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culture et histoire - Page 533

  • LA FAUTE DU KAISER

    L’hégémonie allemande voulue par Guillaume II a préparé la guerre de 14

         Alors que l’actualité internationale est commandée, à propos de la crise syrienne, par le bras de fer entre Obama et Poutine et par les divisions entre Européens, se replonger dans le monde d’il y a un siècle, c’est à la fois retrouver des éléments comparables (la mondialisation, l’ambition russe manifestée jusqu’au Moyen-Orient, le dynamisme allemand) et des différences radicales (la plus tangible étant que les Etats-Unis, à l’époque, ne comptaient pas, hors l’Amérique latine, sur la scène internationale).
         Comme l’univers a changé ! Le constat s’impose en lisant le livre que Charles Zorgbibe consacre à Guillaume II. Juriste et historien, ancien professeur à la Sorbonne et ancien doyen de la faculté de droit de Paris-Sud et recteur d’Aix-Marseille, l’auteur, qui a déjà publié des biographies de Herzl, Delcassé, Metternich et Talleyrand, est un spécialiste des relations internationales. C’est donc cet angle qu’il privilégie pour relater la vie du dernier empereur allemand, dans un ouvrage facile à lire, mais dont on peut regretter les trop nombreux dialogues prêtés aux personnages, procédé qui, ces échanges n’étant pas attestés, altère malheureusement le caractère scientifique de ce travail qui s’appuie pourtant sur une documentation solide.
         Roi de Prusse et empereur allemand en 1888, Guillaume II se sépare de Bismarck dès 1890, donnant un « nouveau cours » (Neue Kurs) à la politique allemande. En liaison avec l’essor industriel du Reich, le souverain pousse son pays à l’expansion commerciale, maritime et coloniale. Mais cette politique heurte de plein fouet les intérêts britanniques, et incite la France à se rapprocher de la Russie : ainsi se met en place le mécanisme des alliances qui enclenchera la Première Guerre mondiale.
         Zorgbibe est indulgent avec son héros. Il ne peut cacher, cependant, les contradictions de Guillaume II qui menait cette politique en voulant rester ami avec l’Angleterre – il était un petit-fils de la reine Victoria – et en aspirant à la paix avec la France. A partir de 1913, la logique des faits sera plus forte, et l’Europe roulera vers la guerre. S’il n’était pas le seul coupable, le Kaiser n’en était pas innocent.

    Jean Sévillia

    Guillaume II, de Charles Zorgbibe, Fallois, 398 p., 24 €.

    https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/la-faute-du-kaiser/

  • NOËL AU COEUR DE NOTRE IDENTITÉ !

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    Alors que la Fête de Noël approche, il est opportun de rappeler quelques vérités. Noël est une fête intensément identitaire, au croisement de la géographie, de l’histoire, de la culture et de la religion. C’est l’anniversaire de la naissance du Christ, et en ce sens une célébration chrétienne, dont la date a été fixée arbitrairement à quelques jours du solstice d’hiver, c’est-à-dire du moment de l’année où les jours vont à nouveau s’allonger et le soleil monter à l’horizon.

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  • L’Art poétique de Charles Maurras

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    «  Le Dieu t'encoche à l'arc de la mer »

    Charles Maurras

    2932134988.jpgCharles Maurras est un illustre méconnu. On retient de son œuvre   des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs. Quelques formules suffisent à l'intellectuel qui se targue de culture générale. Il parlera d'empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d'antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l'inanité de l'œuvre. Ces méthodes expéditives, que l'on applique également à Gobineau et qui trahissent l'inculture croissante de nos contemporains, n'expliquent rien de l'influence profonde que l'œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, - auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce,  de l'Action française.

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  • Du bon usage de l'Histoire, par Frédéric de Natal.

    Quand le roi Louis XVI se faisait vacciner, ainsi que ses frères, futurs Louis XVIII et Charles X...

