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culture et histoire - Page 1446

  • Identité : au Mans, la troisième Marche du souvenir (Présent 8248)

    Le samedi 13 décembre, aura lieu au Mans la IIIème Marche du souvenir organisée par l’association La Compagnie du Maine. Elle s’élancera de la place Saint-Michel à 19 heures. Thomas Guérin est un des organisateurs de la marche.

    Propos recueillis par Pierre Saint-Servant

    Vous organisez, pour la troisième année consécutive, une Marche du souvenir dans le quartier historique du Mans, la Cité Plantagenêt. Pourquoi organiser cet événement ?

    L'affiche de la troisième Marche du souvenir

    L’affiche de la troisième Marche du souvenir

    Nous faisons partie de cette jeune génération qui a pleinement conscience de tous les maux qui composent ce que l’essayiste Eric Zemmour nomme le « suicide français ». Parmi ceux-ci, un nous semble central : le mépris de soi au nom d’un amour idéalisé de l’Autre, la haine ou, pire, l’oubli de nos racines au profit de toutes les racines de l’Autre. Nous avons l’intime conviction que nous ne pouvons maintenir une société heureuse et saine sans une profonde fierté. Fierté de notre histoire, de notre patrimoine, de notre culture plurimillénaire. Plus nous incarnerons cette fierté et plus nous serons à même de « faire peuple » et de relever les périlleux défis qui nous font face.

    Par cette marche, aussi humble soit-elle, nous incarnons nos valeurs et nous souhaitons ouvrir un chemin. De nombreuses initiatives peuvent ensuite s’inspirer de cet « état d’esprit ».

    A quelles initiatives pensez-vous ?

    Nous regardons avec le plus grand intérêt le retour aux racines qui se fait « par la base ». Le succès, désormais international, du parc du Puy du Fou en est une formidable illustration. Dans de nombreuses régions, des initiatives s’en inspirant durent depuis des décennies, se développent et essaiment. Les associations de restauration du patrimoine, de maintien d’une agriculture traditionnelle, de généalogie, de « circuits courts », rencontrent un succès réellement impressionnant. Cela se passe tout à fait en dehors des luttes politiques et même des zones de contrôle étatiques. C’est cela qui importe. Une véritable démocratie populaire est en train de renaître dans ces micro-communautés, sans d’ailleurs faire de bruit.

    Pourquoi retenir chaque année la date du 12 ou 13 décembre ?

    Une du numéro 8248 de "Présent"

    Une du numéro 8248 de “Présent”

    Nous avons choisi une date symbolique pour l’histoire locale. Les 12 et 13 décembre 1793, les insurgés vendéens auxquels s’étaient greffés de nombreux chouans firent au Mans une sinistre étape dans ce que l’on a appelé la « virée de Galerne ». Touchée par le froid, la faim et les épidémies, la colonne prit le contrôle du Mans le 10 décembre 1793. Deux jours plus tard, les forces vendéennes furent mises en déroute par les troupes républicaines, qui massacrèrent l’arrière de la colonne, encore bloquée dans les rues du Mans. Ne restaient essentiellement que les non-combattants : femmes, enfants ou blessés.

    Au-delà du symbole de l’insurrection vendéenne et chouanne, qui était une révolte de l’enracinement et des libertés concrètes contre l’égalitarisme jacobin, nous souhaitons évoquer notre plus longue mémoire lors de cette marche. Notre parcours sillonne des ruelles mélangeant de nombreux siècles de notre histoire, pour finir au pied des murailles romaines du IVème siècle (photo). C’est d’ailleurs derrière une bâche Vindunum, du nom latin de la ville du Mans, que marcheront familles et amis réunis autour des flambeaux de la mémoire et de l’unité d’un peuple.

