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culture et histoire - Page 1738

  • Xavier Darcos se rallie à Vincent Peillon

    De l'un de nos lecteurs :

    "On croit rêver, mais c’est ainsi. Xavier Darcos, qui fut ministre UMP de l’Éducation Nationale de mai 2007 à juin 2009, a cru bon lors d’une interview récemment donnée à un média d’information continue destinée à promouvoir son nouveau livre sur Oscar Wilde d’approuver mutatis mutandis la politique de Vincent Peillon, qui ne lui rend pas la pareille.

    Il applaudit la réforme des rythmes scolaires tout en déplorant le manque de moyens. Il n’a pas dit pas un mot sur les attaques de Peillon contre le catholicisme, que ce dernier a toujours dit vouloir éradiquer, et contre la famille.

    Il ajoute être favorable à la loi Taubira sur le mariage gay, qui n’est pour lui que l’homologation législative de l’évolution des mœurs.

    Il oublie son passé de ministre catholique et papiste.

    Voici un triste politicien de plus, encore un adepte de la fausse droite ou de la droite molle, qui ne craint pas de trahir sa parole et des convictions jadis affichées.

    N’est-il pas membre d’honneur de l’Observatoire du Patrimoine Religieux ? Cela signifie-t-il quelque chose ?

    N’a-t-il pas été élu à l’Académie Française en juin 2013 ? Triste institution !

    Dans ces conditions la meilleure réaction des catholiques n’est-elle pas de boycotter ses œuvres et celles des académiciens, qui ont porté leurs suffrages sur lui ?"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/xavier-darcos-se-rallie-%C3%A0-vincent-peillon.html

  • Le dieu Cerf

     

    cerf_e10.jpg

    Image de fécondité et de puissance, le cerf a toujours été un animal sacré pour les Européens. Dans un livre plein de poésie et de piété, Jean-Luc Duvivier de Fortemps rend hommage à ce rite essentiel de la vie du cerf qu'est le brame.

    [ci-contre : “Cerf et Saumons”, Le bâton de Lortet, Hautes-Pyrénées]

    ouie10.gif

    Parmi les grandes figures mythiques qui donnent à l’Europe son âme immémoriale, le cerf tient une place royale. Car il est souverain, le grand cerf peint dès le paléolithique sur les parois de Lascaux, gravé sur les ossements de Lortet, dans les Pyrénées.

    Le grand préhistorien André Leroi-Gourhan, disparu récemment, a noté que dans les gisements paléolithiques, parmi les dents d’animaux préparées pour la suspension par une gorge ou une perforation à l’extrémité de la racine — ces “croches” sont portées autour du cou, en pendeloque — on trouve 25 % de canines de cerf. Ceci aussi bien en France qu’en Espagne, Allemagne, Moravie et Union soviétique. « Elles apparaissent dès le Châtelperronien et se retrouvent partout jusqu’au Magdalénien, leur emploi se prolonge d’ailleurs jusqu’à nos jours où elles constituent encore un trophée très estimé. Elles semblent avoir été précieuses à un tel point que, dès l’origine, on en rencontre des copies nombreuses découpées dans l’os ou l’ivoire ou évoquées par de petits galets de même forme ». Le cerf est symbole de virilité dès le Paléolithique supérieur et, « dans les cavernes ornées, il se range parmi les animaux assimilés à des symboles mâles » (Les Religions de la préhistoire, PUF, 1971).

    w9410.jpgDe l’Italie à la Suède, les gravures rupestres de l’époque protohistorique associent souvent le cerf à des symboles solaires. C’est ainsi le cas au Val Camonica, où de multiples représentations de scènes de chasse exaltent le cerf, en hardes ou isolé. Mais la chasse prend une dimension sacrée. « Nous avons là — écrit Jacques Briard — l’évocation du rite noble de la chasse, mais aussi du caractère sacré du cerf, symbole mâle et cornu, essentiel dans la religion de cet âge. La taille imposante de certaines représentations de cerfs et le fait qu’on rencontre aussi des figurations d’hommes-cerfs le confirment. Ce n’est plus l’animal chassé, mais le dieu-cerf » (L’Âge du Bronze en Europe barbare, Hespérides, 1976).

