Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1409

  • Voltaire, une imposture (article paru dans L’Action Française 2000, 19 février 2015)

    Avant de parler du fond de la démystification de Voltaire menée à bien par Marion Sigaut, quelques mots sur la forme. Comme souvent chez Kontre Kulture, le livre en lui-même se signale par la beauté de sa couverture, la qualité du papier et celle de l’impression. De même, l’intérêt croissant des chapitres – des petites anecdotes du début aux deux grandes affaires de la fin (Calas et La Barre) –, la familiarité du ton et l’art de ménager le suspens font que l’on dévore comme un roman policier ce pourtant très riche travail historique.

     

    La Justice réhabilitée

    Autre qualité en quelque sorte liminaire qui ne peut que ravir le lecteur et le mettre en confiance : l’honnêteté intellectuelle de Marion Sigaut qui, malgré son indignation devant les mensonges et les hypocrisies de Voltaire, ne lui dénie jamais ses qualités d’écrivain, sauf quand il s’agit de son œuvre de dramaturge, ou qui compatit avec une sincérité évidente aux malheurs d’un Calas ou d’un chevalier de La Barre, dont elle démontre pourtant qu’ils n’étaient pas si innocents que Voltaire le raconte.

    Mais ce qui retiendra surtout notre attention, c’est la réhabilitation du fonctionnement de la justice et de la police du XVIIIe siècle, que l’auteur opère (à l’exclusion de la torture, évidemment) en comparant systématiquement les allégations de Voltaire et ce qui ressort des nombreux documents d’archives qu’elle a consultés : minutes, registres, procès verbaux, correspondance des magistrats, rapports de médecine légale (dont on apprend au passage qu’elle était déjà pratiquée à l’époque). Le lecteur est abasourdi de découvrir que l’idée qu’il se faisait jusque-là de ces affaires judiciaires fameuses n’était en fait que le rabâchage par une tradition historiographique complaisante et paresseuse de la version polémique, animée de passion anti-française et anti-catholique, de l’ami du roi de Prusse et de l’Angleterre, de ce BHL du siècle des prétendues “Lumières”. C’est d’ailleurs par cette dernière comparaison que l’on saisit toute l’actualité du travail de Marion Sigaut. À nouveau, les mânes de l’escroc de Ferney sont invoquées un peu partout et particulièrement dans l’entreprise en cours de récupération de l’émotion des Français au lendemain des attentats islamistes. Or si Voltaire doit être pris aujourd’hui comme symbole de quelque chose, ce n’est sûrement pas de la liberté d’expression, – lui qui n’a cessé toute sa vie de chercher à faire taire ses contradicteurs –, mais plutôt de cette malheureuse tradition des intellectuels français adorateurs des modèles étrangers et calomniateurs de leur propre peuple.

    Stéphane Blanchonnet

    Action Française 2000

    Marion Sigaut, Voltaire – Une imposture au service des puissants, Kontre Kulture, 463 pages, 19 euros.

    Vous pourrez acheter le livre lors du cercle de Flore de ce soir ou le commander à la Librairie de Flore

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Voltaire-une-imposture-article

  • Un jour, un texte ! Les Français dans la guerre, L’ennemi mort par le Révérend Père BRUCKBERGER (21)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique sur la guerre a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, elle est un peu modifiée pour montrer :les Français dans la guerre, L'ennemi mort pa le Révérend Père BRUCKBERGER (21)

    En mai 1985, Ronald Reagan, président des États-unis, en visite en RFA se recueillit dans un cimetière militaire allemand où il y avait quelques tombes de SS. Au tollé que suscita ce geste, répondit le R.P. Bruckberger, ancien aumônier de la Résistance.

    « Pour sa première sortie hors de Russie depuis son accession à l'empire, M. Gorbatchev a choisi de se rendre en Pologne. Le maître du Kremlin a voulu souligner que le premier attribut de sa puissance est sa fonction de garde-chiourme et d'esclavagiste. Il a tenu à rappeler aux Polonais qu'ils étaient sous sa botte, que cette botte était bien plantée dans la fourmilière et qu'elle y resterait pour les siècles des siècles. Rien ne m'a paru d'un cynisme plus indécent, plus scandaleux que cette visite officielle.

    Pourtant silence dans les rangs ! Les grandes consciences occidentales sont restées muettes. Que la Pologne pourrisse vivante dans un cachot ! Au moment où elle subit un nouvel et solennel outrage, elle n'aura pas le réconfort de notre compassion.

    Quarante ans après la défaite allemande, le président américain décide de visiter un cimetière militaire allemand, en signe de réconciliation de deux grands peuples libres : tempête d'indignation ! Je m'indigne d'une telle indignation.

