culture et histoire - Page 1449
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Conférence de G. Feltin-Tracol (Nord): En liberté surveillée (17/01/15)
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La technologie est une force sociale plus forte que le désir de liberté
Il n’est pas possible de réaliser un compromis DURABLE entre technologie et liberté, car la technologie est de loin la force sociale la plus puissante et empiète continuellement sur la liberté de compromis SUCCESSIFS en compromis SUCCESSIFS. Imaginons le cas de 2 voisins, chacun possédant la même superficie de terrain; mais l’un d’entre eux étant plus fort que l’autre. Le fort demande à l’autre une partie de son terrain. Le faible refuse. Le fort dit : «Ok, faisons un arrangement. Donne moi la moitié de ce que je t’ai demandé». Le faible n’a pas d’autre choix que d’obtempérer. Un peu plus tard, le fort réitère sa demande, de nouveau il y a arrangement, et ainsi de suite. Par cette longue série d’arrangements, le fort finira probablement par se rendre maître de tout le terrain de l’autre. Il en va ainsi du conflit entre technologie et liberté.
Expliquons maintenant pourquoi la technologie est une force sociale plus forte que le désir de liberté.
Une avancée technologique qui apparaît à première vue comme ne présentant pas de danger pour la liberté se révèle souvent très menaçante au bout d’un certain temps. Par exemple, considérons les transports. Un homme à pied pouvait pratiquement aller où bon lui semblait, à son rythme sans s’occuper des règles du code de la route et était indépendant des structures technologiques. Quand les véhicules à moteurs sont apparus, ils semblaient devoir donner plus de liberté à l’homme. Ils n’empiétaient pas sur la liberté du piéton, personne n’avait d’automobile s’il n’en voulait pas, et celui qui choisissait de posséder une automobile pouvait voyager beaucoup plus vite qu’un homme à pied. Mais l’introduction de ces engins a rapidement changé la société de telle façon que la liberté de se déplacer s’en est trouvée restreinte. Quand les auto- mobiles deviennent trop nombreuses, il devient nécessaire de réglementer leur usage. Dans une voiture, tout spécialement dans les zones fortement peuplées, personne ne peut se déplacer à son rythme, le mouvement est dicté par celui du flot et par les règles du code de la route. De surcroît, l’utilisation d’un moyen de transport motorisé n’es t plus simplement optionnel. Depuis l’introduction de ces engins, la conformation de nos villes a tellement changé que la plupart des gens ne peuvent plus vivre sans avoir à se déplacer sur de longues distances entre leur domicile et leur travail, les centres commerciaux, et autres, ce qui fait qu’ils DÉPENDENT de l’automobile pour le transport. Ou bien ils utilisent les transports publics, auquel cas ils ont encore plus perdu quant à leur liberté de déplacement qu’en prenant la voiture. Même la liberté du piéton a été considérablement restreinte. En ville, il est continuellement obligé de s’arrêter aux stops et aux feux qui servent principalement à gérer le trafic automobile. A la campagne le trafic rend la marche extrêmement dangereuse et déplaisante le long des grands-routes (Notez le point important que nous avons illustré avec le cas du transport motorisé : quand un nouvel artefact technologique est introduit en tant qu’option qu’un individu peut refuser ou accepter, il ne RESTE pas souvent optionnel. Dans la majorité des cas, la nouvelle technologie change la société de telle façon que les gens se trouvent CONTRAINTS de l’utiliser).
Alors que le progrès technologique DANS SON ENSEMBLE réduit continuellement notre sphère de liberté, chaque nouvelle avancée technologique CONSIDÉRÉE SEULE apparaît sous un jour favorable. L’électricité, l’eau courante, les communications à longue distance... Comment pourrait-on protester contre ces choses ou contre n’importe quelles autres avancées parmi les innombrables qui ont été faites dans la société moderne ? Il aurait été absurde de s’opposer au téléphone par exemple. Toutes ces avancées technologiques prises ensemble ont créé un monde où le destin de l’individu moyen n’est plus entre ses mains, ou entre celles de ses voisins ou amis, mais dans celles des politiciens, des dirigeants de trusts, et d’inaccessibles et anonymes techniciens et bureaucrates sur lesquels il n’a aucun pouvoir. Le même processus se poursuivra dans le futur. Prenons l’ingénierie génétique par exemple. Peu de gens résisteront aux techniques génétiques qui élimeront les maladies héréditaires. Elles ne présentent pas d’inconvénient apparent, et empêchent la souffrance. Il est pourtant évident qu’une bonne partie des travaux en génétique transformeront l’homme en un produit manufacturé au lieu qu’il demeure une création du hasard (ou de Dieu, ou ce que vous voulez, suivant vos convictions).
Une autre raison pour laquelle la technologie est une force sociale si puissante vient du fait que, dans une société donnée, le progrès technologique avance uniquement dans une seule direction; il ne peut être arrêté. Une fois qu’un artefact a été introduit, les gens deviennent généralement dépendants de lui, jusqu’à ce qu’il soit remplacé par un artefact plus récent. Ce ne sont pas les individus qui deviennent dépendants, mais le système tout entier (Imaginons ce qui arriverait à l’heure actuelle si les ordinateurs disparaissaient). Ainsi le système ne peut avancer que dans une seule direction, vers toujours plus de progrès technique. La technologie force continuellement la liberté à reculer — sauf destruction complète du système technologique tout entier.
