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culture et histoire - Page 1771

  • Pensée unique et pensée binaire

    « Maintenant que cette loi est votée, peut-être que les voix qui se sont élevées de toutes parts, ces manifestations grandiloquentes, ces vedettes haranguant la foule, tels des camelots, pourraient rester sur leur lancée pour dénoncer les injustices sociales, les conditions de vie des personnes roms dans notre pays, les licenciements injustes… Bref, tout ce qui bafoue la dignité de l’être humain ! » Ces quelques mots, sous la plume de Pierre-Baptiste Cordier, résument assez bien l'un des arguments-phares de ceux qui, catholiques ou non, trouvent que décidément, les chrétiens se sont fourvoyés en s'élevant massivement contre le projet de loi du « mariage pour tous ». En un mot : c'est bien gentil tout ça, la récré a été amusante, mais maintenant, au boulot, Jésus se fiche que l'on prive un enfant de son père ou de sa mère, ce qu'il veut c'est qu'on s'occupe des pauvres.

    Cet argument, disons-le tout net, a tendance à m'agacer un poil. Cela dresse un portrait du manifestant lambda qui ne correspond absolument pas à ce que j'ai pu observer autour de moi. Comme le souligne Isabelle de Gaulmyn avec beaucoup de justesse dans son dernier billet, « ces jeunes, on les sent « monter » depuis quelques années dans l’Eglise. Ils ont fait leurs armes dans l’organisation des dernières JMJ, notamment Madrid. Ils sont aussi souvent investis dans des actions très concrètes de charité, maraudes, colocations avec des exclus, ou autre « épicerie sociale ». Il serait stupide de les accuser de manquer de fibre sociale, car ils en ont. » Faut-il vraiment choisir ses pauvres ? Est-il absolument inconcevable de pouvoir se battre à la fois contre la PMA, l'IVG, la GPA et pour plus de justice sociale ? Jésus a-t-il tracé, dans Matthieu 25, le portrait- robot du « bon pauvre » à l'exclusion de tous les autres ? Faut-il choisir obligatoirement entre l'enfant rom et l'enfant à naître ?

    On a beaucoup vu, durant ce débat, les deux parties en présence s'accuser mutuellement d'être le vassal de la « pensée unique ». Le danger qui guette notre société, à mon sens, n'est pas qu'elle se retrouve enfermée dans une pensée unique, quelle qu'elle soit. La segmentation (dont les communautarismes en plein essor ne sont qu'une facette) à l’œuvre dans notre monde fait que ce risque d'uniformisation générale de la pensée se pose à mon sens assez peu. Par contre, ce qui nous menace, c'est la pensée binaire. Soit blanc, soit noir. Si tu es contre l'avortement, ça veut dire que tu es pour que des femmes meurent en couches. Si tu défends l'idée qu'il est scandaleux d'enfermer en centre de rétention administrative des enfants dont les parents n'ont pas de papiers, c'est que tu es pour l'envahissement de nos frontières. Si tu es contre le mariage gay, tu es homophobe. Or, la jeune génération des catholiques présents dans les récentes manifestations ont ceci en commun qu'ils refusent cette pensée binaire. L'idée, finalement, que le message chrétien se réduit à une seule de ses parties. Pour faire court : doctrine morale d'un côté, doctrine sociale de l'autre. Et c'est une excellente nouvelle.

    Dès l'origine, les chrétiens ont refusé de choisir. Dans les Actes des apôtres, la communauté chrétienne est décrite ainsi : « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun ». Et dans la Didachè, texte à peine plus tardif et qui manqua de peu sa place dans le canon biblique, on peut lire que le souci de la vie est également un impératif du chrétien : « Tu ne tueras point l'enfant par avortement et tu ne le feras pas mourir après sa naissance », ce qui, dans le contexte de l'Empire romain débutant, était d'une radicale nouveauté.

    D'autant que se pose ici la question de la visibilité et de l'efficacité. Quand il y a un projet de loi, le meilleur moyen de se faire entendre, c'est de descendre dans la rue. Moi, je veux bien descendre dans la rue pour dire non à la pauvreté, à la guerre, au sida, aux bombes à sous-munitions, mais il ne me semble pas que ce soit le meilleur moyen de lutter pour la paix et la justice. Si les cercles de silence initiés par les Franciscains de Toulouse signent la visibilité des chrétiens dans le combat pour un juste accueil des sans-papiers, si cette visibilité est importante et même spirituellement cruciale, elle ne va pas sans un travail souterrain, invisible, peu médiatique de travail au quotidien auprès de ces personnes. Et c'est finalement ce qui me gêne le plus dans l'accusation portée par certains de mes frères chrétiens : faut-il que je fasse – c'est tendance - publication de mon « patrimoine dans les cieux », de mes bonnes œuvres, de mes déductions fiscales quand je donne aux ONG, du temps que je passe avec telle ou telle catégorie de démunis ? Dois-je, pour paraphraser le grand Georges, « pour les besoins de la cause publicitaire, divulguer avec qui, et dans quelle position je plonge dans la misère et dans la compassion » ?

    Tenez, mon ancien voisin, par exemple. Il m'a mise dans la liste de diffusion des mails qu'il envoie collectivement à ses contacts pour alerter sur les évolutions sociétales en cours. Il est à fond, comme on dit. Par contre, son dévouement auprès des personnes handicapées au sein de l'Arche, son projet de mise en place d'un réseau d'alerte auprès des personnes âgées isolées, son refus de gagner, dans son travail de consultant en ressources humaines, plus d'argent qu'il ne lui en faut pour nourrir sa famille, je ne les connais que par incidence. Et c'est très bien ainsi .En fait, la facilité avec laquelle certains chrétiens qui regardent les manifs de ces derniers mois en se pinçant le nez sortent leur appartenance au camp du Bien en énumérant leurs bienfaits et lieux de combats me choque un peu. 

    S'imaginer que les manifestants qui, durant des mois, ont défendu avec acharnement une certaine idée de la famille (famille dont ils savent bien qu'elle est le dernier matelas sur lequel viennent s'écraser les travailleurs balancés du haut des grandes tours de la finance) sont des nantis aveugles aux réalités sociales, voilà qui marque un bel exemple de pensée binaire – et finalement, ce serait une assez bonne nouvelle, sur le plan économique : mazette, ce qu'il y a comme nantis, en France ! J'y vois, personnellement, un grand espoir, y compris sur le plan social. L'avenir ne devrait pas tarder à nous dire qui a raison.

