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culture et histoire - Page 1783

  • Octave Mirbeau et la décadence à la française

    La fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième sont marqués par un grand désespoir culturel et spirituel, qui accompagne un grand boom économique et industriel. La modernité n’a pas encore accouché de son athéisme jouissif et de son nihilisme soft remixé au développement personnel, et il lui semble encore qu’elle a perdu tous ses repères ancestraux, spirituels, agricoles, aristocratiques, monarchiques. Bien des esprits s’en plaignent aussi bien en France qu’en Russie : Tchékhov, Tolstoï en Russie, Belloc ou Chesterton en Angleterre, Bloy, Mirbeau ou même Maupassant en France.

    Octave Mirbeau est un écrivain Français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Anarchiste et provocateur, il ne cesse de dénoncer dans des pamphlets ou des romans osés ("le Journal d’une femme de chambre"...) son époque et l’humanité qui l’accompagne, qu’il juge lamentable. Grand journaliste et voyageur, grand styliste aussi, il publie un tas d’ouvrages qui lui valent une reconnaissance internationale, dont celle du comte Tolstoï tout aussi convaincu de la décadence des temps (voir son essai sur le déclin de l’art). Mirbeau apprécie d’un autre côté les inventions médicales et techniques de son temps, la révolution industrielle et commerciale le fascine et il publie en 1907 une chronique de son fastueux voyage en automobile, titrée "La 628-E8" (quel titre expérimental pour son époque, et même la nôtre !). Mirbeau déteste le colonialisme de la gauche républicaine, le surarmement et le nationalisme agressif de son temps et il espère ainsi un peu rapprocher les peuples de l’Europe ; mais voici ce qu’il écrit de la population d’Anvers en Belgique :

    « J’ai remarqué, à quelques exceptions près, que les villes, surtout les villes de travail et de richesses, qui, comme Anvers, sont des déversoirs de toutes les humanités, ont vite fait d’unifier, en un seul type, le caractère des visages... Il semble maintenant que, dans les grandes agglomérations, tous les riches se ressemblent, et aussi tous les pauvres. »

    Cette homogénéisation reflète bien sûr la fabrique industrielle d’un modèle nouveau d’être humain. A l’époque seule la Russie résiste avec ses communautés alors innombrables de moujiks comme le remarquera le grand voyageur et écrivain anglais Stephen Graham.

    Mirbeau voit aussi notre paysan français se faire happer par la matrice de la vie moderne. Dans son roman à clés très ironique, "Lettres de ma chaumière", Mirbeau dévaste la bonne opinion que nous pourrions avoir du paysan français traditionnel :

    « Le paysan, comme tout le monde, veut être de son siècle, et il suit, comme tout le monde, le vertige de folie où tout dégringole. On peut dire même qu’il n’y a plus de paysans. »

    En 1907 ! Il n’y a déjà plus de paysans ! Tout comme Gautier qui déclare qu’il n’y a plus que des touristes dans les églises et que l’Espagne elle-même n’est plus catholique - en 1840 !

    Devenu paresseux, joueur, alcoolo, le paysan ne veut plus travailler, ou alors il lui faut du Champagne, se plaint un employeur ! Il est d’ailleurs très bien protégé par les barrières douanières du mélinisme. Mirbeau en apporte l’explication avec une belle ironie d’expression qui frise le pastiche de pastorale :

    « Le suffrage universel en t’apportant les révoltes et les passions, et les pourritures de la vie des grandes villes, t’a découronné de ta couronne de gerbes magnifiques où l’humanité tout entière venait puiser le sang de ses veines, et te voilà tombé, pauvre géant, aux crapules de l’or homicide et de l’amour maudit ! »

    Comme on voit l’humour ne perd pas ses droits. La parodie remplace le paradis perdu.

    Sans être un nostalgique des temps anciens, sacrés et médiévaux, Mirbeau voit avec toute sa lucidité anarchiste et sa jactance pamphlétaire les responsabilités de la démocratie moderne ; car à partir de 1870 la France ne cesse plus de sombrer, y compris démographiquement d’ailleurs :

    « L’anémie a tué nos forces physiques ; la démocratie a tué nos forces sociales. Et la société moderne, rongée par ces deux plaies attachées à son flanc, ne sait plus où elle va, vers quelles nuits, au fond de quels abîmes on l’entraîne.

    La démocratie, cette grande pourrisseuse, est la maladie terrible dont nous mourons. C’est elle qui nous a fait perdre nos respects, nos obéissances, et y a substitué ses haines aveugles, ses appétits salissants, ses révoltes grossières. Grâce à elle, nous n’avons plus conscience de la hiérarchie et du devoir, cette loi primitive et souveraine des sociétés organisées. »

    Attention bien sûr au deuxième degré chez Mirbeau !

    La grande catastrophe de l’époque est - entre autres ! - l’alcoolisme qui se développe partout, en Russie aussi bien qu’en France d’ailleurs, et alimente une décadence à la fois morale et physique à laquelle seront sensibles bien des responsables politiques - voir la Prohibition en Amérique. Et Mirbeau de décrire comment l’alcoolisme comme une peste dévaste et ronge toutes les campagnes :

    « Alors, ils se réfugient au cabaret, au cabaret que la politique énervante d’aujourd’hui a multiplié dans des proportions qui effraient.

    En un village de trois cents habitants, où il y avait autrefois cinq cabarets, il y en a quinze maintenant, et tous font leurs affaires.

    Plus de règlement, plus de police. Ils ferment le soir à leur convenance, ou ne ferment pas si bon leur plaît, certains de n’être jamais inquiétés ; car c’est là que les volontés s’abrutissent, que les consciences se dégradent, que les énergies se domptent et s’avilissent, véritables maisons de tolérance électorale, bouges de corruption administrative, marqués au gros numéro du gouvernement... »

    C’est que la vie politique démocratique s’établit alors sur la dette publique, la propagande de terrain et l’alcoolisme de masse. Rien n’est alors assez bon pour s’emparer de l’électeur, comme s’en rend alors compte le sociologue Ostrogorski qui fait une description dantesque de la vie politique américaine et de ses partis contrôlés par les bosses et les parrains les plus cruels.

    On laisse Mirbeau conclure avec sa verve coutumière :

    « Sommes-nous donc dans une époque d’irrémédiable décadence ? Plus nous approchons de la fin de ce siècle, plus notre décomposition s’aggrave et s’accélère, et plus nos coeurs, nos cerveaux, nos virilités vont se vidant de ce qui est l’âme, les nerfs et le sang même d’un peuple. »

    Mais nous savons au moins depuis les romains que la décadence bien menée peut durer cinq siècles ! On se consolera avec ce que Mirbeau nous dit des officiers allemands de la prestigieuse prussienne armée :

    « Ils ne travaillent pas et ne s’occupent que de leurs plaisirs : le jeu, les femmes, et même les hommes... »

    Sans commentaire !

