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écologie et environnement - Page 215

  • Heidegger et l'écologie

    Heidegger : Précurseur de l’Ecologie Moderne ? (par Pierre Ndong Meye)
    (pour un contrepoint intéressant à cette analse on se reportera à l'excellent article de Janicaud dans le Cahier de l'HERNE Martin Heidegger)
Résumé :
    Il y a une actualité de la pensée de Heidegger qui, à travers « la question de l’être », surgit au milieu de nos préoccupations contemporaines et des problèmes les plus concrets de la vie. En effet, Heidegger explicite la détresse des « Temps modernes », ère de la parfaite absence de sens, « du non sens d’une action humaine pensée comme absolue ». En analysant le déclin de la terre et de la vie dans le règne d’une technique étrangère au sens, en s’attachant au dénuement suprême de notre monde, Heidegger conceptualise et annonce les grands sujets de l’écologie contemporaine. Toutes les résonances à partir des nombreux problèmes examinés par Heidegger, les questions soulevées par son éthique environnementale autorisent à affirmer qu’il a nommé d’une manière indirecte mais précoce une science post moderne : l’écologie.

    Comment absoudre l’amour heideggérien pour la terre et la nature ? Comment refuser le sens cryptique que comporte l’ « habiter » chez l’auteur de Etre et Temps ? Comment définir l’ « habiter » et l’entendre, lui qui est sans voix ? Ne faut-il pas une ouïe particulière, une ouïe qui ne dépend pas seulement de l’oreille mais aussi de l’appartenance de l’homme à ce qui est arrimé à son être, et qui s’accorde avec lui ?
    L’ « habiter » reste chez Heidegger ce qui rend possible l’ouverture à la nature, tout ce qui s’ouvre à la terre et la reprend comme telle. Qu’est-ce que cela donne à voir, si ce n’est le fait que cela exprime l’idée selon laquelle l’ « habiter » est ce qui fait qu’un corps terrestre demeure opaque, impénétrable, inaccessible à notre perception, à notre action et à nos calculs. Ce corps est terrestre en tant qu’il demeure essentiellement étrange et étranger à toutes nos prises, irréductible à toute image.
    L’ « habiter » est, ce qui rend une chose indocile, la réserve en laquelle toute chose terrestre est mise au secret. C’est par lui que l’essence se renferme en soi, il est une réserve qui s’est toujours déjà réservée. Comme on peut le retenir, la réflexion heideggérienne s’est donnée dans ses écrits de maturité un nouvel objet : « L’ habiter ». Il n’est rien d’autre qu’un étonnement sur les rapports entre les étants et le milieu dans lequel ils vivent.
    Dans l’ « analytique existential », qui constitue la première partie de son ouvrage majeur Etre et Temps, Heidegger affirme que les choses sont, l’homme ek-siste : « l’essence de l’être humain réside dans son ek-sistence » [1].
    Le Dasein est cet étant qui se dépasse vers un au-delà de soi, « être des lointains », excédant tout ce qui est pour s’avancer vers ce qui n’est pas ou n’est pas encore. Là réside la transcendance du Dasein, par laquelle ce dernier dépasse le simple monde des étants. Et c’est parce qu’il transcende les étants qu’il peut se poser la question de l’être de l’étant et par-là avoir un monde ; il est cet être toujours au-delà de lui-même, projeté vers un avenir. Ainsi, pour Heidegger, la réalité humaine ne relève pas d’une nature, ne se décrit pas comme un ensemble de propriétés, mais se tient au devant d’elle-même, échappe à toute définition qui voudrait l’enclore. La réalité humaine est originellement rapport à l’altérité, une réalité vers laquelle elle se porte et se transcende. Elle n’est pas une monade qui préexisterait isolément à l’extériorité : elle ne peut se saisir indépendamment de cet « être auprès du monde » qui régit notre existence la plus triviale et la plus quotidienne. Cette structure fondamentale, c’est « l’être-dans-le-monde ».
    Mais l’homme n’est pas un englobé dans un englobant, le monde. Seul, à la différence de l’animal, il a un monde. Mais il ne s’agit pas d’une relation désincarnée de l’ordre de la connaissance, il se rapporte à lui dans une quotidienneté affairée et soucieuse : il est « auprès du monde ». Et celui-ci est d’abord un univers d’outils qui tissent sa vie. Est c’est à partir de ce complexe d’outils qui renvoient les uns aux autres qu’il comprend le monde, comme un univers de significations données. Simultanément, la réalité humaine n’est pas isolée, elle se déploie dans la coexistence : l’être du Dasein est un Mitsein. L’analyse existentiale se porte dès lors du côté de la réalité intime qui constitue le Dasein et qui détermine son appréhension du monde.
    Heidegger éclaire, à partir de la question de l’être, certaines des préoccupations les plus essentielles de notre temps. Quelle est la finalité de cette civilisation technicienne, qui fait vivre l’homme de manière « inauthentique », où l’homme est cerné par des puissances qui débordent sa volonté et ne procèdent, en fin de compte, pas de lui ?
    La pensée de Heidegger explicite la détresse des Temps modernes, ère de la parfaite absence de sens, « du non-sens d’une action humaine posée comme absolue » [2]. En analysant le déclin de la terre et de la vie dans le règne d’une technique étrangère au sens, en s’attachant au dénuement suprême de notre monde, Heidegger, sous un certain angle, conceptualise et annonce les grands sujets de l’écologie contemporaine. Il scrute et sonde les Temps modernes, où l’homme ne peut plus qu’errer à travers les déserts de la terre ravagée.
    Ce que Heidegger nomme - dans Essais et conférences - la « question de la technique » [3] n’est nullement un appendice d’actualité ajoutée à son œuvre. Cette question s’enquiert en effet de l’ « essence », c’est-à-dire de l’ « aître », de la « technique moderne » portée à son comble, qui caractérise notre époque. Or, cet « aître de la technique » engage à la fois une mise « en péril » sans précédent du « séjour » de l’ « aître » de l’homme, et implique en lui toute une modalité, et une inflexion singulière de la dispensation même de la « vérité de l’être » au sein de l’ « Evènement » qui y a toujours « lieu » - et donc « aître » - de façon à chaque fois différente, à travers toutes les phases de l’ « histoire de l’être ». Les faits et gestes de l’homme à l’ « époque de la technique », la « planification calculatrice » qui tend à lui tenir lieu de pensée, le « péril » auquel les choses et l’homme se trouvent par là exposés comme jamais, tout cela ressortit à une figure énigmatique (et probablement éphémère) de l’ « entrappar-tenance de l’homme et de l’être ».
    Heidegger précurseur de l’écologie moderne ? A première vue la question pourrait heurter. Et pour cause ! [4] Répondre par l’affirmative peut paraître périlleux dans la mesure où Heidegger lui-même eût probablement récusé cette assimilation. Sans vouloir faire dire à l’auteur de Etre et Temps ce qu’il n’a pas dit, encore moins lui prêter des intentions qui s’éloigneraient de ses objectifs philosophiques, notre modeste et approximative lecture du penseur ne nous l’autorise d’ailleurs pas- nous prenons tout de même le parti de cette symétrie entre les thèses heideggériennes sur la nature, la terre, la technique... et les préoccupations actuelles du mouvement écologique, même si Jean Beaufret [5] pense que Heidegger n’a jamais établi formellement un lien entre ses thèses et les principaux centres d’intérêt de l’écologie, même si l’auteur lui-même ne fait jamais usage du terme « écologie ».
    Le parallélisme écolo-heideggérien impose de démontrer que la pensée de Heidegger et nos conceptions actuelles de l’environnement ont des points d’attache incontestables. En effet, il y aurait à lire une actualité de la pensée du philosophe de la Forêt Noire en ce qu’elle met en branle et dénonce la chosification de la terre et la domination de la nature. Ce rapprochement conduit ensuite à voir que toutes les résonances à partir des nombreux problèmes qu’il a examinés, les questions soulevées par son « éthique environnementale » nous autorisent à affirmer que Heidegger à nommé d’une manière indirecte mais précoce une science post-moderne comme on le verra dans la suite de ce texte.
    I - DE L’ECOLOGIE
    I.1. Définition
    Science de l’environnement, l’écologie concerne au sens propre l’habitat ; mieux, elle détermine en valeur et en rapport les relations que les hommes entretiennent avec leurs systèmes ambiants. Mais, c’est vers la fin du XIXe siècle que l’écologie va se constituer en discipline scientifique et va définir ses concepts majeurs. Ses méthodes d’analyse s’affirmeront et s’enrichiront considérablement entre les deux guerres mondiales.
    Multidisciplinaire dans son principe, l’approche écologique s’est nourrie des développements récents de l’analyse systémique. Elle connaît aujourd’hui un regain d’actualité et de visibilité au-delà du cercle des spécialistes à la faveur de l’intérêt croissant que portent les opinions publiques et les décideurs aux problèmes de l’environnement.
    Au sens large, le champ d’étude de l’écologie comprend tous les niveaux d’organisation supérieurs à l’individu, depuis les populations jusqu’à l’ensemble de la biosphère de notre planète. Son objet privilégié demeure l’écosystème, qui peut être défini comme l’ensemble d’une association locale de peuplement appartenant à plusieurs espèces végétales et animales et le milieu où vivent ces organismes.
    I.2. Ethique environnementale
