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culture et histoire - Page 1744

  • Les rencontres du Cercle ARISTOTE

    Le Cercle Aristote vous propose de rencontrer François Huguenin, historien des idées pour comprendre les cultures politiques de la "droite" française et pourquoi celle-ci est si particulière par rapport au conservatisme anglo-saxon ou aux autres grandes traditions politiques issues des pays "européens".
    RDV au François Coppée, 1 boulevard du Montparnasse, métro Duroc, MARDI (exceptionnellement) 1 octobre à 20H (nous commencerons avec un léger retard).
    Nous vous rappelons également la conférence exceptionnelle d'Hervé Juvin sur l'écologie des civilisations le 17 octobre à 20H.
    Inscription obligatoire : cerclearistote@gmail.com ou revue.libres@gmail.com
    Conférence sur les liens Russie-Syrie :

  • La conduite du changement dans l'ingénierie sociale

    La résistance au changement, tel est le problème principal à surmonter en ingénierie sociale. La question qui se pose toujours au praticien est "Comment provoquer le moins de résistance à mon travail de reconfiguration, comment faire en sorte que les chocs infligés ne provoquent pas une réaction de rejet ?" Donc comment faire accepter le changement, et si possible comment le faire désirer, comment faire adhérer aux chocs et au reformatage qui s'en suit ? Comment faire aimer l'instabilité, le mouvement, la précarité, le "bougisme" ? Bref, comment inoculer le syndrome de Stockholm à des populations entières ? Un prélude consiste à préparer les esprits en faisant la promotion dans l'espace public de mots-clés tels que nomadisme, dématérialisation, déterritorialisation, mobilité, flexibilité, rupture, réformes, etc. Mais ce n'est nullement suffisant. Dans tous les cas, l'attaque directe, dont la visibilité provoque un cabrage réactif contre-productif, doit être abandonnée au profit d'une tactique indirecte, dite de contournement dans le vocabulaire militaire (Sun-Tzu, Liddell Hart).

         En termes de management et de sociologie des organisations, cette stratégie du choc indirect est appelée "conduite du changement", ou "management dirigé". Le numéro 645 de l'hebdomadaire Charlie Hebdo rapporte ces propos de Renaud Dutreil, à l'époque ministre de la Fonction publique, tenus le 20 octobre 2004 dans le cadre d'un déjeuner-débat de la Fondation Concorde sur le thème "Comment insuffler le changement ?" : "Comme tous les hommes politiques de droite, j'étais impressionné par l'adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette force de résistance. Ce qui compte en France, c'est la psychologie, débloquer tous ces verrous psychologiques (...). Le problème que nous avons en France, c'est que les gens sont contents des services publics. L'hôpital fonctionne bien, l'école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d'une crise majeure, c'est ce que fait très bien Michel Camdessus, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là, il se recroquevillent comme des tortues (...)" La méthode illustrée par ce propos résume à elle seule l'esprit de l'ingénierie sociale - faire changer un groupe alors qu'il n'en éprouve pas le besoin puisque, globalement, ça marche pour lui - et la méthode proprement dite : le dysfonctionnement intentionnel de ce qui marche bien mais que l'on ne contrôle pas pour le remplacer par quelque chose que l'on contrôle ; en l'occurrence, la destruction des services publics qui marchent bien mais qui échappent à la spéculation et au marché pour les remplacer par des services privatisés et sur fonds spéculatifs.
         Pour ne parler que de la France, ce pays est, depuis la prise de pouvoir du gouvernement Sarkozy, l'objet d'une destruction totale, méthodique et méticuleuse, tant de ses structures sociales que politiques et culturelles, destruction accompagnée d'un gros travail de fabrique du consentement de sa population à une dégradation sans précédent de ses conditions de vie afin de les aligner sur celles de la mondialisation libérale. Par le passé, une destruction d'une telle ampleur, à l'échelle d'une nation, nécessitait un coup d'Etat ou une invasion militaire. Ses responsables étaient accusés de crime de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi. (Ce que l'exécutif semble effectivement craindre, une révision de février 2007 du statut pénal du chef de l'Etat ayant abandonné l'expression haute trahison pour celle de manquements à ses devoirs manifestement incompatibles avec l'exercice de son mandat.) De nos jours, une conduite du changement bien menée réalise la même chose qu'un putsch ou qu'une guerre mais sans coup férir, par petites touches progressives et graduelles, en segmentant et individualisant la population impactée, de sorte que la perception d'ensemble du projet soit brouillée et que la réaction soit rendue plus difficile. Ainsi, Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF écrivait dans le magazine Challenges en octobre 2007 : "Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !"
         D'autres appellations peuvent encore qualifier cette méthode : stratégie de tension, pompier pyromane, ordre à partir du chaos, destruction créatrice, "dissoudre et coaguler", ou encore la trilogie du problème-réaction-solution. Kurt Lewin et Thomas Moriarty, deux fondateurs de la psychologie sociale, ont théorisé cette méthode en trois temps dans l'articulation entre ce qu'ils ont appelé "effet de gel" et "fluidification". L'effet de gel qualifie la tendance spontanée de l'être humain à ne pas changer ses habitudes et ses structures internes de fonctionnement, à entretenir son "habitus" dirait Bourdieu, tendance qui se trouve au fondement de toute culture et de toute tradition comme ensemble d'habitudes ordonnées propres à un groupe et transmises à l'identique entre générations. La fluidification désigne l'action extérieure au groupe consistant à jeter le trouble dans sa culture et ses traditions, créer des tensions dans le but de déstructurer ses habitudes de fonctionnement et de disloquer ce groupe à plus ou moins brève échéance. Affaibli et vulnérable, ses défenses immunitaires entamées et son niveau de souveraineté abaissé, le groupe peut alors être reconstruit sur la base de nouvelles normes importées, qui implantent un type de régulation exogène permettant d'en prendre le contrôle de l'extérieur.
         La célèbre phrase de Jean Monnet, un des pères fondateurs de l'Union européenne, "Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise", pourrait servir de maxime à tous les ingénieurs sociaux. Une conduite du changement bien menée consiste ainsi en trois étapes : fluidifier les structures "gelées" du groupe par l'injection de facteurs de troubles et d'éléments perturbateurs aboutissant à une crise - c'est l'étape 1 de la création du problème, la destruction intentionnelle ou "démolition contrôlée" ; cette déstabilisation provoque inévitablement une réaction de désarroi dans le groupe - c'est l'étape 2, dont la difficulté consiste à doser avec précaution les troubles provoqués, une panique totale risquant de faire échapper le système au contrôle de l'expérimentateur ; enfin, l'étape 3, on apporte une solution de re-stabilisation au groupe, solution hétéronome que le groupe accueillera avec enthousiasme pour calmer son angoisse, sans se rendre compte que, ce faisant, il s'est livré à une ingérence extérieure