    A chaque siècle, ses anti et pro-vaccins. Alors qu'il est très probable que nous soyons de nouveau reconfinés après les fêtes, certains pays comme l'Italie, le Royaume-Uni, l'Italie, la Suède, l'Autriche, l'Allemagne (et ce matin la fermeture des frontières aériennes aux Pays-Bas), ayant déjà pris des décisions en ce sens, les français se déchirent sur ce fameux vaccin qui est censé mettre fin à la pandémie de Covid-19. 

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  • Julius Evola et Mircea Eliade : une amitié oubliée 3/3

    Si le chercheur universitaire peut avoir été “déformé” et “contaminé”, si le chercheur Eliade a éloigné le chercheur Evola de sa propre production scientifique, tout en ayant accueilli ses propositions, suggestions et hypothèses, il n’en fut pas ainsi par contre pour Eliade narrateur. La narration est une activité qu’il plaçait avant celle d’historien des religions et pour laquelle spécifiquement il aurait voulu qu’on se souvienne de lui et qu’on l’apprécie, se gagnant une telle réputation de pouvoir aspirer au Prix Nobel — comme me le dit dans les années septante Mircea Popescu (le premier traducteur de Cioran en italien).

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  • Le PCF en son centenaire honteux

    6a00d8341c715453ef0263e9826f35200b-320wiOn s'achemine, dans les jours qui viennent, vers une évocation certainement urticante, des travaux du congrès du parti socialiste à Tours en 1920. La majorité des délégués y décida, au terme de 4 jours de débats, du 25 au 28 décembre, de transformer cette organisation en Section française de l'Internationale communiste créée à Moscou par Lénine en 1919.

    L'appellation unique de PCF, parti communiste français, qui subsiste aujourd'hui encore, ne se substitua définitivement à celle de SFIC qu'en 1943. Il ne s'agissait pas d'un quelconque camouflage pseudo-patriotique, comme on l'entend si souvent affirmer, mais en application de la décision de Staline lui-même de dissoudre le Komintern.

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  • Le roman noir du génocide vendéen

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    Voilà un livre qui s'avale d'une traite, comme un roman policier. D'ailleurs, tout bien considéré, c'en est un…

    En posant la question de l'existence, oui ou non, d'un génocide en Vendée sous la Terreur, Jacques Ville-main propose de résoudre un crime. A-t-il eu lieu ? Qui donc l'a commis ? Et (a-t-on envie d'ajouter), pourquoi est-il nié ?

    L'auteur de Vendée 1793-1794, une étude juridique (éditions du Cerf) a toute légitimité contemporaine pour répondre à ces questions. Juriste, diplomate, Jacques Villemain a une connaissance de première main du droit des crimes de guerre, et des crimes contre l'humanité, et de la forme spécifique de ces derniers qu'est le crime de génocide, qui, à la barbarie, ajoute une volonté d'éradication d'une population donnée. Il a travaillé plusieurs années sur ce type d'affaires, notamment auprès de la Cour pénale internationale à La Haye. Alors que le droit de ces tribunaux internationaux associe les traditions du droit romain écrit et le principe de la common law anglo-saxonne, sa fine connaissance de leur jurisprudence permet à Jacques Villemain de répondre de manière impitoyable aux objections à la reconnaissance du génocide de la Vendée.

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  • Julius Evola et Mircea Eliade : une amitié oubliée 2/3

    Alors que dans le cadre de "certains voyages en Europe" (13) Evola décida de se rendre à Bucarest en mars 1938 pour y rencontrer Corneliu Codreanu, on comprend alors pourquoi il fit référence à ceux qu’il définit une fois les "amis roumains" (14) et une autre fois "un Roumain avec lequel il était déjà en relation, parce qu’il s’intéressait aux études traditionnelles" (15) — et que Claudio Mutti, après une série de recherches et de croisements entre différentes sources, identifie avec Vasile Lovinescu alias "Geticus" et avec Mircea Eliade (16). Eliade aurait été présent à la rencontre entre Evola et Codreanu (17). Mais ce dernier détail n’est pas si important que cela en réalité. Est important par contre le fait qu’il y eut une connaissance et une estime propres à pousser Evola à faire référence justement à Lovinescu et à Eliade.

