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élections - Page 488

  • Brexit : Le souverainisme à la mode britannique ... Une vraie bonne nouvelle pour l'Europe ?

    La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est désormais une éventualité de court terme. Mathieu Bock-Côté estime [Figarovox - 24.02] qu'à leur manière bien singulière, les Anglais partisans du Brexitdéfendent le véritable esprit européen. Et lorsqu'il invoque la vie démocratique de l'Europe, c'est au sens des peuples, des nations, de leur pluralité. Il le fait en des termes et selon une conception de l'Europe, des sociétés et des nations, qui est aussi fondamentalement la nôtre. Sur ce même sujet, on pourra se reporter utilement au lundi de Louis-Joseph Delanglade publié ici-même le 29.02 : L’Union agonise ? Vive l’Europe !  LFAR

    La table est mise, les Britanniques se prononceront le 23 juin sur leur sortie de l'Union européenne. Les cyniques ont déjà leur formule toute trouvée : les Britanniques envisagent d'autant plus librement de sortir de l'Europe qu'ils n'y sont jamais vraiment entrés. Il n'en demeure pas moins que la vie politique européenne tournera pour les prochains mois autour de ce débat fondamental : est-ce qu'un État est en droit de sortir d'une association politique qui était censée représenter un grand bond en avant dans l'histoire universelle ? Est-il même en droit de définir selon ses intérêts nationaux spécifiques sa participation à une telle union ?

    Le sens de l'histoire, tel que l'interprétaient généralement les grandes figures de l'idéologie dominante, qui pousse à la dissolution des nations par le multiculturalisme et le globalisme, ne permettait pas cette prise au sérieux du fait national. Mais il semble que la liberté des peuples est encore capable de faire dévier l'inéluctable et que les grands processus historiques puissent se gripper quand la souveraineté s'en mêle. C'est d'autant plus vrai que la nation n'est pas une fiction idéologique, quoi qu'en pensent ceux qui y voient une construction sociale récente dans l'histoire du vieux continent, mais une réalité ancrée dans l'histoire. L'État-nation demeure l'horizon indépassable de la démocratie.

    On peut reprendre la formule aujourd'hui à la mode : de quoi l'Europe est-elle le nom ? Louis Pauwels, la grande figure historique du Figaro Magazine, au moment d'en appeler à voter contre Maastricht, en 1992, distinguait entre les européistes et les Européens. Les premiers, disait-il, s'attachaient à une chimère idéologique désincarnée qui n'avait d'européenne que le nom. Les seconds, en se portant à la défense des nations, défendaient la civilisation européenne à travers le cadre qui avait permis le développement de la liberté politique. Pauwels n'était pas le seul à penser ainsi, même si le souverainisme français de l'époque, qui ne portait pas encore ce nom, avait moins explicité sa vision de la civilisation européenne.

    À sa manière, c'est cette distinction qu'a reprise Boris Johnson, le maire de Londres, en contestant aux partisans de l'Union européenne la prétention à être les seuls défenseurs de l'Europe. Celui qui sera probablement la figure dominante du camp souverainiste, et qui lui donne un poids politique majeur, ne se laissera pas enfermer dans le mauvais rôle du Britannique insulaire seulement soucieux de cultiver son jardin. Il fait preuve d'un authentique cosmopolitisme. Il ne tolèrera manifestement pas l'étiquette d'europhobe que voudront lui coller ses adversaires et les commentateurs, qui ont décidé, en adoptant ce terme il y a quelques années, de psychiatriser la dissidence devant la construction européenne.

    Le souverainisme britannique est particulier : à la différence des autres pays d'Europe occidentale, il n'est pas canalisé ni confisqué par une force politique populiste, ou du moins, étiquetée comme telle. On ne saurait sérieusement faire du petit parti eurosceptique UKIP un parti d'extrême-droite, quoi qu'en pensent ceux qui n'en finissent pas d'étendre la définition de ce terme. Mais surtout, le souverainisme est très présent au sein du Parti conservateur même si ce dernier, pour l'instant, demeure sous l'autorité de son chef. Évidemment, David Cameron ne saurait être défini comme un souverainiste au sens strict, mais les conditions qu'il a posées pour rester dans l'UE rappellent une chose : l'adhésion à l'Europe n'était pas pour lui inconditionnelle.

    C'est une perle napoléonienne : un pays a la politique de sa géographie. Il ne peut s'en abstraire, même s'il n'en est pas prisonnier. C'est ce qui explique notamment que la Grande-Bretagne n'a jamais vu dans l'Union européenne autre chose qu'un grand marché auquel elle refusait son âme. La Grande-Bretagne appartient à la civilisation atlantique, et plus largement, à la civilisation anglo-saxonne. Pour Boris Johnson, la Grande-Bretagne serait plus forte délivrée des entraves communautaires. Elle renouerait avec une souveraineté lui permettant de conduire sa propre politique. À tout prendre, ses grands hommes politiques envisagent plus favorablement une éventuelle fédération des peuples de langue anglaise que d'unir son destin à l'Europe continentale.

    La possibilité d'une séparation britannique obligera l'Europe à réfléchir à son identité profonde et à la nature du projet politique qu'on porte en son nom. Depuis le refus, en 2005, d'intégrer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, c'est la vraie nature de la construction européenne qui s'est dévoilée. Elle entend moins constituer politiquement le vieux monde à travers un patriotisme de civilisation transcendant les nations sans les abolir, que bâtir une forme d'empire universel et humanitaire aux frontières indéfinies et prétendant embrasser théoriquement l'humanité entière. Cette posture suicidaire conduit inévitablement à un refus de l'idée même de frontière, puisque c'est la pluralité humaine qui est contestée.