    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info/?p=1480#suite

  • Charles le Bien servi et les siens

    Charles VII a-t-il été victime, aux yeux de la postérité, de la gloire de Jeanne d’’Arc, et de la présence, autour de lui, de personnalités plus flamboyantes que la sienne ? Le fait est que ce roi, malgré l’’un des bilans les plus éclatants de notre histoire, paraît souvent y faire triste figure.
    Un personnage méconnu
    Lorsqu’’il vient au monde, le 22 février 1403, le onzième enfant du roi Charles VI et d’’Isabeau de Bavière, baptisé Charles, comme deux de ses aînés disparus en bas âge, et titré comte de Ponthieu, ne paraît vraisemblablement pas promis à un grand destin. L’’état de santé mentale de son père étant alors fort ébranlé, et la reine se refusant d’’ordinaire à partager la couche d’un dément qui la rosse, de bonnes âmes murmurent que le prince n’est pas du souverain, mais du frère de celui-ci, le beau duc Louis d’’Orléans. Vaines rumeurs, mais qui pèseront de tout leur poids sur le destin de l’enfant, et qui expliquent, en partie, le caractère de celui qui, en dépit des obstacles, deviendra un jour Charles le Victorieux et le Bien Servi.
    Des surnoms dont son dernier biographe, Georges Minois, souligne l’’ambivalence, pour ne pas dire la malveillance. Charles VII n’aurait-il donc été, finalement, qu’’un assez pauvre personnage, sauvé par des seconds rôles de grand dévouement et de grand talent ? Plus d’un historien l’a dit, et parfois même démontré. Pour beaucoup, « le gentil dauphin » doit tout à Jeanne, qui l’aurait arraché à son apathie en le confortant, « de par Dieu » dans la certitude de sa filiation légitime. Pour d’’autres, derrière la bonne Lorraine se profilerait la remarquable Yolande d’’Aragon, duchesse d’’Anjou, antithèse opportune de la Bavaroise, dont le sens politique et l’’intelligence auraient « inventé » l’’épopée johannique, et donné à son jeune gendre la motivation qui lui manquait. Il faudrait encore mettre en évidence la qualité des capitaines, de certains princes de la famille royale, du financier Jacques Cœœur, des commis de l’’État, qui, à eux tous, auraient réussi, à refaire de la France annexée, vaincue, démembrée, des lendemains d’’Azincourt et du traité de Troyes, le pays puissant, réunifié, riche, destiné à s’imposer comme la nouvelle grande puissance de l’’époque.
    Georges Minois, pour sa part, refuse cette version qui réduirait Charles VII à rien, ou peu s’’en faut, et cherche à prouver que le roi ne fut pas le jouet de son entourage et des circonstances, mais que, lucidement, patiemment, intelligemment, il a peu à peu construit lui-même l’œ’œuvre de résurrection française. Dans ce contexte, les initiatives de son entourage, jusque’’aux mieux intentionnées, s’’avéraient gênantes, pour ne pas dire nuisibles, face au plan de génie médité par le roi. Et Jeanne elle-même, avec ses témérités inspirées d’’En Haut, ne pouvait être qu’’une trouble-fête agaçante, à ranger ni plus ni moins dans la catégorie des nombreux illuminés des deux sexes qui pullulaient alors dans un pays aux abois… …C’’est un défaut fréquent des biographes qui veulent trop défendre un personnage par ailleurs réellement méconnu et sous-estimé de dénigrer ceux jugés lui faire de l’’ombre. Georges Minois n’’y échappe pas et ce travers gâte un peu ce gros livre documenté, foisonnant, tapisserie de haute lice qui, loin de se borner à la personne de Charles VII, brosse autour de lui l’’immense fresque de l’’époque, des événements et des protagonistes. Synthèse nécessaire, certes, car l’’on ne peut parler du roi sans parler de son œœuvre et de la France. Mais, dans l’’ampleur du tableau, Charles VII, l’’homme, dont Minois souligne combien nous sommes renseignés sur lui, disparaît un peu. Et c’’est un comble puisque le but est de démontrer quelle place il tient dans l’’ensemble. Au vrai, le bilan du règne parle pour lui, et l’’on serait tenté de dire qu’’il n’’y a pas de honte, dans ces conditions, à être « le Bien Servi », car seuls ceux qui le méritent trouvent des serviteurs à la hauteur de leurs rêves. Ne pas l’’admettre serait accréditer la légende injuste qui fit aussi du roi Charles l’’Ingrat.
    Première favorite
    Certains historiens, sentimentaux ou romanesques, ont cru trouver une explication à la transformation du souverain en homme enfin sûr de lui et en triomphateur : l’’amour. Marié par raison d’’État à sa cousine Marie d’’Anjou, femme exquise mais dont les chroniqueurs du temps disaient aimablement « qu’’elle était laide à faire peur aux Anglais », Charles VII se serait soudain épanoui dans les bras d’’Agnès Sorel, fille d’’honneur de la duchesse d’’Anjou, rencontrée à Toulouse en 1443.
    En fait, la métamorphose du roi est assez largement antérieure à l’’apparition de la demoiselle dans sa vie. Il eût été surprenant, sans cela, que ce timide renfrogné trouvât l’’audace d’’imposer à la face du monde, non point la première maîtresse royale, mais la première favorite en titre ; autrement dit que le roi très-chrétien se revendiquât publiquement adultère, ce qui ne s’’était jamais vu, du moins en France.
    Sur la beauté d’’Agnès, fantasmée, exaltée, entre autres par la fameuse Vierge à l’’Enfant de Jehan Fouquet, pour laquelle l’’impudique aurait servi de modèle, les contemporains demeurèrent divisés. Les uns la portaient aux nues, un évêque, scandalisé, ne la trouvait « qu’’une assez jolie garce ». La question semblait insoluble jusqu’’à ce qu’’en 2004, le retour de sa dépouille mortelle en la collégiale de Loches, d’’où les chanoines l’avaient délogée en 1777 avec l’’accord de Louis XVI, entraînant une énième exhumation, permît à la science de trancher la question.
    Cet événement macabre a servi de prétexte à la biographie que Françoise Kermina publie et qui prend en compte les dernières découvertes. Étrange illustration du thème pieux des vanités que cette vie d’une jeune femme tant admirée, tant aimée, morte à vingt-cinq ans environ, retracée ici à la lumière des analyses de quelques fragments osseux. Enfin, s’’il semble maintenant certain qu’’Agnès fut victime d’un empoisonnement au mercure, il demeure impossible de dire si ce fut le résultat d’une erreur médicale, ou un crime politique. L’’histoire, il est vrai, n’’est pas une science exacte.
    Roi plein de charmes
    René d’’Anjou, involontaire complice des trahisons conjugales de son royal beau-frère, n’’était pas lui-même un parangon de vertu, mais il mit à tromper ses épouses, Isabelle de Lorraine puis Jeanne de Laval, plus de discrétion, et une espèce de bonne humeur, de sorte que, loin de lui nuire, ses passades ajoutèrent à sa légende.
    Certains historiens ont estimé que c’’était faire trop d’honneur à ce prince léger, maladroit, incapable de grands actes politiques, guerrier malchanceux et dilapidateur de son hoir. Jacques Levron, dans une biographie parue en 1954 et sans cesse rééditée depuis, a, pour sa part, justifié « le bon roi René » et son heureuse réputation tant auprès des Angevins que des Provençaux. Sous sa plume alerte et souriante, ce cadet de la Maison de Valois-Anjou, jamais idéalisé ni excusé, apparaît cependant plein de charmes.
    Certes parfait produit d’’une société chevaleresque expirante qui vivait un peu trop dans ses rêves, René, s’il perdit son royaume de Naples par maladresse, eut au moins la sagesse, qui manquerait à d’’autres, de ne pas s’’enliser dans une guerre italienne. Si, politiquement, il n’’avait pas vu la société évoluer, intellectuellement, il annonce déjà les princes mécènes de la Renaissance. Poète, de moindre talent que son cousin Charles d’’Orléans, peintre, musicien, grand amateur de joutes et de spectacles, il fut aussi et surtout un horticulteur et un agronome, soucieux de ses jardins, de ses vergers, de ses vignes, qui fit beaucoup pour l’’acclimatation d’’espèces méditerranéennes dans la vallée de la Loire et en Lorraine. Proche de la spiritualité franciscaine, il aimait les oiseaux, les animaux, et les pauvres qu’il savait secourir et protéger. C’’est cela d’’abord que ses sujets ont retenu de lui, et sans doute ont-ils eu raison.
    Tueur en série
    Gilles de Rais était, lui aussi, le produit d’un monde qui finissait dans des tumultes tels que ses contemporains en perdaient parfois l’’esprit. Comme les princes angevins, dont il fut tour à tour féal et adversaire, il aimait le luxe, le faste, et cultivait un besoin de paraître propre aux grands seigneurs de son temps. L’’ennui étant que le sire de Rais, tout maréchal de France qu’il fût devenu par la grâce de son protecteur Georges de La Trémoille, n’’avait pas su gérer une carrière militaire et politique si bien commencée.
    À trente ans, son rôle était achevé, le condamnant, faute de trouver à s’employer à sa mesure, à se muer en seigneur brigand qui cherchait, en jetant son argent par les fenêtres, à retrouver dans la société la place qu’’il n’’avait pu garder. Cette prodigalité fut le premier signe qui inquiéta sa parenté, avant les rumeurs insistantes qui faisaient état de disparitions de petits garçons autour des demeures du terrible baron.
    Comment, pourquoi, un tueur en série, assassin d’au moins cent quarante enfants en trois ans, homosexuel honteux, pédophile, sataniste, a-t-il pu laisser dans la mémoire collective, non pas un souvenir innommable et horrible, mais une image troublante et pathétique ? Il s’’est même, depuis un siècle, trouvé des auteurs pour soutenir son innocence, prétendre qu’’il avait été victime de la haine du duc de Bretagne et de l’’évêque de Nantes, et réclamer sa réhabilitation solennelle. Jacques Heers, dans une biographie parue en 1992 et rééditée en édition de poche, démontre que Gilles de Rais fut coupable, ce que, d’’ailleurs, il ne nia jamais, mais aussi que l’’homme, entre lumière et ténèbres insondables, est plus surprenant encore qu’’on l’’imagine.
    Très loin des suppositions gratuites, l’’ouvrage, appuyé uniquement sur les documents d’’époque, montre un personnage de plus modeste importance qu’’on l’a dit, bon capitaine, mais point des premiers, compagnon de Jeanne, sans conteste, mais sans doute pas lié à elle par la passion souterraine que certains se sont plu à imaginer. Heers montre combien Gilles est de son temps, en illustrant la part noire. Cependant, et c’’est certainement pourquoi, en dépit de ses crimes épouvantables, le sire de Rais n’’est pas victime de la malédiction de la postérité, il demeura, jusque dans ses pires turpitudes, ses pires dérives, sa pire folie, un chrétien épouvanté de ce qu’’il faisait, qui trouva la force de demander pardon, et de ne pas désespérer de la miséricorde. Telles sont la véritable grandeur et la noblesse d’’un personnage qui serait, sinon, dénué d’’épaisseur et d’intérêt.
    Cette dimension mystique, cette quête de la rédemption n’’est pas ce qui a retenu les innombrables littérateurs qui, depuis le XVIIIe siècle, ont glosé sur l’’histoire sanglante du « Barbe Bleue breton ». Au contraire, c’’est l’’aspect démoniaque, la transgression, surtout sexuelle, qui ont inspiré leurs fantasmes. De Sade aux maîtres anglo-saxons du roman gothique, des romantiques celtisants aux sous-littérateurs amateurs d’’érotisme et d’’horreurs, le thème du seigneur maudit se livrant, en de sombres forteresses isolées, à des jeux interdits et cruels, a beaucoup inspiré. Avec Gilles de Rais et la littérature, Michel Meurger recense tous les ouvrages de ce genre parus sur le sujet, les compare à l’’histoire officielle, et tente de comprendre cette métamorphoses et ses causes. Un travail universitaire d’’une exhaustivité remarquable.
    Anne Bernet L’’Action Française 2000 du 4 au 17 mai 2006
    * Georges Minois : Charles VII, Perrin, 850 p., 26 euros.
    * Françoise Kermina : Agnès Sorel, Perrin, 200 p.,17 euros.
    * Jacques Levron : Le bon roi René, Perrin, 295 p., 21 euros.
    * Jacques Heers : Gilles de Rais, Perrin Tempus, 250 p., 8 euros.
    * Michel Meurger : Gilles de Rais et la littérature, Terre de Brume ; 74 rue de Paris, 35000 Rennes. 235 p. 18,25 euros.