    Les problèmes écologiques tiennent au caractère très particulier des relations que l’homme entretient avec son milieu. Par ses techniques d’action, tant sur la matière que sur les autres êtres vivants, il assure son adaptation aux environnements les plus hostiles, les plus variés, en les modifiant à son profit (la ville reste un biotope humain par excellence, en même temps le milieu le plus artificiel au regard de l’écologie « naturelle »).
    Une « éthique écocentrée » [6] s’impose-t-elle alors à nous ? Elle nous incite à attribuer une valeur, une fortune dans des proportions inestimables à la nature. D’emblée, la nature prend un sens et un statut nouveaux.
    Elle n’est plus un milieu neutre, réceptacle des actions humaines. Elle n’est plus un topos où les représentations individuelles et collectives assouvissent leur dessin effroyable, produisant la pollution atmosphérique, détruisant la couche d’ozone, provoquant des pluies acides, les destructions des forêts tropicales et des nappes phréatiques, l’érosion de la biodiversité. Avec l’avènement de l’écologisme, il s’agira plus précisément de re-définir les rapports de l’homme et de la nature afin de ne plus voir les écosystèmes comme de simples réservoirs de ressources à mettre en exploitation.
    Il s’agira d’établir un net refus du développement scientifique et technique incontrôlé, d’œuvrer pour la protection de l’environnement naturel, de choisir des modes de consommation plus économes, et de rechercher un meilleur équilibre entre l’homme et la nature. Ces inquiétudes de l’homme authentique nous recommandent d’établir un contrôle normatif de nos activités.
    II - DU RAPPROCHEMENT A HEIDEGGER
    II.1. De la question de « l’arraisonnement » [7] comme écho à l’écologie
    Il y a entre la pensée de Heidegger et notre époque un point d’attache incontestable. Il y a une actualité de Heidegger qui a, à travers « la question de l’être », surgit intempestivement au milieu de nos urgences politiques et des problèmes les plus concrets de la vie.
    En effet, loin de se limiter au domaine réservé de la pensée abstraite, la question de l’être telle qu’abordée par Heidegger trouve de nouveaux points d’attache avec notre temps, tant le philosophe ne réfléchit pas sur des choses abstraites, séparées de la vie, des « choses fantomales ».
    Au moment où « les objets » envahissent notre quotidienneté, une préoccupation nouvelle se fait jour qui met en question notre mode de vie, la civilisation dans son ensemble : « l’écologie » régnante de la domination de la terre, l’objectivation à outrance de l’Etant.
    Commençons d’abord par noter que, même si elle n’est pas encore telle, la faillite du « progrès » pénètre tous les domaines de la vie : les sociétés industrielles sont prises au piège de leur croissance. La domination de l’homme sur la nature n’a pas devant elle l’avenir radieux que lui proposait la science à l’aube des temps modernes. Bien au contraire, ce qui frappe, c’est le danger que l’industrialisation à outrance fait courir à la nature, à la terre, aux conditions de la vie sur la planète, à toute vie.
    Pour ces nouvelles notions, ces urgences inattendues, l’écologie se présente comme l’arme qui pourrait permettre d’endiguer cette hécatombe à venir.
    En effet, l’écologie permet de nommer à la fois la technique d’une protection de la nature contre la pollution que la croissance industrielle anarchique engendre, et la révolte de la vie contre le cadre d’oppression que la société industrielle entend lui prescrire.
    Heidegger serait-il ou aurait-il été enfin de compte celui qui a préfiguré, là où maintenant elle affleure, la question la plus actuelle ? Heidegger, l’un des premiers théoriciens de la lutte écologique ?
    Voilà qui, de prime abord, pourra paraître saugrenu ou futile pour ceux qui mettent la dignité des choses philosophiques dans le mépris pour le journalistique et le quotidien banal et anodin.
    Mais, l’incongruité disparaît dès que nous nous ouvrons à des résonances frappantes avec l’œuvre du penseur, et les problèmes que suscite l’information écologique, jusqu’au détail de son langage.
    En juin 1972, s’est tenue à Stockholm (Suède) une Conférence des Nations Unies sur l’environnement. Y furent évoqués les dangers pour l’avenir de la vie sur terre, la pollu-tion de l’atmosphère par les effets nucléaires, la transformation de la guerre, par les armes chimiques et bactériologiques, en guerre « écocide ».
    La menace globale, la « dévastation de la terre » [8], la mise en relation du « danger et du déchaînement chaotique de la volonté de puissance », sont des thèmes qui reviennent constamment dans l’œuvre de Heidegger. En effet, dès 1946, dans une Conférence à la mémoire de Rainer Maria Rilke, Pourquoi les poètes ? [9], le « danger atomique » est cité et, systématiquement depuis lors, pris comme motif déterminant de la réflexion philosophique.
    On lit dans le Principe de la raison (1957) : « le nom d’ère atomique donné à notre époque atteint probablement ce qui est ». En 1951, dans des notes jointes à celles rédigées pendant la guerre sous le titre de Dépassement de la métaphysique, Heidegger écrit que le temps qui est le nôtre ne peut envisager de paix réelle, car il est celui de la « suppression de la différence entre la guerre et la paix » [10].
    Ces quelques exemples permettent déjà d’entrevoir que c’est bien du monde actuel que Heidegger tire une incitation à philosopher, à penser. Non pas de tel ou tel aspect du monde, mais de l’intime connexion qui unit les dangers qui menacent le plus cruellement sans doute, mais épisodiquement, les hommes : la guerre, la bombe atomique, et ceux, inaperçus de prime abord, qui prennent au contraire l’allure d’une incertitude quant à la sauvegarde de la sécurité collective : l’expansion technique, la domination universelle de la terre.
    Ce danger que nous nommons ici, Heidegger s’en est fait l’écho très tôt, comme un précurseur d’une pensée qui se généralise aujourd’hui et tend à devenir l’une des préoccupations majeures du siècle finissant et du siècle à venir. Les mouvements écologiques ne cessent de se multiplier, qui appellent à la défense et à la protection de la terre et de toute forme de vie.
    C’est pour avoir dénoncé la « détresse » dans la conjonction sans issue de la volonté de puissance et de la technique qui « arraisonne » la terre, mais pour la dévaster, que Heidegger peut être perçu comme l’un des précurseurs de la lutte écologique.
    Lisons encore plus avant dans l’œuvre pour comprendre comment elle peut nous suggérer de penser en direction de cette « écologie » encore conceptuellement indistincte qui désigne bien précisément, dans sa racine grecque, l’habitation on oikion ou l’oikoumene : la terre habitable, par opposition au « désert » de la terre « dévastée ».
    « Penser » ; « habiter » ; « la terre dévastée ou le désert » : ce sont là trois thèmes fondamentaux et profondément liés chez Heidegger, qui prend pour motif des « Leçons de 1952 » Qu’appelle-t-on penser ? [11], une proposition de Nietzsche : « Le désert croît » [12].
    La réflexion sur le danger de la bombe atomique nous renvoie à la technique comme mode d’environnement général de l’homme moderne, celle-ci a la raison comme principe agissant dans les sciences. Mais les sciences à leur tour ne sont possibles que parce qu’elles se déploient dans un champ où le réel, en tant que « nature objective » est « provoqué », c’est-à-dire « mis en demeure » de livrer son énergie pour qu’elle puisse être extraite et accumulée.
    C’est à partir de sa réflexion sur « La question de la technique », elle-même corrélative de « l’oubli de l’être » par la métaphysique, que Heidegger préfigure comme nous le notons, les préoccupations de l’écologie contemporaine.
    « La question de la technique » est le prolongement de toute la méditation heideggérienne sur notre condition d’hommes modernes. Elle aboutit à la mise en cause de la prétention de la science à se poser comme explication ultime et totalisante de l’Etre. Consommant la séparation de la science et de la pensée, « la technique n’est pas seulement un moyen, elle est un mode du dévoilement » [13], selon Heidegger. Mode qui tend à se vouloir unique donateur de sens et qui confond vérité et exactitude, réduisant la nature à l’objectivité mathématique. C’est désormais à partir de ce projet technicien que l’être des étants est pensé, conçu et manipulé. La terre est arrachée à son secret, rassemblée, mobilisée par la technique, sommée de fournir ses ressour-ces, « mise en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible » [14]. Simple « fonds » exploitable qui réunit l’humanité et la nature et auquel l’homme n’échappe pas, mobilisé de fait (la technique n’étant pas un moyen auquel il resterait extérieur), devenant à son tour « forces productives, ressources humaines ».
    La technique moderne est « pro-vocation » (herausforden) au double sens d’appel à comparaître et de violence à l’égard de la nature et de l’humanité de l’homme. « Planétaire, elle dévaste la terre » et accomplit tout le mouvement de la métaphysique initié depuis Descartes, à travers son rêve prométhéen de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » par la Raison. En même temps qu’elle « découvre la terre », exhibant ses secrets, modifiant ses processus, elle l’occulte, n’interprétant les phénomènes que depuis son point de vue hégémonique, poursuivant un rêve de dévoilement intégral de l’univers, oubliant que la terre est tout autre chose qu’un milieu ou un réservoir, mais un site, une présence mystérieuse que la représentation technicienne n’épuise pas. Paradoxe d’une civilisation prométhéenne et démiurgique qui, en même temps qu’elle croit dévoiler la nature, ne fait que la dissimuler, la recouvrir du voile illusoire de l’objectivité. « Le naturel de la nature est tout autre que le monde de la science », écrit Heidegger qui ajoute, dans « Science et méditation » : « le mode scientifique de représentation, de son côté, ne peut jamais décider si, par son objectivité, la nature ne se dérobe pas plutôt qu’elle ne fait apparaître la plénitude cachée de son être » [15].
