisie comme preuve de son importance dans le champ des théories en sciences humaines.
    L’aspect systématique, globalisant, parfois maladroit de l’application de sa théorie mimétique est évident, compte tenu de la très grande variété des domaines où il est possible d’utiliser cette grille de lecture.

    Pour exemple, redescendons d’un cran en sérieux (quoique) et dans l’utilisation de la théorie mimétique pour l’appliquer à un media commun, la bande dessinée, et plus précisément à un manga célèbre,Naruto de Masashi Kishimoto.
    Je ne vais pas refaire ici une description de ce manga qui, il me semble, est plutôt bien connu du grand public. Je ne regretterais pas non plus de « spoiler » une partie de l’histoire, dans la mesure où les prépublications « traduites » par les fans pullulent sur la toile depuis 2000-2002, et que la publication française est arrivée à terme, avec 72 tomes, chez Kana.
    Alors, pourquoi parler de Naruto dans un billet au sujet de René Girard ?
    Et bien parce que la portée de sa théorie mimétique, de la victime émissaire et de son sacrifice, se retrouve dans ce manga. Plus précisément, à partir de l’arc « Pain », du nom du pseudo chef de l’Akatsuki, qui possède une arme de destruction massive lui permettant de détruire un village entier et ses habitants.
    A ce moment de l’histoire, le système social et politique de ce monde est proche de la société féodale, du monde seigneurial, d’interdépendance, de clientélisme, de vassalité et de service rendu. C’est un monde de violence, où la vengeance voire parfois la faide sont communes et fréquentes, les ninjas n’étant finalement que les outils, conscients ou non, de la montée en puissance de cette violence et du cycle de haine qui a conduit Pain (qui comme son nom l’indique a beaucoup souffert) à vouloir tuer le fameux village de Konoha dont est originaire le héros Naruto. On notera également le lien avec ce que dit Girard au sujet de Clausewitz et « la montée aux extrêmes », générée ici par le fait que les personnages de ce monde se font la guerre avec des moyens (ninjutsu) de plus en plus puissants (les fameux démons à [x] queues, les bijuus, véritables armes de destruction massive).
    La rupture, incarnée par Naruto, apparaît au moment où ce dernier a vaincu Pain et se retrouve face à lui pour le tuer. Naruto décide de l’épargner et de prendre sur ses épaules les souffrances de tout le monde. Il se propose d’être la victime des vengeances cumulées par tous les protagonistes rencontrés au gré de l’aventure, même ceux qu’il ne connaît pas, et d’annihiler la vengeance et la violence en n’y répondant pas, en la subissant pour décharger les gens :
    Pain qui détruit le village : ICI
    Le moment Naruto décide de briser le cycle de violence : ICI
    Naruto mettant en pratique sa « non violence » et son rôle de victime : ICI

    A partir de ce moment, le manga a véritablement pris une tout autre tournure, générant forcément des critiques positives et négatives auprès des lecteurs de la première heure.
    Il n’en demeure pas moins que l’on retrouve presque trait pour trait la théorie développée par Girard. Le désir mimétique y mis en avant dans le triangle amoureux des personnages du début. La question de la violence et du sacré, dans l’ensemble de la cosmogonie de cet univers, de la structure même de cette société. L’aspect messianique de Naruto, également, amorcé par le passage sus-cité, mais également par les références à la « prophétie », au livre de Jiraiya qui ressemblerait presque au rôle qu’a l’Ancien Testament en tant qu’annonciateur de l’arrivée du Messie ou « élu » dans le manga. La façon dont Naruto arrête le déchaînement de violence, d’abord par les poings, mais ensuite et surtout par les mots.
    Bref. A mes yeux, ce manga contredit toute l’analyse de De Benoist sur le côté « surfait » du Girard-théoricien.
    Parce que sa pensée est très dense et étendue, sa théorie devient passablement instructive même si parfois elle manque de précision ou reste floue. Mais c’est, je pense, la définition même de la théorie : des explications s’appuyant sur des faits et qu’il faut critiquer pour la corriger ou l’invalider.
    Corriger la théorie mimétique et son déploiement dans les sphères anthropologiques et religieuses, il le faut très certainement, il en va de l’honnêteté intellectuelle.
    L’invalider… J’attends personnellement d’autres arguments que ceux émis par ses détracteurs, de De Benoist à René Pommier (René Girard, un allumé qui se prend pour un phare), et vous invite, au contraire, à plonger dans cette pensée plus qu’intéressante.
    Notons enfin que c’est avec l’appui de René Girard que Philippe Muray nous a livré son chef d’œuvre Le XIXème siècle à travers les âges, après un séjour aux Etats Unis, à Stanford entre janvier et mars 1983.

