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divers - Page 394

  • La "réinformation" est un créneau qui fonctionne sur internet

    Et cela les inquiète. Jean-Marie Charon, sociologue des médias, explique que la montée des médias de masse, et notamment la télévision, a banni certaines opinions, certaines idées. C'est ce que l'on appelle le politiquement correct : si vous n'en n'êtes pas, vous êtes exclu.

    6a00d83451619c69e201b7c88f093c970b-800wi.jpgPrivés de leur droit de cité dans les médias, ces courants ont, selon le sociologue, "profité de l'essor du numérique pour lancer leur propre plateforme d'information".

    La révolution numérique au service des idées de droite.

    Dominique Albertini, journaliste à Libération et co-auteur de l'ouvrage "La Fachosphère. Comment l'extrême droite a remporté la bataille" à paraître le 21 septembre, estime que la "réinformation" est avant tout "un concept marketing car la plupart de ces médias sont des médias d'opinion". Une opinion politiquement incorrecte.

    Michel Janva

  • Sauve ton peuple où il sera changé !

    Alors que la majorité des Français profite des vacances d’été, les événements qui se sont produits à Sisco en Corse à la suite du port du burkini, à savoir des rideaux portés sur quasiment tout le corps pour se baigner, et la rixe qui a suivi entre les familles maghrébines et des jeunes Corses, il est temps d’arrêter de tourner en rond. Il faut saluer la réactivité des Corses pour protéger les membres de leur clan. Depuis, plusieurs communes ont mis en place des arrêtés anti-burkini aussitôt attaqués devant le juge car supposés discriminatoires. 
    Les événements de Sisco montrent plusieurs points : 
    Tout comme les autres minorités, la communauté musulmane est devenue une part de marché à fort potentiel même si celle-ci n’est plus désormais une minorité en France. A titre d’exemple, l’entreprise Marks & Spencer a commercialisé le burkini en Grande-Bretagne, la même entreprise qui dans les années 1970 était dirigée par Joseph Sieff, qui avait subi une tentative d’assassinat par Ilich Ramirez Sanchez alias Carlos pour son soutien indéfectible à la cause sioniste et à Israél, c’est ici un retournement à 180°, mais l’argent n’a ni couleur ni odeur… 
    Après la mort de plus de 200 de nos compatriotes, le port de tels vêtements en France, et juste après le massacre de Nice est un ultime acte de provocation. Le port du burkini, du tchador et du voile ne sont plus des actes anecdotiques et les exemples se multiplient dès à présent. L’auteur de ces lignes a pu entendre un chant guerrier musulman sur une place publique française le lendemain de l’acte barbare commis à Nice, alors qu’on ne vienne pas nous parler des troubles commis par l’extrême-droite.
    Il ne faut pas faire d’amalgames comme diraient les vigies interlopes et apôtres du multiculturalisme, cependant, le lien entre islam et immigration est inévitable : pour exemples, un des barbares de l’église de Saint-Etienne de Rouvray est un Tunisien ; celui qui avait attaqué le commissariat était un migrant ; une partie de l’équipe des attentats du 13 novembre était aussi composée de migrants passés par l’île de Lesbos. 
    Les faits parlent d’eux-mêmes. Il faut arrêter dorénavant de parler de racisme pour fermer les yeux sur une situation qui dépasse nos politiques et où leur seule politique actuelle est de bâillonner les Français pendant qu’ils meurent à petit feu.Pour un terroriste tué par les forces de l’ordre, combien de Français périssent à chaque fois ? Nous sommes clairement dans une courbe exponentielle et nous ne sommes pas loin de parler de génocide. 
    Génocide il y a eu en Serbie quand l’OTAN a pilonné les populations civiles, génocide il a en Irak quand les Alliés bombardent et que les islamistes posent des bombes chaque semaine. En France aussi, un peuple est clairement visé et les chiffres des morts sont consternants. 
    L’ironie de l’histoire tient au fait que les forces de l’ordre ne se cachent plus pour dire que nous sommes dans une guerre, c’est bien le cas puisque notre ennemi nous a déclarés la guerre. Mais ces mêmes forces de l’ordre dépenseront toute leur énergie pour retenir toute forme d’autodéfense populaire quitte à les amener devant le juge. Et le juge crypto-marxiste, syndiqué dans le fameux syndicat de la magistrature du Mur des cons est cependant beaucoup plus laxiste pour « certains criminels », quitte à relâcher un islamiste radical pour lui mettre un bracelet électronique : on a vu le résultat. 
    Alors que faire. Déposer une bougie et faire un dessin de souvenir ? Écrire à la craie sur le sol « Paix et halte au terrorisme » ? Mettre des photos sur les réseaux sociaux de drapeaux français ou des photos avec des doigts d’honneur au terrorisme ? 
    C’est désormais le moment pour chacun de nous de devenir vigilant, de montrer que l’on est chez nous et que nous ne nous laissons pas faire, comme l’ont très bien fait les Corses à Sisco pour protéger les membres de leur famille face à la haine extra-européenne. Car si haine il y a, elle ne vient pas du Français qui cherche à vivre en paix et protéger sa famille, elle vient de personnes certes déracinées mais qui ne voient plus en nous l’ami, le voisin ou le compatriote. Le sacrifice de leur vie et leur interprétation de leur religion fait de nous des vaches à lait impuissantes qu’il faut guérir soit par la conversion, soit par la mort. 
    2017 doit être une année décisive pour le peuple français, que ce soit pour les élections présidentielles, mais aussi et surtout pour les législatives, pour que l’Assemblée nationale soit enfin représentative du nombre d’électeurs patriotes. 2017 n’est pas une fin en soi, mais c’est un moyen supplémentaire d’éviter la chute vertigineuse que nous connaissons actuellement. 
    Est-ce qu’il y aura encore des attentats même avec le FN ? Oui, certainement. Malheureusement, la situation ne peut plus s’inverser aujourd’hui. Nous sommes sur une pente ascendante, exponentielle même avec la probabilité d’attentats à la bombe piégée en public, ce qu’ils ont déjà essayé de faire au Stade de France. Il ne s’agit plus de tergiverser, tout Français qui aidera ces populations pour quelque raison que ce soit, tiers-mondisme, boboïsation, sentiment de repentance, moyen de gagner des électeurs, toutes ces personnes sont et/ou deviennent des traîtres. Ce sont aussi ces personnes-là qu’il faut montrer du doigt, qu’il faut mettre sur le fait accompli en public. 
    Les manifestations et actions civiques des Indigènes, c’est-à-dire les Français (à l’image des Indigènes indiens massacrés par les Américains quand ils débarquèrent sur le nouveau monde) doivent être nombreuses et visibles. Pas d’exaltation à la violence ou à la vengeance (les autorités seraient trop contentes d’arrêter pour ce simple motif), mais la simple reconnaissance d’un peuple qui ne veut non plus vivre mais survivre face à ce nouveau défi qui engage tout Français dès à présent face aux menaces d’une extinction programmée.