    http://www.nystagmus.me/

  • Étonnantes révisions chez les grands stratégistes américains

    Quand Brzezinski et Luttwak révisent leurs propres doctrines!
    Notes complémentaires à une conférence tenue à la tribune de l’ASIN (“Association pour une Suisse Indépendante et Neutre”), le 31 octobre 2012, à Genève, et à la tribune du “Cercle non-conforme”, le 14 novembre 2012, à Lille.
    Le glissement le plus important dans la pensée stratégique et géopolitique s’est observé l’an dernier, en 2012, dans les travaux des plus grands stratégistes américains, Edward Luttwak et Zbignew Brzezinski. Nous pouvons parler d’un véritable “coup de théâtre” du printemps et de l’été 2012. “Zbig”, comme on le surnomme” à Washington, avait été un adversaire du statu quo, de la “coexistence pacifique” au temps de Nixon et de Kissinger (quand ce dernier avait adopté les règles de la diplomatie classique, selon Metternich, son modèle favori à l’époque). Brzezinski refusait toute forme de “coexistence pacifique”, qu’il dénonçait comme “coexistence passive”: à ses yeux, il fallait que Washington gagne activement la guerre (froide), tout en évitant la confrontation directe, ce que les armements nucléaires cumulés rendaient de toutes les façons impossible. La compilation de ses suggestions offensives a été consignée dans un volume, devenu bien vite un best-seller international et intitulé “The Grand Chessboard” (= “Le Grand échiquier”).
    Toute la stratégie de Brzezinski a abouti à l’échec
    Dans “The Grand Chessboard”, Brzezinski suggère de briser la puissance soviétique (russe) en soutenant systématiquement les dissidents musulmans et, surtout, dès l’entrée des troupes soviétiques à Kaboul, en armant les mudjahiddins afghans (pour “Zbig”, il s’agissait de “musulmans déboussolés”, bref d’“idiots utiles” pour les desseins de l’impérialisme américain), de manière à ce que ces combattants de la foi épuisent les ressources soviétiques par une guerre de partisans lente et coûteuse. L’objectif final, bien mis en évidence dans “The Grand Chessboard” était de contrôler la “Route de la Soie” (“Silk Road”), une route non plus caravanière mais jalonnée de “pipelines”, d’oléoducs et de gazoducs, entre l’Europe et la Chine. Pour y parvenir, il fallait également détacher l’Ukraine de la Russie et soutenir, dans un premier temps, à l’époque de Türgüt Özal en Turquie, le panturquisme, de façon à attirer dans un nouvel ensemble toutes les républiques ex-soviétiques à majorité musulmane, qui se seraient alors, spontanément croyait-on, tournées vers l’allié turc au sein de l’OTAN. Le soutien aux mudjahiddins (puis aux talibans) a créé l’imbroglio afghan, toujours irrésolu, puis de nouveaux problèmes avec le fidèle allié pakistanais, chargé d’armer et d’instruire les mudjahiddins et les talibans puis sommé de les laisser tomber en dépit de l’étroite imbrication entre le système militaire d’Islamabad et les réseaux islamo-terroristes en Afghanistan et au Cachemire. Quant à la “Route de la Soie”, elle est plutôt, au bout de trente ans d’efforts vains pour la contrôler, aux mains des puissances du “Groupe de Shanghaï”, car le Turkestan, pièce centrale du dispositif et vaste espace entre l’écoumène euro-russe et la Chine, n’a pas marché dans la combine. L’Ukraine, malgré la “révolution orange” de 2004-2005, n’a pas vraiment rompu avec la Russie, au contraire, les “orangistes” ukrainiens, favorables à une adhésion à l’OTAN n’ont plus du tout le vent en poupe et leur figure de proue, Ioulia Timochenko, est en prison pour corruption. Les tentatives d’Özal, pour réaliser une sorte d’union panturque ou pantouranienne, n’ont abouti à rien. Et, finalement, ce sont plutôt les ressources américaines qui s’épuisent dans une guerre longue, dont on n’entrevoit pas encore la fin. L’ennemi numéro un demeure la Russie, certes, mais les tentatives de l’éliminer définitivement ont constitué autant d’échecs.
    Les déclarations de Luttwak à “La Stampa”
    Même constat de révision déchirante chez Edward Luttwak, à qui l’on doit deux maîtres ouvrages, appelés à devenir des classiques de la littérature stratégique, l’un sur la “grande stratégie” de l’Empire romain, avec l’accent sur la maîtrise de la Pannonie (la plaine hongroise) et de la Dobroudja (l’embouchure du Danube), deux “trouées” permettant l’invasion de l’Europe par des peuples cavaliers venus de l’Est ; l’autre sur la “grande stratégie” de l’Empire byzantin, dont la Turquie ottomane hérite de l’espace-noyau stratégique entre 1369 et 1453, en s’opposant tout à la fois à l’Europe (à l’héritage papal de l’Empire romain d’Occident) et à la Perse. Contrairement à l’Empire romain classique, avant la scission entre en Occident latinisé et un Orient hellénisé, l’Empire byzantin déploie une stratégie basée moins sur la force que sur la persuasion (diplomatique) et sur l’endiguement des adversaires (quitte à créer des querelles au sein de leurs états). Le 19 septembre 2012, Edward Luttwak déclare au journal italien “La Stampa” que le “printemps arabe” est un échec malgré l’appui des ONG occidentales, qu’il n’a pas abouti à l’établissement d’une démocratie réelle et solide, que les Frères musulmans donnent le ton en Tunisie et en Égypte (ce qui déplait tout à la fois aux Saoudiens et aux militaires égyptiens). Le seul succès de toute cette agitation, pour Luttwak, a été de neutraliser le Hamas. En Libye, la volonté occidentale de provoquer un changement brutal a débouché sur un chaos incontrôlable et le désir de s’emparer de la manne pétrolière libyenne est remis aux calendes grecques, tant pour les consortiums anglo-saxons que pour les Français de Total (qui avaient participé à la curée). La mort tragique de l’ambassadeur américain Stevens est la preuve la plus emblématique que les réseaux rebelles, hostiles à Khadafi, sont hétérogènes et non contrôlables, en tous cas, ne se montrent pas reconnaissants à l’égard des puissances occidentales qui les ont armés (à moins que ce soit le Qatar ?). Autre exemple : un colonel rallié au nouveau régime, prétendument pro-occidental, a été abattu pour avoir servi Khadafi jadis, sans qu’on n’ait pu se saisir de ses assassins.
    Pour Luttwak : une politique minimale
    Pour Luttwak, il aurait fallu préserver le statu quo politique dans le monde arabe. Si un régime arabe s’était montré hostile aux États-Unis, ajoute Luttwak, ou s’il avait accumulé des armes de destruction massive ou s’il avait représenté un danger quelconque, il aurait fallu le frapper durement puis se retirer immédiatement, comme cela avait été pratiqué en Libye en 1986. Les États-Unis n’auraient jamais dû s’incruster dans des “terrains minés” et auraient dû laisser “les peuples se débrouiller”. Pour Luttwak, Washington doit se retirer d’Afghanistan car, contrairement au projet initial de réaménagement de ce pays dans le sens des intérêts américains, les pétroliers texans ne peuvent y installer les oléoducs et gazoducs prévus et d’autres consortiums américains ne peuvent y exploiter les gisements de minerais! Seule la culture du pavot rapporte dans la région! Luttwak appelle le gouvernement Obama à ne pas intervenir en Syrie, ou, à la limite, de charger Turcs et Français de faire le travail. Dans la région, les puissances anglo-saxonnes doivent se limiter à tenir la Jordanie, vieil allié, pour protéger Israël de tout débordement. Les seuls objectifs valables de toute politique extérieure américaine sainement conçue devraient être 1) de se défendre et 2) d’assurer les approvisionnements énergétiques.