    Aristide / C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • LITTERATURE • Maurras en son chemin de paradis [1]

    par Hilaire de Crémiers 

    C'est en 1895, il y a juste cent vingt ans, que Calman-Lévy - « éditeur héroïque » dit Maurras - a édité le Chemin de Paradis. Un premier livre de contes philosophiques que son auteur écrivit, de fait, avant ses vingt-cinq ans. Un recueil de neuf contes où Maurras, comme Anatole France le lui écrivit, méditait d'ingénieuses fables. Ces Mythes et Fabliaux, qui ne furent sans doute jamais parfaitement compris, formaient pourtant, déjà, une critique sans indulgence aucune, de ce mal moderne auquel Maurras se préparait à s'affronter. Rien moins que « pour le salut du monde et le règne de la beauté ».  Sans-doute pressentait-il et fixait-il ainsi, avec une prescience étonnante, ce qu'allaient être, dans l'ordre politique et littéraire, son œuvre et sa destinée.

    Hilaire de Crémiers a consacré de minutieuses et savantes études à cette œuvre de jeunesse de Charles Maurras, qui préfigure, expose-t-il, ce que seraient son œuvre et sa vie.

    Nous avons enregistré, il y a quelques années, plusieurs vidéos où Hilaire de Crémiers analyse le Chemin de Paradis et en propose une interprétation. Une analyse et une interprétation qui donnent à Maurras une profondeur singulière. Beaucoup plus extraordinaire que celle qui lui est habituellement reconnue.

    Nous mettrons en ligne, les cinq prochains samedis, cinq vidéos où Hilaire de Crémiers traite des neufs contes du Chemin de Paradis et dévoile ce qui en est, selon lui, le sens profond.  Lafautearousseau  

    Le Chemin de Paradis sur Maurras.net

    (Texte complet)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Une histoire mondiale du communisme – Thierry Wolton livre une étude magistrale du totalitarisme le plus mortifère du XXème siècle

    Thierry Wolton était déjà connu pour une vingtaine d’ouvrages, la plupart consacrés à différents aspects du communisme. Avec cette Histoire mondiale du communisme, Thierry Wolton restera comme l’auteur d’une somme magistrale consacrée au totalitarisme le plus mortifère du XXème siècle.

    De prime abord, le lecteur sera surpris par l’épaisseur de ces deux « pavés » (le troisième étant annoncé pour 2017). Pourtant, rien n’y est superflu. Chaque élément vient utilement renforcer la connaissance de ce monstre politique qui, partout où il a été expérimenté, s’est révélé tyrannique et sanguinaire.

    « D’une main de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur« , était le slogan des îles Solovki, premier camp de rééducation en Russie bolchévique. Toute l’investigation historique qui nous est livrée par Thierry Wolton démontre que ce communisme, qui a porté les plus folles espérances de certains, s’est partout et toujours imposé et maintenu par cette impitoyable « main de fer« .

    Le système communiste s’est appliqué sur un tiers de l’humanité, à travers une trentaine de pays en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Les mécanismes du pouvoir ont systématiquement été les mêmes, malgré les variations idéologiques. L’objection des singularités nationales ou des conjonctures malheureuses pour tenter de relativiser les abominations du communisme ne peut donc être retenue.