     

    http://dextra.fr/2016/08/17/sauve-ton-peuple-ou-il-sera-change/

  • « La Langue des médias » d’Ingrid Riocreux

    « La désinformation n’est pas l’objet du présent ouvrage : ce qui compte pour nous, c’est la manière dont le Journaliste met en scène le réel pour qu’il entre dans les cases préconçues de sa pensée. Il regarde le monde avec des lunettes qui le lui montrent tel qu’il veut le voir ».

    La Fondation Polémia peut se flatter d’avoir été depuis une vingtaine d’années en pointe dans l’analyse critique du monde des médias : l’ouvrage La Tyrannie médiatique, la cérémonie des Bobards d’Or, les Journées de réinformation en sont le vivant témoignage. Et si l’on tient compte de surcroît de tous les autres acteurs de laréinfosphère qui, chacun à sa manière, participent au même combat, l’on peut avoir tendance à penser que le sujet a été largement épuisé.

    Le livre d’Ingrid Riocreux La Langue des médias/Destruction du langage et fabrication du consentement est donc une excellente surprise, car il montre qu’une forte conviction soutenue par un esprit rigoureux peut faire progresser la réflexion, sans verser dans la caricature ou le sectarisme.

    Que nous dit en effet Ingrid Riocreux ? Qu’il est aisé de faire des gorges chaudes de l’inculture générale des journalistes, de leur maniement plus qu’approximatif de la langue française, de leur attitude inquisitoriale à l’égard de leurs « invités » lorsque ceux-ci ont le front de mettre en cause les idées reçues, de leur art consommé du mensonge et de la désinformation.

