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culture et histoire - Page 1449

  • Toutes les civilisations se valent-elles ?

    Voilà bien un sujet interdit au nom du relativisme politiquement correct. Comparer c’est juger ! Et juger c’est discriminer et discriminer c’est coupable ! Alors ne jugeons pas. Acceptons avec Jean Ousset la « méthode de comparaison quantitative »[i]. L’argument sera probant. Ichtus propose des formations inspirées des méthodes développées par Jean Ousset« Anthropologie et Politique »  à l’école de JP II avec Bruno de Saint Chamas, «  Faire aimer la Civilisation »  par l’Art avec Nicole Buron, «  Les ateliers de l’Histoire » avec Martin Dauch. 

    « Pour l’essentiel l’esprit de cette méthode est assez proche de celui de la « méthode des recoupements ». Esprit de tant de bonnes gens qui, …préféreront toujours ce qui leur paraîtra moins prêter à discussion, … plusquantitativement probant.

    Méthode des comparaisons quantitatives. Méthode simple... et qui consiste à bien délimiter le domaine des éléments à comparer.

    Ne pas chercher à cacher, ni à minimiser ce qui peut ne pas aller dans notre sens…Prendre les devants et de rappeler au contraire ce qui risque de nous desservir. .. Comment serait-il possible que Dieu permette de mentir, de taire la vérité, pour l’honneur de Son Nom ? … Donc n’ayons pas peur. Même ce qui, dans cette méthode des comparaisons quantitatives, peut figurer à notre préjudice ne saurait éclipser la démonstration du résultat final.

    Le tout est d’en bien établir les comptes. Dès lors, quelles que puissent être les taches de l’histoire chrétienne, quelle que puisse être l’humiliation que nous devons en avoir, que cette humilité ne nous fasse jamais sous-estimer l’écrasante supériorité de ce que l’Eglise a apporté, et ne cesse pas d’apporter au mondeCar cette gloire est non seulement certaine, mais elle peut être particulièrement suggérée par l’emploi de cette méthode des comparaisons quantitatives.

    Soit en exemple (parmi d’autres possibles) : celui de la civilisation. Domaine immense, tout en étant suffisamment défini, ainsi que nous le recommandions tout à l’heure ; et dont il est possible de proposer la comparaison selon plusieurs schémasEn nous gardant bien de recourir à des jugements de valeur que le scepticisme contemporain récuse a priori, qu’on se contente d’inventorier honnêtement, froidement, strictement ce qui peut être mis en balance de part et d’autre. Et sans qu’il soit question, surtout, de ménager notre admiration à ce qui la mérite, quels qu’en soient les lieux, les climats, les pays. Autant dire : pas question d’ergoter ou de refuser notre émerveillement, par exemple, au Taj-Mahal d’Agra, cet éblouissant chef-d’oeuvre de l’Inde. Pas question d’un refus de célébrer l’Alhambra des princes maures de Grenade, ni la mosquée d’Omar, ni tels monuments de la « Cité interdite » de Pékin, ni le temple d’Angkor Vat. Car ce n’est pas en méprisant ce qui n’est pas de nous que la grandeur de ce qui est nôtre se trouvera plus digne d’être célébrée ! … Notre intérêt est donc aussi clair que le devoir : être les plus objectifs possible. C’est l’esprit même de la méthode.

    D’où la seule évocation … d’un schéma de comparaison que nous avons pris l’habitude de désigner ainsi : « en tout... pour tous... partout... toujours... »

     

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    Michel Janva

  • Huntington

    Quand Samuel Huntington, professeur à Harvard, a publié son célè­bre livre, The Clash of Civilizations (1), aujourd’hui cité jusqu’à la nau­sée, il augurait l’avènement d’une nouvelle dimension conflictuelle dans le monde, suscitée cette fois par les origines culturelles, ras­sem­blées dans des espaces organiques autocentrés de dimensions continentales, espaces opposés les uns aux autres ; dans cet affron­te­ment planétaire à acteurs multiples, il réservait à l’Europe un rôle pour le moins ambigu. Il désignait notre continent comme la matrice de la “civilisation occidentale”, admettait qu’il allait devenir une su­per­puissance économique et militaire. Mais au fil de son exposé, il fi­nissait par répéter l’hypothèse que, dans le futur, l’Europe conti­nue­rait son petit bonhomme de chemin comme dans les années 50, au sein de ce que l’on appelle depuis lors le “monde occidental”. Il n’y au­ra pas, selon Huntington, deux agrégats indépendants et auto­no­mes respectivement sur le continent nord-américain et en Europe. Cette thèse n’a guère préoccupé les esprits, elle est passée quasi inaperçue, la plupart des observateurs ont considéré que ce vice d’analyse dérive d’un effet d’inertie, propre de la culture américaine, qui s’est répercuté sur le cerveau de l’honorable professeur, par ail­leurs excellent pour tous les brillants raisonnements qu’il produit.