    cerf_s10.gifLe cerf, image de puissance et de fécondité, donc de vie, est aussi un animal psychopompe — c’est-à-dire conducteur des âmes des morts. Ce qui n’a rien de paradoxal dans une perspective païenne, où la vie et la mort ne sont que 2 moments, 2 maillons dans l’éternelle chaîne de l’Être. D’où la présence de bois de cerfs dans les tombes — pratique qui se maintiendra au haut Moyen Âge, comme l’ont montré les travaux archéologiques d’Edouard Salin sur les sépultures d’époque mérovingienne. Des squelettes de cerfs ont été retrouvés dans des cimetières en Normandie, en Suisse, en Angleterre. Des phylactères (talismans) ont été aussi mis au jour : médaillons en bois de cervidés, portés en pendentifs ou cousus sur les vêtements, ils étaient très en vogue tant chez les Gallo-Romains que chez les Germains. Le bois de cerf est porteur de renaissance (sur l’animal, il est rajeuni chaque année) et de fécondité (sur certaines rondelles un phallus est gravé). Il est relié à la force solaire : les médaillons des cimetières de Schretzheim et de Schwarzrheindorf (Allemagne), de Papiermühle (Suisse), d’Audincourt (France) sont décorés de rosaces et de cercles oculés ; à Sainte-Sabine, en Bourgogne, un médaillon était incrusté de 13 rondelles d’or.

    Dans les mythologies européennes, le cerf est omniprésent. Plusieurs bas-reliefs d’époque gallo-romaine montrent le dieu Cernunnos, le dieu-cornu (le christianisme médiéval en fera la figure diabolique par excellence) : dispensateur de fécondité et de richesse, il tient une bourse en cuir d’où coulent les pièces d’or. Chez les Germains, dans la forêt de Glaser, proche du Valhalla, le cerf Eikthyrnir, dont les ramures s’apparentent aux branches du chêne, est comparé à l’Arbre de Vie.

    perron10.jpgComme pour bien d’autres mythes et symboles, l’Eglise a voulu tout à la fois rejeter la haute figure du cerf dans les ténèbres sataniques et la récupérer, en l’intégrant dans la galerie des saints — cette forme si populaire de la religiosité médiévale. D’où la légende de saint Hubert, où l’on retrouve le thème bien connu de la Chasse Sauvage (voir Jean-Jacques Mourreau, La Chasse sauvage, Copernic, 1972) : la croix lumineuse qui brille entre les bois du cerf est le substitut chrétien du soleil païen. Aujourd’hui, la forêt d’Ardenne abrite ce haut lieu du monde forestier qui s’appelle Saint-Hubert — petite ville envahie par les touristes mais où flotte, non sans un certain charme, le subtil parfum d’un syncrétisme pagano-chrétien, dont prend immédiatement conscience le visiteur averti. C’est dans les forêts entourant Saint-Hubert que Jean-Luc Duvivier de Fortemps est parti à la rencontre du grand cerf, auquel il voue, à juste titre, un véritable culte. En se fondant dans le milieu, le cadre de vie de celui qui est « mi-bête, mi-forêt », comme disait Ronsard. Et pour étudier ce rite essentiel de la vie du cerf qui s’appelle le brame. Moment d’exaltation, où le cri du cerf, précédent le rut, est tout à la fois défi aux éventuels rivaux, affirmation de soi, appel et célébration de l’éternelle loi de la vie. Jean-Luc Duvivier de Fortemps, parce qu’il appartient à cette race d’hommes qui sait communier avec les forces élémentaires, les forces divines dans lesquelles baigne l’initié au cœur des forêts, a rapporté de ses errances un grand livre, où de somptueuses photos viennent éclairer, magnifier, un texte inspiré. Nous suivons avec lui, à la trace, les déplacements des cerfs. Nous respirons les fortes odeurs qui imprègnent le sous-bois. Nous foulons l’herbe humide de la rosée de l’aube et les lisières que vient enflammer le soleil couchant. Nous assistons, enfin, au rite nuptial, solennel et violent, qui bouleverse la forêt. Puis celle-ci retrouve sa sérénité. La célébration des “mystères du brame” est terminée. Jean-Luc Duvivier de Fortemps en a été un témoin attentif et respectueux : « Durant ces quelques semaines merveilleuses, inoubliables, je vis hors du temps et des choses, loin du tumulte des villes, et des hommes. Toujours, je vivrai dans l’attente du brame ».