    Gouverner par le chaos

    http://www.oragesdacier.info/

  • Entretien avec Dominique Venner au sujet d'Ernst Jünger et la Révolution conservatrice

    Pauline Lecomte : Vous avez publié naguère une biographie intellectuelle consacrée à Ernst Jünger, figure énigmatique et capitale du XXe siècle en Europe. Avant de se faire connaître par ses livres, dont on sait le rayonnement, cet écrivain majeur fut un très jeune et très héroïque combattant de la Grande Guerre, puis une figure importante de la "révolution conservatrice". Comment avez-vous découvert l’œuvre d'Ernst Jünger ?
    Dominique Venner : C'est une longue histoire. Voici longtemps, quand j'écrivais la première version de mon livre Baltikum, consacré à l'aventure des corps-francs allemands, pour moi les braises de l'époque précédente étaient encore chaudes. Les passions nées de la guerre d'Algérie, les années dangereuses et les rêves fous, tout cela bougeait encore. En ce temps-là, un autre écrivain allemand parlait à mon imagination mieux que Jünger. C'était Ernst von Salomon. Il me semblait une sorte de frère aîné. Traqué par la police, j'avais lu ses Réprouvés tout en imaginant des projets téméraires. Ce fut une révélation. Ce qu'exprimait ce livre de révolte et de fureur, je le vivais : les armes, les espérances, les complots ratés, la prison... Ersnt Jünger n'avait pas connu de telles aventures. Jeune officier héroïque de la Grande Guerre, quatorze fois blessé, grande figure intellectuelle de la "révolution conservatrice", assez vite opposé à Hitler, il avait adopté ensuite une posture contemplative. Il ne fut jamais un rebelle à la façon d'Ernst von Salomon. Il a lui-même reconnu dans son Journal, qu'il n'avait aucune disposition pour un tel rôle, ajoutant très lucidement que le soldat le plus courageux - il parlait de lui - tremble dans sa culotte quand il sort des règles établies, faisant le plus souvent un piètre révolutionnaire. Le courage militaire, légitimé et honoré par la société, n'a rien de commun avec le courage politique d'un opposant radical. Celui-ci doit s'armer moralement contre la réprobation générale, trouver en lui seul ses propres justifications, supporter d'un cœur ferme les pires avanies, la répression, l'isolement. Tout cela je l'avais connu à mon heure. Cette expérience, assortie du spectacle de grandes infamies, a contribué à ma formation d'historien. A l'époque, j'avais pourtant commencé de lire certains livres de Jünger, attiré par la beauté de leur style métallique et phosphorescent. Par la suite, à mesure que je m'écartais des aventures politiques, je me suis éloigné d'Ernst von Salomon, me rapprochant de Jünger. Il répondait mieux à mes nouvelles attentes. J'ai donc entrepris de le lire attentivement, et j'ai commencé de correspondre avec lui. Cette correspondance n'a plus cessé jusqu'à sa mort.