    Je m'indigne comme soldat. Quand le sort des armes a tranché, le vainqueur a le devoir de rendre les honneurs aux cadavres des soldats vaincus, quels qu'aient été les torts et la cruauté des vivants. Nous ne renions pas notre guerre, nous ne rabaissons pas notre victoire, nous n'oublions pas nos morts en honorant les morts des vaincus.

    Je m'indigne comme chrétien. Si un chrétien a le devoir d'aimer ses ennemis même dans la flamme du combat, encore plus urgent est ce devoir si l'ennemi est mort. Devant la mort, toute justice humaine est dessaisie au bénéfice d'une juridiction plus haute, celle même de Dieu, juge ultime des vivants et juge unique des morts. Empiéter sur une telle juridiction est blasphématoire.

    Comme soldat et comme chrétien, je rends hommage au geste du président Reagan dans le petit cimetière de Bitburg.

    Une dernière chose. Un grand journal du soir, très sérieux, titrait en première page : « La polémique sur Bitburg a éclipsé la préparation du sommet de Bonn ».

    Une hypothèse : et si c'était précisément cela le but visé et atteint ? Si tout ce tintouin n'était qu'une nouvelle provocation des services soviétiques de désinformation ? On nous a pris pour des gogos, et, une fois de plus, nous avons marché comme un seul homme dans ce qui me paraît une grossière machination. Une fois de plus, nous avons été manipulés. Autant vaut le savoir.

    Chaque fois que, sur notre malheureuse planète, les quelques grandes puissances encore libre entreprennent quelque action commune pour assumer les grands devoirs de défense, d'entraide, de leadership du monde que leur imposent leurs privilèges, il y a, il y aura toujours, un petit cimetière de Bitburg pour venir « éclipser » cette tâche énorme et nécessaire et pour brouiller cette haute préoccupation. »

    Révérend Père Bruckberger

    Éditorial du journal "Le Figaro", 6 mai 1985. 

    Lois Spalwer  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • 25 février : Conférence de Chantal Delsol sur le populisme

    9782268076430_1_220251Le SIEL a le grand honneur de recevoir Chantal Delsol, le mercredi 25 février à 19 heures 45 à Paris (au 70, boulevard Saint-Germain - 75005). A l‘occasion de la parution de son dernier ouvrage «Populisme. Les demeurés de l'histoire », elle abordera la question centrale du populisme, lors d’une conférence qui sera suivie d’un débat.

    Membre de l'Institut, Chantal Delsol est philosophe et historienne des idées. Disciple de Julien Freund puis de Pierre Boutang, ne faisant nullement mystère de sa foi catholique, elle se présente volontiers comme une « libérale-conservatrice ». Chantal Delsol fonde l’Institut de recherche Hannah Arendt en 1993 et devient membre de l'Académie des Sciences morales et politiques en 2007 ; elle est aussi éditorialiste au Figaro et directeur de collection aux éditions de La Table Ronde.

    Son dernier livre «Populisme. Les demeurés de l'histoire» vient de paraître aux éditions du Rocher. Le «populisme» évoque un courant d'opinion fondé sur l'enracinement (la patrie, la famille…) qui juge que l'émancipation (la mondialisation, l’ouverture…) est allée trop loin. Si le «populisme» est d'abord perçu comme une injure, c'est que ce courant d'opinion est aujourd'hui frappé d'ostracisme. Dans son brillant essai, l’auteur nous montre sur quoi repose cet ostracisme, ses fondements et ses arguments et nous expose aussi les liens entre le peuple et l'enracinement, entre les élites et l'émancipation.

    Michel Janva

  • Jean-Marie Le Pen sur l'islamo-fascisme : "La France a inventé le gouvernement terroriste"

  • Un jour, un texte ! Les Français dans la guerre, Par-delà les combats par le Général CHAMBE (20)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique sur la guerre a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, elle est un peu modifiée pour montrer :les Français dans la guerre, Par-delà les combats par le Général CHAMBE (20)

    « Il est un officier allemand dont le nom doit être particulièrement cité : le colonel Böhmler, pour son attitude à l'égard du Maréchal Juin.

    Rudolf Böhmler, alors commandant en 1944, était le chef du 1er bataillon du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de la célèbre division Heidrich. Il avait été l'un de nos redoutables adversaires à Cassino. Établi avec son unité sur les pentes abruptes du mont Cassin, il en avait interdit l'accès durant tout l'hiver aux Anglo-saxons, leur infligeant de lourdes pertes. Ses hommes avaient été eux-mêmes décimés au cours des six tentatives vaines des divisions d'Alexander et de Mark Clark, mais ils avaient maintenu chaque fois leurs positions.

    Böhmler avait été finalement obligé d'abandonner le terrain et de se replier par les crêtes dominant la rive gauche du Liri, non qu'il ait plié au cours d'un assaut, mais parce que, à sa droite, de l'autre côté de la vallée, les Français venaient d'enfoncer la Gustav Linie et de s'emparer du mont Majo. Le mont Cassin, tourné, avait été perdu.

