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économie et finance - Page 549

  • La Chine a proprosé la création d'une banque : Le Déclin de Bretton Woods

    « L'Angleterre n'a pas d'amis ou d'ennemis, elle n'a que des intérêts permanents ».

    Winston Churchill

    Une information passée inaperçue. La Chine a proposé la création d'une Banque (l'AIIB), l'Asian Infrastructure Investment Bank, Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures dotée d'un capital initial de 100 milliards de dollars. Elle a pour objectif de répondre aux besoins croissants d'infrastructures ( transports, barrages, ports, etc.. ) de la région asiatique. Créée en 2014 sur l'initiative de la Chine, elle est destinée à financer les projets d'infrastructures dans la région Asie-Pacifique.

    La Russie participera à la fondation de la Banque asiatique, a annoncé samedi 29 mars à Bo'ao, en Chine, le premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov. L'AIIB vient surtout concurrencer la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD), deux organisations contrôlées par les Occidentaux, qui en détiennent les principales parts de vote et les postes clés. Traditionnellement, la Banque mondiale est dirigée par un Américain, le FMI par un Européen, la BAD par un Japonais.

    Le système bancaire en bref 

    Pour avoir une idée du fonctionnement du système actuel qui génère une financiarisation, lisons cette contribution qui en explique le mécanisme et ses perversions : « Le système bancaire actuel fonctionne selon un principe très simple. Celui qui veut emprunter de l'argent promet au banquier qu'il remboursera et sur cette promesse le banquier lui crée un avoir. Sur cela l'emprunteur doit des intérêts. La Banque centrale européenne (BCE) oblige les banques d'avoir 2 centimes en réserve pour chaque euro qu'elles doivent à leurs clients. Nos avoirs bancaires sont maintenant couverts pour quelques pourcentages d'argent réel, le reste de l'argent n'existe pas. Nous n'avons donc pas d'argent à la banque, mais un avoir de la banque, une promesse du banquier, qu'il nous donnera du vrai argent en échange si nous lui demandons. Les banques empruntent le vrai argent de la BCE. C'est l'argent dans notre porte-monnaie. Le vrai argent est également utilisé sous forme électronique dans les paiements entre banques. Dans le trafic de paiements interbancaires quotidien, les banques annulent les montants qu'elles se doivent mutuellement et le soir elles ne se paient que les différences. Ainsi, avec un tout petit peu d'argent les banques, entre elles, peuvent payer des millions.» 

    «Dans l'argent'' en circulation, les prêts s'entassent toujours plus... Les intérêts pour les épargnants sont payés par les emprunteurs. Ces intérêts aussi portent des intérêts. A 3% d'intérêts l'épargne double en 24 ans, à 4% en 18 ans. Donc les riches deviennent de plus en plus rapidement plus riches. Aujourd'hui 10% des Européens les plus riches détiennent 90% des richesses. La masse de pseudo-argent ne cesse de croître. Aux alentours de 1970 elle avait atteint le stade où les avoirs dépassent le Produit intérieur brut. Cela menait au développement d'un secteur financier, où l'on gagne l'argent avec l'argent, c'est-à-dire avec des intérêts et en soufflant des bulles à la Bourse. (...) Les banquiers ont réussi à convaincre les gouvernements, que ce serait mieux s'ils n'empruntaient plus à leur banque centrale (ce qui dans la pratique revenait à emprunter sans intérêts) et, à la place, d'emprunter à des banques commerciales, donc à intérêts». 

    «Dans tous les pays qui l'ont accepté la dette publique croissait exponentiellement. (...) Les gouvernements devaient réduire leurs dépenses pour faire face à la charge croissante des intérêts. Mais contre l'effet de la croissance exponentielle des intérêts on ne pourra pas gagner avec des réductions de dépenses. Les gouvernements devaient vendre des services publics pour rembourser les dettes..(...) Les pays faibles se retrouvent endettés, sans possibilité de s'en sortir. Les banques profitent de ces montagnes de dettes croissantes et font porter les risques par les payeurs d'impôts.

    Quelle serait la solution ? 

    La solution de tous ces problèmes est aussi simple que sa cause. Nous devons ériger une banque d'Etat qui a le droit exclusif de créer de l'argent. Il faut interdire les prêts d'argent inexistant. Une banque d'Etat n'a pas besoin de capital, ni de bénéfices. Aussi, les intérêts peuvent rester très bas ou être compensés fiscalement. Le gouvernement ne sera plus dépendant des banques.

    Il est tragique de voir comment des pays sont ruinés. Ils laminent les dépenses sociales au profit des remboursements d'intérêts et ceci ad vitam æternam puisque le principal est encore hors de portée du remboursement. Par contre, et sans faire dans un prosélytisme déplacé, dans le mécanisme de la finance islamique, l'usure (intérêt n'existe pas) et les risques sont partagés entre l'emprunteur et sa banque.

    La naissance d'une banque en dehors de l'hégémonie américaine

    Les Chinois sont devenus les plus grands créanciers de la Terre: une réserve de plus de 3000 milliards de dollars en devises. Elle achète des obligations d'État mais aussi des entreprises privées, des hôtels, des cliniques, des monuments historiques, des tableaux, des châteaux, des infrastructures ( aéroports, ports ) etc. La Chine représente maintenant 15% de l'économie mondiale et a conquis la deuxième place devant le Japon. 

    La Chine a annoncé, être désormais la première puissance commerciale mondiale. Elle n'a jamais vraiment considéré l'Union Européenne comme un partenaire politique de premier plan. Et malgré sa rivalité avec les Etats-Unis, elle estime que Washington est le seul véritable interlocuteur sur la scène internationale. Pour rappel, les pays du Brics dont fait partie la Chine forment un bloc important à l'échelle mondiale. Leur poids démographique atteint 3 milliards de personnes, soit 42% de la population mondiale et leur PIB représentait en 2010, quelque 14.000 milliards d'USD, ou 18,5% du PIB mondial. Leur réserve de devises est estimée à 5000 milliards d'USD, dont 3200 milliards pour la seule Chine. 