La technologie avance à grande vitesse et menace la liberté de tous côtés à la fois (surpopulation, lois et réglementations, sur-dépendance de l’individu vis-à-vis des grandes organisations, propagande et autres techniques psychologiques, manipulations génétiques, violation de la vie privée par les systèmes de surveillance et les ordinateurs, etc.). Résister à CHACUN de ces dangers requérrerait une longue lutte sociale différente. Ceux qui veulent protéger la liberté sont submergés par l’incroyable nombre de nouvelles attaques et la vitesse à laquelle elles se propagent, ce qui les rend dérisoires et les accule à la reddition. Combattre chacun de ces dangers séparément serait futile. Un succès ne peut être espéré qu’en combat- tant le système technologique dans son ensemble; mais ceci est une révolution et pas une réforme.
Les techniciens (nous prenons ce terme au sens large de ceux qui exercent une activité spécialisée requérant des études) ont tendance à être tellement impliqués dans leur travail (leur activité compensatrice) que quand un conflit advient entre leur travail technique et leur liberté, ils tranchent presque toujours en faveur de leur travail technique. Ceci est évident pour les scientifiques; mais cela est visible partout : les éducateurs, les groupes humanitaires, et autres, n’hésitent pas à faire usage de propagande et d’autres techniques psychologiques pour leur permettre de réaliser leurs buts haute- ment louables. Les firmes, et les agences gouvernementales, quand cela leur parait utile, n’hésitent pas non plus à collecter des renseignements sur les individus sans respect de leur vie privée. Ceux chargés de faire respecter la loi sont souvent ennuyés par les droits constitutionnels des suspects — souvent totalement innocents — et font tout ce qui est légalement en leur pouvoir (voire illégalement) pour contourner ou ignorer ces droits. La plupart de ces éducateurs, de ces fonctionnaires et de ces représentants de la loi croient en la liberté, le respect de la vie privée et les droits constitutionnels, mais quand ceux-ci entrent en conflit avec leur travail, ils estiment en général que ce dernier est plus important.
Il est bien connu que les gens travaillent mieux quand ils en espèrent une récompense, que quand ils cherchent à éviter un châtiment, ou quelque chose de négatif. Les scientifiques et autres techniciens sont principalement motivés par les bénéfices qu’ils peuvent retirer de leur travail. Mais ceux qui s’opposent aux atteintes de la technologie contre la liberté travaillent pour éviter quelque chose de négatif; en conséquence peu de gens travaillent assidûment à cette tâche décourageante. Même si les réformistes arrivent à poser un jalon contre la dégradation à venir de la liberté face à la technologie, la plupart relâcheront leur attention et se consacreront à des activités plus agréables. Mais les scientifiques resteront actifs dans leurs laboratoires, et la technologie et ses progrès repartiront de plus belle, en dépit des barrières, pour exercer de plus en plus de contrôle sur les individus et les rendre encore plus dépendants du système.
Ni les accords sociaux, ni les lois, les institutions, les coutumes ou l’éthique ne peuvent fournir une protection durable contre la technologie. L’histoire montre que tous les accords sociaux sont transitoires; ils évoluent ou disparaissent parfois. Mais les avancées de la technologie sont permanentes au sein d’une société donnée. Supposons par exemple qu’il soit possible d’arriver à un accord social pour empêcher les manipulations génétiques sur l’homme ou éviter qu’elles ne soient utilisées pour des fins qui attentent à sa liberté et à sa dignité. Mais la technologie attendra son heure. Plus ou moins rapidement, l’accord social tombera en désuétude. Probablement assez rapidement, étant donné l’allure du changement dans cette société. Alors les manipulations génétiques commenceront à mettre à bas notre sphère de liberté et ce fait sera irréversible (à moins d’un effondrement de la société technicienne elle-même). Toutes les illusions concernant un accord permanent doivent être dissipées, il suffit de voir ce qui arrive actuellement à la législation anti-pollution. Il y a quelques années, on aurait pu croire que des mesures légales parviendraient à empêcher les pires abus en matière de dégradation de l’environnement. Un changement politique, et ces mesures commencent déjà à tomber en désuétude.
Pour toutes les raisons susdites, la technologie est une force sociale bien plus puissante que l’aspiration à la liberté. Mais des réserves doivent être faites quant à ce constat. Il apparaît que dans les prochaines décades, le système techno-industriel sera agité par de violents remous dus aux problèmes sociaux et environnementaux, et spécialement ceux dus au mal être humain (aliénation, rébellion, hostilité, un certain nombre de difficultés psychologiques et sociales). Nous espérons que ces remous que le système ne manquera pas de supporter le feront s’effondrer, ou au moins l’affaibliront suffisamment pour qu’une révolution éclate et soit victorieuse, et à ce moment là, l’aspiration à la liberté aura prouvé qu’elle est plus forte que la technologie.
Nous avons utilisé l’analogie d’un voisin faible dépouillé par un voisin fort qui lui prend sa terre en le forçant à une série de compromis. Mais supposons maintenant que le fort tombe malade, de façon à ce qu’il soit incapable de se défendre. Le faible peut le forcer à lui restituer ses terres ou même le tuer. S’il laisse le fort survivre, et se contente de récupérer la terre, c’est un idiot, car le fort, dès qu’il sera guéri la lui reprendra. La seule alternative raisonnable pour le faible est de tuer le fort, s’il en a l’opportunité. De la même façon, si le système industriel s’affaiblit, nous devons en profiter pour le détruire. Si nous ne le faisons pas et lui laissons le temps de se remettre, il nous dépouillera définitivement de toute liberté.
