Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 449

  • JERUSALEM ? UNE CAPITALE POUR DEUX !

    israel-palestine-small.jpg

    Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

    Le 70e anniversaire de la création de l’Etat d’Israël et le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, a déchainé un climat de violences inouï aux « frontières » de la bande de Gaza au sud-ouest du pays. Les Arabes de cette partie de Palestine libre de toute occupation étrangère, sont partis à l’assaut du no man’s land séparant leur « timbre-poste » de 350 Km2 et d’un million et demi d’habitants, de l’Etat Hébreu. Pneus enflammés, jets de projectiles à l’aide de lance-pierres, tentatives de franchissement, ont ponctué toute cette journée du lundi 14 mai. En face, les snipers de Tsahal ont « allumé » comme des pipes à la fête foraine, les jeunes manifestants. Bilan, entre 60 et 100 morts, des centaines de blessés. La communauté internationale s’est émue à juste titre face à cette riposte disproportionnée.

    Trois constats

    Le premier, c’est le cynisme qui habite les deux parties. L’Etat juif, tout d’abord, dont les autorités ont froidement répondu qu’elles protegeaient leur frontière et leur population contre toute tentative d’intrusion sur leur territoire. Confirmation donnée notamment par Mme Aliza Bin Noun, ambassadeur d’Israël en France, sur une chaine d’infos. (A noter qu’une barrière de sécurité entoure complètement le périmètre de la bande de Gaza, et qu’un mur en souterrain a été aménagé pour empêcher que les Gazaouïs ne creusent des tunnels).

    Le second, c’est l’attitude du Hamas, le parti islamiste dominant la scène politique à Gaza. Il a envoyé sciemment au « casse-pipe » à son habitude, hommes, femmes et enfants, sachant pertinemment que les inévitables victimes feraient pleurer Margot dans les chaumières et, qu’inexorablement, les degrés de sympathie pour la cause israélienne, chuteraient. Tout le monde est, à juste titre, indigné par la mort d’un bébé asphyxié par des tirs de gaz lacrymogène, mais ses parents n’en étaient-ils pas responsables au premier chef ? Il me revient à l’esprit une citation de Bossuet, archevêque de Meaux au XVIIe siècle, qui disait à peu près ceci : «  Dieu se rit des hommes qui se lamentent des conséquences des causes qu’ils chérissent ». On est en plein dedans !

    Le troisième, c’est que si des autorités décident que leurs frontières soient infranchissables, elles le sont si des ordres de fermeté sont donnés aux troupiers. A méditer par l’Europe des 27 avec son dispositif de Schengen qui est une véritable passoire. (A noter que l’on n’est pas obligé de tirer à balles réelles sur des foules désarmées, qui il existe des munitions en caoutchouc, et que des tirs de semonce au-dessus des têtes ne sont pas des actes criminels, contrairement à ceux commis par l’armée israélienne dont l’image est à jamais ternie).

    Le fond de l’affaire.

    Les Nations-Unies ont reconnu et légitimé en 1947 un plan de partage équitable de la Palestine mandataire, elle-même issue du dépeçage de l’Empire Ottoman au lendemain de la Première Guerre mondiale. Ce plan prévoyait deux Etats, l’un Arabe, l’autre Juif avec, au milieu, un corpus séparatum internationalisé, Jérusalem. Les Juifs l’ont accepté, les Arabes l’ont fâcheusement refusé. Résultats des courses, après une guerre perdue en 1948 par les Etats de la Ligue Arabe face à la Haganah juive : 5 à 700 000 réfugiés palestiniens fuyant les zones de combat, qui en Egypte, qui en Jordanie, qui au Liban, qui à Gaza. Les guerres successives de 1956, de 1967, de 1973 et de 1982 au Liban, n’ont rien réglé. Israël s’est agrandi au détriment de ses voisins et Jérusalem a été réunifiée sous la seule bannière de David. Le signataire de ces lignes peut témoigner qu’avant la « Guerre des six jours », il était impossible d’aller directement sur les Lieux Saints occupés par les Jordaniens à partir de la partie juive de Jérusalem. Aujourd’hui les adeptes des trois religions monothéistes peuvent aller prier sur ces Lieux trois fois saints, totalement imbriqués, ce qui ajoute une bonne dose d’absurdité à la situation actuelle ! Les peuples et leurs Etats respectifs ne se reconnaissent pas, mais ils se côtoient dans une grande proximité, pour ne pas dire promiscuité, à chaque heure du jour !