    Revenons aux révisions auxquelles procède Zbrignew Brzezinski : en février 2012, il présente à un public choisi de stratégistes et de décideurs son nouvel ouvrage, qui porte pour titre “Strategic Vision”. Dans la prestigieuse revue “Blätter für deutsche und internationale Politik” (juillet 2012 – à lire sur http://www.blaetter.de/archiv ), Hauke Ritz, dans son article intitulé “Warum der Westen Russland braucht”, résume clairement la position prise par Brzezinski dès la fin de l’hiver 2011-2012 : “Si, dans son dernier et célèbre ouvrage “The Grand Chessboard”, il s’agissait encore, pour lui, d’obtenir le contrôle politique sur l’Asie Centrale, et s’il évoquait encore en 2008 l’idée d’une “seconde chance” pour bâtir un monde unipolaire (ndt : sous hégémonie américaine), aujourd’hui Brzezinski admet que les Etats-Unis ont partout perdu de la puissance et que le monde multipolaire est devenu une réalité. Fort de ce constat, il ébauche toute une série de nouvelles perspectives. La plus étonnante de celles-ci, c’est qu’il abandonne son hostilité radicale à l’endroit de la Russie, hostilité qui était présente de manière explicite ou implicite dans tous ses ouvrages antérieurs. Qui plus est, il affirme désormais que, pour la survie de l’Occident, il est impératif d’intégrer la Russie”.
    Les éléments clefs de la nouvelle stratégie suggérée par Brzezinski
    Brzezinski suggère une nouvelle stratégie puisque toutes celles qu’il a échafaudées jusqu’ici n’ont conduit qu’à des échecs. Les éléments clefs de cette nouvelle stratégie sont:
    -          Élargir la notion d’Occident à la Russie : à la lecture de cette étonnante suggestion, on constatera que Brzezinski ne retient plus la distinction opérée par Samuel Huntington dans son fameux article de “Foreign Affairs” de 1993 (puis dans son célèbre livre “Le choc des civilisations”) entre une civilisation occidentale euro-américaine et catholico-protestante, d’une part, et une civilisation orthodoxe, d’autre part. Cette distinction est donc désormais caduque.
    -          Il ne faudra pas, dans l’avenir, démoniser la Chine comme on a démonisé la Russie (ou le Japon ou l’Allemagne, ou l’Irak, l’Iran ou la Libye, etc.). Brzezinski reste logique avec lui-même. Il sait que la Chine était un allié tacite puis officiel des États-Unis depuis les affrontements sino-soviétiques de la fin des années 60 le long du fleuve Amour et depuis le coup diplomatique de Kissinger en 1972. La logique du “Grand Chessboard” était finalement de dominer l’espace de l’antique “Route de la Soie” pour relier l’Euramérique à la Chine par une chaîne de petits États faibles et contrôlables, incapables de reprendre le rôle de Gengis Khan, de Koubilaï Khan, de Tamerlan, du Tsar Alexandre II ou de Staline. Dans les nouvelles propositions de Brzezinski, toute démonisation de la Chine par l’ubiquitaire “soft power”, constitué par l’appareil médiatique global contrôlé in fine par les services américains, entraînera les Chinois à démoniser l’Amérique, créant une situation ingérable ; en effet, la Chine est le plus gros détenteur de la dette amércaine (+ de 25%), tant et si bien qu’ont a pu parler d’une “Chinamérique” ou d’un “G2”.
    -          Il faudra empêcher Israël d’agresser l’Iran (est-ce un indice que les États-Unis sont progressivement en train de lâcher Tel Aviv ?). Toute attaque israélienne, conventionnelle ou nucléaire, limitée ou non aux installations atomiques iraniennes, déclenchera une guerre totale que personne ne gagnera. La région du Golfe Persique sera en flammes, à feu et à sang, et le prix du pétrole augmentera dans des proportions inouïes, ajoute “Zbig”. Pire : le chaos dans les zones pétrolifères du Golfe conduira fatalement à un rapprochement énergétique euro-russe, ce qui pourrait s’avérer bien contrariant (et là, “Zbig” reste parfaitement logique avec lui-même, avec ses stratégies d’avant 2012!).
    Une dynamique d’auto-destruction
    Brzezinski constate que la dynamique de superpuissance, poursuivie par les États-Unis, surtout par les cercles néo-conservateurs qui y ont longtemps fait la pluie et le beau temps, est une dynamique d’auto-destruction, comparable à celle qui a fait s’effondrer l’URSS à la fin des années 80. Étonnant d’entendre cela de la bouche même du plus grand “conseiller du Prince” que l’histoire ait jamais connu, un “conseiller du Prince” qui a eu l’oreille de chefs d’État ayant disposé de la plus formidable panoplie guerrière de tous les temps. Brzezinski vient de rompre définitivement avec l’idéologie néo-conservatrice. Les signes avant-coureurs de cette rupture datent pourtant déjà de 2007-2008. Avant cette rupture graduelle, Brzezinski et les néo-conservateurs n’avaient pas, à l’analyse, la même approche intellectuelle des faits et des événements, mais, en fin de compte, les effets de leurs suggestions revenaient au même : il fallait mener une guerre à outrance contre les challengeurs de l’Amérique sur la masse continentale eurasiatique.
    En 2007, Brzezinski sort son ouvrage “Second Chance”, où il constate déjà un certain nombre d’échecs dans la politique extérieure américaine. Pour parachever la réalisation du plan néo-conservateur d’un “nouveau siècle américain”, dont il admet le principe général, il suggérait une “seconde chance”, tout en précisant bien qu’il n’y en aurait pas de troisième. Dans “Second Chance”, Brzezinski signalait que le discours de Bush sur la “guerre contre le terrorisme” était perçu dans les rimlands musulmans de l’Eurasie et du pourtour de l’Océan Indien comme une “guerre contre l’Islam”. Cette perception conduisait au déclin de l’influence américaine dans cette région, la plus cruciale, la plus impérative à dominer, sur l’échiquier géostratégique mondial. Brzezinski, en dépit de ses remarques cyniques sur les “musulmans déboussolés”, reste ici logique avec sa géopolitique antérieure, visant à forger une alliance entre le fondamentalisme islamiste et les États-Unis.
    La “deuxième chance” a été loupée...
    Ensuite, “Second Chance” rappelle que la politique extérieure de Bush n’a jamais critiqué l’Axe Pékin-Moscou ni été assez dure à l’endroit de la Russie, une dureté qui aurait pu, à l’époque, porter ses fruits. Normal : Bush avait besoin de l’aval de Poutine pour pouvoir se servir des bases russes ou autres, turkmènes, kirghizes, tadjiks ou ouzbeks, situées dans ce que Moscou appelle son “étranger proche”. C’est donc en heurtant la sensibilité des musulmans, en ne tentant pas de disloquer l’Axe Pékin-Moscou et en ménageant la Russie de Poutine que les néo-conservateurs, en misant trop sur le Proche et le Moyen-Orient pétrolier, en négligeant bon nombre d’autres politiques possibles dans l’environnement immédiat de cette région, risquaient, en 2007-2008, de louper la “deuxième chance”. Or, si Washington rate cette “seconde chance”, ce sera, à terme, la fin de “l’ère atlantique”, qui a duré 500 ans (et l’avènement d’une multipolarité où l’espace pacifique entre Singapour et le Japon, l’Océan Indien voire l’Atlantique-Sud acquerront autant de poids que l’Atlantique-Nord, dont l’importance est née du déclin de la Méditerranée à l’époque de Philippe II d’Espagne, comme l’avait naguère démontré Fernand Braudel). Mais, ce déclin de l’Atlantique septentrional ne sera pas pour autant l’avènement de la Chine, pense Brzezinski. Pourquoi ? Parce que le contentieux sino-indien ne sera pas effacé de sitôt.
    “Strategic Vision”, en cette fin février 2012, constate le recul de la mainmise américaine sur la Géorgie (où les dernières élections n’ont pas porté au pouvoir le favori des États-Unis), sur Taïwan, sur la Corée du Sud, sur l’Ukraine (où les effets de la “révolution orange” des années 2004-2005 se sont évanouis), sur l’Afghanistan et le Pakistan, sur Israël (que Washington s’apprête à abandonner?) et sur quelques autres têtes de pont au Proche- et au Moyen-Orient. Ce recul ne signifie pas pour autant un affaiblissement fatal pour l’Occident, explique Brzezinski: si le tandem euro-américain s’allie à la Russie, alors un espace stratégique inaccessible et inexpugnable se formera sur tout l’hémisphère nord de la planète, de Vancouver à Vladisvostok. Cette grande alliance “boréale” potentielle devra absolument compter sur l’alliance turque, car la Turquie est le “hub”, le moyeu, qui unit géographiquement l’Europe, la Russie (l’espace pontique), l’Afrique (le canal de Suez + l’espace nilotique de l’Égypte au Soudan et à la Corne de l’Afrique), l’Asie (l’espace de la turcophonie + les bassins du Tigre et de l’Euphrate + la péninsule arabique). Sans ce moyeu, l’alliance “boréale” ne pourrait fonctionner de manière optimale.