Theodore Kaczynski; La société industrielle et son avenir
http://www.oragesdacier.info/2014/12/la-technologie-est-une-force-sociale.html
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Hotel Stella - Les Amis du Vent
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Reportage : Charlemagne
Partie 1 :
Partie 2 :
Partie 3 :
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La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon
Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin ». Une vision du monde et même une philosophie se déduisent implicitement de ses poèmes. Héraclite en a résumé le socle cosmique par une formulation bien à lui : « L’univers, le même pour tous les êtres, n’a été créé par aucun dieu ni par aucun homme ; mais il a toujours été, est et sera feu éternellement vivant… »
1. La nature comme socle
Chez Homère, la perception d’un cosmos incréé et ordonné s’accompagne d’une vision enchantée portée par les anciens mythes. Les mythes ne sont pas une croyance, mais la manifestation du divin dans le monde. Les forêts, les roches, les bêtes sauvages ont une âme que protège Artémis (Diane pour les Romains). La nature tout entière se confond avec le sacré, et les hommes n’en sont pas isolés. Mais elle n’est pas destinée à satisfaire leurs caprices. En elle, dans son immanence, ici et maintenant, ils trouvent en revanche des réponses à leurs angoisses : « Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146). Tourne la roue des saisons et de la vie, chacun transmettant quelque chose de lui-même à ceux qui vont suivre, assuré ainsi d’être une parcelle d’éternité. Certitude affermie par la conscience du souvenir à laisser dans la mémoire du futur, ce que dit Hélène dans l’Iliade : «Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (VI, 357-358). Peut-être, mais la gloire d’un noble nom s’efface comme le reste. Ce qui ne passe pas est intérieur, face à soi-même, dans la vérité de la conscience : avoir vécu noblement, sans bassesse, avoir pu se maintenir en accord avec le modèle que l’on s’est fixé.
2. L’excellence comme but
A l’image des héros, les hommes véritables, nobles et accomplis (kalos agatos), cherchent dans le courage de l’action la mesure de leur excellence (arétê), comme les femmes cherchent dans l’amour ou le don de soi la lumière qui les fait exister. Aux uns et aux autres, importe seulement ce qui est beau et fort. « Etre toujours le meilleur, recommande Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208). Quand Pénélope se tourmente à la pensée que son fils Télémaque pourrait être tué par les “prétendants” (usurpateurs), ce qu’elle redoute c’est qu’il meurt « sans gloire », avant d’avoir accompli ce qui ferait de lui un héros à l’égal de son père (Odyssée, IV, 728). Elle sait que les hommes ne doivent rien attendre des dieux et n’espérer d’autre ressource que d’eux-mêmes, ainsi que le dit Hector en rejetant un présage funeste : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie » (Iliade, XII, 243). Lors du combat final de l’Iliade, comprenant qu’il est condamné par les dieux ou le destin, Hector s’arrache au désespoir par un sursaut d’héroïsme tragique : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne aux hommes à venir » (XXII, 304-305).
3. La beauté comme horizon
L’Iliade commence par la colère d’Achille et se termine par son apaisement face à la douleur de Priam. Les héros d’Homère ne sont pas des modèles de perfection. Ils sont sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité. Pour cette raison, ils tombent sous le coup d’une loi immanente qui est le ressort des mythes grecs et de la tragédie. Toute faute comporte châtiment, celle d’Agamemnon comme celle d’Achille. Mais l’innocent peut lui aussi être soudain frappé par le sort, comme Hector et tant d’autres, car nul n’est à l’abri du tragique destin. Cette vision de la vie est étrangère à l’idée d’une justice transcendantale punissant le mal ou le péché. Chez Homère, ni le plaisir, ni le goût de la force, ni la sexualité ne sont jamais assimilés au mal. Hélène n’est pas coupable de la guerre voulue par les dieux (Iliade, III, 161-175). Seuls les dieux sont coupables des fatalités qui s’abattent sur les hommes. Les vertus chantées par Homère ne sont pas morales mais esthétiques. Il croit à l’unité de l’être humain que qualifient son style et ses actes. Les hommes se définissent donc au regard du beau et du laid, du noble et du vil, non du bien ou du mal. Ou, pour dire les choses autrement, l’effort vers la beauté est la condition du bien. Mais la beauté n’est rien sans loyauté ni vaillance. Ainsi Pâris ne peut être vraiment beau puisqu’il est couard. Ce n’est qu’un bellâtre que méprise son frère Hector et même Hellène qu’il a séduite par magie. En revanche, Nestor, en dépit de son âge, conserve la beauté de son courage. Une vie belle, but ultime du meilleur de la philosophie grecque, dont Homère fut l’expression primordiale, suppose le culte de la nature, le respect de la pudeur (Nausicaa ou Pénélope), la bienveillance du fort pour le faible (sauf dans les combats), le mépris pour la bassesse et la laideur, l’admiration pour le héros malheureux. Si l’observation de la nature apprend aux Grecs à mesurer leurs passions, à borner leurs désirs, l’idée qu’ils se font de la sagesse avant Platon est sans fadeur. Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur, instinct et raison. Héraclite s’était mis à l’école d’Homère quand il a dit : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie. »
Dominique Venner
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Néo-nationalisme et “Neue Rechte” en RFA de 1946 à 1988
Lecture critique de : Margret FEIT, Die “Neue Rechte” in der Bundesrepublik : Organisation – Ideologie – Strategie, Campus, Frankfurt a.M., 1987, 242 p.
