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divers - Page 391

  • L'idéologie LGBT est implicitement totalitaire

    Todd Huizinga, ancien diplomate américain qui connaît bien les rouages de l’Union européenne pour avoir été en poste à Bruxelles, dénonce le totalitarisme intrinsèque de l’idéologie LGBT :

    6a00d83451619c69e201b8d21eadb7970c-800wi.jpg« J’estime que l’idéologie LGBT est implicitement totalitaire : implicitement, car elle va détruire les libertés de manière implicite ».

    « Le mariage est – il est tout simplement – une institution entre un homme et une femme, il n’est ni contre ni pour tel ou tel, c’est ce qu’il est objectivement. C’est la manière objective dont nous autres en Occident avons trouvé le moyen d’avoir des familles qui élèvent les enfants dans un environnement stable, avec deux modèles différents [un père et une mère] dont ils ont besoin pour grandir et devenir des êtres humains à part entière. Maintenant cela a été redéfini, et vous voilà “raciste sectaire” si vous refusez d’accepter cette définition ».

    «Je comprends que certaines personnes se trouvent dans des situations psychologiques où il se sentent mal à l’aise par rapport à leur genre physique, mais cela ne signifie pas qu’un homme ou une femme puisse subitement appartenir au sexe opposé ». « Voilà qui révèle véritablement le profond déni de réalité qui se trouve derrière le mouvement de l’identité de genre ».

    Mais pourquoi qualifier cela d’intrinsèquement totalitaire ? Pour Huizinga, cela est manifeste dans la manière dont cette idéologie s’est emparée de la sphère publique. Les activistes LGBT qui diabolisent ceux qui les contredisent en les traitant de sectaires « racistes » ou d’« homophobes » démontrent que

    « ceux qui font fi de la réalité sont implicitement totalitaires, car lorsque ce qu’ils disent n’est manifestement pas en adéquation avec la réalité, il faut obligatoirement marginaliser ceux qui présentent les arguments de la réalité ». « Si l’empereur est nu, on ne peut permettre à quiconque de dire que l’empereur n’a pas d’habits ».

    « On constate parfois une coexistence entre des idéologies intrinsèquement liberticides et la liberté en pratique ». « Je ne dis pas que c’est ce qui arrivera, mais j’affirme que la logique de tout cela conduirait à une destruction ou un affaiblissement si grave des fondements de la liberté que nous finirions par ne pas nous rendre compte de la liberté que nous aurions conservée. »

    « Dans un monde sans vérité objective, seuls ceux qui ont le pouvoir politique peuvent décider du contenu des droits de l’homme ».

    Michel Janva

  • Brûlante inactualité

    Ils étaient déjà 23 % en 2007 : les Français sont aujourd’hui près de 40 % à estimer que la présence d’un roi au sommet de l’Etat aurait des conséquences positives sur l’unité nationale et la stabilité gouvernementale. Tels sont les chiffes, sans appel, d’un sondage réalisé par BVA pour l’Alliance Royale à la fin du mois d’août, auquel les médias de l’oligarchie, à l’exception notable du Figaro, se sont bien gardés de donner l’importance qu’il méritait à l’aube d’échéances politiciennes dont ils font leurs choux gras.  

    Pour 31 % des Français (contre 24 % en 2007), remplacer le président de la République par un monarque donnerait une meilleure image de la France dans le monde, 29 % d’entre eux étant même prêts à voter pour un candidat royaliste au premier tour de l’élection présidentielle (20 % en 2007), ce qui, si ce chiffre se vérifiait, pourrait compromettre bien des plans tirés sur la comète par ceux qui croient leur présence au second tour inéluctable uniquement parce que les médias officiels le leur font croire.