    La crise des migrants des derniers mois a rappelé une chose : non seulement l'Europe n'a pas vraiment de frontières, mais elle n'en veut pas non plus. Elle aurait l'impression de trahir sa vocation humanitaire en distinguant entre l'intérieur et l'extérieur de la communauté politique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater que plus la construction européenne avance, et plus elle croit devoir dissoudre la civilisation européenne. Dans le monde idéal des européistes, la citoyenneté devrait recouper l'humanité entière et la logique des droits de l'homme définir exclusivement la vie politique. À terme, cette philosophie politique désincarnée provoque la révolte des peuples.

    À sa manière bien singulière, la Grande-Bretagne se porte peut-être à la défense, en ce moment, du véritable esprit européen. Quel que soit le résultat du référendum, qu'on ne saurait sérieusement prophétiser plusieurs mois à l'avance, il aura au moins eu une vertu : rappeler que le politique peut surgir à tout moment dans la vie des peuples et jeter à terre les constructions idéologiques aussi artificielles qu'autoritaires. L'Europe ne saurait traiter ses peuples comme des provinces vassales. Parce qu'il redonne vie au politique et permet aux peuples de se le réapproprier, ce référendum représente une vraie bonne nouvelle dans la vie démocratique de l'Europe.

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques(VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/03/02/brexit-le-souverainisme-a-la-mode-britannique-une-vraie-bonn-5768233.html

  • « Super Tuesday » : la fin du Parti républicain ?

    Les politiciens prélèvent, redistribuent ou gaspillent la richesse créée par d’autres, selon leur conception du pouvoir. Ainsi va Clinton. Les entreprises pillent, extraient ou créent de la richesse selon leur sens de l’éthique. Voilà pour Trump.
    Dans ce « Super Tuesday », Trump a directement noué avec les masses en remportant 203 délégués et remportant la victoire dans 7 États sur 11. Il domine dans le Sud « biblique », dans le Nord-Est « socialiste » et dans la « politiquement correcte » Virginie, faubourg de Washington. Plus important : il a suscité un ralliement record de nouveaux électeurs, alors que la participation aux scrutins démocrates était en diminution ou stagnante. Voilà pour le renouveau. Le secret : commencer par dire le pourquoi, avant le comment et le quoi.
    Comme l’explique Simon Sinek, le conférencier d’entreprise du Rand Institute, inventeur du modèle “Start With Why” (commencer par le pourquoi), « tous les chefs d’entreprise savent décrire ce qu’ils font (le “quoi”) […] un certain nombre (mais pas tous) savent décrire “comment” ils le font […]. Mais seule une infime minorité sait dire “pourquoi”.
    Idem en politique : cette grille permet de comprendre l’incroyable paresse mentale du technocratique establishment républicain qui considérait Donald Trump voué à l’implosion parce que son programme était primaire (exact), et parce que l’histrion était ridicule sur l’explication du « comment » (exact). Ils n’avaient simplement pas compris que Trump était le seul à présenter un « pourquoi » à la population. Laquelle a acheté le destin avant le programme, qui devient secondaire à un « pourquoi » de taille : une restauration souverainiste et antimondialiste…
    Pour les républicains, piper les dés des primaires avec 16 faux candidats sur 17 et des centaines de millions de financements électoraux ne servait donc à rien. Dans cette affaire, Trump ridiculise l’élite qui a gaspillé son investissement sur des « idiots-intelligents », tout comme il offre à la classe politique et médiatique le spectacle ni plus ni moins d’une OPA sur un parti en existence depuis 1854. Citant Gandhi, l’ancien Speaker républicain Newt Gingrich résumait cette situation sur Fox News :
    D’abord, ils m’ont ignoré, ensuite ils se sont ri de moi, puis ils m’ont combattu, enfin je les ai battus.
    Et Gingrich de rajouter :
    … le parti a un choix… ou bien continuer à harceler le vainqueur comme en 1964 avec Goldwater, et c’est la fin ; ou bien se rallier derrière [Trump] comme ils le firent avec le controversé Reagan en 1980… Et ouvrir la voie à l’une des meilleures présidences des États-Unis… N’oublions pas que les trois dissidents Trump-Cruz-Carson représentent plus de 70 % de l’électorat républicain ou apparenté !
    Mais l’argent anti-Trump s’est déjà levé (@StopTrumpPAC), présentant pêle-mêle le milliardaire comme gauchiste, fasciste, pro-immigration illégale, pro-avortement, mêlé à la mafia, complice du Ku Klux Klan, langue fourchue et escroc des petites gens, puis laissant filtrer diverses stratégies pour le « sortir » : stratégie « Romney » (1re ligne de défense), candidature indépendante hors parti des « vrais conservateurs » (2e ligne de défense), ralliement à Bloomberg (3e ligne).
    La chroniqueuse républicaine Sarah Elizabeth Cupp affirmait il y a un mois sur CNN : « Peu importe que Hillary gagne, pourvu que notre parti sauve son âme. » Les partis croupions auraient donc une âme…

    André Archimbaud Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuVZpkkFEALiXNAzkA.shtml

  • Trump et la gauche Banania

    Dans le Nevada, 44% des électeurs latinos ont voté pour Trump contre 29% pour Marco Rubio, dont les origines n’ont pas eu l’effet escompté.