  • SUR LE DOS DES ENFANTS (2008)

    Le 10 mai, Nicolas Sarkozy a présidé dans le jardin du Luxembourg à Paris, une nouvelle cérémonie de repentance, dite de commémoration « des mémoires de la traite négrière, de l' esclavage et de leurs abolitions ».
    Naguère, le même Nicolas Sarkozy proclamait : « La mode de la repentance est une mode exécrable. Je n'accepte pas que l'on demande aux fils d'expier les fautes des pères, surtout quand ils ne les ont pas commises. Je n'accepte pas que l'on juge toujours le passé avec les préjugés du présent. Je n'accepte pas cette bonne conscience moralisatrice qui réécrit l'histoire dans le seul but de mettre la nation en accusation. »( discours de Caen, 9 mars 2007)
    Ce qu'il n'accepte pas, c'est précisément ce qu'il a fait samedi.

    Après la Shoah, l'esclavage
    L'esclavage, a-t-il dit, « est une blessure profonde qui pèse encore sur nos consciences ». Et « les mémoires portent le poids de cette histoire», car « il existe encore aujourd'hui, des inégalités qui trouvent leurs origines dans cet héritage si douloureux ». 
    Par ces paroles, le président de la  République donnait raison au lobby raciste le CRAN, qui avec d'autres « organisations noires » du même acabit manifestaient au même moment en d'autres endroits de la capitale, précisément contre les inégalités soi-disant dues à l'esclavage. Il donnait raison aussi aux prétendus « Indigènes de la République » qui, deux jours plus tôt, manifestaient leur haine des « souchiens », célébraient la victoire du « peuple vietnamien » à Dien Bien Phu, dénonçaient la République raciste et coloniale et la « suprématie blanche et chrétienne ».
    C'est le 10 mai 2001 que l'Assemblée nationale a héroïquement reconnu l'esclavage comme un « crime contre l'humanité ». En 2005, sur le conseil du comité ad hoc qu'il avait nommé, Jacques Chirac décrétait que ce jour serait désormais celui de la commémoration de l'esclavage. Mais la gauche et les lobbies antiracistes boycottaient ce 10 mai, considérant que la date adéquate était le 23 mai, date d'une marche qui avait réuni en 1998 à Paris 40 000 Français originaires des Antilles, de Guyane et de La Réunion. En outre, le 10 mai de repentance ternissait le souvenir du glorieux 10 mai 1981... 
    Eh bien Nicolas Sarkozy a annoncé que désormais le 23 mai serait « une journée commémorative » de l'abolition de l'esclavage « pour les associations qui regroupent les Français d'Outre-mer de l'hexagone et qui souhaitent célébrer le passé douloureux de leurs aïeux ». Comme, en France,  il n'y a eu d'esclavage qu'Outre-mer, le 10 mai n'a plus guère de raison d'exister, si tant est qu'il en est eu. Mais officiellement il y a désormais deux dates de commémoration de l'esclavage en France, ce qui est proprement extravagant. Car si l'esclavage a été répandu sur toute la surface de la terre, et s'il existe toujours (dans des pays que le président de la République, se garde bien de citer), la traite négrière  n'en a été qu'un aspect très particulier, et il est terriblement injuste de faire ainsi de notre pays le plus grand coupable, alors qu'il fut celui qui lutta le plus contre l'esclavage, particulièrement par la... colonisation.
    Et ce n'est pas tout. Il ne suffit pas d'expier rituellement chaque année, par une immonde parodie laïque des rites religieux, les péchés de nos aïeux, et de légitimer ainsi, en grattant d' anciennes blessures, les lobbies de dénigrement de la nation et de son histoire.
    Non. Il faut encore en faire porter le poids par les enfants : « Cette histoire doit être inscrite dans les manuels scolaires afin que nos enfants puissent comprendre ce qu'a été l'esclavage: afin que nos enfants puissent mesurer les souffrances que l'esclavage a engendré [engendrées, monsieur le plumitif de l'Elysée], les blessures qu'il a laissées dans l'âme de tous ceux que rien ne peut délier de ce passé tragique. La traite des Noirs, l'esclavage, ainsi que leur abolition, seront donc introduites dans les nouveaux programmes de l'école primaire dès la rentrée prochaine. »
    Nicolas Sarkozy avait déjà décidé de chaque enfant de CM2 devait endosser la « mémoire » d'un enfant juif victime de la Shoah. Face au tollé, il avait reculé. Mais cela ne l'empêche pas de continuer. On croyait que l'école primaire était faite pour apprendre à lire, à écrire et à compter. On croyait qu' il y avait bien du travail à faire pour que cela redevienne réalité. Mais non. Il importe d'abord que les enfants de l'école primaire soient accablés par le poids de l'histoire. Qu'ils se sentent coupables de la Shoah et de l'esclavage au lieu d'apprendre d'abord un peu de piété nationale, de fierté d'être Français.
    Car c'est cela, l'histoire de leur pays, insiste Sarkozy. C'est l'esclavage, avant Clovis et saint Louis, avant Jeanne d'Arc et Louis XIV. Ou à la place. Car une fois de plus, dans son allocution, Nicolas Sarlcozy s'est exprimé comme si l'histoire de France commençait en 1789, quand la Révolution a instauré les « valeurs » de la France, celles du « philanthropisme » des Lumières ... On se repentira de l'esclavage et on chantera la gloire de la Révolution. En oubliant soigneusement, par exemple, que tant de négriers étaient d'impeccables républicains et de vénérables frères de ces loges où s'élabore la conscience philanthropique de la République.
    Quant aux Vendéens, qui ont bénéficié de façon très spéciale du philanthropisme révolutionnaire, ils attendront encore longtemps que la République se repente de leur génocide. 

    La sélection des mémoires
    Car on sélectionne soigneusement les devoirs de mémoire. Et c'est ce qui rend absurde ce que dit ensuite le président de la République : quand les Français auront « compris » cette histoire, elle « deviendra notre histoire commune, l'histoire de tous les Français, pas simplement l'histoire d'une partie d'entre eux », et alors « l'ensemble de la société s'en trouvera apaisé ». Car « le devoir de mémoire ne peut souffrir des concurrences et des clivages. Il ne peut pas y avoir de clivages. Le devoir de mémoire doit nous rassembler ».
    C'est très exactement le contraire qui se produit. En sélectionnant des « mémoires » particulières, on exacerbe le sentiment victimaire, moteur des lobbies subversifs qui s'en servent comme aliment du communautarisme et comme prétexte pour attaquer la France et salir son histoire.
    On constate que ce même 10 mai, SOS Racisme a lancé un appel, signé par une multitude d'artistes, d'écrivains et de politiciens, « à donner enfin une place digne de ce nom dans les programmes scolaires à l'enseignement de l'histoire de la colonisation et de celle de l'esclavage, parties intégrantes de l'Histoire de France ».
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Nicolas Sarkozy est le président de SOS Racisme et de tous les lobbies de l'Anti-France.
    Yves Daoudal National Hebdo du 15 au 21 mai 2008.
    daoudaI@fr.oleane.com