    “La démocratie ne s’impose pas de l’extérieur”
    “Strategic Vision” entend aussi mettre un terme à la démonisation systématique de la Russie par les médias américains: pour Brzezinski, la Russie doit dorénavant être considérée comme un pays démocratique à part entière. Il ne ménage pas ses critiques à l’endroit des médias et des ONG qui ont travaillé à exciter les opposants russes les plus délirants et les plus farfelus (jusqu’aux “pussy riots” et aux “femens”), à cultiver et amplifier la “légende noire” dont on accable la Russie, au moins depuis la Guerre de Crimée au 19ème siècle. Le noyau dur de sa critique est de dire que ce travail de harcèlement par les ONG est inutile dans la mesure où une démocratie ne s’impose jamais de l’extérieur, par le jeu des propagandes étrangères, mais uniquement par l’exemple. Il faut donner l’exemple de la démocratie la plus parfaite, d’une bonne gouvernance à toute épreuve (hum!) et alors on sera tout logiquement le modèle que tous voudront imiter.
    “Strategic Vision” constate aussi que les aventures militaires n’ont pas atteint les résultats escomptés. Il y a eu “hétérotélie” pour reprendre l’expression de Jules Monnerot, soit un résultat très différent des visées initiales, hétérogène par rapport au but fixé. Le coût de ces aventures militaires risque, même à très court terme, de déstabiliser les budgets militaires voire d’entraîner la faillite du pays. Le modèle américain du bien-être matériel pour tous risque alors d’être définitivement ruiné alors qu’il avait été vanté comme le meilleur de la Terre, ce qui, quand il ne fonctionnera plus très bien, entraînera fatalement des désordres intérieurs comme ailleurs dans le monde. Déjà les soupes populaires attirent de plus en plus de citoyens ruinés dans les villes américaines. L’American Way of Life ne sera plus un modèle universellement admiré, craint “Zbig”.
    Les États-Unis, ajoute Brzezinski, sont comme l’URSS dans les années 1980-1985. Six raisons le poussent à énoncer ce verdict :
    1.     Le système est irréformable (mais il l’est partout dans l’Euramérique...);
    2.     La faillite du système est due au coût des guerres;
    3.     L’effondrement du bien-être dans la société américaine entraîne une déliquescence généralisée;
    4.     La classe dirigeante n’est plus au diapason (comme en Europe);
    5.     La classe dirigeante tente de compenser les échecs extérieurs (et intérieurs) par la désignation d’un ennemi extérieur, qui serait “coupable” à sa place;
    6.     La politique extérieure, telle qu’elle est pratiquée, mène à l’isolement diplomatique, à l’auto-isolement.
    Zbigniew Brzezinski doit cependant battre sa coulpe. En effet,
    1.     La réconciliation avec la Russie aurait dû se faire dès les années 90, quand les thèses exposées dans “The Grand Chessboard” constituaient la référence politique des décideurs américains en matière de politique étrangère.
    2.     Brzezinski n’a pas contribué à l’apaisement nécessaire puisqu’il a jeté de l’huile sur le feu jusqu’en 2008! Mais, malgré son grand âge, il est capable de tirer les conclusions de l’échec patent des suggestions qu’il a formulées au cours de sa très longue carrière.
    L’interventionnisme tous azimuts est une impossibilité pratique
    Brzezinski déplore, comme nous, l’ignorance générale des faits d’histoire, dont sont responsables les médias et les réseaux d’enseignement (dans son entretien accordé à Nathalie Nougayrède, cf. infra, il dit : “... ce qui m’inquiète le plus à propos de l’Amérique, c’est cette espèce d’ignorance satisfaite dont elle fait preuve” et “... sur beaucoup de questions concernant les affaires étrangères, on se heurte à une ignorance si infiniment profonde qu’elle en est embarrassante. C’est un gros problème”). En conclusion, l’auteur de “The Grand Chessboard” constate, dans son nouvel ouvrage, que l’intervention tous azimuts est une impossibilité pratique ; elle est, ajouterions-nous, le fruit d’une idéologie universaliste qui se croit infaillible et refuse de prendre en compte les limites inhérentes à toute action humaine, fût-elle l’action d’un hegemon, doté de l’arsenal le plus formidable de l’histoire; or toute action a des bornes, nous enseignait déjà Aristote. Si on persiste à prendre les idéologèmes universalistes pour des vérités impassables, pour des dogmes intangibles, et si on tente obstinément de les traduire en pratique par un interventionnisme tous azimuts, on risque à coup sûr l’enlisement. Pour un autre observateur américain, Charles A. Kupchan (2), en effet, le système général de la globalisation, mis en place par les “bâtards de Voltaire” qui se piquent d’économie et de néo-libéralisme, n’est pas un système qu’il faut croire éternel, définitif, mais, au contraire, “un système momentané et transitoire qui fera forcément place à une alternative différente, qu’il ne nous est pas encore possible de définir avec précision” (p. 87). Par voie de conséquence, ceux qui pensent dans les termes mêmes du système actuellement en place sont des sots incapables d’imaginer une réalité différente, ou de travailler à en préparer une. Ceux qui, en revanche, refusent de croire béatement à la pérennité du système globaliste actuel, font davantage usage de leur raison, une raison vitale et vitaliste cette fois, héritée en droite ligne de la philosophie tonifiante de José Ortega y Gasset, et non pas d’une raison viciée et devenue caricaturale, comme celle des “bâtards de Voltaire”. Ce sont eux qui préparent la transition vers un autre monde, qui l’anticipent, toute raison vitale étant prospective.
    Neutralité, non-immixtion, différencialisme
    Avec les vérités toutes faites, avec les préconceptions figées de la vulgate des Lumières révisée par Bernard-Henri Lévy (hors de laquelle il n’y aurait aucun salut), du républicanisme obligatoire et incantatoire qui fait sombrer la France hollandouillée dans un marasme intellectuel navrant, du puritanisme américain de Bush derrière lequel se profile le trotskisme déguisé des bellicistes néo-conservateurs, avec les vérités médiatiques préfabriquées dans les arsenaux du soft power américain, avec un islam dévoyé et non plus traditionnel (au sens noble du terme) qui considère toutes les autres formes politiques nées de l’histoire des hommes comme relevant de la “djalliliyâh”, on n’aboutit à rien, sinon au chaos total, à la négation de tous les fleurons de l’intelligence, nés au sein de toutes les cultures: d’autres options sont donc nécessaires, même si certaines d’entre elles ont été, jusqu’il y a peu de temps, considérées comme néfastes, régressistes ou inacceptables. Parmi ces options, citons 1) la volonté de neutralité en Europe, d’alignement sur la sagesse helvétique, récurrente, sans doute sous d’autres oripeaux, depuis les années 50 en Allemagne et en France (sous la forme du gaullisme de la fin des années 60 et de la diplomatie d’un Couve de Murville ou d’un Michel Jobert, dans l’esprit du discours de Charles de Gaulle à Phnom Penh en 1966), ensuite théorisée, sous une forme “mitteleuropäisch” par les neutralistes allemands des années 80, lassés de l’OTAN, notamment par le Général Jochen Löser immédiatement avant la perestroïka de Gorbatchev; 2) le principe chinois de non immixtion dans les affaires intérieures de pays tiers, qui a rapporté à Pékin les succès que l’on sait dans les pays d’Afrique, fatigués des interventions occidentales si intrusives et si blessantes pour l’amour-propre des dirigeants africains; pour la Chine, chaque entité politique peut interpréter les droits de l’homme à sa façon (on se rappellera alors, en Europe, de Frédéric II de Prusse, l’ami de Voltaire ; il aimait à répéter : “Ein jeder kann selig werden nach seiner Façon”); 3) l’acceptation des différences sans chercher à faire de prosélytisme, comme le veulent les principes qui sous-tendent la civilisation indienne (cf. l’oeuvre de Naipaul, prix Nobel de littérature en 2007). L’islamisme wahhabite et le messianisme américain, le laïcisme à relents messianistes d’un BHL et du républicanisme français, ce mixte délétère de messianismes camouflés et de “nuisances idéologiques” modernes (Raymond Ruyer), le faux “rationalisme” des “bâtards de Voltaire”, tel qu’il a été décrit par John R. Saul aux États-Unis dans un livre qui n’a pas été pris en considération à sa juste mesure par les vrais cercles contestataires du désordre établi dans nos pays (1), sont, dans cette triple optique neutraliste européenne, anti-immixtionniste chinoise et différentialiste indienne, des options dangereuses, belligènes et déstabilisantes. On a vu le résultat en Libye, où les discours préfabriqués d’un BHL, conseiller de Sarközy, et “bâtard de Voltaire” emblématique et “auto-yavhéïsé”, n’ont pas généré un ordre stable et démocratique mais un chaos abominable, risquant de s’exporter dans toute l’Afrique du Nord et dans la région sahélienne.