    La gauche morale a presque tout perdu sous les coups du réel. Il ne lui reste plus guère, comme fonds de commerce, que la culpabilisation de l’homme blanc. Elle se complaît dans la victimisation des immigrés présumés irresponsables dans une version paternaliste et rose vif de Tintin au Congo.

    Le monde étant ce qu’il est, même les moralistes doivent bien vivre et gagner des élections. Le think tank français de gauche, Terra Nova, recommande ainsi de s’appuyer sur les minorités en partant du principe qu’elles voteront pour quelqu’un issu de leur rang ou qui défend leurs intérêts particuliers. Opposées à une majorité nationale fragmentée, elles seraient la clef de la victoire. Il est sans doute inconscient d’appuyer sur des fractures pouvant aboutir à la libanisation du pays. Passons, c’est l’avenir, pense la gauche, et on sait à quel point elle aime être dans le sens de l’Histoire, quel qu’en soit le prix à payer pour les autres. Le préjugé méprisant selon lequel les minorités ethniques ou sexuelles seraient incapables de s’intégrer au point de réagir en citoyens et non en opprimés fait pourtant long feu.

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  • « A vous glacer le sang »

    Pour les adversaires du FN, c’est bien connu, si le Mouvement national rencontre un succès et une audience croissante c’est parce qu’il «surfe sur les peurs», «le désespoir», «flatte les bas-instincts», voire  incite à la «haine». Certains se sont encore livrés à cette grille de lecture, intellectuellement peu fatigante mais idiote,  pour expliquer l’accueil particulièrement chaleureux qui a été réservé hier à Marine Le Pen et à la délégation FN au Salon de l’Agriculture. Marine a notamment fait mouche dans sa dénonciation de cette Europe de la destruction ultra libre échangiste, symbolisée par le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan: «Si on veut sauver la peau des agriculteurs, il faut avoir la peau de Hogan (…). La politique agricole commune fait partie, avec l’espace Schengen, des « deux grands échecs de l’Union européenne (…). Les agriculteurs ont la corde du libre-échange autour du cou, et chaque année on tranche un peu plus les pieds du tabouret que représentent les subventions ».

    Les partis bruxellois, les gardiens du dogme européiste comme la FNSEA,  frémissent à l’idée de voir les agriculteurs rejoindre massivement les catégories populaires, à l’instar des classes moyennes converties de plus en plus au vote national. Dans son éditorial sur RTL, Alain Duhamel a constaté ce que tous ses confrères ont noté, à savoir «qu’à la différence de François Hollande ou de Manuel Valls, la présidente du FN a reçu un accueil cordial lors de sa déambulation.»

    «Elle (Marine, NDLR) est la première récupératrice de voix de France. Elle est une machine attrape-tout. Évidemment quand elle arrive en disant : de toute façon je suis une inconditionnelle, je suis d’accord avec tout ce que vous dites (…), au degré de colère et quelquefois de désespoir qu’ils (les agriculteurs, NDLR) ont atteint, il est probable que pour eux, ça soit ça qui l’emporte (…) Ce qu’elle fait avec les agriculteurs, elle le fait avec tout le monde. (…) C’est cynique, c’est démagogique, mais c’est extrêmement efficace.» Et d’ajouter qu’«entre la polémique sur la  réforme du droit du travail, les tensions à Calais et la montée de Donald Trump dans le camp républicain auxEtats-Unis (qui a remporté sept Etats sur douze lors du Super Tuesday, NDLR) , tout sourit au FN. Donald Trump est grossier, vulgaire, violent et raciste, mais il est talentueux, très riche et il réussit très bien et la presse américaine le compare à Marine Le Pen.»

    Les dirigeants du FN et sa présidente, comparés hier  à l’Etat islamique, aujourd’hui à M. Trump,  ne seraient donc animés par aucun idéal, aucune rectitude morale, aucune sincérité, aucunes valeurs et seraient forcement des cyniques-menteurs-démagos-manipulateurs … Cette antienne mille fois rabâchées est surtout le signe d’une  peur de la Caste vis-à-vis  des Français qui entendent tout simplement le rester;  mais elle  ne manque pas d’être inquiétante car elle peut justifier demain tous les coups tordus, antidémocratiques, contre le verdict des urnes.

    Paris-Match a mis hier en ligne sur son site un entretien avec le sociologue de gauche, Michel Wieviorka,  «spécialiste des fractures sociales, des violences et du racisme, initiateur avec Daniel Cohn-Bendit de l’appel à une primaire à gauche.»M. Wieworka était questionné notamment sur son dernier roman de politique fiction, « Le Séisme : Marine Le Pen présidente», qui décrit les six premiers mois, forcément chaotiques et affreux, de l’arrivée de Marine à l’Elysée.

    Le sociologue confesse son penchant pour «Martine Aubry et Cohn-Bendit, les deux seuls à posséder des qualités de crédibilité politique et à pouvoir répondre à des attentes de gauche. Mais ils ne veulent pas y aller. Je crains donc qu’à la présidentielle, la victoire appartienne soit à la droite, soit à Marine Le Pen.» «Elle a une grande chance d’être élue si elle a François Hollande en face d’elle au deuxième tour» pronostique-t-il. «Une partie de la droite préfèrera voter pour elle. Et les électeurs de gauche sont tellement déçus qu’ils se mobiliseront peu en faveur de Hollande. Ce scénario est donc loin d’être une fiction farfelue. J’espère que mon livre va faire réfléchir, et réagir » (sic).