    L’auteur ne se borne pas à illustrer son propos par un florilège de citations savoureuses et à rappeler certaines opérations de manipulation de l’opinion : ce volet de l’ouvrage – qui a dû requérir un minutieux travail d’inventaire – est certes présent et en rend la lecture très fluide.

    Mais le propos est plus ambitieux et surtout plus grave : il s’agit de montrer qu’au-delà des imperfections de langage qui ne sont que le reflet de l’abaissement général du système éducatif, les Journalistes sont au service d’une idéologie, celle de la pensée dominante. Ils sont « les gardiens du Code ».

    Mme Riocreux n’a évidemment aucune difficulté à étayer son exposé d’exemples de « traitement de l’information » tous plus éloquents les uns que les autres : l’immigration, le racisme et l’antisémitisme, la Manif’ pour Tous, l’Ukraine et bien entendu l’islam, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser…

    Ainsi naît cette langue des médias, véritable mise en scène du réel, qui va de proche en proche conduire l’auditeur ou le téléspectateur à se persuader que « c’est vrai puisqu’ils l’ont dit à la télé ».

    Je laisse le soin au lecteur de découvrir les attributs et les nombreux avatars de ce langage, dont le caractère « déglingué » facilite paradoxalement l’efficacité du conditionnement de l’opinion, cette « fabrication du consentement » que l’auteur évoque dans le sous-titre de son ouvrage.

    En filigrane des riches développements théoriques et illustratifs consacrés à l’analyse de cette langue, deux points ont retenu mon attention :

    En premier lieu, Ingrid Riocreux souligne que son intention, louable au demeurant, est de se situer dans un moyen terme entre la paranoïa et la naïveté. Autrement dit, il faut garder du recul vis-à-vis de l’idée d’un « complot du quatrième pouvoir », mais être bien conscient que les techniques de manipulation existent bel et bien, et que les médias en sont souvent l’instrument : s’il ne faut retenir qu’un seul exemple de cette vérité, celui de la « photo du petit Aylan » suffit à suppléer à d’abondants discours.

    A cet égard, l’auteur exprime l’opinion que les journalistes sont eux-mêmes manipulés par des forces qui les dépassent. C’est une idée qui comporte sa part de vérité : les annonceurs qui apportent la manne publicitaire, les grands groupes financiers et économiques qui possèdent une bonne partie de la presse écrite et audiovisuelle, l’Etat sont des acteurs avec lesquels il faut compter, et qui véhiculent l’idéologie libérale-libertaire elle-même au cœur de la pensée dominante.

    Cependant, sauf à penser que les journalistes sont uniquement motivés par l’appât du lucre et peu enclins à mordre la main qui les nourrit, il est plus réaliste de reconnaître que tout le Système, notamment le processus de formation des apprentis journalistes, communie d’emblée avec la bien-pensance générale. Par conséquent, le monde médiatique, comme nous le répétons sans relâche, n’est ni Grand Manipulateur, ni esclave docile : il est l’un des exécutants dans le concert de l’orchestre mondialiste et cosmopolite.

    Enfin, une citation mérite que l’on s’y arrête un instant : « …le seul censeur du Journaliste, c’est le Journaliste lui-même. Et cette autocensure est essentiellement morale. […] C’est un conditionnement d’ordre éthique et, partant, idéologique. […] Les médias de réinformation ne fonctionnent pas autrement, seul diffère le soubassement idéologique. Et les uns comme les autres finissent par voir les choses telles qu’ils les disent. Ce n’est pas grave, c’est même inévitable. Mais que l’on n’aille pas prétendre que l’actualité s’écrit toute seule par l’entremise d’un Journaliste réduit au rôle de scribe » (p. 283).

    La dernière phrase hors de son contexte donne l’impression que ce sont les médias de réinformation qui prétendent à la « neutralité axiologique » du journaliste. Lorsqu’on lit l’ensemble de l’ouvrage, il apparaît que l’auteur est loin d’être hostile à l’action de réinformation et que le reproche s’adresse en fait à ceux qui prennent la défense des médias dominants en niant leur imprégnation par l’idéologie libérale-libertaire. Cela dit, rien ne nous interdit de faire notre profit de la leçon de modestie de Mme Riocreux, même si nous ne cherchons pas, et de loin, à nous parer du titre de « journaliste », et même si le démantèlement des bastions médiatiques de la pensée dominante n’est pas pour demain.

