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culture et histoire - Page 1449

  • L’armada oubliée de la Chine impériale

    Soixante navires composent la puissante armada chinoise qui fait route vers l’Occident en 1405. Les sept voyages qu’elle effectue la mènent jusqu’en Iran, en Arabie saoudite et en Afrique, en passant par Singapour, la Malaisie et l’Indonésie.

    Auprès des gigantesques bateaux, trésors de la flotte de l’amiral Zheng He, les caravelles des explorateurs européens ont l’air de coquilles de noix.

    Mais dès 1433, l’empire du Milieu perd son avance maritime et l’empereur ordonne l’arrêt des expéditions en mer. La Chine commence à s’isoler et abandonne les océans aux puissances européennes.

    Partie 1:

    Partie 2:

    Partie 3:

    http://fortune.fdesouche.com/363905-larmada-oubliee-de-la-chine-imperiale#more-363905

  • L’armada oubliée de la Chine impériale

    Soixante navires composent la puissante armada chinoise qui fait route vers l’Occident en 1405. Les sept voyages qu’elle effectue la mènent jusqu’en Iran, en Arabie saoudite et en Afrique, en passant par Singapour, la Malaisie et l’Indonésie.

    Auprès des gigantesques bateaux, trésors de la flotte de l’amiral Zheng He, les caravelles des explorateurs européens ont l’air de coquilles de noix.

    Mais dès 1433, l’empire du Milieu perd son avance maritime et l’empereur ordonne l’arrêt des expéditions en mer. La Chine commence à s’isoler et abandonne les océans aux puissances européennes.

    Partie 1:

    Partie 2:

    Partie 3:

    http://fortune.fdesouche.com/363905-larmada-oubliee-de-la-chine-imperiale#more-363905

  • Quel “nationalisme” pour les années 90 et le XXIe siècle ?