    Car dit-il encore, «qu’il s’agisse de la sortie de l’euro, du rétablissement de la peine de mort et autres promesses, son programme se révèlera inapplicable et on rentrera dans une spirale de tensions et de violence.» Et de détailler son scénario pour faire peur aux (grands) enfants : «Alain Finkielkraut, dont Marine Le Pen pense qu’il ferait un bon ambassadeur en Israël, pète les plombs à la télévision. Eric Zemmour est contraint de démissionner du ministère de l’Éducation. Gilbert Collard propose de rouvrir le bagne pour y envoyer les terroristes, et beaucoup d’autres. Adeline Hazan est virée de son poste de contrôleur des prisons. Marion Le Pen conduit un bulldozer et détruit une mosquée. La violence rôde. Tout cela peut être drôle, c’est terrifiant. A vous glacer le sang» (sic).

    Ce qui est tout à la fois drôle et terrifiant de notre point de vue, c’est que Paris-Match estime ici que Michel Wievorka «déroule sa parfaite connaissance de la société française, de ses acteurs et de ses élites». Et ce qui peut éventuellement glacer le sang, ce sont les menaces proférées par un certain nombre de hiérarques socialistes en cas d’un vote majoritaire pour la candidate du camp patriotique, national, souverainiste.

    Minute revient dans son numéro qui vient de paraitre sur  les paroles lourdes de sens prononcées par François Hollande le 19 février sur France Inter: «L’Europe a les moyens juridiques d’empêcher un pays de froisser les principes démocratiques.» «Si un parti d’extrême droite prenait le pouvoir, (des) procédures s’appliqueraient», «un pays peut être suspendu de l’Union européenne.»

    Et l’hebdomadaire de rappeler que selon le traité de Maastricht, «l’UE n’est pas fondée sur un espace de civilisation mais des valeurs, les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’Etat de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux Etats membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les hommes et les femmes

    «C’est beau comme une déclaration à la Jacques Prévert, ça ne veut absolument rien dire, mais c’est suffisamment totalitaire pour qu’un régime de droite dure, voire tout simplement de droite, soit  considéré comme contrevenant à ces principes. Ne parlons même pas d’un pouvoir qui voudrait instaurer la préférence nationale…».

    Criminalisation de la préférence nationale qui s’accompagne plus largement, constate Bruno Gollnisch, là aussi au nom des valeurs socialo-bruxelloises, d’une immigration de peuplement et de son corollaire, une politique de  naturalisations massives, «moyen simple de modifier la substance de la population française». Et Minute de souligner dans ce même numéro que «deux millions de néo-Français ont obtenu la nationalité française»…depuis l’année 2000. De quoi rassurer MM. Hollande, Duhamel et Wievorka?

    http://gollnisch.com/2016/03/02/a-vous-glacer-le-sang/

  • Donald Trump. Qu'il accède rapidement à la Maison Blanche

    Quel que soit le jugement porté sur « le Donald » et ses idées, l'Europe si elle voulait échapper à l'atlantisme qui l'étouffe, devrait fortement souhaiter son élection à la présidence américaine. Article mis-à-jour au 24/02

    Note au 24/02/2016
    Depuis la première publication de cet article le 16/12/2015, Donald Trump s'est révélé être un personnage très doué. Il paraît désormais capable, volontairement ou non, de bousculer le Système incarné dans le monde par l'Amérique. Ses succès électoraux répétés montrent qu'il recueille de plus en plus d'appuis dans un corps politique populaire qu'il est difficile de caractériser précisément, mais qui paraît très éloigné des soutiens traditionnels du Parti Républicain. Au contraire, ses électeurs paraissent proches sur beaucoup de points des électeurs votant pour Bernie Sanders.

    Nous attendrons les résultats des élections présidentielles proprement dites pour hasarder un essai d'analyse du phénomène Trump et des raisons de son succès. Disons seulement, à la date du 24/02, que, surtout s'il gagne le “Super Tuesday” , The Donald confirmerait d'une façon extrêmement puissante la probabilité qu'il soit désigné comme candidat républicain. Nous suivrons évidemment attentivement le suite des évènements.

    Concernant les Démocrates, il paraît encore peu probable que Bernie Sanders soit nommé leur candidat, tellement fortes sont les pressions du Système pour éliminer (y compris peut-être physiquement, un accident est vite arrivé) un candidat si loin de représenter les intérêts que sert encore Hillary Clinton. Disons seulement que si Clinton réussissait, à coup de corruptions et de chantages, à éliminer Sanders, elle trouverait en Trump un adversaire tout à fait capable de la ridiculiser.
    Dans le camp des Républicains, il semble, quelques semaines avant le début des primaires, que Donald Trump recueille une majorité de suffrages. Ceci n'a rien d'étonnant lorsque l'on constate l'inexistence de ses concurrents, dont en ce qui nous nous concerne nous avons peine aujourd'hui à retenir le moindre nom. Tous sont les représentants d'une Amérique néo-conservatrice, militariste, dominée par les puissances financières, n'ayant que du mépris pour les autres Etats du monde, les Etats européens en premier lieu.