    Huntington mérite aussi nos éloges pour avoir eu tant d’intuitions, pour avoir prospecté l’histoire européenne, en feignant un à-peu-près qui découvre par “accident” les rythmes réels du monde, qui lui permettait de prédire que le destin de notre Europe n’était pas prévisible comme l’était celui des autres parties du monde. Certes, l’Europe pourra soit se muer en un bloc autocentré soit garder le corps de ce côté de l’Atlantique et le cerveau de l’autre. La question reste sans solution. Et si le livre de Huntington — comme le sou­li­gnent quelques esprits plus fins — n’était pas un simple essai aca­démique mais plutôt un scénario à l’usage de l’établissement amé­ricain… Quoi qu’il en soit, l’établissement a très bien retenu la leçon de Huntington et a vite mis tout en œuvre pour agencer le monde selon ses intérêts économiques et géopolitiques.

    Les deux concurrents les plus sérieux des États-Unis à l’échelle de la planète, selon la logique d’affrontement décrite par Huntington, devraient être l’Empire européen et un Califat islamique rené de ses cendres. L’Empire européen (potentiel), fort d’une culture spécifique et pluri-millénaire, humus indestructible d’une formidable mentalité, ca­pable de disposer d’une technologie militaire de pointe, bénéficiant d’un marché intérieur supérieur à celui des États-Unis, aurait fa­cile­ment marginalisé le colosse américain grâce à un partenariat quasi­ment obligatoire avec les pays limitrophes de l’Europe de l’Est et à un développement harmonieux des pays de la rive sud de la Méditer­ranée. De son côté, le monde islamique, qui peut plus difficilement en­gager un dialogue avec la civilisation américaine, décrite par quel­ques scolastiques musulmans comme le pire mal qui ait jamais frap­pé la planète et le contraire absolu de tout ce qui est “halal” (pur) ou “muslim” (obéissant à la loi de Dieu). Ce monde musulman con­naît une formidable expansion démographique et détient la majorité des gisements de pétrole. Si l’Empire européen voit le jour, se con­so­lide et s’affirme, il est fort probable que ce mon­de musulman chan­ge de partenaires commerciaux et abandonne les sociétés américai­nes. Le monde orthodoxe-slave-byzantin, handica­pé par la totale dé­pendance de la Russie vis-à-vis de la Banque mon­diale, connaît ac­tuellement une terrible phase de recul.

    Actuellement, les mages de la stratégie globale américaine semblent avoir trouvé une solution à tous les maux. D’un côté, ils favorisent la constitution d’un front islamique hétérogène, avec la Turquie pour fer de lance et l’Arabie Saoudite pour banque. Ce front en forme de “croissant” ( !) aura l’une de ses pointes au Kosovo, c’est-à-dire au cœur de l’Europe byzantine, et l’autre dans la république la plus orientale de l’Asie Centrale ex-soviétique : ainsi, toute éventuelle re­nais­­sance du pôle orthodoxe ou panslave sera prise dans un étau et le monde islamique sera coupé en deux. Pire, en ayant impliqué l’U­nion Européenne dans l’attaque contre la Serbie, les stratèges amé­ricains ont empoisonné tout dialogue futur en vue de créer une zone d’é­change préférentiel entre cette Union Européenne et le grand marché oriental slave et orthodoxe. Or, ce marché est l’unique espoir de voir advenir un développement européen et de sortir l’Eu­rope ex-soviétique du marasme actuel ; le passage de l’aide amé­ricaine à l’aide européenne aurait permis un saut qualitatif ex­ceptionnel.

    L’Europe se trouve donc dans l’impasse. Comment faire pour en sor­tir ? Mystère ! Une Europe forte économiquement, même bien ar­mée, s’avère inutile si elle n’est pas libre et indépendante ; tout au plus peut-elle être le complément subsidiaire préféré d’une autre puis­sance. Toute Europe autonome et puissante est obligatoirement le principal concurrent des États-Unis tant sur le plan économique et com­mercial que sur le plan politique et diplomatique. Notre continent de­vra donc opérer ce choix crucial et historique : ou bien il restera ce volet oriental du Gros-Occident, niant de ce fait sa propre spécificité, diluant progressivement sa propre identité dans une sur-modernité qui la condamnera à demeurer terre de conflits et zone frontalière, li­mes [zone-frontière] face à l’Est et face à l’Islam pour protéger les intérêts et la sur­vie d’une puissance impériale d’au-delà de l’océan ; ou, alors, l’Eu­ro­pe se réveillera et retrouvera une nouvelle dimension, qui est tout à la fois sa dimension la plus ancienne ; elle ramènera son cerveau en son centre et en son cœur, elle rompra les liens de subordination qui l’en­travent et partira de l’avant, redevenant ainsi maîtresse de son destin.

    Ce réveil est le juste choix. Mais est-il possible ? On ne peut malheu­reu­sement rien prédire aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, il reste en Eu­ro­pe une certaine volonté d’agir dans la liberté et l’indépendance.