    La Chine a décidé de sortir en douceur, de l'orbite du dollar et du système de Bretton Woods, On sait que les Etats-Unis s'opposent, en vain, à la nouvelle puissance montante du monde, la Chine. Par les investissements qu'elle opère dans le monde, la Chine devient presque un pays prédateur, à l'affût des bonnes affaires dans le monde. Et surtout avec sa politique «gagnant-gagnant» et grâce à sa main-d'oeuvre très peu coûteuse, elle opère dans tous les continents y compris en Europe et aux États-Unis. Deuxième puissance du monde depuis 2010, détentrice de plus de 4000 milliards de réserves de change, la Chine, qui a commencé à internationaliser sa monnaie, le yuan, sait que « le temps travaille pour elle ». Et les États-Unis en sont conscients. Partant d'une « vérité » que le dollar américain ne peut rester indéfiniment la monnaie-centre du monde, la Chine vise à surpasser l'Amérique et devenir la première puissance économique, financière et monétaire du monde. 

    Le 17 mars, à Pékin. Martin Schulz, le président du Parlement européen a qualifié de « bonne chose » les adhésions européennes à la banque d'infrastructure asiatique. A ce jour, une trentaine de pays figurent dans cette liste, parmi lesquels l'Inde, Singapour, l'Indonésie et l'Arabie saoudite. Lorsqu'il a été lancé par la Chine en octobre 2013, le projet de Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures avait fait des vagues dans le monde des organisations multilatérales. Il était difficile de ne pas voir dans ce projet « anti-Bretton Woods » la volonté du président XI Jinping d'affirmer et de voir reconnue la puissance chinoise dans le monde des institutions multilatérales, aujourd'hui encore largement dominé par les Américains et les Européens.

    Alors que le délai pour souscrire s'achève mardi 31 mars 2015 au soir, l'Égypte a annoncé, la veille, lundi 30 mars 2015, sa décision de rejoindre la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII - AIIB). Elle en deviendra officiellement le 14 avril 2015 un membre fondateur. La Turquie a posé sa candidature vendredi 27 mars 2015. La BAII devrait commencer ses activités fin 2015. 

    Les Etats-Unis jettent l'éponge. Ils vont coopérer avec la BAII 

    Le lundi 31 mars, date butoir pour le dépôt des candidatures pour devenir membre fondateur de la BAII, le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, a déclaré que son pays prévoyait de coopérer avec la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures. Cette annonce s'est faite après un entretien d'une heure que M.Lew a eu avec le Premier ministre chinois Li Keqiang ce lundi à Beijing, selon le vice-ministre chinois des Finances Zhu Guangyao. M.Zhu a confirmé, à l'Agence de presse Xinhua que le secrétaire américain au Trésor souhaitait la bienvenue à la Chine pour jouer un plus grand rôle dans les affaires économiques internationales. C'est une passation de pouvoir, pour ne pas dire une capitulation. Après avoir vu ses alliés les plus solides partir et l'un après l'autre, rejoindre le projet chinois, les Etats-Unis ont fini par faire un constat amer; ils ont été tout simplement ignorés et traités comme quantité négligeable dans cette affaire. Avec ou sans eux la BAII se fera et le monde entier, hormis le fidèle Japon et quelques petits satellites, sera là pour y participer. Que faire d'autre maintenant sinon tenter de jouer avec les instruments qui sont encore en sa possession, le FMI et la Banque mondiale, avec lesquels la BAII aura à coopérer d'une manière ou d'une autre? 

    Le Japon s'interroge sur sa participation à la BAII. L'administration Obama a été prise de court par le ralliement de plusieurs poids lourds européens (Royaume-Uni, France, Allemagne...) à cette banque qui compte déjà une trentaine d'Etats membres, comme l'Australie ou la Corée du Sud et l'Egypte. D'ailleurs, Séoul prendrait 4 à 5% de la Banque asiatique d'investissement. La France, l'Allemagne et l'Italie ont décidé, après le Royaume-Uni, de rejoindre la nouvelle Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures. Cette décision des trois capitales européennes, est à l'évidence un revers diplomatique pour les Etats-Unis. Constatant leur isolement, les Etats-Unis ont commencé à infléchir leur position en ouvrant la porte à une coopération avec la banque chinoise. 

    Mon Dieu protégez moi de mes amis, mes ennemis ; je m’en charge !

    Cette citation attribuée à Talleyrand illustre d’une façon parfaite, la perfidie des vassaux vis à vis de l’empire. « Il fallait bien que ça explose un jour, lit-on sur le journal Le Monde, mais la déflagration est partie de là où on ne l'attendait pas. La rivalité entre les Etats-Unis et la Chine pour la domination économique du globe a fait, le 12 mars, un détour surprenant par la Grande-Bretagne qui, bravant la fatwa de Washington, a annoncé son intention de rejoindre la nouvelle banque régionale de développement chinoise AIIB comme membre fondateur. Epidermique et un peu ridicule, la réaction des Etats-Unis ne s'est pas fait attendre. Un responsable américain, s'abritant derrière l'anonymat, a accusé Londres d'être « dans des arrangements constants avec Pékin », (...). Une fois que les Britanniques, censés entretenir une relation privilégiée avec les Etats-Unis, avaient ouvert la brèche en rejoignant l'AIIB, trois autres pays européens s'y sont engouffrés.» 

    On est toujours par définition écrit Philippe Bernard, trahi par ses alliés, mais le coup a néanmoins été rude pour Washington. Jeudi 12 mars, le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, a créé la surprise en annonçant la décision de faire du Royaume-Uni un membre fondateur de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) que la Chine a lancée en octobre 2014. Rejoindre la BAII représente «une chance sans équivalent pour le Royaume-Uni et l'Asie d'investir et de dégager ensemble de la croissance», s'est félicité M.Osborne. 