    « La violence est la sage-femme de la révolution« , écrivit Lénine. Sous sa direction, les premiers bolcheviks, après avoir terrassé le tsarisme, éliminent la paysannerie et organisent la famine comme moyen d’extermination de masse. Puis vint Staline et ce fut l’essor du Goulag.

    Le passage consacré à la « Vendée soviétique » et à la liquidation des cosaques mérite une attention particulière, tout comme le chapitre traitant du sort réservé aux pays tombant dans l’escarcelle de l’URSS après Yalta ou encore la partie abordant la terreur khmère rouge.

    Thierry Wolton ne se limite pas à énumérer l’histoire criminelle du communisme, il démonte aussi la pensée communiste, dès Marx qui s’inspire de la théorie de l’évolution de Darwin pour prétendre expliquer scientifiquement l’évolution des sociétés humaines. Avec Marx, le communisme se veut aussi l’avènement de la divinité de l’homme – marquée par la foi dans la science et le progrès – succédant à celle de Dieu. Les théories de Marx parachèvent ainsi le processus engagé par la Révolution française. Ensuite, dans l’esprit de Lénine et de ses successeurs, le christianisme est non seulement un ennemi idéologique mais aussi le principal obstacle à abattre. En URSS, entre 1917 et 1980, 200.000 membres du clergé ont été exécutés et 500.000 autres emprisonnés ou déportés. Dans d’autres pays, le Kremlin fait le choix de contrôler le clergé plutôt que de le réprimer. Ainsi, en Hongrie, en 1956, les communistes estimaient contrôler 40 % des postes clés au sein de l’Eglise catholique.

    De même, l’auteur analyse remarquablement la logique de fabrique des ennemis qu’entretient le communisme, avec la criminalisation des élites, la « prophylaxie des purges » et l’impérieuse lutte des classes.

    Le travail réalisé par Thierry Wolton est colossal et méthodique. Il offre une vision à la fois globale et détaillée du communisme. Rien n’échappe à son enquête. L’eugénisme, les expériences sur les prisonniers et les trafics d’organes, l’arme psychiatrique, l’anéantissement de l’intelligence, le modèle d’Etat policier, les privilèges des chefs et de leur nomenklatura,…, tout est passé au crible.

    Avec, en conclusion, la conquête du samizdat et les voix de la dissidence.

    Il faut encore ajouter que la qualité d’écriture de cette histoire mondiale du communisme fait qu’une fois plongé dans sa lecture, vous aurez du mal à vous interrompre.

    Une histoire mondiale du communisme, tome 1 : Les Bourreaux (1128 pages), tome 2 : Les Victimes (1132 pages), Thierry Wolton, Grasset, prix de lancement jusqu’au 31 janvier 2016 : 33 euros le volume

    A commander en ligne sur le site de l’éditeur

    http://www.medias-presse.info/une-histoire-mondiale-du-communisme-thierry-wolton-livre-une-etude-magistrale-du-totalitarisme-le-plus-mortifere-du-xxeme-siecle/42539

  • Qui est Alexandre Douguine ?