    ► Marcello De Angelis, Nouvelles de Synergies européennes nº41, 1999.

    (article paru dans Area, juin 1999)

    Note en sus :

    1. Le Choc des civilisations est issu d'un article, The Clash of Civilizations publié à l'été 1993 par la revue Foreign Affairs et inspiré de l'ouvrage de l'historien français Fernand Braudel Grammaire des civilisations (1987). Cet article a permis à Samuel Huntington [1927-2008] d'accéder à la notoriété. Il l'a ensuite développé pour en faire un livre paru en 1996 et traduit en 39 langues (la version française est publiée en 1997 aux éditions Odile Jacob). Le politologue considérait que dans le monde de l'après-Guerre froide, les conflits viendraient moins des frictions idéologiques entre les nations que des différences culturelles et religieuses entre civilisations. La fin des conflits idéologiques n'a pas sonné le glas de l'Histoire. La faillite des grands récits ne produirait nullement une pacification, mais le remplacement des anciens conflits idéologiques entre l'Est et l'Ouest par des affrontements de cultures, comme entre l'islam et le monde occidental. C'est pourquoi il a construit une vision cohérente des nouvelles relations internationales, qui permet de réfléchir aux moyens de réduire les conflits de civilisation. La diplomatie culturelle permettra d'éviter ce choc entre blocs civilisationnels comme auparavant entre chocs des idéologies : en favorisant une solidarité politique et géopolitique entre les différents pays du camp occidental, en incitant le "bloc islamique" à se stabiliser autour d'un pays dominant (il voit volontiers la Turquie jouer ce rôle), de même que le "bloc asiatique" est ou sera dominé à terme par la Chine. Néanmoins, la vision de Huntington est réductrice car d'abord, elle n'explique pas que le Japon, la Chine et l'Inde concilient tradition religieuse et modernité. Ensuite, elle ne tient pas compte de la bipolarité croissante de “l'Occident”, partagé entre l'Europe et les États-Unis. Enfin elle identifie organisation sociale et politique économique au sein d'une entité abstraite définie comme “civilisation”. La liste des huit civilisations établie par Huntington est contestable : elle est marquée par une vision "américaine" du monde. La problématique d'Huntington, même s'il serait injuste de la ramener à l'instrumentalisation qui en est faite, est posée dans un cadre qui n'est pas nôtre. Le véritable enjeu demeure : le travail sur soi de l'Europe. Comment penser les relations internationales aujourd’hui quand on est européen ? Avons-nous des intérêts stratégiques qui peuvent être exprimés différemment de ceux des États-Unis ?     

    http://www.archiveseroe.eu/huntington-a113477142

  • Lucy n'est pas notre ancêtre commun

    Entretien avec Yves Coppens : «En finir avec Lucy».

    Elle n'est ni la plus vieille femme du monde, ni notre ancêtre direct. Le paléontologue, codécouvreur de l'australopithèque africaine en 1974, règle aujourd'hui son compte au mythe Lucy et décrypte le succès mondial de ce petit bout de femme de 1,10 mètre.

    Quarante ans de paléontologie derrière lui avec un terrain de prédilection ­ l'Afrique de l'Est ­ et une maison prestigieuse pour l'abriter ­ le Collège de France ­Yves Coppens, codécouvreur de Lucy, règle aujourd'hui ses comptes avec sa petite australopithèque de 3 millions d'années. Surgie dans le désert de l'Afar en Ethiopie en 1974, appelée ainsi à cause de la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds que les membres de l'expédition écoutaient, Lucy allait devenir une vedette dans le monde entier. Elle fut identifiée comme Australopithecus afarensis; australopithèque car elle fait partie de ces «préhommes» dont on ne sait pas encore lequel est notre ancêtre direct. Afarensis à cause de la région de l'Afar. A l'occasion de la sortie de son dernier livre le Genou de Lucy (1), le plus médiatique des paléontologues, inventeur et défenseur de l'East Side Story qui fixe le berceau de nos origines en Afrique, à l'est de la Rift Valley (2), prend des distances avec son héroïne. Certes, c'est grâce à son genou qu'Yves Coppens et son équipe ont compris que les préhumains pouvaient être à la fois bipèdes et grimpeurs. Mais non, elle n'est pas la plus vieille, «dès qu'on découvre plus vieux que Lucy, je reçois du courrier: ça y est, elle est battue. Mais elle a toujours été battue». Non, elle n'est pas notre grand-mère, comme le soutiennent les Américains. Par-delà ces points qu'il défend depuis un bon moment, Coppens analyse «l'effet» Lucy en dressant un catalogue des chansons, nouvelles, films écrits en son honneur: «L'effet Lucy m'a dépassé quand il s'est développé en fiction, en dessins, bande dessinée, etc., reconnaît-il. Il n'était pas question de suivre, c'était débridé, Lucy me trompait avec tous les poètes de la terre.» Depuis dix ans, il a accumulé les éléments d'un dossier Lucy, symbole de toute cette histoire. La mise au point tombe à pic au moment où, en Afrique du Sud, un magnifique squelette d'australopithèque, plus vieux et plus complet, est en train d'être dégagé. Il pourrait bien voler la vedette à Lucy d'ici peu. Revue de détail par l'auteur.