    Cette progression est évidemment due à la façon dont nos deux derniers présidents ont dévalorisé la fonction présidentielle, ce qui prouve bien, comme l’a judicieusement compris Emmanuel Macron, que les Français n’ont jamais fait leur deuil de la figure royale. Montebourg ou Mélenchon se trompent lorsqu’ils visent, dans une VIe république, une dévalorisation encore plus grande de l’exécutif. C’est au contraire l’autorité que les Français plébiscitent, une autorité non pas stupidement répressive, comme sait l’être la Marianne quand il lui prend de montrer les muscles, mais créatrice de lien social parce que placée au-dessus de partis qui ne représentent que leurs propres intérêts ou les intérêts de ceux dont ils sont la courroie de transmission. Pour Frédéric Rouvillois, professeur de droit constitutionnel à Paris-Descartes, ces chiffres sont « très impressionnants [...]. Dans la mesure où la question de la monarchie est justement d’une brûlante inactualité, ce sondage révèle comme des lames de fond ou des courants en profondeur qui agitent l’opinion publique »*.

    « Brûlante inactualité » : l’oxymore dit l’essentiel, à savoir l’insatisfaction profonde des Français face à un régime qui, non content de ne pas leur assurer du travail et de se satisfaire d’une gestion sociale du chômage, d’ailleurs de plus en plus onéreuse, ne les protège même plus. Et je ne parle pas seulement des attentats : l’Europe, l’immigration, la perspective d’un traité transatlantique nous livrant pieds et poings liés à l’hégémonie américaine et que Bruxelles négocie toujours, c’est la France dans son être charnel qui est menacée, c’est son unité sociale et culturelle qui est déchirée. Or le quinquennat d’Hollande a fini de déconsidérer une république qui ne semble plus qu’un talisman verbal aux yeux d’une grande majorité de nos compatriotes. Si «  inactuelle », donc, que peut apparaître la question institutionnelle, le malaise des Français est bien « brûlant », tout simplement parce qu’est brûlante la situation du pays. Or, en France, comme par le monde, on a déjà vu les régimes les mieux établis s’effondrer en quarante-huit heures.

    Un autre sondage, réalisé du 30 août au 1er septembre, c’est-à-dire en même temps que le précédent, mais par l’IFOP pour Atlantico, le confirme de manière tout aussi impressionnante : 75 % des Français ne sont pas touchés par l’emploi des termes «  valeurs républicaines » et « république ». Comme l’observe Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’IFOP, on assiste là à « un phénomène de saturation », « en particulier en ce qui concerne les valeurs républicaines, avec une forte dégradation depuis mai dernier » (ils étaient 65% en mai 2015) [2]. Et on peut prévoir que la campagne électorale ne fera qu’aggraver ce phénomène ! Car on assiste parallèlement à une discrédit croissant de la parole politique : les Français ne se sentent « davantage touchés » qu’à 26 % (contre 38 en mai 2015) quand les politiques leur parlent d’identité nationale. Pourquoi ? En raison, évidemment, « du décalage observable entre les valeurs proclamées et les valeurs déclinées dans la réalité »**.

    On n’en sera pas étonné, c’est au FN que la thématique de l’identité nationale est la plus forte : 48 % s’y sentent « davantage touchés » par cette thématique, contre 10 % par celle de la république. Ce qui se traduit pas un autre décalage croissant : entre le discours officiel du FN et son électorat. Lorsque Marine Le Pen centre son propos sur la république ou les valeurs républicaines, elle délaisse 90 % de ses électeurs ! Un décalage que confirme le sondage sur la monarchie : alors que seuls 4 % des sympathisants de la gauche seraient favorables à l’exercice du pouvoir par un Roi, ils sont 37 % au Front National ; quand à peine 20 % des sympathisants de gauche estiment qu’un roi à la tête de la France peut avoir des conséquences positives sur l’unité nationale, ils sont 55 % au FN ! Comme le commente encore Frédéric Rouvillois, « ce qui est curieux, c’est qu’une partie importante des électeurs du Front national sont d’anciens électeurs de gauche ! Autrement dit, ces anciens électeurs de gauche, en allant vers le Front national, s’aperçoivent qu’une forme monarchique du pouvoir pourrait s’avérer positive »*.