    Informations : marchedusouvenir@gmail.com

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  • Les morts suspectes en lien avec la franc-maçonnerie

    En novembre 1990, un rapport de l’inspection de la GLNF concernant le fonctionnement de la loge Silence est remis au Grand Maître Provincial de Paris, Claude Vincent, et au Grand Maître André Roux. Le contenu est édifiant. Il est ainsi noté qu’on y trouve une proportion anormale de membres importants du bâtiment et d’hommes d’affaires qui y côtoient les élus locaux. Le rapport est enterré. Cette loge ne sera fermée par Claude Charbonniaud qu’en 1995, après l’arrestation de Schimpf, l’ouverture d’une enquête judiciaire et la perquisition du journal Le Clichois. Etienne Dailly, qui possédait un double du rapport de 1990, aurait fait pression pour que, cette fois, l’obédience prenne des mesures concrètes. 

         Peu à peu, André Roux est ébranlé. A quelques proches, il annonce sa volonté de modifier l’organigramme et l’appareil administratif de la GLNF. Charbonniaud et Trestournel seraient écartés. Le 22 janvier 1992, quelques jours après avoir confié cette intention à des proches, à l’issue d’un déjeuner au siège de la GLNF, boulevard Bineau à Neuilly, André Roux prend sa voiture pour se rendre rue Christine de Pisan sur le chantier du nouveau siège parisien de la GLNF. 300 mètres plus loin, boulevard Gouvion Saint-Cyr, porte Champerret, il percute une voiture, meurt sur le coup. On conclut à une crise cardiaque. Certains s’étonnent qu’il n’y ait pas eu d’autopsie. De là à accuser Yves Trestournel, il n’y a qu’un pas que certains maçons ont franchi. « C’est incroyable, s’indigne son ami proche, Pierre Benzaquen, le bras droit du Grand Secrétaire. Ou c’est vrai et c’est monstrueux et il faut agir. Mais si c’est faux, comment peut-on colporter de telles rumeurs ? » Le fait est que rien, aujourd’hui, ne permet d’accréditer une telle accusation. 

         L’affaire, aussi absurde soit-elle, suscite évidemment un certain émoi. Tout devient prétexte à suspicion. Ainsi, un frère nous rafraichit la mémoire. Combien de maçons impliqués dans des affaires ont disparu de manière curieuse ? Claude Bez, qui succombe quelques jours avant le procès des Girondins de Bordeaux. Marc Delachaux, PDG de la société de gardiennage Century, la quarantaine florissante, mis en examen dans une affaire d’écoutes téléphoniques illégales : il meurt d’une crise cardiaque en plongeant de son bateau. Son associé, Glenn Souham ? Assassiné devant son domicile. Daniel Voiry, flic ripoux impliqué dans l’affaire de la tour BP, retrouvé une balle dans la peau sur le parking de l’Intermarché de Saint-Thibault-des-Vignes, la veille de son audition par les enquêteurs ? On conclut au suicide. Un autre policier, honnête celui-là, Maurice Santous, enquêtant précisément sur les implications financières de l’affaire Voiry : suicidé dans la Seine, alors qu’il venait de tomber amoureux et d’obtenir une promotion. Et Roger Loebb, mort durant l’été 1996 : suicidé au cyanure. Il venait pourtant de refaire sa vie avec une jeune femme et semblait en pleine forme. Ses ennuis ne viendraient-ils pas de certains de ses frères ? Dans la loge Jérusalem dont il était Vénérable, il côtoyait Flatto Sharon, homme d’affaires maçon ayant défrayé la chronique, ainsi que Louis Sidéri, Grand Trésorier de la GLNF au moment du scandale de la GMF. Loebb, chargé des relations entre l’obédience et l’État d’Israël, se serait-il mêlé de choses qui ne le regardaient pas ? Dès le lendemain de son procès, son domicile aurait été visité par un dignitaire pour récupérer ses archives. Elles sont aujourd’hui en lieu sûr. 