    P. L. : Vous avez montré qu'Ernst Jünger fut l'une des figures principales du courant d'idées de la "révolution conservatrice". Existe-t-il des affinités entre celle-ci et les "non conformistes français des années trente" ?
    D. V.
    : En France, on connaît mal les idées pourtant extraordinairement riches de la Konservative Revolution (KR), mouvement politique et intellectuel qui connut sa plus grande intensité entre les années vingt et trente, avant d'être éliminé par l'arrivée Hitler au pouvoir en 1933. Ernst Jünger en fut la figure majeure dans la période la plus problématique, face au nazisme. Autour du couple nationalisme et socialisme, une formule qui n'est pas de Jünger résume assez bien l'esprit de la KR allemande : "Le nationalisme sera vécu comme un devoir altruiste envers le Reich, et le socialisme comme un devoir altruiste envers le peuple tout entier".

    Pour répondre à votre question des différences avec la pensée française des "non conformistes", il faut d'abord se souvenir que les deux nations ont hérité d'histoires politiques et culturelles très différentes. L'une était sortie victorieuse de la Grande Guerre, au moins en apparence, alors que l'autre avait été vaincue. Pourtant, quand on compare les écrits du jeune Jünger et ceux de Drieu la Rochelle à la même époque, on a le sentiment que le premier est le vainqueur, tandis que le second est le vaincu.
    On ne peut pas résumer des courants d'idées en trois mots. Pourtant, il est assez frappant qu'en France, dans les différentes formes de personnalisme, domine généralement le "je", alors qu'en Allemagne on pense toujours par rapport au "nous". La France est d'abord politique, alors que l'Allemagne est plus souvent philosophique, avec une prescience forte du destin, notion métaphysique, qui échappe aux causalités rationnelles. Dans son essais sur Rivarol, Jünger a comparé la clarté de l'esprit français et la profondeur de l'esprit allemand. Un mot du philosophe Hamman, dit-il, "Les vérités sont des métaux qui croissent sous terre", Rivarol n'aurait pas pu le dire. "Il lui manquait pour cela la force aveugle, séminale."

    P. L. : Pouvez-vous préciser ce qu'était la Weltanschauung du jeune Jünger ?
    D. V. : Il suffit de se reporter à son essai Le Travailleur, dont le titre était d'ailleurs mal choisi. Les premières pages dressent l'un des plus violents réquisitoires jamais dirigés contre la démocratie bourgeoise, dont l'Allemagne, selon Jünger, avait été préservée : "La domination du tiers-état n'a jamais pu toucher en Allemagne à ce noyau le plus intime qui détermine la richesse, la puissance et la plénitude d'une vie. Jetant un regard rétrospectif sur plus d'un siècle d'histoire allemande, nous pouvons avouer avec fierté que nous avons été de mauvais bourgeois". Ce n'était déjà pas mal, mais attendez la suite, et admirez l'art de l'écrivain : "Non, l'Allemand n'était pas un bon bourgeois, et c'est quand il était le plus fort qu'il l'était le moins. Dans tous les endroits où l'on a pensé avec le plus de profondeur et d'audace, senti avec le plus de vivacité, combattu avec le plus d'acharnement, il est impossible de méconnaître la révolte contre les valeurs que la grande déclaration d'indépendance de la raison a hissées sur le pavois." Difficile de lui donner tort. Nulle part sinon en Allemagne, déjà avec Herder, ou en Angleterre avec Burke, la critique du rationalisme français n'a été aussi forte. Avec un langage bien à lui, Jünger insiste sur ce qui a préservé sa patrie : "Ce pays n'a pas l'usage d'un concept de la liberté qui, telle une mesure fixée une fois pour toutes est privée de contenu". Autrement dit, il refuse de voir dans la liberté une idée métaphysique. Jünger ne croit pas à la liberté en soi, mais à la liberté comme fonction, par exemple la liberté d'une force : "Notre liberté se manifeste avec le maximum de puissance partout où elle est portée par la conscience d'avoir été attribuée en fief." Cette idée de la liberté active "attribuée en fief", les Français, dans un passé révolu, la partagèrent avec leurs cousins d'outre-Rhin. Mais leur histoire nationale évolué d'une telle façon que furent déracinées les anciennes libertés féodales, les anciennes libertés de la noblesse, ainsi que Tocqueville, Taine, Renan et nombre d'historiens après eux l'ont montré. A lire Jünger on comprend qu'à ses yeux, à l'époque où il écrit, c'est en Allemagne et en Allemagne seulement que les conditions idéales étaient réunies pour couper le "vieux cordon ombilical" du monde bourgeois. Il radicalise les thèmes dominants de la KR, opposant la paix pétrifiée du monde bourgeois à la lutte éternelle, comprise comme "expérience intérieure". C'est sa vision de l'année 1932. Avec sa sensibilité aux changements d'époque, Jünger s'en détournera ensuite pour un temps, un temps seulement. Durant la période où un fossé d'hostilité mutuelle avec Hitler et son parti ne cessait de se creuser.
    Dominique Venner, Le choc de l'histoire (Via Romana, 2011)

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFZAFAVlpVzKcQpHdi.shtml

  • Russie : le salut démographique viendra-t-il de l’Est ?