    Aussi, le commandant Böhmler avait-il admiré la manœuvre du général Juin, admiration partagé par l'état-major allemand. Plus tard, après la guerre, il avait voulu connaître le grand chef français. Il l'avait rencontré à Rome, au milieu d'anciens combattants du Corps Expéditionnaire Français (CEF), au cours d'un pèlerinage sur les champs de bataille. Les deux hommes s'étaient appréciés. Ils s'étaient rendus ensemble sur les lieux des combats, à Cassino, au mont Cassin et sur les rives du Garigliano. Ils avaient mutuellement exposé les mesures qu'ils avaient alors prises et la manière dont ils avaient, l'un et l'autre, conduit le combat. Anciens combattants allemands et anciens combattants français, mêlés, avaient escaladé les sommets du Garigliano, naguère si âprement disputés. Le soir venu, ils avaient allumé de grands feux sur les crêtes dominant la vallée et chanté tour à tour des chants et des hymnes de leurs pays. Le pèlerinage s'était terminé par des visites aux cimetières militaires français de Venafro, allemands, anglais, américains et polonais, dans le plus grand recueillement, le maréchal Juin au premier rang.

    Le commandant, devenu colonel, Böhmler devait rester profondément marqué par cette rencontre et par ces visites. Le maréchal Juin lui avait manifesté de l'estime et de l'amitié. Cette amitié s'était affirmée à plusieurs reprises, au cours des voyages de Böhmler à Paris. Et Böhmler était venu aussi l'ami des anciens du Corps Expéditionnaire Français d'Italie.

    Ouvrant ici une parenthèse par anticipation, nous disons que le colonel Böhmler, venu spécialement de Munich, pour assister, le 1er février 1967, aux obsèques nationales du maréchal Juin, devait, au milieu du CEF, et au coude à coude avec eux, suivre à pied le catafalque depuis Notre-Dame jusqu'aux Invalides.

    Telles étaient l'estime et l'admiration que savait inspirer le maréchal Juin à ses anciens adversaires et s'en faire des amis (1). »

    Général Chambe

    Extrait de : « Le Maréchal Juin, duc de Garigliano ». Plon – 1983.

    (1) Les Anciens parachutistes et les Anciens combattants allemands du Front d'Italie ont effectué, par l'intermédiaire de leur président, le colonel Böhmler, une démarche auprès de la maréchale Juin pour leur permettre de rendre un dernier hommage au vainqueur de la Campagne d'Italie, en déposant une gerbe de fleurs sur sa tombe dans le caveau des gouverneurs à l'Hôtel des Invalides.

    Cette émouvante cérémonie s'est déroulée le 19 avril 1967, en présence de la maréchale Juin et de sa belle fille, du commandant Pierre Juin, des généraux Pédron, Bonhoure, Favreau, du commandant Dewasnes et d'un groupe d'officiers allemands conduit par le colonel Bucksch, attaché militaire auprès de l'Ambassade de l'Allemagne fédérale, porteur d'une gerbe sur laquelle figurait l'inscription suivante dans les deux langues : « Au maréchal Juin, Chef prestigieux et chevaleresque qui fut leur adversaire en Italie, les Anciens Combattants Allemands de Cassino. »

    Ce suprême hommage a été particulièrement sensible à tous les Anciens du Corps Expéditionnaire Français en Italie. Ils ont adressé leurs vifs remerciements aux Anciens combattants allemands et au colonel Böhmler, devenus leurs amis les plus fidèles depuis les inoubliables journées de la rencontre internationale des Anciens combattants de Monte Cassino, en mai 1960, présidée par le maréchal Juin et placé sous le signe de la véritable réconciliation franco-allemande.