         René Lucet, notable des organismes de Sécurité sociale suspecté d’avoir participé à un réseau marseillais de fausses factures ? « Suicidé » de deux balles dans la tête, le 4 mars 1982. Robert Boulin, membre du GO, ancien ministre de la Santé, impliqué dans une affaire immobilière, dont le cadavre a été retrouvé le 30 octobre 1979 dans un étang de Rambouillet ? Là encore, l’enquête conclura au suicide. Une semaine avant sa mort, alors que les conditions de l’achat de sa villa à Ramatuelle venaient d’être évoquées dans l’hebdomadaire Minute, l’ancien ministre avait déclaré sur Europe 1, le dimanche 21 octobre : « Que voulez-vous que je réponde ? J’ai l’âme et la conscience tranquilles et j’ai été exemplaire. Peut-être encore plus que vous ne le pensez, parce qu’il y a des choses que je ne peux pas dire ici... » 

         Joseph Doucé, pasteur homosexuel, suspecté, à tort ou à raison, d’abriter un réseau pédophile à travers sa librairie : découvert mort dans la forêt de Rambouillet le 18 novembre 1990. Le rôle des RG dans sa disparition n’a jamais été totalement éclairci. Et l’éditeur Gérard Lebovici, assassiné en 1984 pour une histoire de vidéos pornos ? Tous deux appartenaient à la famille et ont disparu dans des conditions sordides. 

         Joseph Fontanet, ministre de l’Emploi puis de l’Éducation sous Georges Pompidou : encore un frère dont la mort, en février 1980, n’a jamais été élucidée. L’histoire abracadabrante commence après la défaite de Jacques Chaban-Delmas, candidat gaulliste à la présidentielle de 1974, éliminé dès le premier tour. En vue du scrutin, un trésor électoral avait été alimenté par divers canaux plus ou moins licites, tenu en lieu sûr dans la région de Lyon par une célèbre famille locale. Contraint de s’effacer devant Giscard, Chaban se retrouve avec ces fonds accumulés – on parle de 4 millions de francs. L’argent aurait, dit-on, servi à financer le lancement d’un quotidien destiné à concurrencer Le Monde, bête noire de la droite gaulliste : J’informe, qui verra le jour en 1977. Parmi les actionnaires, on cite également les Michelin, la banque Paribas, Me Louis Chaine, notaire à Lyon... L’ambition est grande, puisqu’il est prévu de tirer à 350 000 exemplaires. Les moyens sont relativement importants pour l’époque : 15 millions de francs. C’est un échec retentissant. Au bout de trois mois, le quotidien tombe à 20 000 exemplaires et le passif du journal s’élève à 24 millions. Quelques années plus tard, Joseph Fontanet est retrouvé mort, devant son domicile, une balle de 11,43 mm dans le dos. On parle à l’époque d’une altercation avec un automobiliste. 

         Le mauvais sort s’est également acharné sur certains protagonistes. Louis Chaine est d’abord frappé, le 14 mai 1976, par la mort de son frère, Jacques Chaine, président du Crédit lyonnais, assassiné par Jean Bilski, un illuminé qui se suicidera ensuite. Quatre ans plus tard, c’est son gendre, Bernard Galle, qui est enlevé. Louis Chaine paiera la rançon, mais le corps ne sera jamais retrouvé... 

         On n’a jamais élucidé non plus les circonstances de la mort de Michel Baroin dans un accident d’avion, au-dessus du Cameroun, le 3 février 1987. Cet ancien commissaire de police, chargé d’infiltrer le Grand Orient avant d’en devenir le Grand Maître, présidait la GMF, un empire de 36 milliards de francs ambitionnant de devenir le n°1 de la communication en France. Actionnaire minoritaire de Canal +, il avait déclaré, quarante-huit heures avant sa mort, qu’il se portait candidat à la reprise de TF1. Proche à la fois de Jacques Chirac, un camarade de Sciences-Po qu’il tutoyait, et de François Mitterrand, avec lequel il partageait une passion commune pour le Morvan, Michel Baroin caressait également l’ambition d’être un jour candidat à la présidence de la République. 