    Mais à supposer que ce soit les Démocrates qui l'emportent, leur championne très probable, Hillary Clinton, ne se distinguera en rien des plus dangereux des Républicains. Au contraire, s'appuyant sur son expérience politique, elle les dépassera en militarisme, provocations à l'égard de la Russie, mépris de l'Europe, haine des milieux politiques américains dits alternatifs qui sauvent actuellement l'honneur de l'Amérique. Du fait de son nom, Clinton, comme du fait de son sexe, elle pourra donner quelques illusions sur son ouverture d'esprit, notamment dans les milieux européens atlantistes. Ils déchanteront vite.

    Une présidence Hillary Clinton maintiendrait en fait l'Europe pendant des années au niveau qui est le sien aujourd'hui, celui de sous-colonie américaine. De plus, elle enfermerait l'Europe dans une hystérie anti-russe dont pour le moment, certains gouvernements européens cherchent à se dégager.

    Cependant  Donald Trump à la Maison Blanche ne serait-il pas pire encore pour les Européens? Au pouvoir, «  The Donald » n'échapperait sans doute pas malgré son bagout, aux forces de l' « Etat profond » qui le contraindraient à rester dans la ligne des intérêts américains les plus obtus. A moins que...

    ...A moins que, emporté par son hubris, il n'émette quelques propositions de bon sens qui seraient utiles non seulement à l'Amérique mais aux Européens, se rapprocher de Moscou et de Pékin par exemple. Tout Démocrate qu'il soit, Obama s'est révélé jusqu'à ce jour incapable de le faire, poussant le monde aux bords d'une 3e guerre mondiale. Un Donald pourrait peut-être y réussir.
    ...A moins que aussi, dans le chahut permanent qu'il provoquerait s'il restait fidèle à son tempérament, de véritables mouvements de contestation sur un mode Occupy Wall Street amélioré ne puissent réapparaître et se faire entendre de tous ceux, aux Etats-Unis comme en Europe, qui rejettent en entier ce qu'ils nomment le Système.

    Notes
    * Sur Donald Trump et l'immigration provenant des pays du Moyen-Orient, voir notre article 

    http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2007&r_id=

    * Le point de vue du World Socialist Web Site. L'élection de Trump ouvrirait  les yeux de ceux qui l'ignoreraient encore sur ce qu'est en fait le système américain.

    http://www.wsws.org/en/articles/2015/12/10/pers-d10.html

    * Sur Hillary Clinton, un jugement que nous ne sommes pas loin de partager

    http://lesakerfrancophone.net/hillary-clinton-la-candidate-de-wall-street/

    * Sur France Inter, au 7/9 du 18/12, Bernard Guetta, chargé de la chronique Géostratégie, s'est permis de comparer Trump à Poutine, en disant qu'au fond rien ne séparait les deux hommes. Il est honteux de constater que sur une radiodiffusion nationale, un chroniqueur important se permette de lancer des attaques ad hominem aussi vicieuses, sans que personne ne réagisse. Mais ceci pourrait s'expliquer par la découverte horrifiée que l'éventualité évoquée à la fin de notre article, un rapprochement entre Trump devenu Président des Etats-unis, et Vladimir Poutine, ne serait pas impossible.

    Jean Paul Baquiast 16/12/2015
     
  • Sondage, sondage, dis-moi si Christian Estrosi est le plus beau

    Les « puissants » disposent de plusieurs méthodes pour savoir ce que l’on pense en bien – forcément – d’eux. Tout d’abord, la méthode dite de la marâtre. Il s’agit, pour cela, de se procurer tout simplement, auprès d’une bonne fée, un miroir magique. Ce n’est pas donné mais, au final, c’est assez efficace. Le puissant, chaque matin, après s’être rasé, avoir noué le nœud de sa sempiternelle cravate bleue et ajusté ses poignets mousquetaire comme Fernandel avant de chanter« Un dur, un vrai, un tatoué », interrogera ledit miroir selon la formule consacrée et bien connue des fans de Walt Disney : « Miroir, miroir, dis-moi que je suis le plus beau. » Résultat assuré tant que Blanche-Neige ne vient pas l’embêter. Qu’elle apparaisse, il devient imbuvable et fera tout pour lui empoisonner la vie.

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  • Contrairement à Nicolas Sarkozy, Marion Maréchal-Le Pen n’a pas besoin d’être droitisée

    C'est ainsi que Marion Maréchal-Le Pen explique avec humour qu'elle n'a pas besoin des conseils de Patrick Buisson. Extrait d'un article du Parisien qui lui est consacré :

    "(...) La benjamine de l’Assemblée continue d’élargir ses réseaux au sein de la frange de la droite séduite par son positionnement national-conservateur. Pendant la campagne des régionales, celle qui a fondé sa doctrine sur les lectures d’Ernest Renan, Maurice Barrès et Jacques Bainville — proche de Charles Maurras — a même discrètement rencontré deux figures de la droite conservatrice catholique : Philippe de Villiers et Patrick Buisson. «Dans la jeune génération, la seule qui pourrait fédérer une partie du FN et une partie de la droite, c’est elle », confie Villiers, qui lui a offert un exemplaire dédicacé de son best-seller (…)

    Quant au sulfureux Buisson, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, l’entrevue a eu lieu de manière plus improvisée, à la sortie d’une émission. « Il l’a reçue dans son bureau de la chaîne Histoire. Et le contact est très bien passé », raconte une connaissance commune. De quoi ont-ils parlé ? «Je n’ai pas besoin des conseils de M. Buisson, répond, tranchante, Marion Maréchal-Le Pen. Car, contrairement à M. Sarkozy, je n’ai pas besoin d’être droitisée ! (…)

    Elle sagace quand on l’interroge sur ses ambitions présidentielles et la possibilité d’une rivalité, un jour, avec sa tante. « C’est de la politique-fiction ! » renvoie systématiquement la jeune femme, qui n’a jusqu’à présent jamais fait défaut à Marine Le Pen. « Marion, c’est comme ma fille », dit d’ailleurs d’elle la présidente du FN.

