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culture et histoire - Page 1742

  • Il faut riposter aux propos antichrétiens de Pierre Bergé !

        « Je suis pour la suppression intégrale de toutes les fêtes chrétiennes en France », déclarait hier soir Pierre Bergé sur les antennes de RTL France, dans l’émission « On refait le monde ». Des propos inadmissibles qui surviennent quelques jours après la provocation de Dounia Bouzar qui, à peine nommée à l’Observatoire de la laïcité par le Premier ministre, revendiquait la suppression de deux fêtes chrétiennes parmi les jours fériés reconnus par l’Etat et leur remplacement par Yom Kippour et l’Aïd. Ajoutez à cela les propos récurrents du ministre Vincent Peillon voulant « éradiquer » le christianisme en France et vous avez quelques indices d’une volonté manifeste de mener une nouvelle offensive antichrétienne avec le concours des plus hautes autorités de l’Etat et des puissances d’argent.

    La réaction des catholiques de France – ainsi que de toutes celles et ceux qui, ayant perdu la pratique de la Foi, n’en reconnaissent pas moins les bienfaits de la civilisation chrétienne – doit être sans appel et immédiate. Il faut stopper net cette surenchère destinée à accentuer la déchristianisation de la France.

    Que le changement de saison soit l’occasion de faire souffler un vent d’automne catholique ! Assez de mollesse, assez de tiédeur, assez de « politiquement correct », assez d’enfouissement de notre Foi au nom de stratégies consensuelles qui n’ont jamais apporté aucune victoire !

    Pierre Bergé a mis sa fortune, depuis des décennies, au service du vice, de l’anti-France et de l’antichristianisme. Ripostons en ciblant ses intérêts financiers.

    Cet appel s’adresse à toutes les forces de résistance qui ont émergé au cours des douze derniers mois et à cette génération qui a su faire preuve d’inventivité et de courage pour faire face aux destructeurs de la Famille. Que nos veilles et nos rondes de sentinelles se placent prochainement devant ces lieux chers à Pierre Bergé :

    -      la société de vente aux enchères Pierre Bergé & Associés ;
    -      la brasserie parisienne de luxe Prunier spécialisée dans le caviar et dont Pierre Bergé est PDG ;
    -      la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.

    Que nos voix se fassent entendre également devant ces médias dans lesquels Pierre Bergé a des capitaux - le journal Le Monde, le journal Libération, le magazine La Vie – ainsi que devant le siège de la radio RTL France qui se plaît à laisser ce personnage viscéralement antichrétien déverser sa bile sur ses ondes.

    Qu’à ces occasions, notre attachement à la Foi catholique soit fièrement affirmé. Christus vincit. Christus regnat. Christus imperat.

    Que ceux qui ne peuvent se déplacer devant ces lieux n’en prennent pas moins la peine de saisir leur téléphone, leur stylo ou leur clavier d’ordinateur pour adresser par toutes les voies envisageables des messages polis mais déterminés signifiant notre colère et notre mobilisation farouche.

    Il ne s’agit en aucune façon d’un appel à la violence. Mais il convient de rappeler cette vertu de force dont les catholiques doivent faire preuve lorsque les situations l’exigent.

    En avant ! L’automne catholique est de retour !

    Alain Escada,
    président de CIVITAS
    Civitas  -  France Jeunesse Civitas

  • Le 4 septembre 1870 vu par un député bonapartiste

    4 septembre 1870
    Le 4 septembre, la foule envahit la salle des séances du Corps législatif.

    Le 4 septembre 1870, plus ou moins spontanément, une multitude de Parisiens envahit au matin la Chambre des députés. L’Empire vit ses dernières heures : Gambetta et Favre, entraînant à leur suite la foule, proclament la République à l’Hôtel de ville. Le baron Eugène Eschassériaux est témoin de cette scène. Bonapartiste, député de la Charente-Inférieure (actuelles Charentes-Maritimes) de 1848 à 1892 sans interruption (jamais battu aux élections), il se distinguera plus tard comme l’un des piliers du parti de l’Appel au peuple (impérialistes) et restera fidèle jusqu’à sa mort à la dynastie déchue.

    Eugène Eschassériaux
    Eugène Eschassériaux
    (entre 1852 et 1857).

    « [...] Gambetta venait de prendre la parole, lorsqu’un garçon le demanda de la part de M. Hébert, questeur. C’était pour le prier d’empêcher l’envahissement, s’il le pouvait par ses conseils. Au bout de quelques instants, on nous annonce que la Chambre est envahie. A ce moment, nous assistons à l’appel aux armes fait à un bataillon qui nous gardait dans la cour. Les soldats disséminés dans les cours s’élancent sur leurs fusils en faisceaux et leurs sacs. Gambetta revint et ressort aussitôt. Nous déclarons que, sans nous préoccuper de l’envahissement de la salle des séances nous devons rester à notre poste et délibérer. Mais l’émotion gagne le bureau ; on n’écoute pas un orateur, on regarde le bataillon qui entre sous le bureau pour prendre l’escalier et pénétrer dans la salle des Quatre Colonnes. Nous sortons alors du bureau. Je pénètre alors dans la salle des Quatre Colonnes, d’où j’aperçois à travers la porte la salle des Pas perdus envahie, des têtes, des bras en l’air, des bayonnettes, des chapeaux et un bruit très grand. [...]

