Disparu trop jeune en 2010, à soixante-cinq ans à peine, Jean-Claude Valla était, outre un homme charmant, un grand journaliste doublé d’un historien non-conformiste. Avant de mourir, il avait eu le temps de rédiger des souvenirs, hélas inachevés, mais pleins de révélations sur l’histoire interne des multiples droites françaises. Massif, portant un beau nez de boxeur, Jean-Claude Valla se voulait fils de l’antique Bourgogne, celle du Téméraire et des légendes germaniques. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale, industrieuse et patriote (ses parents étaient gaullistes), il connut sa première révolte à l’âge de 14 ans, lorsque les Soviétiques mirent Budapest à feu et à sang. L’agonie de l’Algérie française fut pour lui une torture, qui décida de tous ses engagements ultérieurs...
culture et histoire - Page 1622
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Souvenirs d'une figure de la Nouvelle Droite : Jean-Claude Valla
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Les Grands Entretiens de Novopress – Piero San Giorgio : “L’anthropologie montre que l’homme est un animal social” (2/2)
Ancien cadre supérieur puis entrepreneur dans le secteur des nouvelles technologies, Piero San Giorgio a fait une arrivée éditoriale remarquée à l’automne 2011 avec la publication de son premier ouvrage “Survivre à l’effondrement économique”. Le titre, qui a remporté un grand succès, a fortement contribué au développement des préoccupations survivalistes et à leur couverture médiatique. Après un deuxième titre “Rues Barbares, survivre en ville” publié en décembre 2012, Piero San Giorgio vient de débuter il y a quelques jours une nouvelle expérience. Nous l’avons rencontré.
Propos recueillis par Pierre Saint-Servant
Venons-en maintenant à la préparation concrète. J’ai pris conscience de la gravité de la situation actuelle, de la fragilité du système auquel je suis relié et je souhaite me préparer, retrouver une certaine autonomie, par où commencer ?
La prise de conscience est déjà une grande étape. Après, pas besoin de voir grand, de planifier des stratégies très complexes. L’important est de démarrer, quitte à ce que ce soit à petits pas. J’explique dans mes livres qu’une bonne approche est celle qui est équilibrée entre les sept grands points que sont l’autonomie et la préparation pour l’eau, la nourriture, l’hygiène et la santé, l’énergie, la connaissance, la défense et le lien social. Beaucoup de choses peuvent se préparer chez-soi, par soi-même, en lisant, en prenant connaissance de techniques et d’outils et en faisant l’acquisition d’un peu de matériel et de réserves. Dans « Rues Barbares » nous donnons la marche à suivre sur comment démarrer en 30 jours, et à petit budget !
Il n’y a cependant pas de préparation efficace sans changement des modes de vie, vouloir retrouver son autonomie passe donc inévitablement par diminuer ses besoins et revoir son rapport au monde ?
C’est la démarche idéale oui. Une réelle prise de conscience nécessite des changements. Toutefois, ces changements peuvent ne pas être radicaux. Pas besoin de vivre avec des chèvres dans le Larzac, pas besoin de se faire construire un abri antiatomique.
L’équilibre est essentiel. Equilibre dans son travail, entre ses besoins de revenus et ses aspirations personnelles, entre désir d’indépendance et le confort qu’offrent les systèmes d’infrastructure de la civilisation, entre désir de vie saine et d’harmonie avec la nature et l’environnement et nos désirs de consommateurs. Tout cela peut se faire progressivement, petit à petit, sans frénésie et sans panique. Le résultat est au final des besoins plus modestes et plus de bonheur, comme en témoignent de nombreuses personnes et comme c’est le cas pour moi.
Vous insistez dans Rues barbares sur le fait que l’environnement urbain est particulièrement inadapté aux situations de crise et à la recherche d’autonomie. Dès que cela est possible, il faut donc s’installer en campagne ?
Certainement ! Les Romains avaient déjà théorisé qu’une ville de plus de 30 000 habitants n’était plus viable. La campagne comporte beaucoup d’avantages – eau, nourriture, lien social, défense – mais aussi des inconvénients – moins de métiers possibles, moins de soins médicaux, un certain isolement social. Mais on voit que pendant les grandes crises, comme pendant l’Occupation en France, ce sont les habitants de campagnes qui s’en sortent le mieux. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible de s’en sortir en ville, simplement cela est plus difficile et demande une préparation un peu différente. L’étude de crises urbaines, comme l’accident chimique de Bhopal, l’ouragan Katrina ou Sandy, les sièges de Leningrad, Stalingrad, Berlin ou Sarajevo nous donnent de bons indices sur ce qui est le plus important à faire.
