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Avec la fin des sanctions qui se profile, l’économie iranienne pourra décoller. De nombreux secteurs industriels sont concernés, à commencer par l’industrie pétrolière. Qu’elles soient iraniennes ou étrangères, les entreprises devraient largement en bénéficier.
Cette fois, Martin Schulz n’y est pas allé par quatre chemins. Il ne lui a pas suffi de faire le forcing pour reporter le vote sur le TTIP (Grand Traité transatlantique, ou TAFTA) le mois dernier. Aujourd’hui, interprétant librement le règlement, le président du Parlement européen est allé jusqu’à interdire le vote d’un amendement contre la clause des tribunaux arbitraux privés proposée par le Mouvement 5 Étoiles. Le plan des grandes multinationales et des lobbies a donc réussi au sein du parlement de Bruxelles et de Strasbourg. En un mois, ils sont parvenus à convaincre la majorité des eurodéputés indécis, surtout italiens. Ceux qui, jusqu’au mois dernier, auraient voté contre la clause de la discorde. Dans cette vidéo, l’eurodéputée Tiziana Beghin, porte-parole du Mouvement 5 Étoiles, nous explique ce que signifie ce vote du 8 juillet 2015.
Les dirigeants de la zone euro ont imposé un accord aux conditions encore plus dures, presque punitif, aux Grecs. Mais la défaite d’Alexis Tsipras résonne comme une défaite pour toute la zone euro.
Jamais, dans le jargon européen, le terme de « compromis » n’aura semblé si peu adapté. « L’accord » atteint au petit matin du 13 juillet entre la Grèce et le reste de la zone euro a désormais des allures de déroute pour le gouvernement grec. Une déroute qui a un sens pour le reste de l’avenir de la zone euro.
Erreur stratégique
Avant d’en venir aux conséquences, il faut expliquer cette défaite d’Athènes. Le gouvernement grec avait accepté jeudi soir le plan des créanciers présenté le 26 juin. Un plan déjà extrêmement difficile à accepter pour la majorité parlementaire grecque. Cette dernière s’était d’ailleurs fissurée vendredi soir dans le vote à la Vouli, le parlement grec. Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, pouvait cependant alors prétendre pouvoir arracher un accord sur la dette comme « compensation. » Malheureusement pour lui, les créanciers ont alors immédiatement compris le message : l’exécutif grec craignait davantage la sortie du pays de la zone euro que l’abandon de son propre programme. On aurait pu s’en douter dès le 22 juin lorsqu’Athènes avait déjà présenté un plan d’austérité. Mais le « non » au référendum avait été une contre-offensive qui, compte tenu du résultat, pouvait donner un mandat implicite au premier ministre pour réaliser le Grexit. Il n’en a pas jugé ainsi. En grande partie parce qu’il a commis l’erreur de ne pas le préparer.
La curée
Dès lors, la position grecque était extrêmement fragile. En effet, pour un petit pays aussi affaibli et endetté que la Grèce, la seule force dans les négociations était la menace de la sortie de la zone euro. Menace que, sans doute, il fallait éviter de mettre en oeuvre si c’était possible, mais qu’il fallait brandir assez sérieusement pour faire douter le camp d’en face. Dès lors que cette menace était levée, Athènes n’avait aucun moyen de pression. La position grecque s’était alors entièrement découverte. Et les créanciers ont pu, sans crainte d’une rupture, augmenter leurs exigences. Pour cela, le moyen était fort simple : il suffisait de menacer la Grèce d’une sortie de la zone euro. Comme cette dernière n’en voulait à aucun prix, il était simple de lui faire accepter d’autres conditions et d’annuler ainsi une partie des succès obtenus durant six mois de négociations, notamment le retour des « revues » de la troïka, l’instauration du travail du dimanche et la mise en place d’un fonds de 50 milliards d’euros issus des privatisations pour recapitaliser les banques, rembourser la dette et faire des investissements productifs. Et pour bien faire comprendre à la Grèce qu’elle devait filer droit cette semaine et voter les « réformes » souhaitées, le premier ministre néerlandais Mark Rutte a prévenu que le « Grexit n’était pas encore exclu. [.....]
Entre évasion fiscale et minoration des revenus déclarés pour payer moins d’impôts, les multinationales ont fait sortir illégalement 210 milliards de dollars de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao) entre 2002 et 2011, selon un rapport de la fondation Osiwa, qui promeut la transparence et la bonne gouvernance en Afrique de l’ouest.