    Alexandre Guelievitch Douguine, né à Moscou le 7 janvier 1962, dans une famille de militaires, est un théoricien politique russe. Son père était officier du KGB. Douguine est décrit comme un patriote russe passionné, un intellectuel et un fidèle de la religion orthodoxe (dans la branche traditionaliste des « vieux croyants »). Il serait polyglotte, parlant neuf langues, et a obtenu un doctorat en histoire de la science, en 2001, et un second en science politique, en 2004. Récemment dans la presse française, en particulier dans le Nouvel Observateur, nous avons eu droit à des portraits du personnage. Il serait une sorte de Raspoutine mâtiné de rouge brun, que l’on transformait en conseiller le plus écouté de Poutine. Ce qui bien évidemment n’était pas destiné à nous rassurer sur l’ennemi favori du moment de nos médias.
    Il est vrai que le personnage fait partie de ces gens qui ont oscillé à la chute de l’Union soviétique entre le communisme et un nationalisme grand russe et noué de ce fait des liens avec une certaine extrême-droite européenne, ils sont issus d’un traumatisme de la société russe post-soviétique que l’on peut symboliser par un événement qui a été évacué de la mémoire occidentale: la manière dont Elstine pour imposer les privatisations et les diktats américains, la base de l’oligarchie encore actuellement au pouvoir, a fait tirer sur l’Assemblée du peupe hostile aux réformes.Sous la direction de conseillers US et soutenu par les milieux capitalistes occidentaux, Boris Eltsine avait lancé son programme de réformes le 2 janvier 1992, qui entraînèrent rapidement une baisse catastrophique du niveau de vie pour la population (ce qui fut qualifié de « génocide économique » par le vice-président Alexandre Routskoï). Survint alors la « crise constitutionnelle russe » ; le pouvoir législatif (encore largement basé sur des structures de l’époque soviétique tardive) et le pouvoir exécutif entrèrent en conflit. 

    En septembre 1993, la crise politique atteignit un point de non-retour. Eltsine proclama son intention de poursuivre ses réformes et déclara dissous le Parlement (ce qu’il n’avait pas le droit de faire d’après la Constitution). Le Parlement refusa cette dissolution, démit Eltsine, et en appela au soutien de la population.

    Limonov et Douguine soutinrent cette « révolte » des députés, maladroitement dirigée par Khasboulatov (président du Parlement) et par l’ancien colonel de l’Armée rouge, Alexandre Routskoï. Finalement, la hiérarchie militaire bascula du côté d’Eltsine (qui bénéficiait aussi du soutien des États-Unis) et la « révolte » fut écrasée par la force. Le 4 octobre, Eltsine fit tirer au canon sur le Parlement, qui fut ensuite pris d’assaut. Douguine fut lui-même pris dans la fusillade dans le quartier d’Ostankino (devant le bâtiment de la télévision russe). La population dans son ensemble était hostile aux réformes ultra-libérales mais n’avait ni organisation, ni leader.

    On ne comprend rien à ce qui se joue aujourd’hui y compris à partir de la situation en Ukraine si l’on occulte ce drame que fut la fin de l’Union soviétique. Les tentatives multiples de trouver dans le Parti communiste une force de résistance aussi bien par Douguine que par l’autre conseiller du président Poutine Sergei Glazyev, qui lui s’affirme beaucoup plus à gauche… La seule chose qui rapproche ces deux hommes est leur refus de l’oligarchie, de la corruption qui entraîne la Russie vers la soumission à l’occident et qui les oppose à toute une aile du parti de Poutine, pro-occidental, y compris le premier ministre.

    Poutine, malgré sa réputation d’autocrate, est un homme qui prend des avis contradictoires, y compris du Parti communiste de la Fédération de Russie dont il ne cesse de chercher un soutien qui lui est accordé au plan international, mais qui se heurte à une franche opposition en ce qui concerne le plan intérieur et la politique au profit des oligarques qui nuit autant à la population qu’au développement national, selon les communistes. Ces derniers dans la crise ukrainienne ont marqué une volonté anti-occidentale, ne cherchant pas à ménager, ni les Etats-Unis, ni l’Europe et un soutien plus affirmé aux insurgés, de ce fait on retrouve dans la révolte de la population du Donbass les mêmes forces qui s’unissent pour résister.