Lorsque l’on découvre le prepping, une tentation peut être de travailler en tous sens et de déséquilibrer notre préparation, ce qui est un réel danger. Que conseillez-vous pour y remédier ?
C’est là, modestement, la grande valeur de ces livres : structurer la démarche dans quelque chose de cohérent et d’équilibré. Parfois des gens s’arment jusqu’aux dents mais n’ont pas une bouteille d’eau chez eux. D’autres se dévouent corps et âme à leur potager ou à tisser des liens sociaux et altruistes très forts, mais ne savent pas ou ne veulent pas se défendre. Il faut de la réflexion, de la méthode, de l’équilibre et faire toute chose avec calme. Il faut également, ce qui peut paraître paradoxal dans ces cas de figure un peu anxiogènes, de la sérénité.
L’auto-suffisance semble être une utopie, elle pourrait également faire croire que l’on peut vivre sans l’aide de la communauté, qu’en est-il réellement ?
L’anthropologie montre que l’homme est un animal social et ce, depuis des millions d’années. Nous n’existons pas naturellement en tant qu’individus. Nous n’existons qu’en groupe, en clan, en tribu, en ethnie. On peut le regretter, mais c’est comme ça. C’est bien pour cela que, à long terme, toute tentative d’autosuffisance doit s’inscrire, dans un cadre d’une communauté – la famille, le village, le quartier, le clan, la nation. Etant citoyen suisse, j’espère que mon pays, pourra mettre en place les mesures nécessaires pour devenir ce que j’appelle une Base autonome durable dans son entièreté. Ce concept, qui est valable pour un individu, pour une famille, pour un groupe, peut l’être pour une ntion.
Comment faire participer toute la famille (conjoint et enfants) à la recherche d’autonomie, sans faire peser un climat anxiogène ?
Comme pour tout ce qui est anxiogène dans la vie (départs en vacances, courses du samedi, perte d’un emploi, décès d’un proche) : avec pédagogie, tact, humour, et même de manière ludique. Encore une fois, le maître-mot est équilibre.
Pour conclure, quel message souhaitez-vous transmettre à ceux qui seraient découragés par l’ampleur de la tâche ?
La tâche peut sembler ardue et vaste, mais ce qui compte c’est de s’y mettre, petit-à-petit. Etre prêt à 1% est déjà infiniment mieux que ne pas être prêt du tout. En réalité, avec un petit budget et un petit effort on peut déjà faire énormément pour prévenir les effets de la plupart des crises.Au-delà de mes livres, de nombreux Etats ont d’ailleurs des sites d’information où ils indiquent ce que les citoyens peuvent faire pour se préparer. Même nos gouvernements sont survivalistes !
Piero San Giorgio, merci !
http://fr.novopress.info/158067/piero-san-giorgio-lanthropologie-montre-lhomme-animal-social/
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21 mars : conférence sur l'idéologie du gender à Auxerre
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Nos Chers Vivants - Premiere Edition
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L'Empire médiéval de Kiev, débats historiques d'hier et d'aujourd'hui
L'Empire médiéval de Kiev, débats historiques d'hier et d'aujourd'hui
par Iaroslav Lebedynsky
Du Xe au XIIIe siècle, un grand empire du nom de Rous'a uni les Slaves orientaux et développé une brillante culture de type byzantin. Iaroslav Lebedynsky, après un bref rappel historique, nous présente les vives controverses dont son histoire et son héritage ont fait et font encore aujourd'hui l'objet.
La Rous' médiévale
Les Slaves ont fait une entrée relativement tardive dans l'histoire, à la fin de l'Antiquité. Leur groupe oriental – les ancêtres des Biélorussiens, Ukrainiens et Russes – était représenté, au IXe siècle, par une série de tribus déjà groupées autour de centres proto-urbains, dont la future ville de Kiev. Certaines étaient vassales des Khazars, ces nomades de langue turque dont la couche dirigeante s'était curieusement convertie au judaïsme.
À partir de la fin du IXe siècle, ces tribus furent progressivement unifiées par une dynastie établie à Kiev et l'État ainsi constitué prit le nom de Rous'. En 988, le grand-prince Volodimer (Vladimir) adopta le christianisme byzantin comme religion officielle et fit ainsi entrer la Rous'dans l'orbite culturelle – mais non politique – de l'empire d'Orient. L'empire kiévien atteignit son apogée sous son fils Iaroslav « le Sage » (1019-1054) ; il était alors le plus puissant État d'Europe orientale et entretenait des rapports étroits avec l'Europe centrale et l'Occident : les filles de Iaroslav épousèrent le roi de France Henri Ier et les rois de Norvège, de Hongrie et d'Angleterre.