    Une grande fille «Lucy n'est pas et n'a jamais été comme l'ont trop claironné les médias, la "plus vieille femme du monde, mais le squelette le moins incomplet d'une préhumaine parmi les plus anciennes. Ce livre est une certaine manière d'en finir avec Lucy. C'est un peu méchant, mais Lucy a été "lancée avec suffisamment de vigueur et d'élan pour avoir atteint son autonomie et pour être aujourd'hui tout à fait indépendante. Et j'ai envie de prendre des distances avec tout ça. Elle est installée dans ce rôle de maman de l'humanité et ça lui va bien mais je ne crois pas du tout qu'elle soit une vraie ancêtre de l'homme. J'avais envie d'écrire un ouvrage de science et d'humeur, d'autant plus que les collègues m'agacent, cela va de soi: ils ne disent pas tout à fait les mêmes choses que moi et au fond, j'ai voulu marquer mon territoire, en expliquant des choses en partie nouvelles.»

    Effet de mode «Son nom, Lucy, a beaucoup joué dans sa célébrité. Mais aussi le fait que ce soit une forme ancestrale, petite, un sujet féminin. Il y avait beaucoup d'australopithèques connus, mais c'était la première fois que l'on trouvait 52 ossements ou fragments d'ossements d'un même individu qui permettaient de tout replacer dans un seul personnage et d'étudier les articulations, notamment la manière dont l'articulation du genou s'accordait avec celle du coude, c'était un ensemble. Quand elle a été reconstituée par deux Suisses qui se sont pris en photo à côté d'elle, ça a beaucoup frappé les esprits parce que 1,10 mètre, ce n'est pas haut. Tout ça était attendrissant, inquiétant, émouvant. Mais il y avait déjà depuis longtemps un intérêt public, presque de mode, pour l'ancienneté de l'homme peut-être dû à une certaine désaffection religieuse ou plutôt une désaffection des croyances de charbonnier. Si les mythes et les religions ne répondent plus aux questions ­ qui est-on, d'où vient-on et où va-t-on?­ il fallait que quelqu'un d'autre y réponde. Et les malheureux scientifiques pas du tout préparés, se sont trouvés projetés dans la peau de prêtres. Je grossis le trait bien sûr. Aujourd'hui, cette origine animale de l'homme rassure. C'est amusant, je raconte toujours que ma grand-mère disait: "Si toi tu descends du singe, moi sûrement pas. C'est une sacrée évolution: cette génération a franchi le pas: elle n'est pas exceptionnelle dans l'histoire de l'univers et donc elle se raccroche à l'histoire de la terre, des étoiles, de la matière.»

    Les Américains «Lucy est partie comme une fusée. L'Amérique a joué un rôle important et notamment National Geographic. Le vieux Louis Leakey (paléontologue britannique, "maître de Coppens) avait accepté de raconter régulièrement dans cette revue l'histoire de ses prospections, de sa recherche. Et la revue a été fidèle à cette tradition. Dans les années 60, la vieille Europe n'était pas encore mûre pour médiatiser la paléontologie. Les savants interrogés étaient réticents, gênés vis-à-vis des pairs, ils freinaient. Lorsque j'ai donné ma première conférence de presse en 1963, la critique était sourde et un grand patron de la géologie a dit: "Il se prend pour de Gaulle, il donne une conférence de presse. Mais j'ai choisi d'y aller: quand la presse m'appelle je suis là et du coup tout m'arrive.»

    Une autre voie «Entre 1974 et 1978, année où on a publié son baptême Australopithecus afarensis, j'ai marché avec les Américains. On considérait sa filiation comme allant directement à l'homme. Mais je n'étais pas très convaincu: Lucy me paraissait suffisamment différente de l'homme pour représenter une autre voie qui n'était pas la nôtre. D'autant plus que les premiers hommes que je mets à 3 millions d'années sont quasiment contemporains de Lucy dans deux modes de vie bien différents. L'un est debout, ne grimpe plus et chasse; l'autre marche, grimpe, mange des fruits, des légumes et un peu de gibier. Avant 1983, pour la démarquer, j'avais appelé Lucy "pré-australopithecus, mais je ne suis pas sûr que ce soit un genre à part. J'ai été suivi par quelques collègues. Don Johanson (l'un des codécouvreurs, américain) pense désormais que Lucy marchait et grimpait alors que pendant longtemps, il a défendu l'idée qu'elle ne grimpait pas et il aimerait que Lucy soit l'ancêtre de l'homme.»