    Wall Street et télé-évangélisme
    Pour combattre l’influence néfaste de toutes ces formes de messianisme politique, il faut entamer un combat métapolitique dont l’objectif premier doit être de rendre caducs les effets de la “théologie américaine”. La nature de cette théologie et la teneur de son message ont été analysées par une quantité d’auteurs anglo-saxons dont Clifford Longley (3) et Kevin Phillips (4). Si Longley examine le processus d’émergence de cette notion d’élection divine en Angleterre et aux États-Unis et nous permet d’en connaître les étapes, tout en s’inquiétant, en tant que Catholique anglais, des dérives possibles d’un fondamentalisme trop puissant et devenu fou, Phillips montre clairement les nuisances de ce fondamentalisme protestant et bibliste dans la réalité concrète actuelle, celle de l’échiquier international et, forcément, du “Grand Chessboard” centre-asiatique, cher à Brzezinski. Mieux: Phillips démontre, documents à l’appui, quels effets nocifs a eu et aura la combinaison a) de ce fondamentalisme et de cet “évangélisme” ou ‘télé-évangélisme” et b) de la politique économique et financière de Wall Street - qui a renoncé à toute forme de finance saine et hypothéqué la santé économique des États-Unis, en donnant libre cours à la spéculation la plus éhontée et en précipitant le pays dans une dette publique et privée sans précédent. Ces délires religieux et financiers vont plonger à terme les États-Unis, hegemon du monde unipolaire (espéré par Brzezinski), dans un marasme ponctué de prêches évangélistes, marqué par un endettement inédit dans l’histoire mondiale.
    Phillips espère un retour aux finances saines des anciennes administrations républicaines prébushistes et au pragmatisme diplomatique de Nixon, cette fois dans un contexte qui aura réellement dépassé les clivages de la “Guerre froide” (“Strategic Vision” de Brzezinski ne le contrariera pas) et se déploiera dans un monde plutôt multipolaire, même si “Zbig”prévoyait plutôt, tout juste avant que ne paraisse “Strategic Vision”, une sorte de duopole sino-américain en état de “coexistence pacifique”, dans un monde plus “asymétrique” que “multipolaire” (5).
    Un refus de tout fondamentalisme simplificateur
    La perspective métapolitique et géopolitique, que nous souhaiterions propager par nos diverses actions et interventions, repose donc sur un refus de tout pari sur un quelconque fondamentalisme simplificateur et forcément belliciste pathologique à cause même de ses hyper-simplifications. En matière de diplomatie et dans les commentaires diffusés dans les médias, nous souhaitons voir triompher l’attitude de la “tempérance requise”, prônée surtout par l’Inde, et non pas cet engouement, cher au belliciste néo-conservateur Robert Kagan, pour un Mars américain tout-puissant et roulant en permanence les mécaniques, s’opposant - à l’encontre de la dualité Mars/Vénus, Arès/Aphrodite, de la mythologie classique - à Vénus, c’est-à-dire à l’Europe, à la tempérance et à la diplomatie classique, inspirée du “jus publicum europaeum”. La perspective, que nous entendons faire nôtre, refuse les visions du monde basées sur une césure dans le temps, comme la “djalliliyâh” des wahhabites ou l’idée folle d’une “Nouvelle Jérusalem” du Massachussets (cf. Longley, op. cit., pp. 35-65). Pour restructurer l’Europe, après l’effondrement proche des “nuisances idéologiques” et des “messianismes”, il faut donner primauté aux héritages helléniques, romains et germaniques (slaves-byzantins dans l’aire qu’attribuait Huntington à ce complexe à fondements également grecs). Pour le protestantisme, il ne s’agit donc plus de valoriser les “iconoclastes” de 1566 (6) ou les “dissidences” religieuses de l’Angleterre du 17ème siècle ou les visions des “Pèlerins du Mayflower”, noyaux de l’idéologie et de la théologie américaines actuelles, etc. mais plutôt de se référer à la renaissance élizabéthaine, celle de l’époque où Christopher Marlow et William Shakespeare créaient leurs oeuvres immortelles (7), à l’oeuvre culturelle de Gustav-Adolf de Suède, aux fleurons du “Siècle d’or” hollandais.
    De même, si l’Occident doit se débarrasser de ses propres fondamentalismes protestants et “voltairo-bâtards”, une “dé-messianisation”, c’est-à-dire une “dé-wahhabitisation” et une “dé-salafisation”, doit avoir lieu dans le monde musulman, qui possède assez de ressources en lui-même pour dépasser ces folies qui ne lui apportent que des malheurs, comme dans les années 90 en Algérie, comme en Libye aujourd’hui, et demain en Tunisie et en Égypte. L’aire civilisationnelle islamique peut se référer au chiisme duodécimain quiétiste (éliminé en Iran par Khomeiny, au départ à l’instigation des services américains), l’ibaditisme d’Oman, le soufisme libyen (étrillé par les milices salafistes qui ont agi avec la bénédiction de BHL et de Sarközy), l’islam de Tombouctou (presque éradiqué par les milices salafistes au Mali pour le plus grand malheur de l’Afrique sahélienne), la définition de l’islam par Seyyed Hossein Nasr et surtout l’islam tel que l’a théorisé Henry Corbin et ses disciples. Forces auxquelles on peut ajouter les bonnes traditions militaires, d’ordre, de discipline et de sens du service que l’on a vues à l’oeuvre, notamment en Égypte, sous Nasser, et en Syrie depuis la fin des années 50. Si le wahhabisme et le salafisme génèrent incontestablement l’islamophobie en Europe, en Thaïlande et ailleurs, et souvent à juste titre, les formes d’islam que nous aimons, dont nous prenons sereinement et humblement connaissance, ne généreront certainement jamais d’islamophobie mais, sans renier aucune de nos traditions, un bon petit engouement orientaliste et goethéen.
    Robert STEUCKERS. http://robertsteuckers.blogspot.fr/search?updated-max=2013-08-27T02:16:00-07:00&max-results=7
    (article préparé en novembre 2012 et parachevé à Villeneuve-d’Ascq, Forest-Flotzenberg, El Campello, Almuñecar et Fessevillers).
    Notes:
    (1)   John SAUL, Les bâtards de Voltaire – La dictature de la raison en Occident, Payot, Paris, 1993.
    (2)   Charles A. KUPCHAN, The End of the American Era – U.S. Foreign Policy and the Geopolitics of the Twenty-First Century, Vintage Books, New York, 2002.
    (3)   Clifford LONGLEY, Chosen People – The Big Idea that Shpaes England and America, Hodder & Stoughton, London, 2002-2003 (2nd ed.).
    (4)   Kevin PHILLIPS, American Theocracy – The Peril and Politics of Radical Religion, Oil, and Borrowed Money in the 21st Century, Viking/Penguin Group, London, 2006.
    (5)   Zbigniew BRZEZINSKI, “Nous sommes dans un monde très asymétrique”, entretien, propos recueillis par Nathalie Nougayrède, in Le Monde – Bilan géostratégique – 2011.
    (6)   Solange DEYON & Alain LOTTIN, Les casseurs de l’été 1566, Hachette, Paris, 1981.
    (7)   Lacey Baldwin SMITH, The Elizabethan Epic, Jonathan Cape, London, 1966.