    Dans nos régions, nous avons coutume d'opposer deux formes de nationalisme, le nationalisme de culture (ou nationalisme populaire : volksnationalisme) et le nationalisme d'État (staatsnationalisme). Le nationalisme culturel/populaire tient compte essentiellement de l'ethnicité, en tant que matrice historique de valeurs précises qui ne sont pas transposables dans un autre humus. Le nationalisme d'État met l'ethnicité ou les ethnicités d'un territoire au service d'une machine administrative, bureaucratique ou militaire. Pour cette idéologie, l'ethnicité n'est pas perçue comme une matrice de valeurs mais comme une sorte de carburant que l'on brûlera pour faire avancer la machine. L'État, dans la perspective du staatsnationalisme, n'est pas une instance qui dynamise les forces émanant de la Volkheit mais un moloch qui les consomme et les détruit.
    Les nationalismes culturels/populaires partent d'une vision plurielle de l'histoire, du monde et de la politique. Chaque peuple émet des valeurs qui correspondent aux défis que lui lance l'espace sur lequel il vit. Dans les zones intermédiaires, des peuples en contact avec 2 grandes aires culturelles combinent les valeurs des uns et des autres en des synthèses tantôt harmonieuses tantôt malheureuses. Les nationalismes d'État arasent généralement les valeurs produites localement, réduisant la diversité du territoire à une logique unique, autoritaire et stérile.
    Valoriser l'histoire, relativiser les institutions
    Par tradition historique, noua sommes, depuis l'émergence des nationalismes vers l'époque de la révolution française, du côté des nationalismes culturels contre les nationalismes d'État. Mais au-delà des étiquettes désignant les diverses formes de nationalisme, noua adhérons, plus fondamentalement, à des systèmes de valeurs qui privilégient la diversité plutôt qu'à des systèmes d'action qui tentent de la réduire à des modèles simples, homogénéisés et, de ce fait même, stérilisés. Toute approche plurielle des facteurs historiques et politiques implique une relativisation des institutions établies ; celles-ci ne sont pas d'emblée jugées éternelles et indépassables. Elles sont perçues comme exerçant une fonction précise et doivent disparaître dès que cette fonction n'a plus d'utilité. Les approches homogénéisantes imposent un cadre institutionnel que l'on veut intangible. La vitalité populaire, par définition plurielle dans ses manifestations, déborde tôt ou tard ce cadre rigide. Deux scénarios sont alors possibles : a) les mercenaires au service du cadre répriment la vitalité populaire par violence ou b) le peuple met à bas les institutions devenues obsolètes et chasse ou exile les tenants têtus du vieil ordre.
    Qu'en est-il de cette opposition entre pluralité et homogénéisation à la veille du XXIe siècle ? Il me semble inopportun de continuer à répéter tel quel les mots d'ordre et les slogans nés lors de l'opposition, au début du XIXe siècle, entre “nationalismes de culture” (Verlooy, Jahn, Arndt, Conscience, Hoffmann von Fallersleben) et “nationalismes d'État” (jacobinisme, bonapartisme). Pour continuer à exprimer notre opposition de principe aux stratégies d'homogénéisation, qui ont été celles du jacobinisme et du bonapartisme, noua devons choisir, aujourd'hui, un vocabulaire moderne, dérivé des sciences récentes (biocybernétique, informatique, physique etc.). En effet, les “nationalismes d'État” ont pour caractéristique d'avoir été forgés sur le modèle des sciences physiques mécanicistes du XVIIIe siècle. Les “nationalismes culturels”, eux, ont voulu suggérer un modèle d'organisation politique calqué sur les principes des sciences biologiques émergentes (J.W. Ritter, Carus, Oken, etc.). Malgré les progrès énormes de ces sciences de la vie dans le monde de tous les jours, certains États (Belgique, France, Italie, URSS, Yougoslavie, “démocraties socialistes”, Algérie, etc.) fonctionnent toujours selon des critères mécanicistes et demeurent innervés par des valeurs mécanicistes homogénéisantes.
    Les leçons d’Alvin Toffler
    Le nationalisme, ou tout autre idéologie, qui voudrait mettre un terme à cette anomalie, devra nécessairement être de nature offensive, porté par la volonté de briser définitivement les pouvoirs anciens. Il ne doit pas vouloir les consolider ni remettre en selle des modèles passés de nationalisme statolâtrique. La lecture du dernier livre d'un écrivain américain célèbre, Alvin Toffler, nous apparaît utile pour comprendre les enjeux des décennies à venir, décennies où les mouvements (nationalistes ou non) hostiles aux établissements devront percer sur la scène politique. Entendons-nous bien, ces mouvements, dans la mesure où ils sont hostiles aux formes figées héritées de l'ère mécaniciste/révolutionnaire, sont authentiquement “démocratiques” et “populistes” ; nous savons depuis les thèses de Roberto Michels que le socialisme a basculé dans l'oligarchisation de ses cadres. Nous savons aussi que ce processus d'oligarchisation a affecté le pilier démocrate-chrétien, désormais connecté à la mafia en Italie et partout éloigné du terreau populaire. Si bien que les élus socialistes ou démocrates-chrétiens eux-mêmes se rendent compte que les décisions sont prises, dans leurs partis, en coulisse et non plus dans les assemblées générales (les tripotages de Martens au sein de son propre parti en sont une belle illustration).
    Ce phénomène d'oligarchisation, de gigantisme et de pyramidalisation suscite l'apparition de structures pachydermiques et monolithiques, incapables de capter les flux d'informations nouvelles qui émanent de la réalité quotidienne, de la Volkheit en tant que fait de vie. Je crois, avec Alvin Toffler, que ce hiatus prend des proportions de plus en plus grandes depuis le milieu des années 80 : c'est le cas chez nous, où le CVP s'effrite parce qu'il ne répond plus aux besoins des citoyens actifs et innovateurs ; c'est le cas en France, où les partis dits de la “bande des quatre” s'avèrent incapables de résoudre les problèmes réels auxquels la population est confrontée. Toffler nous parle de la nécessité de provoquer un “transfert des pouvoirs”. Ceux-ci, à l'instar de ce qui s'est effectivement produit dans les firmes gigantesques d'Outre-Atlantique, devront passer, « des monolithes aux mosaïques ». Les entreprises géantes ont constaté que les stratégies de concentration aboutissaient à l'impasse ; il a fallu inverser la vapeur et se décomposer en un grand nombre de petites unités à comptabilité autonome, opérationnellement déconcentrées. Autonomie qui les conduira inévitablement à prendre un envol propre, adapté aux circonstances dans lesquelles elles évoluent réellement. Les mondes politiques, surtout ceux qui participent de la logique homogénéisante jacobine, restent en deçà de cette évolution inéluctable : en d'autres termes, ils sont dépassés et contournés par les énergies qui se déploient au départ des diverses Volkheiten concrètes. Phénomène observable en Italie du Nord, où les régions ont pris l'initiative de dépasser le monolithe étatique romain, et ont créé des réseaux alpin et adriatique de relations interrégionales qui se passent fort bien des immixtions de l'État central. La Vénétie peut régler avec la Slovénie ou la Croatie des problèmes relatifs à la région adriatique et, demain, régler, sans passer par Rome, des problèmes alpins avec la Bavière, le Tyrol autrichien, la Lombardie ou le canton des Grisons. Ces régions se dégagent dès lors de la logique monolithique stato-nationale pour adopter une logique en mosaïque (pour reprendre le vocabulaire de Toffler), outrepassant, par suite, les niveaux hiérarchiques établis qui bloquent, freinent et ralentissent les flux de communications. Niveaux hiérarchiques qui deviennent ipso facto redondants. Par rapport aux monolithes, les mosaïques de Toffler sont toujours provisoires, réorientables tous azimuts et hyper-flexibles.
    La “Troisième Vague”