    C’est la conjonction de ces trois éléments à savoir technique, raison et science qui menace tout ce qui constitue pour l’homme son « pays natal » et qui lui enlève tout sol et tout terrain permettant un enracinement, c’est-à-dire cet attachement au terroir, cette proximité aux choses, au monde. Il s’agit plus généralement de la relation essentielle de la terre aux choses dont la science et la technique nous rendent à jamais les énergies que l’homme a perdu la capacité « d’habiter ».
    II.2. Du sens de « l’habiter » ou comment sortir de la « crise »
    Pour sortir de la crise, nous devons réapprendre le sens « d’habiter », car la menace qui pèse sur nous ne provient pas en premier lieu des machines et appareils de la technique, dont l’action peut éventuellement être mortelle. La menace véritable a déjà atteint l’homme dans son être. Le règne de « l’arraisonnement » nous menace de l’éventualité que l’homme, pour être, refuse de revenir à un dévoilement plus original et d’entendre ainsi l’appel d’une vérité plus initiale.
    Comment envisager ce retour à « l’habiter », afin de sortir de la crise ? S’agirait-il pour résoudre ce problème, d’abandonner toute technique pour revenir à la nature pure et simple ? C’est là une tentative qui apparaît en notre temps, et certains la caressent très fortement. Mais elle est une utopie nostalgique. La résolution du problème consiste non pas à nous donner un monde pur, mais à ramener l’homme à la culture du simple.
    Pour Heidegger, penser le retour à « l’habiter » tient en la reconsidération complète du rapport de l’homme avec les choses et avec lui-même. Que veut dire « habiter » ? Comment « habiter » peut-il être entendu en un sens essentiel ?
    « L’habiter » n’est pas une donnée de fait. C’est précisément pour l’homme de l’errance, l’objet de la pensée qu’il a à former, c’est cela qui est tout d’abord à penser. Dans sa Conférence de 1951 « Bâtir, habiter, penser » [16], Heidegger prend pour thème la crise du logement. Il montre que la véritable solution pour cette crise ne consiste pas en la construction d’une multitude de logements, car la crise est ailleurs. Elle est la conséquence de ce que l’homme ne sait plus ce qu’habiter veut dire. La vraie crise consiste ou réside en ceci que les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation et qu’il leur faut d’abord re-apprendre à habiter. Et c’est bien ce qu’affirme Heidegger : « habiter est le trait fondamental de l’être, en conformité duquel les mortels sont » [17].
    Apprendre à habiter implique pour l’homme d’aujourd’hui une reconsidération radicale non seulement de ses fins, mais aussi de son rapport aux choses. C’est la possibilité de se tenir auprès des choses, d’avoir auprès d’elles séjour. Cet « habiter » est l’essence de « l’être-dans-le-monde ».
    Lorsqu’on se réfère aux « Conférences sur Nietzsche » données par Heidegger dans les années trente et quarante, on voit comment l’auteur de Etre et Temps intègre petit à petit le messianisme dionysiaque à une entreprise qui vise à franchir le seuil de la pensée post-moderne à travers un dépassement immanent de la métaphysique. La réflexion heideggérienne connaît alors un « tournant » (die kehre) [18], s’engageant sur la voie d’une déconstruction de la métaphysique occidentale et tentant de frayer une approche nouvelle de la question centrale de celle-ci : la question de l’être, en tant que celle-ci demeure la tâche même de la philosophie, celle que la Techno-science ne prend pas à son compte. Pour Heidegger, le destin spirituel de l’Occident s’identifie au destin de la métaphysique. Avec celle-ci se prépare, en effet, l’avènement d’une science planétaire qui réduit le réel à n’être que l’objectivité manipulable qu’elle met à jour : l’être devient l’être calculable de la physique moderne.
    La métaphysique que certains attribuent à tort ou à raison à Aristote a été forgée par Andronicos de Rhodes [19], compilateur des textes anciens du premier siècle avant notre ère.
    La métaphysique serait alors la catégorie philosophique de l’évasion, de l’abstraction et de la généralité ayant pour objet essentiel l’élucidation de la question de l’Etre. En d’autres termes, nous dirons que cette discipline qu’on localise après la physis étudie les objets qui ne tombent pas sousnos sens à savoir : Dieu, l’âme,la liberté... La métaphysique désignerait aussi les quatorze livres du stagirite qui viennent juste après les huit livres de la physique où le fondateur du Lycée étudie les réalités naturelles en devenir.
    Après avoir explicité les différentes causes et avoir traité du mouvement et du temps, Aristote achève son œuvre par des analyses métaphysiques. L’existence du mouvement implique un premier moteur immobile : Dieu, que Aubenque, commentateur lucide de l’œuvre aristotélicienne, appelle la « cause incausée » [20].
    Si donc la métaphysique se constitue au-delà de la physique, comment procède-t-elle ? Autrement dit, existe-t-il un problème spécifique à la métaphysique et comment le reconnaîtrait-on ? De même, si la métaphysique est une expérience intime de la vie individuelle, de l’esprit, en fonction des préoccupations quotidiennes de l’homme, au nom de quoi cette expérience doit-elle être partagée ou s’ériger en terme d’universalité ?
    Une certitude demeure plus certaine que nos hésitations : la métaphysique en ce qu’elle se distingue de la physis non en degré mais en nature, en ce qu’elle dresse le sujet contre le monde, calomnie, dévalorise, technicise, manipule la terre et l’arrache à ses secrets, est aux antipodes de la pensée de Heidegger.
    Soumise à des exploitations agressives, la terre révèle la consécration des dessins métaphysiques à travers la techno-science et les dégâts effrayants qu’elle produit.
    Aussi, assistons-nous à la pollution atmosphérique, à la destruction de la couche d’ozone, à la provocation des pluies acides, à la déperdition des forêts tropicales. Voilà « le grand désert qui nous menace » comme l’avait déjà vu Nietzsche [21].
    La réorientation heideggérienne consiste à dissoudre d’abord le dualisme métaphysique du monde vrai/monde apparent, et à en finir avec la primauté de la subjectivité, constamment définie comme substance pensante chez Descartes, entendement avec Kant, savoir absolu avec Hegel, (l’Etre est ramené au sujet, le sujet à l’ego individuel, la pensée à la psychologie ou à une vision du monde).
    Autrement dit chez Heidegger, l’homme ne s’identifie plus à l’idée claire et distincte dans laquelle se trame et se joue l’avènement d’une technoscience planétaire.
    Détrôné, l’homme cesse ici d’être un sujet face à la nature et à la terre. Il devient une partie du tout et partage le destin de toutes choses. L’homme et la nature ne se trouvent plus en opposition ; ils sont désormais en harmonie. Ce qui se passe en l’un et en l’autre ne saurait être irréductible.
    Comme il y a lieu de le comprendre, avec Heidegger, l’homme tourne le dos à la prédestination cartésienne, qui faisait de lui le « maître et possesseur de la nature ». Il reviendrait plus explicitement à l’homme de redéfinir ses rapports avec la nature, d’exprimer le besoin d’une philosophie de la nature ou, pour mieux dire, de « régler les rapports de la philosophie et des sciences » [22]. Il s’agirait précisément pour lui de poser un net refus à tout développement scientifique et technique incontrôlé, d’œuvrer pour la protection de l’environnement naturel, de choisir des modes de consommation plus économes et de rechercher un équilibre entre l’homme et la nature.
    La condition de toute philosophie authentique est alors d’établir un « contrôle » normal de nos activités par des techniques moins agressives tant sur la matière que sur les autres êtres vivants.
    En ce qu’il a compris que la philosophie est d’abord et avant tout un comportement, et en ce qu’il a pris conscience du cadre d’oppression que la société technicienne a prescrit à notre civilisation, Heidegger pense que l’homme moderne gagnerait à s’interroger sur la manière de (re)-penser la terre.
    Penser la terre, c’est recueillir alors la force qui nous introduit dans une vie pleine de puissance. En se présentifiant et en se dévoilant, la terre semble déléguer à l’homme la force et la volonté d’achever sa création. Il incombe à ce dernier de répéter sans cesse le geste créateur de la terre. Comme elle, l’homme s’empare de la chose dans son humidité première, il doit saisir le réel dans sa totalité et l’exprimer de façon particulière.
    Toutes les résonances faites à partir des nombreux problèmes évoqués par Heidegger, et les questions soulevées par l’éthique écologique nous permettent d’affirmer que Heidegger a nommé d’une manière indirecte l’écologie.
    De même que Heidegger a perçu un impensé chez les Anciens [23], de même nous soupçonnons chez l’auteur de Etre et Temps des préoccupations d’ordre écologique. Heidegger inspire ainsi les « verts » car il perçoit, à travers la technique et « l’arraisonnement », le voile qui occulte notre capacité à désirer le simple, le nécessaire.