    Un territoire pour deux peuples

    Après les espoirs nés des accords d’Oslo en 1993 entre Rabin et Arafat, la situation s’est gelée et envenimée. La colonisation forcenée de la Judée et Samarie, - la « west bank » ou Cisjordanie, cette double boursoufflure qui compresse Israël entre la mer et le Jourdain-, par les religieux juifs, mais pas seulement, empêche toute négociation sérieuse. Sans compter qu’il y a le contentieux syro-israélien à propos du plateau du Golan annexé en 1967, un balcon au-dessus du lac de Tibériade d’où l’armée de Damas tenait sous son feu les kibboutz de la plaine. Sans oublier les affrontements récurrents entre le Hezbollah et Tsahal au Sud-Liban. Le baril de poudre attend la mèche ! Si la raison et les intérêts économiques bien compris de toutes les parties l’emportaient, nous assisterions à la création de l’Etat arabe de Palestine avec, pour capitale, Jérusalem-Est. Tout le monde le sait. Les plans sont dans les cartons. L’alternative à la solution des « deux Etats » ? Une entité unique, judéo-arabe, où bien vite ces derniers domineraient démographiquement les premiers, noyant sous un nombre incalculable de berceaux musulmans les berceaux juifs. Cela, Netanyahu ne peut pas l’accepter, pas plus que les Palestiniens ne peuvent accepter le statu quo. Alors, alors, la raison, pour une fois pourrait-elle l’emporter ? En tout cas, j’ai une pensée émue pour les jeunes professeurs d’histoire qui sont chargés d’enseigner, notamment, la shoah dans les écoles de la willaya du 9-3 !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Virginie Vota décortique les manipulations médiatiques au sujet de l’accord nucléaire iranien déchiré par Trump

    Virginie Vota s’emploie ici à lutter contre le prêt-à-penser au sujet de la décision de Donald Trump de déchirer l’accord nucléaire avec l’Iran. Elle met en évidence comment les médias français tentent de nous faire passer cela pour un exemple de plus du caractère capricieux de Donald Trump, alors qu’il s’agit bien évidemment d’une décision coordonnée avec Israël.

  • Russie: le pont reliant la Crimée au continent a été inauguré ce 15 mai 2018 par Vladimir Poutine

    Le « Pont de Crimée » a été inauguré, tous klaxons hurlants, par un vaste défilé de camions de chantier, dont celui de tête était conduit par Vladimir Poutine en personne, comme on le voit dans la vidéo. Ce sont ceux qui ont participé à la construction du pont qui ont pris place dans ces camions. Le président n’a visiblement pas boudé son plaisir car ce pont est l’emblème du couronnement de la Russie de retour parmi les plus grandes puissances de la planète. C’est le rattachement de la Crimée qui a valu au président russe de faire un bond dans le cœur de ses compatriotes qui en ce jour délectent probablement eux aussi ce pied-de-nez de 19 kilomètres envoyé à ceux qui ont fomenté les tueries de la place Maïdan à Kiev pour déstabiliser la Russie et l’enserrer dans leurs tenailles OTANesques.

    Ce pont est destiné à la circulation automobile et ferroviaire et mesure 19 kilomètres de long, c’est le plus long de Russie, il enjambe le détroit de Kertch, permettant ainsi de relier la Russie continentale à la Crimée, seulement quatre ans après le rattachement de la presqu’île à la Fédération de Russie. Si l’Union européenne et les USA espéraient encore briser la détermination russe à coup de sanctions économiques pour refouler les deux millions de Criméens hors des frontières russes vers l’Ukraine, leurs intimidations ont reçu une réponse cinglante et définitive.  L’ouverture du pont au trafic ferroviaire devrait avoir lieu début 2019.

    Cette œuvre monumentale rattache physiquement la Russie au berceau de sa civilisation et à ses fonds baptismaux.