    Nous assistâmes pendant une heure à des divagations politiques, économiques, sociales de la part de la foule d’envahisseurs, de nature à faire douter la raison et à mettre Paris en-dessous du dernier des villages et au niveau d’une maison de fous. Il n’y a pas de stupidités, d’insanités qui ne soient sorties de ces têtes de gens armés et plus ou moins équipés en gardes nationaux. Pour eux les députés de la droite étaient des monstres, des voleurs, des brigands, des pillards emportant chaque soir chez eux une partie du trésor public. [Pour eux,] Les candidats officiels avaient été désignés sans élection par les préfets corrompus. D’autres protestaient contre le 2 Décembre, ne faisant pas attention qu’ils faisaient la même chose, au nom du désordre, quand l’ennemi est aux portes. Pour eux Paris est tout, les départements rien. Paris doit imposer la loi, et dans Paris les faubourgs, le peuple.

    On peut se demander dans quel milieu vivent de pareils hommes ; dans quelles ténèbres, dans quelle fournaise de passions aveugles et brutales ces gens passent-ils leur vie ? Ces hommes ne parlent pas notre langue, ne nous comprennent pas, et cependant ils vivent à quelques pas de nous. [...]

    Ainsi a fini l’Empire [...]. L’Empire aurait pu être sauvé après Sedan, par l’abdication de l’Empereur, si l’Impératrice et le ministère Palikao avaient transféré derrière la Loire, à Tours, le siège du gouvernement, en justifiant hautement le patriotisme de cette résolution par la nécessité de la défense nationale. C’eut été imiter les Valois pendant la ligue. Cette mesure de salut a été prise, quelques semaines après la chute de l’Empire, par les gens du 4 septembre. Elle s’imposait du jour où l’on a prévu le siège de Paris qui allait isoler le gouvernement du reste de la France et briser par cet isolement tous les moyens de défense. L’Impératrice et le ministère ont sacrifié au préjugé de croire que Paris est la France et surtout la peur de mécontenter les Parisiens. Les pouvoirs publics transférés à Tours eussent été libres, à l’abri des craintes de l’émeute, d’assurer la défense et de traiter de la paix sans cession de territoire. C’est ce qui aurait dû être fait au lendemain de Sedan. [...] »

    ESCHASSÉRIAUX Eugène (baron), Mémoires d’un grand notable bonapartiste, 1823-1906, présentés par François Pairault, Saintonge, éd. des Sires de Pons, 2000.

    http://histoire.fdesouche.com/3065-le-4-septembre-1870-vu-par-un-depute-bonapartiste#more-3065

  • Chronique de livre: Bernard Lugan, Décolonisez l’Afrique !

    decolonisez l'afrique.jpg Bernard Lugan, spécialiste français de l’histoire, de la géographie et de la géopolitique de l’Afrique, n’est plus à présenter à nos lecteurs non-conformes. Il est en effet un de ces piliers, un de ces maîtres, que tous penseurs ou militants, curieux cela va de soi, se doit de connaître s’il veut comprendre le monde d’aujourd’hui au-delà de cette doxa conforme et confortable, et bien trop souvent démagogique, véhiculés par nos politiques et par les mass media.

    Sans faire un rappel exhaustif sur la vie et l’œuvre de Lugan, il convient de rappeler que cet homme est l’auteur d’une bonne vingtaine d’ouvrages sur l’Afrique, dans le temps et dans l’espace, dont les incontournables actuellement sont, sans doute, son encyclopédique Histoire de l’Afrique, Des origines à nos jours (Ellipses), L’Histoire de l’Afrique du sud des origines à nos jours (Ellipses) sortie au moment même où se tenait la coupe du monde de football en 2010 et bien évidemment son traité intitulé Décolonisez l’Afrique !

    C’est sur cet ouvrage qu’il convient de s’arrêter un peu plus longtemps.

    En effet, celui-ci s’avère primordial pour sa pertinence et son apport pour une meilleure compréhension du « problème » Africain actuel, tant dans les pays africains sous tensions, qu’en France, cette ancienne métropole de l’Afrique.

    Le propos principal de Décolonisez l’Afrique ! tient en quelques lignes, mais quelles lignes !

    L’idée est d’admettre le fait que l’Afrique d’aujourd’hui est encore colonisée, par des forces structurelles anciennes, mais aussi des forces conjoncturelles voire parfois clairement immédiates, dont les Africains ne peuvent et/ou ne veulent se défaire.