Placer la “Nouvelle Droite” allemande sous la loupe n'est pas une chose aisée ; d'abord parce que le terme n'est ni utilisé ni revendiqué par les hommes et les regroupements que les journalistes rangent arbitrairement sous cette étiquette. En effet, le vocable “Neue Rechte” est une création de journalistes, une paresseuse commodité de vocabulaire qui désigne les tentatives d'innovation idéologique et pratique qui sont survenues dans le camp “nationaliste” en RFA. Récemment, Margret Feit a tenté de mener une enquête dans ce landernau et il en est sorti un livre, épais de 244 pages qui foisonnent d'informations utiles mais aussi, hélas, de commentaires incongrus et de simplifications abusives.
La raison de ces déraillements est simple : M. Feit est une militante anti-fasciste professionnelle, une de ces Don Quichotte qui, 40 ans après l'effondrement spectaculaire du Reich de Hitler, passe son temps à harceler des fantômes de plus en plus poussiéreux. Mais la variante de son donquichottisme diverge un peu de celle de ses collègues francophones de la bande à Article 31 (Paris) ou à Celsius (Bruxelles) ; ceux-ci s'emmêlent les pinceaux, fabriquent des complots rocambolesques où l'on voit, par ex., le Ministre de la Justice belge Jean Gol, libéral et israëlite, planifier, dans un arrière-restaurant bruxellois, l'émergence d'un gigantesque réseau para-militaire avec l'ancien chef du mouvement Jeune Europe, Jean Thiriart, et un représentant du Président zaïrois, Mobutu Sese Seko ! M. Feit ne pousse pas la plaisanterie aussi loin.
Pourquoi lire ce livre ?
Si les gugusses d'Article 31, de Celsius, leur copain flamand qui sévit au Morgen et le non moins inénarrable Maurice Sarfatti, alias Serge Dumont, plumitif au Vif / L'Express dont les collègues se gaussent en privé en disant, poliment, “Il est resté un grand adolescent…”, relèvent tous de la fantaisie charmante, de l'incurable gaminerie des fils à papa des Golden Sixties, M. Feit effectue un travail plus sérieux ; elle est de la variante masochiste, celle qui traque (mal) ses propres fantasmes mais collectionne quand même les documents authentiques afin de dénoncer, croit-elle, un véritable réseau, perclus de méchanceté et prêt à se jeter sur la pauvre démocratie comme le loup de la fable sur l'agneau tendrelet. Mais Dame Feit est archiviste, elle cite ses sources et c'est pourquoi son livre vaut une note, même s'il ne contient pas d'index et si le canevas des chapitres qui se veulent une analyse du contenu intellectuel de la “Neue Rechte” est purement et simplement repris d'un livre utile et bien fait, paru en 1975 (il y a 14 ans !) et dû à la plume de Günter Bartsch (1).
Il vaut plus d'une note si on le débarrasse de ses fantasmes, certes traqués, mais qui reviennent à chaque paragraphe au grand galop, pour être sans cesse repoussés par l'énergie terrible que déploie le désir quasi névrotique de M. Feit d'acquérir tout de même un brin de respectabilité scientifique. Considérons donc que ce livre à une certaine valeur, qui demeure cachée derrière des broussailles de fantasmes, et qu'il faut savoir le lire avec l'adresse d'un défricheur professionnel.
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"La Rebelion Cachée", clips vidéo ont été filmés sur le terrain pendant le tournage
Ces clips vidéo ont été filmés sur le terrain pendant le tournage de La Rébellion Cachée.
Cette production aux valeurs traditionnelles Françaises veut montrer à la France et surtout au monde que la Révolution Française est coupable d’un génocide en Vendée contre les Chrétiens.
Avec de tout petits moyens mais des volontaires et des petits donateurs convaincus en France comme en Amérique, nous en sommes à 80% de la production. Et cette production promet d’être de haute qualité.
Pendant le tournage, ces deux clips montrent le détail de la réflexion de dernière minute entre producteur et directeur. Nous sommes tous Catholiques et convaincus de notre rôle à jouer dans l’industrie du film.
Dans cet échange, le producteur Daniel Rabourdin, rappelle l’histoire à suivre. De nouvelles opportunités sur le terrain comme de nouveaux obstacles réclament d’adapter le script jusqu’au dernier moment. Le cœur de « l’histoire » doit être maintenu pour que le docudrame final ait une homogénéité de message.
Le directeur de la photographie,Jim Morlino, essai de son cote de comprendre ce qui sera placé visuellement avant et après dans le montage. Il faut une certaine continuité visuelle et on ne filmera pas à nouveau dans ce lieu donc il faut capturer ce que l’on peut ce jour-là.
L’actrice Clémentine Stepanoff comprend sa place mais sait injecter avec tact l’observation qui a échappé aux deux hommes. Dans le domaine, chacun peut s’il en a les aptitudes naturelles apprendre le métier des autres et les remplacer peu ou prou.