Le montant des fraudes, qui a augmenté de 23% durant la décennie, s’élevait en 2011 à 18 milliards de dollars, alors que l’aide au développement dont bénéficie la région n’est évaluée qu’à 12 milliards de dollars. Le Nigeria est le pays le plus touché avec 142 milliards de dollars de pertes fiscales sur cette période.
«Les conséquences sont catastrophiques. La preuve est ce qu’on vit avec Ebola, où les États concernés n’ont pas le minimum de moyens pour faire face aux besoins», observe Ibrahima Aidara, l’un des auteurs du rapport.
«Les multinationales sont fautives. Normalement, si elles sont prises en faute, des mécanismes judiciaires doivent s’appliquer. Mais comme tout se fait de manière opaque et que les fraudes ont la bénédiction des pays développés», il n’en est rien. Seuls le Ghana et le Nigeria disposent de lois encadrant ce genre de fraude.
Les exonérations fiscales accordées par certains gouvernements de la région aux entreprises, dont les montants atteignent parfois 40% du budget étatique, n’attirent pas en prime tant d’investissements directs étrangers.
Après avoir décroché un accord à Bruxelles, Alexis Tsipras doit affronter ses partenaires à Athènes. Ainsi, le Premier ministre va devoir mettre de côté les frondeurs de son parti, ceux qui sont opposés aux réformes douloureuses. Vendredi déjà, 17 députés de Syriza avaient fait défection obligeant le chef du gouvernement à s’appuyer sur l’opposition.
Selon l’analyste économique Charalambos Gotsis :
Cet accord représente plus de récession pour la Grèce, et des revenus plus bas pour les citoyens et ceux qui ont soutenu Syriza vont en ressentir les effets. Le Premier ministre a essayé d‘éviter ça à Bruxelles, mais n’a pas vraiment réussi.
Plutôt que de résoudre ses problèmes politiques, l’accord qu’Alexis Tsipras a réussi à décrocher à Bruxelles les a plutôt multipliés. Et le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Grèce moderne court sérieusement le risque de devenir celui au mandat le plus court.
L'expression, employée en... 2011 par l'économiste Marc de Scitivaux, l'un des premiers à avoir anticipé les conséquences financières de la crise du subprime, peut s'appliquer à l'accord européen conclu avec la Grèce - un accord qui non seulement ne rend pas sa dette plus soutenable, mais lui fait perdre une partie de sa souveraineté :
"La Grèce a jusqu'à mercredi soir pour légiférer sur une liste d'«actions prioritaires» qui bouscule toutes les lignes rouges dressées par Athènes depuis cinq mois. Généralisation d'une TVA alourdie et refonte du coûteux système de retraite, bien sûr. Mais aussi limitation de la souveraineté budgétaire: il s'agit, précisent les dix-neuf, «d'introduire des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapage» par rapport aux objectifs d'excédent.
Une fois ces lois passées à la Vouli et le feu vert impératif donné par le Bundestag et cinq autres parlements (Autriche, Estonie, Finlande, Pays-Bas et Slovaquie), la discussion effective du plan de sauvetage pourra débuter. Alexis Tsipras, figure de proue de l'extrême gauche européenne, devra alors avaler d'autres couleuvres: la poursuite du mandat du FMI au-delà du printemps 2016, l'introduction de procédures de licenciement collectif inédites en Grèce, le «réexamen rigoureux» du pouvoir syndical et des négociations collectives [ndlt : et la légalisation du travail le dimanche].
Politiquement, les mains du premier ministre, ou de son successeur, seraient liées pour trois ans. Le gouvernement «devra consulter les institutions (créancières) et convenir avec elles de tout projet législatif» lié au plan de redressement, et ce «avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement», insistent les dix-neuf. Plus de référendum, donc. La Grèce perd une partie de sa souveraineté. La troïka, officiellement réinstallée d'un même trait à Athènes, obtient des pouvoirs qui s'apparentent à ceux d'un régent."
La mesure censée apporter de l'oxygène à la Grèce ne règlera rien. Athènes devra en effet mettre en place un fonds de privatisation dont l'objectif sera d'engranger 50 milliards d'euros : la moitié ira aux banques, et seulement un quart au service de la dette et un quart aux investissements. En attendant, la Grèce continuera d'être rachetée morceau par morceau par des intérêts étrangers, dans des proportions bien plus importantes que par le passé. Voilà ce qu'elle a déjà perdu (pour 7,7 milliards €, une paille à côté des 50 milliards qu'elle doit maintenant trouver) :
"Après la victoire de Syriza en janvier, plusieurs ministres avaient annoncé l’arrêt de certaines privatisations, notamment celle du Port du Pirée au grand dam des Chinois qui gèrent déjà l’un des ports de marchandises. Mais Alexis Tsipras a tranché en faveur des privatisations, à l’exclusion de celles concernant les sociétés de l’eau ou de l’énergie.