  • Idées attractives et repoussoirs humains

    Ces dernières années, jamais la situation politique et sociétale n’a été si critique qu’aujourd’hui et par là même aussi propice à la propagation de nos idées. Celles-ci se justifient toujours plus… et il suffit de suivre un minimum l’actualité ou d’ouvrir les yeux sur la réalité qu’on nous impose pour s’en convaincre. Le travail de propagation de nos idées doit cependant –et de manière impérative- s’accompagner d’un réel travail humain. Je m’explique. Nos idées ont le vent en poupe et de très nombreuses personnes les partagent à un certain degré dans leur coin ou n’osent franchir la barrière de l’engagement. D’autres ont déjà fréquenté la mouvance et s’en sont détachées. Ce potentiel humain est énorme et nous permettrait de vraiment faire la différence.

    On sait bien comment les opposants au système sont continuellement présentés par les médias et la classe politique corrompue ; cela joue évidemment un rôle perturbateur de premier plan, c’est le jeu et on ne va pas attendre de nos ennemis qu’ils réagissent autrement. On doit toutefois reconnaitre que ce facteur n’est pas le seul freinant tant d’éventuelles bonnes volontés de nous rejoindre. Combien de gens sont passés par nos mouvances –de près ou de loin- et ne veulent plus en faire partie aujourd’hui ? Des tas. Et parmi ceux-ci, il nous faut bien réaliser que beaucoup d’entre eux ont gardé leurs convictions mais fuient comme la peste tout engagement. Il convient de les écouter. Très fréquemment, ce sont les personnes et non les idées qui sont mises en cause. Certes, on objectera que ces problèmes sont humains et qu’on ne pourra jamais totalement les éviter. Cependant, ceux qui ont fui nos mouvances ont surtout fui les gens au comportement asocial les fréquentant. Ils croyaient parfois rejoindre une communauté soudée par des valeurs réelles et vécues et ont, pour finir, trouvé pire qu’ils n’auraient pu imaginer… Ils ont fui les petits chefs et leurs roquets les traitant comme de la merde, les excités qui ne sont là que pour la violence (soi-disant dans un but politique, ce qui laisse songeur…), les faux-jetons hurlant « honneur et fidélité » en ne vivant aucunement les valeurs qu’ils prétendent incarner, les donneurs de leçons qui critiquent tout et ne font rien mais aussi les clowns en devenir, les gens sans parole et les divers tordus qu’on trouve ici et là au sein d’un assemblement humain beaucoup plus hétéroclite qu’il n’y paraît…

    Monsieur X, pour s’engager, a besoin des idées mais aussi de se sentir avec des personnes respectables. S’il sent qu’on cherche à lui piquer sa copine ou s’il se fait insulter ou tabasser au bout du premier mois par de soi-disant camarades alcoolisés, il ne reviendra plus et ne risque pas non plus de faire de la pub’ pour un environnement « à risque »… C’est de cette dernière manière qu’est considérée notre mouvance au sens large de l’extérieur et il faut bien dire que certains ne font rien pour arranger les choses… tout simplement car ils sont là pour s’amuser, pour profiter, se complaire dans une marginalité décalée sous la bannière d’idéaux politiques qu’ils ne font la plupart du temps que salir et déshonorer. Nous-mêmes avons évidemment notre rôle à jouer en tentant d’être irréprochables, de vivre nos idéaux, d’éviter la basesse et les mesquineries, d’éviter de juger trop vite les gens (pour leur apparence ou parce qu’ils n’ont pas certains codes…)… Bref, à nous de nous comporter dignement, de tendre autant que faire se peut vers l’excellence et d’être avant tout exigeants avec nous-mêmes car nous sommes notre meilleure publicité. A nous également d’écarter les boulets-repoussoirs qui nous font ombrage à tous les niveaux depuis trop longtemps et qui sont nos premiers détracteurs et notre pire publicité.

    Rüdiger http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Manuel Valls est un intégriste de l'effacement de notre identité

    Communiqué de Jacques Bompard :

    "Manuel Valls qui se rêve d'un destin à la Sarkozy a endossé le rôle médiatiquement porteur de l'homme d'Etat luttant sans faiblesse contre la délinquance et osant même à l'occasion affirmer qu'il faudra un jour en finir avec l'immigration et notamment le regroupement familial. Mais la réalité des actes de Manuel Valls est, hélas, toute autre que ses déclarations. Dans la réalité, l'immigration est en hausse. Dans la réalité, les naturalisations augmentent. Pour parvenir à ces naturalisations de masse, les critères sont revus à la baisse. Un ancien immigré entré chez nous illégalement peut devenir Français. Une femme portant le voile islamique peut être naturalisée comme en juin dernier à Auxerre. A Orange, des militaires naturalisés français se sont mariés au milieu d'une foule de drapeaux algériens et marocains...