    50 ans après les indépendances, dit Lugan, l’Afrique subit encore une recolonisation économique (le FMI et la Banque mondiale imposant des tutelles fermées), politique (les pays du Nord imposant la démocratie à tout va), philosophique et morale (le paradigme de la culpabilité européenne et la victimisation qui infantilise les africains, l’ingérence humanitaire) – p 3, avant-propos. Ainsi, face à cette seconde colonisation de l’Afrique, Lugan annonce clairement qu’ « une seconde et véritable libération de l’Afrique est à la fois nécessaire et urgente ».

    Les fondements de son plaidoyer sont posés.

    Son argumentation tient en 7 chapitres, 7 thèmes qu’il convient de retenir tant ils sont pertinents en tant que grille d’analyse du problème africain, mais aussi en tant qu’outil, voire d’armes, lors de débats avec des tenants de la doxa officielle :

    1 – Le demi-siècle perdu des fausses indépendances (1960-2010).

    2 – Libérer l’Afrique de l’aide pour le développement (APD) qui l’infantilise.

    3 – Libérer l’Afrique du paradigme de la culpabilité européenne qui la déresponsabilise.

    4 – Pour en finir avec l’« immigration choisie », forme contemporaine de la traite.

    5 – En finir avec le placage des modèles occidentaux qui mutilent l’Afrique.

    6 – Prendre en compte la réalité ethnique.

    7 – Reconstruire par ethnies.

     Mon propos reprendra dans son ensemble le fil conducteur du livre.

    En outre, dans un premier temps, Lugan répertorie l’ensemble des maux de l’Afrique depuis 50 ans. Problèmes économiques, problèmes démographiques dont les croissances urbaines et les exodes ruraux colossaux en sont les exemples les plus visibles, problèmes des aides humanitaires et des aides au développement qui bloquent le développement propre de l’Afrique, problèmes politiques. Lugan estime que depuis 1960, toutes les formes d’aide et de développement qui ont été essayées ont toutes échouées avec « au bout du chemin, la faillite d’un continent » (p22). Il se pose alors la question du pourquoi de ces échecs ? :

    « La réponse est simple : parce que le diagnostic des maux de l’Afrique n’a jamais été correctement posé. Des milliers d’experts et de spécialistes se sont pourtant intéressés au cas africain, des millions de pages de rapports furent rédigées et d’innombrables thèses lui furent consacrées. Leurs auteurs, dont certains étaient d’excellents connaisseurs du milieu, n’étaient pas tous aveugles ou incompétents. Tous étaient en revanche conditionnés par le « politiquement correct africain » imposé aux Etats unis par le lobby afro-américain et en Europe par l’ « école historique de la culpabilité européenne ». Voilà pourquoi ils n’ont pas vu les vraies causes des échecs de l’Afrique ou, plus grave encore, pourquoi ils se sont interdits de les désigner. » (p22).

    3 raisons expliquent pour lui ce blocage : la primauté donnée à l’économie au détriment du politique, le refus de prendre en compte la notion de différence, et le postulat démocratique.

     Ainsi posées les bases de son argumentation, Lugan lance les hostilités, citations, chiffres et documents à l’appui.

    Le premier assaut est tourné contre l’aide pour le développement (APD) qui, selon lui, infantilise l’Afrique. Cette APD n’a cessé d’augmenter depuis 2000 : 15.6 milliards de dollars en 2000, 44 en 2008, 38 milliards doivent être versés par l’UE pour 2015. Mais, le résultat est sans appel pour notre spécialiste : l’APD a échoué dans « ces trois grands domaines qui sont ceux de la lutte contre la pauvreté, l’augmentation du PIB et celui de la résorption du chômage » (p28). Pourquoi cet échec ? « L’aide pour le développement a échoué parce que les Africains ne sont pas des Européens pauvres à la peau noire » (p 34).

    L’Homme africain est « autre », dit-il, par rapport à l’Homme européen, et cela sur quatre grands points (pp 43-44) :

    -         L’Homme africain n’est pas soumis à un « extrême individualisme » comme les Américains ou les Européens, il est lié par un réseau complexe de solidarités et de dépendances,

    -         L’Homme africain est tourné vers le présent et non le futur (dans sa définition occidentale),

    -         L’Homme africain est fortement soumis par les forces de l’au-delà, qu’il gère par des rites et des danses,

    -         L’Homme africain est lié intégralement au groupe, au premier desquels se trouvent ses ancêtres.

    Cette différence entre l’Homme africain et l’Homme européen et américain est primordiale. Malheureusement, elle est réfutée et « par avance disqualifiée de « raciste » par la police de la pensée, ce qui a pour résultat de mettre immédiatement un terme au débat » (p45).