Pensez à la production en cette fin d’Avent. Ce docudrame dépend de vos donations. Devenez partie prenante d’une production internationale qui porte haut les couleurs de la France. Vous pouvez être dans le générique ou vous entretenir avec le producteur en allant sur : Soutien à la Rébellion Cachée.com
Daniel Rabourdin, MA
Tel : 205 370 3542
The Hidden Rebellion docudrama
Theology Of The Table on EWTN
http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-Rebelion-Cachee-clips-video-ont
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27 décembre 1585 : mort de Pierre de Ronsard,
premier poète moderne et patriote fervent.
Il meurt dans son prieuré de saint Cosme (près de Tours). Ce parent de Bayard et de la reine Elizabeth d’Angleterre était né au château de la Possonnière dans la paroisse de Couture-sur-Loir en 1524. Devenu sourd très jeune et donc privé de carrière militaire, il se consacra alors à la littérature. Fondateur du groupe de la Pléiade avec Joachim du Bellay, il a renouvelé l’inspiration et la forme de la poésie française (Odes,Amours, Hymnes, etc.)
Les Italiens le mettent au-dessus de leurs plus grands poètes ; dans l’Europe entière, il est lu et admiré. Lorsqu’il traverse Paris, la jeunesse l’acclame et les étudiants touchent sa robe pour devenir poètes. Ses seuls adversaires seront les protestants. En 1562, Ronsard, expert à l’escrime et à l’équitation, devait réunir une bande de garçons pour massacrer des Réformés qui venaient de saccager des œuvres d’art. Et ce bien qu’il fut « initié » (cf livres d’Alain Pascal).Voici de ses vers qui n’ont rien perdu de leur actualité :
Des Turcs, des Mammeluks, des Perses, des Tartares ;
Bref, par tout l’univers tant craint et redouté,
Faut-il que par les siens luy-mesme soit donté ?
France, de ton malheur tu es cause en partie ;
Je t’en ay par mes vers mille fois advertie :
Tu es marastre aux tiens et mere aux estrangers,
Qui se mocquent de toy quand tu es aux dangers,
Car sans aucun travail les estrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent.in Discours à Guillaume des-Autels, Œuvres complètes de Ronsard, éd. La Pléiade, tome II, p.568.
Pour retrouver nombre de ses poèmes, cliquez ici.
Ci-dessous, une intéressante critique littéraire – avec superbes citations – parue dans La Muse française en 1924, sous la plume de Gustave Cohen, sur le thème Ronsard, poète de la patrie.
« Un Ronsardisant de qualité, M. H. Vaganay, a publié naguère, dans la Revue d’Histoire littéraire de la France de 1920, ce qu’il a appelé l’Acte de Naissance du mot « patrie ». Qu’on ne croie pas qu’il soit aussi ancien que notre pays. Le premier emploi est de 1539, encore ne figure-t-il que dans une traduction du Songe de Scipion, où il est signalé comme un hardi néologisme : « Et pourquoy globe ne sera aussi bien reçu que la patrie ? de laquelle diction je voy aujourd’huy plusieurs usurper. »
De fait, il faut attendre le XVIe siècle, et en particulier le règne de François Ier, pour voir la France, enfin échappée intacte et comme par miracle aux luttes intérieures et extérieures, prendre conscience de son unité et de sa puissance, qu’elle va porter au delà des monts. Là se réchauffe et s’épanouit, au soleil de la pensée italienne et de la pensée romaine qu’elle reflète, notre sentiment national. C’est en effet un phénomène singulier que l’Antiquité, ressuscitée non dans sa lettre, qui était connue au moyen âge, mais dans son esprit, qui y était souvent ignoré, a servi à accroître en nous l’amour de la patrie, de la petite, qui est le lieu de notre naissance, et de la grande, qui est le lieu de notre pensée.
Si un Pierre de Ronsard entonne la louange du Vendômois, s’il célèbre la forêt de Gastine, au pied de laquelle il est né, et « ses antres secrets, de frayeur tout couverts », ou la fontaine Bellerie, que les habitants du hameau de Vauméan-lez-Couture appellent la fontaine de la Belle Iris ; s’il fait, dans l’Isle Verte, au confluent du Loir et de la Braie, Élection de son sépulcre, c’est uniquement parce que Virgile a célébré Mantoue en Cisalpine, Horace, Venouse en Apulie. De ses deux premiers maîtres de poésie, il a retenu la leçon, et « l’argentine fonteine vive » ne sera plus aperçue par lui qu’à travers le cristal du Fons Bandusiae.
Mais Ronsard a un autre maître qu’il ne cite que rarement, à qui il ne rend, et encore par occasion, qu’un hommage dédaigneux, sans qui pourtant il n’existerait point, car il lui doit son métier, sa science du rythme et des rimes, je veux dire Clément Marot. Or celui-ci, avant de mourir et pour son chant du cygne, après avoir beaucoup raillé, d’une satire qui va loin parfois, et loué Dieu, d’une louange qui monte haut souvent, avait, éternel précurseur incapable de porter son art à sa perfection, entonné, mais un peu gauchement, le péan de la bataille de Cérisoles (14 avril 1544). Ronsard ramasse la lyre tombée des mains du chantre expirant, et exalte, à son tour, François de Bourbon, le jeune héros dont la victoire attendait
la main parfaite
D’un ouvrier ingenieus
Par qui elle seroit faite
Jusques au comble de son mieus.C’est la première en date, sans doute, des Odes pindariques de Ronsard, ces odes, si magnifiquement grandiloquentes et si oubliées, où il loue la race des Valois. Mais, en même temps, avant de publier, en 1550, le fameux recueil, si impatiemment attendu par la jeunesse de Coqueret et les lecteurs de la Deffence(avril 1549), il donne, dans l’année même où celle-ci parut, et en une forme moins compliquée que la triade, une pièce à rimes plates, sans alternances, intitulée l’Hymne de France.
Il nous plaît de voir le premier de nos poètes modernes entrer dans la vie littéraire, en publiant la louange du pays qu’il devait illustrer ; cependant, la pièce ne répond ni à notre attente, ni à la promesse du début :
Le Grec vanteur la Grece vantera,
Et l’Espaignol l’Espaigne chantera,
L’Italien les Itales fertiles,
Mais moy, Françoys, la France aux belles villes,
Et son sainct nom, dont le crieur nous sommes,
Ferons voler par les bouches des hommes.À la bonne heure ! mais, après, on tombera sur des platitudes dans le genre de celle-ci :
Quoy ? nostre France, heureusement fertile,
Donne à ses filz ce qui leur est utile.
Le fer, l’airain, deux metaulx compaignons,
Ce sont les biens de ses riches roignons,heureusement suivies de meilleures louanges à l’honneur de nos femmes, de nos peintres, de nos « vainqueurs de laurier couronnéz », lesquelles se terminent par cette apostrophe :
Je te salue, ô terre plantureuse,
Heureuse en peuple et en princes heureuse.Plus préoccupé de ses amours pour Cassandre ou pour Marie, et, davantage encore, en véritable artiste, des modes les plus propres à les honorer, Pierre de Ronsard, dans la période qui va de la publication des Odes, en avril 1550, à celle des Hymnes, en 1555-1556, semble négliger le dessein qu’il avait manifesté de célébrer, lui premier, « le loz » ou la louange de sa patrie. Pourtant le titre seul aurait dû déjà le lui remettre en mémoire, mais les deux livres des Hymnes sont plutôt consacrés à ces larges thèmes philosophiques qui prennent alors pied dans notre poésie. Il y use aussi de l’alexandrin à l’égard duquel il avait, jusqu’à 1555, partagé les préjugés de ses prédécesseurs et de ses émules. Chose déconcertante, les poètes trouvaient ce mètre, peut-être parce qu’il était long, trop voisin de la prose. Ronsard, épris en même temps de Marie et de la simplicité, sans qu’on puisse démêler exactement, dans ce cœur et ce cerveau d’écrivain, laquelle des deux passions a précédé l’autre, s’est avisé de le reprendre et, prodigieux musicien comme il l’était, il en a mesuré d’un coup d’oreille toutes les ressources et les sonorités, soit qu’il les appliquât à envelopper d’harmonie ses tendresses, soit qu’il l’employât à porter l’idée sur les ailes du son. Aussi lui doit-on ces vers somptueux adressés aux étoiles :
Je vous salue, enfants de la premiere nuit,
ou à Dieu :
Tu es premier chaisnon de la chaisne qui pend.
Qui dira, chez le poète, si, dans les profondeurs de son âme, c’est le rythme qui suscite la pensée, ou la pensée qui appelle le rythme ? Toujours est-il que, dès 1560, date de la première édition collective des Œuvres, à la lyre qu’il avait, en 1550, montée « de cordes et d’un fust », il avait ajouté une corde d’airain, à laquelle les malheurs de la patrie allaient arracher des accents inconnus. L’Élégie à Guillaume des Autels les annonce déjà. L’écrivain gémit de la querelle religieuse qui ruine la France et il accuse les réformés de la détruire « pour un poil de bouc », c’est-à-dire pour la longue barbe pointue de Calvin, rompant ainsi l’unité morale et traditionnelle du pays :
Las ! pauvre France, helas ! comme une opinion
Diverse a corrompu ta première union !…
Tes enfants, qui devroient te garder, te travaillent,
Et pour un poil de bouc entre eux-mesmes bataillent !Et comme reprouvéz, d’un courage meschant,
Contre ton estomac tournent le fer tranchant…
Ou par l’ire de Dieu ou par la destinée,
Qui te rend par les tiens, ô France, exterminée ?L’exhortation est impuissante à dompter la tempête. Que peut contre elle un pilote qui chante dans le vent ? Pourtant il ne se découragera pas ; il enfle sa voix, crie, gémit, insulte. La vague furieuse la domine, mais, par delà la vague qui bave et meurt, cette voix atteindra la postérité qui écoute.
Le 1er juin 1562, paraît le Discours des Miseres de ce temps, suivi vers le 1er octobre, de la Continuation du Discours des Miseres de ce temps et, deux mois après, vers le 1er décembre, de la Remonstrance au peuple de France.
Le but du discours est bien précisé par son exorde :
Ô toy, historien, qui d’ancre non menteuse
Escris de nostre temps l’histoire monstrueuse,
Raconte à nos enfans tout ce malheur fatal,
Afin qu’en te lisant ils pleurent nostre mal,
Et qu’ils prennent exemple aux pechés de leurs peres,
De peur de ne tomber en pareilles miseres.Ce qui perd « nostre France », et l’on sentira la caresse du possessif, c’est la présomption, l’orgueil, qui permet à l’individu de s’ériger en juge et qui fait la nation sans frein ni loi : « morte est l’autorité ». Inventant l’image que retrouvera Barbier, il la compare à un cheval emporté :
Tel voit-on le poulain dont la bouche trop forte,
Par bois et par rochers son escuyer emporte
Et, maugré l’esperon, la houssine et la main,
Se gourme de sa bride et n’obeist au frein :
Ainsi la France court, en armes divisée,
Depuis que la raison n’est plus autorisée.La Continuation du Discours des Miseres de ce temps a plus d’ampleur et d’éloquence encore. À mesure que le danger augmente et que s’accroît le tragique du spectacle, l’âme d’un poète s’émeut davantage et, pour la première fois peut-être dans notre histoire, s’identifie avec celle de la patrie. « Madame », dit-il à la reine Catherine de Médicis,
Madame je serois, ou du plomb ou du bois
Si moy que la Nature a fait naistre François,
Aux siecles advenir je ne contois la peine
Et l’extreme malheur dont rostre France est pleine.
Je veux, maugré les ans, au monde publier,
D’une plume de fer sur un papier d’acier,
Que ses propres enfans l’ont prise et devestue,
Et jusques à la mort vilainement batue.Eh quoi ! dit-il en se tournant cette fois vers les réformés :
Et quoy ! brusler maisons, piller et brigander,
Tuer, assassiner, par force commander,
N’obeir plus aux Roys, amasser des armées,
Appellez-vous cela Églises reformées ?Puis, apostrophant leur chef, Théodore de Bèze, le bras droit de Calvin à Genève, et faisant appel à ce sentiment patriotique vraiment nouveau, ou, du moins, si profondément renouvelé au XVIe siècle, il l’adjure :
La terre qu’aujourd’hui tu remplis toute d’armes,
Et de nouveaux Chrestiens desguisés en gens d’armes…
Ce n’est pas une terre allemande ou gothique,
Ny une region Tartare ny Scythique,
C’est celle où tu nasquis, qui douce te receut,
Alors qu’à Vezelay ta mere te conceut,
Celle qui t’a nourry, et qui t’a fait apprendre
La science et les arts, dés ta jeunesse tendre…
Ne presche plus en France une Évangile armée,
Un Christ empistollé tout noirci de fumée,
Qui comme un Mehemet va portant en la main
Un large coutelas rouge de sang humain…
Car Christ n’est pas un Dieu de noise ny discorde,
Christ n’est que charité, qu’amour et que concorde.Que n’a-t-il continué sur ce ton, que n’a-t-il, s’inspirant de son illustre protecteur Michel de l’Hospital, continué à prêcher la tolérance et la mansuétude, dont la France qu’il aimait avait tant besoin ! Mais hélas ! c’est un Dieu de vengeance qu’à son tour il invoque, c’est la destruction de ses ennemis et non leur conversion qu’il implore du « Pere commun des Chrestiens et des Juifs, des Turcs et d’un chacun », dont il parle au début de la Remonstrance au Peuple de France, de beaucoup plus agressive que les Discours. Quand il s’y adresse aux princes protestants, à Louis de Condé en particulier, il s’excuse du ton en ces termes si simples d’allure :
Mais l’amour du pays et de ses loix aussi
Et de la vérité me fait parler ainsiet il termine par cette superbe exhortation :
Ha ! Prince, c’est assez, c’est assez guerroyé :
Vostre frere avant l’aage au sepulchre envoyé,
Les playes dont la France est par vous affligée,
Et les mains des larrons dont elle est saccagée,
Les loix et le pays, si riche et si puissant,
Depuis douze cens ans aux armes fleurissant,
L’extreme cruauté des meurtres et des flames,
La sport des jouvenceaux, la complainte des femmes,
Et le cry des vieillards qui tiennent embrassés
En leurs tremblantes mains leurs enfans trespassés,
Et du peuple mangé les souspirs et les larmes,
Vous devroient esmouvoir à mettre bas les armes…Une dernière fois, Pierre de Ronsard devait prendre la plume, pour exalter son pays et terminer le monument qu’il avait érigé à sa gloire : les quatre premiers livres de la Franciade parurent en septembre 1572. C’était au lendemain de la Saint-Barthélemy ; l’époque était mal choisie, le sujet aussi, qui s’inspirait plus de l’Iliadeet de l’Énéide que de l’histoire de France. L’évocation, par la Sibylle Hyanthe, des rois depuis Pharamond jusqu’à Pépin ne parvient pas à nous émouvoir, parce que ces pseudo-descendants de Francus n’ont pas ému le poète, qui laissa son œuvre incomplète. Il regretta sans doute, mainte fois, avant de mourir, de n’avoir pas su donner à sa patrie cette épopée dont il avait, dès 1550, résolu de lui faire hommage, oubliant assurément que, sans dessein littéraire arrêté, sous la seule pression des circonstances, dans le deuil des luttes fratricides, il lui avait dédié cesDiscours de 1562, véritable épopée d’amour filial, immortelle et brûlante, qu’il avait écrite pour elle
D’une plume de fer sur un papier d’acier. »
http://www.contre-info.com/27-decembre-1585-mort-de-pierre-de-ronsard#more-17036
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Fin des empires et destin de l'Occident
Pour commander le livre d'Amédée Thierry "La fin de l'Empire d'Occident"
Le déclin et la mort des empires ont toujours suscité des débats passionnés. Domaine de prédilection des idées fausses, il amena ainsi un De Gaulle à proférer pompeusement que "les empires sont faits pour se défaire". Cette remarque prudhommesque, péremptoire et dérisoire met sur le même pied une voiture qui dure 300 000 km et une autre qui ne résistera pas à quelques dizaines de milliers de kilomètres.
Nous nous trouvons donc ici dans une affaire terriblement actuelle...
Champ clos des idéologies et de certains partis pris, cette controverse s'investit de manière exemplaire sur le cas de l'empire romain d'occident. S'il fut détruit après cinq siècles d'exceptionnel rayonnement, s'il laissa en orient un frère brillant qui lui survivra la bagatelle de mille ans, sans doute vaut-il le détour.
Le livre d'Amédée Thierry tourne le dos aux explications doctrinaires et sommaires pour exposer l'Histoire vraie dans la force de sa vérité. Car l'auteur, Amédée Thierry (Blois 1797-Paris 1873), frère et disciple d'Augustin Thierry, fut lui-même le spécialiste du haut Moyen âge.
Son talent fut d'ailleurs tôt reconnu. Il devint ainsi, au gré de ses nombreux travaux et du fait de la publication de ses ouvrages de référence, le grand spécialiste de la Gaule romaine et à l'Antiquité tardive.
Il répond, non par l'idéologie, mais par les faits historiques, sur la base de sources solides, dans une langue claire.
La survie de cet empire qui n'en finit pas de mourir s'y révèle d'autant plus fascinante : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner, souligne-t-il. Les lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées ; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter au sénat, etc."
Il est temps de découvrir ce que fut effectivement cette période.
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre, à tant d'égards, représente en effet une période essentielle dans l'histoire de l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne s'y résume nullement en une simple "conquête barbare". La migration des peuples y sema le germe des forces de renaissance.
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la société. Le parti pris des hommes des Lumières, qui fut relayé plus tard par celui des historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes.
Dans la partie orientale comme dans la partie occidentale du monde gréco-romaine il s'agit, certes, d'une période fort troublée. Son récit compose une histoire haletante et passionnante, mais dont le fil directeur mérite d'être suivi.
Et quand Odoacre, simple soldat devenu Chef d'Armée, dépose le petit Romulus Augustule en 476, dernier titulaire nominal de la dignité impériale, il met fin à une décadence sociale et politique dont les mécanismes restent éclairants aujourd'hui encore.
••• "La fin de l'empire d'Occident" Un livre de 370 pages au prix de 25 euros que l'on peut commander directement sur le site des Éditions du Trident •••
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Un samouraï d'Occident
Je reçois le message d’un lecteur troublé semble-t-il par mon éditorial « Un samouraï d’Occident » du n° 64 de La Nouvelle Revue d’Histoire, dont le dossier est consacré à « La fin des Habsbourg ». Je vais citer ce message et lui répondre. Ce message m’offre l’occasion de préciser mon regard sur certaines choses importantes de la vie.
Je commence donc par reproduire le message de mon correspondant. Il est concis : « Comme toujours, écrit-il, j’ai lu attentivement l’éditorial de votre n° 64 intitulé « Un samouraï d’Occident ». Je me suis interrogé. Qui est ce samouraï ? Est-ce l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, assassiné à Sarajevo, ou serait-ce Dominique Venner ? »
Et maintenant, voici ma réponse :
Dans cet éditorial, je rends hommage à l’archiduc François-Ferdinand de façon inhabituelle. D’une victime, je fais en quelque sorte un héros, ce qu’il méritait bien. Ce regard différent est en accord avec ma façon de percevoir les choses de la vie et de l’histoire. Tel a été, je pense, dès l’enfance, mon instinct profond conforté ensuite par la méditation de l’Iliade. Le poète y décrit un grand malheur, la mort de guerriers « livrés aux oiseaux de proie » puis la destruction de Troie. Mais il transfigure ce malheur en œuvre d’art. C’est le sens profond du poème. L’Iliade commence par l’évocation de la « colère funeste » d’Achille, trame de tout le poème, colère qui « jeta chez Hadès tant d’âmes fières de héros ». De ce malheur, Homère fait le prétexte d’un poème épique sans pareil. J’admire ce retournement d’un malheur en manifestation de la beauté pure. C’est un trait constant du meilleur de l’âme européenne qui transpose par exemple de grandes défaites en sagas, les Thermopyles ou Roncevaux, Waterloo ou Dien Bien Phu. Mais cette disposition d’esprit ne se cantonne pas aux épopées militaire. Notre littérature, de l’Antigone de Sophocle à La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, magnifie des destins tragiques et courageux.
Si je reviens à mon éditorial, parlant comme je l’ai fait de la mort de l’archiduc François-Ferdinand, en l’héroïsant, sans doute ai-je souhaité contribuer comme souvent à réveiller chez quelques-uns une culture du courage qui fut effacée en Europe après la Seconde Guerre mondiale et plus encore après les années 1960.
Dominique Venner