Un régime de succession inadapté causa des guerres civiles presque incessantes à partir de la seconde moitié du XIe siècle, mais la Rous'conserva son unité essentielle jusqu'au règne de Vladimir « Monomaque » (1113-25) et de son fils Mstislav (1125-32). Ensuite, elle éclata en une série de principautés indépendantes de fait, toutes gouvernées par des branches de la même dynastie. Tout en conservant sa prééminence symbolique, Kiev cessa d'être le centre du pouvoir réel au profit de nouvelles puissances, comme les principautés du sud-ouest – Galicie et Volhynie – ou celles du nord-est – Vladimir et Souzdal. C'est cette mosaïque encore unie par la langue écrite, la culture et la religion qui subit le choc des invasions mongoles de 1237-40, qui sont considérées comme le terme de la période kiévienne et le début de l'histoire distincte des peuples slaves-orientaux modernes.
Le rôle des Varègues
Le premier grand débat sur la Rous' kiévienne concerne le rôle des Varègues, ces aventuriers scandinaves cousins des « Normands » d'Occident, auxquels était traditionnellement attribuée la création de l'empire de Kiev. La Chronique des années écoulées, rédigée aux XIe-XIIe siècles et qui est la principale source sur le sujet, est claire : divisés, les Slaves orientaux appelèrent un groupe de Varègues appelés les Rous'pour venir mettre de l'ordre chez eux. Leur chef Riourik, fondateur semi-légendaire de la dynastie kiévienne, s'établit en 862 près de Novgorod, en Russie du Nord, d'autres à Kiev. Vingt ans plus tard, la famille de Riourik s'empara à son tour de Kiev et en fit la capitale d'un empire auquel s'étendit le nom de Rous'.
Cette présentation fut prise au pied de la lettre jusqu'au XIXe siècle. Il existait des parallèles historiques, comme la création du duché de Normandie par les Vikings de Rollon. En Occident, l'idée de Kulturträger germaniques venus civiliser les Slaves anarchistes flattait agréablement le sentiment de supériorité des historiens, notamment allemands. La théorie « normaniste » est toujours bien représentée dans la littérature historique occidentale, par exemple dans les travaux de Régis Boyer.
Dans les pays slaves orientaux, l'origine varègue fut enseignée comme vérité officielle dans l'empire de Russie jusqu'en 1917. À l'époque soviétique au contraire, elle fut victime d'une violente réaction « anti-normaniste ». La Rous' médiévale fut présentée comme le produit du développement indigène des sociétés slaves-orientales, sans impulsion extérieure notable. Les historiens soviétiques finirent par nier tout rôle des Varègues dans la formation de l'empire kiévien.
Sans vouloir ménager les uns ou les autres, il est clair que la vérité doit être plus nuancée. La présence des Varègues en territoire slave-oriental est absolument certaine. Ces Scandinaves, qui vivaient de mercenariat – par exemple à Constantinople où ils servaient dans la garde des empereurs – mais aussi de commerce, fréquentaient la grande « Voie des Varègues aux Grecs » qui allait de la Baltique à la mer Noire en suivant notamment la partie navigable du cours du Dniepr. Il semble assuré aussi que la dynastie kiévienne, à en juger par les noms des premiers grands-princes et une partie de l'élite militaire de la Rous', était issue de ce milieu varègue. Igor est ainsi issu de Ingvarr, Oleg, de Helgi.
C'est évidemment insuffisant pour attribuer aux Varègues la création ex nihilo de structures politiques chez les Slaves orientaux. La Chronique des années écoulées contient une strate nettement antérieure, peut-être du VIe siècle, relative à la création de la ville de Kiev par un personnage nommé Kyï auquel ses descendants auraient succédé. La dynastie varègue aurait ainsi tiré parti d'un cadre préexistant et son installation à Kiev suggère que la ville était déjà un centre politique et commercial important. L'organisation primitive de la Rous', avant la conversion au christianisme, n'a d'ailleurs pas de caractère typiquement scandinave et présente les traces d'autres influences, comme celle des nomades de la steppe – on y reviendra plus loin.
Il ne faut donc ni minorer, ni exagérer le rôle des Varègues. Ils ont fourni à la Rous' originelle une dynastie de souverains talentueux et une partie de son encadrement, ainsi que des réserves toujours disponibles de mercenaires et Iaroslav le Sage leur dut son accession au trône. Mais – sauf dans le domaine militaire – leur influence culturelle fut très limitée ; il n'y a pratiquement pas de termes scandinaves dans les langues slaves-orientales. À l'exception des régions les plus septentrionales, la colonisation varègue fut faible et l'assimilation rapide. Au sein même de la dynastie kiévienne, des noms slaves apparaissent dès le milieu du Xe siècle. La Rous' n'est pas une « Normandie » orientale.