    Dans un second temps, Lugan s’attaque à la victimisation africaine et à la culpabilisation entretenue en Europe. Ici, l’approche historique est mise en avant pour tordre le cou à certaines idées fausses très répandues : la colonisation et la Traite des esclaves ne sont pas à l’origine de la révolution industrielle européenne (les chiffres avancées montrent que la Traite représentait environ moins de 4% des échanges commerciaux anglais au XVIIIème siècle (Eltis) ; mais qu’en plus l’apport capital négrier dans le capital général de l’empire britannique ne dépassa que rarement la barre de 1% (Pétré-Grenouilleau) ; en France, les régions les plus dynamiques au XVIIIème siècle ne sont pas les régions portuaires ; en Europe, les pays continentaux s’industrialisent très biens (Allemagne par exemple) ; aux E.-U., le système esclavagiste peut-être même considéré comme un facteur déterminant dans la défaite du Sud contre le Nord (tant militairement qu’économiquement – pensons donc à la localisation de la manufacturing belt !)) (pp 53-57). 

    En outre, les colonies françaises sont assimilées au « tonneau des Danaïdes », notamment l’Algérie. L’auteur souligne que jamais aucun gouvernement n’a posé la question du nécessaire désengagement de l’Algérie, sa place en France étant admise par l’ensemble des Français. Son propos, sur le fait que la France n’a pas pillé son empire, se poursuit à travers des exemples précis. Au final, dit-il, la France s’est surtout ruinée avec son empire (p69).

                 Concernant le lien entre la colonisation et le drame africain, il existe mais pas de la façon dont le décrit le paradigme de la culpabilité européenne. (p 72)

    Lugan dénombre 5 étapes, 5 grandes phases qui montrent la responsabilité européenne sur ce drame africain (pp 73-76).

    D’abord au moment des « Grandes Découvertes » lorsqu’aux XV-XVIème siècles les Européens ont fait basculer le cœur économique de l’Afrique de l’intérieur (le Sahel notamment) aux littoraux : ceci marqua profondément l’évolution des sociétés. Ensuite, à la fin du XIXème siècle, la colonisation européenne « tua dans l’œuf » les tentatives de renaissance de certaines communautés du Sahel qui tentaient de s’étendre vers le Sud. La permanence sahélienne, musulmane et continentale se ressent encore aujourd’hui dans certains pays comme le Nigéria ou la Côte d’Ivoire. La troisième phase se produisit avec la décolonisation qui amplifia l’inversion des rapports de force : les anciens dominés devenus des cadres locaux du pouvoir colonial ont hérités des Etats artificiels légués par les colonisateurs (p75). La phase suivante se place dans les années 1990 lorsque les anciens pays colonisateurs européens imposèrent leur approche idéologique du politique, à savoir le régime démocratique fondée sur le « one man, one vote ». « Or cette mathématique électorale ou ethno mathématique donne le pouvoir aux plus nombreux (…). » Les conséquences sont dramatiques pour les peuples pasteurs très souvent en infériorité numérique face aux peuples d’agriculteurs démographiquement en force. Les tensions qui sont nées de ce système sont nombreuses et ont parfois débouché sur des massacres voire des génocides, surtout dans la région des Grands Lacs comme au Rwanda. Enfin, la dernière phase, qui découle directement de la précédente : les pays du Nord inventèrent « la calamiteuse notion d’ « ingérence humanitaire », cet indécent et hypocrite néo-colonialisme des « gentils » qui fut imposé aux opinions publiques par un véritable « matraquage » exercé par des batteurs d’estrade médiatiques », conscients des « drames provoqués par leur aveuglement idéologique et englués dans la repentance » (p76).

    L’ensemble de ces éléments, couplés au problème démographique (explosion démographique) directement causé par les progrès de la médecine et les aides humanitaires apportés par les pays du Nord, conduisent l’Afrique dans une situation très critique.

                 Par la suite, Lugan cherche à démontrer que l’ « immigration choisie » est une (la ?) forme contemporaine de la Traite. Quelques citations de sa partie suffisent à exprimer la ligne défendue.

    En introduction, d’abord, il illustre sa thèse avec des données très révélatrices : « En 2009, sur 155 900 brevets d’invention déposés dans le monde, 486 seulement le furent par des Africains, soit à peine 0.3 %. Sur ce total, les 4/5ème le furent par des Sud-africains dont 90% par des Sud-Africains blancs, les 10% restant par des Sud-Africains d’origine indienne. Le Maroc ayant déposés 46 brevets et l’Egypte 41, la part du reste de l’Afrique est donc inexistante. L’Afrique (…) se fait (…) voler ses cerveaux, ce qui est clairement une forme d’assassinat pour un continent qui ne compte que 83 ingénieurs par million d’habitants quand l’Europe en a 1000. » (p83)

    Ainsi, « l’immigration choisie » apparaît pour Lugan comme une « hypocrisie » partagée par les autorités françaises qui ont choisi de biaiser la question générale de l’immigration en se prononçant pour cette forme d’immigration (choisie) qui s’opposerait à l’ « immigration subie » (p84). « Or, cette nouvelle traite des Noirs porte sur les plus précieux des Africains, ses diplômés, et elle se fait avec l’habituelle complicité des « gentils » de l’anti-ségrégation et des requins du capitalisme. Au nom du paradigme de la culpabilité qui les hante, les premiers s’interdisent de voir qu’en les accueillant, ils saignent l’Afrique. Les seconds les encouragent à venir au nom des lois du marché, du travail global et de la mobilité de la main-d’œuvre. » (p85). Pout l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (jusqu’en 2008), Alpha Oumar Konaré, il s’agit ni plus ni moins de « traite des cerveaux ». Une traite des cerveaux qui est facilité par l’existence de véritables filières d’études : en France, certains programmes de coopération universitaire n’existent que pour le maintien de filières alibi destinées à obtenir des moyens ou à maintenir des postes dans des universités de second plan.