    Caractère provisoire, réorientabilité et hyper-flexibilité sont des nécessités postulées par les révolutions technologiques de ces 20 dernières années. L'ordinateur et le fax abolissent bon nombre de distances et autonomisent d'importantes quantités de travailleurs du secteur tertiaire. Or les structures politiques restent en deçà de cette évolution, donc en discordance avec la société. Toffler parle d'une “Troisième Vague” post-moderne qui s'oppose à la fois au traditionalisme des mouvements conservateurs (parfois religieux) et au modernisme homogénéisant. Aujourd'hui, tout nationalisme ou tout autre mouvement visant l'innovation doit être le porte-voix de cette “Troisième Vague” qui réclame une révision totale des institutions politiques établies. Basée sur un savoir à facettes multiples et non plus sur l'argent ou la tradition, la “Troisième Vague” peut trouver à s'alimenter au nationalisme. de culture, dans le sens où ce type-là de nationalisme découle d'une logique plurielle, d'une logique qui accepte la pluralité. Les nationalismes d'État, constructeurs de molochs monolithiques, sont résolument, dans l'optique de Toffler, des figures de la “Seconde Vague”, de “l'Âge usinier”, ère qui a fonctionné par monologique concentrante ; preuve : devant les crises actuelles (écologie, enseignement, organisation du secteur de santé, transports en commun, urbanisme, etc.), produites par des étranglements, des goulots, dus au gigantisme et à l'éléphantiasis des structures datant de “l'âge usinier”, les hommes politiques, qui ne sont plus au diapason, réagissent au coup par coup, c'est-à-dire exactement selon les critères de leur monologique homogénéisante, incapable de tenir compte d'un trop grand nombre de paramètres. Les structures mises en place par les nationalismes d'État sont lourdes et inefficaces (songeons à la RTT ou la poste), alors que les structures en mosaïques, créées par les firmes qui se sont déconcentrées ou par les régions nord-italiennes dans la nouvelle synergie adriatique/alpine, sont légères et performantes. Tout nationalisme ou autre mouvement innovateur doit donc savoir s'adresser, dès aujourd’hui, à ceux qui veulent déconcentrer, accélérer les communications et contourner les monolithes désormais inutiles et inefficaces.
    Les “lents” et les “rapides”
    Toffler nous parle du clivage le plus important actuellement : celui qui distingue les “lents” des “rapides”. L'avenir proche appartient évidemment à ceux qui sont rapides, ceux qui peuvent prendre des décisions vite et bien, qui peuvent livrer des marchandises dans les délais les plus brefs. Les pays du Tiers-Monde appartiennent évidemment à la catégorie des “lents”. Mais bon nombre de structures su sein même de nos sociétés “industrielles avancées” y appartiennent également. Prenons quelques exemples : l'entêtement de plusieurs strates de l'establishment belge à vouloir commercer avec le Zaïre, pays hyper-lent parce qu'hyper-corrompu (tel maître, tel valet, serait-on tenté de dire…) relève de la pure aberration, d'autant plus qu'il n'y a guère de profits à en tirer ou, uniquement, si le contribuable finance partiellement les transactions ou les “aides annexes”. Quand Geens a voulu infléchir vers l'Indonésie, pays plus rapide (dont la balance commerciale est positive !), les flux d'aides belges au tiers-monde, on a hurlé au flamingantisme, sous prétexte que l'Insulinde avait été colonie néerlandaise. Pour toute perspective nationaliste, les investissements doivent, comme le souligne aussi Toffler, opérer un retour au pays ou, au moins, se relocaliser en Europe. Deuxième exemple : certains rapports de la Commission des Communautés européennes signalent l'effroyable lenteur des télécommunications en Belgique (poste, RTT, chemin de fer, transports en commun urbains, etc.) et concluent que Bruxelles n'est pas la ville adéquate pour devenir la capitale de l'Europe de 1992, en dépit de tout ce que Martens, les banques de l'établissement, la Cour, etc. ont mis en œuvre pour en faire accepter le principe. Hélas pour ces “lents”, il y a de fortes chances pour que Bonn ou Strasbourg emportent le morceau !
    Partitocratie et apartheid
    Des démonstrations qui précédent, il est facile de déduire quelques mots d'ordre pour l'action des mouvements innovateurs :
    • lutte contre toutes les formes d'oligarchisation issues de la partitocratie ; ces oligarchisations ou pilarisations (verzuiling) sont des stratégies de monolithisation et d'exclusion de tous ceux qui n'adhérent pas à la philosophie de l'un ou l'autre pilier (zuil). Sachons rappeler à Paula d'Hondt que ce ne sont pas tant les immigrés qui sont des exclus dans notre société, qui seraient victimes d'un “apartheid”, mais qu'une quantité impressionnante de fils et de filles de notre peuple ont été ou sont “exclus” ou “mal intégrés” à cause des vices de fonctionnement de la machine étatique belge. Ne pas pouvoir être fonctionnaire si l'on n'est pas membre d'un parti, ou devoir sauter plus d'obstacles pour le devenir, n'est-ce pas de “l'apartheid” ? Conclusion : lutter contre l'apartheid de fait qu'est la pilarisation et rapatrier progressivement les immigrés, après les avoir formés à exercer une fonction utile à leur peuple et pour éviter précisément qu'ils soient, à la longue, victimes d'un réel apartheid, n'est-ce pas plus logique et plus humain que ce qui est pratiqué actuellement à grands renforts de propagande ?
    • abattre vite toutes les structures qui ne correspondent plus au niveau actuel des technologies ; un nationalisme de culture, parce qu'il parie sur les énergies inépuisables du peuple, n'est forcément pas passéiste.
    • s'inscrire, notamment avec la Lombardie et la Catalogne, dans les stratégies interrégionales en mosaïques ; tout en sachant que l'obstacle demeure la France, dont le conseil constitutionnel vient de décider que le peuple corse n'existait pas ! Ne dialoguer en France qu'avec les régionalistes et renforcer par tous les moyens possibles le dégagement des régions de la tutelle parisienne. Solidarité grande-néerlandaise avec la région Nord-Pas-de-Calais et grande-germanique avec l'Alsace. Pour la Wallonie, si d'aventure elle se dégage de la tutelle socialiste et maçonnique (pro-jacobine), solidarité prioritaire avec les cantons romans de la région Nord-Pas-de-Calais et avec la Lorraine, en tant que régions originairement impériales et romanes à la fois (la Wallonie traditionnelle, fidèle à sa vocation impériale, a un devoir de solidarité avec les régions romanes de l'ancien Reich, la Reichsromanentum, victime des génocides perpétrés par Louis XIV en Lorraine et en Franche-Comté, où 50% de la population a été purement et simplement massacrée ; les énergies de la Wallonie post-socialiste devront se porter le long d'un axe Namur / Arlon /Metz / Nancy / Genève). Appui inconditionnel aux régionalismes corse, breton, occitan et basque, si possible de concert avec les Irlandais, les Catalans, les Lombards et les Piémontais. Forcer les Länder allemands à plus d'audace dans les stratégies de ce type.
    • diplomatie orientée vers les “rapides”. Ne plus perdre son temps avec le Zaïre ou d'autres États corrompus et inefficaces. Les relations avec ce pays ne sont entretenues que pour défendre des intérêts dépassés, que l'on camoufle souvent derrière un moralisme inepte.
    • combattre toutes les lenteurs intérieures, même si nous ne souhaitons pas que Bruxelles devienne la capitale de l'Europe. Si les institutions européennes déménagent ailleurs, les projets de Martens s'effondreront et son régime autoritaire, appuyé notamment sur la Cour et non sanctionné par la base de son propre parti, capotera. L'effondrement du CVP, comme son tassement annoncé, permettra l'envol d'un néo-nationalisme futuriste, tablant sur la longue mémoire et sur la vitesse. Car l'une n'exclut pas l'autre. Un peuple qui garde sa mémoire intacte, sait que l'histoire suit des méandres souvent imprévus et sait aussi quelles réponses ses ancêtres ont apportées aux défis insoupçonnés de l'heure. La mémoire garantit toujours une réponse modulée et rapide aux défis qui se présentent. L'ordinateur n'est-il pas précisément un instrument performant parce qu'il est doté d'une mémoire ? Donc, le nationalisme culturel/populaire, plurilogique, est un bon logiciel. Gardons-le et sachons l'améliorer.
    Robert Steuckers, Vouloir n°83/86, 1991.
    • Source : Alvin Toffler, Les Nouveaux Pouvoirs : Savoir, richesse et violence à la veille du XXle siècle, Fayard, 1991, 658 p.

  • Toutes les civilisations se valent-elles ?

    Voilà bien un sujet interdit au nom du relativisme politiquement correct. Comparer c’est juger ! Et juger c’est discriminer et discriminer c’est coupable ! Alors ne jugeons pas. Acceptons avec Jean Ousset la « méthode de comparaison quantitative »[i]. L’argument sera probant. Ichtus propose des formations inspirées des méthodes développées par Jean Ousset« Anthropologie et Politique »  à l’école de JP II avec Bruno de Saint Chamas, «  Faire aimer la Civilisation »  par l’Art avec Nicole Buron, «  Les ateliers de l’Histoire » avec Martin Dauch. 

    « Pour l’essentiel l’esprit de cette méthode est assez proche de celui de la « méthode des recoupements ». Esprit de tant de bonnes gens qui, …préféreront toujours ce qui leur paraîtra moins prêter à discussion, … plusquantitativement probant.

    Méthode des comparaisons quantitatives. Méthode simple... et qui consiste à bien délimiter le domaine des éléments à comparer.

    Ne pas chercher à cacher, ni à minimiser ce qui peut ne pas aller dans notre sens…Prendre les devants et de rappeler au contraire ce qui risque de nous desservir. .. Comment serait-il possible que Dieu permette de mentir, de taire la vérité, pour l’honneur de Son Nom ? … Donc n’ayons pas peur. Même ce qui, dans cette méthode des comparaisons quantitatives, peut figurer à notre préjudice ne saurait éclipser la démonstration du résultat final.

    Le tout est d’en bien établir les comptes. Dès lors, quelles que puissent être les taches de l’histoire chrétienne, quelle que puisse être l’humiliation que nous devons en avoir, que cette humilité ne nous fasse jamais sous-estimer l’écrasante supériorité de ce que l’Eglise a apporté, et ne cesse pas d’apporter au mondeCar cette gloire est non seulement certaine, mais elle peut être particulièrement suggérée par l’emploi de cette méthode des comparaisons quantitatives.

    Soit en exemple (parmi d’autres possibles) : celui de la civilisation. Domaine immense, tout en étant suffisamment défini, ainsi que nous le recommandions tout à l’heure ; et dont il est possible de proposer la comparaison selon plusieurs schémasEn nous gardant bien de recourir à des jugements de valeur que le scepticisme contemporain récuse a priori, qu’on se contente d’inventorier honnêtement, froidement, strictement ce qui peut être mis en balance de part et d’autre. Et sans qu’il soit question, surtout, de ménager notre admiration à ce qui la mérite, quels qu’en soient les lieux, les climats, les pays. Autant dire : pas question d’ergoter ou de refuser notre émerveillement, par exemple, au Taj-Mahal d’Agra, cet éblouissant chef-d’oeuvre de l’Inde. Pas question d’un refus de célébrer l’Alhambra des princes maures de Grenade, ni la mosquée d’Omar, ni tels monuments de la « Cité interdite » de Pékin, ni le temple d’Angkor Vat. Car ce n’est pas en méprisant ce qui n’est pas de nous que la grandeur de ce qui est nôtre se trouvera plus digne d’être célébrée ! … Notre intérêt est donc aussi clair que le devoir : être les plus objectifs possible. C’est l’esprit même de la méthode.

    D’où la seule évocation … d’un schéma de comparaison que nous avons pris l’habitude de désigner ainsi : « en tout... pour tous... partout... toujours... »

     

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    Michel Janva

  • Huntington

    Quand Samuel Huntington, professeur à Harvard, a publié son célè­bre livre, The Clash of Civilizations (1), aujourd’hui cité jusqu’à la nau­sée, il augurait l’avènement d’une nouvelle dimension conflictuelle dans le monde, suscitée cette fois par les origines culturelles, ras­sem­blées dans des espaces organiques autocentrés de dimensions continentales, espaces opposés les uns aux autres ; dans cet affron­te­ment planétaire à acteurs multiples, il réservait à l’Europe un rôle pour le moins ambigu. Il désignait notre continent comme la matrice de la “civilisation occidentale”, admettait qu’il allait devenir une su­per­puissance économique et militaire. Mais au fil de son exposé, il fi­nissait par répéter l’hypothèse que, dans le futur, l’Europe conti­nue­rait son petit bonhomme de chemin comme dans les années 50, au sein de ce que l’on appelle depuis lors le “monde occidental”. Il n’y au­ra pas, selon Huntington, deux agrégats indépendants et auto­no­mes respectivement sur le continent nord-américain et en Europe. Cette thèse n’a guère préoccupé les esprits, elle est passée quasi inaperçue, la plupart des observateurs ont considéré que ce vice d’analyse dérive d’un effet d’inertie, propre de la culture américaine, qui s’est répercuté sur le cerveau de l’honorable professeur, par ail­leurs excellent pour tous les brillants raisonnements qu’il produit.

    Huntington mérite aussi nos éloges pour avoir eu tant d’intuitions, pour avoir prospecté l’histoire européenne, en feignant un à-peu-près qui découvre par “accident” les rythmes réels du monde, qui lui permettait de prédire que le destin de notre Europe n’était pas prévisible comme l’était celui des autres parties du monde. Certes, l’Europe pourra soit se muer en un bloc autocentré soit garder le corps de ce côté de l’Atlantique et le cerveau de l’autre. La question reste sans solution. Et si le livre de Huntington — comme le sou­li­gnent quelques esprits plus fins — n’était pas un simple essai aca­démique mais plutôt un scénario à l’usage de l’établissement amé­ricain… Quoi qu’il en soit, l’établissement a très bien retenu la leçon de Huntington et a vite mis tout en œuvre pour agencer le monde selon ses intérêts économiques et géopolitiques.

    Les deux concurrents les plus sérieux des États-Unis à l’échelle de la planète, selon la logique d’affrontement décrite par Huntington, devraient être l’Empire européen et un Califat islamique rené de ses cendres. L’Empire européen (potentiel), fort d’une culture spécifique et pluri-millénaire, humus indestructible d’une formidable mentalité, ca­pable de disposer d’une technologie militaire de pointe, bénéficiant d’un marché intérieur supérieur à celui des États-Unis, aurait fa­cile­ment marginalisé le colosse américain grâce à un partenariat quasi­ment obligatoire avec les pays limitrophes de l’Europe de l’Est et à un développement harmonieux des pays de la rive sud de la Méditer­ranée. De son côté, le monde islamique, qui peut plus difficilement en­gager un dialogue avec la civilisation américaine, décrite par quel­ques scolastiques musulmans comme le pire mal qui ait jamais frap­pé la planète et le contraire absolu de tout ce qui est “halal” (pur) ou “muslim” (obéissant à la loi de Dieu). Ce monde musulman con­naît une formidable expansion démographique et détient la majorité des gisements de pétrole. Si l’Empire européen voit le jour, se con­so­lide et s’affirme, il est fort probable que ce mon­de musulman chan­ge de partenaires commerciaux et abandonne les sociétés américai­nes. Le monde orthodoxe-slave-byzantin, handica­pé par la totale dé­pendance de la Russie vis-à-vis de la Banque mon­diale, connaît ac­tuellement une terrible phase de recul.

    Actuellement, les mages de la stratégie globale américaine semblent avoir trouvé une solution à tous les maux. D’un côté, ils favorisent la constitution d’un front islamique hétérogène, avec la Turquie pour fer de lance et l’Arabie Saoudite pour banque. Ce front en forme de “croissant” ( !) aura l’une de ses pointes au Kosovo, c’est-à-dire au cœur de l’Europe byzantine, et l’autre dans la république la plus orientale de l’Asie Centrale ex-soviétique : ainsi, toute éventuelle re­nais­­sance du pôle orthodoxe ou panslave sera prise dans un étau et le monde islamique sera coupé en deux. Pire, en ayant impliqué l’U­nion Européenne dans l’attaque contre la Serbie, les stratèges amé­ricains ont empoisonné tout dialogue futur en vue de créer une zone d’é­change préférentiel entre cette Union Européenne et le grand marché oriental slave et orthodoxe. Or, ce marché est l’unique espoir de voir advenir un développement européen et de sortir l’Eu­rope ex-soviétique du marasme actuel ; le passage de l’aide amé­ricaine à l’aide européenne aurait permis un saut qualitatif ex­ceptionnel.

    L’Europe se trouve donc dans l’impasse. Comment faire pour en sor­tir ? Mystère ! Une Europe forte économiquement, même bien ar­mée, s’avère inutile si elle n’est pas libre et indépendante ; tout au plus peut-elle être le complément subsidiaire préféré d’une autre puis­sance. Toute Europe autonome et puissante est obligatoirement le principal concurrent des États-Unis tant sur le plan économique et com­mercial que sur le plan politique et diplomatique. Notre continent de­vra donc opérer ce choix crucial et historique : ou bien il restera ce volet oriental du Gros-Occident, niant de ce fait sa propre spécificité, diluant progressivement sa propre identité dans une sur-modernité qui la condamnera à demeurer terre de conflits et zone frontalière, li­mes [zone-frontière] face à l’Est et face à l’Islam pour protéger les intérêts et la sur­vie d’une puissance impériale d’au-delà de l’océan ; ou, alors, l’Eu­ro­pe se réveillera et retrouvera une nouvelle dimension, qui est tout à la fois sa dimension la plus ancienne ; elle ramènera son cerveau en son centre et en son cœur, elle rompra les liens de subordination qui l’en­travent et partira de l’avant, redevenant ainsi maîtresse de son destin.

    Ce réveil est le juste choix. Mais est-il possible ? On ne peut malheu­reu­sement rien prédire aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, il reste en Eu­ro­pe une certaine volonté d’agir dans la liberté et l’indépendance.

    ► Marcello De Angelis, Nouvelles de Synergies européennes nº41, 1999.

    (article paru dans Area, juin 1999)

    Note en sus :

    1. Le Choc des civilisations est issu d'un article, The Clash of Civilizations publié à l'été 1993 par la revue Foreign Affairs et inspiré de l'ouvrage de l'historien français Fernand Braudel Grammaire des civilisations (1987). Cet article a permis à Samuel Huntington [1927-2008] d'accéder à la notoriété. Il l'a ensuite développé pour en faire un livre paru en 1996 et traduit en 39 langues (la version française est publiée en 1997 aux éditions Odile Jacob). Le politologue considérait que dans le monde de l'après-Guerre froide, les conflits viendraient moins des frictions idéologiques entre les nations que des différences culturelles et religieuses entre civilisations. La fin des conflits idéologiques n'a pas sonné le glas de l'Histoire. La faillite des grands récits ne produirait nullement une pacification, mais le remplacement des anciens conflits idéologiques entre l'Est et l'Ouest par des affrontements de cultures, comme entre l'islam et le monde occidental. C'est pourquoi il a construit une vision cohérente des nouvelles relations internationales, qui permet de réfléchir aux moyens de réduire les conflits de civilisation. La diplomatie culturelle permettra d'éviter ce choc entre blocs civilisationnels comme auparavant entre chocs des idéologies : en favorisant une solidarité politique et géopolitique entre les différents pays du camp occidental, en incitant le "bloc islamique" à se stabiliser autour d'un pays dominant (il voit volontiers la Turquie jouer ce rôle), de même que le "bloc asiatique" est ou sera dominé à terme par la Chine. Néanmoins, la vision de Huntington est réductrice car d'abord, elle n'explique pas que le Japon, la Chine et l'Inde concilient tradition religieuse et modernité. Ensuite, elle ne tient pas compte de la bipolarité croissante de “l'Occident”, partagé entre l'Europe et les États-Unis. Enfin elle identifie organisation sociale et politique économique au sein d'une entité abstraite définie comme “civilisation”. La liste des huit civilisations établie par Huntington est contestable : elle est marquée par une vision "américaine" du monde. La problématique d'Huntington, même s'il serait injuste de la ramener à l'instrumentalisation qui en est faite, est posée dans un cadre qui n'est pas nôtre. Le véritable enjeu demeure : le travail sur soi de l'Europe. Comment penser les relations internationales aujourd’hui quand on est européen ? Avons-nous des intérêts stratégiques qui peuvent être exprimés différemment de ceux des États-Unis ?     

    http://www.archiveseroe.eu/huntington-a113477142

  • Lucy n'est pas notre ancêtre commun

    Entretien avec Yves Coppens : «En finir avec Lucy».

    Elle n'est ni la plus vieille femme du monde, ni notre ancêtre direct. Le paléontologue, codécouvreur de l'australopithèque africaine en 1974, règle aujourd'hui son compte au mythe Lucy et décrypte le succès mondial de ce petit bout de femme de 1,10 mètre.

    Quarante ans de paléontologie derrière lui avec un terrain de prédilection ­ l'Afrique de l'Est ­ et une maison prestigieuse pour l'abriter ­ le Collège de France ­Yves Coppens, codécouvreur de Lucy, règle aujourd'hui ses comptes avec sa petite australopithèque de 3 millions d'années. Surgie dans le désert de l'Afar en Ethiopie en 1974, appelée ainsi à cause de la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds que les membres de l'expédition écoutaient, Lucy allait devenir une vedette dans le monde entier. Elle fut identifiée comme Australopithecus afarensis; australopithèque car elle fait partie de ces «préhommes» dont on ne sait pas encore lequel est notre ancêtre direct. Afarensis à cause de la région de l'Afar. A l'occasion de la sortie de son dernier livre le Genou de Lucy (1), le plus médiatique des paléontologues, inventeur et défenseur de l'East Side Story qui fixe le berceau de nos origines en Afrique, à l'est de la Rift Valley (2), prend des distances avec son héroïne. Certes, c'est grâce à son genou qu'Yves Coppens et son équipe ont compris que les préhumains pouvaient être à la fois bipèdes et grimpeurs. Mais non, elle n'est pas la plus vieille, «dès qu'on découvre plus vieux que Lucy, je reçois du courrier: ça y est, elle est battue. Mais elle a toujours été battue». Non, elle n'est pas notre grand-mère, comme le soutiennent les Américains. Par-delà ces points qu'il défend depuis un bon moment, Coppens analyse «l'effet» Lucy en dressant un catalogue des chansons, nouvelles, films écrits en son honneur: «L'effet Lucy m'a dépassé quand il s'est développé en fiction, en dessins, bande dessinée, etc., reconnaît-il. Il n'était pas question de suivre, c'était débridé, Lucy me trompait avec tous les poètes de la terre.» Depuis dix ans, il a accumulé les éléments d'un dossier Lucy, symbole de toute cette histoire. La mise au point tombe à pic au moment où, en Afrique du Sud, un magnifique squelette d'australopithèque, plus vieux et plus complet, est en train d'être dégagé. Il pourrait bien voler la vedette à Lucy d'ici peu. Revue de détail par l'auteur.

    Une grande fille «Lucy n'est pas et n'a jamais été comme l'ont trop claironné les médias, la "plus vieille femme du monde, mais le squelette le moins incomplet d'une préhumaine parmi les plus anciennes. Ce livre est une certaine manière d'en finir avec Lucy. C'est un peu méchant, mais Lucy a été "lancée avec suffisamment de vigueur et d'élan pour avoir atteint son autonomie et pour être aujourd'hui tout à fait indépendante. Et j'ai envie de prendre des distances avec tout ça. Elle est installée dans ce rôle de maman de l'humanité et ça lui va bien mais je ne crois pas du tout qu'elle soit une vraie ancêtre de l'homme. J'avais envie d'écrire un ouvrage de science et d'humeur, d'autant plus que les collègues m'agacent, cela va de soi: ils ne disent pas tout à fait les mêmes choses que moi et au fond, j'ai voulu marquer mon territoire, en expliquant des choses en partie nouvelles.»

    Effet de mode «Son nom, Lucy, a beaucoup joué dans sa célébrité. Mais aussi le fait que ce soit une forme ancestrale, petite, un sujet féminin. Il y avait beaucoup d'australopithèques connus, mais c'était la première fois que l'on trouvait 52 ossements ou fragments d'ossements d'un même individu qui permettaient de tout replacer dans un seul personnage et d'étudier les articulations, notamment la manière dont l'articulation du genou s'accordait avec celle du coude, c'était un ensemble. Quand elle a été reconstituée par deux Suisses qui se sont pris en photo à côté d'elle, ça a beaucoup frappé les esprits parce que 1,10 mètre, ce n'est pas haut. Tout ça était attendrissant, inquiétant, émouvant. Mais il y avait déjà depuis longtemps un intérêt public, presque de mode, pour l'ancienneté de l'homme peut-être dû à une certaine désaffection religieuse ou plutôt une désaffection des croyances de charbonnier. Si les mythes et les religions ne répondent plus aux questions ­ qui est-on, d'où vient-on et où va-t-on?­ il fallait que quelqu'un d'autre y réponde. Et les malheureux scientifiques pas du tout préparés, se sont trouvés projetés dans la peau de prêtres. Je grossis le trait bien sûr. Aujourd'hui, cette origine animale de l'homme rassure. C'est amusant, je raconte toujours que ma grand-mère disait: "Si toi tu descends du singe, moi sûrement pas. C'est une sacrée évolution: cette génération a franchi le pas: elle n'est pas exceptionnelle dans l'histoire de l'univers et donc elle se raccroche à l'histoire de la terre, des étoiles, de la matière.»

    Les Américains «Lucy est partie comme une fusée. L'Amérique a joué un rôle important et notamment National Geographic. Le vieux Louis Leakey (paléontologue britannique, "maître de Coppens) avait accepté de raconter régulièrement dans cette revue l'histoire de ses prospections, de sa recherche. Et la revue a été fidèle à cette tradition. Dans les années 60, la vieille Europe n'était pas encore mûre pour médiatiser la paléontologie. Les savants interrogés étaient réticents, gênés vis-à-vis des pairs, ils freinaient. Lorsque j'ai donné ma première conférence de presse en 1963, la critique était sourde et un grand patron de la géologie a dit: "Il se prend pour de Gaulle, il donne une conférence de presse. Mais j'ai choisi d'y aller: quand la presse m'appelle je suis là et du coup tout m'arrive.»

    Une autre voie «Entre 1974 et 1978, année où on a publié son baptême Australopithecus afarensis, j'ai marché avec les Américains. On considérait sa filiation comme allant directement à l'homme. Mais je n'étais pas très convaincu: Lucy me paraissait suffisamment différente de l'homme pour représenter une autre voie qui n'était pas la nôtre. D'autant plus que les premiers hommes que je mets à 3 millions d'années sont quasiment contemporains de Lucy dans deux modes de vie bien différents. L'un est debout, ne grimpe plus et chasse; l'autre marche, grimpe, mange des fruits, des légumes et un peu de gibier. Avant 1983, pour la démarquer, j'avais appelé Lucy "pré-australopithecus, mais je ne suis pas sûr que ce soit un genre à part. J'ai été suivi par quelques collègues. Don Johanson (l'un des codécouvreurs, américain) pense désormais que Lucy marchait et grimpait alors que pendant longtemps, il a défendu l'idée qu'elle ne grimpait pas et il aimerait que Lucy soit l'ancêtre de l'homme.»

    Complexe et syndrome «Lucy a prêté son nom à beaucoup de choses, notamment à un complexe et à un syndrome. Un professeur de psychologie clinique et pathologique de l'université de Reims m'a écrit en 1992: "Il existe un transfert phylogénique qui nous renvoie à chaque naissance au monde originaire des tout premiers hominidés. Selon lui, chacun de nous dans son enfance passe par une étape où il n'est conscient ni du passé ni du futur et ceci jusqu'à 3 ans. On peut retrouver ce passage chez des adultes malades, chez certains schizophrènes désorientés dans l'espace et le temps qui ressentiraient une espèce de rappel de ce que pouvait ressentir le préhumain de ces années-là, de 3 millions d'années. Un prof de la fac de médecine de Bobigny a quant à lui décrit le syndrome de Lucy. On est debout sur nos pattes de derrière et on s'est redressé très vite, trop vite disent les médecins du sport, au point que l'on a les muscles des cuisses trop courts. Du coup, lorsque l'on fait un sprint, on est presque obligé de se mettre à 4 pattes pour replacer le muscle ischio-jambien en position de quadrupédie. Moyennant quoi, on peut démarrer vite. Le malheureux footballeur est appelé à se mettre en position anormale pour courir très vite un temps très court, ce qui entraîne souvent chez lui des problèmes de claquage notamment.»

    Etait-elle un homme?

    «Un chercheur de Zurich a défendu la thèse que Lucy était un homme. Pour des raisons anatomiques, avec les personnes de mon équipe, nous sommes presque sûrs que le bassin de Lucy ne peut être masculin. Mais nous ne disposons, parmi tous les restes d'australopithèques retrouvés, que de deux bassins totalement reconstituables: l'un est celui de Lucy, l'autre a été trouvé en Afrique du Sud. Ces deux bassins se ressemblent beaucoup et ça peut vouloir dire qu'il s'agit deux bassins féminins. Mais nous ne connaissons pas le bassin masculin. Scientifiquement, on est obligé de poser la question: va-t-on trouver des bassins masculins différents? Ou bien tous les bassins d'australopithèques ressemblent-ils à des bassins de femelles d'aujourd'hui?»

    Le milieu «Le rôle du milieu me semble prépondérant. Au point que je me demande s'il n'intervient pas sur les gènes: il finirait par orienter le modelage des êtres, leur adaptation qui me paraît toujours bien réussie. Dans le terrain sud-éthiopien que j'ai fouillé pendant dix ans, une centaine d'espèces se sont transformées dans le sens du milieu qui devenait plus aride: cinq lignées de cochons, indépendamment les unes des autres, ont développé les tubercules de leurs molaires, plusieurs lignées d'éléphants ont augmenté le fût de leurs molaires, tout ça parce que quand on mange des feuilles, on use moins ses dents que quand on mange de l'herbe. Les chevaux ont vu se développer leur "digitigradie, c'est-à-dire que courant sur un seul doigt, ils se sont mis à courir plus vite, un certain nombre d'espèces d'antilopes aussi parce que dans un terrain plus découvert, on est plus vulnérable. Il n'y avait plus d'arbre: les rongeurs arboricoles sont devenus des rongeurs fouisseurs. Un des australopithèques, sans doute Lucy, a développé une denture lui permettant de manger des graines et des fruits durs auxquels elle n'avait pas accès avant. Une autre espèce d'australopithèque a donné naissance à l'homme, c'est-à-dire à un personnage qui utilisait la réflexion ­ on peut déjà le dire ­ et qui s'en tirait en mangeant des végétaux et de la viande: une alimentation omnivore.»

    Le concurrent: «Australopithecus anamensis»

    «C'est un peu celui qu'on attendait. Découvert au Kenya, il a 4 millions d'années. Et je pense que l'on en a trouvé des traces à côté de Lucy dans l'Afar. Dans le matériel recueilli là-bas, il y a un coude archaïque, celui qui correspond à l'espèce de Lucy et un coude très moderne, on dirait un bonhomme actuel, puis deux types de genou, une forme ancienne et une forme moderne, même chose pour une vertèbre. Meave Leakey, paléontologue, a publié en 1995 son article sur Australopithecus anamensis (3) de Kanapoï, à 145 kilomètres du lac Turkana, au Kenya et je pense qu'il s'agit du même australopithèque que celui de l'Afar. Il était exclusivement bipède, il y a 4 millions d'années, c'est sûrement le plus proche de l'homme. Quand on se pose la question: Quel australopithèque pour quel homme? On a sans doute la réponse pour la première partie, aujourd'hui c'est, je pense anamensis. Cela dit, les choses vont encore évoluer, certaines de mes déclarations vont être amendées voire rectifiées mais je vous garantis qu'en l'état actuel des connaissances, je propose un scénario cohérent, ce qui ne veut pas dire juste.».

    (1) Le Genou de Lucy, Odile Jacob, 1999, 250 pp., 139 F.

    (2)La Rift Valley est un fossé d'effondrement qui coupe l'Afrique du nord au sud dans sa partie équatoriale. Selon Yves Coppens, cette coupure divisa nos ancêtre, ceux de l'ouest vécurent dans les forêts et engendrèrent les chimpanzés. Ceux de l'est, en savane, s'humanisèrent jusqu'à l'homme.

    (3) Anamensis du mot Turkana anam qui signifie lac.

    BRIET Sylvie

    http://www.liberation.fr/sciences/1999/02/02/entretien-avec-yves-coppens-en-finir-avec-lucy-elle-n-est-ni-la-plus-vieille-femme-du-monde-ni-notre_263861

    http://www.europe-identite.com/index.php/Actualite/A-lire/Lucy-n-est-pas-notre-ancetre-commun.html?mosmsg=Merci+d%60avoir+vot%E9.+Pour+voir+les+r%E9sultats%2C+cliquez+sur+le+bouton+R%E9sultats

  • Ecole : mauvais résultats ? Supprimons les notes

    Alors que le ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem visitait il y a 15 jours un collège du Gers ayant remplacé la note pour les points verts et rouges, le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, a proposé de supprimer les notes.

    Un document de 11 pages préconise l'abandon des moyennes, ces «calculs artificiels»,et suggère la mise en place d'une nouvelle échelle comportant quatre à six «niveaux de maîtrise». La note chiffrée deviendrait un élément d'évaluation parmi d'autres. Elle serait «indicative», et non «perçue exclusivement comme un moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves».

    Le Snalc, syndicat d'enseignants, défend la traditionnelle notation et dénonce «une démarche purement démagogique». «Focaliser l'attention du public sur l'évaluation permet d'évacuer les vraies difficultés, liées aux apprentissages», poursuit le syndicat, qui pointe «le mythe du collège unique» et «l'illusion d'un succès uniforme».

    Michel Janva