    Complexe et syndrome «Lucy a prêté son nom à beaucoup de choses, notamment à un complexe et à un syndrome. Un professeur de psychologie clinique et pathologique de l'université de Reims m'a écrit en 1992: "Il existe un transfert phylogénique qui nous renvoie à chaque naissance au monde originaire des tout premiers hominidés. Selon lui, chacun de nous dans son enfance passe par une étape où il n'est conscient ni du passé ni du futur et ceci jusqu'à 3 ans. On peut retrouver ce passage chez des adultes malades, chez certains schizophrènes désorientés dans l'espace et le temps qui ressentiraient une espèce de rappel de ce que pouvait ressentir le préhumain de ces années-là, de 3 millions d'années. Un prof de la fac de médecine de Bobigny a quant à lui décrit le syndrome de Lucy. On est debout sur nos pattes de derrière et on s'est redressé très vite, trop vite disent les médecins du sport, au point que l'on a les muscles des cuisses trop courts. Du coup, lorsque l'on fait un sprint, on est presque obligé de se mettre à 4 pattes pour replacer le muscle ischio-jambien en position de quadrupédie. Moyennant quoi, on peut démarrer vite. Le malheureux footballeur est appelé à se mettre en position anormale pour courir très vite un temps très court, ce qui entraîne souvent chez lui des problèmes de claquage notamment.»

    Etait-elle un homme?

    «Un chercheur de Zurich a défendu la thèse que Lucy était un homme. Pour des raisons anatomiques, avec les personnes de mon équipe, nous sommes presque sûrs que le bassin de Lucy ne peut être masculin. Mais nous ne disposons, parmi tous les restes d'australopithèques retrouvés, que de deux bassins totalement reconstituables: l'un est celui de Lucy, l'autre a été trouvé en Afrique du Sud. Ces deux bassins se ressemblent beaucoup et ça peut vouloir dire qu'il s'agit deux bassins féminins. Mais nous ne connaissons pas le bassin masculin. Scientifiquement, on est obligé de poser la question: va-t-on trouver des bassins masculins différents? Ou bien tous les bassins d'australopithèques ressemblent-ils à des bassins de femelles d'aujourd'hui?»

    Le milieu «Le rôle du milieu me semble prépondérant. Au point que je me demande s'il n'intervient pas sur les gènes: il finirait par orienter le modelage des êtres, leur adaptation qui me paraît toujours bien réussie. Dans le terrain sud-éthiopien que j'ai fouillé pendant dix ans, une centaine d'espèces se sont transformées dans le sens du milieu qui devenait plus aride: cinq lignées de cochons, indépendamment les unes des autres, ont développé les tubercules de leurs molaires, plusieurs lignées d'éléphants ont augmenté le fût de leurs molaires, tout ça parce que quand on mange des feuilles, on use moins ses dents que quand on mange de l'herbe. Les chevaux ont vu se développer leur "digitigradie, c'est-à-dire que courant sur un seul doigt, ils se sont mis à courir plus vite, un certain nombre d'espèces d'antilopes aussi parce que dans un terrain plus découvert, on est plus vulnérable. Il n'y avait plus d'arbre: les rongeurs arboricoles sont devenus des rongeurs fouisseurs. Un des australopithèques, sans doute Lucy, a développé une denture lui permettant de manger des graines et des fruits durs auxquels elle n'avait pas accès avant. Une autre espèce d'australopithèque a donné naissance à l'homme, c'est-à-dire à un personnage qui utilisait la réflexion ­ on peut déjà le dire ­ et qui s'en tirait en mangeant des végétaux et de la viande: une alimentation omnivore.»

    Le concurrent: «Australopithecus anamensis»

    «C'est un peu celui qu'on attendait. Découvert au Kenya, il a 4 millions d'années. Et je pense que l'on en a trouvé des traces à côté de Lucy dans l'Afar. Dans le matériel recueilli là-bas, il y a un coude archaïque, celui qui correspond à l'espèce de Lucy et un coude très moderne, on dirait un bonhomme actuel, puis deux types de genou, une forme ancienne et une forme moderne, même chose pour une vertèbre. Meave Leakey, paléontologue, a publié en 1995 son article sur Australopithecus anamensis (3) de Kanapoï, à 145 kilomètres du lac Turkana, au Kenya et je pense qu'il s'agit du même australopithèque que celui de l'Afar. Il était exclusivement bipède, il y a 4 millions d'années, c'est sûrement le plus proche de l'homme. Quand on se pose la question: Quel australopithèque pour quel homme? On a sans doute la réponse pour la première partie, aujourd'hui c'est, je pense anamensis. Cela dit, les choses vont encore évoluer, certaines de mes déclarations vont être amendées voire rectifiées mais je vous garantis qu'en l'état actuel des connaissances, je propose un scénario cohérent, ce qui ne veut pas dire juste.».

    (1) Le Genou de Lucy, Odile Jacob, 1999, 250 pp., 139 F.