    En écrivant son livre, il a fait acte de piété. Je l’ai lu avec recueillement. Car c’est un livre proprement religieux. Je ne saurais faire de plus grand hommage.

    ♦ Jean-Luc Duvivier de Fortemps, Le Brame : images et rituel, Hatier-Perron, 1985.

    ► Pierre Vial, éléments n°57/58, 1986.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/49

  • Livre / Et la France se réveilla, de Raphaël Stainville et Vincent Trémolet de Villers

    La France s’est-elle rendormie ? Mais s’est-elle préalablement réveillée ? Oui, à en croire Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville, journalistes au Figaro Magazine, qui viennent de faire paraître sous le titre Et la France se réveilla, une « histoire secrète de la Manif pour tous ».

    Une chronique passionnante et enlevée, débutée en mars 2011 et (provisoirement) terminée en juin 2013, retraçant l’histoire d’un mouvement qui traduit, selon les auteurs, un regain manifeste des valeurs chrétiennes (leur ouvrage est d’ailleurs sous-titré « Enquête sur la révolution des valeurs »).

    Nulle hagiographie mais admirative lucidité, quand ils reconnaissent que les opposants à la loi Taubira « ont quand même beaucoup perdu ». Émouvant hommage, nonobstant, rendu à ces anonymes, notamment à cette jeunesse fougueuse, avide d’absolu, qui, il est vrai, fit ses premières armes militantes au nom d’une foi catholique sublimée par l’espérance et qui force le respect. Peut-être est-ce là le marqueur singulier d’un « phénomène » dont les auteurs s’accordent à dire qu’« il reste inclassable » au sein des taxinomies classiques de la sociologie ou de la science politique. [...]

    Aristide Leucate - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Livre-Et-la-France-se-reveilla-de

  • La Syrie sur Radio Courtoisie

    Voici les invités de l'émission de Grégoire Boucher à midi sur Radio Courtoisie :
    1- Racha Mahfud, membre de l’Union nationale des étudiants syriens en France
    2- Daniel Khalas, Membre du rassemblement pour la Syrie
    3- Raphaël Stainville, écrivain et journaliste au Figaro Magazine, pour son ouvrage "Et la France se réveilla", publié par les éditions du Toucan.
    Sujet 1 : La Syrie : pour remettre quelques pendules à l'heure.
    Sujet 2 : la France s'est réveillée ! et maintenant ?

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • PARIAS

  • Les Indo‑Européens

     

    steppe10.jpgDes Steppes aux océans surprendra ceux qui ne connaissent l’auteur [André Martinet] que par ses travaux de linguistique pure. Mais les spécialistes ne seront pas surpris par son contenu que résume le sous‑titre L’indo‑européen et les “Indo‑Européens”. Déjà, son Économie des changements phonétiques (Berne, Francke, 1955) apportait à la reconstruction du système phonologique indo‑européen une importante contribution sur des points essentiels.