    par Pierre Ndong Meye   http://web.archive.org/web
    Bibliographie
    Martin HEIDEGGER, - Etre et Temps, Paris Gallimard, 1986.
 Essais et Conférences, Paris NRF-Gallimard, 1958.
 Chemins qui ne mènent nulle part, Paris Gallimard, coll. « Tel », 1986.
 Nietzsche, Paris, 1971. 
  Lettre sur l’Humanisme, Paris Aubier, 1964. 
  Questions IV, Paris Gallimard, 1976. G. STEINER, Martin Heidegger, Paris, Champs-Flammarion, 1980. 
A. BOUTOT, Heidegger, Paris, P.U.F., « Que sais-je ? » 1989.
Jean BEAUFRET, Dialogue avec Heidegger, Tome 4, Paris, Ed. Minuit.
Catherine LARRERE, La philosophie de l’environnement, Paris, P.U.F., 1997.
E. RENAULT, Les philosophies de la nature d’aujourd’hui et la nature philosophie d’hier, Paris, l’Harmattan, 1995.
Jules. CHAIX-RUY, Connaître la pensée de Nietzsche, Paris, Nouvelle Edition Bordas, 1977.
Pierre AUBENQUE, Le problème de l’Etre chez Aristote, Paris, P.U.F., 1962. 
Revue Internationale de Philosophie, « Heidegger (1889-1989) », 1/1989, N° 168.
    Notes :
    [1] Martin HEIDEGGER, Etre et Temps, Gallimard, 1986.
    [2] M.HEIDEGGER, Essais et Conférences, NRF-Gallimard, 1958, p. 115.
    [3] Pour Heidegger, la technique qui ne désigne pas seulement les différents secteurs de l’équipement par machines, mais l’équipement du tout de l’étant, manifeste le vide ontologique le plus total, la métaphysique coupée de l’être. Donc, la technique devient expression d’une abolition de la différence ontologique. Pourquoi cet arrachement de l’homme à son cadre ? Pourquoi cette organisation sans racines de l’homme normalisé ? La technique n’est rien d’autre qu’une époque de l’histoire de l’être. Nous prenons ici « la technique » en un sens si essentiel qu’il équivaut à « celui de métaphysique achevée ». M. Heidegger, « Dépassement de la métaphysique », Essais et Conférences, NRF-Gallimard, p. 92
    [4] Les Ecologistes actuels (généralement de gauche) auraient certainement quelques réticences à se reconnaître en Heidegger compte tenu du passé militant de celui-ci.
    [5] Cf. Jean BEAUFRET, « Le chemin de Heidegger », Dialogue avec Heidegger, Tome 4, Paris, Ed. Minuit.
    [6] Cf. Catherine LARRERE, La philosophie de l’environnement, Paris, P.U.F, 1997, p. 37.
    [7] Cf. M.HEIDEGGER, « Dépassement de la métaphysique », op. cit.
    [8] Heidegger montre clairement que « La dévastation de la terre est le résultat de la métaphysique », cf Essais et Conférences p. 82.
    [9] M. HEIDEGGER, « Pourquoi des poètes ? » (1946), Chemins qui ne mènent nulle part, Paris, Gallimard, coll. ²Tél², 1986, p. 323.
    [10] Cf. M. HEIDEGGER, Essais et Conférences, op. cit.
    [11] Ibid.
    [12] M. HEIDEGGER, Nietzsche, trad. P. Klossowki Paris, 1971, t. II, p. 265.
    [13] M. HEIDEGGER, « Dépassement de la métaphysique », op. cit.
    [14] Ibid.
    [15] M. HEIDEGGER, « Science et Méditation », Essais et Conférences, Gallimard, p. 70.
    [16] Cf. M. HEIDEGGER, Essais et Conférences, op. cit.
    [17] Ibid.
    [18] M. HEIDEGGER, « Le tournant », trad. Par J. Lauxerois et C. Roël, Questions IV, Gallimard, 1976.
    [19] Cf. ARISTOTE, La métaphysique, trad. Barthélemy-Saint Hilaire, Paris, Agora, Les classiques, 1991, p. 32.
    [20] Pierre AUBENQUE, le problème de l’Etre chez Aristote, Paris, P.U.F., 1962.
    [21] Cf. E. RENAULT, les philosophies de la nature d’aujourd’hui et la nature philosophie d’hier, Paris, l’Harmattan, 1995.
    [22] Jules CHAIX-RUY, Connaître la pensée de Nietzsche, Paris, Nouvelle Edition Bordas, 1977, p. 162.
    [23] Presque tous les Anciens ont produit un traité sur la nature. Ils ont tenté ainsi de saisir le mystère de cette présence des choses, cette éclosion qu’Heidegger appelle Ereignis, évènement ou mieux avènement que l’homme se doit de laisser advenir et qui ne se limite pas à la représentation construite par la pensée, mais recueille la présence inépuisable, mystérieuse des choses. C’est pourquoi Heidegger retourne au sens premier du mot nature, celui que la Grèce, avec le mot physis, nous a légué : non un milieu inerte, mais un principe de croissance qui porte à la lumière les phénomènes dans un mouvement de déploiement qui retire ceux-ci de l’obscurité, le fond et le fonds originels d’où tout procède.