    Après Londres, ce sont donc Paris, Berlin et Rome qui ont décidé de rejoindre le 17 mars la Banque asiatique lancée par la Chine, en octobre 2014. Paris, Berlin et Rome soulignent qu'elle aura « vocation à travailler en partenariat avec les banques multilatérales d'investissement et de développement existantes ».

    Chems Eddine Chitour*

    *Professeur, Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    source : Euro-synergies  lien

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuklFpAkulkgLgcGJg.shtml

  • Augmentation des péages autoroutiers : non non, jurait Ségolène. C’est oui oui.

    Madame Royal est ministre de l’Écologie. C’est une grande spécialiste des éoliennes, ces modernes girouettes : pareille à elles, elle tourne avec le vent.

    Madame Royal est ministre de l’Écologie. C’est une grande spécialiste des éoliennes, ces modernes girouettes : pareille à elles, elle tourne avec le vent.

    En décembre dernier, quand s’annonçaient les frimas et que commençait à souffler la bise des augmentations – celles qui arrivent chaque année en janvier après la galette des rois et les soldes du blanc (électricité, gaz, SNCF, timbre, métro, etc.) –, Ségolène Royal nous l’avait juré craché par terre : pas question d’augmenter les tarifs autoroutiers comme le demandaient ces requins qui nous ponctionnent à chaque péage.

    Quand la ponction tombait encore dans l’escarcelle de l’État, on se faisait une raison. On se disait que, d’une certaine manière, cela sortait de notre poche pour y retourner. Naïf, d’accord, mais il faut bien garder quelques illusions si l’on ne veut pas être tenté par le suicide. Mais avec le coup de génie du poète Galouzeau de Villepin, l’État s’est débarrassé à vil prix des bijoux de famille au moment où ils commençaient à devenir rentables. Transfert de bénéfices, adieu le retour sur investissement. Une fois de plus, le contribuable s’est retrouvé cocu.

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  • STX : notre secteur naval est aussi menacé

    Par Aymeric Chauprade. Source : Realpolitik.tv - Le 12 décembre dernier, le ministre des Finances, M. Michel Sapin, évoquait l’intérêt du chantier italien étatique Fincantieri pour STX-France, les anciens Chantiers de l’Atlantique. Depuis, plusieurs articles de presse – Les Échos, le site spécialisé Mer & marine, etc – ont repris l’information. Si cet intérêt italien pour STX-France n’est en rien surprenant, en revanche, la réaction des pouvoirs publics français fait craindre un abandon pur et simple d’un joyau industriel français. Un abandon qui n’aurait rien de surprenant de la part de l’actuel gouvernement : le secteur aéronautique a été bradé en 2000 lorsque le gouvernement Jospin a octroyé 50% du capital d’EADS alors que les Allemands – en quasi banqueroute – en demandaient seulement 30% ; le secteur terrestre l’est depuis la loi Macron avec le projet Kant qui livrera Nexter aux appétits de Krauss-Maffei Wegmann avec les mêmes conséquences que pour EADS : opacité de la gouvernance, délocalisation et destruction des emplois et conduite des programmes désastreuse (voir l’A400M, le NH-90 et le Tigre) ; est-ce désormais le tour du secteur naval d’être livré aux Italiens de Fincantieri ou aux appétits d’un Daewoo ? Les déclarations de M. Sapin et les silences de l’Administration de Bercy (APE, Trésor, budget) le laissent penser.

    Plus récemment, il est évoqué à mots couverts dans les milieux de la défense et les cercles industriels une possible alliance entre DCNS et Fincantieri soit disant afin d’éviter des concurrences sur les marchés français et export. Alliance censée faire passer cette opération pour un progrès de l’Europe de la Défense.

    STX-France doit redevenir les Chantiers de l’Atlantique, c’est-à-dire une société française à capitaux français, basée en France (Saint-Nazaire, Lanester) et concevoir des bâtiments en France. Les raisons en sont simples : STX France, outre son activité civile (croisières, offshore), est une entreprise stratégique : elle est un partenaire de la Marine nationale non seulement pour ses BPC, mais également pour ses futurs programmes-clés : ravitailleurs (4 unités du programme FlotLog) et frégates de surveillance NG destinées à la protection de nos DOM-TOM ; ses produits ont ensuite un impact sur notre diplomatie de défense. Le BPC est ainsi un enjeu des relations franco-russes et peut le devenir pour nos relations avec l’Inde (projet de 4 unités), le Brésil (projet également de 4 unités), le Chili, la Malaisie, etc. Au-delà de l’outil industriel exceptionnel, STX-France est un actif de souveraineté pour notre marine et notre diplomatie de défense.

    Des solutions nationales existent pour préserver ce fleuron : reprise de STX France par un investisseur privé (comme le groupe Privinvest déjà actionnaire actif des CMN qui est candidat comme un article de presse l’a révélé) et alliance entre STX-CMN et DCNS sur le segment des bâtiments de surface (des intercepteurs aux BPC). Toute autre solution que nationale serait de la forfaiture pure et simple.

    Aymeric Chauprade
    Géopolitologue, député européen

    http://fr.novopress.info/

  • M. Sapin : venez sur les bancs de mon école d’économie

    Avant d’invectiver les entrepreneurs, vous devriez peut-être vous poser des questions sur votre propre logiciel.

    Monsieur Le Ministre,

    Je vous ai écouté vendredi dernier sur une grande antenne de radio, et on sent bien que vous vous impatientez. Au petit matin, vous avez largement tancé un entrepreneur qui vous interpellait sur la croissance soi-disant retrouvée.