    Parurent ensuite plusieurs études consacrées à la reconstruction morphosyntaxique ; les principales sont réunies, à côté des études de phonologie diachronique, dans son Évolution des langues et reconstruction (PUF, 1975). Les études indo‑européennes ne constituent pas une discipline autonome ; l’indo‑européen n’est que l’un des domaines de la linguistique. Assurément, les techniques de la reconstruction diffèrent considérablement de celles de la description, mais la base est commune. Quel que soit leur âge, les systèmes linguistiques, répondant aux mêmes nécessités, obéissent aux mêmes lois. C’est pourquoi, en l’absence de données nouvelles (rien d’essentiel ne s’est ajouté depuis le déchiffrement du hittite en 1917), la reconstruction de l’indo‑européen a pu progresser considérablement ces dernières décennies : ses progrès ont suivi ceux de la linguistique. Initiateur des études linguistiques modernes dans notre pays, A. Martinet était donc particulièrement bien placé pour contribuer au renouvellement de la reconstruction de l’indo‑européen.

    Le spécialiste s’intéressera donc en priorité aux chapitres IX (Le système phonologique) et X (La grammaire) ; il y trouvera l’essentiel de l’apport “fonctionnaliste” à la grammaire comparée ; l’interprétation phonologique de la théorie laryngale (p. 141‑159), la question de la “voyelle unique” (p. 137‑140 et 159‑160), celle des séries d’occlusives (p.160­-166). Rappelons à ce propos que la “théorie glottalique” des Soviétiques Ivanov et Gamkrelidze, qui substitue aux sonores simples (*d, *g, *gw) de la reconstruction traditionnelle les sourdes glottalisées correspondantes est sortie d’une observation d’A. Martinet dans son Économie des changements phonétiques, l’absence d’une labiale sonore *b. Inexplicable s’il s’agit du partenaire sonore de *p, cette absence est au contraire naturelle s’il s’agit d’une série glottalisée, où l’articulation labiale est rare. L’innovation la plus remarquable est l’hypothèse de l’existence en indo-­européen de prénasalisées, *nt *mp, etc., expliquant des faits restés jusqu’à présent sans explication tels que la coexistence de désinences en *bh et en *m à certains cas obliques du pluriel et du duel, et jusqu’à l’alternance *r/*n.

    Au chapitre de la grammaire, on relève notamment une approche nouvelle de la théorie de l'“ergatif indo-européen” qui sous‑tend l’ensemble ; une théorie sur l’origine du féminin (p. 188‑192) ; des observations sur les cas (p. 192‑200), les pronoms (p. 200‑204), les adjectifs (p. 203‑204), les numéraux (p. 204‑205), le verbe, considéré dans ses rapports avec le nom, dont il est issu (p. 205‑228) ; et, pour finir, l’auteur nous ramène à l’ergatif avec les neutres en *‑o‑m (p. 228‑229). Voilà un bref aperçu des pages qui retiendront le plus l’attention des spécialistes, et, naturellement, susciteront bien des discussions, tant elles ouvrent de perspectives nouvelles.

    Mais ce ne sont pas ces 2 chapitres, inévitablement techniques et quelque peu austères, que le grand public goûtera le plus ; sagement, l’auteur les a rejetés vers la fin de l’ouvrage, les faisant suivre d’un chapitre sur le vocabulaire dans lequel il dévoile un aspect moins connu de son talent : celui de pédagogue et de vulgarisateur. Les principaux acquis de la “paléontologie linguistique” (les indications tirées du vocabulaire reconstruit pour la reconstruction des réalités) y sont présentés avec une grande clarté et accompagnés de parallèles familiers qui mettent le profane en pays de connaissance.