Doit-on aux Varègues, comme on l'a longtemps cru, le nom même de Rous'? Rien n'est moins sûr. Le terme n'a pas d'étymologie certaine : on a proposé diverses racines germaniques, mais aussi slaves ou iraniennes, plus exactement scytho-sarmates. Surtout, son sens initial n'est pas clair. Certaines sources présentent les Rous' des IXe-Xe siècles comme des Scandinaves et les opposent aux Slaves, mais ceci veut-il dire que les Varègues ont apporté ce nom avec eux, ou qu'ils ont adopté sur place, ou reçu, un nom local ?
Note du C.N.C.: le présent texte est soumis à des droits d'auteurs et de copie, nous ne pouvons pas le reproduire entièrement, il vous faudra donc poursuivre la lecture sur le site de CLIO.
Lisez la suite ICI.
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Incendiaires et sauveteurs
La Révolution française, intimement associée à la maçonnerie, est un essai de vie humaine en société sans l’idée de Dieu. Elle est un pari qui ne pouvait être que perdu, un pari que devait légitimer un massacre. Elle s’est incarnée dans deux hommes littéralement infernaux, Marat et Robespierre, et elle a abouti à Bonaparte. Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, fut, en littérature, l’un des propagateurs de l’incendie révolutionnaire. Mais il ne fut pas le seul. Avant lui, il y avait eu Rousseau, chez lequel la folie avait pris la forme politique et qui écrivit le Contrat social, table posée de travers et sur laquelle rien ne pouvait tenir, car on partait de ce principe essentiellement faux, que l’homme est naturellement bon et que ce sont les lois qui le font méchant en le réglementant. L’homme est en fait le seul animal qui ait eu en lui l’instinct pervers de dominer, et d’esclavager son semblable et s’il s’agit de la femme, de tirer d’elle, par la force, à laquelle elle opposera la ruse, son assouvissement immédiat et brutal. Mallet du Pan raconte qu’en 1788, il vit à Paris, Marat soulever la foule, dont il était alors inconnu, en lui lisant à haute voix des passages du Contrat social. Ainsi la Révolution partant de la folie, aboutissait-elle naturellement au crime, et le glaive de la Justice, dans ses mains, devint la guillotine.
Léon Daudet
Sauveteurs et incendiaires, Éd. Flammarion, 1941
S’agit-il d’un livre politique ou d’un livre de critique littéraire ? On peut se le demander quand on lit l’article consacré à Émile Zola. En fait, cette étude est à la fois politique et littéraire puisqu’elle touche à l’influence politique du livre et du journal. Léon Daudet étudie en psychologue un aspect de la Révolution : le malaise moral du révolutionnaire qui fait de lui un “incendiaire”. Les êtres humains ne forment pas des blocs : le caractère incendiaire apparaît chez des hommes qui, sans le levain de la révolte déposé par de mauvaises lectures, seraient des personnes normales et utiles à la société. Daudet rapporte que Michelet a noté que les révolutionnaires qui livraient aux égorgeurs, pendant les massacres de septembre, prêtres, “ci-devant“ et bourgeois suspects, hésitaient parfois entre l’admiration, voire l’affection pour leurs victimes, et la fureur sanguinaire. L’idéologie les faisait basculer dans la haine sociale.
Le brandon du Contrat social
Léon Daudet va nous montrer des incendiaires et des esprits qui combattent les méfaits de la subversion, et pour souligner la complexité de notre nature, il analysera des caractères qui présentent les deux aspects. Il commencera par Rousseau qu’il considère comme la source de tout le malaise de la pensée moderne, et les pages qu’il lui consacre rappellent les fortes pages de la préface de Romantisme et Révolution. Maurras y écrit : « Si dénués qu’ils fussent de philosophie générale, Montesquieu et Voltaire avaient pour eux un grand savoir, l’exercice de la raison et ce sens naturel des proportions humaines, le bon goût et le sens commun… Mais le misérable Rousseau ! » Ainsi, pour reprendre la terminologie de Léon Daudet, Maurras voyait en Montesquieu et Voltaire des incendiaires tempérés par d’excellents côtés, tandis que Jean-Jacques représente l’incendiaire à l’état pur qui, après avoir perverti la sensibilité et la morale, lancera le Contrat social comme un brandon dans les intelligences de la fin du XVIIIe siècle.