Les principales privatisations en cours sont celles de la compagnie de chemin de fer, Trainose, des ports du Pirée et de Salonique, ainsi que plusieurs marinas.
Depuis 2011, Taiped a mené à bien une vingtaine d’opérations. La plus importante est celle de la concession de quatorze aéroports régionaux accordée en novembre 2014 à une entreprise allemande, Fraport, associée à une société grecque, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. C’est la plus grosse privatisation réalisée à ce jour.
La vente du site de l’ancien aéroport d’Athènes, Hellenikon, un immense terrain laissé à l’abandon depuis 2004, en bord de mer, a été confié à l’une des principales grandes familles grecques, les Latsis, associée à un fonds chinois et un fonds d’Abou Dhabi, pour 900 millions d’euros. L’affaire a suscité des polémiques car le bien avait été évalué à plus de 3 milliards d’euros.
La société de jeux, l’OPAP, a été cédée à un consortium gréco-tchèque, Emma Delta."
Voilà quelques jours, Nigel Farage conseillait à Alexis Tsipras de quitter, la tête haute, la zone euro :
Marc Scitivaux, doué pour les prédictions donc, ne disait rien d'autre en 2011, face au chef économiste de Goldman Sachs (la banque qui a non seulement aidé la Grèce à camoufler sa dette, mais a spéculé sur son dos par la suite) :
Le ministre grec des Finances était prêt à prendre le contrôle de la banque de Grèce et appliquer une décote sur les obligations grecques pour obtenir un accord plus favorable, quitte à diriger le pays vers une sortie de la zone euro. Avec Angela Merkel et François Hollande, Alexis Tsipras a choisi l'euro. Pour combien de temps ? Le terme "Europe" nous vient certes de la Grèce, mais aussi celui de "chaos".
C’est maintenant un problème de confiance ! Il y a quelques jours, la question pour l’Eurogroupe était de savoir si Tsipras céderait à leurs pressantes exigences. La réponse est oui. Pressé par la nécessité, il consent à accepter, la mort dans l’âme, ce qu’il refusait jusqu’ici. Même quand Merkel en rajoute toujours un peu plus. C’est bon alors ? Les fonds européens vont être débloqués pour enrayer la ruine de l’économie et la misère du peuple ? Nullement !
Au moins la moitié de ses interlocuteurs n’a pas confiance dans le gouvernement et les élus hellènes, ils ont si souvent promis sans jamais tenir, une fois la manne recueillie ! Ne pouvant sonder ni le cœur ni les reins de Tsipras, nous ignorons s’il tiendra parole. En revanche, nous savons, par expérience, que nous ne pouvons pas faire confiance aux dirigeants européens, ceux d’hier et d’aujourd’hui. Ils n’ont pas honoré leurs promesses, ils ont abusé de la confiance des peuples, ils n’ont pas respecté leurs engagements. Qu’on se souvienne de la campagne en faveur du traité de Maastricht, fondateur de leur Europe, et ce qu’ils nous promettaient si nous votions oui. Rocard : « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie ». Giscard : « Si le Traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » Michel Sapin : « Le traité d’Union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. » Pour ceux que ces arguments-là ne convainquaient pas, on employa la peur, dans Le Monde, Jacques Lesourne, son directeur d’alors écrivait : « Un non au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » Nous pourrions encore ajouter à ce florilège dont la lecture rétrospective est accablante. Malgré cette débauche de propagande, ils n’obtinrent qu’un oui du bout des lèvres, à 51 %.
Si les promesses avaient été tenues, si donc l’Europe connaissait la croissance et le plein emploi, si ses citoyens étaient prospères, jamais il n’y aurait eu de crise grecque. Elle est le fruit de leurs mensonges et de leurs trahisons. Mais c’est aux peuples de régler la lourde note de leur impuissance et de leur incompétence ! Et les eurocrates s’obstinent : si ça ne marche pas, c’est qu’il n’y pas assez d’Europe, il faut aller plus loin ! Aujourd’hui, 64 % des Français voteraient non. Peu importe à nos dirigeants, la marche en avant vers l’abîme doit continuer. À chaque fois qu’on leur laisse la parole, les électeurs, en Grèce, en France, en Europe expriment un refus grandissant d’une Europe qui les a appauvris. Alors, à Bruxelles, on entend bien leur insuffler l’obéissance, à défaut de la confiance, à coups de trique humiliante.