  • La géopolitique du schiste

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    Selon les revues élitaires et la presse d’opinion, l’avenir de la politique étrangère repose en grande partie sur des idées : l’élan moral en faveur d’interventions humanitaires, les diverses théories relatives aux taux de change et au rééquilibrage de la dette nécessaire pour arranger Europe, la montée du cosmopolitisme parallèlement à la vitalité tenace du nationalisme en Asie orientale et ainsi de suite. En d’autres termes, le monde de l’avenir peut être conçu et défini sur la base des thèses de doctorat. Et dans une certaine mesure cela peut être vrai. Comme le 20ème siècle nous l’a montré, les idéologies – que ce soit le communisme, le fascisme ou l’humanisme – comptent et comptent beaucoup.

    Mais il y a une autre vérité : La réalité de grandes forces impersonnelles comme la géographie et l’environnement qui contribuent aussi à déterminer l’avenir des événements humains. L’Afrique a été pauvre historiquement [sic, NdT] en grande partie à cause de la rareté de bons ports naturels et de fleuves navigables de l’intérieur vers la côte. La Russie est paranoïaque à cause de sa masse terrestre exposée aux invasions avec peu d’obstacles naturels. Les émirats du Golfe Arabo-persique sont fabuleusement riches non pas à cause d’idées, mais à cause des dépôts importants de sources d’énergie souterraines. Vous avez compris. Les intellectuels se concentrent sur ce qu’ils peuvent changer, mais nous sommes impuissants à changer une grande partie de ce qui se passe.
    Prenez le schiste, une roche sédimentaire au sein de laquelle le gaz naturel peut être piégé. Le gaz de schiste constitue une nouvelle source d’énergie extractible pour le monde post-industriel. Les pays qui ont d’importants gisements de schiste seront mieux placés dans la compétition entre États du 21e siècle, et ceux qui n’ont pas de tels dépôts seront défavorisés. Dans ce domaine, les idées compteront peu.
    Stratfor, en l’occurrence, a étudié la question en profondeur. Voici ma propre analyse, influencée en partie par la recherche de Stratfor.
    Voyons donc qui a du schiste et comment cela peut changer la géopolitique. Car l’avenir sera fortement influencé par ce qui se trouve sous terre.
    Les USA, cela est avéré, ont de vastes gisements de gaz de schiste: au Texas, en Louisiane, au Dakota du Nord, en Pennsylvanie, dans l’Ohio, l’État de New York et ailleurs. L’USAmérique, indépendamment de la plupart des choix politiques qu’elle fait, est en passe de devenir un géant énergétique du 21e siècle. En particulier, la côte du Golfe, avec comme centre le Texas et la Louisiane, s’est engagée dans un  véritable boom du gaz de schiste du pétrole. Cette évolution fera de la Caraïbe une zone focale de l’hémisphère occidental sur le plan économique, ce qui sera favorisé par l’élargissement du canal de Panama en 2014. Dans le même temps, la coopération entre le Texas et le Mexique voisin va s’intensifier, comme le Mexique va devenir de plus en plus un marché pour le gaz de schiste, avec ses propres bassins de schiste exploités près de sa frontière nord.
    Ce sont là, en partie, des nouvelles troublantes pour la Russie. La Russie est actuellement le géant énergétique de l’Europe, exportant du gaz naturel vers l’ouest en grandes quantités, ce qui fournit à Moscou un levier politique sur toute l’Europe centrale et de l’Est en particulier. Toutefois, les réserves de la Russie sont souvent dans certaines parties de la Sibérie qui sont difficiles et coûteuses à exploiter, même si la technologie d’extraction de la Russie, autrefois vieille, a été considérablement modernisée. Et la Russie pour le moment peut faire face à relativement peu de concurrence en Europe. Mais que faire si à l’avenir les USA étaient en mesure d’exporter du gaz de schiste vers l’ Europe à un prix compétitif ?
    Les USA ont encore peu de capacités d’exportation de gaz de schiste en Europe. Ils seraient obligés de construire de nouvelles installations de liquéfaction pour le faire, en d’autres termes, il faudrait édifier des usines sur le golfe du Mexique qui liquéfient le gaz afin qu’il puisse être transporté par bateau à travers l’Atlantique, des installations de regazéification le reconvertiraient en gaz en Europe. Cela est faisable avec de l’investissement en capital, de l’expertise et une législation favorable. Les pays qui construiront de telles installations auront plus d’options énergétiques, pour exporter ou pour importer, quel que soit le cas. Alors imaginez un avenir dans lequel les USA exporteraient du gaz de schiste liquéfié vers l’Europe, réduisant la dépendance des pays européens vis-à-vis des sources d’énergie russe. La géopolitique de l’Europe pourrait changer quelque peu. Le gaz naturel pourrait devenir pour la Russie un outil moins politique et plus purement économique (même si un tel changement non-négligeable exigerait d’importantes exportations de gaz de schiste de l’Amérique du Nord vers l’Europe).
    Moins de dépendance envers la Russie permettrait à la vision d’une Europe centrale et orientale véritablement indépendante et culturellement dynamique de pleinement prospérer – un idéal des intellectuels de la région depuis des siècles, même si les idées, dans ce cas, auraient peu de choses à voir là-dedans.
    Cela pourrait être particulièrement pertinent pour la Pologne. Car la Pologne peut avoir d’importants gisements de gaz de schiste. Si les gisements polonais de schiste s’avéraient être les plus importants d’Europe (un très gros «si»), la Pologne pourrait devenir un producteur d’énergie à part entière, ce qui ferait de ce plat pays sans défenses naturelles, à l’est et à l’ouest – annihilé par l’Allemagne et l’Union soviétique au 20e siècle – un État-pivot ou une puissance moyenne au 21e siècle. Les USA, à leur tour, quelque peu libérés du pétrole du Moyen-Orient grâce à leurs propres sources d’énergie (y compris les gisements de gaz naturel), pourraient se concentrer sur le renforcement de la Pologne comme une puissance amie, tout en perdant une grande partie de leur fort intérêt pour l’Arabie Saoudite; Certes, les immenses gisements de pétrole et de gaz naturel dans la péninsule arabique, l’Irak et l’Iran maintiendront le Moyen-Orient comme grand exportateur d’énergie pour encore des décennies. Mais la révolution du gaz de schiste va compliquer l’approvisionnement et la répartition des hydrocarbures de la planète, de sorte que le Moyen-Orient pourra perdre une partie de sa primauté.
    Il s’avère que l’Australie a également d’importantes réserves de gaz naturel, récemment découvertes, ce qui, avec des installations de liquéfaction, pourrait la transformer en un des principaux pays exportateurs d’énergie principale vers l’Asie orientale, en supposant que l’Australie réduise considérablement ses coûts de production (ce qui peut s’avérer très difficile à faire). Parce que l’Australie a déjà commencé à émerger comme l’allié militaire le plus fiable des USA dans l’anglosphère [resic, NdT], l’alliance de ces deux grands producteurs d’énergie de l’avenir pourrait cimenter encore plus l’influence occidentale en Asie. Les USA et l’Australie se partageraient le monde : tant bien que mal, bien sûr. En effet, si l’exploitation du gaz naturel non-conventionnel a quelque chose à y voir, le soi-disant monde post-usaméricain serait tout sauf cela.
    L’émergence géopolitique du Canada – encore une fois, grâce au gaz naturel et au pétrole – pourrait amplifier cette tendance. Le Canada possède d’immenses gisements de gaz naturel en Alberta, qui pourrait éventuellement être transporté par des futurs gazoducs à venir vers la Colombie-Britannique, où, avec les installations de liquéfaction, il pourrait ensuite être exporté vers l’Asie orientale. Pendant ce temps, l’est du Canada pourrait bénéficier de nouveaux gisements de gaz de schiste qui sous la frontière se prolongent dans le nord des USA. Ainsi, des nouvelles découvertes de sources d’énergie lieraient plus étroitement les deux pays nord-américains, alors même que l’Amérique du Nord et l’Australie seront devenus plus puissants sur la scène mondiale.
    La Chine a également d’importants gisements de gaz de schiste dans ses provinces intérieures. Parce que Pékin est grevé par relativement peu de règlementations, le régime pourrait acquérir les terres et construire les infrastructures nécessaires à son exploitation. Cela allégerait un peu la crise énergétique de la Chine et aider la stratégie de Pékin pour compenser le déclin de son modèle économique orienté vers le littoral en stimulant le développement des terres intérieures.
    Les pays qui pourraient éventuellement souffrir à cause d’une révolution du gaz de schiste seraient les pays enclavés, producteurs de pétrole et politiquement instables comme le Tchad, le Soudan et le Sud-Soudan, dont les hydrocarbures pourraient perdre relativement en valeur à mesure que ces autres sources d’énergie seront exploitées. La Chine, en particulier, pourrait à l’avenir se désintéresser des gisements d’énergie dans ces  pays de bas de gamme [reresic, NdT] et à haut risque si le gaz de schiste qu’elle recèle se met à gicler en abondance.
    De manière générale, l’arrivée du gaz de schiste ne peut qu’accentuer l’importance de la géographie. Quels pays ont du schiste dans leur sous-sol et lesquels n’en ont pas permettra de déterminer les relations de pouvoir. Et comme le gaz de schiste peut être transporté à travers les océans sous forme liquide, les États ayant des côtes auront l’avantage. Le monde deviendra plus petit en raison de la technologie de l’extraction du gaz non conventionnel, mais cela ne fait qu’accroître le caractère précieux de la géographie, plutôt que de le  diminuer.

    Note du traducteur : ayant peu de choses en commun avec Monsieur Kaplan, je ne partage évidemment pas ses présupposés, ancrés dans l’idéologie usaméricaine de la « Destinée manifeste de l’Amérique », pas plus que je ne crois à une « fatalité géographique ». Le but de cette traduction est d’alimenter la réflexion de tous les citoyens francophones qui se battent dans le monde contre la malédiction du gaz de schiste en leur fournissant des éléments de compréhension des stratégies fumantes (et fumeuses) « d’en haut » à l’œuvre.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Que signifie vraiment « Capitale verte » pour la ville de Nantes ?

    NANTES (NOVOpress Breizh) – Nantes a obtenu pour 2013 le titre de « Capitale verte de l’Europe ». Ici, l’adjectif « verte » signifie en principe « amie de la nature ». Mais le maire socialiste de Nantes pourrait envisager de lui donner une toute autre coloration…

    Le prix « Capitale verte de l’Europe » fait partie des opérations promotionnelles – et budgétivores – lancées par la Commission européenne. Créé en 2008, il est décerné sur concours à une ville de plus de 200.000 habitants qui mène une politique exemplaire en faveur de l’environnement. Avant Nantes, Stockholm, Hambourg et Vitoria-Gasteiz ont porté le titre de « Capitale verte de l’Europe ».

    Ce n’est pas un titre qu’on s’arrache. Dix-sept villes seulement ont candidaté à l’un des titres de 2012 et 2013. Mais pourquoi Nantes a-t-elle été retenue ? Avant tout pour sa politique de transports en commun. Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’a pas été pris en considération car, malgré le militantisme de Jean-Marc Ayrault en sa faveur, c’est un projet d’État et non un projet nantais !

    Les élus verts/écologistes de Nantes Métropole assurent avoir joué un grand rôle dans l’obtention du titre et n’apprécient pas que les socialistes prétendent le récupérer au profit d’un discours pro-aéroport. La discorde entre les deux camps est telle qu’un divorce prochain paraît très envisageable. La bagarre entre anciens amants pourrait être féroce autour du titre de « Capitale verte ».

    Que signifie vraiment « Capitale verte » pour la ville de Nantes ?

    Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

    Mais Nantes semble avoir décidé de couper l’herbe sous le pied des écologistes. « Happy Green Year! » (« Bonne année verte ! » en tout petit) proclament ses panneaux d’affichage signés par Patrick Rimbert, nouveau maire socialiste de Nantes. L’utilisation de la langue anglaise cache cependant un message subliminal : la jeune personne qui figure sur l’une des affiches est apparemment d’origine maghrébine et porte un vêtements aux motifs arabes traditionnels.

    Le vert est la couleur de l’islam. Et dans certains pays arabes comme la Syrie, pour se souhaiter une bonne année, on se souhaite une « année verte ». Les socialistes nantais multiplient depuis des années les égards à l’attention des communautés musulmanes et favorisent la construction d’impressionnantes mosquées. De là à imaginer qu’ils comptent donner au titre de « Capitale verte de l’Europe » un sens que ses promoteurs n’avaient pas prévu…

    http://fr.novopress.info

  • Mondialisation : comment le gaz de schiste américain a ruiné des paysans indiens

    JAIPUR (NOVOpress) – Cela aurait presque pu passer pour un conte de fées : tout à coup les paysans pauvres d’une région semi-désertique de l’Inde (le Rajasthan au nord-ouest du sous-continent) abandonnent leurs huttes en pisé pour des maisons en dur, achètent des voitures et travaillent avec des tracteurs neufs… Mais les contes liée à la mondialisation finissent rarement bien.

     

    Cet enrichissement subit était dû à la culture du haricot de guar qui sert là bas (photo) traditionnellement de fourrage, mais entre aussi à de très petites proportions dans la fabrication de dentifrices et sert comme émulsifiant dans l’industrie alimentaire (glaces, pâtisseries). Mais la gomme qu’on en tire est pour le moment aussi indispensable à la fracturation hydraulique des roches (fracking), préalable à l’exploitation des gaz de schiste (1). Une production qui doit permettre d’ici quelques années aux USA de bénéficier de tous les avantages d’un pays producteur et exportateur.

    Cette exploitation industrielle nécessite évidemment des quantités colossales de gomme, ce qui a fait exploser les cours du haricot de guar et enrichi du jour au lendemain nombre de petits exploitants qui, espérant continuer à profiter de cette subite manne n’ont pas hésité à faire très ample provision de semences, quitte à les payer à des prix prohibitifs.

    Las ! Un an plus tard, nombre de concurrents, du Pakistan voisin jusqu’au Texas, ont également voulu leur part du gâteau. Et l’industrie, contrariée de devoir investir jusqu’à 30% du prix d’un forage dans la seule gomme de guar, a accéléré la recherche sur les produits de substitution. En l’absence de pénurie, le cours du haricot s’est effondré, sans espoir d’une amélioration.