    (2)La Rift Valley est un fossé d'effondrement qui coupe l'Afrique du nord au sud dans sa partie équatoriale. Selon Yves Coppens, cette coupure divisa nos ancêtre, ceux de l'ouest vécurent dans les forêts et engendrèrent les chimpanzés. Ceux de l'est, en savane, s'humanisèrent jusqu'à l'homme.

    (3) Anamensis du mot Turkana anam qui signifie lac.

    BRIET Sylvie

    http://www.liberation.fr/sciences/1999/02/02/entretien-avec-yves-coppens-en-finir-avec-lucy-elle-n-est-ni-la-plus-vieille-femme-du-monde-ni-notre_263861

    http://www.europe-identite.com/index.php/Actualite/A-lire/Lucy-n-est-pas-notre-ancetre-commun.html?mosmsg=Merci+d%60avoir+vot%E9.+Pour+voir+les+r%E9sultats%2C+cliquez+sur+le+bouton+R%E9sultats

  • Ecole : mauvais résultats ? Supprimons les notes

    Alors que le ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem visitait il y a 15 jours un collège du Gers ayant remplacé la note pour les points verts et rouges, le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, a proposé de supprimer les notes.

    Un document de 11 pages préconise l'abandon des moyennes, ces «calculs artificiels»,et suggère la mise en place d'une nouvelle échelle comportant quatre à six «niveaux de maîtrise». La note chiffrée deviendrait un élément d'évaluation parmi d'autres. Elle serait «indicative», et non «perçue exclusivement comme un moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves».

    Le Snalc, syndicat d'enseignants, défend la traditionnelle notation et dénonce «une démarche purement démagogique». «Focaliser l'attention du public sur l'évaluation permet d'évacuer les vraies difficultés, liées aux apprentissages», poursuit le syndicat, qui pointe «le mythe du collège unique» et «l'illusion d'un succès uniforme».

    Michel Janva

  • Maurras ou les permanences d’un nationalisme français

    charles-maurras-2-4f8d9.jpgCharles Maurras. Le maître et l’action

    Dard Olivier

    Éditeur : Armand Colin

    Résumé : La modernité à contre-courant ? Une biographie intellectuelle du chef de l’Action française pour évaluer les fluctuations de son influence dans le champ politique et intellectuel français. acte de l’absence de biographie historique universitaire sur Charles Maurras, cet ouvrage entend être la nouvelle synthèse de référence sur le sujet, accompagnée d’un bilan historiographique sur les recherches récentes – quand bien même l’auteur rappelle la gageure d’écrire de nouveau sur Maurras : « [la] masse documentaire pourrait rendre vaine la tentative de vouloir proposer une synthèse et un nouveau regard sur une figure dont les grandes étapes de l’itinéraire sont balisées et dont les principales lignes de la doctrine sont connues » .

    Olivier Dard livre ici une biographie intellectuelle du personnage et cherche à en restituer toutes les dimensions : Charles Maurras y est présenté tour à tour comme homme de lettres et homme de plume à la tête de l’Action française, intellectuel et maître à penser pour de nombreuses générations appartenant ou non à la droite nationaliste, et enfin comme une figure politique, puisque, sans avoir jamais exercé le pouvoir, Maurras traverse la Troisième République, contre laquelle il développe une éthique d’opposition. En prenant pour principe que « la définition du maurrassisme doit être mise en contexte et territorialisée » , l’historien se dégage d’une histoire des idées politiques et prend le contre-pied d’une approche systémique : revenant sur les étapes d’élaboration de la pensée maurrassienne, il insiste sur les contingences des circonstances et la diversité de ses réceptions – au sein des courants de droite et à l’extérieur, au temps de Maurras comme dans sa postérité. Cette biographie historique est enfin intéressante pour sa dimension collective, lorsque l’auteur replace Maurras au sein de son école, de son milieu et de ses réseaux de sociabilité .

    Une biographie solide, de facture classique

    L’ouvrage, de facture classique, est inégal dans ses apports. Les quatre premiers chapitres traitent de la période de la formation. L’historien analyse l’enfance sous l’angle d’un triple traumatisme, le décès du père, la surdité développée à la suite d’une maladie et la perte de foi, faisant appel à une grille de lecture psychanalytique, reprise en fin d’ouvrage , artificielle et peu convaincante. Il revient sur la formation littéraire de Maurras et son entrée en politique par le biais du journalisme. S’appuyant largement sur les travaux de Stéphane Giocanti , il rappelle l’éclectisme de ses goûts d’étudiant et sa formation autodidacte marquant son parcours d’homme de lettres. Il souligne son implication dans les querelles littéraires de son temps, avec la fondation de l’Ecole romane, affirmant un classicisme latin en réaction au romantisme germanique, et son engagement pour le félibrisme. Il aborde enfin les sociabilités intellectuelles de Maurras, s’acheminant vers le nationalisme intégral, avec l’expérience journalistique de La Cocarde et son reportage aux Jeux olympiques de 1896.