Après avoir parlé de Rousseau dans sa préface, Léon Daudet commence son étude par Choderlos de Laclos : « Beaucoup moins connu que Rousseau, il a été sans doute plus agissant. » Laclos était d’autant plus dangereux qu’il était parfaitement conscient du mal qu’il faisait, comme le Valmont de ses Liaisons dangereuses. Nous indiquons l’admirable étude sur Diderot et il faut lire les pages sur Karl Marx, incendiaire à cent pour cent.
Le culturel et le politique
Jules Vallès fut « réfractaire et incendiaire », comme Restif de la Bretonne dont La Vie de mon père est un éloge de la famille traditionnelle, de ses vertus et de ses bienfaits au milieu d’une oeuvre profondément destructrice.
Léon Daudet passe aussi en revue de véritables sauveteurs qui opposent aux incendiaires leur talent au service de leurs idées, Balzac, sauveteur de la société, Le Play ou le salut par la famille, Mistral, constructeur et sauveteur.
La grande leçon donnée par Léon Daudet est que le combat culturel est intimement lié au combat politique.
Gérard Baudin L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007 -
LA DETTE VA-T-ELLE TOUS NOUS RUINER ?
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PÉNURIE ÉNERGÉTIQUE = FIN DE LA CROISSANCE ?
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Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard, par Gabriele Adinolfi (traduction exclusive pour le C.N.C.)
Gabriele Adinolfi s'exprime sur les événements d'Ukraine : Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard
La fierté d'un peuple en armes est inestimable.Assis derrière le clavier, de nombreux camarades occidentaux ont jacassé sur les camarades Ukrainiens, les qualifiant d'agents des Américains, des banquiers, des technocrates.
Les commissaires politiques de chez nous ont invoqué la géopolitique, soudainement devenue la clé unique et absolue de tout, un peu comme la théorie de la plus-value pour les marxistes les plus inexpérimentés.
On a entendu des personnages, ceux qui s'écartaient sans s'exposer quand on nous tirait dessus, émettre des malédictions du genre: «l'extrême droite est un phénomène des agences de renseignement occidentales."
On en sait quelque chose. Personnellement, j'ai croisé trois fois les services occidentaux réunis : dans trois différentes tentatives de m'incriminer pour dépister les enquêtes sur leurs amis, qui étaient nombreux et qui se trouvaient aussi à l'extrême gauche, pas à l'extrême droite.
Celle-ci est de la race de ceux qui palabrent.
Là bas, des camarades sont allés mourir. Trente, si je ne me trompe pas, dans les rangs du Praviy Sektor, (le Secteur Droit, rassemblement de plusieurs mouvements nationalistes ukrainiens comme Tryzub ou l'UNA-UNSO, NDT) et plus de quinze dans ceux du plus «modéré» Svoboda.
Mais c'est ainsi : des gens qui dans leur vie n'ont jamais été dans une bagarre ni payé une amende, crachent des jugements sentencieux sur celui qui se bat et meurt.
Vision héroïque de la vie . Rune du combattant.Avec Poutine ?
En dehors de ces experts de la vie et de la mort (des autres) qui décident des peuples en regardant une carte sur Google Map, il y a ceux qui se demandent en toute bonne foi : mais ne sommes-nous pas avec Poutine ?
Oui, en russophiles, non en tant que Russes, ni en tant qu'agents russes.
Nous sommes avec Poutine en tant qu' alliés potentiels et non comme des esclaves. Bien sûr, c'est un concept difficile pour certains des surhommes de chez nous qui imaginent l'avenir politique au service d'un Ivanhoé qui viendra pour lutter contre l'usurpateur. Leur plus grande ambition : être l'écuyer d'un maître car ils ne savent même pas ce que cela signifie d'être un seigneur.
Mais pour d'autres, pour ceux qui se posent des questions rationnelles et qui se demandent s'il aurait valu mieux d'éviter l'affrontement, la réponse est dans l'identification. Prouvez donc que vous pouvez vous identifier.
Poutine, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, a confié l'Ukraine à une minorité ethnique qui a profité du pouvoir pour s'imposer, dénationaliser et russifier.
Une minorité qui a utilisé la propagande soviétique, anti-fasciste, anti-nationaliste et anti-nationale. Et qui en a abusé.
C'est comme si Massimo d'Alema, Laura Boldrini et Rosi Bindi (représentants italiens de la gauche farouchement anti-nationale et « droitdelhommiste » NDT) avaient reçu les pleins pouvoirs .
C'est ce qui arrivé.