    Mais l’histoire sera-t-elle la même après l’élection suprême de 2017 ? « Si Marine est battue, ça va remuer dans les brancards. La seule qui pourra maintenir la baraque en état et assurer une nouvelle donne politique avec un courant national-conservateur, c’est Marion, analyse un stratège du parti. Elle n’aura même pas le choix. Elle devra faire face à ses responsabilités. » Au « Carré », siège du FN à Nanterre, on rit à l’idée d’un tel scénario. Et pourtant… « Si Marine perd à nouveau en 2017, je ne vois pas comment elle pourra encore prolonger le désir jusqu’en 2022 auprès de nos électeurs. On n’est plus à l’époque de Georges Marchais et du candidat à vie ! » reconnaît un permanent (...)"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/02/contrairement-%C3%A0-nicolas-sarkozy-marion-mar%C3%A9chal-le-pen-e-nai-pas-besoin-d%C3%AAtre-droitis%C3%A9e.html

  • Marine Aubry va quitter la direction du PS

    Quelques jours après son réquisitoire assassin contre l'exécutif, l'ex-patronne des socialistes réaffirme dans le "JDD" ses désaccords avec le gouvernement.
    C'est officiel, la rupture est bel et bien entamée. Après sa tribune au vitriol contre le projet de loi El Khomri, Martine Aubry annonce qu'elle va quitter la direction du PS, tout comme certains de ses proches. « Nous allons sortir de la direction du PS, nous souhaitons en discuter avec Jean-Christophe Cambadélis », explique ainsi la maire de Lille dans les colonnes du Journal du dimanche. François Lamy et Jean-Marc Germain, deux élus très proches de Martine Aubry, devraient également partir de la Rue de Solférino.

    Une décision qui vient officialiser un divorce, qui traîne déjà depuis quelque temps. Car la réforme du travail n'est pas le seul point de discorde entre l'ancienne première secrétaire du PS et le gouvernement en place. La déchéance de nationalité avait déjà suscité l'indignation de l'édile, qui n'avait pas manqué de rappeler qu'il s'agissait d'une idée « portée depuis longtemps par le Front national ».

    « Urgent de prendre parti »

    Le discours critique tenu par Manuel Valls en Allemagne sur la politique d'Angela Merkel vis-à-vis des réfugiés n'a pas arrangé les choses. « Qu'un Premier ministre socialiste ne se mette pas du côté de ceux qui agissent, qui accueillent des réfugiés, je ne l'accepterai jamais », soutient la maire de Lille, dans le JDD.

    Quant à sa tribune contre la réforme du travail, elle persiste et signe : selon elle, il était « urgent de prendre parti ». « On n'est pas écouté quand on parle en privé ou à l'Assemblée », regrette-t-elle, tout en assurant « ne rien demander ». Mais, si Martine Aubry abandonne ses fonctions au sein du Parti socialiste, elle entend bien rester à la tête de la mairie de Lille. Participera-t-elle à une éventuelle primaire de la gauche ? Non, assure l'édile dans les colonnes de l'hebdomadaire.
    notes : 6Medias
    source : Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVyylAFFFXIYyUtyc.shtml

  • Du bon usage (électoral) de la torture des statistiques

    Dr Bernard Plouvier

    Notre bon Président – qui aura passé son séjour élyséen en tourisme de tous types, sexuel, gastronomique et intercontinental – l’a promis : il ne briguera un second mandat que si le chômage décroît… sinon il enverra le sémillant premier ministre au casse-pipes.

    D’un autre côté, tout le monde connaît, depuis le milieu du XIXesiècle – soit l’époque où les statistiques des États évolués sont devenues moins imprécises qu’auparavant – le dicton quelque peu agaçant pour un scientifique : « On peut faire dire n’importe quoi aux statistiques »… à quoi l’honnête homme répond en ajoutant : « à condition de les truquer », ce qu’un mathématicien « libéral » (entendre « de gauche ») corrige en parlant « d’interprétations innovantes ». En ce glacial mois de février 2016, nous sommes en pleine interprétation « innovante » (variante : surréaliste ; en plus simple : franchement malhonnête) des derniers chiffres du monstre dénommé CHÔMAGE.

    Les statisticiens séparent les chômeurs intégraux (réellement sans travail ou œuvrant « au noir », ce qui est un autre moyen de biaiser les statistiques), des chômeurs partiels et des individus travaillant de façon intermittente ou saisonnière. Dans le ragoût statistique, on mélange tout cela, d’où on exclut les « sans emploi en cours de stage professionnel » (autrefois on pouvait exclure temporairement les jeunes adultes envoyés au service militaire)… et toujours, l’on a joué sur ces volants pseudo-mathématiques, mais de grand intérêt pour la propagande en période pré-électorale.