    Mais il est évident que la situation en Ukraine, offensive de l’OTAN, et surtout le massacre dans le Donbass d’une population russe se traduit par un débat très âpre chez les intellectuels comme dans le peuple russe. Si la position de Poutine est majoritairement approuvée, il existe des tensions et aussi bien à gauche que les chez ultranationalistes orthodoxes une volonté de remettre en question l’oligarchie et un soutien plus affirmée aux Russes du Donbass. C’est dans ce contexte qu’il faut lire ce portrait de Strelkov qu'a récemment publié Douguine qui donne le sentiment que cette droite est à la recherche de son général Boulanger.

    Danielle Bleitrach
    notes

    Danielle Bleitrach est une sociologue française née en 1938, elle a été membre du Comité central du PCF, puis du Comité national de ce parti de 1981 à 1996, date à laquelle elle en démissionne. En 2003, elle a quitté le PCF, tout en se considérant toujours comme communiste. Elle a également été rédactrice en chef adjointe de l'hebdomadaire du Parti communiste destiné aux intellectuels, Révolution.

    http://www.voxnr.com/cc/d_douguine/EupApuFVlyCzkBzWNk.shtml

  • « Boussole » de Mathias Enard

    Jean Ansar s’interroge : Prix Goncourt ou Festival de Cannes ?

    ♦ La propagande du politiquement correct fausse tout

    C’est un livre bien difficile à lire – sinon impossible – qui a été primé par l’autoproclamé plus important prix littéraire français. Mais l’important est-ce encore en France la lecture ? Non l’important c’est le thème. Le Goncourt est un festival de Cannes, une course au politiquement correct.

    On savait que l’Orient serait récompensé après la présentation de la dernière sélection au Musée du Bardo en Tunisie, faute sans doute d’avoir osé le faire à Charlie Hebdo. Pourtant un Goncourt « Je suis Charlie », ça aurait dû plaire.

    Toute récompense ou consécration par des petits milieux qui se croient influents est présentée comme un acte d’ouverture, de tolérance et de résistance, sans risque aucun, certes, mais de résistance tout de même. Il y a longtemps que la lumière ne vient plus d’Orient si tant est qu’elle en est venue un jour, mais le Goncourt, lui, y retourne. Voilà pourquoi les jurés ont choisi une boussole, celle de Mathias Enard.

    L’archi-favori de la critique, avant-garde de plus en plus inutile du snobisme bien pensant, Boualem Sansal était donné gagnant avec une fable, 2084 la fin du monde, qui racontait un monde devenu islamique. Il a sans doute été victime de l’effet Houellebecq et de la peur des amalgames.

    Hédi Kaddour, l’autre favori, donne avec son roman Les Prépondérants une saga venue des sables du désert pour la mémoire de la colonisation. Au printemps 1922, une équipe de cinéma venue de Hollywood s’installe le temps d’un tournage à Nahbès, petite ville imaginaire d’un pays du Maghreb sous protectorat français. Cette irruption de la modernité va alors bouleverser la vie aussi bien des notables traditionnels et de l’élite coloniale que d’une partie de la jeunesse qui rêve d’indépendance. Dans son dernier roman, Les Prépondérants, Hédi Kaddour fait ainsi s’entrechoquer l’univers fantasque de Hollywood et celui de l’Afrique du Nord sous domination française. Un roman sur les occasions ratées de la colonisation dans le cadre des protectorats. C’est partial, bien sûr, mais avec des fulgurances.

    Restait le livre de Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, qui raconte l’Egypte cosmopolite qui n’existe plus comme tant d’autres pays qui ont cru un temps dans un illusoire vivre-ensemble. Un vivre-ensemble dont étaient garants les « prépondérants » ? Hé oui, tout n’a pas été dit sur la colonisation.

    Mathias Enard dans Boussole raconte les errements d’un musicologue viennois qui rêve sous l’emprise de l’opium, et nous raconte tout ce que l’Orient, selon les fantasmes à la mode, a offert à l’Occident. Cette boussole, quand on tente de la suivre, on a toutes chances de se perdre et surtout de renoncer au voyage. Car ce livre est lourd, il se veut érudit et nous fait le portrait de villes admirables de l’Orient d’hier que celui d’aujourd’hui est en train de détruire par fanatisme religieux.