    Votre réponse en a laissé plus d’un pantois. Comme si les entreprises privées se laissaient aller aux délices de la prospérité paresseuse, vous lui avez demandé – ou plutôt exigé de lui – qu’il investisse. Vous l’avez même accusé de ne pas avoir changé de logiciel comptable, car il avait l’outrecuidance de se plaindre de ne pas ressentir la baisse des charges annoncée !

    C’est vrai, pourquoi nos entreprises n’investiraient pas ? À vous entendre, grâce à votre politique économique, nous avons retrouvé un « bon niveau de taux de marge ».

    Allez, Monsieur le Ministre, prenez quelques jours et venez sur les bancs de mon école d’économie.

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  • Tapie et la République : Autopsie d’un scandale d’État

    Plongée au cœur d’un des plus importants scandales de la Ve République : l’affaire opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais. Deux décennies d’une saga judiciaire, politique et financière qui est remontée jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir.

    Le 7 juillet 2008, saisi de l’affaire Crédit Lyonnais-Adidas, qui se prolonge depuis le début des années 1990, un tribunal arbitral accorde à Bernard Tapie 405 millions d’euros, dont 45 pour préjudice moral. Du jamais-vu dans l’histoire de la Ve République.

    La sentence crée immédiatement la polémique. Pour comprendre comment on a pu allouer une telle somme d’argent public à l’homme d’affaires, il faut remonter le temps. Le journaliste de Mediapart Laurent Mauduit, qui enquête sur ce véritable scandale d’État depuis le début, sert de fil conducteur à ce documentaire dont il est le coauteur.

    Construit en trois actes, le film raconte les rebondissements et coups de théâtre de l’affaire depuis ses débuts afin de rendre compte des spécificités d’un capitalisme à la française, des dysfonctionnements de la justice, de la faiblesse de notre État de droit et de ses contre-pouvoirs…

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Consommer à crédit en France et aux États-Unis

    Comparant France et États-Unis, Gunnar Trumbull montre que le développement du marché du crédit à la consommation s’explique par des coalitions d’intérêts différentes qui ont influencé les politiques du crédit de manières opposées.

    Ces dernières années, les travaux sur le crédit et l’endettement des ménages ont le vent en poupe notamment depuis la crise des subprimes qui a déclenché la crise financière en 2007-2008. Bien que le cas américain soit plus largement analysé dans la littérature, l’intérêt des chercheurs porte aussi sur d’autres pays d’Europe et d’Asie confrontés au problème du surendettement.

    En effet, au cours du XXe siècle le crédit a de moins en moins fait l’objet de désapprobation morale dans les pays industrialisés occidentaux, et depuis les années 1970, des changements institutionnels majeurs ont transformé le cadre légal du surendettement pour faciliter les procédures de faillite personnelle.

    Pourtant, en France il a fallu plus d’une décennie pour que les législateurs s’accordent, en 2003, sur les procédures de faillite personnelle qui autorisent l’annulation de la dette et donnent droit à un nouveau départ, comme le stipule la loi américaine depuis 1978. Cette différence de réglementation ne s’explique pas forcément par l’écart du nombre de ménages endettés. Pour comprendre cette différence, il importe de revenir sur le rôle que joue le crédit dans le système économique et dans le modèle de société des deux pays.
    Avec ce livre, “Consumer Lending in France and America”, Gunnar Trumbull apporte une contribution notable à la littérature, en analysant la construction politique du rôle économique et social du crédit aux États-Unis et en France.

    En s’intéressant plus particulièrement aux coalitions d’intérêt entre les acteurs et à leur influence sur la réglementation et le marché, il apporte des éléments de réponse différents des analyses culturalistes qui associent les réserves des Français à l’égard du crédit à une tradition moraliste ou l’endettement des ménages américains à un hédonisme consumériste.

    Trumbull s’inscrit à la suite d’autres chercheurs qui ont montré que l’endettement des ménages américains n’est pas lié à un dysfonctionnement du système financier, mais représente plutôt une condition du rêve américain depuis les années 1950 [1]. Son analyse est d’autant plus pertinente qu’il compare la place du crédit dans le discours public aux États-Unis avec la France, où, en revanche, le compromis social ne donne pas à l’endettement les mêmes vertus sociales et économiques.

    Ce spécialiste des politiques de consommation en Europe et aux États-Unis, s’intéresse aussi à l’influence de la société civile sur les pouvoirs publics [2]. Mais ici, il s’agit surtout des coalitions d’intérêts qui ont permis aux prêteurs américains de gagner l’approbation morale en s’associant aux intérêts d’autres groupes non-gouvernementaux. En France, il montre qu’il n’y a pas eu de coalition similaire, au contraire, l’accès au crédit suscite certaine réserve, et sur le plan économique, des doutes demeurent quant à son efficience.

    Essor de l’industrie du crédit aux États-Unis et en France

    Il faut signaler que le crédit ne représente pas au XIXe siècle une activité lucrative dans laquelle il est facile de se lancer. Les prêteurs, pour développer légalement leur activité sont confrontés à plusieurs obstacles. Premièrement, le crédit doit se défaire de la désapprobation morale dont il était la cible. Pour cela, les prêteurs cherchent à anoblir l’image du crédit, liée à la criminalité, l’usure, ou encore à un hédonisme irresponsable.

    Ensuite, à cause du risque et des coûts administratifs élevés, l’activité est peu rentable, surtout pour les petits prêteurs qui n’ont pas ou peu de capital. Enfin, les différentes réglementations (limite des taux d’intérêt, rationnement de l’offre de crédit, etc.) constituent des barrières à l’entrée supplémentaires.

    Trumbull analyse comment les acteurs du crédit ont contourné ces obstacles. Il rappelle brièvement qu’aux États-Unis, la première lutte sociale contre les prêteurs requins (loan shark) date de la fin du XIXe siècle. Les réformateurs sociaux et les prêteurs se sont battus pour obtenir une révision de la loi sur l’usure et légaliser les petits prêts (small loan).