    Russie : le salut démographique viendra-t-il de l’Est ?

    MOSCOU (NOVOpress via le Bulletin de réinformation) - Le charme de l’âme slave n’étant plus suffisant à créer les conditions nécessaires d’une natalité expansionniste, le gouvernement russe à lancé, depuis 2006, un plan de redressement de la natalité (en Une, affiche de la campagne pour le redressement de la natalité du gouvernement dans le métro de Moscou).

    La mesure‑phare de ce plan est le « capital maternité », soit 9.500 € versés pour chaque enfant à partir du troisième. Depuis la chute de l’URSS, la Russie à vu sa population diminuer de six millions d’habitants. Or, entre 1999 et 2010, grâce à d’énergiques mesures comme celle‑ci, le nombre d’enfants par femme est remonté de 1,1 à 1,5, soit une hausse de 40 % !

    Cette politique publique audacieuse et pleine de bon sens pourrait inspirer nos gouvernants… Si ceux‑ci ne possédaient pas déjà des solutions de « remplacement »… Imagine-t-on le même type d’affiche pour une campagne du gouvernement français dans le métro de Paris, et les réactions des associations subventionnées et des grand médias ?

    http://fr.novopress.info/141707/russie-le-salut-demographique-viendra-t-il-de-lest/

  • L’effondrement des sociétés complexes !

    Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

    Avant de pouvoir aborder le résultat des élections allemandes avec un peu de recul, je souhaitais faire découvrir à ceux qui ne le connaîtraient pas le travail remarquable du professeur américain Joseph Tainter dont l’ouvrage L’Effondrement des sociétés complexes a été traduit et est désormais disponible en France aux éditions Le Retour aux Sources. Vous trouverez un lien ci-dessous pour pouvoir vous procurer ce livre directement par Internet. Je vous en conseille vivement la lecture.

    Jamais nous n’avons ressenti un danger d’effondrement aussi fortement.

    L’inquiétude des gens est aujourd’hui palpable. Nous avons peur. Nous craignons à juste titre que nos modes de vie soient profondément remis en cause par la crise que nous traversons. Pour beaucoup, les causes de cette crise restent diffuses mais le ressenti demeure juste. Quelque chose ne va pas et ce quelque chose pourrait s’avérer dramatique. Comprendre les processus, connaître l’histoire, disposer de grilles de lecture sont autant d’atouts et d’outils qui permettront à chacun d’anticiper les risques majeurs auxquels ils sont susceptibles, avec une probabilité importante, de devoir faire face.

    L’explosion de l’euro, l’arrivée d’un nouveau système monétaire international ou encore une crise bancaire systémique, sans oublier une crise d’insolvabilité généralisée, sont autant de « drames » qui nous pendent au nez dans un futur proche.

    Ce que nous propose le professeur Tainter n’est rien moins qu’une grille de lecture fascinante et passionnante destinée à expliquer dans l’histoire du monde les processus d’effondrement des sociétés complexes. Disons-le, nos civilisations répondent en tous points aux critères d’effondrement mais aussi aux forces de rappels permettant de retarder, pour l’instant, ce moment de l’effondrement.

    La Théorie

    J’ai tenté de vous synthétiser et résumer ci-dessous les principaux éléments qui conduisent à l’effondrement d’une société. En réalité, l’ensemble de ces paramètres se vérifient dans l’histoire pour chacune des sociétés complexes s’étant effondrées, de l’Empire romain à la civilisation Maya.

    1/ Les sociétés humaines sont des organisations faites pour résoudre les problèmes.

    2/ Les systèmes sociopolitiques ont besoin d’énergie pour se maintenir.

    3/ La complexité accrue porte en elle des coûts accrus par habitants.

    4/ L’investissement dans la complexité sociopolitique, en tant que réponse à la résolution des problèmes, atteint souvent un point de rendements marginaux décroissants.

    5/ À mesure que le rendement marginal de l’investissement dans la complexité décline, la société investit toujours plus lourdement dans une stratégie proportionnellement moins rentable. Il faut alors faire face aux poussées de tensions en dehors du budget de fonctionnement courant.

    6/ Les rendements marginaux décroissants font de la complexité une stratégie d’ensemble de moins en moins séduisante, si bien que des parties d’une société perçoivent un avantage croissant à une politique de séparation ou de désintégration. Logiquement, divers segments de la population accroissent leur résistance active ou passive, ou tentent ouvertement de faire sécession.

