culture et histoire - Page 1626
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LA DETTE VA-T-ELLE TOUS NOUS RUINER ?
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PÉNURIE ÉNERGÉTIQUE = FIN DE LA CROISSANCE ?
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Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard, par Gabriele Adinolfi (traduction exclusive pour le C.N.C.)
Gabriele Adinolfi s'exprime sur les événements d'Ukraine : Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard
La fierté d'un peuple en armes est inestimable.Assis derrière le clavier, de nombreux camarades occidentaux ont jacassé sur les camarades Ukrainiens, les qualifiant d'agents des Américains, des banquiers, des technocrates.
Les commissaires politiques de chez nous ont invoqué la géopolitique, soudainement devenue la clé unique et absolue de tout, un peu comme la théorie de la plus-value pour les marxistes les plus inexpérimentés.
On a entendu des personnages, ceux qui s'écartaient sans s'exposer quand on nous tirait dessus, émettre des malédictions du genre: «l'extrême droite est un phénomène des agences de renseignement occidentales."
On en sait quelque chose. Personnellement, j'ai croisé trois fois les services occidentaux réunis : dans trois différentes tentatives de m'incriminer pour dépister les enquêtes sur leurs amis, qui étaient nombreux et qui se trouvaient aussi à l'extrême gauche, pas à l'extrême droite.
Celle-ci est de la race de ceux qui palabrent.
Là bas, des camarades sont allés mourir. Trente, si je ne me trompe pas, dans les rangs du Praviy Sektor, (le Secteur Droit, rassemblement de plusieurs mouvements nationalistes ukrainiens comme Tryzub ou l'UNA-UNSO, NDT) et plus de quinze dans ceux du plus «modéré» Svoboda.
Mais c'est ainsi : des gens qui dans leur vie n'ont jamais été dans une bagarre ni payé une amende, crachent des jugements sentencieux sur celui qui se bat et meurt.
Vision héroïque de la vie . Rune du combattant.Avec Poutine ?
En dehors de ces experts de la vie et de la mort (des autres) qui décident des peuples en regardant une carte sur Google Map, il y a ceux qui se demandent en toute bonne foi : mais ne sommes-nous pas avec Poutine ?
Oui, en russophiles, non en tant que Russes, ni en tant qu'agents russes.
Nous sommes avec Poutine en tant qu' alliés potentiels et non comme des esclaves. Bien sûr, c'est un concept difficile pour certains des surhommes de chez nous qui imaginent l'avenir politique au service d'un Ivanhoé qui viendra pour lutter contre l'usurpateur. Leur plus grande ambition : être l'écuyer d'un maître car ils ne savent même pas ce que cela signifie d'être un seigneur.
Mais pour d'autres, pour ceux qui se posent des questions rationnelles et qui se demandent s'il aurait valu mieux d'éviter l'affrontement, la réponse est dans l'identification. Prouvez donc que vous pouvez vous identifier.
Poutine, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, a confié l'Ukraine à une minorité ethnique qui a profité du pouvoir pour s'imposer, dénationaliser et russifier.
Une minorité qui a utilisé la propagande soviétique, anti-fasciste, anti-nationaliste et anti-nationale. Et qui en a abusé.
C'est comme si Massimo d'Alema, Laura Boldrini et Rosi Bindi (représentants italiens de la gauche farouchement anti-nationale et « droitdelhommiste » NDT) avaient reçu les pleins pouvoirs .
C'est ce qui arrivé.
Et à celui qui dit : “mais n'était-il pas préférable de différer et d'essayer d'arranger les choses quand même “, je réponds la chose suivante : le lendemain des massacres de Primavalle ou d'Acca Larentia, seriez vous venus nous dire que nous devions nous mettre d'accord avec ces gens-là au lieu de défendre notre peau ainsi que notre droit d'exister et de nous affirmer ?
Seulement un abstrait, un branleur ou un dément pourrait nous dire que oui.En pratique
On nous dira, beaucoup plus raisonnablement cette fois, que désormais la situation est compromise et que la porte a été ouverte aux vautours. C 'est possible et même si cette défaite était inévitable, en tout état de cause, ce sont les deux factions et non pas une seule qui en porteraient la responsabilité.
Mais est-ce vraiment le cas?
Certes, à entendre nos commissaires politiques du clavier, il faudrait un peu moins lire les médias internationaux et surtout ceux des Américains, qui craignent de ne pouvoir contrôler une peuple qui prétend faire valoir ses raisons.
Traçons un résumé de ce que les camarades ukrainiens ont gagné pour l'instant.
Non seulement la libération, accordée, de toutes les personnes arrêtées lors des émeutes, mais aussi le licenciement de cinquante juges du « syndicat de la magistrature » local accusés de corruption, la grâce et la libération d'un père et de son fils condamnés (prison à perpétuité et quinze ans ) pour avoir abattu le magistrat symbole de la corruption post-communiste et l'octroi à un membre du parti Svoboda du poste de procureur général de toute l'Ukraine. Pendant ce temps, la rue, dominée par le Praviy Sektor, a poussé Yulia Timochenko à la retraite anticipée en lui faisant retirer sa candidature et a clairement fait savoir que l'Ukraine n'est pas disposée à devenir une colonie américaine.
C'est toujours le Praviy Sektor qui a réussit à faire rejeter la candidature au poste de Premier ministre du champion des Américains, Vitaliy Klitchko.
Après, la vice-présidence du Conseil de sécurité nationale lui a été offerte. Peut-être par une méthode de cooptation; le fait est qu'au moment ou j’écris, le Praviy Sektor n'a pas encore retiré toutes ses réserves.
Ceux tombés pour la Révolution ont été proclamés Héros de la Nation, en tant que "Centurie Céleste" .Dangers
Malgré la poisse des révolutionnaires par procuration de chez nous, eux qui ne savent qu'insulter ceux qui se battent, peut-être parce que c'est la seule façon qu'ils ont de sublimer leur vies de supporters en fauteuil, les scénarios apocalyptiques qu'ils souhaitent ne se sont pas encore réalisés, mais persistent sous la forme d'un risque.
Ce qui se passe est avant tout dû à la division et à la marginalisation.
D'autre part, Svoboda regarde avec confiance en direction de l'Ouest, mais pas le Praviy Sektor.
Définir ce que signifie un regard confiant vers l'Ouest, dans une zone de frontière, est une autre chose. Comme il en est pour la proposition d'élargissement de l'OTAN, qui, il ya quelques années seulement, a été formulée par le même Poutine qui voulait que la Russie y participe.
Les catégories de la realpolitik sont souvent différentes de celles des “supporters“ politiques.
Et, pour rester toujours dans la realpolitik, le résultat de la tragédie ukrainienne est susceptible d'aboutir à un partage convenu dans une sorte d'un nouveau petit Yalta.
Le fait est que les inconnues restent nombreuses et que les camarades ukrainiens ont un rôle à jouer non-négligeable, soit en faisant pencher la balance, soit en tant qu'agneaux sacrificiels.Occasions
Évidemment, si Svoboda et le Praviy Sektor entrent en concurrence et en conflit l'un avec l'autre, si les fonctionnaires de Svoboda s'avèrent aussi débiles que, par exemple, ceux de AN (Alleanza Nazionale NDT), les hommes de Soros remporteront le match et le Praviy Sektor sera la dinde destinée à être sacrifiée sur l'autel de l'occidentalisation .
Si, toutefois, en apprenant la leçon de Togliatti (secrétaire communiste italien à la fin de la guerre NDT), les camarades ukrainiens forment des cellules durables de magistrats, si les liens de sang entre les équipes restent supérieurs aux sirènes de l'arrivisme, les choses en iront autrement. Si nous étions en Italie, je ne serais pas confiant, mais nous parlons d'un peuple encore debout , avec des gens arrivés de partout pour se battre (en prenant congé régulièrement des chantiers ! ), des gens plus sérieux que ceux que nous avons l'habitude de rencontrer.
Ils peuvent le faire. Ils ne le feront que si ils sont eux mêmes garants de nouvelles relations économiques, énergétiques et diplomatiques avec la Russie. Relations qui sont une nécessité objective.