    La construction  du pont a été annoncée très rapidement après le référendum de mars 2014 et les travaux ont commencé dés février 2016. Cette inauguration est un signe très fort envoyé par le président Poutine à peine « intronisé » président pour la troisième fois ce mois-ci aux Criméens qui lui ont fait si spectaculairement confiance lors du référendum de rattachement mais encore lors de sa toute dernière réélection. La Crimée lui ayant donné le plus fort taux de voix en sa faveur (ou l’un des plus forts) de toute la fédération avec 92,15% des suffrages. C’est dire que la romance entre le président et la Crimée est au beau fixe. Jouez violons! Mais c’est aussi une belle fin de non-recevoir envoyée à ceux qui espéraient avec de lourdes sanctions économiques parvenir à faire plier l’ours russe.

    Jusqu’à aujourd’hui la Russie continentale n’était reliée à la Crimée que par voie de mer ou par voie aérienne à travers ou au-dessus du détroit de Kertch. Pour l’heure, la capacité du pont est estimée à 40 000 véhicules par an et 47 trains par jour, permettant ainsi la circulation de 14 millions de passagers et de 13 millions de tonnes de marchandises par an.

    Quelques mois après la rattachement de la Crimée à la Russie, Poutine  avait déclaré à l’Assemblée fédérale de Russie le 4 Décembre  2014 :

    « Ce fut en Crimée (…) que le Grand Prince Vladimir fut baptisé avant d’apporter le christianisme à la Rus. (…), le christianisme a été une puissante force unificatrice spirituelle qui a contribué à impliquer les diverses tribus et les unions tribales du vaste monde slave orientale dans la création d’une nation russe et de l’Etat russe. Ce fut grâce à cette unité spirituelle que nos ancêtres pour la première fois et pour toujours se sont considérés comme une nation unie. Tout cela nous permet de dire que la Crimée, (…), et Sébastopol ont une importance civilisationnelle et même sacrée inestimable pour la Russie. »Vladimir Poutine

    Voir aussi: Inauguration par Poutine d’une statue monumentale de Vladimir-le-Grand de Kiev armé d’une gigantesque Croix, au coeur de Moscou

    http://www.medias-presse.info/le-pont-reliant-la-crimee-au-reste-de-la-russie-a-ete-inaugure-ce-15-mai-2018-par-vladimir-poutine/91783/

  • OTAN, UE, Turquie…la dérive des continents

    Turquie-dans-l-UE.jpgLes autorités israéliennes l’avaient dit et répété: aucune manifestation de Gazaouis le long de la clôture séparant la bande de  Gaza  d’Israël  ne sera tolérée.  Des dizaines de milliers de Palestiniens ont passé outre hier  pour protester contre le transfert de Tel-Aviv à Jérusalem de l’ambassade américaine.  Le Figaro le rapportait, « les Palestiniens perçoivent comme une provocation la date choisie, précédant de 24 heures les commémorations de la Nakba , la catastrophe qu’a constitué la création d’Israël pour des centaines de milliers d’entre eux chassés ou ayant fui de chez eux en 1948. »  Tsahal a indiqué que « les terroristes du Hamas » (accusés de manipuler  les Palestiniens), étaient prioritairement la cible  des tirs qui ont visé lundi   cette  foule impressionnante vivant à Gaza, ce territoire  qui « ressemble de plus en plus à un camp de concentration» estimait déjà en 2009 le Cardinal et ministre du Vatican Renato Martino.  Le bilan est lourd :  59 manifestants palestiniens abattus (dont huit enfants de moins de 16 ans d’après  l’ambassadeur palestinien à l’ONU)  et  2 400 blessés  selon un bilan du ministère gazaoui de la Santé.  La répression de cette manifestation a été vivement  condamnée par Emmanuel Macron et  les instances de l’UE. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n’a pas été le seul à dénoncer lundi un «massacre » israélien.  Amnesty International, ONG,  partis de gauche et d’extrême gauche évoquent une  « violation abjecte » des droits de l’homme, et des « crimes de guerre. » Sans surprise, les Etats-Unis ont bloqué lundi l’adoption d’un communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à « une enquête indépendante » sur cette manifestation  et la répression dont elle  a été l’objet. La Maison Blanche affirme que «la responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas. »

    Comme l’Afrique du Sud, la Turquie a rappelé pour consultations ses ambassadeurs en Israël et aux Etats-Unis, et a décrété trois jours de deuil en mémoire des Palestiniens tués hier.  «Israël sème le terrorisme d’Etat. Israël est un Etat terroriste. » « Ce qu’Israël a fait est un génocide. Je condamne ce drame humanitaire, ce génocide, d’où qu’il vienne, d’Israël ou d’Amérique» a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un discours prononcé hier devant des étudiants turcs à LondresLe tout début  de ce millénaire semble déjà très loin,   période ou Ankara et Tel Aviv étaient des alliés qui  coopéraient militairement….