    Et gageons que ce décalage croissant pourrait même finir par lasser les meilleures volontés si le parti continue d’en rajouter dans la surenchère laïciste pour contrer la surenchère islamiste. Etendre à tout l’espace public l’interdiction du port non seulement du voile islamique mais également des « grandes (sic) » croix et des kippas serait faire preuve d’aveuglement et donc de faiblesse puisque cela reviendrait à tomber dans le piège tendu par les islamistes : amener le législateur français à traiter de la même façon la tradition judéo-chrétienne, qui fait corps avec notre être, et des provocations identitaires étrangères à notre sol. Mais comment en serait-il autrement lorsqu’on ignore la spécificité, tant charnelle que spirituelle, de notre nation pour une conception idéologique, désincarnée de la France — la laïcité, les valeurs républicaines — que, finalement, partagent LR, PS et FN ? François Hollande, le 8 septembre dernier, à la suite de Sarkozy le 8 octobre 2015, ne définissait-il pas la France comme une simple «  idée », évidemment soluble dans cette autre idée qu’est la république ...et, surtout, la conception que se fait de cette même république Terra Nova, le groupe de réflexion socialiste devant lequel il s’exprimait salle Wagram ?

    On a beau jeu, ensuite, de reprocher au maire de Béziers sa reprise, du reste peu originale, de la phrase hypothétique de De Gaulle sur la France, pays de race blanche. Voilà à quelles oppositions stériles entre des définitions de la nation aussi fausses l’une que l’autre aboutit le refus de toute rigueur et formation intellectuelles pour l’électoralisme le plus immédiat. Un jeune campeur d’Action française pourrait, à la fin de sa première université d’été, renvoyer dos à dos tenants d’une conception idéologique et d’une conception ethnique du peuple français, lequel « est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation », selon le mot de Bainville. Encore faut-il qu’une laïcité oublieuse de son inspiration chrétienne ne dissolve pas ce composé qui doit être pensé dans son unité culturelle, spirituelle et historique. À la veille d’échéances importantes, ne réduisons pas la France à un ectoplasme conceptuel pour le plus grand bonheur des mondialistes !  François Marcilhac

    L’Action Frrançaise 2000

    Le Figaro du 2 septembre 2016  **  Sur Atlantico le 5 septembre 2016

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Bernard Monot présente le Bulletin économique du Front National. 15/09/2016

  • Hugues Bouchu, Président de la Ligue francilienne, participera dimanche 2 octobre à Rungis à la Xe Journée de Synthèse nationale

    4214201897.jpg

  • Bistro Libertés avec Ludovine de La Rochère, Présidente de La Manif Pour Tous

  • Natacha Polony : « le zombie festif en son royaume »

    Dans cette chronique sans concessions, Natacha Polony expose et dénonce le projet de construction en Île-de-France d'un complexe gigantesque de loisir et de commerce, véritable temple à la gloire du consumérisme, qui parachève le bétonnage de la région [Figarovox - 16.09]. Sa critique ne porte pas simplement sur ce projet en tant que tel - ce qui aurait déjà son importance - mais, bien plus essentiellement, sur le cadre, les méthodes, l'idéologie, la visée à long terme dans lequel il s'inscrit : « venir à bout des résidus des temps anciens »; poursuivre le passage au monde orwellien en cours de construction voire d'achèvement. Cette critique est nôtre, et, même si, selon nous, ce n'est pas toujours le cas, Natacha Polony, en l'espèce, a mille fois raison.LFAR    

    Connaissez-vous EuropaCity ? Non ? C'est normal. Les élus et les promoteurs tremblent à l'idée que ce projet d'un gigantesque complexe de loisirs et de commerce au nord-est de Paris ne devienne un « nouveau Notre-Dame-des-Landes ». Alors que font-ils? Ils font vivre la démocratie locale pour éviter les procès en illégitimité futurs ? Non. Ils avancent en silence. Ils imposent le projet en espérant atteindre sans heurts le point de non-retour, le moment où l'on se dit qu'après tout, puisque les bulldozers sont déjà là… Cette semaine a été présenté le compte rendu du débat public tenu depuis mars 2015. Enfin, public… le moins possible. Mais il fallait bien concéder cela à quelques associations. Résultat : un modèle d'équilibrisme qui va permettre au projet de se poursuivre après « quelques amendements ». Et ce constat sublime : « Le projet EuropaCity porte une vision de l'évolution de la société qui n'a pas fait l'unanimité. »

    Résumons donc. La richesse maraîchère de l'Ile-de-France n'est plus depuis longtemps qu'un folklore d'ouvrages culinaires. Qui se souvient encore des asperges d'Argenteuil ? Pourtant, les terres entourant Paris étaient les plus fertiles. Vergers, maraîchage… Il y avait là de quoi nourrir l'innombrable plèbe urbaine. Mais il n'en reste presque plus rien. Peu à peu, les dernières fermes ont été vendues, les dernières terres agricoles recouvertes de goudron, de supermarchés et de parkings aménagés. Ah, si, il reste quelques champs du côté de Gonesse. Aussi de grands esprits ont-ils décidé de venir à bout de ces résidus des temps anciens.

    Un génie, dans le groupe Auchan, a imaginé de bâtir là un complexe pharaonique. Hôtels, restaurants, cinémas, centres commerciaux… Allez, soyons fous, on vous met aussi une piste de ski - pardon, un « snowpark » pour « freestylers ». Et puis, est-ce pur cynisme ou bien faut-il y voir le stade ultime de la stupidité progressiste et de son art de transformer le vrai en faux, on ajoutera même une « ferme pédagogique ». On présente le projet à Jean-Paul Huchon, alors président de la région Ile-de-France, qui trouve ça formidable. Manuel Valls, Nicolas Sarkozy, tout le monde est emballé. Les maires aussi. Il faut dire qu'Immochan, la filiale immobilière du groupe Auchan, sait trouver les arguments : 30 millions de visiteurs par an, dont 6 millions de touristes, 12 000 emplois créés. Le nirvana de l'élu local. Avec l'argumentaire directement issu du cerveau de marketeurs drogués à la boursouflure langagière : une «expérience à 360°» avec « show-émotion », « sun-émotion », « Xtrm-émotion » (traduction pour les ploucs et les plus de 25 ans : « émotion extrême »). Bien entendu, le projet est « écoresponsable ». D'ailleurs, le groupe invite les Franciliens à le « coconstruire ». Comme le précise le sociologue payé pour l'occasion, EuropaCity « anticipe des formes possibles de rupture dans nos modes de vivre » (sic). Bienvenue dans le cauchemar orwellien.

    Toute personne à peu près saine d'esprit serait saisie d'un doute. On prétend donc que 30 millions de personnes, 6 millions de touristes par an, se transformeront en ces « déambulateurs approbatifs » que moquait Philippe Muray, et viendront dépenser l'argent qu'ils n'ont pas (pour ce qui est des Français) et se pâmer devant ce qu'ils auront pu voir à Dubaï ou n'importe où ailleurs. Quintessence du consumérisme festif, Disneyland sans le prétexte de la souris à grandes oreilles. Les zombies contemporains s'ennuient, ils ont besoin de distraction.

    Il a fallu attendre la toute fin du débat public pour que soit produite une étude contradictoire mesurant le nombre d'emplois détruits dans l'ensemble des centres commerciaux existant déjà alentours. Résultat : de 12 000, on passe à 1 200 emplois créés. Au mieux. Peu importe. La région Ile-de-France, désormais présidée par Valérie Pécresse, a rendu en juillet un avis favorable au projet EuropaCity. Pardon, un « feu vert conditionnel ». Traduction : on a compris que tout cela est une aberration environnementale, une promesse de saturation des axes routiers (pas grave, on bétonnera encore pour élargir les routes) et un mensonge pur et simple en matière économique, on a compris mais on le fera quand même. Parce que c'est moderne. Parce qu'on est « tourné vers l'avenir ».

    Une fois que tous les élus auront validé dans l'indifférence médiatique, on sera tout étonné que des citoyens contestent leur décision. Remettre en cause la démocratie représentative et ses merveilleux rouages ? Quel populisme ! La révolte des derniers humains qui refusent le destin de zombies consuméristes infantilisés leur semblera violente. Elle n'est pourtant qu'une trace de vie. 