    Un des objectifs du livre, a expliqué en substance Mathias Enard, est de lutter contre l’image simpliste et fantasmée d’un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu’il nous a apporté. La tragédie syrienne apparaît ici et là. « Les égorgeurs barbus s’en donnent à cœur joie, tranchent des carotides par-ci, des mains par-là, brûlent des églises et violent des infidèles à loisir », écrit Enard.

    « Est-ce qu’Alep retrouvera jamais sa splendeur, peut-être, on n’en sait rien, mais aujourd’hui, notre séjour est doublement un rêve, à la fois perdu dans le temps et rattrapé par la destruction », ajoute-t-il. Cette image sinistre, qui prédomine aujourd’hui en Occident, occulte l’essentiel, déplore le romancier.

    Un roman, qui veut imposer un Orient virtuel à un Orient réel et lutter contre les amalgames, ne pouvait qu’être récompensé par un pays qui ferait bien de se fier à une boussole, une vraie, pour retrouver un Nord depuis longtemps perdu.

    Jean Ansar
    4/11/2015

    Source : Metamag

    http://www.polemia.com/boussole-de-mathias-enard/

  • Jean Thiriart, théoricien de la révolution européenne

    Rares sont les Français chez qui le nom de Jean Thiriart évoque un souvenir. Pourtant de 1960 à 1969, au travers de l’organisation européenne transnationale Jeune Europe et du mensuel La Nation Européenne celui-ci anima la première tentative, restée inégalée, de création d’un parti nationaliste révolutionnaire européen, et définit clairement dans ses écrits ce qui forme maintenant le corpus doctrinale d’un partie non négligeable des mouvements nationalistes d’Europe.
    Né dans une grande famille libérale de Liège qui éprouve de fortes sympathies pour la gauche, Jean Thiriart milite d’abord dans la Jeune Garde Socialiste et à l’Union Socialiste Anti-Fasciste, puis durant la seconde guerre mondiale au Fichte Bund (une ligue issue du mouvement national-bolchevick hambourgeois des années 20), et aux Amis du Grand Reich Allemand, association qui regroupe en Belgique romane d’anciens éléments d’extrême-gauche favorables à la collaboration européenne, voire à l’annexion dans le Reich.
    Condamné à trois ans de prison à la «Libération», Thiriart ne refait politiquement surface qu’en 1960, en participant, à l’occasion de la décolonisation du Congo, à la fondation du Comité d’Action et de Défense des belges d’Afrique qui devient quelques semaines plus tard le Mouvement d’Action Civique. En peu de temps Jean Thiriart transforme ce groupuscule poujadiste en une structure révolutionnaire efficace qui - estimant que la prise du pouvoir par l’OAS en France serait de nature à être un formidable tremplin pour la révolution européenne - apporte un soutien efficace et sans faille à l’armée secrète.
    Parallèlement, une réunion est organisée à Venise le 4 mars 1962. Participent à celle-ci, outre Thiriart qui représente le MAC et la Belgique, le Mouvement Social Italien pour l’Italie, Le Parti Socialiste de l’Empire pour l’Allemagne, et le Mouvement de l’Union d’Oswald Mosley pour la Grande Bretagne. Dans une déclaration commune, ces organisations déclarent vouloir fonder « Un Parti National Européen, axé sur l’idée de l’unité européenne, qui n’accepte pas la satellisation de l’Europe occidentale par les USA et ne renonce pas à la réunification des territoires de l’Est, de la Pologne à la Bulgarie, en passant par la Hongrie ». Mais le Parti National Européen n’aura qu’une existence extrêmement brève, le nationalisme archaïque et étriqué des Italiens et des Allemands leur faisant rapidement rompre leurs engagements pro-européens.
    Cela ajouté à la fin sans gloire de l’OAS fait réfléchir Thiriart qui conclut que la seule solution est dans la création de toute pièce d’un Parti Révolutionnaire Européen, et dans un front commun avec des partis ou pays opposés à l’ordre de Yalta.