    Par rapport à cette grille de lecture, force est de constater qu’un pays comme la France obtient à peu près un sans-faute aux critères de l’effondrement. Comme quoi, nous pouvons être premier quelque part et avec facilité. Les exilés fiscaux ne sont rien d’autre que des « segments de la population qui accroissent leur résistance active ».

    Nous finançons notre complexité par toujours plus d’impôts sur toujours plus de choses comme la cigarette électronique, les boissons, et la créativité de nos élites est sur ce sujet sans limite.

    Le « choc de simplification » lancé par notre président est un vieux serpent de mer. Tout le monde veut simplifier la complexité, or la complexité s’est emballée, elle nous échappe, nous courrons derrière elle. Nous la subissons.

    L’effondrement une bénédiction ?

    Une des idées tout à fait intéressante de cet ouvrage est que finalement, l’effondrement peut aussi être une chance et un choix rationnel des acteurs économiques. Tout cela me coûte tellement cher que si cet État s’effondrait, on se débrouillerait mieux tout seul et sans lui (ce que les Belges ont prouvé au monde en restant sans gouvernement plus d’un an).

    Les sociétés complexes sont récentes dans l’histoire de l’humanité. L’effondrement n’est alors pas une chute vers quelque chaos primordial, mais un retour à la condition normale de moindre complexité.

    L’effondrement n’est donc pas une catastrophe uniforme.

    Dans la mesure où l’effondrement est dû aux rendements marginaux décroissants de l’investissement dans la complexité, c’est un processus économique. Il se produit lorsqu’il devient nécessaire de restaurer le rendement marginal dans l’organisation à un niveau plus favorable.

    Pour une population qui reçoit peu en retour de ce qu’elle investit pour soutenir la complexité, la perte de celle-ci apporte des gains économiques et sans doute administratifs.

    Adapté à notre pays, cela donnerait que tous les couples très riches (au sens gouvernemental) gagnant plus de 4 000 euros/mois paient beaucoup et reçoivent peu et de moins en moins. Ils auront dès 2015 intérêt à ce que ce système qui les spolie s’effondre, or ils représentent le cœur même d’un pays donc du système.

    L’effondrement est impossible à ce jour (vous allez pouvoir rassurer votre belle-mère en partie et pas longtemps)

    Je cite longuement la théorie avancée. Je ne partage pas pleinement cet avis. J’y reviens plus loin.

    « Dans des situations de régimes politiques concurrents, ou potentiellement concurrents, l’option de l’effondrement vers un niveau inférieur de complexité est une invitation à être dominé par un autre membre de cet agglomérat. Par conséquent, la complexité doit être maintenue quels qu’en soient les coûts. »

    « L’effondrement n’est possible que là où n’existe aucun concurrent assez fort pour remplir le vide politique de la désintégration. Dans ce cas, la faiblesse politique et militaire conduira à une lente désintégration et/ou à un changement de régime. »

    Le monde d’aujourd’hui est saturé. Il est rempli de sociétés complexes. L’effondrement n’est ni une option, ni une menace immédiate. Toute nation vulnérable devra suivre l’une de ces trois options :

    1/ Absorption par un voisin ou un État plus grand.
    2/ Soutien économique par une puissance dominante ou par une agence de financement internationale.
    3/ Paiement par la population de tous les coûts nécessaires pour poursuivre la complexité, aussi néfaste que soit le rendement marginal.

    Et le professeur Tainter de conclure que « si l’effondrement n’est pas pour le futur immédiat, cela ne revient pas à dire que le niveau de vie industriel bénéficie également d’un sursis. Le niveau de vie stagnera ou baissera ».

    Nous ferons tout ce qui nous coûtera le plus cher…

    Avant de me lancer dans la critique (constructive) de ces derniers points, je souhaitais revenir sur le cas des pays européens. Avec l’accord transatlantique, nous serons absorbés par un voisin plus grand. Avec l’Europe, une puissance dominante que nous finançons tente de fournir un soutien économique. Au final, c’est bien la population qui paiera tous les coûts nécessaires à la poursuite de cette folle complexité. La description réalisée par le professeur Tainter est particulièrement juste sur ce sujet précis.

    La critique de la théorie de l’effondrement

    Je formule cette critique constructive en toute modestie vu le travail encore une fois remarquable de ce professeur sur ce sujet de l’effondrement des sociétés complexes.

    Dans sa théorie, l’effondrement par définition ne peut avoir lieu que lorsqu’il se fait dans le vide et qu’aucun système ne peut venir prendre le contrôle.

    J’en déduis donc que pour lui l’idée d’effondrement est total, l’effondrement c’est dans son acceptation une forme de fin du monde absolue. Si sa définition de l’effondrement est bien celle-ci alors je suis d’accord, l’effondrement ne peut se produire que dans le vide.