                Parallèlement à cette traite des cerveaux, d’autres groupes de personnes sont concernés par une immigration qui fragilise l’Afrique. L’exemple des médecins et des infirmières est « éloquent et scandaleux à la fois », compte tenu des difficultés sanitaires que connait l’ensemble du continent (pp86-89). Le scandale de cette immigration touche également le milieu sportif, le football et l’athlétisme notamment. Dans ces sports est mis en avant, presque sans volonté de le cacher, le mercantilisme des pays du Nord vis à vis des populations jeunes africaines, victime parfois d’un véritable « drame humain », lorsque ces derniers sont escroqués par des agents véreux, comme en Ile de France (pp89-90).

    « Comme à l’époque honteuse de la Traite, des acheteurs blancs vont donc sur place, en Afrique, pour y sélectionner la « marchandise » humaine que leur présentent des intermédiaires africains (…). Comme hier, des Africains sont donc vendus aux Européens par d’autres Africains. » (p90).

    En outre, une solution existe à ce sujet, et elle fut même employée jusqu’à la victoire socialiste le 10 mai 1981. Le système en question permettait à ses jeunes universitaires de mener sur le terrain des recherches approfondies tout en assurant leurs activités d’enseignement, la France avait alors les meilleurs africanistes mondiaux. Mais tout fut supprimé sous la « pression du bas-clergé pédagogiste, le « 10 mai 1981 » ayant été la revanche des apparatchiks socialistes, souvent instituteurs syndicalisés et qui jalousaient les universitaires. Les têtes qui dépassaient furent alors coupées et les universités françaises en Afrique remplacées par des Instituts de formation pédagogique. La France ne forma donc plus des élites, mais des masses avec le résultat habituel d’une telle démarche qui fut la médiocratie généralisée. » (pp92-93).

    Enfin, on peut citer, voire même incriminer, la « francophonie » institutionnelle qui est une véritable « pompe aspirante » pour les cerveaux africains (p95) – (à noter l’obsession linguistique du Québec allant même jusqu’à acheter les élites francophones africaines).

                 Dans son chapitre V, Lugan nous invite à réfléchir sur ce qu’il aimerait être la fin du placage des modèles occidentaux mutilant l’Afrique.

    Ces modèles occidentaux sont principalement le « diktat démocratique avec sa version africaine, l’ethno mathématique, qui donne automatiquement la victoire aux ethnies les plus nombreuses » et « les frontières artificielles qui étouffent ou qui mutilent des peuples » (p98).

    Pour la question des frontières, Lugan explique qu’en traçant ces frontières, réalité inconnue et même souvent incompréhensible en Afrique, la colonisation a effectivement perturbé les grands équilibres humains africains. Pour eux, les territoires vécus, ethniques, étaient séparés par des « zones tampons », très souvent mouvantes, n’appartenant à aucun groupe, mais aux esprits. Ces « fronts pionniers » ont ainsi été brutalement contestés, détruisant l’équilibre interne à tous ces peuples (éleveurs ou agriculteurs).

    En parallèle, la question de la terre s’est posée à mesure que celle-ci devenait, après les indépendances, le principal levier des revendications nationalistes, de par sa place dans l’économie locale. Or depuis une dizaine d’années, l’ « Afrique subit une véritable recolonisation agricole et sur une échelle bien plus importante que durant l’époque coloniale » (p108), notamment par des nouveaux colons, principalement la Chine, la Corée du Sud, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Des millions d’hectares ont ainsi été vendu ou loué, surtout en Ethiopie, au Mozambique et au Soudan.

    Cependant, du fait de l’ignorance des cadastres par les populations locales africaines, des incidents éclatent au sujet de ces terres et de ce qu’elles ont à offrir aux peuples, comme à Madagascar ou au Mozambique (comme les meurtrières émeutes paysannes de septembre 2010). Ces mouvements sont, d’après Lugan, « annonciateurs » d’une vague de fond qui, tôt ou tard, réclamera la récupération des terres occupées par des étrangers. » (p112).

     Dans son avant dernière partie, B. Lugan insiste sur l’importance de la réalité ethnique, tout en critiquant les africanistes français niant celle-ci, parmi lesquels Jean Pierre Chrétien et Catherine Coquery-Vidrovitch. 