    Ce projet d'un gigantesque complexe de loisirs et de commerce 

    Natacha Polony     

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  • La mondialisation malheureuse ou le règne de l'oligarchie

    A l'occasion de la sortie de son essai « La Mondialisation malheureuse », le politologue Thomas Guénolé a accordé un entretien au FigaroVox [14.09] pour éclairer les rouages d'un système planétaire selon lui moins libéral qu'oligarchique.  
    1078070062.jpgLe titre de votre nouveau livre, La Mondialisation malheureuse, sonne comme une réponse à La Mondialisation heureuse d'Alain Minc. Est-ce le cas ?

    Oui. Plus largement, mon livre déconstruit brique par brique l'argumentation destinée à nous vendre la mondialisation actuelle comme étant « heureuse », le meilleur système possible ; alors qu'elle est objectivement malheureuse, c'est-à-dire inéquitable et inhumaine.

    Prenons un exemple. On nous dit que la mondialisation a toujours existé, ou au minimum qu'elle est vieille de plusieurs siècles. Donc, critiquer la mondialisation, cela reviendrait à critiquer le cours naturel de l'humanité. C'est faux : la grande interconnexion planétaire des hommes, des économies et des cultures progresse effectivement, malgré des cassures et des stagnations, depuis des siècles ; mais la mondialisation actuelle, que j'appelle malheureuse, ce n'est qu'une façon possible parmi d'autres d'organiser cette grande interconnexion. Du reste, les avocats de la mondialisation malheureuse ont beaucoup tendance à transformer « il n'y a pas d'alternative aujourd'hui » - ce qui est vrai - en « il ne peut pas y avoir d'alternative », ce qui est faux.

    Prenons un autre exemple. On nous dit que la mondialisation sous sa forme actuelle est le meilleur système possible pour faire reculer la pauvreté : c'est l'argument du « bilan globalement positif ». Or, cette théorie est indéfendable en raison des 36 millions de victimes de l'esclavage « moderne » ; notamment pour confectionner nos vêtements à prix cassés.

    Ceci, sans même parler des 3 millions d'enfants de moins de 5 ans qui meurent de la faim chaque année, alors qu'il y a encore plus de nourriture que ce dont nous avons besoin pour nourrir toute la population mondiale. C'est donc un problème de prédation et de gaspillage ; et non pas un problème de manque de nourriture.

    Vous soutenez que la mondialisation actuelle n'est ni libérale, ni néolibérale. Pourquoi ?

    D'une part, les politiques économiques que la mondialisation actuelle impose aux pays qu'elle touche consistent surtout à démanteler l'Etat-providence et à déposséder l'Etat-actionnaire. Puisque c'est donc un grand bond en arrière de la place de l'Etat dans l'économie et le social, le préfixe « néo- » est inapproprié. D'autre part, le vrai libéralisme économique est résolument hostile à toute rente de situation, à tout privilège, et à toute entente entre une poignée de grands groupes pour contrôler un marché. Prétendre que cette mondialisation est libérale alors qu'elle fabrique partout de grands oligopoles, c'est donc une usurpation.

    En réalité, puisque quelle que soit l'échelle retenue, son modèle économique et social consiste systématiquement à privilégier une minorité en précarisant une majorité, la mondialisation malheureuse est « oligarchiste » ; quant à ses grands bénéficiaires, les 0.1%, ce sont des « oligarques ». Par parenthèse, laisser les oligarchistes usurper le masque trompeur du libéralisme, c'est une énorme erreur : car cela leur permet de se prétendre mensongèrement les défenseurs de la liberté dans l'économie, alors qu'ils sont juste des défenseurs des intérêts des oligarques et des classes supérieures.

    Un défenseur de cette mondialisation vous objecterait qu'en laissant les très riches s'enrichir, on fait baisser la pauvreté…

    C'est l'argument de la « théorie du ruissellement ». Problème : il est faux. Dans ce livre, j'ai calculé le coefficient de détermination entre l'évolution des inégalités et celle de la pauvreté, pour une sélection de pays des cinq continents. Si l'aggravation des inégalités au profit des 0.1% était la cause de la baisse mondiale de la pauvreté, ce coefficient devrait être élevé, proche de 1. Or, au contraire, il est quasi-nul. CQFD: cette fameuse «théorie du ruissellement» est erronée.