    Bernard Mazin, 25/08/2016

    Ingrid Riocreux, La Langue des médias/Destruction du langage et fabrication du consentement, Editions de l’Artilleur/Toucan, mars 2016, 334 pages.

    http://www.polemia.com/la-langue-des-medias-dingrid-riocreux/

  • Le CMRDS 2016 : Une très grande réussite

    Le CMRDS 2016 et l’UdtAF viennent de se terminer, vous avez été 184 à y participer. Merci à vous tous pour cette édition qui encore une fois a été marquée par la qualité de la formation intellectuelle et militante ainsi que par la bonne humeur. 

     

  • Ezra Pound: décadence des lettres, décadence de la Nation

    Ezra Pound est la figure majeure de la poésie du XXe siècle. Qu’il s’agisse de ses fameux Cantos, comme de ses abécédaires (et de son  Comment Lire), l’œuvre poundienne constitue une incontournable source d’appréhension et de compréhension de la littérature, comme de la poésie. Cela étant, au travers de ses essais et de ses poèmes, Ezra Pound établit à plusieurs reprises une corrélation entre la décadence littéraire d’une nation et la décadence de cette nation elle-même. Si le langage et la littérature entretiennent des liens évidents, Pound remarquait que la régression littéraire engendrait forcément une régression du langage, et fatalement celle de la culture nationale : « si la littérature d’une nation décline, cette nation s’atrophie et périclite ». S’il évoquait déjà subrepticement la question dans Comment lire, c’est dans son ABC de la lecture qu’il aborda au fil des chapitres le drame du déclin littéraire comme déclin national, dans l’indifférence la plus totale, sinon dans la joie de la masse de consommateurs acculturés.

    99423819.jpgSi Comment Lire était un pamphlet auquel on reprocha cependant de ne pas aller suffisamment au fond des choses, Ezra Pound se rattrapa dans ABC de la lecturequi doit être lu comme un complément au premier livre où il  y développa sa propre doctrine  littéraire, mais surtout sa propre doctrine du langage. Or, comme la littérature est « du langage chargé de sens », la « grande littérature est tout simplement du langage chargé de sens au plus haut degré possible ». Ainsi, pour Ezra Pound, « le Langage a été manifestement créé pour – et sert manifestement à – la communication » (communication ne s’entendant pas dans son acception moderne qu’est celle du marketing, bien évidemment). De la sorte, lorsque la littérature connaît une phase de déliquescence, cela influe fatalement sur le langage, et donc sur la communication entre les hommes. Pire même, c’est la culture de la nation qui subit cet avilissement ; en s’accoutumant au médiocre, l’homme finit par le considérer comme une normalité des plus banales, avant de le confondre avec l’excellence, puisqu’« un peuple qui croît dans l’habitude d’une mauvaise littérature est un peuple sur le point de lâcher prise sur son empire et sur lui-même ».

    « L’Homme sensé ne peut rester assis tranquillement à ne rien faire quand son pays laisse mourir sa littérature, quand la bonne littérature ne rencontre que le mépris, de même qu’un bon docteur ne peut avoir la conscience tranquille quand un enfant ignorant est en train de s’inoculer la tuberculose comme s’il s’agissait simplement de manger des tartes à la confiture. »

    -Ezra Pound-

    Les causes de l’avilissement du langage selon Ezra Pound convergent avec les observations que fit Pasolini quelques années plus tard dansEmpirisme Hérétique ; il pointe les dégâts que cause l’Usure, mais aussi le catholicisme qu’il percevait comme une religion castratrice, en prenant comme point d’appui la décadence de Rome qui transforma « de bons citoyens romains en esclaves ». De fait, si Dieu est aussi mort aux yeux de Pound, l’hégémonie culturelle des sociétés modernes est aux mains de la Technique. Si le degré hégémonique de cette dernière indique le niveau de décadence d’une civilisation, Ezra Pound estime que c’est d’abord la littérature, et donc le langage, qui en pâtit la première, car si « Rome s’éleva avec la langue de César, d’Ovide et de Tacite. Elle déclina dans un ramassis de rhétorique, ce langage des diplomates « faits pour cacher la pensée », et ainsi de suite », dit-il dans ABC de la Lecture. La critique d’Ezra Pound ne diffère guère de celle de Bernanos ou de Pasolini sur ce point, outre le fait qu’il aille plus loin dans la critique, n’hésitant pas à fustiger les universités, au moins étasuniennes, comme agents culturels de la Technique, mais aussi l’indifférence navrante de ses contemporains. Le triomphe des Musso, Levy et autre Meyer ne trouve aucune explication logique, tout du moins sous le prisme littéraire. Seules les volontés capitalistes des éditeurs – se cachant sous les jupes du « marché » qu’ils ont pourtant façonné – expliquent leur invasion dans les librairies. Comme il l’affirme dans Comment Lire, « Quand leur travail [des littérateurs, ndlr] se corrompt, et je ne veux pas dire quand ils expriment des pensées malséantes, mais quand leur matière même, l’essence même de leur travail, l’application du mot à la chose, se corrompt, à savoir devient fadasse et inexacte, ou excessive, ou boursouflée, toute la mécanique de la pensée et de l’ordre, socialement et individuellement, s’en va à vau-l’eau. C’est là une leçon de l’Histoire que l’on n’a même pas encore à demi apprise ».