    La légalisation des prêts personnels a ensuite facilité l’essor du marché des crédits à la consommation (consumer credit) et l’entrée de nouveaux acteurs : les chaînes de détail (retailers), les sociétés financières de crédit et les banques. À la différence du cas américain, dans la France d’après-guerre, les réformateurs sociaux et les politiques n’attribuent ni un rôle social, ni un rôle économique au crédit, notamment du fait de la période de rationnement et de contrôle du capital.

    Néanmoins, à partir du début des années 1950, comme l’explique Sabine Effosse dans son dernier ouvrage, le crédit à la consommation bénéficie d’une réhabilitation politique [3]. Dans cet environnement plus propice, de nouveaux acteurs arrivent, parmi lesquels le Cétélem, qui deviendra le leader français et européen du crédit à la consommation.

    Trumbull consacre une bonne partie de son étude aux stratégies mises en œuvre par cet établissement financier adossé à de puissants groupes financiers, pour rester compétitif dans un contexte politique, économique et social différent du marché américain.

    Dans les années 1960, malgré la légitimité acquise par les établissements prêteurs américains, leur activité n’est toujours pas rentable. Cette faible rentabilité s’explique en grande partie par des limites réglementaires. Quant au cas français, il s’agit plutôt de savoir quelle réglementation appliquée sur le marché du crédit à la consommation pour en faciliter l’essor.

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  • Terra incognita : La reprise mondiale, à quel prix ?

    Emboîtant le pas aux Etats-Unis, la croissance en Europe accélère enfin. Mais le poids de l’endettement et le risque accru de guerre des changes fragilisent l’embelli.

    Les faits – Une économie américaine qui reste encore très dynamique, une Europe qui repart et des pays émergents qui résistent : le paysage conjoncturel mondial, porté par un effondrement du prix du pétrole, a rarement été aussi positif. Salué par les marchés boursiers, ces faits dissimulent pourtant la montée de phénomènes incontrôlés et imprévisibles rendant l’avenir toujours aussi incertain.

    L’économie mondiale va-t-elle mieux, enfin ? La question est cruciale pour comprendre si l’euphorie actuelle des marchés repose sur des piliers solides ou au contraire des sables mouvants. Alors que la Banque centrale européenne a lancé lundi dernier (NDLR : le 09/03/2015) ses premières opérations de politique monétaire non conventionnelle et que la Réserve fédérale américaine (Fed) doit donner la semaine prochaine un calendrier plus précis du relèvement de ses taux directeurs – signe de sa confiance – tous les vents semblent désormais favorables de part et d’autre de l’Atlantique. « La croissance mondiale tourne à un rythme annuel de 3,3 % environ, ce qui la situe plutôt dans le haut de la fourchette, résume Jean-Pierre Petit, président des Cahiers verts de l’économie. Une grande partie de cette croissance provient des Etats-Unis qui affichent 66 mois consécutifs de hausse de PIB, soit un niveau supérieur à la moyenne des cycles de reprise enregistrés depuis l’après-guerre ». En outre – c’est la principale bonne nouvelle des dernières semaines – les Etats-Unis sont désormais accompagnés par la zone euro dont la croissance qui est positive depuis sept trimestres accélère enfin.

    «Tout le monde revoit à la hausse les perspectives de croissance européenne, reconnaît Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo Securities. A juste titre : non seulement les fantasmes de l’été dernier sur un retour de la crise se sont évaporés, mais surtout nous enregistrons depuis quelques mois une conjonction de facteurs exogènes positifs – baisse du pétrole et de l’euro – qui se conjuguent à des facteurs endogènes, notamment la fin de la consolidation budgétaire ». Quant aux pays émergents, si la Chine inquiète toujours par la montée de son endettement et l’ampleur de son ralentissement et si le Brésil et la Russie souffrent durement de la chute des matières premières, leur importance apparaît plus secondaire. « La croissance des émergents en parité de pouvoir d’achat est prévue à 4 % en 2015, contre 2 % pour les pays développés, ce qui constitue un écart historiquement faible entre les deux zones », indique Jean-Pierre Petit. Autrement dit, la croissance mondiale se jouera principalement dans les pays développés.

    Et pourtant… Cet air de reprise joué sur un rythme de plus en plus rapide s’accompagne d’une musique lancinante qui commence à emprunter une tonalité grave. La reprise à l’œuvre est atypique, voire inquiétante.

    « Le meilleur exemple est celui offert par la Suède, résume Pierre-Olivier Beffy, chef économiste d’Exane BNP-Paribas. Voilà un pays affichant 2 % de croissance et une bulle immobilière naissante, dont la banque centrale est obligée de fixer son taux d’intérêt directeur en territoire négatif ! » Une décision incroyable n’ayant qu’un seul but : éviter une trop forte appréciation de sa monnaie comparativement à l’euro, en chute libre.

    Vieux sage parmi les banquiers centraux, Stanley Fisher prédisait déjà, il y a trois ans en petit comité, que le « Quantitative Easing » des banques centrales finirait « par provoquer l’une des plus grandes guerres des changes que le monde ait jamais connue ».

    Au-delà de la seule question des changes, ce rôle nouveau des banques centrales explique cette plongée en Terra incognita. « La prochaine remontée des taux de la Réserve fédérale américaine sera cruciale car pour l’instant les marchés donnent l’impression de ne pas y croire alors même qu’elle est inévitable dans un pays qui crée un million d’emplois par trimestre », rappelle Bruno Cavalier.

    Autres rivages inconnus : ceux de la dette. « On a l’impression que le problème de la dette est en passe d’être résolu mais il s’agit d’une illusion, dénonce Jean-Pierre Petit. La crise de 2008, née d’un problème d’endettement privé aux Etats-Unis, a été résolue en générant de la dette publique dans les pays développés. En outre, les pays connaissant la plus forte progression de leur endettement sont les émergents qui suivent la même évolution que nous avec quinze ans de retard ».

    Reprise atypique de l’inflation également, passée à 3,5 % en moyenne dans les pays émergents alors qu’elle évoluait à 110 % il y a 20 ans. Une chute laissant prévoir une longue période de taux bas aux conséquences imprévisibles sur le comportement d’épargne des ménages.

    «Les gérants d’assurance-vie allemands sont en quasi-faillite », plaisante à moitié Patrick Artus, le chef économiste de Natixis. « Ce qui pousse les Allemands à placer leur épargne dans des endroits plus attractifs, à l’extérieur de la zone euro, de sorte qu’ils ne sont plus là pour financer la reprise de l’investissement dans leur propre zone », ajoute-t-il plus sérieusement.

    Quant aux ménages américains, eux-mêmes d’habitude si optimistes, « ils n’ont pas dépensé la cagnotte liée à la baisse du prix de l’essence, qui leur a permis d’économiser 130 milliards de dollars entre juin 2014 et janvier dernier, souligne Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC. Non seulement cette somme a été assez largement épargnée, mais les Américains ont moins recours à l’endettement pour financer leur consommation. Comme s’ils avaient intégré le fait que les salaires nominaux progressent très peu depuis plusieurs années ».

    Changement de comportement des agents, transformation des paradigmes économiques, déformation historique des courbes de taux d’intérêt : dans ce contexte imprévisible l’erreur majeure pour les gouvernements serait de parier sur une brise solide et bien établie. « Lorsque les facteurs puissants comme la baisse du pétrole s’estomperont on réalisera que la croissance potentielle s’est considérablement affaiblie », prévient Jean-Pierre Petit. Ne restera plus que la politique monétaire expansive des banques centrales comme facteur de soutien mais les gouvernements auraient tort de se réfugier derrière cet argument pour ne pas poursuivre les réformes : les déséquilibres financiers non conventionnels nés de cette politique les amèneront à l’interrompre un jour.

    Alors même que les effets positifs de cette reprise n’ont pas été ressentis par la population, « on a l’impression déjà d’être plus près de la fin que du commencement », résume Pierre-Olivier Beffy.

    http://fortune.fdesouche.com/378119-terra-incognita-la-reprise-mondiale-quel-prix#more-378119

  • Areva ou les limites du colbertisme

    Ce billet a été publié dans l'Action française 2000 du 19 mars 2015 (n°2905 p.10) sous ce même titre. Il entre en archives RA avec des liens complémentaires en bas de note qui n'apparaissent pas dans la version papier faute de place et une notice plus développée sur Hans Hermann Hoppe*.

    Avec un chiffre d'affaires sensiblement constant, l'action Areva a perdu 88% en 7 ans. Ce n'est pas "la faute à pas de chance" car y fut concentré le meilleur des cerveaux français, et c'est sans doute en celà que les déboires de la filière d'excellence sont inquiétants. Le premier reproche que l'on puisse faire à l'ancienne patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, est le fiasco technique d'UraMin. Alors que beaucoup de grands dirigeants français ont suivi un cursus de sciences molles qui les autorise à méjuger les affaires industrielles (la liste est longue), Atomic Anne, agrégée de sciences physiques par Normale Sup, est issue du prestigieux Corps des Mines et s'est donc lourdement trompée dans son cœur de métier. Tout le reste en découle puisque la Justice examine l'alternative entre une erreur par incompétence et une mauvaise décision parfaitement documentée. Le résultat de l'instruction menée par la Brigade financière de Paris et par le juge Van Ruymbecke signalera si l'ingénieur Lauvergeon était sous-calibré pour exercer la dictature nucléaire française consentie par les pouvoirs publics en souvenir du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), ou si elle a cherché dans ses multiples fonctions sa propre gloire. Cette affaire est la pierre de touche qui révélera la nature profonde des erreurs d'Areva : cafouillages typiques des entreprises d'État dont le propriétaire est un buste en plâtre qui trône dans les mairies. On n'ose parler d'escroquerie délibérée et pourtant, beaucoup de millions ont circulé !

    Yellow Cake

    L'affaire est digne d'un roman de Gérard de Villiers. En quelques lignes, la voici : en quête de mines d'uranium à agréger au patrimoine de la COGEMA devenue Areva, la direction du groupe repère la mine centrafricaine de Bakouma qui avait été découverte par le CEA en 1958 et jugée inexploitable alors, site à moitié noyé, minerai enfermé dans une gangue d'apatite quasiment infractable, logistique ruineuse. La hausse du prix de l'uranium changeait-elle aujourd'hui le compte d'exploitation ? Aucun personnel de terrain ne le crut, mais tout l'état-major voulait acheter sans voir, ni même consulter les copieuses archives de la COGEMA. Les patrons se sont laissé rouler dans la farine par les vendeurs, une holding minière canadienne qui fit fortune dans la transaction, quasiment en faillite dans l'exploitation ! Le monde de l'uranium est un boudoir, chacun savait les permis d'UraMin sans valeur. Sauf Areva ?
    Les déboires d'Areva sont typiques de la gestion étatique des entreprises publiques, la morgue passant trop souvent la raison. Que ce soit l'enthousiasme potache à la rédaction du contrat finlandais d'un EPR™ qui n'en finit plus de s'achever dans les pénalités de retard ; les présomptions arrogantes d'ouverture du marché chinois à des réacteurs de 3è génération, qui pourrait bien se limiter pour nous aux quatre unités de Taïshan, le reste du programme national étant sinisé sous licence Westinghouse à tout motif même déloyal comme la standardisation des filières pour optimiser la maintenance ; que ce soit l'agonie du réacteur EDF de Flamanville ; et bien pire, le désastre d'Abou Dhabi où pour une fois la composante politique du projet avait bien manœuvré mais que la suffisance ou l'inconstance des contractants a ruiné au bénéfice d'une technologie coréenne, tout simplement bien présentée ; nous avons touché du doigt dans chacun de ces dossiers le "détachement" d'élites techniques imbues d'elles-mêmes que rien ni personne ne pourrait critiquer. Jusqu'à ce que les alarmes hurlent ! La Cour des Comptes a signalé les ravages d'une technocratie irresponsable par nature, puisqu'elle travaille sur fonds publics, avec l'argent de tous et de personne, contrairement aux groupements anglo-saxons qui engagent sur ces créneaux des compagnies propriétaires de leurs actifs et de leur avenir, dont l'excitation à conclure tranche avec l'impassibilité narquoise des fonctionnaires français.

    Réacteur EPR™ de Flamanville

    Quels que soient ses diplômes, ses talents personnels et l'expérience acquise en butinant le domaine industriel de l'État, Anne Lauvergeon qui accumule partout les jetons d'administrateurs, reste incapable de mettre aujourd'hui son chéquier sur le tapis vert pour signer un milliard de dollars à la fin du tour de table. On trouve ces entrepreneurs à leur compte outre-atlantique et en Asie. Ils ne vivent pas dans l'entreprise, c'est l'entreprise qui leur sert de cœur et de poumons. Cette véritable "incarnation" de l'entreprise est invincible. Et le concept n'est pas réservé aux Américains. Quand Monsieur Deng débonda l'énergie créatrice de la Chine épuisée par le communisme, il fit confiance à l'impatience des individus à s'établir socialement et à s'enrichir, et pas du tout à la réforme des grands combinats étatiques. La France de Monsieur Hollande n'a pas encore franchi ce seuil d'intelligence, et pour protéger le "triomphe" du secteur public, Areva sera peut-être réprimandée mais pas condamnée. Comme le dit Hans Hermann Hoppe :"l'efficacité est liée à la propriété privée pour que chacun soit incité à faire des efforts" et le même de conclure à la privatisation gagnante de l'État en ramenant un roi propriétaire puisque la monarchie est la forme la plus comptable de l'avenir du pays, pays qui n'est que le sien. En attendant, Areva a récupéré Philippe Varin, le loser de chez Peugeot qu'il a bien fallu poser quelque part puisque les Chinois n'en voulaient pas ! Il préside aujourd'hui le conseil d'administration depuis la mort de Luc Oursel il y a huit jours, éphémère successeur d'Anne Lauvergeon. 

    Pour ceux qui veulent creuser la mine sur ce blogue :
    Résultats du groupe
    Uramin et Areva - mine de rien
    Uramin, la synthèse d'un scandale
    Uramin, omerta chez Areva
    l'ingénieur Balkany dans le schmilblick minier africain
    Areva chez Bellaciao

    (*) Hans-Hermann HOPPE est professeur au Département d'Economie de l'Université du Nevada à Las Vegas, Senior Fellow du Ludwig von Mises Institute et rédacteur en chef adjoint de la Review of Austrian Economics. Il est né le 2 septembre 1949 à Peine, en Allemagne de l'Ouest. Il a fréquenté l'Universität des Saarlandes à Sarrebruck, la Göthe Universität de Francfort s/Main et l'University of Michigan à Ann Arbor pour des études de philosophie, sociologie, histoire et économie. Il a reçu en 1974 son doctorat en philosophie et son diplôme post-doctoral (sociologie et économie) de la Göthe Universität à Francfort. Il a enseigné dans plusieurs universités en Allemagne, de même qu'à Bologne, au Bologna Center for Advanced International Studies de la Johns Hopkins University. 
    Outre de nombreux articles et brochures, il a publié Handeln und Erkennen (Berne, 1976), Kritik der kausalwissenschaftlichen Sozialforschung (Opladen, 1983), Eigentum, Anarchie und Staat (Opladen, 1987), A Theory of Socialism and Capitalism (Dordrecht, 1990) et The Economics and Ethics of Private Property (Auburn, 1993). 
    C'est le dernier venu et le meilleur supporter de la monarchie** parmi les grands esprits parce qu'il fonde sa démonstration sur du concret, un peu à la manière de Maurras. Il présente ses idées sur un site web personnel (clic) et sur les sites des instituts que nous avons cités.

    (**) Royal-Artillerie : De la supériorité économique de la monarchie

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • La piste du corporatisme.

    Dans le cadre d'un prochain entretien sur le corporatisme organisé par le Cercle Henri Lagrange(du nom de ce jeune militant royaliste d'Action Française, devenu « le prince du Quartier Latin » avant d'aller mourir sur le front en 1915), je me suis plongé dans les archives de la presse royaliste « sociale » et dans la documentation, au-delà du petit monde monarchiste, sur ce qu'ont été les corporations et les idées corporatistes dans l'histoire, en France comme chez certains pays voisins : c'est à la fois passionnant et très instructif, même s'il reste encore beaucoup à étudier et à dire sur ces sujets-là, en fait peu connus du grand public mais aussi des militants monarchistes eux-mêmes.

     

    Pourquoi ce manque d'intérêt sur le corporatisme, alors même qu'il peut apparaître, mieux qu'une « troisième voie », comme une juste voie sociale, conciliant production de richesses et protection des producteurs, en particulier des ouvriers et des paysans mais aussi des chefs d'entreprise, harmonisant le souci environnemental avec la qualité du travail et de ses fruits matériels, et évitant les pièges d'un libéralisme sans frein et ceux d'un étatisme stérilisateur ? Bien sûr, il y a l'histoire propre de la France et le sentiment que les corporations appartiennent trop à l'Ancien Régime pour pouvoir fournir une réponse aux problèmes économiques et sociaux contemporains. Mais il y a aussi, comme le fait remarquer l'économiste Alain Cotta, cette fâcheuse récupération du terme par les régimes totalitaires en Italie comme en Allemagne : pourtant, ces corporatismes d’État n'ont rien à voir avec la nature même des corporations telles qu'elles existaient en France avant 1791 et du corporatisme tel que le prônait et le définissait La Tour du Pin, véritable théoricien du monarchisme social et corporatiste au XIXème siècle, monarchisme qu'il défendit jusqu'à sa mort en 1924 sans toujours être compris de ses lecteurs comme de ses contempteurs... Pourtant, il eut quelques héritiers : il se dit parfois que le général de Gaulle lui-même y trouva quelque inspiration, désireux de ne rien céder ni au capitalisme débridé (qu'il méprisait) ni au socialisme étatique, et que son idée de la Participation n'aurait pas déplu à La Tour du Pin, associant les salariés aux bénéfices de la production des biens et des richesses.