    Ce n'est pas de cette « intégration » que veulent les Français. Car cette fausse intégration se fait à leurs dépends. L'immigration de masse, concentrée dans certaines communes, crée une situation contraire : ce sont les Français qui, de gré ou de force, sont contraints de s'intégrer au nouveau paysage de leur ville. Restreint un temps à quelques départements, c'est désormais la France entière qui est touchée par ce phénomène. Nonobstant ces faits, le Ministre de l'Intérieur affirme sans rire qu'il faut plus de naturalisation pour plus d'intégration. La réalité, là encore, est que Manuel Valls veut plus de naturalisation pour avoir plus d'électeurs. Quand le peuple ne vote plus à gauche, on change le peuple. C'est à l'immigration de masse que François Hollande doit sa victoire de 2012. C'est d'elle, renforcée, que la gauche espère la victoire en 2017. Loin d'être le républicain qu'il prétend être, Manuel Valls est le nouveau fourrier du remplacement du peuple français. Il est un intégriste de l'effacement de notre identité."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Vincent Peillon veut idéologiser encore plus l’école

    Une charte de la laïcité sera affichée « dans tous les établissements » scolaires publics d’ici à la « fin septembre », annonce le ministre de l’Éducation (sic) nationale (sic) Vincent Peillon, dans un entretien paru le 26 dans les quotidiens du groupe Ebra.

    « La charte rappellera les principes. Elle sera affichée dans tous les établissements fin septembre », explique le ministre qui l’avait annoncée fin 2012 et a instauré à compter de 2015 l’enseignement d’une heure de « morale laïque » (sic) pour les écoliers et collégiens.

    « Chacun est libre de ses opinions (sic). Mais pas de contester un enseignement ou de manquer un cours » au nom notamment de préceptes religieux, poursuit-il.

    C’est le discours typique des libéraux issus de la Révolution française : liberté d’opinion, sauf pour ceux qui ne sont pas d’accord avec le libéralisme philosophique…

    Vincent Peillon précise que « la question de la laïcité ne (tourne pas) à l’obsession de l’islam. La très grande majorité de nos compatriotes musulmans est convaincue des bienfaits de la laïcité. »

    En effet, la principale cible de Vincet Peillon, franc-maçon fanatique, est le catholicisme, même si celui-ci a presque disparu de la France.

    Une petite compilation de ses élucubrations d’illuminé républicain :

    http://www.contre-info.com/

  • Les chutes du Niagara et les datations bibliques

    Les chutes du Niagara sont-elles la conséquence du Déluge et démontrent-elles l’existence d’une terre "jeune" comme donne à penser une appréhension littérale de la Genèse ?

    Telle est la question étrange mais sérieuse que s’est posée le physicien John D. Morris.

    Le cours d’eau des chutes du Niagara est l’aboutissement du déversoir du Lac Erie. Ce canal naturel chemine paisiblement d’abord sur 24 kilomètres vers le nord. Sur cette première partie, il descend en moyenne de 20 centimètres par kilomètre. Sur un peu moins de deux kilomètres ensuite, il accélère et devient agité puis les eaux du fleuve se scindent partiellement en deux parties. Une du côté Canada où son lit atteint 330 mètres, l’autre du coté Etats-Unis où son lit a une largeur de plus de 450 mètres. Finalement, il forme une chute de 60 mètres puis reprend son cours dans un canyon de 200 à 400 mètres de large entre des parois rocheuses qui le dominent de 70 à 100 mètres de haut. Sur 11 km, le fleuve reste tumultueux. Il connaît plusieurs variations de débits rapides jusqu’à la ville de Queenston où, traversant une vaste plaine, son cours devient très calme sur 13 km avec une déclinaison de 1,3 mètre par kilomètre avant de se verser dans le lac Ontario.

    A Queenston, de l’autre côté du fleuve, une falaise marque la fin du ravin et donne l’impression que les chutes occupaient originellement ce lieu et qu’elles ont reculé vers l’amont à force d’éroder le ravin jusqu’à leur position actuelle, onze kilomètres plus haut. Les chutes continuent cependant leur travail d’érosion et atteindront dans un lointain avenir les rives du Lac Erie.

    La paroi rocheuse est constituée par les dolomites de Lockport, dures et peu érosives sous lesquelles se trouve une paroi plus fragile appelée la Rochester Shale. L’eau érode cette paroi et en transporte les parties les plus friables. Les cycles de gel et de dégel facilitent également l’éclatement de la roche jusqu’à ce que d’importants blocs de dolomites se détachent de la paroi, malgré les efforts réalisés par des ingénieurs pour la stabiliser et la fixer.

    Ce sont les travaux de ces ingénieurs et surtout les relevés effectués depuis les années 1850 qui ont permis d’établir qu’en moyenne, la vitesse de l’érosion est de 1,3 à 1,7 mètres par an. La distance entre Queenston et les chutes d’eau étant de 11 667 mètres, un simple calcul fondé sur l’hypothèse raisonnable que la vitesse d’érosion est restée constante permet de déduire que le canyon a commencé à se former il y a au plus neuf mille ans.

    Mais ce commencement peut être beaucoup plus tardif encore.

    La supposition d’un taux, d’une vitesse constants dans un passé inconnu s’attache au principe de l’uniformité : "le présent est la clé du passé". Or, concernant les chutes du Niagara, nous disposons d’une source insoupçonnée : la Bible.

    La quasi-totalité des chercheurs sérieux admet l’authenticité historique du déluge rapporté par la Bible. Un tel cataclysme a forcément entraîné de grandes érosions et transporté d’importantes couches de sédiments contenant d’innombrables fossiles d’organismes marins. S’agissant des chutes du Niagara, ces couches sédimentaires sont probablement celles des Dolomites de Lockport et de Rochester-Shale. Pendant des siècles des catastrophes moindres ont vraisemblablement succédé au Déluge alors que la Terre recouvrait un nouvel équilibre. Il est raisonnable de supposer que d’épaisses couches de glace couvraient la partie septentrionale du continent américain aujourd’hui occupée par le Canada. En se déplaçant, ces couches ont creusé des gorges et des dépressions dans les dépôts sédimentaires encore frais.

    La fonte des couches glaciaires a en outre provoqué la formation de nombreux lacs, comme Erie et Ontario. Enfin, le gonflement des rivières résultant de la fonte des eaux de l’âge de Glace et des précipitations coulant sur les couches sédimentaires encore meubles a encore accéléré l’érosion.

    Il est donc probable que le rythme d’érosion de 1,3 à 1,7 mètres par an est une hypothèse basse et que les choses sont allées beaucoup plus vite. Dans ce cas, l’âge du canyon pourrait être bien inférieur à neuf mille ans, et coïncider avec la période du Déluge qu’Ussher situe en 2348 av. J.C.(1).

    Sir Charles Lyell, considéré comme le père de l’uniformité, est le premier a populariser cette technique de datation. Il visite les chutes du Niagara en 1841 et 1842. Son livre Principles of Geology, publié en 1833, explique ses recherches sur l’application de l’uniformité dans toutes les situations géologiques. Les années suivantes, il parcourt le monde à la recherche d’arguments qui démontreraient le bien fondé de sa théorie. Notons que les chutes du Niagara semblent bien loin de toutes ces préoccupations scientifiques. Peut-être parce que les évolutionnistes savent par avance qu’ils n’y trouveront pas en matière de datation de la terre, d’explications, de confirmations des catastrophes comme le déluge.

    Néanmoins, même si Lyell n’a aucune formation pratique de la géologie, il agit avec toute sa rigueur de juriste.