    Aboutissement d’un travail entamé dès la fin 1961 le MAC se transforme en janvier 1963 en Jeune Europe, organisation européenne qui s’implante en Autriche, Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays Bas, Portugal et Suisse. Le nouveau mouvement tranche par son style sur les habituels mouvements nationalistes. Il est très fortement structuré, il insiste sur la formation idéologique dans de véritables écoles de cadres, il tente de mettre en place une centrale syndicale embryonnaire, le Syndicat Communautaire Européen. De surcroît, Jeune Europe souhaite fonder des Brigades Révolutionnaires Européennes pour débuter la lutte armée contre l’occupant américain, et cherche un poumon extérieur. Ainsi des contacts sont pris avec la Chine communiste, la Yougoslavie et la Roumanie, de même qu’avec l’Irak, l’Egypte et la résistance palestinienne.
    Si Jean Thiriart est reconnu comme un révolutionnaire avec lequel il faut compter - il rencontre Chou-En-Laï en 1966 et Nasser en 1968, et est interdit de séjour dans cinq pays européens ! - et si l’apport militaire de ses militants au combat antisioniste n’est pas contesté - le premier européen qui tombera les armes à la main en luttant contre le sionisme, Roger Coudroy, est membre de Jeune Europe - ses alliés potentiels restent inhibés par des réflexes idéologiques ou de bienséance diplomatique qui ne leur permettent pas d’accorder à Jeune Europe l’aide financière et matérielle souhaitée. De surcroît après les crises de la décolonisation l’Europe bénéficie d’une décennie de prospérité économique qui rend très difficile la survie d’un mouvement révolutionnaire. Cependant la presse de l’organisation, tout d’abord Jeune Europe, puis La Nation Européenne, a une audience certaine et compte des collaborateurs de haut niveau parmi lesquels on peut citer l’écrivain Pierre Gripari, le député des Alpes-Maritimes Francis Palmero, l’ambassadeur de Syrie à Bruxelles Selim El Yafi, celui d’Irak à Paris Nather El Omari, ainsi que Tran Hoai Nam, chef de la mission vietcong à Alger, de plus des personnalités telles que le leader noir américain Stockeley Carmichel, le coordinateur du secrétariat exécutif du FLN Cherif Belkacem, le commandant Si Larbi et Djambil Mendimred, tous les deux dirigeants du FLN algérien, ou le prédécesseur d’Arafat à la tête de l’OLP, Ahmed Choukeiri, acceptent sans difficultés de lui accorder des entretiens. Quant au général Peron, en exil à Madrid, il déclarera «Je lis régulièrement La Nation Européenne et je partage entièrement ses idées. Non seulement en ce qui concerne l’Europe mais le monde».
    En 1969, déçu par l’échec relatif de son mouvement et par la timidité de ses appuis extérieurs, Thiriart renonce au combat militant. Malgré les efforts de certains de ses cadres, Jeune Europe ne survivra pas au départ de son principal animateur. C’est toutefois de sa filiation que se revendiquent, au début des années 70, les militants de l’Organisation Lutte du Peuple en Allemagne, Autriche, Espagne, France, Italie et Suisse, dans les années 80 les équipes des revues belge Volonté Européenne et française Le Partisan Européen, ainsi que la tendance Les Tercéristes Radicaux au sein du mouvement NR français Troisième Voie. Jean Thiriart sortira de son exil politique, en 1991, pour soutenir la création du Front Européen de Libération dans lequel il vit le seul successeur de Jeune Europe. C’est avec une délégation du FEL qu’il se rendit à Moscou en 1992 pour y rencontrer les dirigeants de l’opposition russe à Boris Eltsine. Malheureusement Jean Thiriart fut fauché par une crise cardiaque peu de temps après son retour en Belgique. Il laissait inachevé plusieurs ouvrages théoriques dans laquelle il analysait l’évolution nécessaire du combat anti-américain du fait de la disparition de l’URSS.