Ceux qui répondent que les deux côtés se haïssent et que cela constitue un barrage indépassable, n'ont pas le sens de la réalité. Les relations internationales ne se bâtissent pas uniquement sur la sympathie entre les partenaires ou pour une cause commune, mais sont, le plus souvent, basées sur des intérêts communs, qui ne sont communs que lorsque les deux parties contractantes sont égales, pas quand l'une d'entre elles est assujettie. Elles se créent aussi, et surtout, parmi ceux qui se haïssent.
Il n'est pas du tout inconcevable que, dans les prochains mois, il incombe précisément aux nationalistes ukrainiens de gérer les relations avec la Russie. Si , bien sûr, une guerre civile n'éclate pas avant.De l'écriture.
La situation peut basculer ; elle ne finira pas nécessairement dans l'abîme.
Et même si elle y tombe, cela aura toujours valu la peine.
Parce que rien ne vaut autant qu'un peuple qui lutte et affirme sa dignité par l'effusion de son sang. Un peuple qui sait ce que nous avons oublié : qu'il n'y a pas de dieu qui prend les armes à la place de ceux qui prient au lieu de combattre.
Quoi qu'il arrive, même si c'est ce qu'espèrent une grande partie des envieux et porteurs de poisse, les camarades ukrainiens ont donné un exemple existentiel, un exemple guerrier.
Ils ont écrit une page d'histoire épique en faisant leurs les paroles de Nietzsche: "écris avec ton sang et tu découvriras que le sang est esprit."
Au lieu de cela, nous écrivons sur Facebook ou sur des forums.
Et nous nous permettons de juger ceux qui se battent et meurent. Nous ne valons pas mieux que Boldrini, vraiment pas mieux.
Comme des esclaves envieux, nous souhaitons des chaînes à ceux qui ont eu la force de les briser.Gabriele Adinolfi
Notes: Première mise en ligne le jeudi 27 février 2014 sur le site noreporter.org
http://www.noreporter.org/index.php?option=com_content&am...Traduction de l'italien (romain): Angelo S. en collaboration avec Pascal Lassalle pour le Cercle Non Conforme
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Des lobbies au gouvernement mondial
Les États contemporains, même (et surtout) ceux qui, en apparence, ont conservé leur indépendance nationale, sont-ils pour autant encore souverains ? Les gouvernants de pays comme la Suisse ou Israël, le Venezuela ou le Japon, l’Afrique du Sud ou la Norvège gouvernent-ils effectivement, c’est-à-dire détachés de toute subordination économique ou morale à des organisations internationales officielles (à l’instar de l’Organisation des Nations unies et de ses satellites ou de celles à compétence régionale comme l’Union européenne) comme officieuses ? Eu égard à la place grandissante des traités et accords internationaux, notamment dans les domaines commerciaux et financiers, quasiment tous les États du monde, y compris ceux qui sont soumis à des mesures internationales de rétorsion (embargos militaires et commerciaux par exemple), sont “dépendants” d’un contexte international de plus en plus prégnant sur les plans juridique et politique.
Absence de complot
La réponse, en revanche, est moins simple, s’agissant des officines officieuses et de la nature comme de l’intensité des relations qu’elles entretiendraient avec les États et, plus précisément, leur gouvernement. C’est à bon droit, par exemple que l’on a pu s’interroger sur les connivences pouvant exister entre la mouvance Al-Qaida (et son chef insaisissable, Oussama Ben Laden) et l’État d’Israël et les États-Unis, son mentor et bailleur de fonds. L’objectif ? Endiguer l’expansionnisme islamique en Occident en criminalisant, autant que possible, l’ennemi arabo-musulman et ses séides. Loin de nous l’intention de tout expliquer par la théorie du complot. Comme l’a si bien montré Frédéric Rouvillois dans la revue Les Epées (n° 19, avril 2006), cette théorie vise un ennemi abstrait et éthéré qu’il convient de démasquer ; elle est à la fois légitimante (en ce qu’elle fonde et justifie le discours dominant) et simpliste (car elle occulte délibérément ou inconsciemment la complexité du réel). Néanmoins, force est d’admettre et d’observer, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, que nos sociétés actuelles, bien que saturées d’informations de toutes sortes, sont pourtant caractérisées par une opacité rendant malaisée la lisibilité autant que la compréhension de la politique nationale et internationale. Ce défaut de transparence, sans avoir été initialement voulu, sert, malgré tout, utilement les intérêts des divers “think tank” (littéralement, “réservoirs de pensées”) et autres groupes de pression aux allures de sociétés secrètes. En somme, pour gouverner sans être dérangé par des mouvements d’opinion ou des sautes d’humeur populistes, demeurons à l’abri des regards soupçonneux dans lesquels se lit une frénésie de contrôle démocratique.
Des réseaux puissants
Ce n’est pas céder, en effet, à la paranoïa conspirationniste que d’affirmer l’existence d’une “internationale” de ce que d’aucuns dénomment les “maîtres du monde”. Ces hommes et femmes d’influence, parce qu’ils sont placés aux endroits stratégiques de la gouvernance économique, politique ou scientifique, détiennent incontestablement une part du pouvoir mondial. Mais si ce “situationnisme” est une condition nécessaire, il n’est, cependant, pas suffisant. Encore faut-il que ces décideurs soient partie intégrante de réseaux aux ramifications particulièrement précises et nombreuses pour les relier entre eux, sans pour autant sacrifier à une démarche pyramidale ou centralisatrice. Suivant le principe des cercles concentriques, allié à la méthode de la toile d’araignée, les réseaux d’influence finissent par couvrir la quasi-totalité de la planète, et ce, quel que soit le domaine d’intervention. Insidieusement, se met donc en place un gouvernement mondial, qui, certes, n’avance pas à visage découvert et sous cette qualification orwelienne, mais agit toujours de concert, au service d’une idéologie de l’universel dont les origines philosophiques sont multiples (toutes empreintes, nonobstant, de l’idéologie des Lumières). Quoi qu’il en soit, au pouvoir déclinant des gouvernements nationaux s’est substitué (souvent avec la complicité active de ceux-ci, par bradage systématique de pans entiers de souveraineté) un nouveau pouvoir, subtil, planétaire et global, échappant complètement au contrôle des peuples. Les citoyens des nations développées, conditionnés par le réflexe consuméro-pavlovien du démocratisme, continuent mécaniquement d’élire des responsables d’institutions nationales alors que le pouvoir réel a été déplacé sournoisement vers de nouveaux centres. C’est ainsi que, sans surprise, le Béhémoth démocratique s’est accouplé au Léviathan oligarchique du gouvernement planétaire.
Talon d’Achille
En outre, il est remarquable de constater que ces groupes d’influence s’entremêlent étroitement avec des cénacles plus notoires. Les uns et les autres se complètent sans jamais se concurrencer. Certains gouvernements peuvent, sans hésitation, être considérés comme des groupes d’influence suigeneris, les États-Unis en constituant un exemple archétypique. Il n’est donc pas étonnant de trouver des membres du Siècle ou de la Trilatérale au sein d’institutions ayant pignon sur rue, comme la Commission européenne ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la grande majorité d’entre eux se recrutant dans le puissant groupe de Bilderberg. De même que l’on retrouve des représentants américains et français siégeant dans les mêmes instances (Forum de Davos, par exemple), alors que leurs intérêts politiques et économiques sembleraient apparemment divergents. De plus, les interconnexions sont tellement denses qu’il en résulte une confusion entretenue entre les lobbies industriels et économiques et les décideurs politiques. Ainsi, il n’est guère surprenant que l’Accord multilatéral sur l’investissement (un faux AMI, en quelque sorte, négocié sous l’égide de l’OMC et qui prône, entre autres, le bannissement de toutes les entraves aux échanges économiques et commerciaux), ou encore la directive Bolkestein, aient été le fruit d’une collusion entre les hauts responsables politiques et fonctionnaires internationaux et européens. C’est aussi ce qui explique la raison pour laquelle le président Sarkozy manifeste tant d’empressement à imposer, dans le dos des électeurs qui l’ont rejetée en son temps, la Constitution européenne “simplifiée”. Attiré dans la sphère d’influence des États-Unis, Nicolas Sarkozy est en train de concrétiser le rêve d’une mainmise de ces derniers sur la France et donc sur l’Europe. Les conséquences suivant les causes, il est aisé de deviner que le nouveau “mini-traité” (environ 250 pages !) européen est un prélude aux négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Mais peut-être est-ce là le talon d’Achille de ces puissants planétaires. Dévorés par l’orgueilleuse ambition de mettre le monde en coupe réglée, ils n’ont pas conscience qu’en favorisant l’entrée du loup turc dans la bergerie européo-américaine, ils vont, sans doute, précipiter leur Tour de Babel à sa perte. Nous ne nous en plaindrons pas, il suffit d’attendre.
aleucate@yahoo.fr
L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international, lobby 0 commentaire -
Livre - David Cronin: Europe Israël : Une alliance contre-nature
Europe israel, une alliance contre nature.
Israël est souvent perçu comme le 51ème État des États-Unis. Désormais, il serait en passe de devenir membre de l’Union européenne. David Cronin a parcouru les couloirs de Bruxelles pour interroger hauts fonctionnaires et diplomates. Il a épluché les programmes européens et examiné les liens étroits que tissent les entreprises du continent avec ce petit État du Moyen-Orient. Loin des discours officiels, vous trouverez dans ce livre les résultats d’une enquête déroutante qui montre comment le prix Nobel de la paix 2012 participe à l’occupation de la Palestine et à l’oppression d’un peuple.
Préface d’Omar Barghouti
Un livre important qui explore les relations complexes empêchant les pays européens de tenir Israël pour responsable. Ken Loach
Un livre remarquable, précis. Je suis resté le souffle coupé. Robert Fisk, The Independent
Une étude bienvenue pour une réalité sous-examinée. Khaled Diab, The Guardiancenter>
David Cronin est un journaliste irlandais. Il a été rédacteur pour The Guardian, The Wall Street Journal Europe, European Voice, The Sunday Tribune et Inter Press Service. Il travaille actuellement pour The Electronic Intifada et vit à Bruxelles. Ce livre est la traduction de Europe’s Alliance with Israel paru chez Pluto Press en novembre 2010. Son blog : http://www.dvcronin.blogspot.fr/ ET articles traduits en français par Investig’Action.
Un extrait du livre de David Cronin :
L’approfondissement des relations économiques et politiques de l’Europe avec Israël ne peut pas être dissocié de cette empreinte néolibérale. Cela est devenu encore plus clair en novembre 2007 lors du « dialogue commercial UE-Israël », où des hommes d’affaires ont réfléchi sur la meilleure manière de démanteler les « barrières au commerce et à l’investissement ».
Le matériel promotionnel de ce « dialogue » ne disait pas que parmi les entreprises israéliennes présentes, un grand nombre se retrouve impliqué dans des activités en Palestine occupée et dans certains cas dans des activités que l’Union européenne rejette formellement. En voici quelques exemples :
Elbit : en plus de fabriquer des drones et d’autres armes pour l’armée israélienne, elle fournit des équipements électroniques pour le « mur de l’apartheid » qu’Israël construit. La Norvège a estimé que cette implication était si grave, qu’en septembre 2009 un fonds de pension détenu par l’État a retiré ses six millions de dollars d’investissements dans Elbit car le mur avait été déclaré illégal par la Cour internationale de justice. « Nous ne souhaitons pas financer des entreprises qui participent directement à des violations du droit humanitaire international », a déclaré la ministre des Finances.
Saban Capital : ce groupe est dirigé par Haim Saban, propriétaire de nombreux médias avec la double nationalité étasunienne et israélienne et qui figurait à la 261ème place du classement Forbes des milliardaires en 2009. Il est l’un des propriétaires de Bezeq, une entreprise de télécommunication qui fournit des services dans les colonies en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, ainsi que pour les bases militaires israéliennes et les checkpoints de Cisjordanie. Une de ses filiales, Pelephone, fournit des services de téléphonie mobile à l’armée et a installé une centaine d’antennes et d’autres installations dans les territoires palestiniens occupés.
Leumi : la seconde plus grande banque d’Israël a des succursales dans quelques établissements israéliens en Cisjordanie. Elle offre des prêts aux colons pour construire leurs maisons. Elle contrôle en partie Paz Oil et SuperPharm qui détiennent des stations services et des pharmacies dans les colonies.
Selon la Commission européenne, l’établissement de ce dialogue est le fruit de conversations commencées en 2005 entre Ehud Olmert et Günter Verheugen, Commissaire à l’industrie. En mettant sur pied cet organe, l’Union européenne a placé le minuscule Israël sur un pied d’égalité avec des pays comme les États-Unis, la Russie, le Japon et l’Inde. D’un certain point de vue, cela semble incroyable. Mais d’une perspective froidement économique, cela prend tout son sens étant donné qu’Israël est un concurrent de la Silicon Valley. Pour encourager les entreprises européennes à s’engager davantage en Israël où le secteur de l’industrie hightech représente 7% du PIB, Verheugen a rappelé : « Il y a un énorme potentiel économique qui n’a pas encore été pleinement exploité. »
Le premier président de ce dialogue a été Yossi Vardi, mieux connu pour être un pionnier dans la messagerie instantanée sur Internet avec son entreprise ICQ. Cet homme n’est pas seulement expert en télécommunication, mais aussi dans la capacité à adapter ses messages en fonction du public. Il a par exemple tenté de se présenter comme une sorte de pacifiste. Bavardant avec le correspondant du New York Times, il a déclaré entre deux gorgées de cabernet sauvignon :
Cet endroit est fou : un boom technologique côtoie une situation politique inacceptable et le chaos dans une bande de Gaza où la plus grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Ce n’est pas juste, ni soutenable ! Vous savez, le pouvoir corrompt et l’occupation représente la manifestation ultime du pouvoir. Il n’existe aucun contrôle, aucune contrepoids. L’occupation, après quarante ans, corrompt totalement.
Vardi a également reconnu avec un malin plaisir que les prouesses technologiques israéliennes étaient inextricablement liées à l’occupation. Dans un reportage de la BBC, il a soutenu que la guerre de 1967 avait été un pivot important pour le développement industriel du pays parce qu’elle avait mené Israël à une situation qui l’avait obligé à dépasser le sentiment d’avoir été banni (particulièrement par la France qui avait imposé un embargo sur les armes) : « Les deux vrais pères de la high-tech israélienne sont le boycott des Arabes et Charles de Gaulle parce qu’ils nous ont contraints à développer ce secteur. »
http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EFAFFVEkulCVtBZClq.shtml
COMMANDER LE LIVRE 15 € PRIX DESTOCKAGE 2014 : 5€ , ISBN : 978-2-9543806-0-5, 224 pages, 13 x 20 cm, Prix : 15 €, Dépôt légal : décembre 2012, Edition La Guillotine , Imprimé à Toulouse par la SCOP Imprimerie 34
Source : La Guillotine, association pour l'édition et la production : http://assolaguillotine.wordpress.com/europe-israel-de-david-cronin/
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Esclaves blancs chrétiens maîtres musulmans : documentaire
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L’armée de métier au Moyen-Age
Le XIVe siècle vit l’apparition de la première armée proprement nationale, ou, si l’on préfère, la première armée populaire. Il s’agit de l’armée suisse, qui était composée de paysans libres et de bourgeois des villes. Tous les Suisses de sexe masculin physiquement aptes au service étaient soumis à la conscription et pouvaient porter des armes. Toutefois, en pratique, l’armée ne se composait que de volontaires, le nombre de soldats fournis par chaque canton étant proportionnel à celui de ses habitants. De plus, on recrutait par conscription les jeunes gens particulièrement forts et valides pour en faire des piquiers.
Le principe de la conscription générale, dans un pays d’à peine plus de 500.000 habitants vivant presque exclusivement d’une agriculture de subsistance, ne pouvait manquer avoir des répercussions à la fois sur la stratégie et sur la tactique. Le fait de maintenir ne fût-ce que 4 ou 5% de sa population masculine sous les armes représentait un fardeau qu’un pays comme la Suisse pouvait difficilement supporter pendant une longue période. Il fallait labourer la terre et s’occuper du bétail. Aussi les hommes ne pouvaient-ils servir que pendant des périodes relativement courtes. C’est pourquoi les armées suisses ne s’engageaient jamais dans une guerre d’usure : il leur fallait anéantir rapidement l’adversaire. En tant que formation tactique, elles recouraient à l’ancien groupement germanique en carré, constitué selon la parenté et la commune ; mais, en cas de bataille, cette formation ne pouvait se contenter de disperser l’ennemi ; l’objectif des milices suisses était donc d’empêcher par tous les moyens l’adversaire de récidiver. Comme il leur ait lstrictement interdit de faire des prisonniers, tout homme tombant aux mains des Suisses était froidement massacré. Et, bien que les Suisses s’intéressassent fort au butin, ils prêtaient serment de ne pas dépouiller les cadavres de leurs ennemis avant que la bataille fût terminée par une victoire. En effet, tant la capture de prisonniers que le pillage faisaient perdre du temps et différaient l’issue de la bataille ; pour cette raison, les hommes coupables de l’une l’autre de ces actions passaient en cour martiale, où ils étaient, au minimum, condamnés à avoir un bras coupé à l’épée, mais où il arrivait aussi que les juges rendissent sentence de pendaison ou de décapitation. Pendant les guerres de Bourgogne, une petite ville qui offrit quelque assistance aux Suisses vit sa population entière – hommes, femmes et enfants – exterminée sans miséricorde. La garnison d’un château fut précipitée dans le vide du sommet d’une des tours, et ceux qui avaient réussi à se cacher furent ligotés et jetés vivants dans un lac voisin.
Le centre des formations militaires suisses consistait en hommes armés légèrement, équipés de haches longues ou courtes et de petites épées. Ils étaient entourés de plusieurs rangées de piquiers, dont le rôle était de battre en brèche les lignes des attaquants. Les arbalètes et, plus tard, les armes à feu jouaient un rôle mineur, car les Suisses cherchaient à engager aussi vite que possible un corps à corps avec l’ennemi : pour cela, il est évident que les hommes armés d’épées, de piques et de haches jouissaient d’un grand avantage. L’excellente coordination de leurs armes de combat rapproché conférait aux Suisses, sur le champ de bataille, la vigueur et la fermeté qui avaient toujours fait défaut aux troupes à pied de l’armée féodale au cours des siècles précédents. Face à une formation suisse, les cavaliers ennemis étaient arrêtés par les piques, et cela suffisait à empêcher ceux qui se trouvaient derrière eux d’avancer. Ceux que les chevaliers du Moyen Age appelaient avec mépris les « valets » (en Italie i fanti, d’où découle le mot « fantassin ») constituèrent, avec la stratégie suisse, une « infanterie » à part entière, et celle-ci devint une « arme » aussi importante que les autres sur tous les champs de bataille d’Europe.
C’est grâce à elle que les Suisses affirmèrent leur indépendance. En 1231 et 1240, l’empereur Frédéric II exempta de toute charge féodale (sauf celles qui étaient dues directement à la couronne impériale) les cantons d’Uri et de Schwyz. Ceux-ci, rejoints par Unterwald, signèrent en 1291 au Grütli « l’alliance éternelle » par laquelle ils juraient de se soutenir mutuellement. Après la fin de la dynastie des Hohenstaufen, qui fut suivie d’un interrègne marqué par un certain désordre, Rodolphe de Habsbourg se fit élire roi d’Allemagne et ceignit la couronne du Saint Empire romain germanique. Cette ascension des Habsbourg représentait pour les Suisses une menace formidable. En 1315, ils réussirent à attirer dans une embuscade le duc Léopold de Habsbourg : celui-ci se trouva pris avec son armée féodale dans un étroit défilé surmonté des deux côtés par des rochers abrupts, à Morgarten, près du lac d’Aegeri et non loin du lac des Quatre-Cantons. Les Suisses déversèrent sur les forces des Habsbourg une avalanche de rochers ; Léopold avait eu l’imprudence de ne pas se faire précéder par une avant-garde et il tomba dans le piège. Une fois que les éboulements eurent joué leur rôle meurtrier, les Suisses descendirent et massacrèrent tous les survivants.
Si Morgarten fut un éclatant succès, ce n’était pas encore une véritable bataille d’infanterie ; mais le triomphe fut suffisant pour que Zurich, Zoug, Glaris, Berne et Lucerne adhérassent à la ligue. Systématiquement, les huit cantons entreprirent alors d’expulser les Habsbourg.
Un autre Léopold, neveu de celui qui avait été défait à Morgarten, décida de prendre une revanche. Avec une armée de 4.000 hommes, il partit en guerre contre l’armée suisse, qui comptait alors quelque 6.000 soldats. Au lieu de se diriger, comme on s’y attendait, vers Zurich ou Lucerne, il avança le 9 juillet 1386 dans la direction de Sempach, une petite ville située à quelques kilomètres au nord de Lucerne, qui avait autrefois appartenu aux Habsbourg mais s’était jointe à la Confédération en même temps que Lucerne elle- même. Léopold de Habsbourg rassembla ses troupes près du lac de Sempach et mit le siège devant la ville, puis il alla à la rencontre des Suisses, qui apparurent, venant d’un sommet d’un monticule abrupt. Les chevaliers autrichiens mirent pied à terre et essayèrent de gravir la colline tandis que leurs arbalétriers tiraient sur les Suisses et leur causaient beaucoup de pertes. Le duc Léopold se lança lui-même dans la bataille, car il s’imaginait avoir en face de lui le gros des troupes suisses et il voulait en finir vite ; mais il ne s’agissait que d’une avant-garde, et le gros des forces suisses apparut soudain au nord, avançant rapidement et pénétrant dans le flanc de l’armée autrichienne. Le nom d’Arnold de Winkelried, qui dirigeait ce contingent et est censé s’être sacrifié pour ouvrir une brèche, est légendaire. Les chevaliers autrichiens qui avaient pied à terre furent littéralement balayés par la violence de l’attaque suisse ; Léopold et une grande partie de ses soldats furent tués sur-le-champ. Ainsi Sempach confirma ce que Courtrai avait démontré : l’infanterie pouvait vaincre la cavalerie féodale. Entre-temps, la bataille de Laupen (1339) avait prouvé que les formations en carré des Suisses pouvaient avoir raison de chevaliers. Embuscade meurtrière à Morgarten, victoire des fantassins sur les cavaliers à Laupen, victoire en terrain découvert sur une armée de chevalier à Sempach : les jours de la chevalerie médiévale étaient comptés.
Ayant ramené les Autrichiens à la raison, les Suisses reprirent l’offensive contre la Souabe et démontrèrent à nouveau que leur infanterie était invincible. Ce fut un moment décisif dans l’histoire militaire du Moyen-Age. Les Suisses reçurent une foule de propositions de la part des diverses puissances qui voulaient louer les services de leur soldats. La première levée de troupes qui eut lieu en Suisse pour répondre à une telle demande se fit en 1424 : la république de Florence offrait de payer 8.000 florins rhénans en échange des services de 10.000 hommes pendant trois mois. A la fin du siècle, le montant des offres s’était élevé à tel point que toute l’armée suisse se transforma en troupes mercenaires. Mais, à la différence des autres, les contingents suisses n’étaient pas composés de soldats de fortune ; ils venaient en droite ligne de leurs cantons et de leurs commune. A longue échéance, la saignée que représentait ce service pour les Suisses devint trop forte et la Confédération ne fut plus en mesure de la supporter.
Néanmoins, elle conserva la suprématie sur les champs de bataille de l’Italie septentrionale et de la Bourgogne pendant plus d’un siècle. Mais les Suisses négligèrent les nouveaux développements en matière d’armements et de méthodes de combat ; par exemple, ils remarquèrent à peine l’avènement de la cavalerie légère, l’amélioration des mousquets et la mobilité accrue de l’artillerie de campagne.
Ils s’en tenaient obstinément à leurs anciennes méthodes. Avec 10.000 ou 15.000 piquiers, ils étaient prêts à attaquer n’importe quel effectif de cavalerie ; et ils y réussirent en effet jusqu’au jour où ils se heurtèrent aux lansquenets, qui, eux, avaient fait la synthèse des techniques suisses et des récents développements militaires que les Suisses avaient ignorés. Les lansquenets, par exemple, n’avaient aucune objection contre la guerre d’usure que pratiquaient leurs commandants et que les Suisses refusaient de mener. Lors des combats entre Charles Quint et François ler pour la possession de la Lombardie, les Suisses abandonnèrent purement et simplement le champ de bataille parce qu’ils étaient las des manœuvres perpétuelles des deux armées conformément à leur tradition, ils attendaient un engagement décisif pour en finir ; celui-ci ne se produisant pas, ils quittèrent la partie.
En 1522, lorsque le maréchal français de Lautrec recruta à nouveau 16.000 Suisses, ceux-ci exigèrent que l’ennemi fût défait à coups de pique et d’épée. L’armée de Charles Quint était commandée par un Italien, le capitaine Prospero Colonna, et consistait en 19.000 hommes, partie fantassins espagnols commandés par Pescara, partie lansquenets allemands commandés par Georg von Frundsberg. En avril, les forces impériales avaient pris position dans un petit relais de chasse, le château de Bicocca (« la Bicoque »), au nord-est de Milan. Colonna avait construit un réseau compliqué de fortifications, de tranchées interconnectées et de remblais, qui rendait une attaque directe sinon impossible, du moins fort risquée. Le maréchal de Lautrec n’avait aucune intention de s’y lancer : ayant pour lui la supériorité numérique (il commandait 32.000 hommes), il comptait obliger Colonna, à force d’escarmouches, à abandonner ses positions. Mais ce projet provoqua une véritable mutinerie chez les Suisses : si on ne leur ordonnait pas de passer à l’attaque, ils menaçaient de rentrer chez eux. Instruit par l’expérience de l’année précédente, le maréchal de Lautrec céda. Il avait un autre sujet de préoccupation : la rivalité entre les deux chefs du contingent suisse, Albert von Stein et Arnold von Winkelried (descendant lointain du héros de Sempach). A la bataille de Marignan – où les Suisses avaient été vaincus -, Winkelried avait reproché à Stein d’avoir abandonné prématurément le champ de bataille et contribué ainsi à la défaite ; mais, comme il n’avait pu donner la preuve de ce qu’il avançait, il avait été obligé de faire amende honorable. A « la Bicoque », les deux capitaines s’efforçaient néanmoins de présenter un front uni ; mais c’était Stein et non Winkelried qui insistait surtout pour que l’assaut fût livré immédiatement. Le maréchal de Lautrec dressa ses plans en conséquence : les 16.000 Suisses attaqueraient de front ; le reste de l’armée, composé de Vénitiens et de Français, prendraient les forces de Colonna à revers. Les deux mouvements effectués contre les flancs de l’armée autrichienne auraient lieu pour commencer, puis, une fois que l’ennemi serait occupé à défendre ses ailes, les Suisses pourraient procéder à leur attaque de front. Mais les Suisses n’attendirent pas l’ordre du maréchal et se précipitèrent sur le champ de bataille de leur propre initiative. Au prix de lourdes pertes, ils s’emparèrent de la première tranchée creusée par les troupes de Colonna et réussirent à abattre une partie du remblai ; ils se heurtèrent alors à une forêt de piques tenues par les lansquenets allemands, tandis que les mousquetaires espagnols les soumettaient à un feu roulant. Les Suisses résistèrent bravement et Winkelried voulut même provoquer Frundsberg en combat singulier, mais celui-ci ignora le défi, et le capitaine suisse fut tué tandis qu’il essayait de se frayer un chemin au milieu des troupes autrichiennes. Un véritable carnage s’ensuivit, et les Suisses furent finalement obligés de se retirer en laissant sur le champ de bataille 3.000 cadavres, dont celui d’Albert von Stein. La bataille de « la Bicoque » mit un terme à la réputation des Suisses. Quant à celle des lansquenets, elle ne faisait que commencer.
A la suite des humiliantes défaites qu’elles avaient subies pendant les guerres hussites, les forces impériales germa- niques avaient compris qu’il fallait absolument réformer le système militaire existant, et cela d’autant plus que les innovations apportées en France par Charles VII n’étaient pas passées inaperçues. L’événement décisif, à cet égard, fut la bataille de Guinegatte, au cours de laquelle l’armée bourguignonne, composée de fantassins flamands, battit l’armée française le 7 août 1479. Les Bourguignons étaient conduits par l’archiduc Maximilien de Habsbourg, gendre du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui avait trouvé la mort deux ans plus tôt à la bataille de Nancy ; c’était à la suite de cela que Maximilien (futur empereur Maximilien 1er) avait recruté des Flamands et les avait entraînés en s’inspirant de la tactique des Suisses. En les enrôlant, il avait beaucoup insisté pour que les soldats destinés à former des unités communes provinssent des mêmes districts : c’était encore une adaptation du système suisse, qui, en veillant à l’identité d’origine sociale de ses recrues, assurait l’homogénéité et le sentiment de communauté de ses troupes. Mais, si Maximilien remporta de la sorte une victoire à Guinegatte, celle-ci n’eut ni conséquences stratégiques ni répercussions politiques, car il ne put poursuivre ses adversaires afin de leur imposer ses conditions, et, comme il était à court d’argent, ses troupes l’abandonnèrent pour rentrer chez elles. Aussi l’archiduc se tourna-t-il vers d’autres territoires et y recruta-t-il des hommes que les Allemands baptisèrent Landsknechte (« serviteurs du pays »), expression d’où dérive le mot français « lansquenet ».
Bien que les lansquenets fussent à certains égards des mercenaires, il serait erroné de leur appliquer ce terme, car ils en différaient tant par leur composition originale que par d’autres particularités. Il fallait, avant tout, que toute la troupe recrutée par ce moyen provint de la même région ; ces soldats d’origine commune constituaient une unité qui demeurait constante, même si elle n’avait pas toujours le même chef. Ce à quoi les lansquenets s’apparentaient le plus, c’étaient aux milices populaires mérovingiennes ; mais celles-ci, depuis le règne de Charlemagne et l’avènement du système féodal, étaient passées à l’arrière-plan et étaient tombées dans l’oubli. Toutefois, en certaines occasions, on avait vu ces milices reparaître : des soldats provenant de la même région se rangeaient sous les ordres d’un chef auquel ils avaient juré obéissance ou qu’ils avaient élu eux-mêmes ; ces soldats avaient leurs propres tribunaux et étaient toujours des hommes libres. On vit ainsi une unité, qu’on peut considérer comme une anticipation des lansquenets, servir en 1276 sous les ordres de Rodolphe de Habsbourg ; mais, après la bataille, les chevaliers décapitèrent les prisonniers que cette unité avait faits sans lui demander sa permission, et elle refusa de renouveler son engagement. Un siècle plus tard, la ville d’Ulm et la ligue des villes souabes recrutèrent une unité de « serviteurs » libres, qui prit le nom de « Fédération de la liberté », et, depuis lors, ces troupes jouèrent un rôle important dans plusieurs guerres en Allemagne, sous des noms différents et avec des succès divers. Dans le Holstein, on les appelait les « gardes noirs », et, quand ils se mettaient au service de la Hanse, ils devenaient « l’infanterie marine ». La composition de ces unités avait perdu sa pureté originelle et, tout comme les groupes de mercenaires ordinaires, elles recrutaient la lie de la société, y compris des assassins ; mais elles continuaient à observer le code qu’elles s’étaient fixé, et les maraudeurs étaient sévèrement punis par leurs camarades : les peines allaient de l’enchaînement (le coupable était suspendu par les quatre membres à des chaînes) au bûcher.
Dans les rares occasions où une ville envoyait des contingents à l’empereur, elle habillait ses soldats de vêtements de couleur afin qu’on les reconnût aisément. Tel fut le cas des lansquenets de Maximilien, qui les baptisa de ce nom pour éviter certaines critiques : les États de l’Empire germanique étaient las des mercenaires, tout comme l’étaient les Français, et ils souhaitaient se débarrasser de cette plaie, de sorte que le recrutement effectué par Maximilien avait suscité des craintes et des soupçons. C’est pour répondre à ceux-ci que l’archiduc rétorqua qu’il s’agissait non pas de mercenaires mais de « serviteurs du pays », ce qu’il démontra par sa méthode de recrutement, par l’origine de ses soldats et par la discipline rigide qu’il leur imposa.
Entre 1482 et 1486, Maximilien recruta des lansquenets en Rhénanie et dans les régions voisines du bas Rhin, et il les forma comme il avait formé ses troupes précédentes, selon le modèle suisse. Une vive hostilité opposa bientôt les lansquenets aux mercenaires suisses. Sous les ordres du duc Sigismond de Tyrol, avec à leur tête le capitaine Friedrich Kappler, les lansquenets battirent les condottières vénitiens à la bataille de Calliano, en 1487. Un an plus tard, faisant partie de l’armée de l’empire, ils furent envoyés aux Pays- Bas et, en route, ils prirent leurs quartiers à Cologne ; lorsque les troupes suisses voulurent également s’y installer, l’archevêque de Cologne leur refusa l’entrée de la ville pour éviter tout heurt entre eux et les lansquenets. En 1490, Maximilien partit en guerre contre les Hongrois, et, à cette occasion, les lansquenets prirent d’assaut la ville de Stuhlweissenburg ; dès lors, leur réputation, en Europe, fut équivalente à celle des Suisses. A cette époque, Maximilien disposait de deux régiments de lansquenets comportant chacun 3.000 à 4.000 hommes. Ceux-ci lui étaient aveuglément dévoués, et c’était précisément ce qui lui avait fait défaut par le passé, de sorte qu’il ne cessait de se dépenser pour que ces contingents, en provenance des villes allemandes, fussent bien conscients de représenter une élite militaire. Mais, sur le plan politique, il se vérifia dès le début que les lansquenets constituaient une institution difficile à traiter. Il fallait les prendre pour ce qu’ils étaient : une confrérie militaire, dont le métier était de faire la guerre ; ils étaient souvent méfiants et obstinés, mais, sur le champ de bataille, leur bravoure était insurpassable et ils étaient d’une remarquable endurance.
Maximilien d’Autriche s’était rendu compte que le système militaire féodal avait besoin d’être transformé, en particulier sur le plan économique. Aussi le recrutement de lansquenets fut-il organisé sur une base complètement nouvelle. L’empereur accordait à un colonel – en général doté d’une certaine réputation militaire – un brevet pour recruter des troupes ; il recevait pour cela une somme forfaitaire titre d’avance. Le colonel gardait souvent une bonne partie de cet argent pour lui-même et engageait les hommes en leur promettant un riche butin à l’issue de la guerre, et semble que beaucoup de lansquenets aient dû financer eux mêmes leur équipement. En fait, le colonel recruteur était un « entrepreneur militaire » et, contrairement à ce qu’avait obtenu des états généraux d’Orléans Charles VII de France, Maximilien, devenu empereur d’Allemagne, ne put jamais persuader la Diète allemande de lever des impôts régulier destinés à financer l’armée, et ses successeurs n’y parvinrent pas davantage. L’expédient qui consistait à charger un colonel de lever des troupes était donc assez fragile, car l’argent comptant dont disposait l’empereur était restreint. La seule chance qu’avaient les lansquenets d’être payés résidait dans la conquête d’un vaste butin, et ils le savaient fort bien. De plus, la Diète avait fixé des limites géographiques aux zones de recrutement ; en 1495, la Diète de Worms permit l’empereur de recruter des lansquenets dans tout l’empire mais uniquement pour la campagne d’Italie. En toute autre circonstance, il dut s’en tenir à ses propres États.
Lors des premières campagnes pour le recrutement de lansquenets, il est prouvé que l’officier recruteur prête grande attention au caractère des hommes qu’il engageait. La nouvelle recrue recevait un peu d’argent mais devait fournir elle-même ses armes. Les recruteurs exigeaient de l’empereur une somme correspondant à l’engagement d beaucoup plus de lansquenets qu’ils n’en recrutaient en fait. Les hommes de grande expérience, qu’on plaçait aux premiers rangs, recevaient une double paie : le recruteur donnait leurs armes à des lansquenets ordinaires, dont la paie était simple, mais, sur les rôles militaires, ces hommes figuraient pour une paie double, et c’était le recruteur qui mettait la différence dans sa poche. Ainsi il grugeait à la fois l’empereur et la recrue.
Le colonel qui avait reçu le brevet de recruteur nommait des capitaines ; ceux-ci nommaient eux-mêmes des lieutenants, des enseignes, des sergents, des quartiers-maîtres et des caporaux (ces derniers étaient aussi parfois élus par les hommes). Les lansquenets se répartissaient en compagnies dont chacune avait son « guidon » (« Fähnlein« ), analogue à la bannière de l’armée féodale. Il y avait environ 400 hommes sous un « guidon » et un régiment de lansquenets se composait de 10 à 18 compagnies, elles-mêmes baptisées « Fähnlein » ; mais il s’agissait là d’unités administratives et non tactiques : l’unité tactique était, comme chez les Suisses, le bataillon, ou formation en carré.
La plus grande force des lansquenets résidait dans leur structure interne et dans l’ordre qui régnait à l’intérieur de celle-ci. Comme les gens de toute autre profession, ils formaient une corporation analogue aux « guildes » des artisans et des commerçants. Avant la bataille, le capitaine de chaque unité devait consulter le conseil de la compagnie, le « cercle » ( Ring ), l’informer de ses plans et tenir compte de ses avis. Chaque unité élisait son représentant, qui agissait comme porte-parole vis-à-vis du capitaine. Un capitaine suprême exerçait, au-dessus de tous les autres, les pouvoirs judiciaires et disciplinaires, avec l’aide d’un magistrat et de ses assistants ; ceux-ci, choisis dans les compagnies, étaient eux-mêmes des lansquenets ; dans certains cas particuliers, les lansquenets avaient le droit de juger et de punir eux-mêmes un de leurs membres. L’accusé était traduit devant le Ring de sa compagnie ; il devait répondre de ses actes et se défendre lui-même comme il le pouvait. Si l’accusé était reconnu coupable, les lansquenets exécutaient immédiatement la sentence. Toutes ces mesures étaient destinées à fournir aux lansquenets cette cohésion interne qui avait fait l’excellence des Suisses. Ils avaient leur constitution, la « lettre d’articles » (« Artikelbrief« ), sur laquelle toutes les recrues devaient prêter serment. Tous ces dispositifs n’avaient rien de nouveau ; l’empereur Frédéric Barberousse, comme les Suisses plus tard, avait recouru à une structure analogue ; mais les Allemands l’avaient adaptée à leurs besoins. Georg von Frundsberg, qu’on a souvent surnommé « le père des lansquenets », avait stipulé que la prestation de serment devait avoir lieu par petits groupes : « S’ils sont réunis en une grande assemblée avant d’avoir prêté serment, ils refusent de jurer sur la lettre d’articles ; ils commencent par faire valoir leurs propres exigences selon leur bon vouloir, et il faut que vous y accédiez, et, après cela, vous n’êtes plus tranquille. On ne peut pas obliger les gens à faire la guerre tout le temps ; c’est pourquoi il faut que vous puissiez leur présenter la loi sur laquelle ils ont juré. »
La teneur et la forme de ces articles variaient considérablement d’une troupe à l’autre, mais la base en était toujours la même : un engagement contractuel réciproque par les lansquenets et par ceux qui les payaient. Les soldats juraient de remplir leur devoir, et l’empereur, pour sa part devait les payer comme il était convenu, en tant que seigneur loyal à l’égard de ses hommes.