    Les trois chapitres suivants couvrent la période de l’Affaire Dreyfus, la fondation de l’Action française et la victoire de 1918. On est relativement déçu par les analyses convenues consacrées à l’Affaire Dreyfus ou la fondation de l’Action française : pas de renouvellement de perspective sur deux dossiers bien connus. Le chapitre 6, consacré au passage « de Maurras au maurrassisme », permet de conceptualiser la notion de « maître à penser » en reprenant les thèmes de l’engagement politique de Maurras, la défense de l’Eglise, de la patrie et de la Revanche, même si l’auteur, spécialiste d’histoire politique, apparait nettement moins à l’aise sur la partie religieuse . Un chapitre consacré au rôle de Maurras pendant la guerre permet d’éclairer la trajectoire de ce non-combattant (en raison de son âge et de son infirmité) et ouvre des pistes, restées inachevées, de comparaison avec celle de Barrès et l’impact de leurs expériences de guerre respectives sur leur nationalisme. Le temps de l’Union Sacrée est l’occasion d’un ralliement temporaire des maurrassiens au régime républicain et se solde par une intégration plus marquée à la vie politique. Elle se traduit, socialement, par une normalisation de la mouvance et une notabilisation de ses cadres et se poursuit, durant l’entre-deux-guerres, par la présentation de candidats d’Action française aux élections , quand bien même la rhétorique maurrassienne reste antiparlementaire et antirépublicaine. [....

    La suite sur nonfiction.fr, le quotidien des livres et des idées

    En vente à la Librairie de Flore

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Maurras-ou-les-permanences-d-un

  • Un jour, un texte ! La Patrie selon Adrien Loubier

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. »

    Georges Bernanos, La France contre les robots

    Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la Patrie. (2)

    Jeanne d'Arc aux sources du patriotisme français

    A Brignoles en Provence

    Au début du XVème siècle, Brignoles était l'une des huit sénéchaussées de la Basse Provence. Sa situation géographique la mettait, semble-t-il, bien à l'écart de la terrible guerre avec les Anglais, qui ravageait surtout le Nord et le Sud-ouest de la France. Le paisible roi René y séjournait souvent. Comme les autres provinces, la Provence avait son parlement, ses franchises ; elle était gouvernée en 1429 par Louis II, comte de Provence, fils de la reine Yolande (1417 –1434).

    Quel pouvait bien y être le sentiment patriotique français ? Comment pouvait-on y ressentir l'occupation anglaise, qui n'affectait pas cette région ? La Normandie, la Guyenne, la Bourgogne étaient loin ! L'unité française était constituée d'un réseau complexe de suzerainetés qui, nous dit-on dans les manuels républicains, ne concernait les populations que de très loin !

    Et puis, les communications étaient longues et difficiles ! Pas de trains, pas de téléphones, pas de journaux ! Que pouvait-on savoir, à Brignoles, d'un siège des Anglais devant Orléans, ou du dauphin Charles VII, encerclé dans son Berry, et pas même couronné ou sacré roi de France ?

    Qu'était même la France pour les Provençaux ?

    Orléans n'était-il pas à 600 kilomètres (à vol d'oiseau) de Brignoles, en un temps où le meilleur cavalier ne pouvait parcourir que quelques 50 kilomètres par jours ?

    Toutes ces questions, que l'on peut se poser, trouvent une étonnante réponse dans l'analyse d'un « compte trésoraire de Brignoles », que nous avons découvert dans une monographie de F. Mireur, intitulée : "Procession d'actions de grâces à Brignoles en l'honneur de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc en 1429".(Communication faite au congrès des sociétés savantes à la Sorbonne en avril 1893).

    Dans les anciennes chroniques provençales, on trouve bien mention de la dureté du temps, mais cependant bien lointaine.

    Honoré Bouche parle des « temps calamiteux de l'occupation d'une grande partie de la France par les Anglais et du temps de la Pucelle d'Orléans, si renommée dans les histoires, environ l'an 1429 .... » (1)

    C'est « arrivé en l'année 1429, dit Nostradamus, que la pucelle Jeanne, tant illustrement chantée par les histoires françoises, allait au secours de sa ville, couverte d'armes blanches contre les Anglois, ausquels elle fit quitter et abandonner le siège d'Orléans. » (1)

    Mais, selon notre auteur (2) aucune de ces chroniques « n'ont produit aucun témoignage direct et contemporain de l'impression que les nouvelles extraordinaires de France causèrent en Provence. »

    Or voici que 550 ans après, l'analyse d'un feuillet comptable de la ville de Brignoles, au fin fond de la Provence, nous livre le témoignage d'une explosion spontanée de joie et de liesse populaire, lorsque, quelques jours après le 8 mai 1429, la nouvelle de la délivrance parvient au peuple de cette bourgade.

    La France vient de remporter une victoire décisive contre l'envahisseur. Pas en Provence, qui vit en paix à cette heure, mais bien en France, avec laquelle tout le petit peuple vibre et souffre.