    Inspiré par Machiavel et Pareto, Thiriart se dit « un doctrinaire du rationnel » et rejette les classifications habituelles de la politique, il aime à citer la phrase d’Ortega y Gasset « Etre de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale ». Le nationalisme qu’il développe est un acte de volonté, le souhait commun d’une minorité de réaliser quelque chose. Ainsi il est basé uniquement sur des considérations géopolitiques. Seules, pour lui, ont de l’avenir les nations d’ampleur continentale (USA, Chine, URSS), si donc on veut rendre sa grandeur et son importance à l’Europe, il convient d’unifier celles-ci, cela en constituant un Parti Révolutionnaire de type léniniste qui débute immédiatement la lutte de libération nationale contre l’occupant américain et ses collaborateurs, les partis du système et les troupes coloniales de l’OTAN. L’Europe de l’Ouest, libérée et unifiée pourrait alors entreprendre des négociations avec l’ex-URSS pour construire le Grand Empire Européen de Galway à Vladivostock, seul capable de résister à la nouvelle Carthage américaine, et au bloc chinois et à son milliard d’habitants.
    Opposé aux modèles confédéraux ou fédéraux, ainsi qu’à « L’Europe aux cent drapeaux », Thiriart qui se définit comme un « jacobin de la très-Grande Europe » veut construire une nation unitaire conçue sur la base d’un nationalisme d’intégration, d’un empire extensif apportant à tous ses habitants l’omnicitoyenneté et héritier juridique et spirituel de l’Empire romain.
    Sur le plan économique Thiriart rejette « l’économie de profit » (capitalisme) et « l’économie d’utopie » (communisme) pour prôner « l’économie de puissance » qui vise au développement maximum du potentiel national. Bien sûr dans son esprit la seule dimension viable pour cette économie est la dimension européenne. Disciple de Johann Gottlieb Fichte et de Friedrich List, Thiriart est partisan de « l’autarcie des grands espaces ». Ainsi l’Europe, sortie du FMI et dotée d’une monnaie unique, protégée par de solides barrières douanières, et veillant à son auto-suffisance pourrait échapper aux lois de l’économie mondiale.
    Bien que datant du milieu des années 60, les livres de Jean Thiriart restent étonnamment actuels. Dès 1964, il décrit la disparition du « parti russe » en Europe, cela plus de 10 ans avant la naissance de l’eurocommunisme et près de vingt-cinq ans avant les bouleversements des pays de l’est. De même sa description du parti américain, des milliers de « Quisling US », est toujours la réalité de l’Europe d’aujourd’hui comme l’ont illustré récemment les positions de la plupart des hommes politiques lors de la guerre du Golfe, les affrontements dans l’ex-Yougoslavie ou les derniers sursauts africains. Et son analyse de l’impérialisme américain n’a pas pris une ride, en 1966 il conseillait d’ailleurs de lire le Yankee James Burham, conseil qu’il est encore temps de suivre pour trouver dans le livre de ce dernier Pour la domination mondiale des phrases comme celles-ci : « Il faudrait renoncer à ce qui subsiste de la doctrine de l’égalité des nations. Les USA doivent ouvertement se porter candidats à la direction de la politique mondiale ».
    Contestable par certains côtés (jacobinisme outré, trop grande rationalité, etc.), nous ne l’ignorons pas, Thiriart reste un de nos grand maître à penser pour ce siècle finissant. Il nous appartient de nous nourrir de ses théories, de les évaluer et de savoir les dépasser pour aborder les lendemains de l’an 2000.

    Christian Bouchet

    http://www.voxnr.com/cc/d_thiriart/EpFEApyppZjiiYItJf.shtml