    C’est ce même talent qui rend aisée, agréable, la lecture des premiers chapitres, consacrés au peuple indo‑européen, et en particulier aux hypothèses sur leur habitat primitif et leurs migrations. Ici, le linguiste sort de son domaine propre. Mais s’il le fait, c’est poussé par l’objet même de son étude. Les langues n’ont pas leur fin en elles-mêmes ; elles n’existent que par leurs locuteurs et pour eux. Or, plus leurs locuteurs diffèrent de l’Occidental contemporain, plus il nous est nécessaire de définir le cadre physique, social, spirituel, de sa vision du monde. Comme on le répète chaque année aux linguistes débutants, les langues ne sont pas des nomenclatures ; chaque langue représente une organisation spécifique de l’expérience humaine, qu’elle transmet aux générations successives. Ce faisant, le linguiste ne sort donc pas de son rôle, et ne se borne pas à enregistrer les indications fournies par d’autres disciplines. Comme l’indique excellemment l’auteur, « Les idées que les hommes se font du monde dans lequel ils vivent sont, dans une large mesure, dépendantes des structures linguistiques qu’ils utilisent pour communiquer leur expérience » (p. 229). Et c’est encore le linguiste qui, à partir de ses reconstructions dans le domaine du lexique notamment (désignations de plantes, d’animaux, etc.) détermine quels types de sites archéologiques sont susceptibles d’être retenus comme susceptibles de correspondre au dernier habitat commun des locuteurs dont il reconstruit la langue.

    C’est alors qu’il doit sortir de son domaine propre, et donc redoubler de prudence. Ce que fait l’auteur, qui s’inspire de la conception la plus largement acceptée de nos jours, celle d’un habitat indo‑européen dans la région dite des Kourganes, en Ukraine. Cette conception, qui remonte à Otto Schrader, Sprachvergleichung und Urgeschichte, 1883, a été reprise, étayée de nouveaux arguments, par Marija Gimbutas et son école. Assurément, ce n’est pas la seule possibilité ; Lothar Kilian a donné de bons arguments en faveur d’un habitat dans les régions baltiques et le nord de l’Allemagne, sur le territoire de la civilisation des gobelets en entonnoir dans Zum Ursprung der Indogermanen, Dr Rudolf Habelt GMBH, Bonn, 1983. Et il s’agit seulement du dernier habitat commun ; la formation de l’ethnie peut s’être effectuée ailleurs. Mais le témoignage de la paléontologie linguistique ne renseigne guère sur ce sujet. On sait d’autre part qu’en matière d’archéologie, et surtout d’archéologie préhistorique, nos certitudes sont toujours provisoires ; elles sont à la merci d’une fouille nouvelle, ou d’une découverte fortuite.

    Tout au long de son livre, l’auteur présente les Indo-­européens comme une réalité vivante et parfois comme une réalité actuelle : « La conquête du monde par les peuples de l’Occident a été longtemps ressentie comme étant dans la nature des choses. C’est au moment où elle rencontre des remises en question et des résistances efficaces que l’on commence à prendre conscience de la particularité du phénomène. En dépit de péripéties diverses de conflits internes qui culminent aujourd’hui avec l’opposition des 2 blocs, il s’agit bien d’une même expansion qui se poursuit depuis quelque six mille années » : ce texte reproduit en couverture résume l’essentiel, qui est la continuité entre ces migrations qui se sont succédé depuis le IVe millénaire et la situation actuelle du monde.

    Que les Indo‑Européens aient — comme l’indique l’auteur dans la suite de ce texte — « mis leur supériorité technique au service de la violence pour subjuguer leurs voisins de proche en proche » n’a certes rien d’original. Plus que la raison, la violence est la chose du monde la mieux partagée. Mais ce qui, de fait, est propre aux peuples indo‑européens, c’est la supériorité technique. Non au départ : sur bien des points, en particulier dans le domaine agricole, leurs techniques étaient très primitives, et en retard sur celles de peuples contemporains. Mais à l’arrivée, puisque, à la seule exception du Japon, l’ensemble du monde industrialisé et développé parle aujourd’hui une langue indo‑européenne.

    ♦ André Martinet, Des Steppes aux océans, Payot, 1986.