    Il relève dans un autre ouvrage intitulé Principles(2) les témoignages des résidents de la région des chutes du Niagara : « M. Bakewell, fils de l’éminent géologue qui visita les chutes en 1829, a été le premier à établir des datations à partir des observations d’une personne qui fut la première à habiter et vécut pendant quarante ans à proximité des chutes. Elle témoigne qu’en ces temps la paroi rocheuse recule d’un mètre par an à cause de l’érosion. Mais après plusieurs enquêtes soigneusement menées, j’ai pu établir pendant ma visite en 1841-42 que la vitesse d’érosion était en moyenne de 33 cm par an. Par ailleurs, si cette vitesse avait toujours été constante, il aurait fallu 35 000 ans pour que les chutes arrivent de Queenston jusqu’au présent site ».

    Lyell n’a jamais expliqué pourquoi il a rejeté l’observation témoignant d’une érosion d’un mètre par an et comment en revanche il a calculé 33 cm par an.

    Nous avons vu d’une part que la précision des calculs de Lyell avait permis aujourd’hui une évaluation du taux d’érosion de 1,3 à 1,7 mètres par an et que cette érosion était certainement bien plus élevée pendant la formation des chutes du Niagara. Mais d’autre part, l’erreur d’évaluation de Lyell a influencé la pratique de la géologie à travers une mauvaise interprétation et application de l’uniformité qui connaît un nouveau regain. Les travaux de Lyell ont influencé les idées de Darwin, notamment dans la remise en question des Saintes Ecritures. La datation de 35 000 ans est en contradiction avec l’échelle temporelle de la bible et plus particulièrement de la Genèse qui explique la création du monde en six jours. Par interprétation, la terre aurait entre 6 000 et 10 000 ans au lieu de l’explication fantasmagorique des évolutionnistes qui hasardent une datation "officielle" de 4,5 milliards d’années. Or l’apôtre Pierre le dit : Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. (II Pierre III,8).

    Le cas des chutes du Niagara montre que l’uniformité commet la grave erreur de ne pas tenir compte des supposés variations naturelles. Elle renie le point essentiel : Dieu créateur. Voilà pourquoi cette hypothèse a tant séduit Darwin et les évolutionnistes.

    Les Saintes Ecritures, pourtant, ont mis en garde contre les fausses philosophies qui deviendront courantes à la fin des temps : Sachez avant tout que dans les derniers temps, il viendra des moqueurs pleins de railleries, vivant au gré de leurs convoitises, et disant : "Où est la promesse de son avènement ?

    Car depuis que nos pères sont morts, tout continue à subsister comme depuis le commencement de la création". Ils veulent ignorer que, dès l’origine, des cieux existaient, ainsi qu’une terre que la parole de Dieu avait fait surgir du sein de l’eau, au moyen de l’eau, et que par là même le monde d’alors périt submergé. Quant aux cieux et à la terre d’à présent, la même parole de Dieu les tient en réserve et les garde pour le feu, au jour du jugement et de la ruine des hommes impies (II Pierre III,3-7).

    Laurent Blancy
    (1) Voir "Le Libre Journal" n° 340 du 22 janvier 2005.
    (2) 1859, 9th Edition ; p. 217.
  • Guerre Iran-Irak : les États-Unis coupables de complicité de crimes de guerre et de complicité de génocide

    1980 : mécontent de la tournure que prend la Révolution islamique (avec en point d’orgue la prise en otage du personnel de l’ambassade des États-Unis à Téhéran) et de ses conséquences géopolitiques, Washington rompt ses relations diplomatiques et instaure des sanctions économiques contre l’Iran.

    Le projet de conquête par Saddam Hussein des champs de pétrole du Khuzestan en territoire iranien enthousiasme les États-Unis, qui y voient de nombreux avantages. Pendant que les deux nations s’épuiseront dans une lutte implacable, elles ne s’occuperont pas des projets d’Israël et de l’Oncle Sam au Moyen-Orient... C’est aussi une opportunité de vente massive d’armes aux deux camps [1].

    En septembre 1980, Saddam Hussein donne l’ordre à son armée de pénétrer en Iran. C’est en 1983 que celle-ci procède à l’utilisation de l’arme chimique sur le front, en la combinant avec des tirs d’artillerie conventionnelle pour masquer son usage.

    Reagan et son administration sont parfaitement au courant de l’existence d’usines de fabrication de gaz moutarde ou de gaz sarin, et de l’achat d’équipement, facilitant la production d’obus pouvant contenir des agents neurotoxiques, à des fournisseurs italiens.

    « Les Irakiens ne nous ont jamais dit qu’ils avaient l’intention d’utiliser un gaz neurotoxique. Ils n’avaient pas besoin de le faire. Nous savions déjà  [2].

    Déclaration du colonel de l’US Air Force en retraite Rick Francona (ayant servi pour la NSA, la DIA, la CIA au Vietnam, au Laos et au Moyen-Orient).

    L’Iran tente, en vain, d’alerter l’opinion publique sur ces attaques chimiques.

    « Au fur et à mesure que les attaques irakiennes se poursuivent et s’intensifient, les chances augmentent de voir les forces iraniennes mettre la main sur un obus au gaz moutarde non-explosé et portant des marques de fabrication irakienne. Téhéran présentera de telles preuves devant l’ONU et accusera les États-Unis de complicité de violation de lois internationales  [3].

    Rapport top secret de la CIA de novembre 1983.

    Saddam Hussein (tout comme les « combattants de la liberté » afghans qui luttent contre l’Armée rouge) est alors dans le camp du « Bien ». Les médias ne se mobiliseront que pour dénoncer l’usage de ces armes... par l’Union soviétique en Afghanistan.

    Bien que l’utilisation du gaz de combat ne permette pas de remporter une victoire décisive, elle est un moyen de contrer la stratégie iranienne, inspirée des Soviétiques, de vagues d’assauts successives de fantassins.

    En 1987, l’état-major iranien aperçoit une faille dans le dispositif militaire irakien à la hauteur de la ville de Bassorah. Le cours de la guerre risque de basculer au profit de Téhéran. Ronald Reagan informe ses collaborateurs, à la lecture du rapport de la CIA à ce sujet qu’« une victoire de l’Iran est inacceptable ».

    Fort des informations livrées par le Pentagone, l’armée irakienne déjoue le projet d’offensive décisive de l’Iran et lance quatre attaques chimiques de grande envergure pour affaiblir ses adversaires.

    Du 16 au 19 mars 1988, La dernière de ces attaques aura pour cible la ville d’Halabja, dont vient de s’emparer l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), allié de la République islamique. Le bombardement massif de la ville, sur ordre du général Ali Hassan al-Majid (dit « Ali le Chimique »), fera près de 5 000 morts, victimes d’un mélange de gaz moutarde et des neurotoxiques Tabun, Sarin et VX [4].

    Le 22 juillet 1988, un cessez-le-feu entre en vigueur entre les deux belligérants, épuisés par 8 ans de guerre.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Guerre-Iran-Irak-les-Etats-Unis-coupables-de-complicite-de-crimes-de-guerre-et-de-complicite-de-19780.html

    Notes

    [1] La vente d’arme à l’Iran servira à financer la lutte contre-révolutionnaire des Contras au Nicaragua.

    [2] http://www.huffingtonpost.com/2013/08/26/us-gave-iraq-intel-ignored-chemical-attacks_n_3817868.html

    [3] http://www.huffingtonpost.com/2013/08/26/us-gave-iraq-intel-ignored-chemical-attacks_n_3817868.html

    [4] Une vingtaine de victimes de cette attaque ont porté plainte contre X en juin 2013 à Paris pour « génocide et crimes contre l’humanité » à l’encontre d’entreprises françaises, qui auraient une part de responsabilité dans la fourniture de matériel ayant faciliter la production de gaz de combat.