    Certes les souverains sont parents. Le comte Louis II de Provence est le beau-frère de Charles VII. Sa mère, la reine Yolande, joue un rôle politique important à la cour de France. Mais ce ne sont pas les grands qui descendent dans la rue pour fêter l'événement ; c'est le peuple. Le peuple qui est la famille de ses princes, et qui est chez lui, dans sa patrie, en Provence comme à Orléans !

    Et puis, tous savent bien que si Orléans tombe, bien qu'elle soit loin ; si Charles VII est détrôné, bien qu'il soit loin... qui arrêtera l'Anglais et l'empêchera d'arriver jusqu'à Brignoles avec ses bandes, et son cortège de sang et de misère ?

    L'élan populaire est tel que les syndics en exercice sont débordés, et prennent sur eux les dépenses dont ce feuillet de compte atteste, sans même réunir le conseil pour les soumettre à sa délibération.

    Or on ne plaisantait pas à Brignoles sur ce chapitre. Les registres en témoignent. Pas un sou ne devait sortir des caisses sans vote du conseil pour en donner l'aval.

    Ici, dans l'urgence, cette règle n'a pas été respectée. Écoutons notre auteur : (2)

    « Le bruit s'étant répandu dans cette ville (Brignoles) de la délivrance d'Orléans, l'enthousiasme fut si soudain que, sans même consulter comme d'ordinaire le conseil, on organisa des réjouissances publiques pour fêter l'éclatant succès dû à l'intervention de cette jeune fille étrange illius Piuselle dont la renommée avait volé jusqu'en notre lointaine contrée. Une procession d'actions de grâces fut ordonnée, et, pour en relever l'éclat, les syndics de la communauté prirent sur eux d'y envoyer des ménétriers (3), aux frais de la ville, certains d'avance de l'adhésion de leurs collègues du conseil. »

    "Item ponit Idem thesaurarius solvisse, ex precepto sindicorum, menisteriis qui fecerunt festum, dum fecerunt processionem ad amorem Dei, dum venerunt nova illius Piuselle que erat in partibus Francie, videlicet grossum unum." (4)

    Ce texte de ce qu'on est convenu d'appeler le "bas-latin" (en somme le latin vivant de l'époque), peut se traduire ainsi :

    « De même, le même trésorier pour rendre grâce, à la demande du syndic, paye des ménestrels (3) qui font la fête, pendant une procession pour l'amour de Dieu, quand venaient des nouvelles de cette pucelle qui était dans la partie de la France, visiblement une chose capitale. »

    Mais ce qui n'est pas moins étonnant, c'est la rapidité avec laquelle cette nouvelle est arrivée à Brignoles.

    Notre savant archiviste, par divers recoupements, situe la date de cette procession et de ces réjouissances entre le 15 mai 1429, et au plus tard le 20 juin. Plus probablement peu après le 15 mai.

    Or la date de la délivrance d'Orléans peut être fixée au 8 mai. Et il est bien improbable que dès le lendemain, un courrier soit parti directement pour Brignoles. Même si c'eut été le cas, par monts et par vaux, et en changeant de cheval chaque jour, il lui fallait au moins 15 jours pour franchir les 6 à 700 kilomètres qui séparent Orléans de Brignoles, en tenant compte de l'état des routes de l'époque, et des nombreux obstacles tels que fleuves, forêts peu sûres, montagnes, etc.

    Une étude chrono topographique serait d'ailleurs nécessaire pour obtenir un trajet et un décompte de temps fiable.

    Mais bien plutôt que l'hypothèse peu vraisemblable d'un messager visant spécialement Brignoles, c'est celle de la rumeur publique, propagée de proche en proche par le bouche à oreille, qui doit être retenue. Ce qui donne une idée très vivante de l'anxiété de nos provinces, avides de nouvelles, et de la joiepopulaire déclenchée par cette bonne nouvelle tant espérée par le patriotisme français, en éveil dans le fond des coeurs de nos plus lointaines provinces !

    Enfin la chance a tourné !

    Enfin Dieu prend la France en pitié.

    Alors « faisons procession pour l'amour de Dieu ! »

    Et concluons avec notre auteur : (2)

    « La véritable importance historique du document (4), son intérêt général, résident surtout dans le témoignage nouveau qu'il nous apporte de l'étonnante popularité de Jeanne, et du grand et rapide retentissement de son admirable campagne d'Orléans. »

    Adrien Loubier

    Extrait de : « Sous la Bannière ».

    Numéro 107, mai – juin 2003.

     

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    Lois Spalwer

  • Conférence : L'aventure du journal "Présent"

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    Le vendredi 5 décembre à 19 h 30, Dextra aura la joie et l’honneur de recevoir Francis Bergeron, directeur de rédaction, qui nous parlera de L'aventure du journal Présent. 

    Nous vous attendons nombreux pour cette conférence 

    au El Siete, 283 rue Saint Jacques, Paris Ve.