    Plus largement encore, le climat entre les occidentaux et la Turquie a bien changé depuis cette année 2002 qui a vu l’arrivée au pouvoir du parti AKP (Parti de la Justice et du Développement) et de Recep Tayip Erdogan au poste de Premier ministre. Un islamo-conservateur précédé d’une réputation de libéral raisonnable, favorable au développement des libertés individuelles et pro-européen. Le monde des affaires voyaient aussi d’un bon œil un pays qui a connu depuis le début des années 2000 une très  belle embellie économique, laquelle  a fait aussi des heureux en France, sixième fournisseur et client de la Turquie. Nos acteurs économiques y ont beaucoup investi, trois cents entreprises françaises y emploient des dizaines de milliers de salariés.  Cette croissance de l’économie turque a été profitable à la classe moyenne, mais s’est sensiblement érodée ces derniers mois sur fond de hausse des prix et de dépréciation de  la livre turque.

    Il n’en reste pas moins que le président Erdogan et l’AKP gardent un réel soutien populaire.  Sans énorme surprise, ils gagneront  de nouveau les prochaines élections, présidentielle et législatives,  qui devaient  se dérouler en novembre 2019 mais dont la date a été avancée au 24 juin 2018; soit quatorze mois jour pour jour après le référendum -contesté par l’opposition ou ce qu’il en reste… - qui a enterré le régime parlementaire pour lui substituer un régime présidentiel.

    Cahin-caha, le processus d’adhésion de la Turquie dans l’UE (enclenchée officiellement dés 1963 avec sa candidature à la Communauté Economique Européenne)  s’est poursuivie.  Certes celui-ci a été  freiné par des opinions publiques européennes vent debout contre cette éventualité, mais aussi du fait des critiques sans cesse plus nombreuses des instances bruxelloises contre la dérive autoritaire, les atteintes aux droits-de-l’homme, voire l’agressivité et les menées géopolitiques d’Ankara.  Le conflit syrien, le jeu très ambigu  qui fut celui de M.  Erdogan vis-à-vis de l’Etat islamique (EI) ou à tout le moins son soutien aux  milices djihadistes anti-Assad -certes il ne fut pas le seul dans ce registre… –  n’ont pas apaisé les tensions. Ni bien sûr le chantage opéré par l’Etat turc dans le dossier de la torrentielle immigration clandestinequi a réclamé trois milliards d’euros à l’UE  pour empêcher les centaines de milliers de migrants qui campent  sur son  sol de se répandre en Europe.

    Le coup d’état militaire de juillet 2016 visant à renverser le régime, derrière lequel, non sans raison peut-être, Erdogan a vu la main des Etats-Unis, n’a pas arrangé la réputation d’Ankara dans le domaine du respect des droits de l’homme. La presse et les journalistes dissidents ont été muselés160 000 fonctionnaires -militaires, juges, enseignants… - ont été mis à pied  et 50 000 Turcs ont été emprisonnés selon un rapport des Nations unies.  Reuters rapportait en fin de semaine que la police turque a de nouveau  arrêté 150 soldats, soupçonnés d’être liés à Fethullah Gülen, un prédicateur hébergé  aux Etats-Unis qu’Ankara accuse d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat avec l’appui d’officiers kémalistes et de libéraux de gauche…