    Vous appelez « pyramide globale » la société fabriquée par la mondialisation. Que trouve-t-on à ses différents étages ?

    En m'inspirant des travaux de Robert Reich, j'ai observé que la mondialisation malheureuse nous fait graduellement évoluer vers le retour des sociétés de castes. J'en compte neuf.

    Les oligarques sont ces 0.1% qui accumulent une fortune titanesque à force de prédations : par exemple, celle de l'oligarque espagnol Amancio Ortega, propriétaire de Zara, pèse 16 millions de fois la somme annuelle avec laquelle les quelque 3 millions d'Espagnols pauvres doivent survivre. Les ploutocrates sont les 10% les plus riches des différents pays : ils font partie des riches, mais ils sont aux oligarques ce que la petite Mars est à l'immense Jupiter. Les apparatchiks sortent d'un très petit nombre d'écoles véhiculant l'idéologie de la mondialisation malheureuse : ils sont tantôt cadres dirigeants de grandes firmes mondialisées, tantôt hauts fonctionnaires, et naviguent couramment d'un univers à l'autre. C'est par exemple Mario Draghi, tantôt vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe, tantôt président de la Banque centrale européenne.

    Les prêcheurs essayent quant à eux de faire passer l'idéologie de la mondialisation malheureuse, comme naguère leurs équivalents médiévaux, pour l'expression de la Vérité révélée. Ce sont surtout des économistes, qui tendent d'ailleurs à marginaliser dans le système universitaire les économistes qui ne pensent pas comme eux, comme jadis on pratiquait l'excommunication. C'est par exemple l'économiste Jean Tirole : d'un côté il prêche la précarisation des salariés en invoquant le libre jeu de la concurrence ; mais de l'autre côté, il a exigé du gouvernement que soit empêchée la création d'une seconde section d'économie dans l'université française, qui aurait fait concurrence à la sienne.

    Les nomades sont les héritiers de ceux que l'écrivain Upton Sinclair appelait les « cols blancs » dans les années 30. Ils sont très diplômés, ils font des tâches de « manipulateurs de symboles », ils ne risquent guère le chômage, ils parlent couramment le « globish », ils vivent au cœur des grandes mégapoles, et l'expatriation leur est familière. Les précaires sont les héritiers, eux, des « cols bleus ». Ils appartiennent à la couche sociale que le sociologue Guy Standing appelle le « précariat »: ils sont chômeurs ou travailleurs pauvres, ils ont des contrats fragiles et incertains, ils ont des débuts de mois difficiles, et leur visibilité sur leur avenir est quasi-nulle.

    Les fonctionnaires sont une caste hybride : certains sont « manipulateurs de symboles » comme les nomades, d'autres sont plus proches des « cols bleus », mais tous sont protégés et sédentaires. Les laissés-pour-compte sont, dans les pays du Nord, les jeunes « NEET » - ni emploi ni éducation ni formation - éjectés très tôt de l'économie ; et dans les pays du Sud, surtout des paysans sans terres. Enfin, la neuvième caste, tout en bas, celle dont on ne parle jamais, ce sont les esclaves. Par exemple, les usines de la firme chinoise Foxconn, qui produit 40% des biens électroniques du monde pour Apple, pour Nokia et pour d'autres, sont qualifiées de camps de travail par des universitaires chinois eux-mêmes.

    Vous décrivez dans votre livre une mécanique de pillage des Etats et des populations par la mondialisation, mécanique dont la matrice est selon vous le système financier globalisé. Pouvez-vous nous restituer les grands traits de cette mécanique ?

    Dans les années 1930, pour faire face au Grand Krach de 1929, le président états-unien Franklin D. Roosevelt a imposé des réformes draconiennes afin d'enfermer la finance-casino dans une camisole de fer. Pour que les cours des monnaies ne déstabilisent pas l'économie, il a inspiré la mise en place, peu après sa mort, d'un système rénové de taux de change fixes. Pour que l'écroulement des banques qui jouent en bourse ne puisse plus contaminer l'économie réelle, il a séparé les activités des banques d'affaires et des banques de détail. Pour que l'économie réelle ne soit plus essorée par les dynamiques prédatrices de grandes firmes, que ce soit envers les richesses ou envers les habitants, il a érigé une économie mixte public-privé où l'Etat est puissant, ainsi que de solides protections des droits des salariés.