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  • Julius Evola et Mircea Eliade : une amitié oubliée 1/3

    Les rapports entre Mircea Eliade et Julius Evola sont encore, pour ainsi dire, peu connus. Extérieurement, ils se limitent à des citations réciproques et sans excès, mais il est évident qu’il y a beaucoup plus entre eux, même s’il me semble que personne n’a encore essayé d’analyser complètement leurs rapports personnels et les éventuelles influences réciproques du point de vue intellectuel. Ce dernier problème a été affronté par bien peu d’auteurs, et je pense à Ioan Culianu, Furio Jesi et Crescenzo Fiore, qui l’ont d’ailleurs fait à travers le filtre d’un préjugé que l’on pourrait bien qualifier d’idéologique, puisqu’ils considèrent presque comme une "faute" le fait qu’Eliade ait entretenu des rapports avec ceux que l’on définit ironiquement comme "les maîtres de la Tradition" (c’est-à-dire Guénon et Evola) et qui par conséquent acceptent chaque fois ce fait acquis comme un élément pour l’excuser ou bien au contraire, ils s’en servent pour lui reprocher certains choix méthodologiques et philosophiques.

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  • DE NAPOLÉON À LOUIS XVIII

    En 1814, Talleyrand gagne le tsar au retour des Bourbons.

         Le 31 mars 1814, il y a deux cents ans, Alexandre Ier, tsar de toutes les Russies, entrait dans Paris en vainqueur. La veille encore, on s’était battu à Pantin et à Montmartre. C’était la fin de la campagne de France. Deux mois durant, Autrichiens, Prussiens, Russes, Britanniques et Suédois avaient affronté un Napoléon qui avait retrouvé l’énergie et le génie stratégique de sa jeunesse, comme le rappellent les témoignages réunis par l’historien Jean-Joël Brégeon (1). Vaincus à Montmirail, à Champaubert, à Montereau et à Reims, les coalisés l’avaient quand même emporté, leurs troupes ayant pour elles le nombre et l’expérience, et la volonté d’en finir, tandis que l’Empereur s’était battu avec les débris de la Grande Armée et des conscrits inexpérimentés, et que la lassitude pointait dans un pays qui, à l’issue de vingt années de guerre, aspirait à la paix.
         La suite n’était pas écrite d’avance : les souverains alliés n’étaient pas d’accord entre eux sur le sort à réserver à la puissance occupée. Talleyrand, ancien ministre des Relations extérieures, désormais brouillé avec Napoléon, estime que le rétablissement des Bourbons serait accepté par les vainqueurs comme par les Français, une fois leurs réticences dissipées. Le diplomate commence par en convaincre le tsar qui loge chez lui, rue Saint-Florentin, tout en lui exposant que cette nouvelle orientation politique ne doit pas émaner de l’étranger. Le 3 avril, le Sénat vote donc la déchéance de Napoléon et, deux jours plus tard, fait appel au comte de Provence (Louis XVIII), qui est invité à devenir « roi des Français (…) par le voeu de la nation ».
         Talleyrand a imposé une solution française, mais Alexandre Ier s’y est rallié, et amènera les autres souverains à cette solution, parce que le tsar, homme des Lumières, a reçu l’assurance que la Restauration ne serait pas la restauration de l’Ancien Régime. Cet épisode est connu, mais Marie-Pierrre Rey, une spécialiste de la Russie, l’éclaire d’un jour nouveau (2). C’est un paradoxe : l’institution d’une monarchie libérale, en France, en 1814, a été rendue possible par la rencontre du Diable boiteux, qui avait servi tous les régimes, et du tsar, qui était un autocrate.

    Jean Sévillia

    (1) Histoire de la campagne de France. La chute de Napoléon, de Jean-Joël Brégeon, Perrin, 400 p., 21 €.

    (2) 1814. Un tsar à Paris, de Marie-Pierre Rey, Flammarion, 332 p., 22 €.

    https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/de-napoleon-a-louis-xviii/