    Le premier soutient « depuis bientôt un demi-siècle que les ethnies furent créées par la colonisation ». Or, comme l’a remarqué Axel Eric Augé (p 115) : « […] l’idée de l’invention de l’ethnicité semble pour le moins simpliste en considérant que les ethnies auraient attendu le colonialisme pour se reconnaître différentes culturellement […] En somme, les Africains étaient une masse indifférenciée et attendaient les Européens pour ressentir des phénomènes identitaires ! »

    Pour la seconde, « l’ethnie fut largement fabriquée à des fins de contrôle non seulement administratif et politique, mais aussi religieux ». 

    Le comble, juste pour rire, revient au quotidien Le Monde qui le 19 janvier 2011 réunissait 38 « africanistes » dont 23 Français signant un manifeste dans lequel ils écrivaient : « Le soucis d’une analyse rigoureuse (nous soulignons) nous conduit à reconnaître qu’il n’y a pas en Côte d’Ivoire, de haine atavique entre prétendus groupes ethniques ennemis, ni même entre autochtones et allogènes, entre sudistes et nordistes, encore moins entre chrétiens et musulmans […] la Côte d’Ivoire est un melting-pot transethnique, cosmopolite et pluriconfessionnel ».

                Au final, démêlant le vrai du faux à propos de la question ethnique, l’auteur en vient à définir l’ethnie comme un « ensemble agglomérant à caractère culturel et linguistique englobant, de nombreuses tribus [groupement de clans ou de familles sous l’autorité d’un même chef] et une multitude de clans [unité sociologique désignant un ensemble d’individus consanguins descendant d’un ancêtre commun]. Contrairement à ce qui est couramment et faussement affirmé, l’ethnisme n’est donc pas la division, mais tout au contraire le fédérateur naturel du tribalisme qui, lui, peut être émiettement. »

    En cela, conclue-t-il, « la démocratie fait éclater l’ethnie, élément fédérateur et même coagulateur des identités tribales ou claniques au profit de la tribu, élément désagrégateur. » (pp125-126).

    Pour l’anecdote, Lugan relate que les dirigeants tutsi du Rwanda furent des élèves de J.-P. Chrétien et affirmèrent à sa suite que les « ethnies étant une création coloniale, le génocide de 1994 est donc le produit de la colonisation ; dans ces conditions, quiconque parle d’ethnies est un complice des génocideurs. » (p 128).

                 En conclusion de l’ouvrage, le dense chapitre VII, qui est une analyse régionale, à travers le prisme de l’ethnie, de l’Ethiopie et du Soudan (« ou la reconnaissance radicale de la réalité ethnique), de la Côte d’Ivoire et Nigeria (« des partitions refusées ») et la Guinée, le Kenya et l’Afrique du Sud (« comment organiser la cohabitation ethnique ? »).

    Cette grande partie de 50 pages ne peut être résumée dans cette chronique celui-ci éclaire considérablement l’état géopolitique et politique de ces Etats, au demeurant mal représentés et compris dans les mass media actuels.

    En somme, Bernard Lugan signe ici un ouvrage profondément engagé et engageant, précis et efficace, intellectuellement honnête, objectivement sérieux et politiquement incorrect, que je vous invite à lire et à réciter aux curieux, connaisseurs honnêtes ou malhonnêtes.

    Aristide

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/09/25/chronique-de-livre-bernard-lugan-decolonisez-l-afrique-51511.html

  • L’enseignement de la littérature impossible par Claude BOURRINET

     

    Lire Bayle et Voltaire n’a jamais empêché d’étêter les hommes. On sait combien de torrents de larmes le sinistre Robespierre humidifiait les pages de Jean-Jacques. Étudier La Chute en revanche ne dissuade pas forcément de militer pour la bonne cause. Les voies (les voix ?) de la littérature sont impénétrables, et si l’on désirait s’interroger sur la licéité de son enseignement, à défaut de sa validité, on serait bien en peine de répondre à une question aussi perverse, l’imagination des écrivains étant aussi fertile en suggestions tordues qu’en bons sentiments. Cherchez dans n’importe quel ouvrage, vous y trouverez sans doute autant à mépriser (éventuellement à haïr) qu’à aimer ou à respecter, et même peut-être davantage. Qui se soucierait de la qualité des existences de Monsieur de Rénal ou du pharmacien Homais, lesquels portent cependant en eux la forme de l’humaine condition ? La charité, si elle n’est grâce, a ses limites. De même Emma ne corrigera-t-elle sans doute jamais les jeunes lectrices des illusions tragi-comiques de l’amour romanesque, tandis que l’Iliade et Le Cid engendreront-ils toujours des aspirants à l’héroïsme guerrier, et le roman très schopenhauerien Une Vie plongera-t-il parfois les lecteurs dans des doutes pénibles, sans parler de Bouvard et Pécuchet

    Les bonnes intentions en matière éducative peuvent (mais ce n’est pas une fatalité) culbuter le bien-intentionné dans le ridicule. Apprendre à bien penser constitue le principe de la morale, affirme Pascal. Le moraliste janséniste, tout chrétien fût-il, n’avait garde de nous éviter la défiance non seulement par rapport aux grandeurs d’établissement, mais aussi aux naïves certitudes du cœur et de l’imagination, afin de nous précipiter, nous, confiants dans la force de notre raison, au travers du plus salvateur des soupçons. Ce qui, en un sens, légitime l’enseignement et l’usage de la rhétorique, laquelle apprend, pour qui sait entendre, à ne pas être dupe… ou à être un coquin.