    Jean Haudry, La Quinzaine Littéraire n°478, janv. 1987.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/53

  • Actuailes: bimensuel d'actualités gratuit pour les 10-15 ans

    Actuailes est né en mai 2013. Le journal est porté par une quinzaine de pères et mères de famille, accompagnés d'un moine prêcheur. Il vise à donner aux enfants une information régulière, variée et conforme à l'éducation reçue à la maison et à la loi naturelle.

    Il ne vise pas à imposer des vérités absolues, mais, à partir d'un fait majeur d'actualité, de faire réfléchir les enfants sur les ressorts profonds qui peuvent expliquer ce qui est arrivé. Ils pourront ainsi mieux comprendre le monde qui les entoure, se construire une opinion sûre et avoir le goût des grandes choses.

    La diffusion, réalisée uniquement par Internet, est entièrement gratuite. L'idéal est de s'abonner en ligne afin d'être averti par courrier électronique lors de chaque parution, puis d'imprimer le dernier numéro pour une meilleure lecture des enfants.

    Dans le dernier numéro, un article est consacré à l'idéologie du genre.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Le Marxisme

    Que reste-t-il du marxisme après la disparition de la plupart des pays communistes. Le dernier grand pays dit communiste a accepté une économie de marché et est devenu sans doute le pays le plus capitaliste. L'effondrement du capitalisme tant annoncé par les marxistes n'est pas encore pour demain. Le sens de l'Histoire selon eux devait pourtant y aboutir. Le marxisme porte sur lui la responsabilité des anciennes dictatures communistes. Mais avant d'être la pensée officielle des régimes communistes le marxisme a avant tout été une analyse économique, historique, sociologique et politique du système capitaliste (le mode de production capitaliste MPC). Il a été pour beaucoup une pensée de combat contre le capitalisme haï. Il y a certes une part de haine dans le marxisme. Un nombre incalculable d'intellectuels a été réceptif à ce courant. « Le marxisme est l'horizon indépassable dé notre temps » (Sartre). Les brochures du parti socialiste ont utilisé pendant longtemps une vulgate marxiste ce que déplorait Raymond Aron, libéral qui avait fait profession d'anti-marxisme.

    Dans toute pensée, il y a toujours une intentionnalité. Le projet marxiste a donc été d'instaurer une société sans classes où les hommes seraient égaux (même et surtout économiquement). Cette idée d'égalité n'est pas nouvelle. Est-ce une trace du christianisme pour qui les hommes sont égaux devant Dieu.

    Le libéralisme dont l'idéologie est celle des droits de l'homme a décrété les hommes égaux en droit sur terre. Le communisme a voulu aller encore plus loin pour vouloir établir une société où les hommes seraient égaux sur le plan économique et où les classes n'existeraient plus (Le Grand soir).

    Pour le marxisme, qu'est-ce qui fait que les hommes ne sont pas égaux. Pour cette doctrine, il y a la primauté de l'économie sur la société : l'être économique détermine l'être social. Les hommes ne sont donc pas égaux du fait de l'existence des classes, ce qui crée un rapport de domination les uns sur les autres. Il y a d'un côté les oppresseurs et de l'autre les opprimés. Pour Marx en plus de l'existence des classes il y a une lutte des classes. « L'Histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de lutte de classes ». C'est le thème du manifeste du parti communiste. Ces classes résultent la division du travail. Le moteur de l'histoire est posé comme étant de tous temps celui de la lutte des classes, ce qui donne une interprétation de l'histoire parmi d'autres. La vision marxiste de l'histoire s'appelle le matérialisme historique. On retrouve le fameux moteur à deux temps explicatif : infrastructure, superstructure. L'infrastructure étant l'ensemble des forces de production. La superstructure est l'ensemble des institutions (administratives, juridiques, policières et militaires…) qui encadrent et renforcent l'infrastructure.

    La conscience des hommes est déterminée par leur être social. La superstructure n'est que l'expression du mode de production. Au cours de l'histoire le mode de production a été esclavagiste, féodal puis capitaliste. Le marxisme a voulu établir un nouveau mode de production socialiste où la propriété privée des moyens de production n'existerait plus. Il faut reconnaître même si cela a été un crève-cœur pour les communistes que ce système n'était guère efficace comparé au système capitaliste.

    Marx jeune, était un hégélien de gauche et il a repris la dialectique hégélienne pour décrire l'histoire et ses antagonismes sociaux qui la font avancer. L'idée de classe sociale n'était pas nouvelle et existait déjà chez les classiques anglais (Smith, Ricardo, Mill…). Les deux principales sources d'inspiration de Marx sont sur le plan philosophique Hegel et sa dialectique plus généralement la philosophie allemande et sur le plan économique les classiques anglais ce qui a fait dire a l'économiste américain Samuelson que Marx était un ricardien attardé.

    Pour dénoncer l'exploitation de l'homme par l'homme il faut définir ce qu'est la valeur d'un bien. Marx reprend la définition des classiques anglais. La valeur d'un bien est le travail, le temps de travail socialement nécessaire. Le travail se mesure en temps. Toute la difficulté que n'a pas résolu Marx fut le passage de la valeur au prix puisque l'on constate des prix et non des temps de travail. Seules les marchandises reproductibles ont une valeur. Marx fait la distinction entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage revient a son utilité. La valeur d'échange est la proportion dans laquelle s'échangent des valeurs d'usage. Cette proportion est celle du temps de travail socialement nécessaire.

    Une marchandise aura donc comme valeur :

    C + V+PL

    C : Temps de travail mort (machines, matières premières…)

    V : Temps de travail vivant

    PL : Plus-Value

    Le capitaliste s'approprie la plus-value, concept clef du marxisme. Il y a donc une aliénation économique du travailleur en plus de l'aliénation sociale du fait de travailler pour un autre avec travail en général non choisi.

    Dans le marxisme il y a donc exploitation de l'homme par l'homme.

    Le taux de profit est    P= PL / C+V  P = PL : C+V

    Le salaire se définit comme l'expression monétaire de la valeur de la force de travail. La force de travail contient un élément social et historique donc le salaire aussi.

    La plus-value est la différence entre la valeur créée par cette force de travail et ce qu'a coûté cette dernière.

    Pour Marx le capitalisme est rarement à l'équilibre. Il génère des crises. Le marxisme sur ce point rejoint la pensée keynésienne et le rejet de la loi Say « l'offre crée sa propre demande, la monnaie n'est plus qu'un voile ».

    Pour les néo-classique (ou libéraux) il ne peut y avoir de crises. Dans la pensée économique, il y a donc trois grands courants : la pensée libérale, la pensée keynésienne et le marxisme. Une des idées les plus controversées du marxisme est la baisse tendancielle du taux de profit.

    Taux de profit    PL : C+V =  PL/V : C/V+1

    PLV = Taux d'exploitation, le rapport C/V est la composition organique du capital. Or la tendance à accumuler fait augmenter C/V et donc baisser le taux de profit. On notera au passage l'utilisation rudimentaire des mathématiques dans DAS KAPITAL. Il y a bien sur plusieurs façons d'empêcher la baisse du taux de profit, entre les délocalisations.

    En conclusion, nous n'avons pas voulu résumer en quelques lignes la théorie marxiste absolument immense avec en plus les commentateurs et les prolongements. Il faut lui reconnaître une certaine cohérence. Elle a été un outil intellectuel de combat contre le capitalisme d'ailleurs beaucoup plus solide que ne le préconisait cette théorie. À de nombreuses reprises on a annoncé l'effondrement du capitalisme qui a montré une prodigieuse faculté d'adaptation. Sans prétendre être un discours de vérité économique le marxisme propose une vision globale de l'économie de la société et de l'Histoire.

    PATRICE GROS-SUAUDEAU