  • Socle des connaissances et droits des parents

    L'obligation faite aux parents des 16 garçons, élèves du collège Don-Bosco-Saint-Projet à Bordeaux, de les inscrire ailleurs à la rentrée sous peine de poursuites pénales devrait, aurait dû susciter un élan de solidarité de la part de tous ceux qui se battent pour la liberté de l'enseignement et pour le droit des parents d'éduquer leurs enfants comme ils l'entendent. Je dis « aurait dû » parce qu'on a assisté plutôt, depuis vendredi dernier, au silence radio, quand ce n'était pas à une forme de re-lynchage de l'école Saint-Projet par la répétition absurde des manipulations et des montages de l'émission « Les Infiltrés » à son sujet. Absurde parce que l'inspection subie par l'école n'a en rien confirmé les accusations de racisme, d'antisémitisme, de révisionnisme lancées par l'émission tournée dans les conditions intolérables que l'on sait. À quoi s'ajoute l'inconscience : si le collège bordelais est aujourd'hui menacé d'être vidé de sa substance par le départ « obligé » de ses élèves, c'est que demain, sauf opposition vigoureuse et solidaire de la part de tous ceux qui en ont assez de voir leurs enfants autrement déformés par l’Éducation nationale, toutes les écoles hors contrat catholiques pourront être persécutées au motif qu'on y enseigne l'histoire et les autres matières en respectant la doctrine catholique. Au fond, rien d'autre n'est aujourd'hui reproché à Saint-Projet ... Et nous savons depuis longtemps que c'est toujours par les affaires « à la marge » que la culture de mort progresse ou que les libertés sont attaquées : c'est précisément « à la marge » qu'il faut se battre et ne pas se laisser gagner par la logique de l'adversaire.
    Il faut lire et relire la chronique de Jacques Trémolet de Villers dans Présent de mercredi. Il dit tout sur ce devoir de solidarité, même et surtout si la haine de l'adversaire n'est pas absolument sans fondement du fait de fautes, d'erreurs, de négligences. Il ne s'agit pas de dire que tout était et que tout sera parfait dans toutes les écoles hors contrat du pays : c'est impossible et d'ailleurs encore moins vrai - litote des écoles de la République qui font entrer chaque année dans les classes de 6e quelque 40 % d'élèves qui ne maîtrisent pas véritablement la lecture, l'écriture, l'arithmétique. Encore s'agit-il là de chiffres officiels. Dans L'école des illusionnistes Elisabeth Nuyts montre que la face cachée de l'iceberg est aussi inquiétante que l'illettrisme désastreux d'une minorité : ceux qui « réussissent » dans le système peuvent ne pas avoir appris à penser, à raisonner, ni même à s'entendre lire dans leur tête, confondre indéfiniment sujet et objet.
    La lecture superficielle du décret instaurant le « socle des connaissances » (11 juillet 2006) qui n'est en rien un programme, ni une indication de calendrier de progression des acquis, laisserait presque croire que le but recherché est précisément d'assurer à chaque enfant un véritable accès à la pensée, au raisonnement, à la culture (et même aux dictées et aux textes de la littérature appris par cœur !).
    Mais il faut en dégager trois mots-clefs : « humanisme », « stéréotypes », « laïcité ». Parmi les exigences purement scolaires qui à l'échelle de l'Éducation nationale ressemblent trop souvent à des vœux pieux, ce sont là les outils de combat qui permettent aux interprétateurs du « socle commun » d'imposer le relativisme dans l'enseignement. Mais oui, la dictature, pour être telle, a quand même besoin de textes réglementaires ...
    « Humanisme », ici, s'entend à peu près sûrement dans un sens « maçon » ; il est beaucoup question de confronter les cultures, de mieux comprendre « l'autre », mais au sens de vertus chrétiennes devenues folles puisqu'en dehors de la démocratie et de l'État de droit rien ne saurait exister. Quoi de plus « humaniste » que d'apprendre l'histoire ? Eh bien, dans le cas des collégiens de Saint-Projet, il est essentiellement reproché à cette école explicitement catholique, et qui croyait avoir le droit de l'être, d'enseigner l'histoire à travers un « prisme catholique ». C'était l'épée de Damoclès qui pesait sur tout enseignement confessionnel depuis le décret sur le socle des connaissances et, depuis le 5 mars 2009 sur les écoles hors contrat et l'instruction à domicile, puisqu'un décret signé Pillon-Darcos leur étend l'obligation de respecter celui de 2006.
    Je décrivais ici, cette année-là - le 19 mai 2006 - le décret dont on connaissait à peu près l'intégralité : j'avais retenu cet élément qui éclaire bien « l'humanisme » européen qui lui sert de toile de fond. Chaque élève doit ainsi « être en mesure de comprendre les grands défis de l'humanité, la diversité des cultures et l'universalité des droits de l'Homme, la nécessité du développement et la protection de la planète ».
    Pour la laïcité - qui aura été au cœur du mauvais procès fait à Saint-Projet - elle se veut bien sûr ouverte. C'est à la mode. Mais ouverte veut dire « tolérante », au sens relativiste. On exige la connaissance du « fait religieux en France en Europe et dans le monde en prenant notamment appui sur des textes fondateurs (extraits de l'Ancien Testament, du Nouveau Testament, du Coran) ». Dans l'entier « respect » des « croyances» de chacun. Que le catholique puisse affirmer la fausseté de l'islam (en restant modeste !) sort déjà du cadre.
    Venons-en aux « stéréotypes ». Ils sont à éviter, ils concernent les « autres », ceux d'autres pays, d'autres cultures, d'autres origines. Si le texte reste discret son contexte, que nous connaissons, est bien lourd : tout comme combattre le « racisme » consiste d'abord, dans cette idéologie, à préférer ce qui est étranger à ce qui nous est proche, combattre les « préjugés et les stéréotypes » ne concerne pas tant la recherche de la vérité que le rejet des principes et des réactions d'ordre culturel.
    À l'époque je notais également que certains aspects du décret étaient quasiment en mode subliminal mais non moins révélateurs : « En un seul souffle, le jeune de demain est sommé d'''être éduqué à la sexualité, à la santé et à la sécurité (connaître notamment les règles de sécurité routière)". On sait ce que cela recouvre. Pour être un bon citoyen, il faut savoir éviter les bébés et le sida aussi bien que l'alcool au volant et la matière grasse dans le hamburger... »
    De fait, les élèves de Saint-Projet ont notamment été priés de changer d'école parce que l'enseignement des « sciences du vivant » y était jugé insuffisant (alors même qu'aucune exigence de temps d'enseignement ou de moment dans le cursus scolaire n'est fixée par le décret).
    Pourtant une seule phrase comme celle-là permet d'en référer aux programmes officiels pour exiger une « éducation sexuelle » axée sur la contraception et les aspects techniques des relations humaines, enseignés dans l'indigence humaine, morale et même scientifique qui est celle des manuels actuels (au point que même la HALDE, évaluant les manuels du secondaire, a jugé indispensable de mettre en évidence cette affligeante nullité du contenu).
    À l'époque du débat sur le socle des connaissances, c'était pourtant la gauche qui était montée au créneau, et peu de voix s'étaient élevées parmi les défenseurs de la liberté de l'éducation contre un projet qui sur certains points, dits les « bons » mots, semble vouloir instituer une vraie réforme. On hésitait à jouer les Cassandre, les éternels rabougris, les coupeurs de mouches en quatre qui ne peuvent jamais se réjouir de la part de bon qu'il peut y avoir dans une réforme.
    Il n'empêche.
    Les armes contre les parents et les écoles libres se mettaient discrètement en place. Les bien-pensants vantaient les qualités de la corde qui un jour, pouvait bien être destinée à les pendre. Comme aujourd'hui des bien-pensants croient mieux défendre les « écoles différentes » soit en restant muets sur ce qui se passe à Bordeaux, soit en ajoutant leurs critiques aux résultats des inspections. Je crois que leur calcul n'est pas le bon. En apportant de l'eau au moulin de l'Éducation nationale, ils donnent encore plus de poids à la fiction selon laquelle il appartient à un corps de fonctionnaires de juger ce que l'on doit et ce que l'on ne doit pas enseigner aux jeunes, à l'école, dans la famille ou ailleurs.
    Cela est même d'une extrême gravité. Lorsqu'il s'agit des droits - sacrés ! - des parents, il faut admettre que leurs libertés comportent des risques. Des risques d'inefficacité (mais l'école « officielle », en ce domaine, est déjà championne), des risques d'erreur (mais en feront-ils jamais autant que l'Éducation nationale en matière d'endoctrinement ?), des risques d'excès.
    Mais tant qu'il n'y a pas délit, mauvais traitements, violence, maintien volontaire dans l'ignorance, il est plus dangereux de laisser intervenir l'État que de ne point le laisser faire.
    Pour ce qui est des violences et du maintien volontaire dans l'ignorance, on est déjà bien assez servi dans les écoles du « système » !
    JEANNE SMITS PRESENT du 11 juin 2010

  • Réponse à Guillaume Lenormand au sujet du socialisme organique.

    Cher Guillaume,

    Je partage avec vous l’idée centrale de votre article consistant à mettre en exergue une faille majeure dans la plupart des milieux nationalistes concernant le peu d’intérêt pour l’économie.

    Or, me parait-il, on ne peut faire fonctionner une société sans argent. A commencer par les groupuscules pour lesquels, à moins de rester dans la figuration, le financement ou plus exactement l’auto-financement est nécessaire. Si très majoritairement les nationalistes, fustigent le nombre toujours croissant de taxes qui frappent les Français, on comprend bien que l’on ne peut limiter une politique économique dans le cadre d’une prise de pouvoir, à une simple suppression de ces taxes.

    Autant en matière de politique étrangère que de politique intérieure, l’histoire postérieure à la seconde guerre mondiale nous montre que le nationalisme révolutionnaire se réclame de la troisième voie, communément appelé tercérisme. Il y a donc depuis près de trois quarts de siècle une prise de conscience dans le cadre de cette idéologie, bien antérieure à celle de la plupart des autres que, et le communisme, et le capitalisme sont malsains. Chez les Nôtres, nous n’avons pas eu besoin d’attendre les écrits et protestations des dissidents soviétiques pour y voir clair. De la même façon, le regain d’intérêt pour le capitalisme qui s’est effectué voici environ 35 ans sur une bonne partie de la planète, consécutive à une nouvelle vague initiée aussi bien par Thatcher que par Reagan, dont on sait qu’il perdure, ne nous a pas séduits. Et d’ailleurs il faut bien remarquer que, ne serait-ce qu’en France, pays qui nous préoccupe au premier chef, ce néo-capitalisme (Giscard était durant les années 70 plus social-démocrate que libéral), les ravages ont déjà bien commencé.

    Tant que l’Ouest avait face à lui un système dont je reconnais volontiers qu’il n’était pas séduisant, il lui était nécessaire de ne pas être par trop caricatural. Tel n’est plus le cas depuis la levée du rideau de fer, le concurrent majeur ayant été défait. C’est justement peu après ce moment historique que le monde capitaliste a commencé à nous monter son véritable visage ; à titre d’exemple, bénéficiant d’une retraite dont on pouvait profiter dès l’âge de 60 ans, nous entendons seulement 30 ans plus tard, de plus en plus évoqué un recul de cet âge à 70. D’une certaine façon, la thèse de Montesquieu insistant sur l’équilibre des pouvoirs, s’avère tout aussi valide à l’échelle internationale : si une hyperpuissance exerce sa domination sans concurrents, elle écrase tout sur son passage. Alors que les interventions américaines étaient justifiées naguère, bien souvent de manière bien peu honnête, par le monde soviétique, on peut constater qu’aujourd’hui, alors que les Etats-Unis n’ont plus militairement de concurrents majeurs, qu’ils sont omniprésents à l’échelle mondiale et enchainant les interventions militaires. Voilà le capitalisme réel dévoilé, nous montrant son visage authentique.

    A mes yeux donc, le titre de l’ouvrage de Lénine, intitulé « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme », se voit validé dans les faits.

    Croire aussi que la vie économique n’est qu’affaire d’argent est totalement faux. Le statut économique d’une personne a des influences sur le comportement mais aussi les pensées de la plupart des individus. Il va de soi, et le terme n’est pas dépourvu de sens, que la notion « d’intéressement » au travail a des conséquences sur le comportement des salariés. Si en revanche, quelle que soit la vitesse d’éxécution, on est rémunéré de façon similaire, la plupart des individus concernés, ne verront nullement l’intérêt de se presser.
    Entre le « laisser-faire, laisser-passer » du capitalisme qui laisse les personnes sans défense, et la chape de plomb communiste, une forme d’économie mixte sera toujours la bienvenue : ni tout public, ni tout privé, et l’on retrouve de nouveau la notion d’équilibre chère à Montesquieu. Peut être aussi serait-il souhaitable de distinguer nationalisation et étatisation que beaucoup, à tort, considèrent comme synonymes. Il me semble normal dans le cadre d’un pouvoir esercé par le nationalisme-révolutionnaire que les Français, économiquement comme politiquement, soient acteurs de leur montée en puissance.

    Des emplois en Europe, nous en avons beaucoup sous les yeux. Le phénomène de délocalisation dont on nous abreuve depuis peu, n’est pourtant pas du tout nouveau. Lorsque volontairement, les gouvernements ont décidé de fermer sidérurgie et textile, cela n’a pas signifié la fin de ces activités : elles se sont simplement déplacé vers l’Est asiatique lointain. L’une des premières actions d’un exécutif de type national-révolutionnaire, serait donc de mettre économiquement l’Europe sous un globe de pendule, la protégeant ainsi de la concurrence extra-européenne. Ce serait alors toutes les industries perdues depuis une quarantaine d’années qu’il faudrait alors relancer : on imagine la manne en matière d’emplois…

    Philippe Delbauvre. http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EFZyyuEppyirnBkfaJ.shtml

  • 15 aout 1769 : naissance de NAPOLÉON BONAPARTE

    Né le 15 août 1769 à Ajaccio (Corse), Louis Napoléon Bonaparte est le 2ème fils de Carlo Maria Buonoparte et de Letizia Ramolino. Son père, avocat au conseil supérieur de Corse, le reconnaît noble en 1771, assesseur de la juridiction royale des provinces et de la ville d’Ajaccio. Il fut aussi élu député de la noblesse de Corse auprès du roi en 1777.
    Bonaparte en 1792
    Le 1er janvier 1778, Napoléon et son frère Joseph entrent au collège d’Autun. Le 15 mai 1779, Napoléon est admis au collège militaire de Brienne. Il le quittera en 1784 pour l’école royale militaire de Paris.
    En 1785, alors qu’il n’a que seize ans, il devient lieutenant en second dans l’artillerie et est affecté en garnison à Valence. Mais son père meurt la même année et il est contraint de soutenir les intérêts familiaux et d’entretenir ses frères et sœurs.
    La nuit du 4 août 1789, l’abolition des privilèges ouvre toutes les portes d’une grande carrière militaire à Napoléon. Pourtant, comme son père, il s’engage dans les luttes politiques de l’île. Néanmoins il est réintégré dans l’armée royale et nommé capitaine tout en s’opposant, comme lieutenant-colonel de la Garde nationale d’Ajaccio, aux " paolistes " qui cherchent à établir l’indépendance de l’île avec l’appui des Anglais. En juin 1793, lors de la déclaration de l’indépendance de la Corse, il se rallie définitivement à la France. 
    Durant l’été 1793, la France, dirigée par le Directoire, est menacée par l’Europe des rois coalisés. Napoléon est nommé chef d’artillerie et affecté au siège de la ville de Toulon qui se trouve sous l’emprise des Anglais. Il contribue dès lors à sa prise le 17 décembre 1793. En récompense, il est nommé général de brigade par le Comité de Salut public.
    Le 5 octobre 1795, il est chargé par Barras de réprimer l’insurrection royaliste de Paris dirigée contre le Directoire. En récompense, il est nommé général de division et commandant de l’armée de l’Intérieur. Le 11 mars 1796, Napoléon part pour l’armée d’Italie dont il a reçu le commandement le 2 mars 1796 en tant que général en chef ; et ce jusqu’au 5 décembre 1797, date de son retour à Paris.
    Le 19 mai 1798, Napoléon Bonaparte s’embarque cette fois-ci pour l’Égypte. Il y restera jusqu’au 23 août 1799. Cette expédition achèvera de parfaire sa popularité. Les 9 et 10 novembre 1799 (18 et 19 brumaire de l’an VIII), les conjurés désignent un consulat provisoire à la tête duquel ils nomment le général Bonaparte assisté de Ducos et de Sieyès. Le 15 décembre 1799, Napoléon proclame la Constitution de l’an VIII, pour ensuite devenir 1er Consul muni d’un pouvoir considérable.
    En 1801, Napoléon signe le Concordat avec le pape Pie VII. Il obtient le droit de veto sur les nominations ecclésiastiques. Suite à ce rétablissement de l’Église et du culte catholique, Napoléon amnistie les émigrés le 26 avril 1802. Durant quatre ans, le 1er Consul pacifie le pays, réorganise l’administration, les finances, la Justice et l’Église, donne donc à la France de grandes institutions : il crée notamment la Banque de France, affirme la liberté d’entreprise, introduit un livret de travail, ainsi que le Code d’honneur et promulgue le Code civil le 21 mars 1804. À l’extérieur du pays, Napoléon part de campagnes en campagnes (Italie, Allemagne, Angleterre, Hollande, Suisse, Autriche,…).
    En 1802, assuré de tous les pouvoirs, la Constitution de l’an X le désigne Consul à vie. Jusqu’à son sacre d’Empereur en 1804, Napoléon ne cessera de s’investir dans sa fonction. Il deviendra d’ailleurs le médiateur de la Confédération suisse en 1803. Grâce à son prestige auprès du peuple et à son génie politique, le 18 mai 1804, le sénat vote à l’unanimité l’instauration du gouvernement impérial, proclamant ainsi Napoléon empereur héréditaire des Français. Finalement le 2 décembre 1804, Napoléon, désormais appelé Napoléon Ier, est sacré empereur par le pape Pie VII à Notre-Dame de Paris.
    Napoléon Bonaparte se popularise très vite par son génie militaire, ses capacités de général, sa science, sa bravoure et son sens stratégique. Durant les premières années de sa vie, il fut un enfant querelleur, orgueilleux, " corse de caractère et de nation ", turbulent, émotif et colérique par la suite.
    Au combat, son courage lui valait l’adoration des grognards. Toujours en première ligne et s’exposant volontiers au feu de l’ennemi, il risqua sa vie plusieurs fois. Il fut notamment touché au pied. La mort ne lui faisait pas peur ; il affirmait notamment " La mort n’est rien, mais vivre vaincu et sans gloire, c’est mourir tous les jours ". L’honneur et la gloire étaient pour lui les valeurs les plus importantes. On les retrouve toujours présentes dans ses paroles : " Tout homme qui estime la vie plus que la gloire nationale et l’estime de ses camarades ne doit pas faire partie de l’armée française " ou " L’armée c’est la nation ". Napoléon était un homme d’honneur et de nation.
    Seulement, il parlait très peu. Son caractère farouche d’insulaire le rendait insociable, frondeur, sauvage et silencieux avec ses condisciples, dans un milieu où il se sentit longtemps étranger. De plus, Napoléon, homme de pouvoir, se révèle souvent hésitant au moment de prendre des décisions, surtout lorsqu’il ne se trouve pas sur un terrain familier. Facilement porté à la dépression, il portait souvent un sachet de poison " au cas où ". Il tentera, semble-t-il, de se suicider en 1814.
    Réaliste et empiriste, Napoléon ne semblait pas avoir tenu à des principes arrêtés. Il était difficile de voir en lui, sur le plan religieux, un croyant. Sa conception de Dieu et de la religion rejoignait celle de Voltaire : le christianisme est un facteur d’ordre social. Rumeur ou certitude, il aurait été initié en Égypte à la franc-maçonnerie.
    Napoléon Bonaparte était doté d’une intelligence exceptionnelle. Doué en mathématiques, il inventa même un problème qu’il exposa devant l’Institut. Cependant, il n’en dévorait pas moins des traités d’art militaire, lisait les philosophes (comme Montesquieu, Rousseau et Voltaire) et les grands penseurs politiques (dont Mirabeau et Necker). Il était capable de travailler 18 heures par jour ! Pourtant, la seule matière qu’il ne parvint jamais à maîtriser fut l’orthographe. Apparemment, cette lacune ne l’a pas trop handicapé.
    Au physique, Bonaparte était maigre aux longs cheveux, mesurait 1,686 m, portait de petits chapeaux originaux et une redingote souvent rapiécée et faisait preuve d’une grande hygiène. Côté dépenses, il économisait la moitié de son salaire ; quant à la cour, malgré son faste, elle ne coûtait pas le quart de celle de Louis XVI. Le luxe lui était indifférent.
    Napoléon, soldat, lieutenant, capitaine, général, consul puis empereur, ses fonctions se sont sans cesse multipliées. Pourtant, ses qualités d’administrateur surpassaient celle de général. Pour les guerres nationales, les effets fondés sur la surprise ne jouèrent bientôt plus contre l’adversaire lorsque celui-ci eut compris la leçon. En revanche, il a imposé des conceptions administratives qui annoncent une nouvelle époque.
    Finalement le génie de Napoléon se conclut par son impressionnant sens de la propagande. Il utilisait la presse et l’image à son profit, comme aujourd’hui. " C’est le succès qui fait les grands hommes " disait-il. Ce nom même de Napoléon devint désormais le symbole du conquérant.¢

  • Relocalisons la révolution !

    Les idées du localisme et de la démondialisation sont séduisantes, elles connaissent actuellement un vogue liée à la crise du système globalisé. Mais il faut s'entendre sur les mots, et ne pas se laisser berner par des politiciens qui les récupèrent pour mieux les dénaturer.

    Relocaliser pour produire différemment

    Le fait de relocaliser la production industrielle en Europe n'est pas une utopie aussi folle qu'elle peut paraître aux yeux des dirigeants des multinationales. Elle est nécessaire pour redonner à la France et à l'Europe la maîtrise de son économie et garantir son indépendance. Mais ce retour doit se faire en rupture avec la logique du profit capitaliste et impliquer une transformation radicale du système économique et social.

    Jouant sur les législations nationales ou régionales, les tenants de l'ultra-compétitivité misent déjà sur la désunion des travailleurs européens pour mieux les exploiter. L'Union Européenne a ainsi permis la libre concurrence en son sein, permettant aux grands groupes (mais aussi à des PME) de délocaliser en son sein des secteurs entiers de la production.

    Le cas récent des travailleurs de FRALIB, l'usine des thés "Eléphant", dont la lutte contre la délocalisation de leur usine proche de Martigues, vers la Pologne, éclaire ce mauvais tour. «Ils nous proposaient 5600 euros de salaire pour aller travailler à Katowice en Pologne, se souvient un ouvrier. On s'est dit, c'est énorme. En fait, c'était le salaire annuel, soit 460 euros par mois». Un autre fait le calcul simple de la logique de l'opération : «La part salariale de FRALIB coûte actuellement 15 centimes par paquet de thé. En Pologne, ça passe à 6 centimes. Ils veulent supprimer 182 emplois pour économiser 9 centimes par boîte ?».

    Lors des événements en Tunisie, certains chefs d'entreprises du secteur textile ont évoqué l'éventualité de relocaliser en France une partie de leur production pour éviter les risques d'arrêts de celle-ci. Mais ils l'ont fait en demandant qu'une partie de leurs personnels tunisiens soit autorisée à immigrer en France pour continuer à produire avec les mêmes législations qu'en Tunisie (c'est-à-dire des salaires de misère et des rythmes de travail très souples pour les employeurs). L'Etat n'a pas donné suite à la démarche, mais l'idée est lancée.

    On l'a compris, la relocalisation vers l'Europe pour avoir une impact positif doit être l'oeuvre d'un pouvoir qui serait au service du peuple. Elle doit servir les intérêts de la communauté et non le patronat. Il est d'ailleurs illusoire de croire que dans le cadre local, le capitalisme soit moins vorace. Au contraire, l'Histoire prouve que les «petits patrons» nationaux peuvent devenir de véritables prédateurs de leurs congénères, soumis qu'ils restent aux impératifs de la concurrence, dictés par la nature même du fonctionnement du capitalisme. Lorsqu'on voit la «success story» du groupe Leclerc, on est vacciné quant à l'éloge de la petite boutique.

    La socialisation et le localisme

    «Produire français pour exploiter français», non merci ! Dans le cadre d'une socialisation de la France et de l'Europe, nous devrons veiller à mettre en place un mode de production qui soit adapté aux besoins réels des populations européennes. Cela implique que l'activité productive soit dirigée vers le bien commun, qu'elle prenne en compte la préservation de la santé des travailleurs et la préservation de la nature. Une production qui pose aussi le problème du dépassement du salariat et donc de sa réorientation vers des finalités non mercantiles.

    La socialisation se fonde sur l'assujettissement de l'économique au politique, la direction politique de l'économie nationale à travers la planification, la transformation des formes de la propriété et la considération du travail comme un service à la communauté générateur de droits politiques.

    Cette situation n'est envisageable que dans la mesure où le rapport de force entre les classes commence à s'inverser en faveur des prolétaires à l'échelle de plusieurs pays européens. A partir de là, des mesures de gratuité, de réappropriation de moyens de production et de distribution deviennent possibles.

    Le localisme doit être lié au socialisme pour porter un projet alternatif de société. Suivant le principe de subsidiarité, une Europe et une France authentiquement socialistes auront besoin d'être indépendantes dans un monde multi-polaire envers lequel s'appliquerait une politique aux antipodes des rapports de force impérialistes actuels. Pour ce faire une étroite collaboration devrait être envisagée avec les nations de tous les continents s'opposant au modèle de domination mondialiste.

    Dans cette optique, l'Europe devra redéfinir ses propres besoins en se donnant les moyens adéquats de les satisfaire. Une planification de l'économie et un développement harmonieux devront s'appuyer sur un vaste réseau de communautés locales qui viseront à une participation collective à la vie économique, sociale et politique. Nous ne considérons pas la production économique comme un programme élaboré par des organismes bureaucratiques ou technocratiques. Comme pour le domaine de la souveraineté politique, des articulations nouvelles seront à créer afin de permettre l'élaboration d'un tissu social riche et vivant.

    De nouveaux liens seront tissés entre les individus sur leurs lieux de vie et de travail. D'anciennes solidarités seront ranimées par une volonté de construire un avenir commun.

    Source: Rébellion

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Le chant de Walther, étonnant témoignage sur l’époque des grandes invasions

    La chanson des Nibelungen est au coeur de la culture allemande. L'hypothèse des historiens est qu'elle serait une réminiscence de l'époque troublée des Vème et VIème siècles qui a vu le royaume burgonde au sommet de sa gloire puis sombrer. Une réminiscence, certes, mais réécrite en y ajoutant des éléments plus récents, sublimée en outre dans une vision romantique qui caractérise la littérature et les moeurs de la société féodale.

    Je reprends le fil de mon raisonnement dans la suite de mes articles précédents. (1)

    Tout commence avec le chant de Walther. Je le fais remonter au Vème siècle, avant la bataille des champs catalauniques de 451 qui n'a pas encore eu lieu au moment où il est écrit. Je résume ma thèse. 
    En 413, les Burgondes avaient été installés par les Romains en tant que troupes fédérées pour garder la frontière du Rhin dans ce qu'on appelle le royaume de Worms. Or ceux qui étaient installés à l'est du Rhin, les plus exposés, étaient constamment harcelés par les incursions des Huns (2) (évidemment, parce que ce sont eux qui tenaient le limes en avant du fleuve).
    En 428/429, Gondicaire, roi des Burgondes, réussit à les vaincre. Leur chef Octar, (Optar ou encore Oktar), oncle d'Attila perdit la vie dans cette campagne (2). Cet affrontement correspond, à mon avis, au passage du chant où il est dit au vers 170 "qu'une des nations récemment domptées se mettait en révolte".
    En 436/437, Aétius vainquit Gundicaire roi des Burgondes habitants en Gaule, et accorda la paix à ses supplications, mais celle-ci fut de courte durée puisque les Huns l'anéantirent avec son peuple (3). Les Burgondes avaient tenté d'agrandir leur territoire dans l'arrière-pays. Ils furent battus par le général romain Aetius qui, néanmoins, leur accorda la paix. La deuxième partie de la phrase concerne un autre événement, la bataille qu'ils perdirent contre les Huns, apparemment sur la rive droite du Rhin. C'est cette bataille que pourrait relater le chant de Walther... les javelots volent drus et incessants de part et d'autre. Le frêne et le cornouiller prennent les mêmes ébats, et le fer projeté brille comme l'éclair... A l'exemple de son chef, la forte armée des Huns s'élance avec furie et multiplie le carnage. On brise toute résistance, on écrase les fuyards, jusqu'à ce qu'on soit certain d'une victoire complète. Puis on se jette sur les morts et on les dépouille tous...(4). Les historiens estiment que c'est à la suite de cette défaite que les Burgondes durent se replier en Bourgogne abandonnant leur royaume et la ville royale de Worms.
    Remarque 1. La description que l'auteur donne de cette bataille pourrait, certes, tout aussi bien s'appliquer à la bataille des champs catalauniques (grande plaine du champ de bataille)... hypothèse peu crédible. Ici, c'est Walther qui commande et il a gagné ; aux champs catalauniques, c'est Attila et il a apparemment perdu.
    Remarque 2. On peut m'objecter qu'il n'est pas possible que Walther ait livré bataille contre des Burgondes alors que sa fiancé burgonde Hildegonde est encore en otage auprès d'Attila et alors que ses ennemis sont Francs. Je réponds en faisant l'hypothèse d'un peuple burgonde divisé en deux, l'un à Cabillo, dont est issue Hildegonde, l'autre à Worms, que les chroniqueurs considèrent toujours comme burgonde mais que l'auteur du chant considère comme passé - vendu - aux Francs. 
    Toutes choses égales d'ailleurs, constatons que dans le chant, les Huns sont conduits au combat par un héros nommé Walther. Mon hypothèse est que ce Walther y désigne l'ancienne noblesse germaine de Germanie. C'est un Goth. Attila l'a mis à la tête de ses troupes, mais il est vassal, ayant reconnu en Attila son suzerrain et protecteur depuis que ce dernier a conquis le pays. L'auteur du chant le dit Aquitain, originaire d'Aquitaine, né en Aquitaine, mais il se contredit au vers 580. Je m'explique : candidat à l'immigration en Gaule, le Goth Walther déclare au poste frontière : je suis né en Aquitaine (wisigothe), je suis donc Aquitain et veux retourner au pays où je suis né. Très logiquement, l'autorité chargée de la garde aux frontières répond : Qu'on aille d'abord lui demander quelle est sa race, sa patrie, son nom, le lieu d'où il vient, s'il veut avoir la paix sans effusion de sang en livrant son trésor. Par la réponse nous connaîtrons l'homme, et si Walther n'a pas changé...(4) Et le candidat se fait refouler, à moins de glisser la "pièce" (son trésor) au gardien.
    Les combats héroïques et homériques que mène ce Walther contre les douze chevaliers qui gardent la frontière du Rhin illustrent les multiples tentatives germaines de franchissement. Ces douze chevaliers représentent les différentes unités franques réparties tout au long du limes pour le défendre (Metz, Strasbourg etc).
    Comme je viens de l'expliquer, pour l'auteur du chant, le Gunther qui règne à Worms n'est plus burgonde mais franc. Il dispose à sa botte d'un fidèle vassal, Hagen. J'ai écrit, dans mes précédents articles que Hagen était un Franc. J'en doute, bien qu'à la fin du poème, il semble l'être (vers 1299 et 1446). Au début, le chant le dit d'origine troyenne (5) et à la fin, Sicambre. Mon avis est qu'il est descendant des Gaulois belges, chevalerie autochtone d'élite toujours existante. De même que le Goth Walther est vassal d'Attila, le Gaulois Hagen est vassal du roi franc Gunther, ayant reconnu en lui son suzerrain et protecteur depuis que les Romains ont installé les dits Francs en Gaule - ancienne Gaule belge - au titre de peuples fédérés. La preuve en est l'extraordinaire tentative de subversion des vers 1237 à 1279, dans lesquels le Goth rappelle l'ancienne ancienne amitié gallo-germaine (du temps de Civilis ?), tout en dénigrant au vers 1413 l'occupant franc Gunther. Pour parler clairement, disons que le Goth demande au Gaulois de changer de camp, de rompre avec le Franc et de s'allier à lui.

    Gunther est-il un individu ou un conseil ? Un conseil, pourquoi pas ? Voyez la représentation d'un conseil germain sur la colonne de Marc-Aurèle (cf Wikimédia). Remarquez les sept sages assis : un conseil de gouvernement de sept membres ? Deuxième indice, je rappelle la fin du poème montrant les héros blessés et réconciliés. Le roi franc Gunther a perdu sa jambe, Hagen, son oeil droit et Walther sa main. Cela suggère, bien évidemment, des pertes subies par des groupes ou des ensembles. Mais il s'y trouve aussi un autre sens, car la perte d'une jambe pour le roi, c'est une condamnation à l'impuissance à gouverner alors que Hagen et Walther restent frais et dispos. La perte d'un oeil pour Hagen, c'est l'engagement de fermer plus ou moins les yeux quand passent les clandestins. La perte de la main droite de Walther, c'est l'engagement réciproque de renoncer aux harcèlements répétés des postes militaires du limes. A noter que Hagen, bien que qualifié de Sicambre, est bien Gaulois par la plaisanterie au sanglier que lui balance Walther au vers 1436.

    Mais revenons à la période d'avant l'an 428, au temps où, selon le chant, les nations étaient encore sous la coupe d'Attila. Les Huns de plus en plus puissants commencent à exiger des tributs de leurs riches voisins. S'ils ne paient pas, ils lancent des razzias qui rapportent autant si ce n'est plus de butin (6).
    Renonçant à se battre, les notables francs avaient préfèré livrer en otage Hagen, l'un d'entre eux, d'origine troyenne, avec le tribut exigé. Le roi goth de l'Aquitaine, Alpher, avait pris la même décision. Il préféra payer tribut et livrer son fils Walther en otage

    Pour légitimer son manifeste - bis repetita - tout en laissant entendre qu'il plaisante, l'auteur du chant imagine que Walther est un Aquitain originaire d'une Aquitaine, pourtant wisigothe, emmené en otage par Attila au cours d'une de ses courses et dont le retour en Gaule se justifie par le désir de retrouver son pays d'origine. Le même périple invoqué pour Hagen suppose une reconnaissance tributaire des Francs envers les Huns et son retour en Gaule, la rupture de cette reconnaissance.
    Quant aux Burgondes du castrum de Chalon-sur-Saône qui ont donné la belle Hildegonde en otage à Attila, il faut comprendre qu'ils avaient, de par l'histoire de la cité, un quelque chose que les deux autres n'avaient pas à ce niveau de qualité.

    Qui était la belle Hildegonde ? Si son père, Herrich est un individu, c'est une personne, mieux, une personne royale, unique héritière, accompagnée de toute une suite. Mais alors, pourquoi Attila ne l'épouse-t-il pas pour récupérer l'héritage ? Comment se fait-il qu'une femme aussi noble assure le guet alors que Walther se repose au vers 504 ? Tout cela est très bizarre ! Herrich est un nom qu'il faut très probablement rapprocher d'Hendinos. Or, en latin, le suffixe hend est en rapport avec le chiffre onze. Il s'agirait donc là d'un conseil de onze membres qui pourrait s'élever à douze si on lui ajoute le grand prêtre nommé "sinistus". Il est bien entendu que ce système de gouvernement collégial n'a pas perduré (7) mais il n'en reste pas moins qu'à cette date, on ne voit pas comment un conseil pourrait avoir engendré une fille comme on le pense.
    La belle Hildegonde est une énigme. C'est, au Vème siècle, une énigme à l'image de la nouvelle société burgonde qui se met en place, une société qui préfigure déjà la société chevaleresque du moyen-âge, chevaleresque mais néanmoins toujours combattante.
    Je suis très étonné que, dans les flots de sang répandus de ce chant, les commentateurs ne mettent pas en exergue l'absence totale de pitié et de compassion qui s'y trouve. Mais où est la douceur des évangiles ? Où est l'Eglise ? Quel est ce Jésus, curieusement absent, auquel, à la dernière ligne, on lui demande seulement qu'il vous, qu'il nous maintienne en vie ? .. Vos salvet Iesus
    Certes, il ne fait pas de doute que le public des châteaux, où ce poème était chanté, y voyait surtout l'image idéale du chevalier et de sa dame, vertueuse, fidèle, aimante et effacée (comme les hommes les aiment) ; mais l'énigme n'est pas là. Pour la percer, je pense qu'il faudrait accepter de me suivre dans la lecture des chapiteaux que je propose dans mes ouvrages, à Mont-Saint-Vincent, Gourdon, Chalon, Autun, Vézelay, Notre-Dame-du-Port, etc...
    Nous sommes en présence d'une société émergente, d'une société dont l'auteur du chant est partie prenante. J'en ai eu le pressentiment et la conviction dès le moment où j'ai commencé à écrire mes ouvrages dans les années 80, tout en sachant que ce que j'écrivais ne serait pas accepté par la communauté dite scientifique. Je cite : Je suis le pauvre trouvère. Personne ne m'écoute, personne ne m'entend et personne ne me croit. Je marche dans le brouillard et dans la nuit et je chante...Je chante pour les âmes de tous ceux qui ont vécu ici... à Mont-Saint-Vincent, l'illustre Bibracte gauloise... Ils s'appelaient : les Nibelungen, les fils du brouillard.(8)
     
    Et encore, ce commentaire très amusant qui me concerne, de la part d'un journaliste pas très doué : « Un franc-tireur dans la bataille de Gergovie : un lieutenant-colonel de Zouaves à la retraite soutient que c’est au Crest, à l’extrémité de la montagne de la Serre qu’il faut situer l’oppidum gaulois défendu par Vercingétorix. Dans son livre "Histoire de Gergovie", il avance également l’hypothèse que Gergovie serait l’Atlantide terrestre... L’auteur ne se revendique ni historien ni archéologue, mais poète » (Journal "La Montagne" du 9.12.1993)

    Aujourd'hui, après avoir racheté ce qui restait des ruines de l'ancien oppidum de Cabillo - ce que j'ignorais - je foule la même terre que l'auteur de ce chant a foulée. J'y ai remis au jour l'ancien castrum du roi franco-burgonde Gontran. J'y ai imaginé les anciens rois burgondes qui l'ont précédé, le roi Clovis venant demander la main de la Burgonde Clotilde, la reine Brunehilde, alias Brunehaut, née Wisigothe. Non loin de là, j'ai retrouvé les basiliques franco-burgondes à Châtenoy-le-Royal et à Sevrey. J'ai redonné à la splendide cathédrale de la ville des bords de Saône son illustre origine, extraordinaire témoignage du III ème siècle, le plus beau temple de l'univers selon le rhéteur Eumène (9).

    Mais rien n'y fait. La ministre de la Culture continue d'apporter sa caution aux archéologues d'un mont Beuvray en déficit chronique, foulant au pied la récente promesse de transparence du Président de la République et condamnant notre tourisme à la médiocrité et à l'enfantillage.(10)
    Madame la Ministre de la Culture, où est Bibracte ?
    Emile Mourey, château de Taisey, le 21 mai 2013
    Renvois :
    2. Socrate, Historia Ecclesiastica 7, 30.
    3. Prosper Tiro d'Aquitaine, Chroniques, 1322
    4. http://remacle.org/bloodwolf/histor.... Traduction Adrien Vendel, vers 173
    6. La stratégie du tribut, http://fr.wikipedia.org/wiki/Attila
    7. Le nom générique du roi chez ce peuple est Hendinos (Ammien Marcelin, Histoire, Livre XXVIII)
    8. Histoire de Bibracte, l'épée flamboyante, chap 13, dépôt légal avril 1995.
    9. Panégyrique de Constantin Auguste, vers 312 après J.C. 
    10. La dernière gauloiserie du musée : une maison romaine en pierre de taille sur ce faux site de Bibracte où les Romains n'ont jamais mis les pieds. http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
  • La situation est-elle prérévolutionnaire ? Six thèses sur les bouleversements politiques

    1/ Contrairement à ce que soutiennent les historiens et les sociologues, les bouleversements politiques, et notamment les révolutions, sont imprévisibles :
    Il faut se méfier en effet de la tendance contemporaine à rationaliser a postériori des évènements, pour y plaquer une grille de lecture idéologique et souvent moralisante, sinon religieuse : l’histoire est alors perçue comme fatalité ou comme châtiment des « fautes » commises par ceux qui perdent le pouvoir. On se souvient de l’ouvrage de Tocqueville L’Ancien Régime et la Révolution, emblématique du genre, puisque son auteur conclut que c’est la monarchie centralisatrice qui est responsable de la Révolution.
    Mais cette approche idéologique sert en général surtout à légitimer le nouveau pouvoir issu de ces mêmes bouleversements et accessoirement à valoriser auprès des nouveaux maîtres, celui qui se livre à cette lecture rétrospective de l’histoire. Les universitaires sont passés maîtres en la matière. Ces analyses a posteriori expriment aussi la croyance dans le sens de l’histoire que des esprits « éclairés » pourraient décrypter.
    En réalité très rares sont ceux qui sont capables de prévoir de tels évènements : ils sont surtout incapables de les dater. Ils ne sont en outre jamais écoutés.
    L’exemple de la chute de l’URSS est éclairant : on peut certes trouver de bons auteurs qui ont annoncé sa décadence ou sa fin (comme par exemple G. Le Bon et son analyse de l’utopie) : mais personne n’a prévu exactement les circonstances ni encore moins la date où elles se sont produites. Sans parler de tous ceux qui se sont trompés quant aux modalités (ex. H. Carrère d’Encausse).
    2/ Il est extrêmement rare en outre que les acteurs, sans parler des spectateurs, de ces bouleversements aient conscience de ce qui se produit vraiment :
    La lecture des « journaux » rédigés par les contemporains de bouleversements politiques majeurs est éclairante sur ce plan : tels Fabrice à Waterloo, ils ne relèvent souvent que des détails insignifiants qui ne permettent pas d’avoir une vue d’ensemble de ce qui se passe vraiment. De fait comme le dit la sagesse populaire « l’histoire est comme l’herbe : on ne la voit pas pousser ». On se souvient que Lénine fait une conférence à Zurich au début de 1917 pour faire le constat que la révolution n’éclatera pas ! Quelques semaines plus tard il est à Petrograd.
    En outre ces témoignages passent à côté d’un phénomène politique essentiel mis en lumière par J.Monnerot : l’hétérotélie qui fait que les acteurs politiques conduisent souvent sous le poids des circonstances des politiques contraires à leurs intentions déclarées. Bien rares sont ceux qui veulent le reconnaître. Qui aurait prévu que le Général De Gaulle serait l’artisan d’un rapprochement franco-allemand ? Certainement pas en 1940 !
    3/ Les explications économiques et sociales des bouleversements politiques sont en général dénuées de fondement :
    Ce type d’explications a posteriori des bouleversements révolutionnaires est réductionniste et traduit  l’influence de la sociologie marxiste de l‘histoire, très en vogue depuis le XXème siècle dans l’université et la recherche : les révolutions seraient la conséquence de l’exploitation sociale, devenue insupportable aux masses (comme le fascisme en Europe serait la conséquence de la crise de 1929 et de l’inflation). Le triomphe du capitalisme en Occident conduit en outre à survaloriser les facteurs économiques par rapport à tous les autres.
    Il est pourtant contestable que la pauvreté ou la misère conduise toujours à la révolte et surtout débouchent sur des bouleversements politiques durables. Ils conduisent tout autant à l’apathie et au repli sur soi. Les révolutions ont comme moteur l’espoir en un monde meilleur. La grande misère débouche tout aussi bien sur le désespoir.
    En outre les pauvres sont en général fragiles : ils sont dès lors peu capables d’ébranler à eux seuls un ordre politique, encore moins un état moderne. Ces concepts sont enfin extrêmement relatifs : un chômeur aujourd’hui n’est pas dans la situation d’un chômeur dans les années 30.
    On peut surtout défendre tout aussi bien le point de vue inverse : les révolutions sont plutôt le fait de ceux qui veulent préserver leur situation ou qui veulent renforcer leur position. Comme le dit l’adage « les mutineries éclatent à l’arrière, jamais au front » : c’est-à-dire qu’elles sont en général le fait de ceux qui ont peur d’aller au front.
    L’analyse de l’origine sociale des principaux acteurs révolutionnaires du XVIIIème au XXème siècle est d’ailleurs éclairante : ils étaient avant tout originaires de la petite ou moyenne bourgeoisie provinciale et non pas des miséreux et très rarement des « travailleurs manuels ».
    Beaucoup de bouleversements politiques ont été initiés en réalité par l’action de certaines élites à l’encontre des aristocraties en place, plus que par une révolte populaire : par exemple la révolution anglaise a été provoquée par la petite noblesse soucieuse de préserver ses libertés locales face au pouvoir royal. Et ce sont les libéraux qui ont conduit par leurs intrigues le tsar, l’empereur d’Allemagne ou le roi d’Espagne à l’abdication, ouvrant la voie à la révolution. La Révolution française aurait-elle eu lieu si Louis XVI et la Cour n’avaient pas été si sensibles aux Lumières ? Ne vivons nous pas justement aujourd’hui la « révolte des élites » en Occident, selon l’expression de Ch .Lasch ? Le poisson ne pourrit-il pas d’abord « par la tête » ?
    4/ Les révolutions frappent tout aussi bien  les régimes et les Etats réputés jusqu’alors solides et forts, que les plus instables :
    C’est l’autre aspect de leur caractère imprévisible.
    En Europe tous les pays ont connu des révolutions politiques plus ou moins violentes. Les plus brutales ont touchées des Etats considérés alors comme puissants: France en 1789, Russie en 1917, Allemagne en 1919.
    Le phénomène révolutionnaire a pour caractéristique en effet l’implosion rapide de tout le système institutionnel : les régiments se mutinent, la police disparaît du jour au lendemain, les fonctionnaires n’obéissent plus, les usines s’arrêtent, les amis d’hier se haïssent.
    Mais jusqu’au moment fatal rien ne le laissait vraiment prévoir. Ce qui prouve que les révolutions ont avant tout des causes psychologiques et morales.
    À l’époque contemporaine la France a connu un temps ce phénomène étrange : en mai 1968, avant le retour de Baden-Baden de De Gaulle, qui a justement réussi à interrompre le processus d’implosion.
    5/ C’est la combinaison catastrophique de multiples causes qui conduit aux révolutions :
    Le propre d’une catastrophe est de combiner différentes causes normalement indépendantes mais qui brusquement produisent des effets convergents et inattendus.
    Le Titanic coule sans secours parce que le commandant veut naviguer vite de nuit (sans radar..) dans une zone d’icebergs, parce qu’un iceberg est de forme biscornue, parce que toutes les cloisons étanches ne sont pas posées et parce qu’aucun bateau alentours n’interprète correctement les signaux de détresse qu’il émet.
    Il en va de même des bouleversements politiques qui sont assimilables à des catastrophes. Ils ne peuvent se réduire à une cause unique.
    Car l’accumulation de petites causes peut produire de grands effets comme le savait la sagesse populaire et comme le redécouvre la théorie du chaos. C’est aussi ce qui rend difficile les prévisions politiques car les régimes sont des systèmes complexes.
    Plus grande la complexité, plus élevé le risque de conjonction imprévue.
    Souvent un évènement joue à lui seul le rôle de catalyseur de la crise politique : dans l’histoire il s’agit souvent d’un évènement extérieur (défaite militaire notamment). Il est intéressant de relever d’ailleurs que les républiques en France ont toutes chuté à l’occasion de conflits extérieurs.
    6/ Malgré les apparences, on ne doit donc pas exclure l’occurrence de bouleversements politiques majeurs dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui :
    Les sociétés occidentales modernes sont certes dotées d’appareils de répression et de sidération de l’opinion – en particulier grâce au pouvoir médiatique – formidables et qui paraissent sans précédent dans l’histoire. Les citoyens sont en général réduits au silence (« majorités silencieuses ») car ces sociétés sont devenues de puissantes oligarchies.
    Mais ne disait-on pas la même chose de tous les puissants empires qui se sont pourtant effondrés ?
    On ne doit pas oublier en outre que ces sociétés sont de plus en plus hétérogènes, en particulier du fait de l’immigration de masse, donc plus complexes. La domination des valeurs marchandes a conduit en outre à l’atomisation sociale. Sous l’influence des médias ces sociétés deviennent composées de foules psychologiques, aux réactions sentimentales imprévisibles.
    Pour l’instant le Système qui s’est imposé en Occident paraît inexpugnable. Mais pour combien de temps ?
    Michel Geoffroy, 07/05/09 http://www.polemia.com