    Nombre des 200 000 fermiers ruinés par l’achat de semences désormais sans valeur, pris dans un tourbillon éphémère sur lequel ils n’ont eu aucun pouvoir de décision, pourraient bien être tenté de se joindre au flux continu de migrants rêvant d’une vie confortable à l’occidentale…

    http://fr.novopress.info/

    Note
    (1) Il s’agit de prospections souvent à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Pour simplifier beaucoup, le procédé consiste à injecter sous très haute pression un mélange d’eau et de sables de quartz ou de céramique (et de produits chimiques, voire d’antibiotiques), pour fissurer des roches très fortement comprimées et permettre ainsi au gaz emprisonné depuis des millénaires de passer. La gomme de guar permet une bonne homogénéisation du mélange injecté, et se laisse ensuite aisément dissoudre pour ne laisser que les sables en guise de calage poreux entre les roches.

  • Les écolos, en Vert et contre tout

    Comment participer au gouvernement tout en s'opposant à lui sur le terrain ? Les Verts n'en sont plus à une incohérence près.
    On l'a appris mercredi 19 novembre par un communiqué du Parti socialiste de Harlem Désir : le PS et EELV - cet horrible sigle réducteur du tout aussi horrible Europe Ecologie Les Verts - ont décidé de mettre en place, dès le début de l'année prochaine, trois groupes de travail pour traiter de l'agriculture, de la fiscalité écologique et de la conversion écologique de l'industrie. Des questions écologiques qualifiées de « majeures pour un nouveau développement de notre société. » Le but de ces nouvelles structures, composées tant d'élus que d'experts des deux partis, sera de définir un « socle de propositions communes » afin d'enrichir celles du gouvernement.
    Une décision qui ne laisse pas d'intriguer ceux qui se souviennent que le gouvernement Ayrault compte, justement, deux ministres issus du parti écologiste. Et si Pascal Canfin, ministre délégué au Développement auprès du ministre des Affaires étrangères, est assez transparent, Cécile Duflot, ministre « plein » de l’Égalité des territoires (?) et du Logement, ne manque guère une occasion (cf. notre numéro 864 du 8 septembre 2012) de s'exprimer, à propos de tout et de rien - sauf, peut-être, de ce qui concerne son ministère... -, de préférence à contre-courant de ses collègues.
    À croire que cette alliance, toute de raison certes, ferait presque figure du mariage de la carpe et du lapin !
    Il est vrai qu'il y a d'autres motifs de friction entre les deux formations politiques. À commencer par l'opposition physique et frontale des Verts, sur le terrain, au projet d'aéroport international du premier ministre aux lisières de sa bonne ville de Nantes, pour poursuivre par leur refus des Verts de participer à une primaire commune dans la capitale, à l'occasion des prochaines élections municipales en 2014. Ils ne sont pas tout à fait les seuls au demeurant, le Parti de gauche ayant lui aussi récusé cette proposition. Mais on doit avouer que la primeur de cette technique d'importation américaine au sein même du PS, à l'occasion de la succession de Martine Aubry, n'a pas convaincu grand monde...

    Hulot « envoyé spécial » pour la protection de la planète
    Quoi qu'il en soit, ce décalage entre deux partis alliés dans le gouvernement cèle mal, chez les Verts, un déficit structurel qui, pour avoir longtemps été latent, est de plus en plus visible. Car, passée la parenthèse présidentielle d'Eva Joly, les deux écologistes les plus emblématiques se nomment Nicolas Hulot (photo) et Daniel Cohn-Bendit. Or, l'un comme l'autre ont pris leurs distances avec le parti, notamment pour des différends graves sur la question européenne. Et Cécile Duflot, qui aurait pu transformer son essai à la tête des Verts, a finalement préféré intégrer un gouvernement où elle semble un peu plus mal venue chaque jour, et surtout chaque débat, qui passent...
    Oh ! certes, l'écologie n'est pas morte. Elle rime trop avec idéologie pour que François Hollande la laisse tomber. C'est ainsi qu'il vient de nommer Nicolas Hulot son « envoyé spécial » pour la protection de la planète - ce qui lui permettra sans doute de brûler du kérosène sous tous les deux, et en tout cas aux quatre coins de la planète.
    EELV a décidé de s'en féliciter, même si beaucoup, au sein du parti, n'apprécient que modérément l'ancien animateur télévisuel, comme il a fini par s'en persuader lorsque les militants, à l'occasion des primaires présidentielles, lui ont préféré Eva Joly. Il est vrai que Hulot est un véritable oscillateur politique, capable de passer de Chirac à Mélenchon sans le moindre état d'âme, à la condition de maintenir l'indépendance de son discours - dans le seul domaine idéologique de l'écologie il est vrai, ce qui la relativise fort.
    Cette adhésion est sans doute tout ce qui reste au parti écolo pour se prouver qu'il existe. Ça, et quelques propositions marginales comme la promotion d'une espèce de canopée solaire qui viendrait couvrir le périphérique parisien de panneaux photovoltaïques, ou la lutte contre le réacteur nucléaire EPR de Flamanville.
    Il n'empêche que ça sent le roussi - ce qui n'est guère écolo... Sans doute las des poux que les responsables Verts ne cessent de chercher au gouvernement (auquel, pourtant, leurs proches continuent de participer), un certain nombre d'élus locaux quittent EELV pour dénoncer un fonctionnement illisible, et des décisions incompréhensibles.
    Et ce n'est sans doute pas l'organisation, par Gabriel Cohn-Bendit, grand frère de Dany le rouge, d'un forum des écologistes censé permettre une « action trans-partisane », qui rendra le discours écolo plus cohérent...
    Olivier Figueras monde & vie 26 décembre 2012

  • Le manque d’eau pourrait briser le règne des énergies fossiles

    L’année 2012 s’achève dans le gris. Les discussions sur le réchauffement climatique se sont enlisées et se terminent dans l’épuisement collectif. Les climato-sceptiques ont gagné la seconde manche.

    Sécheresse aux Etats-Unis, été 2012

    Ils avaient perdu la première, lorsque l’immense majorité de la communauté scientifique, une bonne partie des pays de l’OCDE, l’Agence internationale de l’énergie et beaucoup d’ONG étaient parvenues à inscrire le risque climatique à l’agenda régulier des nations. A Doha, c’est l’échec et peut-être la triste réalité décrite dans ce journal (LT du 19.12.2012) par Raphaël Arlettaz, professeur d’écologie à l’Université de Berne : «[…] Nous sommes dans le déni des dommages que l’on cause à la biosphère et, par ricochet, à notre propre espèce. […] Même lorsque nous sommes conscients de notre impact, l’action nécessaire pour en éviter les conséquences n’est que rarement mise en œuvre.»

    Raphaël Arlettaz parle d’une incapacité intellectuelle à intégrer une menace à laquelle l’humanité n’a jamais été confrontée, «un mismatch évolutif». Au plan économique, cela se traduit par des prix d’énergies polluantes ou dangereuses pour l’évolution des espèces qui n’intègrent pas le futur, en dépit du lourd tribut déjà payé par l’humanité.

    Au contraire, l’impensable imaginé lors de l’élaboration du Traité de Kyoto est en train de se produire. Le charbon fait son retour en Europe, en Allemagne notamment, aux Etats-Unis et progresse fortement en Asie. Selon les derniers scénarios de l’Agence internationale de l’énergie, la consommation de houille, la forme la plus sale des énergies fossiles, pourrait surpasser celle de pétrole en 2017. Un cauchemar pour le climat et les maladies respiratoires, une source de pollution au mercure et, moins connue, de radioactivité.

    Autre révolution imprévue : l’abondance de gaz et de pétrole non conventionnels repousse sans doute d’une ou deux décennies la pénurie tant annoncée, le fameux «pic» pétrolier. Si l’on applique la thèse du biologiste, il est quasi certain que ce risque quantitatif ne soit détecté par les prix que la veille des mauvaises nouvelles. C’est les limites des bienfaits de la spéculation: dans le déni, les acteurs économiques ne changeront pas leurs pratiques.

    Le moment gris devient carrément sombre, à tel point que beaucoup imaginent déjà que la seule voie raisonnable est de jeter l’éponge et de se préparer à affronter frontalement les conséquences du réchauffement. Il existe pourtant une lueur d’espoir. Le développement des hydrocarbures pourrait être contrecarré par le manque d’eau et les coûts de plus en plus exorbitants du refroidissement.

    Michael Lieb­reich, directeur de Bloomberg Energy Finance, livre quelques chiffres intéressants dans l’une de ses dernières études. Les chaudières thermiques (gaz, charbon et nucléaire) utilisent des quantités phénoménales d’eau.

    Ainsi, une centrale à gaz de taille moyenne aux Etats-Unis (450 mégawatts, soit la moitié de la puissance d’une centrale nucléaire) consommera 74 millions de mètres cubes d’eau durant l’entier de son activité; une centrale au charbon de 1,3 gigawatt (1300 mégawatts) en engloutira 1,4 milliard de mètres cubes, soit sept fois la consommation annuelle d’eau de la ville de… Paris.

    Le bilan du nucléaire est encore plus sévère. Certes, il existe des tours de refroidissement. Une partie de l’eau est évaporée et retourne au cycle naturel, mais elle aura été prélevée à un autre endroit. Quant aux usines proches des rivières ou de la mer, leurs rejets «chauds» perturbent de plus en plus les écosystèmes. A tel point que des réacteurs nucléaires américains sont aujourd’hui à l’arrêt. Personne n’a oublié les très graves difficultés d’EDF à l’été 2003, contraint de stopper l’équivalent de 16 gigawatts de son parc nucléaire et thermique.

    De fait, selon un autre rapport que vient de publier l’Agence internationale de l’énergie, plusieurs projets de centrale nucléaire ou au charbon sont stoppés en Inde ou en Chine en raison des difficultés à les alimenter en eau.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Rien qu’en Europe, on estime le secteur de l’énergie responsable pour 44% des prélèvements d’eau ou 8% de la consommation, principalement par les tours de refroidissement visibles au loin par leur grand panache blanc. En Asie, selon l’un des directeurs de General Electric, cité par Michael Lieb­reich, plusieurs grands projets de centrale thermique devront être tout simplement abandonnés, alors même que le risque de pénurie d’électricité est patent. Même en Arabie saoudite, pays qui regorge de pétrole, les besoins pour le refroidissement des centrales thermiques nécessaires à la dessalinisation de l’eau sont tels que le royaume va investir massivement dans l’éolien, contraint de réduire ses coûts liés à l’usage d’eau.

    Pour Michael Liebreich, la molécule bleue pourrait bien devenir le meilleur avocat des énergies vertes, solaire ou vent, qui consomment très peu d’eau. Mais le combat, une fois de plus, est inégal. Selon le New York Times, le lobby des énergies fossiles a dépensé, durant la campagne américaine, 153 millions de dollars pour promouvoir les énergies fossiles, contre à peine 41 millions pour les énergies propres. Au final, le facteur déterminant, ce sera celui des prix. Et là, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Ce sera l’objet d’une chronique en 2013. De joyeuses Fêtes d’ici là.

    Le Temps (21 décembre 2012) http://fortune.fdesouche.com

  • Comment la gauche a confisqué l'écologie

    La planète penche-t-elle plutôt à gauche, ou à droite ? Le Vert, en politique, est-il indissociable du rouge ? Jean-Marie Le Pen a dû en surprendre plus d'un, en rappelant, le 8 février dernier, qu'historiquement, l'écologie est « de droite ». Si l'on s'en tient à la sémantique, la thèse est audacieuse, le mot « écologie » n'ayant été versé au lexique politique qu'au tournant des années 70. Il n'en va pas de même de l'idée. Avant de désigner la protection de l'environnement, l'écologie étudie les problèmes relatifs au maintien des équilibres biologiques et à la conservation de la nature.
    Or ; les gauches étaient les moins bien placées pour « récupérer» ces thèmes-là. Pendant des décennies, elles s'étaient essentiellement tournées vers le prolétariat. La question des pollutions qu'émettaient les industries se posait en termes de santé, pas d'environnement. Quant au monde rural, par définition le plus proche de la nature, il restait, sauf dans le Midi rouge, hautement suspect de conservatisme.
    Un article paru dans Politis en juin 2002 le soulignait crûment : « S'il est un mythe solidement arrimé à la tradition de gauche, c'est bien que la paysannerie est par nature - c'est le cas de le dire - réactionnaire », y écrivait Fabrice Nicolino, en rappelant l'opposition des campagnes aux révolutions ouvrières et à la Commune, l'aventure des Chemises vertes de Dorgères - qui fit « craindre à la France du Front populaire le basculement de la paysannerie dans le camp du fascisme » - et enfin, « les redoutables phrases » de Pétain sur la terre qui « ne ment pas »... Ces réminiscences achevèrent « de convaincre les gauches de l'après-guerre qu'il faut se méfier de la campagne. »
    La donne change pourtant avec le mouvement de Mai 68, ou plus précisément, le début des années 70. L'évolution est alors double et simultanée. En premier lieu, sur fond de mode hippie, de retour à la nature et de vie communautaire, diverses mouvances libertaires, féministes, autogestionnaires, antimilitaristes ou régionalistes (cette dernière tendance ayant elle aussi été récupérée sur la droite) se regroupent au sein des premiers partis écologistes. Il se trouve à point nommé des intellectuels pour nourrir ces réflexions et leur prêter un corps de doctrine - ainsi le sociologue protestant Jacques Ellul, dont la triple critique du progrès technique, de la société de consommation et de l'Etat, influencera durablement José Bové.
    Parallèlement, se développe au sein d'une partie minoritaire de la paysannerie un courant syndical, conduit notamment par Bernard Lambert, fondateur des Travailleurs Paysans (d'où la Confédération paysanne est issue). Ce courant, qui remet en cause l'option productiviste défendue par la puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), se réclame explicitement de la gauche. Lambert lui-même, issu à l'origine de la Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC), a été élu député de Loire-Atlantique en 1958 avec l'appui du MRP, avant de rejoindre le PSU de Michel Rocard. Auteur d'un livre intitulé les Paysans dans la lutte de classe, il lance par ailleurs la première affaire de « mal-bouffe » : le combat contre le veau aux hormones, au début des années 80.
    Tout ce joli monde se donne bientôt la main autour d'un événement fondateur inespéré : l'affaire du Larzac, où se côtoient bientôt des militants indépendantistes polynésiens ou canaques, des immigrés « en lutte pour leurs droits », des peaux-rouges, des Sahraouis et tout un monde de maos, trotskos, cocos et cathos de gauche. Pour eux, le champ est libre, sans concurrence et pour longtemps. La droite gouvernementale discute le bout de gras aux sommets du GATT et distribue des subventions. Quant aux nationalistes, qui conservent une sympathie naturelle à l'égard du monde rural, ils ne représentent politiquement rien et sont inaudibles - ou absents. C'est ainsi qu'on se laisse déposséder d'une partie de son identité.
    Il ne serait pourtant pas illogique d'entendre aujourd'hui des nationalistes s'élever contre les empiétements de l'Organisation mondiale du commerce, qui veut obliger les Etats européens à s'ouvrir aux organismes génétiquement modifiés ; ou de voir des souverainistes s'impliquer dans la lutte contre les OGM, qui constituent un danger potentiel pour la santé des consommateurs et portent doublement atteinte à la paysannerie (ces semences contaminent les champs voisins et sont conçues de telle sorte qu'il est impossible de réensemencer avec le grain fourni par la plante, ce qui rend l'agriculteur dépendant du fabriquant).
    Le combat écologiste, pris en otage depuis trente ans par les idéologues « verts », n'a pas forcément vocation à demeurer leur chasse gardée.
    Pierre-Jean Rivière le Choc du Mois Février 2007

  • Crue, gel, assèchement ! Comment l'eurocratie liquide la paysannerie

    L'Europe verte communautaire, lancée par le ministre de l'Agriculture Chirac sous Pompidou, devait être l'âge d'or des paysans de France, d'après la propagande du « plus grand ministre depuis Sully » (la FNSEA en 1973). Le vert espérance s'est mué en vert-de-gris fatal, les paysans sont une espèce en voie de disparition. L'agonie des exploitants aboutit en ce moment à une crise intereuropéenne, la France et l'Allemagne se heurtent. Les agriculteurs, désespérés, ne savent pas comment résister à leur disparition programmée. Comment en est-on arrivé là ?
    Dans une première phase, jusqu'en 1990 environ, la Commission européenne a poussé à la production, sans mesure, d'énormes quantités de produits agro-alimentaires pouvant être écoulées grâce au commerce Est-Ouest, aux rouages mystérieux. La jonglerie des "MCM", les montants compensatoires, permettait de masquer les disparités entre pays européens. Mais le fonctionnement faussé des exploitations, orientées artificiellement vers telle ou telle activité, faisait disparaître au moins 600 000 paysans en quinze ans, rien qu'en France.
    Après la chute du Mur, la Politique agricole commune généralisait le système des aides communautaires et d'Etat. L'agriculture marchait à la subvention à 100%, le résultat fut foudroyant : en cinq années, 1990-1995, il disparut autant de paysans français 600 000 - que de 1975 à 1990. Moins d'un million d'agriculteurs subsistaient sur environ 700 000 exploitations. Plus question de pousser les paysans au productivisme pour tous, maintenant réservé aux plus importants. Le gel des terres est à l'ordre du jour.