    Dans une acceptation plus populaire et moins universitaire, l’exemple récent de l’Empire soviétique, dont tout le monde s’accorde pour dire qu’il s’est effondré, est à mon avis beaucoup plus adapté à la compréhension des risques actuels que la théorie du professeur Tainter pourtant brillante mais souffrant sur ce point non pas d’une lacune que d’un besoin d’éclaircissement.

    Je suppose que, dans l’esprit de la théorie, l’effondrement de l’Empire soviétique suite à la chute du mur de Berlin est plus considéré comme un changement de régime que comme un effondrement. Pourtant, les conséquences quotidiennes pour la population et durant de nombreuses années s’apparentaient bien à un effondrement. Effondrement économique, effondrement des structures d’État, effondrement militaire, effondrement social, effondrement géographique avec la fin réelle d’un empire réel, et j’en passe.

    L’Empire soviétique ne s’est pas effondré dans le vide. Il s’est plutôt effondré des suites de l’amicale pression de son concurrent « l’Empire » américain qui, pour autant, n’est pas allé occuper le Kremlin en lieu et place de l’armée rouge, même s’il y a eu et qu’il y a encore une forme d’occupation économique.

    L’autre idée qui me gêne est la suivante : pourquoi ne pourrait-il pas y avoir un effondrement global puisque le monde est global ?

    Le professeur Tainter a une vision qui reste une vision historique fort brillante. Mais cette vision de l’histoire est-elle adaptée à notre situation actuelle ?

    Il considère chaque pays comme une entité propre, comme une civilisation à part entière, comme un système indépendant pouvant ou pas, selon certains critères, s’effondrer. Pour lui, « le monde d’aujourd’hui est saturé. Il est rempli de sociétés complexes ».

    Je considère qu’en réalité le monde n’est pas saturé et rempli de sociétés complexes juxtaposées mais qu’il s’agit d’une même et seule société, d’une même et seule économie, d’une même et seule civilisation, interconnectée, mondialisée, globalisée. Logiquement, si cette économie unique, cette économie mondiale était amenée à s’effondrer, elle s’effondrerait bien dans rien… conformément à la théorie du professeur Tainter.

    Dans tous les cas, je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage indispensable à toutes celles et ceux qui sont préoccupés par ce sujet des risques d’effondrement dans nos sociétés. Ce livre est incontournable de vos étagères car je ne vous ai offert ici qu’un résumé rapide de la pensée de l’auteur.

    À demain… si vous le voulez-bien !!

    Note :

    Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
    Charles Sannat, 24hGOLD

  • Retour sur le CMRDS 2013 (2) : La vidéo

    Après le reportage et les témoignages, voici ce que vous attendez tous, la vidéo du CMRDS 2013 qui a été une réussite et qui promet une année militante intensive.