    A partir des années 1970 en revanche, ce « système rooseveltien » a été méthodiquement détruit, sous l'influence d'idéologies anti-Etat et anti-protections sociales, pour revenir aux règles, ou plutôt au manque de règles, de l'avant-1929. Les monnaies sont devenues cotées en bourse, avec toute l'instabilité qui en découle. La séparation des banques a été progressivement abolie, faisant ressurgir des mastodontes dans la banque et l'assurance. Il s'est ensuivi l'accumulation des krachs financiers et économiques, par exemple en 1979, jusqu'à la grande catastrophe de 2007-2009. A cet égard, à l'origine des printemps arabes il y a les émeutes de la faim ; à l'origine des émeutes il y a l'explosion des prix des denrées alimentaires de base ; et à l'origine de cette explosion des prix, il y a la libre spéculation des grandes firmes bancaires sur les cotations boursières de ces denrées.

    Nos basculements récurrents dans la récession ou la stagnation ne sont que la gueule de bois de ces ivresses répétées, monumentales, d'un système financier se comportant tel un noceur qui ne sait pas boire. Et pourtant, contre toute logique, la réponse politique à ces catastrophes consiste systématiquement à vendre à la découpe nos biens collectifs et nos entreprises publiques, tout en rabotant sans cesse les protections des populations. Un peu comme si, pris en flagrant délit d'ivresse sur la voie publique, un noceur réagissait en dépouillant et le gendarme, et le passant, au motif qu'en réalité ce serait de leur faute…

    Vous faites beaucoup de préconisations dans votre livre: des taxes anti-dumping protectionnistes ; une relance écologique de l'économie par des grands travaux d'Etat et des petits travaux des ménages ; le revenu de base pour résorber la grande pauvreté ; des campagnes de «name and shame » contre les grandes marques qui pratiquent l'esclavage ; la redistribution des terres dans les pays du Sud… Sur le plan de l'orientation politique, diriez-vous que votre livre est plutôt de gauche, de droite, ou ‘‘autre'' ?

    Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques et leurs grandes firmes, en particulier financières, sont incapables d'autorégulation. Ils provoquent donc des catastrophes de plus en plus graves au fil de leurs ivresses immaîtrisables. Il est aussi condamné à l'effondrement politique, parce qu'il sape lui-même son socle sociologique de soutien en précarisant de plus en plus les «cols blancs», qui donc rejoignent de plus en plus les électorats contestataires : le Brexit est un bon exemple. Et il est condamné à l'effondrement écologique, parce qu'à force d'accélérer le détraquement de l'écosystème, il met en danger la survie de l'espèce humaine.

    Vouloir changer ce système n'est donc pas une position particulièrement de droite, de gauche, écologiste, du centre, d'extrême droite ou d'extrême gauche : c'est simplement de la légitime défense. Autrement dit c'est un enjeu transpartisan. La très large majorité de l'humanité étant perdante dans ce système, elle doit s'organiser, à la fois par l'engagement politique, syndical et associatif, pour le remplacer par un système conforme à l'intérêt du plus grand nombre et à la préservation de l'équilibre écosystémique. J'appelle cela: préparer « l'altersystème ».

    Pensez-vous vraiment que le passage de la «mondialisation malheureuse» à « l'altersystème » soit possible ? Si oui, peut-il être proche ?

    A l'issue de mes recherches pour ce livre, je suis convaincu que le basculement de la mondialisation malheureuse à l'altersystème est à la fois possible, souhaitable, et relativement proche. Le point de rupture en sera, je pense, le basculement d'une grande puissance dans l'altersystème, servant d'avant-garde et de point d'appui. Ma seule véritable interrogation est de savoir si l'écroulement du système de la mondialisation malheureuse inclura une transition violente ; par exemple une grande guerre. 

    « Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques sont incapables d'autorégulation. »

    Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? (Édition le bord de l'eau, 2015) et vient de publier La mondialisation malheureuse chez First. 

    Alexandre Devecchio   

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/