    Paysagiste ou machiniste
    Mais cette aberration à tous points de vue ne sert à rien. Une double influence pèse sur Bruxelles. L'Amérique impose sa notion de "prix mondial", et l'Europe de l'Est est censée adhérer à l'Union européenne,dans un avenir proche. Qu'est-ce que le prix mondial ? Il est à la base de la réforme de la PAC, de l'Agenda 2000, et il correspond en fait, pour un produit agricole donné, à son prix de vente aux pays du tiers monde insolvables. Le prix mondial n'est pas établi d'après les coûts de la production. A la lumière d'un tel critère, les subventions à l'agriculture deviennent inconcevables. Quant à l'Europe de l'Est, elle est grosse productrice agricole. Pour Bruxelles, c'est clair, il faut en finir avec la paysannerie. Et vite.
    A Paris, Chirac et Jospin sont d'accord ; seulement, ils souhaitent qu'une mort lente intervienne, afin d'éviter les sursauts d'agonie. A usage interne, tournés vers les condamnés à la disparition, ils se sont partagés les rôles. Chirac prône le tout-export, qui ne nécessite plus que des machinistes salariés sur les zones où la culture sera encore tolérée. Jospin, lui, fait miroiter le poste de paysagiste, chargé de l'entretien des paysages. Les subventions européennes diminueraient lentement jusqu'à extinction totale.
    La Commission européenne est, elle, impatiente. La moitié de son budget est consacrée aux paysans (plus de 40 milliards d'euros). La France représente un obstacle sur la route des précieuses économies à réaliser. Le trio Chirac-Jospin-Glavany (le ministre de l'Agriculture) est sommé de s'activer. D'autant plus que l'Allemagne exige de payer moins pour le budget européen. D'où la campagne alarmiste sur le « conflit France-Allemagne » à propos de la nouvelle PAC, dramatisé à dessein, alors qu'il y a longtemps que Chirac et Jospin ont accepté le point de vue de la République de Berlin. Ils feront semblant de plier sous la contrainte germanique, pour ne pas endosser la responsabilité du nouveau budget de Bruxelles, de plus en plus lourd sur les impôts français.
    Et les paysans, dans tout ça ? Ils ont manifesté à Bruxelles, par dizaines de milliers, toutes nationalités de "l'Euroland" confondues. Seul résultat visible : la coopération policière européenne à leur encontre a été parfaite. Le commissaire eurocratique à l'Agriculture, Franz Fischler, a concocté une petite réglementation supplémentaire à leur égard, la norme écologique, qui permettra, par le coût qu'elle entraîne, de supprimer plus vite de nombreuses exploitations. Les médias se déchaînent entre les "céréaliers" et les "profiteurs paysans" de "l'Europe, ça eut payé", pendant que Glavany agite le budget de "l'agriculture bio" qui n'autorisera qu'une poignée de paysans à subsister quelques années de plus. Il ne reste plus aux agriculteurs qu'à se défendre, dos à leur ferme, contre ceux. qui les tuent à coup de subventions.
    René-Louis DUVAL National Hebdo du 4 au 10 mars 1999

  • CO₂ : ENNEMI PUBLIC NUMERO UN (arch 2010)

    RÉSUMÉ
    La réunion de Cancun est l'occasion de comprendre comment le CO₂ est devenu l'ennemi public numéro un grâce à la nouvelle et fausse religion écologique dont les grands prêtres font la fête à au Mexique, après Kyoto et Copenhague. Certes ces grands prêtres se chagrinent de voir la Chine, les Usa, le Japon et la Russie trainer les pieds ; mais la probabilité d'un échec relatif ne ne doit pas nous rassurer car la violence des fausses chimères est celle d'un vrai torrent. Le plus incroyable est que ce CO₂ est effectivement un malheur mais pas pour les raisons affichées par les fidèles ou les idiots utiles et pour bien d'autres raisons.
    LA PYRAMIDE DES CHIMÈRES
    Voici sauf erreur ou omission, l'énoncé de l'empilage des chimères sur laquelle repose l'escroquerie en cours.
    Il y aurait un réchauffement, le soleil n'y serait pour rien, l'homme seul en serait responsable, il y aurait des gaz à effet de serre, parmi eux le CO₂ serait le principal, ce serait donc l'ennemi public numéro un, les privés seraient incapables de s'occuper du problème, les politiques seuls responsables de l'intérêt général devraient donc augmenter leurs pouvoirs pour organiser la lutte, les statisticiens devraient imaginer des mesures impossibles, la secte des écolos serait seule à défendre l'environnement, les hommes ayant perdu l'usage de la raison ne sauraient pas gérer les évènements climatiques comme ils l'ont fait depuis des millénaires.
    LES COUPS DE POUCE
    L'une des tactiques employées par les fidèles, comme dans toute désinformation, est de donner sans cesse des coups de pouce dans le « bon » sens. Les exemples au niveau du Giec sont nombreux. Comme la terreur n'est jamais suffisante, il vient d'être publié que toutes les prévisions de relèvement du niveau de la mer sont insuffisantes et bien plus proches que prévu : des cartes épouvantables sont publiées avec des villes disparaissant sous la mer. Le sang devant couler à la une, les médias en rajoutent facilement . De coup de pouce en coup de pouce, les chimères deviennent du béton.
    Les gamineries ne sont pas absentes. Gaz de France vient d'écrire que 950 000 clients ont souscrit à la facture électronique ce qui économise le papier ! Il existe certaines sortes de papier utilisés pour un usage disons poliment plutôt médiocre : faudra-t-il aussi les économiser pour sauver la planète ?
    Il nous est demandé maintenant d'être « eco-responsable » au bureau : cela veut dire par exemple qu’il faut réduire le nombre de pages d'un rapport en écrivant recto-verso !
    Quant aux autres diverses phases du parcours chimérique il est facile de donner sans cesse des coups de pouce. Pour être bien vu des écolos, le gouvernement donnera des bonus-malus aux automobiles ; cela ne l'empêchera pas de rectifier le tir en catastrophe comme il l'a fait en septembre : les prévisions étant fausses il s'était trompé dans les calculs !
    ET VOICI LES INTÉRÊTS
    Parallèlement aux coups de pouce, des intérêts se révèlent successivement, s'organisant, se regroupant et s'épaulant.
    Les avantages des savants qui s'engouffrent dans la chimère sont connus ; dans beaucoup de disciplines il serait impossible de publier des travaux ou d'enseigner sans faire allégeance à la nouvelle religion. Les intérêts des politiciens sont immenses. Malgré la pénitence provisoire infligée à Borloo, la France « bénéficie », si l'on peut dire, d'une Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. La truffe est si bonne que la plupart des autres pays ont à supporter aussi un tel ministère. Derrière la figure de proue, une multitude d'élus et de fonctionnaires se nourrissent sur la truffe d'autant plus que les ramifications s'étendent au mille échelons des collectivités : leur nombre est impossible à connaître. Les statisticiens officiels s'en donnent à cour joie en jouant sur des moyennes de moyennes.
    Du coté des privés, ce n'est pas mieux. Les grandes sociétés ont vite saisi la violence du courant et nombre d'entre elles ont un directeur du développement durable. Ce dernier dirige les investissements de la firme vers des produits supposés en phase avec la nouvelle religion. La publicité fait le tam-tam et nous vante une voiture « écologique ». Les particuliers sont invités à investir dans les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques ; leur risque est immense car il n'agissent pas sur un marché libre mais vendent leur électricité à l'Edf, organisme public. Celle-ci ne se gêne pas pour minorer les prix au gré de son bon plaisir et de même le gouvernement suspend ses aides quand cela lui plaît !
    Toute fausse religion a besoin d'une bible de remplacement ; le « grenelle de l'environnement » réalise ce rêve avec l'appui bruyant d'associations riches des subventions publiques.
    Personne dans tous ces milieux n'a intérêt à dire la vérité ni même à afficher le moindre doute, chacun apportant ainsi sa pierre à l'édifice en carton.
    LA ROUTE DU MALHEUR
    Quand il y a des chimères, la première conséquence est l'effet de ruine.
    En l'espèce, il commence par le coût exorbitant de toutes les actions publiques ou privées conduisant soit à une déferlante d'impôts soit à un renchérissement des prix des produits frappés. Il s'ajoute les fausses orientations industrielles ou commerciales ; bonus-malus avec allers et retours et voici l'industrie automobile chahutée dans tous les sens. Personne évidemment ne peut calculer l'intensité de la ruine.
    Les États, même s'ils ne s'engagent que modérément dans les chimères, en profitent pour resserrer leur emprise sur la vie économique et la vie tout court. Les conséquences dévastateurs de toute action publique s'enchaînent en conséquence. La chimère du réchauffement est l'occasion rêvée d'attaquer l'économie libre seul moyen pourtant de créer la richesse nous permettant de nous adapter au climat quel qu'il soit. Cela s'étend même hors frontière : avec une grande cruauté les chefs d'État occidentaux ont essayé d'interdire aux pays émergents de parcourir le chemin que nous occidentaux avons franchi dans la durée pour échapper à la faim ou à la misère.
    Il conduit les manipulateurs du réchauffement à penser que les hommes sont de trop dans la nature ; leurs prétentieux calculs aboutissent carrément à chiffrer le CO₂ dont les nourrissons seraient responsables (sic) ; ils appellent la Chine et l'Inde à limiter leurs populations au besoin en détruisant leurs petits à naître. Il y a conjonction avec la culture de mort. Des investissements deviendront inadéquats : des banques, apparemment sérieuses et non portées sur les gamineries, prêchent à leurs clients de diminuer « l'empreinte carbone » de leur épargne !
    Le résultat final, si le scandale ne s'arrête pas, sera que les gens seront privés de leur faculté d'adaptation aux évènements climatiques qu'ils ont depuis toujours observés et gérés.
    C'est de cette façon que le CO₂ est nuisible et pas du tout par de supposés dégâts causés par le niveau des mers.
    ET DEMAIN ?
    Les Européens n'offrent qu'une résistance molle aux « verts » et cela n'arrange rien alors que d'autres phénomènes minent irrésistiblement les industries européennes. En France, il est question couramment de « verdir » les logements ce qui veut dire de renchérir leur prix et d'appauvrir les occupants. Le ministère du logement veut exiger que dans les petites annonces la qualité énergétique du logement soit spécifiée (sic) : c'est une sorte de nationalisation rampante des petites annonces qui jusqu'ici représentaient un espace tranquille de liberté. La ministre de l'écologie est sur le pied de guerre pour punir de toutes les façons possibles les Français assez intelligents pour s'affranchir des chimères.
    Plus que jamais il faut changer de personnel politique, les politiciens actuellement visibles étant tous prisonniers de la même idéologie et de leurs propres intérêts.
    Michel de Poncins http://www.libeco.net/
    micheldeponcins@orange.fr