  • Le « “MAURRAS »” De Giocanti : Ombres et lumières d’un grand livre

    Parcourir un volume de près de six cents pages consacrées à Charles Maurras, riche, dense, écrit par un homme de grande culture, avec des documents inédits, attire à juste titre la sympathie du lecteur. Francis Venant, dans L’’AF 2000 du 5 octobre, a parfaitement rendu compte de cet attrait, et, entrant plus profondément dans le livre, il en a mis en lumière d’’excellents aspects. Il me reste la charge redoutable d’’en montrer les côtés négatifs, sans tomber dans un esprit de dénigrement systématique, et il convient de rendre hommage, pour commencer, à la somme de travail fournie par l’’auteur, à la sympathie intellectuelle qu’il éprouve envers Maurras écrivain et artiste. Francis Venant, d’’ailleurs, à la fin de sa recension, émet de graves réserves sur les affirmations de Stéphane Giocanti à propos de l’’Action française.
    Le plaisir que j’’ai ressenti à la lecture du livre a été traversé, à plusieurs reprises, par un sentiment de malaise dont j’’ai cherché, dans une seconde lecture, à déterminer les éléments. En voici un rapport succinct.
    D’’abord, si Maurras apparaît clairement comme écrivain, comme artiste, comme penseur, on voit moins bien qu’’il est entré en politique « comme on entre en religion » : la vie de l’’Action française représente dans ce livre comme une toile de fond brossée à grands traits, elle ne semble pas faire intimement partie de l’’existence de l’’homme sans lequel elle n’’eût été qu’’un mouvement nationaliste de plus cherchant vainement à guérir la République de ses vices congénitaux.
    “Un poète en prison”
    Ce titre du chapitre qui suit la condamnation de Maurras m’’a déplu. La justice “ « fini »” n’’a pas condamné un vieux poète, les démocrates-chrétiens et les socialo-communistes qui l’’inspiraient ont réglé leurs comptes avec le chef de l’’Action française et le philosophe contre-révolutionnaire. Maurras s’est justement écrié : « C’est la revanche de Dreyfus ! »
    Parlons donc de cette “Affaire . Stéphane Giocanti croit à l’’innocence du capitaine. C’’est son droit. Mais il croit aussi que Maurras s’’est acharné à vouloir prouver la culpabilité de l’’accusé parce qu’’il était juif. C’est faux. L’’antidreyfusisme était plus une lutte contre un parti qu’une hostilité à la personnalité falote d’Alfred : « Mon premier et dernier avis là-dessus a été que, si par hasard Dreyfus était innocent, il fallait le nommer Maréchal de France, mais fusiller une douzaine de ses principaux défenseurs pour le triple tort qu’’ils faisaient à la France, à la Paix, à la Raison. » (Au signe de Flore)
    L’’antisémitisme de Maurras et de l’’Action française fut toujours politique ; cela n’a pas été compris de Stéphane Giocanti qui s’’étonne qu’on puisse faire l’’éloge funèbre du grand rabbin de Lyon, tombé au champ d’’honneur et affirmer un antisémitisme politique. Il va jusqu’’à parler, à propos de Maurras, « d’’irrationalité xénophobe » ! Ajoutons que notre époque de “langue de bois” ne sait plus ni lire ni comprendre les excès calculés de la polémique classique.
    Les conséquences politiques de l’’Affaire sont également présentées au conditionnel : « L’’Affaire aurait eu pour conséquence d’’affaiblir la France. » On a dit que la cause de la guerre de 1914 était le renvoi de Delcassé après lequel l’’Empire allemand a cru qu’il pouvait tout se permettre avec la République française. « Mais, écrit Maurras dans l’’Examen de l’’édition définitive de Kiel et Tanger, la capitulation d’’avril 1905 résultait de l’’état où les auteurs de l’’affaire Dreyfus avaient jeté les forces militaires, maritimes, politiques et morales du pays légal. » (Nouvelle Librairie nationale, 1921).
    Dans sa brochure sur Les Origines et la doctrine de l’’Action Française, Léon de Montesquiou écrit : « L’’Action française est née de l’’Affaire Dreyfus… elle représente à son origine la réaction de quelques patriotes en présence de la trahison commise contre la France ». S’’il était sot et criminel d’’être antidreyfusard, l’’AF est un non-sens.
    Maurras et l’’Action française devant l’’Église
    Pour la condamnation de 1926, Stéphane Giocanti souligne avec raison les outrances qui discréditent le cardinal Andrieu, mais il explique en grande partie la condamnation romaine par les attaques du quotidien contre la politique de Pie XI. L’’auteur ne s’’avance pas trop dans ce dossier : il semble ignorer, par exemple, les raisons de la “retraite” du cardinal Billot, l’’ancien théologien de saint Pie X, contraint à la démission et mis dans une véritable résidence surveillée par le pontife qu’’il avait couronné de ses mains. Et il faut être lecteur attentif pour noter la levée de la condamnation par Pie XII sans rétractation d’’erreurs doctrinales dès les premières semaines de son pontificat. Tandis que la condamnation occupe beaucoup de place, sa levée est, dans ce livre, d’’une déroutante discrétion !
    La guerre d’’Espagne
    Stéphane Giocanti se montre d’’une grande prudence pour éviter les foudres du “politiquement peut que détester ce lourd néologisme journalistique au sens imprécis (VI, 5). À partir d’’une certaine époque, les cadres de l’’AF vieillissant, Maurras le premier, le nationalisme intégral se serait sclérosé. « Les critères pour analyser et juger se renouvellent peu et parfois se répètent. » Mais on ne va pas reprocher à un penseur d’’utiliser une démonstration qui a fait ses preuves ! Le Vrai ne lasse pas l’’homme qui y croit et qui l’’aime. Les méthodes d’’analyse, d’’induction et de déduction ne changent pas. Ou alors il faut se dire relativiste et, si on est cohérent, renoncer à classer, à juger.
    « En 1938, Maurras a soixante-dix ans. Une société différente apparaît. C’’est un contemporain de Taine et de Fachoda qui est entré dans l’’ère de Citroën et de Charles Trenet. » Ce coup d’œ’œil complice à la jeunesse et à la modernité fait pitié. Passons sur l’’anglicisme : le français n’’utilise pas le comparatif sans complément. Qui Stéphane Giocanti compare-t-il à Taine, l’’industriel ou le chanteur de variétés ? Par une réflexion aussi indigente que floue l’’auteur a voulu discréditer Maurras juste avant la guerre en lui donnant des circonstances atténuantes : le vieux monsieur septuagénaire dira des sottises en se ralliant à un maréchal presque nonagénaire. Non, et non !
    Stéphane Giocanti note avec justesse que la collaboration vint d’’abord de la gauche. Citons Maurras : « Les quelques malheureux qui ont trahi l’’Action française pendant l’’Occupation n’’ont eu qu’à rétrograder jusqu’’à leur jeunesse scolaire de la rue d’’Ulm pour rejoindre ces Déat, ces Paul de Rives, ces Spinasse, ces Suarez qu’’il n’’avait pas été nécessaire de recatéchiser. » (Votre Bel Aujourd’hui, p. 35-36)
    La France, La France seule
    Mais « Maurras perd peu à peu les pouvoirs de son réalisme politique ». Sa passion résistantialiste aveugle l’’auteur qui écrit une page injuste contre Xavier Vallat. Stéphane Giocanti ne comprend pas pourquoi le journal a continué à paraître pendant la guerre, il ne comprend pas l’’attitude de Maurras, il ne comprend pas le Maréchal. Qu’’il relise La seule France : tout est clair, évident, lumineux, parfaitement dans la logique d’’Action française. Sans le Maréchal, sans l’’Action française, Doriot, Déat auraient pu entraîner des masses de malheureux dans une sotte « croisade contre le bolchevisme ». Imaginons un million de Français sur le front russe, une jeunesse fauchée sous l’’uniforme ennemi, la France vaincue deux fois dans le même conflit. Le clan des Yes et le clan des Ja représentaient tous deux la guerre civile ; Maurras a accompli son devoir jusque’’au bout en en dénonçant les fauteurs, au péril de sa vie.
    Nous sommes fiers d’’être d’’Action française, nous sommes fiers des hommes qui nous ont précédés au sein de ce mouvement de salut public, nous sommes fiers de notre Maître, Charles Maurras qui est non seulement un des plus grands de nos prosateurs et de nos poètes, mais aussi et surtout « le plus Français des Français ».
    Gérard Baudin L’’Action Française 2000 du 19 octobre au 1er novembre 2006
    * Stéphane Giocanti : Maurras, le chaos et l’’ordre. Éd Flammarion, 580 pages, 27 euros.