    En lançant pareille provocation, Ezra Pound se refusait cependant à tout élitisme. Au contraire, puisqu’il jugeait l’état littéraire d’une nation comme représentative de sa santé culturelle et politique. Il anticipa néanmoins les critiques de ses détracteurs en déplorant qu’« il [soit] très difficile de faire comprendre aux gens cette indignation impersonnelle qui vous prend à l’idée du déclin de la littérature, de ce que cela implique et de ce que cela produit en fin de compte. Il est à peu près impossible d’exprimer, à quelque degré que ce soir, cette indignation, sans qu’aussitôt l’on vous traite « d’aigri » ou de quelque autre chose, du même genre. »

    C’est justement cette incapacité à réagir, et même cette propension incompréhensible à applaudir l’avilissement que provoque la culture de masse, qui hérissait Ezra Pound. Le poète s’accorde plusieurs apartés dans Comment Lire où il raille cette hégémonie de la Technique sur la création. Alors que la poésie, et la littérature, sont chargés de sens, il voyait dans l’avènement des pseudo-manuels du bon écrivain non pas une réelle méthodologie comme celles qu’il aborda dansABC de la Lecture, mais une recette qui fonctionnerait à tous les coups pour fainéants qui souhaiteraient avoir du succès en matière littéraire, au détriment de la connaissance et du savoir. « Le mépris général voué au « savoir », le mouvement de recul du grand public devant tout livre réputé « bon » et, d’autre part, les publicités flamboyantes sur le mode « Comment avoir l’air de savoir quand on ne sait rien », auraient pu indiquer depuis beau temps aux âmes sensibles que quelque chose cloche dans les méthodes contemporaines de diffusion des belles-lettres »

    « Un premier larron invente quelque chose, un deuxième met en valeur, ou plusieurs douzaines généralisent un enthousiasme ou une surabondance mousseuse ou onctueuse, après quoi un dernier tente de remettre de l’ordre. Par exemple, l’estimable Pléiade émascule la langue française, et les classiques anglais, etc., toutes choses bonnes à reléguer en zone subsidiaire : intérêt pour une époque, intérêt historique, bric-à-brac pour musées. »

    -Ezra Pound-

    Cette glorification de la médiocrité, Ezra Pound la voyait d’autant plus dans la reproduction hédoniste à laquelle s’adonnent certains scribouillards dans le but de connaître un succès commercial. Aujourd’hui, plus que jamais, la réussite d’un genre littéraire entraîne une surproduction incestueuse de ce même genre, comme c’est notamment le cas en littérature de fantaisie, où l’on vampirise encore Tolkien avec autant de vergogne qu’un charognard. Si la « technicisation » de la littérature comme moyen créatif, ou plutôt en lieu et place de toute création, devient la norme, alors, comme le remarquait plus tard Pasolini, cela débouche sur une extrême uniformisation du langage, dans une forme déracinée, qui efface petit à petit les formes sophistiquées ou argotiques d’une langue au profit d’un galimatias bon pour les robots qui présentent le journal télé comme on lirait un manuel technique. Les vestiges d’une ancienne époque littéraire ne sont plus que le fait de compilations hors de prix et d’hommages ataviques afin de les présenter au public comme d’antiques œuvres dignes d’un musée : belles à regarder, mais réactionnaires si elles venaient à redevenir un modèle. Ezra Pound disait que « le classique est le nouveau qui reste nouveau », non pas la recherche stérile d’originalité qui agite la modernité comme une sorte de tautologie maladive.

    Dante Auditore

    http://euro-synergies.hautetfort.com/