    Si la Turquie est membre de l’Alliance atlantiqueMichel Drac, dans une récente vidéo , s’interrogeait sur les conditions du maintien de la Turquie dans l’Otan, dont le régime estime t-il  «est obligé de se durcir pour survivre car il est   devenu un ennemi pour les Etats-Unis qui veulent le déboulonner.» Turquie qui apparaît  au bord de de l’affrontement avec ses alliés  - notamment en Syrie avec les forces spéciales françaises et américaines - du fait de  sa volonté d’éradiquer les milices kurdes soutenues elles par les  occidentaux car combattant l’EI.  Le ministre des Affaires étrangères  du Luxembourg , le socialiste Jean Asselborn, qui n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer la Hongrie de Viktor Orban au motif qu’elle refusait d’ouvrir ses frontières  aux immigrés clandestins,   a demandé  un débat au sein de l’Otan sur  l’intervention turque dans le nord de la Syrie. Il a  rappelé solennellement que l’Alliance atlantique  est «un club qui partage les même valeurs démocratiques…» Autre point de friction,  les incidents récurrents entre l’armée grecque et turque  (appartenant toutes deux à l’Otan donc…)  qui  se multiplient en Mer Egée alors que  la Turquie a été condamnée officiellement  par l’UE pour ses actions  illégales en Méditerranée.

    M. Drac constate encore que la frontière terrestre turco-grecque est devenue  le principal  point  d’entrée  de l'immigration massive vers l’Europe et souligne  non sans ironie qu’ Emmanuel Macron s’était beaucoup avancé en déclarant  que  les frappes américano-franco-britanniques  (visant des bâtiments vides) en Syrie mi-avril avaient permis d’enfoncer un coin dans l’alliance de fait entre  la Turquie (qui a approuvé ces frappes)  et  la Russie.  A l’évidence il n’en est rien. Ankara  resserre ses liens commerciaux et ses coopérations (gazière, nucléaire)  avec Moscou et est toujours  partie prenante  avec la Russie et l’Iran dans les négociations sur l’avenir de la Syrie  – processus de paix d’Astana. Last but not least,  nouveau camouflet pour l’Otan,  comme cela avait été annoncé,  la Russie a livré  à la Turquie « des  systèmes antiaériens russes S-400 Triumph. » Un geste rapporte le site sputnik   « considéré par l’Otan comme une véritable provocation, a affirmé Der Spiegel, indiquant qu’ils pourraient devenir les yeux de Moscou et aider la Russie à obtenir des informations sur les F-35 », le  chasseur furtif de nouvelle génération de  l’US Air Force.

    A l’heure ou un nombre croissant de Turcs se résignent, voire même sont opposés à l’idée de voir leur pays adhérer un jour à l’UE, le site Euractiv a relayé au début du moins une tribune signée par le député européen socialiste français Gilles Pargneaux, l’universitaire new-yorkais Alon Ben Meir, qui dénonce de longue date de l’activisme néo-colonial de la Turquie dans les Balkans,  notamment en Albanie,  et par la  journaliste d’investigation kosovare Arbana Xharra.  Très connue dans son pays , proche du  PDK (Parti démocratique du Kosovo), celle-ci  alerte depuis des années sur   la montée de l’islam radical au Kosovo et des  liens existant  entre  extrémistes islamistes  kosovars et   réseaux terroristes.

    Ils écrivent ainsi que « la dérive anti-libérale et anti-occidentale d’Erdogan » doit conduire à   « mettre fin au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union (…). Il ne peut y avoir de renforcement commercial entre l’Union et la Turquie sans qu’il n’y ait une amélioration de la situation des droits de l’Homme (…). L’influence grandissante de la Turquie dans les Balkans ne peut être ignorée. L’arrestation de six Turcs résidant au Kosovo et proche de la confrérie de Gülen, l’arrestation de douaniers grecs afin d’obliger l’extradition de militaires turcs ou bien l’interventionnisme turc dans les mosquées en Bosnie, en Albanie et en Serbie représentent les derniers avatars de cette influence néo-ottomane, teintée d’Islam politique, de la Turquie vers l’Europe. Ceci pose d’autant plus question que la plupart de ces pays sont en phase de négociation pour accéder à l’Union européenne. »

    « En définitive, la Turquie est passée de meilleur allié de l’Occident, de l’OTAN et de l’Union européenne à un partenaire ambigu et revanchard (…)   nous ne pouvons faire l’économie d’une redéfinition de notre relation avec la Turquie, sans céder à ces provocations turques. Voilà le chemin que la diplomatie européenne doit emprunter. »

    Rappelons au passage  que le FN avait encore vu juste et avait  prévenu des conséquences de la guerre d’agression  menée par l’Otan contre la Yougoslavie et les Serbes en 1999, sur cet  appui alors  apporté aux islamo-mafieux albanais et kosovars , lors de la partition du Kosovo retranchée de la Serbie et  imposée par l’Alliance atlantique.