Et à celui qui dit : “mais n'était-il pas préférable de différer et d'essayer d'arranger les choses quand même “, je réponds la chose suivante : le lendemain des massacres de Primavalle ou d'Acca Larentia, seriez vous venus nous dire que nous devions nous mettre d'accord avec ces gens-là au lieu de défendre notre peau ainsi que notre droit d'exister et de nous affirmer ?
Seulement un abstrait, un branleur ou un dément pourrait nous dire que oui.En pratique
On nous dira, beaucoup plus raisonnablement cette fois, que désormais la situation est compromise et que la porte a été ouverte aux vautours. C 'est possible et même si cette défaite était inévitable, en tout état de cause, ce sont les deux factions et non pas une seule qui en porteraient la responsabilité.
Mais est-ce vraiment le cas?
Certes, à entendre nos commissaires politiques du clavier, il faudrait un peu moins lire les médias internationaux et surtout ceux des Américains, qui craignent de ne pouvoir contrôler une peuple qui prétend faire valoir ses raisons.
Traçons un résumé de ce que les camarades ukrainiens ont gagné pour l'instant.
Non seulement la libération, accordée, de toutes les personnes arrêtées lors des émeutes, mais aussi le licenciement de cinquante juges du « syndicat de la magistrature » local accusés de corruption, la grâce et la libération d'un père et de son fils condamnés (prison à perpétuité et quinze ans ) pour avoir abattu le magistrat symbole de la corruption post-communiste et l'octroi à un membre du parti Svoboda du poste de procureur général de toute l'Ukraine. Pendant ce temps, la rue, dominée par le Praviy Sektor, a poussé Yulia Timochenko à la retraite anticipée en lui faisant retirer sa candidature et a clairement fait savoir que l'Ukraine n'est pas disposée à devenir une colonie américaine.
C'est toujours le Praviy Sektor qui a réussit à faire rejeter la candidature au poste de Premier ministre du champion des Américains, Vitaliy Klitchko.
Après, la vice-présidence du Conseil de sécurité nationale lui a été offerte. Peut-être par une méthode de cooptation; le fait est qu'au moment ou j’écris, le Praviy Sektor n'a pas encore retiré toutes ses réserves.
Ceux tombés pour la Révolution ont été proclamés Héros de la Nation, en tant que "Centurie Céleste" .Dangers
Malgré la poisse des révolutionnaires par procuration de chez nous, eux qui ne savent qu'insulter ceux qui se battent, peut-être parce que c'est la seule façon qu'ils ont de sublimer leur vies de supporters en fauteuil, les scénarios apocalyptiques qu'ils souhaitent ne se sont pas encore réalisés, mais persistent sous la forme d'un risque.
Ce qui se passe est avant tout dû à la division et à la marginalisation.
D'autre part, Svoboda regarde avec confiance en direction de l'Ouest, mais pas le Praviy Sektor.
Définir ce que signifie un regard confiant vers l'Ouest, dans une zone de frontière, est une autre chose. Comme il en est pour la proposition d'élargissement de l'OTAN, qui, il ya quelques années seulement, a été formulée par le même Poutine qui voulait que la Russie y participe.
Les catégories de la realpolitik sont souvent différentes de celles des “supporters“ politiques.
Et, pour rester toujours dans la realpolitik, le résultat de la tragédie ukrainienne est susceptible d'aboutir à un partage convenu dans une sorte d'un nouveau petit Yalta.
Le fait est que les inconnues restent nombreuses et que les camarades ukrainiens ont un rôle à jouer non-négligeable, soit en faisant pencher la balance, soit en tant qu'agneaux sacrificiels.Occasions
Évidemment, si Svoboda et le Praviy Sektor entrent en concurrence et en conflit l'un avec l'autre, si les fonctionnaires de Svoboda s'avèrent aussi débiles que, par exemple, ceux de AN (Alleanza Nazionale NDT), les hommes de Soros remporteront le match et le Praviy Sektor sera la dinde destinée à être sacrifiée sur l'autel de l'occidentalisation .
Si, toutefois, en apprenant la leçon de Togliatti (secrétaire communiste italien à la fin de la guerre NDT), les camarades ukrainiens forment des cellules durables de magistrats, si les liens de sang entre les équipes restent supérieurs aux sirènes de l'arrivisme, les choses en iront autrement. Si nous étions en Italie, je ne serais pas confiant, mais nous parlons d'un peuple encore debout , avec des gens arrivés de partout pour se battre (en prenant congé régulièrement des chantiers ! ), des gens plus sérieux que ceux que nous avons l'habitude de rencontrer.