         Le 3 février, il monte dans son avion, un Lear-Jet, à destination de Libreville (Gabon) où il doit négocier l’achat de 300 000 hectares de forêt de bois précieux. Mais avant, il fait escale à Brazzaville (Congo) pour remplir deux missions confidentielles : convaincre le président congolais Denis Sassou Nguesso de se faire initier au GO et évoquer avec lui la situation militaire du Tchad. Avant de redécoller pour Libreville, Baroin a un entretien téléphonique orageux avec le président gabonais Omar Bongo, franc-maçon également, à propos d’une dette que le Gabon aurait à l’égard de la Stimeg, une société dont la GMF est actionnaire. Baroin décide de ne pas faire escale au Gabon et de se rendre directement à Tamanrasset, en Algérie. L’avion explosera dans le ciel du Cameroun. 

         Ce jour-là, un haut fonctionnaire français des renseignements généraux (maçon) aurait sablé le champagne. Des francs-maçons ont aussi évoqué la satisfaction du groupe Elf, qui lorgnait également sur la forêt congolaise, riche en sous-sol. Mais une autre hypothèse avancée pour expliquer cet accident concerne l’escale en Algérie. Il a été dit que Michel Baroin devait y récupérer le leader tchadien Goukouni Oueddeï, entré en rébellion contre son protecteur habituel, le Libyen Kadhafi, afin qu’il forme un gouvernement d’union nationale avec Hissène Habré, soutenu par la France. Projet qui n’aurait pas plus à Kadhafi. L’hypothèse n’est pas absurde. C’est également au retour d’un voyage au Tchad que l’avion d’un conseiller de Valéry Giscard d’Estaing, René Journiac, s’est écrasé un jour dans des conditions mystérieuses. Mais Baroin n’était pas seulement un chef d’entreprise maçon. C’était un homme de renseignement. Son cas est vraiment particulier. 

         D’autres morts restent suspectes. Celle de Roger-Patrice Pelat, impliqué dans le scandale Pechiney, victime d’une embolie pulmonaire le 7 mars 1989, à l’hôpital américain. Ou le suicide du frère François de Grossouvre. Sans parler de Pierre Bérégovoy, maçon sans tablier, angoissé par des scandales potentiels autrement plus importants que l’histoire du prêt sans intérêt qui lui avait permis d’acheter un appartement. L’arme avec laquelle l’ancien Premier ministre se serait donné la mort le 1er mai 1993 appartenait à son garde du corps des Voyages Officiels. Or, s’il est une consigne au sein des VO, c’est bien de ne jamais laisser traîner son arme de service dans la boîte à gants ! L’ombre de la maçonnerie rôde même sur l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. Aucun maçon ne croit un instant à la version d’une simple vengeance nationaliste. Parmi les dossiers auxquels s’intéressait Erignac, un certain nombre concernaient les fameux réseaux corses, qui se recoupent souvent avec les réseaux maçons. Le préfet n’était pas forcément renseigné par les « services », dont c’est pourtant le devoir, mais par des circuits, disons, particuliers : de bons francs-maçons soucieux de faire le ménage... 

    Ghislaine Ottenheimer, Renaud Lecadre, Les frères invisibles

    http://www.oragesdacier.info/2014/12/les-morts-suspectes-en-lien-avec-la.html

  • Un jour, un texte ! La Patrie selon le lieutenant de Vaisseau Pierre Dupouey

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. »