    Les chiffres du chômage (comme pour n’importe quel autre ingrédient de la cuisine politicienne) sont manipulables au gré et à la fantaisie de chacun ayant intérêt à présenter des résultats partiels, caviardés. Soyons honnêtes, cette situation n’a rien de nouveau : presque toutes les études historiques doivent s’appuyer sur des archives d’État remaniées, des documents partiels et partiaux. Nos politiciens contemporains marchent dans les pas de leurs devanciers. Ils ne sont pas plus à blâmer que tous ceux qui ont trafiqué chiffres et documents ces derniers millénaires. Toutefois, ils pourraient le faire avec un peu plus de subtilité, puisque le public, dans sa frange éclairée, est un peu moins niais qu’autrefois.

    En l’occurrence, le Yo-yo statistique du chômage français (départements métropolitains & exotiques) est amusant à considérer de loin (il n’est nullement réjouissant pour un chômeur de longue durée… qui n’intéresse guère nos politiciens assurés d’être encore payés par l’État quelque temps après avoir été blackboulés).

    Mai 2012, à l’arrivée des néo-socialistes aux apparences du Pouvoir, l’on dénombre en approximation grossière 4,4 millions de chômeurs de tous types (A-B-C, non compris les stagiaires, cf. supra). Fin 2015 : 5,5 millions et notre bel ࣽÉlyséen promet etc. (voir plus haut). Miracle, hurlé sur tous les tons : en janvier 2016, l’hydre a reculé de 0,8% !

    Du côté des statisticiens-fonctionnaires, l’on observe une retenue certaine : ce « recul » est lié au « défaut d’actualisation de la situation de chômeurs en fin de droits »… autrement dit, des sujets, trop désespérés pour croire encore au système étatique de mise en rapport de la demande et de l’offre d’emploi, ne renouvellent pas leur inscription à une structure dont l’inefficacité est devenue proverbiale. Une fois encore, il serait inélégant de reprocher aux « chefs » du jour ce qu’ont fait tous leurs prédécesseurs : truquer, torturer, caviarder les chiffres à des fins électoralistes.

    Que devient la simple morale dans tout cela ? Tout le monde (officiel) s’en moque. Qui s’attaque réellement au problème qui ruine la vie de millions de Français de souche ? Personne. Nous sommes, en France, des minables en matière d’emploi, comparés non seulement aux valeurs sûres (Allemagne et Grande-Bretagne, Danemark et Suède, Belgique et Pays-Bas, Suisse), mais aussi aux États autrefois jugés peu compétitifs comme l’Irlande, la Lettonie, l’Islande.

    Plutôt que de truquer des statistiques, ce qui est à la portée du premier margoulin venu, l’on pourrait mettre en œuvre la politique de préférence nationale – soit en faveur des autochtones et non des naturalisés d’origine extra-européenne – en matière d’embauche, un recours au protectionnisme dans les secteurs sinistrés, la suppression de toute aide aux étrangers inutilement importés, la fin des dépenses absurdes d’un État considéré comme une pompe à subventions par les politiciens et leur clientèle de parasites, la fin des avantages sociaux qui plombent la compétitivité des entreprises… mais nullement la fin des lois sociales équitables, et l’introduction de la véritable participation de tous les travailleurs aux bénéfices des entreprises, au prorata de la quantité et de la qualité du travail fourni par chacun.  

    Il y a de véritables réformes sociales et d’énormes économies à réaliser, ne serait-ce que de rendre au secteur privé une notable partie des 6 millions de fonctionnaires dont chacun connaît la remarquable productivité. L’on n’a nul besoin de truquer les chiffres ou de donner la parole aux démagogues. L’on a besoin de bon sens, de rigueur et d’honnêteté. Cela ne peut se faire que grâce au retour à une véritable indépendance de la Nation française.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Les gauches dans l'impasse pour 2017?