Ils peuvent le faire. Ils ne le feront que si ils sont eux mêmes garants de nouvelles relations économiques, énergétiques et diplomatiques avec la Russie. Relations qui sont une nécessité objective.
Ceux qui répondent que les deux côtés se haïssent et que cela constitue un barrage indépassable, n'ont pas le sens de la réalité. Les relations internationales ne se bâtissent pas uniquement sur la sympathie entre les partenaires ou pour une cause commune, mais sont, le plus souvent, basées sur des intérêts communs, qui ne sont communs que lorsque les deux parties contractantes sont égales, pas quand l'une d'entre elles est assujettie. Elles se créent aussi, et surtout, parmi ceux qui se haïssent.
Il n'est pas du tout inconcevable que, dans les prochains mois, il incombe précisément aux nationalistes ukrainiens de gérer les relations avec la Russie. Si , bien sûr, une guerre civile n'éclate pas avant.De l'écriture.
La situation peut basculer ; elle ne finira pas nécessairement dans l'abîme.
Et même si elle y tombe, cela aura toujours valu la peine.
Parce que rien ne vaut autant qu'un peuple qui lutte et affirme sa dignité par l'effusion de son sang. Un peuple qui sait ce que nous avons oublié : qu'il n'y a pas de dieu qui prend les armes à la place de ceux qui prient au lieu de combattre.
Quoi qu'il arrive, même si c'est ce qu'espèrent une grande partie des envieux et porteurs de poisse, les camarades ukrainiens ont donné un exemple existentiel, un exemple guerrier.
Ils ont écrit une page d'histoire épique en faisant leurs les paroles de Nietzsche: "écris avec ton sang et tu découvriras que le sang est esprit."
Au lieu de cela, nous écrivons sur Facebook ou sur des forums.
Et nous nous permettons de juger ceux qui se battent et meurent. Nous ne valons pas mieux que Boldrini, vraiment pas mieux.
Comme des esclaves envieux, nous souhaitons des chaînes à ceux qui ont eu la force de les briser.Gabriele Adinolfi
Notes: Première mise en ligne le jeudi 27 février 2014 sur le site noreporter.org
http://www.noreporter.org/index.php?option=com_content&am...Traduction de l'italien (romain): Angelo S. en collaboration avec Pascal Lassalle pour le Cercle Non Conforme
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Des lobbies au gouvernement mondial
Les États contemporains, même (et surtout) ceux qui, en apparence, ont conservé leur indépendance nationale, sont-ils pour autant encore souverains ? Les gouvernants de pays comme la Suisse ou Israël, le Venezuela ou le Japon, l’Afrique du Sud ou la Norvège gouvernent-ils effectivement, c’est-à-dire détachés de toute subordination économique ou morale à des organisations internationales officielles (à l’instar de l’Organisation des Nations unies et de ses satellites ou de celles à compétence régionale comme l’Union européenne) comme officieuses ? Eu égard à la place grandissante des traités et accords internationaux, notamment dans les domaines commerciaux et financiers, quasiment tous les États du monde, y compris ceux qui sont soumis à des mesures internationales de rétorsion (embargos militaires et commerciaux par exemple), sont “dépendants” d’un contexte international de plus en plus prégnant sur les plans juridique et politique.
Absence de complot
La réponse, en revanche, est moins simple, s’agissant des officines officieuses et de la nature comme de l’intensité des relations qu’elles entretiendraient avec les États et, plus précisément, leur gouvernement. C’est à bon droit, par exemple que l’on a pu s’interroger sur les connivences pouvant exister entre la mouvance Al-Qaida (et son chef insaisissable, Oussama Ben Laden) et l’État d’Israël et les États-Unis, son mentor et bailleur de fonds. L’objectif ? Endiguer l’expansionnisme islamique en Occident en criminalisant, autant que possible, l’ennemi arabo-musulman et ses séides. Loin de nous l’intention de tout expliquer par la théorie du complot. Comme l’a si bien montré Frédéric Rouvillois dans la revue Les Epées (n° 19, avril 2006), cette théorie vise un ennemi abstrait et éthéré qu’il convient de démasquer ; elle est à la fois légitimante (en ce qu’elle fonde et justifie le discours dominant) et simpliste (car elle occulte délibérément ou inconsciemment la complexité du réel). Néanmoins, force est d’admettre et d’observer, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, que nos sociétés actuelles, bien que saturées d’informations de toutes sortes, sont pourtant caractérisées par une opacité rendant malaisée la lisibilité autant que la compréhension de la politique nationale et internationale. Ce défaut de transparence, sans avoir été initialement voulu, sert, malgré tout, utilement les intérêts des divers “think tank” (littéralement, “réservoirs de pensées”) et autres groupes de pression aux allures de sociétés secrètes. En somme, pour gouverner sans être dérangé par des mouvements d’opinion ou des sautes d’humeur populistes, demeurons à l’abri des regards soupçonneux dans lesquels se lit une frénésie de contrôle démocratique.
Des réseaux puissants
Ce n’est pas céder, en effet, à la paranoïa conspirationniste que d’affirmer l’existence d’une “internationale” de ce que d’aucuns dénomment les “maîtres du monde”. Ces hommes et femmes d’influence, parce qu’ils sont placés aux endroits stratégiques de la gouvernance économique, politique ou scientifique, détiennent incontestablement une part du pouvoir mondial. Mais si ce “situationnisme” est une condition nécessaire, il n’est, cependant, pas suffisant. Encore faut-il que ces décideurs soient partie intégrante de réseaux aux ramifications particulièrement précises et nombreuses pour les relier entre eux, sans pour autant sacrifier à une démarche pyramidale ou centralisatrice. Suivant le principe des cercles concentriques, allié à la méthode de la toile d’araignée, les réseaux d’influence finissent par couvrir la quasi-totalité de la planète, et ce, quel que soit le domaine d’intervention. Insidieusement, se met donc en place un gouvernement mondial, qui, certes, n’avance pas à visage découvert et sous cette qualification orwelienne, mais agit toujours de concert, au service d’une idéologie de l’universel dont les origines philosophiques sont multiples (toutes empreintes, nonobstant, de l’idéologie des Lumières). Quoi qu’il en soit, au pouvoir déclinant des gouvernements nationaux s’est substitué (souvent avec la complicité active de ceux-ci, par bradage systématique de pans entiers de souveraineté) un nouveau pouvoir, subtil, planétaire et global, échappant complètement au contrôle des peuples. Les citoyens des nations développées, conditionnés par le réflexe consuméro-pavlovien du démocratisme, continuent mécaniquement d’élire des responsables d’institutions nationales alors que le pouvoir réel a été déplacé sournoisement vers de nouveaux centres. C’est ainsi que, sans surprise, le Béhémoth démocratique s’est accouplé au Léviathan oligarchique du gouvernement planétaire.
Talon d’Achille
En outre, il est remarquable de constater que ces groupes d’influence s’entremêlent étroitement avec des cénacles plus notoires. Les uns et les autres se complètent sans jamais se concurrencer. Certains gouvernements peuvent, sans hésitation, être considérés comme des groupes d’influence suigeneris, les États-Unis en constituant un exemple archétypique. Il n’est donc pas étonnant de trouver des membres du Siècle ou de la Trilatérale au sein d’institutions ayant pignon sur rue, comme la Commission européenne ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la grande majorité d’entre eux se recrutant dans le puissant groupe de Bilderberg. De même que l’on retrouve des représentants américains et français siégeant dans les mêmes instances (Forum de Davos, par exemple), alors que leurs intérêts politiques et économiques sembleraient apparemment divergents. De plus, les interconnexions sont tellement denses qu’il en résulte une confusion entretenue entre les lobbies industriels et économiques et les décideurs politiques. Ainsi, il n’est guère surprenant que l’Accord multilatéral sur l’investissement (un faux AMI, en quelque sorte, négocié sous l’égide de l’OMC et qui prône, entre autres, le bannissement de toutes les entraves aux échanges économiques et commerciaux), ou encore la directive Bolkestein, aient été le fruit d’une collusion entre les hauts responsables politiques et fonctionnaires internationaux et européens. C’est aussi ce qui explique la raison pour laquelle le président Sarkozy manifeste tant d’empressement à imposer, dans le dos des électeurs qui l’ont rejetée en son temps, la Constitution européenne “simplifiée”. Attiré dans la sphère d’influence des États-Unis, Nicolas Sarkozy est en train de concrétiser le rêve d’une mainmise de ces derniers sur la France et donc sur l’Europe. Les conséquences suivant les causes, il est aisé de deviner que le nouveau “mini-traité” (environ 250 pages !) européen est un prélude aux négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Mais peut-être est-ce là le talon d’Achille de ces puissants planétaires. Dévorés par l’orgueilleuse ambition de mettre le monde en coupe réglée, ils n’ont pas conscience qu’en favorisant l’entrée du loup turc dans la bergerie européo-américaine, ils vont, sans doute, précipiter leur Tour de Babel à sa perte. Nous ne nous en plaindrons pas, il suffit d’attendre.
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L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international, lobby 0 commentaire