    Si la littérature recherche, parallèlement à la philosophie et, d’une autre manière, avec la religion et l’art, la vérité de l’homme, ce n’est certes pas sur le plan où nos vertueux concepteurs de programmes veulent nous tenir. La ruine, la vérole et l’exil de Madame de Merteuil n’y pourront rien : toute œuvre de l’esprit vaut plus par les questions qu’elle pose que par les éventuelles, et souvent vaines, réponses qu’elle porte avec elle. Et l’on sait que bien souvent la mort est cette réponse.

    La véritable réflexion relative à l’enseignement de la littérature (du moins si l’on vise plus haut que l’obtention du baccalauréat, devenue une plaisanterie flaubertienne, et si l’on garde à l’esprit l’ambition d’aider humblement à former des hommes) consiste à s’interroger sur la légitimité, dans un cadre qui, en grande partie, la nie, d’une création de l’imagination humaine vouée dès sa naissance tout à la fois à l’exil et à la souffrance (une souffrance transférée, mais sans remède, les happy end étant d’une rareté probante). Quand bien même on lui assignerait une finalité heuristique (apprendre à penser, à sentir, à juger) et une fonction citoyenne (en confondant parfois le discours sur la liberté avec l’exercice de la liberté, laquelle n’est pas toujours conforme – sinon conformiste), il faut bien convenir qu’elle a du mal, pour tenir son rôle, à se mouler dans un costume aussi mal taillé pour elle qu’est l’École. Au fond, quel écrivain a écrit pour celle-ci ?

    Il est pitoyable au demeurant qu’on se rabatte sur ce corpus apparemment au-dessus de tout soupçon (à condition d’évacuer des fragments douteux, qui conduiraient immanquablement, aujourd’hui, à la correctionnelle) qu’est la littérature des Lumières, laquelle était aussi intolérante (de cette intolérance qui ne se sait pas, la pire de toutes) que celle qu’elle voulait détruire.

    Certaines déclarations présentent en effet le cours de littérature comme une séance de catéchisme (républicain).

    Je pense que c’est trahir, et la littérature, et, d’une certaine façon, l’École.

    Pour revenir à cet homme futur dont nous sommes les pédagogues, bien malin peut préciser quel il sera. Et d’ailleurs en savons-nous plus sur ce qu’il est maintenant, sur ce que sont ces adolescents dont on nous confie ce qui existe de plus précieux chez un être, la sensibilité et l’intelligence ? Qui mesurera l’écho, même lointain, provoqué au fond de sa mémoire affective, au tréfonds de son cœur, de tel texte, de tel vers, de telle situation dramatique mettant en prise un destin ? Le moins que l’on puisse affirmer est que nous n’en savons rien, et que, par analogie, nous ne pouvons sonder que notre propre expérience. Peut-être une page de Rabelais se pare-t-elle, confusément, d’un rais de lumière ? Peut-être un rythme mélodieux hante-t-il une oreille, même un peu sourde, et qu’au hasard de la vie on le rencontre dans un sonnet oublié de Du Bellay ? Peut-être la fidélité humblement orgueilleuse de la Princesse de Clèves resurgira-t-elle devant un choix crucial au détour de notre vie ? La nature humaine est opaque, complexe, parcourue de sources inavouées, secrètes, parfois merveilleuses. Elles sont bien surprenantes alors, ces injonctions programmatiques, savantes ou non, qui tombent comme du Sinaï, pareilles à un pédagologue. Il serait tellement simple, d’obéir à des commandements !

    Les œuvres sont des rencontres. Comme les êtres humains, la multitude de celles qui présentent un grand intérêt est innombrable, surtout dans notre littérature, dont nous pouvons, sans être chauvins, être fiers (je dis cela, qui est presque provocateur, car il est de bon ton de dénigrer la France, et qu’il faudrait parfois lui rendre justice). La liberté du choix doit être absolument sauvegardée, et laissée à la conscience, au goût et aux exigences du professeur. On n’enseigne bien que ce que l’on aime profondément. Et les questions posées à l’élève, on se les a déjà posées, et on se les pose encore et toujours. Plus qu’un problème méthodique, l’enseignement relève de l’éthique.

    Je n’ai pas dit de la morale, ou bien s’agit-il de cette morale supérieure, qui ennoblit, qu’évoquait Baudelaire méditant sur Edgar Poe.

    Les objectifs formels du programme, objets d’études, registres, genres etc. ne sont au fond que détails pour qui désire aller à l’essentiel. Il n’est certes pas gênant d’identifier le tragique, ou ce qu’entraîne la structure épistolaire d’un roman. L’essentiel est bien sûr la substantifique moelle, la vision qu’implique l’œuvre, le vertige du risque qu’inclut toute aventure humaine. C’est par là qu’on peut toucher les jeunes gens, même matraqués par l’abjecte société de consommation actuelle. Et surtout parce que cela.