    Georges Bernanos, La France contre les robots

    Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la Patrie. (9)

    la France est nécessaire au monde

    Si la patrie était une vérité mathématique, il serait absurde de combattre pour elle autrement que par des arguments intellectuels. Si deux peuples contestaient entre eux à la façon de deux savants pour décider sur un point de science ou de philosophie, il serait risible de les voir en venir aux coups, puisque toute contestation aboutit à une possession et que les vérités scientifiques ne se saisissent pas avec les mains. Mais, certes, notre patrie n'est pas semblable à ces vérités qui peuvent appartenir en même temps à tous les hommes et dont Aristote disait déjà, il y a plus de 2 000 ans, qu'elles ne donnent aucune joie. Notre patrie est au contraire une chose bonne et qui donne de la joie ; notre patrie, c'est du blé, du fer, du charbon, le climat le plus doux, les meilleures vignes du monde, les moissons les plus régulières, les rivages les plus heureux ; ce sont des choses excellentes, qui donnent et entretiennent la vie, qui la fortifient, la réjouissent et l'élèvent, des choses que l'on convoite et que l'on retient avec les mains, que l'on défend non seulement avec des paroles, mais par des fatigues et des souffrances et, s'il le faut, au prix du sang.

    Mais notre patrie, qui est tout cela, est encore plus que cela. Le drapeau qui la symbolise, et dont la signification impérieuse ne change pas avec les années, représente non seulement un groupe d'hommes parlant la même langue, des campagnes fertiles, des fleuves et des montagnes heureusement distribués ; il représente surtout la partie invisible et immuable de notre patrie. Les richesses françaises, comme le territoire, comme le langage français, sont sujettes au changement ; mais, dans sa symbolique unité, le drapeau représente au contraire un ordre de choses qui est soustrait aux changements. Il représente l'ordre français, c'est-à-dire la conscience, les luttes et les souffrances de nos aïeux français. Il représente cette volonté de bien de nos pères qui arrêta deux invasions barbares – qui fit les Croisades, qui nettoya la Méditerranée de ses pirates qui fit l'unité italienne, qui produisit, saint Louis, Bayard, Jeanne d'Arc, Richelieu, donnant ainsi au monde le modèle des rois, des capitaines, des ministres, et cette sublime jeune fille dont la gloire a découragé les poètes les plus illustres.

    Si le monde avait seulement besoin de blé ou de laine ou de charbon ou de bétail, l'existence de la France ne serait pas indispensable, mais, plus encore que de pain et de vêtements, l'homme a besoin d'admiration. Qui oserait dire que le monde est demeuré le même après saint Louis, après Bayard, après Descartes, après Pasteur et surtout après Jeanne d'Arc ? C'est à cause de ces âmes que la France est nécessaire au monde.

    Lieutenant de Vaisseau Pierre Dupouey

    Extrait de : « Lettres et Essais ».

    Préface d'André Gide – Éditions du Cerf – 1933.

    Lois Spalwer  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Un jour, un texte ! La Patrie selon les réglements militaires, suite.

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. »

    Georges Bernanos, La France contre les robots

    Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la Patrie. (8)

    Le patriotisme

    Le patriotisme, c'est l'amour de la Patrie, amour poussé jusqu'au sacrifice de l'existence. La Patrie, c'est le pays qui nous a vu naître avec l'ensemble de ses traditions, avec les mœurs, les habitudes, les idées communes à nous tous, Français, et, avec le lourd passé de gloire que nous ont transmis nos ancêtres et que l'étranger nous envie.

    Le patriotisme est un sentiment instinctif, aussi naturel que l'amour que nous portons à nos parents. Certaines gens vous diront que la Patrie leur est indifférente : ils mentent.

    A moins d'être dénué de tout honneur, tout homme aime son pays et il suffit d'un appel au jour du danger pour qu'il accoure le défendre.

    Le crime le plus abominable que l'on puisse commettre contre son pays, c'est de le trahir. C'est un acte aussi odieux que d'assassiner son père ou sa mère. Il est puni de mort avec dégradation militaire. Un autre crime contre la Patrie, c'est la désertion.

    N'écoutez jamais ceux qui vous invitent à déserter, même si la désertion devait vous rendre riche. N'oubliez pas qu'elle vous priverait de votre pays, ce qui est le pire de tous les maux.

    Extrait de : « Le manuel des recrues des équipages de la Flotte ».