    Il y eut d'abord l'appel en faveur de primaires des gauches lancé par des intellectuels en janvier, puis la tribune patronnée par Martine Aubry dans Le Monde du 24 février 2016, qui prévient d'un "affaiblissement durable de la France" si rien ne change. Ces entames semblent survenir à contretemps, éventuellement même à contre-emploi faute de ne pouvoir aller jusqu'au bout de leur logique. La contestation bruyante du cap de l'exécutif eût été utile avant le remaniement, pour l'influencer et lui donner du sens. Il s'agissait d'infléchir les politiques avant 2017, afin de rassurer les salariés du privé ou les fonctionnaires, qui lors des élections votent de moins en moins pour le PS et ses alliés...
    Mais le remaniement symbolise un ajustement cosmétique et tactique, et dès lors, la démarche de Martine Aubry et de ses alliés survient trop tard, surtout si elle ne veut pas aller jusqu'au bout de sa démarche, c'est-à-dire se présenter en 2017. De ce point de vue, elle brouille la portée de son message, en indiquant immédiatement après la parution de la tribune qu'elle ne veut pas imposer une primaire au Président sortant, pour se rétracter ensuite, déclarant qu'une participation du Président à des primaires serait formidable! Surtout, elle n'indique en rien qu'elle souhaite être candidate à la présidentielle à venir. Dès lors, à quoi bon cette sortie, peuvent s'interroger les électeurs?
    Des primaires inutiles?
    Plus largement, qu'apporte cette dynamique visant à contester la logique "institutionnelle" dominante, à savoir qu'un sortant, s'il se représente, le fait "naturellement", c'est-à-dire sans contestation et tardivement, afin de bénéficier jusqu'au bout de son capital de gouvernant? Et même si le président sortant ne se présente pas en 2017, hypothèse désormais sérieuse, à quoi serviront les primaires des gauches? La question peut être posée: il s'agit certes de remobiliser les électeurs sympathisants, alors que l'identité de ses partis et de ses dirigeants est troublée par la cure de "réalisme" imposée par l'exécutif. La perte des repères semble atteindre son paroxysme, car depuis 2002 au moins, la progression du Front national se fait auprès d'un électorat dit "populaire", d'ordinaire assimilé aux gauches et pour le coup durablement éloigné des partis socialistes, écologistes et même de la gauche radicale. Elle atteint aussi un niveau plus intense, parce que la révision idéologique imposée par Manuel Valls et François Hollande concerne l'économique (ce qui était déjà le cas avec François Mitterrand et Lionel Jospin), mais aussi le culturel (cf. la déchéance de nationalité et la politique sécuritaire).
    Dès lors, en dépit des enquêtes d'opinion, est-on sûr que les sympathisants et militants, qui notamment se lassent du parti socialiste (60 000 votants au second tour au Congrès en 2015, contre 140 000 à Reims en 2008), répondront fortement présents à des primaires en 2017, tant le sentiment d'adhésion et de proximité positive par rapport aux partis de gauche est en crise? Au-delà, les dirigeants des gauches semblent pour le moins hésitants: Jean-Luc Mélenchon décline, le PC conteste, les écologistes sont désorganisés; enfin, Arnaud Montebourg ou Christiane Taubira se taisent pour l'instant... Quel score peut espérer un Manuel Valls face à un ou plusieurs candidats plus à gauche? Le risque pris serait très important pour le premier ministre sortant... Finalement, des acteurs putatifs, qui a un réel intérêt à des primaires? La séquence n'est-elle pas plutôt celle pendant laquelle les organisations politiques doivent se recomposer, avant que de s'ouvrir? Car comme l'indique la période post-2011, la primaire n'a rien réglé en termes d'unification durable d'un nouveau parti socialiste et encore moins des gauches...
    La recomposition serpent de mer
    A propos d'une recomposition éventuelle des forces de gauche, quel sens donner à la stratégie de l'exécutif? Pour le laps de temps restant avant la présidentielle, à cap et premier ministre inchangés, François Hollande fait le choix de modifier durablement la définition du registre des politiques identifiées par l'électorat comme étant de gauche. Il étend largement la dynamique ouverte sous François Mitterrand et davantage encore sous Lionel Jospin.
    Mais il le fait sans avoir pour l'instant donné des pistes de réorganisation, alors que le processus idéologique arrive à maturation; quel parti politique pourra soutenir électoralement cette évolution structurelle de la gauche de gouvernement? Une fraction de plus en plus large du PS actuel ne suit pas. Dès lors, les relais de terrain vont manquer. Jacques Chirac, entre 1997 et 2001, a su progressivement, dans l'ombre de la cohabitation, préfigurer l'organisation de l'UMP et donc réduire la place du centre-droit, pour préparer sa seconde candidature. François Hollande a subverti quelques écologistes; il sait la gauche radicale divisée et l'extrême-gauche moribonde. Mais il n'a pas préparé une réorientation vers le centre: comme vu, son parti-soutien en perte de vitesse (- 1/3 d'élus) est désormais profondément divisé - lors du vote de la révision constitutionnelle, les députés "frondeurs" sont plus nombreux et les débats préliminaires à la délibération de la loi sur le travail sont très vifs. De plus, la société civile de gauche se braque elle aussi (sur l'état d'urgence, la déchéance et la réforme du code du travail)... Il est peu envisageable de compenser ces pertes sur la gauche par des gains sur la droite: quel intérêt auraient les électeurs sympathisants des partis du centre et de droite, après avoir choisi "leur" candidat, à voter pour un Manuel Valls ou un François Hollande lors d'un premier tour de présidentielle? Même s'il n'y a rien d'inédit à la division grave du PS (Congrès de Rennes en 1990, big-bang de Michel Rocard en 1993, etc.), et des gauches (fin de la majorité plurielle dès 2001), les fractures antérieures semblaient moins grosses de divisions idéelles; et pourtant, elles avaient déjà occasionné de sévères défaites - au plus 60 députés socialistes en 1993 et échec traumatique de la présidentielle de 2002.
    Les gauches ne sont pas sorties des suites du "tremblement de terre" de 2002
    En fait, les gauches ne sont pas sorties des suites du "tremblement de terre" d'il y a 14 ans. A force de ne faire que de la tactique, elles n'ont pas su s'accorder sur un nouveau programme commun. De ce point de vue, un changement de gouvernement et une inflexion réelle de son cap, après un éventuel échec de la loi El Khomri et de la révision constitutionnelle sembleraient bien tardifs et légers... Pour finir, rappelons une récurrence institutionnelle sous la Ve République: un président sortant de cohabitation gagne la présidentielle; un président sortant qui dispose d'une majorité parlementaire la perd. Sans doute d'abord, parce qu'il est alors rendu seul responsable des insuffisances des politiques conduites. François Hollande ne peut l'ignorer, même si, bien sûr, le grave contexte actuel pourrait changer cette donne. Ou alors, sans primaire, ce pourrait être le tour de Martine Aubry. Si elle le voulait, ce qui ne semble pas être le cas.

    Olivier RouquanLe huffpost :: lien

    Note : 

    Olivier Rouquan est Politologue et constitutionnaliste. Il analyse l’opinion publique, la vie politique et institutionnelle depuis 20 ans.

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVyyElyuAPGpwQSxH.shtml