Pour la plupart de nos contemporains, l’évocation de Georges Sorel revient le plus souvent à l’analyse du théoricien de la violence. Son ouvrage le plus célèbre, Réflexions sur la violence (1908), constitue une contribution irremplaçable au mythe révolutionnaire. On sait l’importance que constitue pour ce penseur exceptionnel le concept de « mythe ». Le mythe révolutionnaire sorélien est inspiré d’une vision polémologique des rapports sociaux. La violence informe l’action révolutionnaire et l’investit d’une conception réaliste de l’histoire. Comme moyen d’agir sur le présent, le mythe prolétarien est un outil au service de la révolution anti-bourgeoise. C’est aussi un outil conceptuel qui doit d’abord s’opposer à la fois à l’utopie socialiste et au conservatisme libéral. Ce discours très original, activiste par excellence, donne une place privilégiée à l’œuvre de Sorel dans notre conception du socialisme.
Avant d’aborder l’analyse proprement dite du mythe de la violence comme idée-force chez Sorel, il est utile de présenter l’homme et son œuvre. C’est à partir de cette connaissance de l’environnement idéologique que nous pourrons, dans une 2nde partie, présenter les caractères de cette « violence » en tant que mythe et des conséquences qui en découlent sur notre propre position.