Les lansquenets prêtaient serment d’obéissance à tous ordres reçus ; le principe d’obédience était sans équivoque et il était explicitement déclaré qu’il s’appliquait à tous, quel que fût leur rang. Au XVIe siècle, la paie mensuelle des lansquenets s’élevait à 4 florins. Il arrivait toutefois souvent qu’il y eût de vives discussions à ce propos et que les lansquenets exigeassent que le mois commençât ou finît avec chaque bataille ou prise de ville. Le roi de France François 1er accepta une fois de garder les lansquenets à son service pendant 10 mois et, à la veille de la bataille, de leur payer un mois supplémentaire. Philippe de Hesse, ce prince allemand qui se rendit célèbre par sa bigamie que Melanchthon et Luther condamnèrent, avait conseillé à ses fils de ne faire que des guerres défensives, car, autrement, les exigences des lansquenets seraient telles qu’ils ne pourraient les satisfaire. D’autre part, il était interdit aux lansquenets de constituer des « syndicats » : s’ils avaient des plaintes à formuler, ils devaient le faire par l’entremise de leurs représentants ou, à défaut, par celle d’un lansquenet à double paie qui serait désigné spécialement pour aller transmettre la plainte au capitaine. L’ère féodale ne s’était pas achevée brusquement, d’un seul coup : on en trouve encore des traces dans les « lettres d’articles ». Ainsi, les cavaliers n’étaient pas recrutés individuellement mais en petites unités : un chevalier avec des aides à cheval ; et les chevaliers bénéficiaient de privilèges particuliers, de même que d’autres spécialistes, tels que les artilleurs, les hommes du génie et les sapeurs.
Tout homme était tenu de veiller à l’entretien de ses armes, de ses vêtements et, le cas échéant, de son cheval, qu’il avait toujours l’obligation d’acheter au quartier-maître. Les lansquenets devaient aussi se procurer leur nourriture, qui leur était vendue par des vivandières affectées à chaque compagnie. Comme ces femmes auraient eu du mal à transporter tout le ravitaillement nécessaire à une grande armée, il était inévitable qu’on vît les lansquenets s’approvisionner également dans le pays, et, à cet égard, ils constituaient pour un territoire en guerre une plaie aussi pénible que l’avaient été les mercenaires. Dans certaines des « lettres d’articles », on spécifie que le fourrage pour les chevaux, le pain, les légumes et quelques autres produits alimentaires sont les seules denrées que les lansquenets ont le droit de prendre dans un pays ami ou neutre : il leur était strictement interdit de s’emparer de bétail et de biens domestiques, et de forcer les armoires et les coffres des habitants.
Une fois qu’une ville avait été prise, les lansquenets devaient, même s’ils n’avaient pas encore été payés, obéir strictement aux ordres du colonel. La force d’occupation était tenue de construire des fortifications, stipulation qui causa fréquemment des difficultés, parce que les lansquenets jugeaient contraire à leur dignité de se livrer à des travaux manuels.
Dans le cas où un conflit se fût déclaré entre les lansquenets, il leur était expressément défendu d’en appeler à la nation, car, si les compatriotes des lansquenets en cause étaient venus à leur secours, une véritable guerre civile eût risqué de se développer. Cependant, ces conflits entre lansquenets n’étaient pas rares ; ils s’élevaient surtout au sujet des femmes, du ravitaillement ou du butin. On leur permettait de se battre en duel, mais à armes courtoises (émoussées) et à l’écart du campement principal. Le butin que les lansquenets ramassaient en cas de victoire leur appartenait, exception faite de la poudre à canon et des pièces d’artillerie, qu’ils devaient remettre au capitaine.
On voit que les « lettres d’articles » étaient des constitutions aussi bien que des codes de discipline, dans le cadre desquels fonctionnaient des armées massives, du moins en comparaison de celles du Moyen-Age. Jusque-là, aucun État n’avait été assez fort, économiquement parlant, pour aligner des armées aussi considérables : c’est avec l’apparition de l’État national français que tout avait changé, ainsi qu’en raison de la consolidation de la couronne d’Angleterre sous les Tudors, de l’importance prise par l’Espagne en tant que nation et de l’accroissement territorial du domaine des Habsbourg. Toutefois, si les choses évoluèrent à partir de ce moment-là, on ne saurait dire que les fonds qui avaient manqué jusqu’alors devinrent soudain disponibles : ils se trouvèrent plus aisément accessibles, mais jamais en quanti- tés suffisantes pour mener à terme les campagnes engagées aux XVe et XVIe siècles ; de sorte que, pour les lansquenets, le problème économique demeura. Maximilien d’Autriche avait essayé de créer une troupe d’élite qui lui fût loyale, mais comment pouvait-il, et comment ses successeurs pourraient- ils assurer le maintien de cette loyauté s’ils se trouvaient incapables d’honorer leur part du contrat ? En Europe centrale, ce fut Wallenstein qui trouva la réponse à ce problème fondamental, mais seulement au XVIIe siècle.
L’insuffisance de la paie des lansquenets était compensée par le butin, mais, pour obtenir celui-ci, on donnait fatalement libre cours à des excès. Les chants que chantaient les lansquenets à l’époque, et qui nous ont été conservés, expriment de manière énergique les ravages qu’ils causaient dans les territoires sur lesquels ils se battaient. Toutefois, la cruauté n’était pas l’apanage des lansquenets ou des mercenaires, car l’ère dite de la chevalerie abonde en exemples du même genre : tout est affaire de proportions. Ce qui est frappant, c’est qu’à la fin du Moyen-Age les guerres mettaient en jeu des troupes beaucoup plus nombreuses, et, lorsqu’une ville était prise d’assaut par les lansquenets, c’étaient des milliers d’hommes qui violaient et pillaient, et non plus des centaines comme autrefois. Il arrivait bien souvent, désormais, qu’une ville capitulât en échange d’une promesse de clémence ; or, sitôt les portes ouvertes, le sac commençait. Et le capitaine ou le colonel qui, naguère, avait peut-être refréné les mauvais instincts de quelques chevaliers, comment eût-il pu à présent empêcher d’abuser de sa victoire ou traduire en cour martiale toute une armée ? Le grand prévôt qui aurait arrêté l’un des lansquenets aurait eu à affronter l’unité tout entière. En outre, les lansquenets savaient fort bien que leurs supérieurs s’intéressaient tout autant qu’eux au butin, qu’ils en profitaient souvent au détriment de leurs hommes et qu’ils y étaient du reste obligés, dans une large mesure, par la pénurie financière du souverain qui les employait.
Au cours de leurs campagnes, les lansquenets emmenaient Une suite importante. Chacun d’eux désirait avoir avec lui sa femme, voire plusieurs femmes, et au moins un domestique. D’ailleurs, les femmes étaient indispensables pour s’occuper des malades et des blessées. Et puis… il y avait le repos du guerrier : en 1567, lorsque le duc d’Albe, venant d’Italie, marcha sur les Flandres, son armée était accompagnée de 400 prostituées, suite qui ne laissait pas d’être assez encombrante. Parmi les lansquenets allemands, les femmes servaient encore à transporter les bagages : on a estimé que chaque femme portait en moyenne entre 20 et 30 kilos de marchandises diverses !
Leur arme principale, comme celle des Suisses, était la pique. Au moment où on leur donnait l’ordre de « former le serpent », ils devaient pointer leurs piques : la formation du « serpent » était le mouvement par lequel la colonne en marche se transformait en carré en vue de l’attaque, mouvement qui ne pouvait être exécuté convenablement qu’après quantité d’exercices ; il semble que ce soit à la fin du XVe siècle que les lansquenets l’ont exécuté de façon parfaite ; or c’est précisément l’époque où le train militaire de leurs unités était le plus chargé. En bataille rangée, les choses se passaient bien ; mais, lorsqu’ils rencontraient l’ennemi à l’improviste, la manœuvre était plus difficile.
Le maniement de la pique n’était pas non plus aisé. Un contemporain en a écrit ceci : « Le plus désagréable, c’est la vibration de la hampe. J’en ai fait moi-même l’expérience : lorsqu’on se bat avec une longue pique, il est presque impossible d’atteindre sa cible, car la pointe vibre trop, surtout lors de fortes poussées, et elle vibre le plus fort lorsqu’on utilise toute la longueur de l’arme, avec le bras droit entièrement étendu. Il faut une poussée lente et sûre, effectuée avec réflexion, en attendant le moment favorable, si l’on veut frapper un mercenaire en armure aux endroits les plus sensibles du cou ou de l’abdomen et atteindre avec précision les articulations de l’armure. »
En principe, des forces supérieures battent des troupes moins nombreuses ; mais il arrivait souvent que les forces fussent équilibrées, et, dans ce cas, pour amener une décision, il fallait que l’une des masses armées opérât une brèche dans l’autre. Avant l’avènement de l’artillerie et des mousquets, cette tâche incombait à un groupe d’hommes choisis très soigneusement pour cela. Il les fallait d’abord spécialement forts, car ils devaient manier à deux mains un glaive à deux tranchants plus grand qu’eux-mêmes. Ce glaive était si lourd qu’on ne pouvait l’utiliser qu’une seule fois et qu’il fallait donc atteindre sa cible du premier coup ; en cas d’échec, l’attaquant était inéluctablement transpercé par les piques de l’ennemi. Lors de tels engagements, peu avant la rencontre des deux armées, le groupe d’assaut, placé au second rang, s’avançait de quelques pas devant le premier, ce qui constituait pour l’adversaire un élément de surprise. Mais, en raison du risque encouru en pareil cas, la force à elle seule ne suffisait pas, et la promesse de récompenses non plus : aussi chargeait-on fréquemment de cette mission meurtrière des condamnés à mort qui, s’ils réussissaient à pratiquer une brèche dans les rangs ennemis, voyaient leur peine commuée ou annulée. Les lansquenets donnaient le nom de « compagnie perdue » (« verlorener Haufe« ) au groupe d’hommes exceptionnellement courageux ou tout à fait désespérés qui acceptaient de courir le risque de se frayer un chemin dans un carré composé parfois de cent guerriers de front et d’autant de rangées.
La « compagnie perdue » cessa d’être nécessaire au moment où le mousquet devint d’un usage courant chez les lansquenets. Dès 1507, l’empereur Maximilien renonçait à l’arbalète. Dans toute l’Europe, on commença à former des armées sur le modèle des Suisses et des Allemands ; les résultats obtenus furent inégaux selon les pays. Par exemple, après la défaite de Guinegatte, Louis XI essaya de remodeler son infanterie selon ces principes, mais il n’y parvint pas tout à fait et n’obtint ainsi qu’une seule victoire, devant Gênes en 1507. Les efforts de François 1er ne furent pas plus heureux : il semble que ses fantassins aient déserté en masse, par exemple en 1543, lorsque l’infanterie française était censée défendre Luxembourg contre les Allemands et, au lieu de cela, leur abandonna la ville. En Espagne, Ferdinand d’Aragon fit venir, paraît-il, une troupe de Suisses pour la donner en exemple à son infanterie : et en effet l’infanterie espagnole se battit en Italie selon les mêmes tactiques que les Suisses et les lansquenets ; à la bataille de Ravenne, en 1512, elle se couvrit d’une gloire qu’elle allait conserver un siècle et demi durant, tout en maintenant un caractère national remarquable. N’ayant pas encore derrière eux les ressources du Nouveau Monde, Castille et Aragon étaient alors trop pauvres pour se payer des mercenaires, de sorte que la nécessité les obligeait à tirer le maximum de leurs propres ressources militaires. En définitive, ce furent les lansquenets et les Espagnols qui dominèrent, sur les champs de bataille européens, jusqu’au milieu du XVIIe siècle.
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Réveil d’une conscience politique mais où se former ?
L’année dernière nous avons assisté ou participé à cette vague de contestation face au gouvernement et nombre d’entre nous ont souhaité se former en politique. Mais où ? Avec qui ? Quand ?Nous vous proposons une série d’articles vous présentant tour à tour ces mouvements, cercles, groupes – qu’ils soient à Paris ou en Province.Partie 1 : DEXTRASur le site, il y est définit comme »une organisation politique apparue en 2009 qui s’est fixé pour objectif de reforger une droite authentique qui soit fidèle aux leçons de la philosophie classique afin de définir les principes et les axes d’une action politique au service de la France et des Français. ».La clé de voûte de la formation à Dextra est l’enracinement – un enracinement dans et pour la France, un véritable patriotisme et nationalisme qui constitue le socle de leur réflexion et la base de leur regroupement.Le mode de procédé est assez simple : Dextra propose des conférences d’hommes et de femmes politiques, de juristes, de philosophes pouvant nous éclairer sur certains points de lois, sur un parti, sur des questions de société …. Les conférences se déroulent tous les vendredi à Paris et une fois par mois environ à Versailles. Par ailleurs, il existe une université d’été où ils se retrouvent pour passer une semaine à se former.L’organisation a été fondée bien avant les manifs pour tous, ils sont déjà bien ancrés dans la réalité politique et militante, la formation par conférences et échanges permet à la fois d’apprendre et à la fois d’exercer l’art de la discussion. Ces points – et il y en a d’autres – sont des avantages non négligeables pour qui voudrait commencer à s’engager en acceptant d’avoir encore beaucoup à apprendre. Le politiquement correct et la condescendance ne sont pas de mise.Voilà un bon moyen de devenir citoyen en aimant son pays, sa patriePour les personnes désireuses d’apprendre et de se former une bière à la main, dans une bonne ambiance ; pour ceux qui se cherchent encore entre les différents partis et différentes idées défendues à droite ; enfin, pour la qualité des conférences, nous vous conseillons de faire un tour sur leur site et d’aller à une ou plusieurs conférences. Nos collègues de La Table Ronde seront présents ce soir à Versailles pour la conférence de Chauprade et vous retraceront la soirée (pour ceux qui ne pourraient pas y aller) - http://latableronde.wordpress.comIl est fortement conseillé aux Versaillais de s’y rendre autant pour découvrir que pour rencontrer Monsieur Chauprade. -
Les Archives Fabuleuses de l'Armee Francaise La Legion Etrangere
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Lancement des Bobards d'Or 2014
Communiqué de la Fondation Polémia :
"Pour la cinquième année consécutive, la Fondation Polémia, le think-tank dirigé par Jean-Yves Le Gallou, organise les Bobards d’Or le mardi 11 mars 2014.
Désormais bien établie dans le paysage de la réinformation, cette cérémonie satirique distingue les journalistes les plus habiles à désinformer pour servir le Système. Et cette année 2013 a été chargée ! De nouvelles catégories ont d'ailleurs été créées, l'imagination des médias pour donner une version partiale de la vérité étant sans limite.
Le Bobard républicain, par exemple, fait quasiment l'unanimité chez les bobardeurs professionnels ! Il s'agit, dans un réflexe pavlovien de protection du Système, de s'alarmer d'un retour de la bête immonde, no-pasaran-ventre-encore-fécond-qui-rappelle-les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, et d'en profiter pour, ni vu ni connu, maquiller la réalité afin de lui donner une moue de circonstance : digne, concernée, grave, républicaine… légendaire… bidon !
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Ou encore le Bobard Diafoirus, car dans le domaine médical nos journalistes mentent par conflit d'intérêts, par paresse, quand ce n'est pas par omission, oubliant alors leur devoir de donner tous les points de vue et non seulement ceux du Système.
Rendez-vous donc sur www.bobards-dor.fr pour retrouver les candidats et découvrir la Muselière d'or, le Gai Bobard ou le Bobard de cuivre, autant de ficelles de ce totalitarisme doux, dont les mensonges répétés finissent par s’imposer dans les esprits et dictent les politiques de droite, comme de gauche.
Comment se passe le choix des meilleurs mensonges ? Dès le 20 février, les internautes pourront voter et le Bobard du 11 novembre leur sera spécialement réservé. Puis le public présent lors de la cérémonie du 11 mars prochain départagera, à l'applaudimètre, les meilleurs journalistes-menteurs. Inscrivez-vous d'ores et déjà par courriel : contact@bobards-dor.fr ou sur notre site pour participer à la cérémonie."