    Redisons aussi fort et clair, nous le rappelions en octobre 2014 ,  que la  réduction de la civilisation européenne au totalitarisme des droits de l’homme agités ici comme un hochet,  va de pair  avec une Europe qui subordonne le politique à l’économique, qui se construit sur la dépouille des Etats souverains. La dérive de cette Europe là avait été parfaitement anticipée  par Julien Freund dans «La fin de la Renaissance» (1980) : « on s’en prend aux nationalismes, sources de guerres intra-européennes qui auraient été, durant ce siècle (le XXe siècle, NDLR), des guerres civiles européennes. Mais en réalité c’est l’Etat qui est visé dans sa substance.»

    Au  plus fort du débat sur l’adhésion de la Turquie dans l’UE,  le refus de réaffirmer les racines chrétiennes de l’Europe,  d’en faire un « club chrétien » comme le notait pour s’en offusquer  M.  Erdogan et  chez nous  la quasi totalité  du microcosme politico-médiatique, répondait   bien  sûr à un objectif.

    Bruno Gollnisch le soulignait alors, «si l’Europe se définit par l’adhésion à des valeurs communes laïques qui sont celles en gros de l’individualisme libéral et des droits de l’homme , alors effectivement à ce compte il n’y a pas de raison de ne pas l’étendre jusqu’au Zaïre le jour où ce pays pratiquera la démocratie parlementaire ! C’est là qu’on voit bien, sans déformation et sans exagération, que dans l’esprit de ces gens là, l’Europe n’est qu’une espèce de plate-forme commune qui a vocation à s’entendre de plus en plus, dans laquelle, à condition de respecter une règle sacrée qui est celle de l’ouverture et du métissage, n’importe quel pays pourrait finir  par entrer ».  Au-delà même de la question turque, les prochaines élections européennes offriront à l’opposition nationale l’occasion de présenter aux Français  son projet européen, loin des outrances des uns, et des faiblesses des autres.

    https://gollnisch.com/2018/05/15/otan-ue-turquie-la-derive-des-continents/

  • La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct

    980513655.png

    Critique élogieuse du dernier livre d’Alexandre Del Valle par Dr Dominique Schwander

    Ex: http://www.lesobservateurs.ch

    Dans son livre, lequel est excellent et très bien documenté, Del Valle aborde les sujets actuellement les plus préoccupants pour nos démocraties européennes; il y traite de:

    • la psychologie du terrorisme et du terrorisme psychologique
    • la politique de l’apaisement ou pax islamica
    • la stratégie expansionniste du lobby islamique mondial en Europe
    • la stratégie victimaire, des provocations du communautarisme
    • la dénonciation de l’islamophobie, de la genèse et de l’actualité de l’islamiquement correct
    • les mythes de la dette envers la science arabo-musulmane et de la tolérance à l’’Al-Andalus
    • le mythe de l'Al-Andalus au service de l’irrédentisme et du suprémacisme islamiques.

    Cet auteur fin connaisseur de l’islam et brillant enseignant universitaire répond avec lucidité, clairvoyance et impartialité à plusieurs questions actuelles que tout citoyen suisse se pose. En voici quelques unes:

    3963198194.jpgLe vivre ensemble est-il encore possible, en Europe et aux USA, avec un tel échec de l’assimilation de ces immigrants musulmans et/ou africains ?

    L’islam et l’islamiquement correct sont-ils compatibles avec nos Etat-nations, alors que son idéologie politique et sa charria s’impose dans nos quartiers, où la moitié des jeunes musulmans souhaitent l’instauration de la charia et rejettent notre Constitution démocratique et nos lois?

    L’islamisation de nos Etat-nations par les musulmans coupeurs de langues (djhadistes soft) et leur victimisme islamiquement correct ne sont-ils pas encore plus dangereux que le terrorisme musulman des coupeurs de gorge (djihadistes hard)?

    Est-il possible et comment d’éviter la désintégration des Etats-nations de l’Europe, les tensions croissantes et le risque de guerre civile qui en découle et nous menace ? Pourquoi aucun doctrinaire musulman, ni les gardiens de La Mecque, ni les imams sunnites, ni les ayatollahs ont-ils excommunié et déclaré hérétiques ou apostats les terroristes musulmans?

    Pourquoi les angéliques, les idiots utiles et les islamo-collabos propagent-ils que la supposée islamophobie serait plus horrifiante que nos victimes physiques des attentats terroristes musulmans et que la lutte contre l’islamophobie doit primer sur celle contre le terrorisme musulman et la lutte pour notre peuple souverain?

    Quel Occidental n’est pas stupéfait par la comparaison du sort des musulmans d’Europe aujourd’hui, libres d’exercer leur virulent prosélytisme, aux juifs d’hier victimes du génocide nazi?

    Comment peut-on déradicaliser les jeunes musulmans radicalisés et combattre le jihadisme en Europe alors que de nombreuses et étendues zones de non-droit islamisées sont contrôlées par l’oumma musulmane qui exige de tous les musulmans pratiquants de former dans nos Etats-nations leur société supra-nationaliste séparée des infidèles-mécréants, par définition tous des ennemis de l’islam, par exemple une société de non-France-non état de droit où la menace idéologique et civilisationnelle de l’islam ersatz de religion se répand au nom de la liberté religieuse  et du  droit à la différence?

    Voici en résumé quelques réponses, observations et faits pertinents pour encourager les patriotes qui ne sont ni de droite ni de gauche mais pour leur peuple souverain à lire cet imposant et brillant ouvrage de 500 pages que j’ai pu obtenir en trois minutes en format Kindle sur Amazon, ici où je suis au Panama, Etat-nation corrompu, pluri-culturel, pluri-raciste, riche mais avec beaucoup de pauvres et malheureusement également bientôt  multiconflictuel.

    • L’objectif des tous les musulmans pratiquant est, de gré ou de force, la soumission-conquête  et l’islamisation de toute la terre et de tous ces habitants et, grâce à cet acte pieux, de gagner par là leur salut et leur place au paradis sexualisé musulman. Il s’agit donc de supprimer en Europe le christianisme et d’y inclure de force l’islam et les musulmans pratiquants.
    • Tous les musulmans pratiquants utilisent la stratégie de l’intimidation: intimidation morale, culturelle et civilisationnelle pour les uns (djihad soft), et intimidation physique pour les autres (djihad hard).
    • Les premiers nous imposent leur vision totalitaire sous couvert de liberté religieuse et de diversité multiculturelle. Les autres utilisent la violence et la terreur comme outils d’intimidation, de persuasion, de manipulation et de propagande idéologique. Ce terrorisme des égorgeurs ou coupeurs de têtes (hard) est la façon la plus fulgurante de modifier les comportements des adversaires, de diffuser une idée subversive et de leur faire accepter de se soumettre. Ce terrorisme alimente la terreur psychologique et juridique instaurée par les coupeurs de langue (soft) que sont les nouveaux censeurs qui luttent contre l’islamophobie, le blasphème et la liberté d’expression, à coups de revendications, de procès, de scandales et de lynchages médiatiques. Pour nous intimider et nous soumettre, les coupeurs de langues (soft) musulmans ont besoin des coupeurs de tête (hard) musulmans: la terreur de ces derniers dissuade les patriotes occidentaux, les dits blasphémateurs et les clairvoyants islamophobes de combattre le suprémacisme subversif des musulmans coupeurs de langue. Simplement, ceux qui menacent de couper les têtes donnent le ton. En réalité, ces terroristes musulmans ne massacrent pas pour venger les peuples musulmans envahis par les croisés du moyen-âge puis colonisés par des pays occidentaux mais pour qu’on parle de leur cause dans les mass médias et dans le public, pour semer la terreur et pour subjuguer tous ces Européens idiots utiles et toutes ces ONG bien trop attachés à l’apaisement communautaire de l’oumma musulmane militante et missionnée, ceci afin que les musulmans les fassent tomber dans leur piège de l’intimidation et que triomphe un jour leur soit-disante seule vraie religion, l’islam. Tous ces terroristes musulmans sont experts en manipulation des esprits via les mythes tel celui de l’Al-Andalus, le visuel tel la vidéo de sauvages égorgements, les symboles  tel le World Trade Center, leurs slogans bien choisis et lancés au bon moment et évidemment la taqyia.