    Chapitre VII : Éducation morale. – Édition de 1938.

    Lois Spalwer

  • Pour une typologie opératoire des nationalismes

    Le mot “nationalisme” recouvre plusieurs acceptions. Dans ce vocable, les langages politique et politologique ont fourré une pluralité de contenus. Par ailleurs, le nationalisme, quand il agit dans l'arène politique, peut promouvoir des valeurs très différentes selon les circonstances. Par ex., le nationalisme peut être un programme de libération nationale et sociale. Il se situe alors à “gauche” de l'échiquier politique, si toutefois on accepte cette dichotomie conventionnelle, et désormais dé­passée, qui, dans le langage politique, distingue fort abruptement entre une “droite” et une “gauche”.
     
    Les gauches conventionnelles, en général, avaient accepté comme “progressistes”, il y a une ou 2 décennies, les nationalismes de libération vietnamien, algérien ou nicara­guéen car ils se dressaient contre une forme d'oppression à la fois colonialiste et capitaliste. Mais le nationalisme n'est pas toujours de libération : il peut également servir à asseoir un programme de soumission, d'impérialisme. Un certain nationalisme français, dans les années 50 et 60, voulait ainsi oblitérer les nationalismes vietnamien et algérien de valeurs jacobines, décrétées quintessence du “nationalisme français” même dans les rangs des droites, pourtant traditionnellement hostiles à la veine idéologique jacobine. Nous constatons donc, au regard de ces exemples historiques récents, que nous nageons en pleine confusion, à moins que nous ayons affaire à une coïncidentia oppositorum
     
    Depuis quand peut-on parler de nationalisme ?
     
    Pour clarifier le débat, il importe de se poser une première question : depuis quand peut-on parler de “nationalisme” ? Les historiens ne sont pas d'accord entre eux pour dire à quelle époque, les hommes se sont vraiment mis à parler de nationalisme et à raisonner en termes de nationalisme. Avant le XVIIIe siècle, on peut repérer le messianisme national des Juifs, la notion d'appartenance culturelle commune chez les Grecs de l'Antiquité, la notion d'imperium chez les Romains. Au Moyen Âge, les nations connaissent leurs différences mais les assument dans l'œkumène chrétien, qui reste, en ultime instance, le seul véritable référent. À la Renaissance, en Italie, en France et en Allemagne, la notion de “nation”, comme référent politique important, est réservée à quelques humanistes comme Machiavel ou Ulrich von Hutten. En Bohème, la tragique aventure hussite du XVe siè cle a marqué la mémoire tchèque, con tribuant forte ment à l'éclosion d'un particularisme très typé. Au XVIIe siècle, l'Angleterre connaît une forme de nationalisme en instaurant son Église nationale, indépendante de Rome, mais celle-ci est défiée par les non-conformistes religieux qui se réclament de la lettre de la Bible.
     
    Avec la Révolution française, le sentiment national s'émancipe de toutes les formes religieuses traditionnelles. Il se laïcise, se mue en un nationalisme purement séculier, en un instrument pour la mobilisation des masses, appelées pour la première fois aux armées dans l'histoire européenne. Le nationalisme moderne survient donc quand s'effondre l'universalisme chrétien. Il est donc un ersatz de religion, basé sur des éléments épars de l'idéologie des Lumières. Il naît en tant qu'idéologie du Tiers-état, auparavant exclus du pouvoir.
     
    Celui-ci, à cause précisément de cette exclusion, en vient à s'identifier à La Nation, l'aristocratie et le clergé étant jugés comme des corps étrangers de souche franque-germanique et non gallo-romane (cf. Siéyès). Ce Tiers-état bourgeois accède seul aux affaires, barrant en même temps la route du pouvoir au quatrième état qu'est de fait la paysannerie, et au quint-état que sont les ouvriers des manufactures, encore très minoritaires à l'époque (1). Le nationalisme moderne, illuministe, de facture jacobine, est donc l'idéologie d'une partie du peuple seu lement, en l'occurrence la bourgeoisie qui s'est émancipée en instrumentalisant, en France, l'appareil critique que sont les Lumières ou les modes anglicisantes du XVIIIe siècle.
     