    Lois Spalwer

  • Quand les barbouzes gaullistes sous-traitaient aux franco-vietnamiens

    Dominique Ponchardier va prendre la tête du groupe parallèle d’action anti-OAS. Auteur de romans d’espionnage à succès, c’est lui qui a popularisé le mot « barbouze »... dans son sens initial d’agent secret. Toujours aussi imaginatif, l’ancien numéro un du service d’ordre du RPF baptise le nouveau-né « Talion ». Romantisme encore : ses membres prêteront serment de fidélité sur son vieux Colt du temps de la Résistance ! Mais il faut tenir compte des réalités matérielles : le Talion est entretenu par les fonds secrets de la Délégation générale du gouvernement en Algérie. 
         L’architecte au sommet, mais en toute discrétion, de l’opération n’est en effet autre qu’Alexandre Sanguinetti, le « Monsieur anti-OAS » du ministère de l’Intérieur. En tout, le Talion va mobiliser trois cents hommes. Certains arborent un passé honorable, tels Hettore Lobianco, rescapé des Brigades internationales de la guerre d’Espagne puis résistant-déporté ; Marcel Hongrois, ex-para de la France libre ; ou Jacques Andréi, déporté lui aussi par les nazis. D’autres, un casier judiciaire plus ou moins vierge. Mais qu’importe le flacon... Un maître de l’aïkido, Jim Alcheik, recrute par exemple dans sa salle parisienne d’arts martiaux. Bien payés mais mal informés des risques courus, une vingtaine de ses élèves asiatiques prennent ainsi la route d’Alger où ils seront accueillis par Goulay et Bitterlin. Et aussi par les hommes de l’ennemi numéro deux, Degueldre... 
    Massacre à la mitrailleuse 
    Degueldre, le chef des commandos Delta, a en effet des antennes partout : à la Délégation générale ; dans la police ; à la DST qui l’instrumentalisera en deux occasions pour « liquider » deux agents secrets britanniques du MI6 impliqués dans l’aide au FLN, James Mason et Alfred Fox ; dans l’armée ; au SDECE. 
         L’arrivée des barbouzes ne le surprend donc pas. En revanche, elle l’irrite. Aussi décide-t-il de veiller personnellement à leur destinée, ce qui vaut condamnation à mort de sa part : « Je déclare la guerre ouverte contre les barbouzes. » Le 12 décembre, la voiture de Goulay et de Bitterlin est criblée de quarante balles. Grièvement blessé, le premier est acheminé immédiatement à Marseille, Charles Pasqua, militant gaulliste très impliqué dans la lutte anti-OAS (et futur ministre de l’Intérieur), le réceptionne à Marignane et le conduit à l’hôpital de la Timone – où le maire socialiste de la cité phocéenne, Gaston Defferre, le fera admettre et protéger par des hommes en arme, preuve que les « barbouzes gaullistes » peuvent, si les circonstances l’exigent, se colorer de rose. 
         Dans la nuit du 31 décembre 1961 au 1er janvier 1962, Degueldre monte une attaque de grand style avec tirs au lance-roquettes antichar, à la mitrailleuse et jets de grenades contre la villa de la rue Faidherbe, un des quartiers généraux algérois des barbouzes. La fusillade fait un blessé parmi les occupants, mais le lendemain, un des Vietnamiens experts en arts martiaux tue à main nue un de ses assaillants de la veille venu constater les dégâts. Le coup d’envoi d’une véritable psychose des « barbouzes viets »... 
         Le 29 janvier, du matériel d’imprimerie piégé par les hommes de Degueldre et/ou des officiers sympathisants OAS du SDECE réduit en cendres la deuxième villa barbouze, rue Fabre, tuant dix-neuf de ses vingt-six occupants. Réfugiés à l’hôpital Radjah, une somptueuse demeure mauresque, une vingtaine de rescapés repoussent une nouvelle attaque le 13 février : trois morts côté OAS. Le 18, des tireurs venus à bord de véhicules blindés militaires arrosent l’hôtel au bazooka et au fusil-mitrailleur, contraignant ses occupants à la fuite. Le lendemain, quatre barbouzes venues chercher à l’hôpital un de leurs camarades vietnamiens blessés tombent dans une embuscade : criblés de balles par les commandos Delta, les hommes de Bitterlin vont être brûlés par des habitants du quartier qui arrosent leur 403 d’essence... 
         Les barbouzes, de leur côté, ne sont pas restées inactives. Enlèvements de membres supposés de l’OAS (par exemple le technicien radio Alexandre Tisslenkoff, qui se plaindra d’avoir été torturé) ; échanges de renseignements avec le SM et la Mission C ; contre-attentats comme celui du Grand Rocher, un café-restaurant fréquenté par des activistes, qui fera une dizaine de blessés, ou contre les domiciles de trois chefs OAS d’Aïn-Taya ; tirs à vue pour dégager les villas et l’hôtel Radjah assiégés : leurs actions se multiplient. La plus atroce d’entre elles : l’enlèvement le 27 février 1962 puis l’assassinat de Camille Petitjean, ingénieur chez Berliet et adjoint au chef des renseignements opérationnels de l’OAS. Torturé sans pitié par des Vietnamiens – on lui aurait aspergé le visage de gouttelettes d’acide – le malheureux meurt sans avoir parlé. Ses restes seront découverts dans un terrain vague... 
         En mars, les barbouzes, décimées, doivent quitter l’Algérie. Le début d’une crise de conscience pour leur chef, Bitterlin, qui, amer, écrira : « A quelques exceptions près, tous ceux qui avait été des nôtres ou qui nous avaient approchés furent traînés dans la boue par leurs ennemis et reniés par leurs amis ». 
    Roger Faligot, Jean Guisnel, Histoire secrète de la Ve République