     

    Claude Bourrinet http://www.europemaxima.com/?p=763

  • C’est à lire : « Jules l’imposteur » de François Brigneau

    jules-l-imposteur-francois-brigneau.jpgCi-dessous la recension,  avec de beaux passages, de Jules l’imposteur de François Brigneau, par le bulletin de l’Action familiale et scolaire[1]. Ouvrage que l’on peut se procurer ici. 180 p. 18 euros.

    « L’un des premiers gestes de François Hollande devenu chef de l’Etat fut de rendre hommage à Jules Ferry.
    Les éditions DMM, à très juste titre, ont profité de l’occasion pour rééditer le livre sur Jules Ferry de François Brigneau, intitulé Jules l’Imposteur [2].
    François Brigneau était particulièrement qualifié pour écrire ce livre, car sa famille a été cassée par le laïcisme introduit massivement dans les écoles par Jules Ferry et ses collègues. Il explique la chose dans les dernières pages du livre :

    J’ai compris assez tôt qu’il y avait deux hommes dans mon père. Ou, pour mieux dire, qu’il était la juxtaposition de deux hommes : un Breton traditionnel et d’héritage, un internationaliste libertaire fabriqué à l’École normale d’instituteurs. La manière dont il faisait son métier révélait cette dualité. (…)
    Déraciné à et par l’École Normale, arraché à la tradition et d’abord à la tradition catholique, coulé dans le moule laïque, mon père comme des milliers d’autres instituteurs aussi honnêtes, dévoués, droits et généreux et purs que lui, avaient mis au service des idées de désordre inculquées par les maîtres occultes de l’École Normale les remarquables techniques de l’ordre enseignant enseignées par les maîtres connus de l’École Normale. (…)

    J’ai essayé aussi de ne jamais oublier la tendresse, l’affection, le respect que j’eus pour mes parents et tout ce que je leur dois. Maintenant que ma mère s’en est allée, elle aussi sans prêtre dans une tombe sans croix, je voudrais ajouter que ce qui m’obsède, c’est moins l’échec de l’école que la cassure provoquée par le laïcisme dans une famille française. Je n’ai pas été baptisé et ne le suis pas. Je me suis marié civilement. Deux de mes enfants sur quatre ne sont pas baptisés. Même si, un jour, conduit par la réflexion de Charles Maurras et la foi de mes amis je retrouve l’Église traditionnelle de ma patrie et de mes ancêtres, jamais je ne ressentirai cette émotion, cette ferveur que donne seule l’enfance catholique. Jamais je ne serai le catholique que j’aurais aimé être, de nature et de sentiment, sans grands tourments d’esprit, dans la banalité des certitudes. C’est la grande victoire de Jules Ferry, l’imposteur.

    Voici un extrait du portrait de Jules Ferry que donne F. Brigneau :

    Jules Ferry (1832-1893). Né à Saint-Dié. Avocat, fils d’avocat. Franc-maçon, initié rue Cadet. Proud’hon disait : « Ferry : c’est un domestique de grande maison. » Et Drumont : « Il était l’exécuteur prédestiné des œuvres infâmes de l’Intérieur… Il est féroce contre tout ce qui est faible, et volontiers implacable contre tout ce qui est noble et généreux… C’est l’homme de la boue et du sang. » Ferry avait un objectif: organiser un univers sans roi et sans Dieu ». Il savait comment y parvenir par la République, à condition qu’elle durât. Pour la préserver d’un coup de force militaire, du retour des rois, et même d’un mouvement d’humeur du suffrage universel, Ferry fut très tôt convaincu qu’il fallait chasser les prêtres de l’école. « La République est perdue si l’État ne se débarrasse pas de l’Église, s’il ne désenténèbre pas les esprits du dogme » disait-il. Les prêtres continuant à former l’enfant, pesant par lui sur les familles qu’ils tenaient déjà par la femme, l’Ancienne France pouvait à tous moments ressurgir. (…) Ministre de l’instruction, ministre des cultes, premier ministre, en six ans (1879-1885), il réussit à chasser Dieu, le roi et le soldat de l’école et à l’y remplacer par une machine maçonnique à fabriquer des futurs électeurs républicains. Avant Waldeck-Rousseau et Emile Combes, Jules Ferry fut le grand stratège et l’exécutant implacable de cette guerre que la République mena (qu’elle mène encore) contre l’autel et le sabre. Et qu’elle gagna. Charles Maurras disait : Jules Ferry a été le malfaiteur intellectuel qui, sous des prétextes moralistes, a démoralisé et dénationalisé ce pays. L’histoire intellectuelle de l’Action française pourrait se définir : une réaction contre le ferrysme ! [3] »

    http://www.contre-info.com/cest-a-lire-%C2%AB-jules-limposteur-%C2%BB-de-francois-brigneau#more-22113