    Le Groupe d'Action Royaliste, héritier de La Tour du Pin et d'Albert de Mun.

     

     Il faut rappeler que, aujourd'hui, le terme de corporatisme est utilisé comme un repoussoir sur le plan social comme les termes de nationalisme, protectionnisme, et, dans une certaine mesure, de socialisme auquel la Gauche de gouvernement préfère la formule de social-démocratie, voire de social-libéralisme pour les plus « progressistes ». L'actuel ministre de l'économie, M. Macron, n'a pas hésité à pourfendre, en octobre dernier, « les trois maladies de la France » qui seraient, selon lui, « la défiance, la complexité et le corporatisme » : ce à quoi le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a répondu, après une évocation critique du fascisme italien (d'ailleurs fort réductrice, y compris sur le plan historique), que « Quand le gouvernement veut déréglementer on cite toujours le mot de corporatisme, comme on cite le populisme, ça fait partie de la com », ce qui n'est pas faux ! Le corporatisme est souvent employé comme un « élément de langage » par les libéraux pour dénoncer les résistances, dont toutes ne sont pas illégitimes, de certaines professions ou catégories socio-professionnelles, qu'il s'agisse des notaires, des chauffeurs de taxis ou des fonctionnaires. M. Macron, nouveau Le Chapelier, veut en finir avec tout ce qui constitue un obstacle au libre marché et à la « liberté du travail », celle qui, selon le mot célèbre, se définit en une formule simple : « le renard libre dans le poulailler libre »... Maurras, quant à lui, parlait de « liberté de mourir de faim », rappelant que la liberté du travail était d'abord et avant tout celle du détenteur de capitaux avant que d'être « imposée » aux travailleurs qui n'avaient guère les moyens de la refuser, n'ayant alors aucune (ou si peu...) de protection sociale réelle depuis le décret d'Allarde de mars et la loi Le Chapelier de juin 1791.

     

    Au moment où les Français se sentent désarmés, pour nombre d'entre eux, face à une « économie sauvage » et une mondialisation peu favorables aux droits des travailleurs et des producteurs de base, repenser le nécessaire équilibre entre les libertés économiques et les droits légitimes du monde du travail s'avère indispensable. En passer par un « corporatisme associatif » tel que le souhaitait La Tour du Pin (mais aussi Schumpeter au sortir de la guerre) ne serait sans doute ni scandaleux ni inutile, n'en déplaise à MM. Macron, Attali et autres « libéralistes » sans scrupules...

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1209:la-piste-du-corporatisme&catid=49:2015&Itemid=60

  • L'Europe accule les gouvernements rétifs à l'échec

    L'analyse économique de François Reloujac dans Politique Magazine d'avril.

    "Il ne se passe pas un jour sans que les médias n’évoquent le « Grexit » (la sortie de la Grèce de l’euro), les tribulations du gouvernement français face à une Commission européenne qui la somme de respecter ses engagements financiers et la « politique non conventionnelle » suivie par la BCE. Le point commun à tous ces sujets ? La décomposition avancée de l’Europe.

    Les débats autour de la situation en Grèce montrent à quel point l’absence de solidarité entre les états européens – assumée par les divers gouvernements et alimentée par les médias – est patente. On a beaucoup glosé sur le manque d’honnêteté des Grecs lorsqu’ils sont entrés dans la zone euro et sur la façon dont les partis successivement au pouvoir ont utilisé la monnaie unique en vertu de leurs intérêts partisans jusqu’au moment où le peuple s’est révolté, pour l’instant uniquement dans les urnes. On a beaucoup moins fait allusion aux décisions européennes qui ont nui (l’euro fort), ou nuisent encore (l’embargo russe décrété dans le cadre de la crise ukrainienne), à l’économie grecque. Mais depuis qu’un gouvernement improbable est sorti des urnes, menaçant l’establishment politique, l’Union européenne a décidé de jouer la politique du pire. Le 10 mars dernier, le commissaire Dijsselbloem déclarait ainsi cyniquement que « s’il y a une pression sur la liquidité de l’état grec, cela pourrait accélérer la mise en œuvre des réformes » imposées par la « Troïka », quoiqu’elles aient déjà montré leur nocivité absolue.

    En fait la Commission européenne a peur. Peur que l’exemple grec ne devienne contagieux, à commencer par l’Espagne prochainement. Il faut donc, par tous les moyens, acculer le gouvernement Tsipras à l’échec. Tout le monde s’y met, hors de Grèce. Des chaînes de télévision qui rediffusent d’anciens reportages sur l’actuel ministre grec de l’économie en détournant le sens de ses positions. Jusqu’aux journaux les plus importants qui déforment sciemment les mesures proposées par le gouvernement grec, notamment pour lutter contre la fraude fiscale. Le but est toujours le même : déconsidérer ce gouvernement aux yeux de l’opinion publique européenne et pousser le pays vers la sortie de l’UE Même la Banque centrale européenne s’y est mise en imposant à la Grèce des mesures spéciales qui vont au-delà de ce que prévoit le respect des traités.

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    Paula Corbulon