  • Raoul Girardet : un homme d’honneur

    par Dominique Jamet

    « J’ai des rêves de guerre en mon âme inquiète/ J’aurais été soldat si je n’étais poète… », écrivait Victor Hugo, qui préféra pourtant la plume au sabre et parvint à la gloire par d’autres sentiers que celui de la guerre.

    La guerre, Raoul Girardet, qui vient de mourir à l’âge de quatre-vingt-quinze ans, n’eut pas besoin d’en rêver, car il l’avait faite, avec honneur. Mais sans doute, né dans une famille de militaires de carrière, aurait-il lui aussi été soldat s’il n’avait bifurqué vers l’Université. Un moment tenté par l’Action française, parce que nationaliste, il s’en éloigna parce que républicain, et allergique à l’antisémitisme de Maurras. Il ne cessa jamais, en revanche, de se sentir proche de l’armée : son monumental ouvrage, La société militaire dans la France contemporaine, 1814-1939, qui fait autorité, en est le durable témoignage.

    Professeur à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, à l’ENA, à l’École polytechnique et à l’Institut d’études politiques pendant trente ans, Girardet a formé et séduit des générations d’étudiants. Élève à Sciences Po, j’ai suivi avec profit le légendaire séminaire sur le mouvement des idées politiques dans la France contemporaine dont il était l’un des trois animateurs, l’une des trois âmes, lui réputé « d’extrême droite », avec Jean Touchard, socialiste, et René Rémond, démocrate-chrétien. Tous les trois hommes de convictions, tous les trois hommes de tolérance, dans la parfaite harmonie que peut constituer l’expression d’idées différentes lorsqu’elles sont professées par des hommes d’un égal désintéressement et d’une égale bonne foi. [...]

    La suite sur Boulevard Voltaire

    Deux rectifications : Raoul Girardet ne fut pas "un moment tenté par l’Action française", comme s’il fallait l’en dédouaner : il y fut un militant actif et il ne renia jamais son passage à l’Action française. Je renvoie à ce sujet à l’homme rendu sur le site de l’AF Provence : Girardet expose le plus tranquillement du monde à Pierre Assouline ce que lui a apporté l’enseignement maurrassien, ainsi qu’à toute une génération.

    Il fut par ailleurs un des rédacteurs de La Nation Française, hebdomadaire maurrassien fondé par Boutang (1955-1967) qu’il quitta au début de 1960, après la journée des "barricades" d’Alger avec notamment Jules Monnerot pour fonder quelques mois plus tard L’Esprit public, un journal antigaulliste proche de l’OAS. C’est précisément parce que Boutang et La Nation Française ne leur semblaient pas suffisamment antigaullistes qu’ils fondèrent ce journal. Boutang ne rejoignit pas l’OAS même s’il en comprenait l’intention et dénonça publiquement la répression féroce du régime gaulliste à son encontre..

    François Marcilhac http://www.actionfrancaise.net/craf/?Raoul-Girardet-un-homme-d-honneur