    Après la parenthèse révolutionnaire effervescente, cette bourgeoisie se militarise sous Bonaparte et impose à une bonne partie de l'Europe son code juridique. La Res­tauration d'après Waterloo conserve cet appareil juridique et n'ouvre pas le chemin du pouvoir, ne fût-ce qu'à l'échelon communal/municipal, aux éléments avancés des quart-état et quint-état (celui en croissance rapide), créant ainsi les conditions de la guerre sociale. En Allemagne, les observateurs, d'abord enthousiastes, de la Révolution, ont bien vite vu que les acteurs français, surtout parisiens à la suite de l'élimination de toutes les factions fédéralistes (Lyon, Marseille), ne cherchaient qu'à hisser au pouvoir une petite “élite” clubiste, coupée du gros de la population.
     
    Ces observateurs développeront, à la suite de cette observation, un “nationalisme” au-delà de la bourgeoisie, capable d'organiser les éléments du Tiers-état non encore politisés, c'est-à-dire les pay sans et les ouvriers (que l'on pourrait appeler quart-état ou quint-état). Ernst-Moritz Arndt prend pour modèles les constitutions suédoises des XVIIe et XVIIIe siècles, où le paysannat, fait unique en Europe, était représenté au Parlement en tant que “quart-état”, aux côtés de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie marchande et industrielle (2).
     
    Le Baron von Stein, juriste inspiré par la praxis prussienne de l'époque frédéricienne, par les théories de Herder et de Justus Möser, par les leçons de l'ère révolutionnaire et bonapartiste, éla bo re une nouvelle politique agraire, prévoyant l'émancipation paysanne en Prusse, projette de réorganiser la bureaucratie d'État et d'instaurer l'autonomie administrative à tous les niveaux, depuis la commune jusqu'aux instances suprêmes du Reich. Les desiderata d'Arndt et du Baron von Stein ne seront pas traduits dans la réalité, à cause de la « trahison des princes allemands », de l'« obstination têtue des principules et ducaillons », préférant l'expédiant d'une restauration absolutiste pure et simple.
     
    Le désordre des nationalismes 
     
    Comment le nationalisme va-t-il évoluer, à la suite de cette naissance tumultueuse dans les soubresauts de la Révolution ou du soulèvement allemand de 1813 ? Il évoluera dans le plus parfait désordre : la bourgeoisie invoquera le nationalisme dans l'esprit de 1789 ou de la Convention, les socialistes dans la perspective fédéraliste ou dans l'espoir de voir la communauté populaire politisée s'étendre à tous les états de la société, les Burschenschaften allemandes contre les Princes et l'ordre imposé par Metternich à Vienne en 1815, les narodniki russes dans la perspective d'une émancipation paysanne généralisée, etc. Le mot “nationalisme” en vient à désigner des contenus très divers, à recouvrir des acceptions très hétérogènes.
     

    En Hongrie, avec Petöfi, le nationalisme est un nationalisme ethnique de libération comme chez Arndt et Jahn. En Pologne, l'ethnisme slavisant se mêle, chez Mickiewicz, d'un messianisme catholique anti-russe et anti-prussien, donc anti-orthodoxe et anti-protestant. En Italie, avec Mazzini, il est libéral et illuministe. En Allemagne avec Jahn et au Danemark, avec Grundtvig, il est nationalisme de libération, ethniste, ruraliste, racialisant et s'oppose au droit romain (non celui de la vieille Rome républicaine mais celui de la Rome décadente et orientalisée, réinjecté en Europe centrale entre le XIIIe et le XVIe siècles), c'est-à-dire à la généralisation d'un droit où l'individu reçoit préséance, au détriment des communautés ou de la nation.

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