    2954050467.jpgL’Organisation de la Coopération islamique (OCI), créée en 1969, à Djedda est le second groupe d’États le plus grand au monde après l’ONU. L’OCI regroupe 57 Etats musulmans poursuivant la promotion mondiale de l’islam-idéologie et de ses lois et règles théocratiques. Son objectif est triple:

    La plupart de nos élus occidentaux se sont laissés manipuler et convaincre que la lutte contre l’islamophobie et autres mesures illusoires d’apaisement seraient la meilleure tactique pour calmer la colère de musulmans pratiquants, apaiser les terroristes musulmans, voir les domestiquer. En réalité c’est le contraire qui se passe: plus on cède aux revendications des musulmans pratiquants et de n’importe quel totalitaires, plus ils y voient de la faiblesse et plus ils accroissent leurs exigences. Ainsi par exemple bien trop préoccupées de ne pas offenser les musulmans, des autorités municipales espagnoles culpabilisant et ayant peur des jihadistes hard se sont soumises volontairement et même par anticipation à interdire des magnifiques fêtes culturelles traditionnelles « Moros y cristianos »dans la province de Valence. Une fois de plus des autorités et des élus sont des victimes soumises de la stratégie d’intimidation des musulmans, ménagent  les susceptibilités de ceux dont ils ont peur, de ceux qui risquent d’être violents, les autres, soit toutes sortes de musulmans pratiquants, mais craignent l’islamophobie, qui n’jamais tué personne, de ceux qui ne sont pas violents et qui n’inspirent pas la crainte, soit les chrétiens et les leurs. Dans son roman politique-fiction « 2084 », l’écrivain tunisien Boualem Sansal décrit un monde néo-orwellien soumis au totalitarisme de l’islam-idéologie. Il déclare dans ce livre que « la France finira par devenir islamiste à force de céder aux fanatiques et aux terroristes ».

    La culpabilisation est l’arme manipulatrice de destruction psychologique de masse de tous les dictateurs et de tous les totalitaires qui empêchent un peuple souverain de résister à un islam sournois, rampant puis conquérant, cet islam irrationnel qui se nourrit et se renforce de l’incohérence et de la faiblesse provocatrices des sociétés complexées qui cherchent l’illusoire apaisement et cèdent aux intimidations, aux demandes, aux revendications et aux exigences de leurs ennemis et de leurs oppresseurs.

    Confronté à la guerre asymétrique que livrent à l’Occident les musulmans pratiquants et leurs terroristes, les Occidentaux doivent ne plus penser en stratégies et tactiques des guerres classiques mais apprendre ce qu’est une guerre asymétrique  et réaliser que tous leurs ennemis et envahisseurs sont des soldats sans uniformes. Même les femmes et les enfants placés comme boucliers humains devant les soldats de DAECH, les soldats du Hamas et les envahisseurs massés aux frontières, en particulier d’Israël et des USA, sont également des soldats sans uniformes.

    La Suisse et ses voisins ne vaincront pas cet ennemi et sa guerre asymétrique tant que leurs élus et notre Défenses ne renoncent pas au paradigme de la guerre froide qui leur fait préférer encore aujourd’hui les États musulmans théocratiques du Golfe et la Turquie membre de l’OTAN à la Russie post-soviétique, toujours considérée par de nombreux élus et décideurs américains et européens comme pire que le terrorisme musulman.

    Depuis la chute de Grenade en 1492, le mythe andalou est une véritable obsession pour nombre d’islamophiles occidentaux et de musulmans pratiquants du monde. La revendication des territoires musulmans perdus comme l’Al-Andalus a été au centre de tous les attentats islamistes d’Espagne ces quinze dernières années. L’objectif est de terrifier les occupants infidèles de l’Espagne anciennement musulmane jusqu’à ce que les musulmans aient récupéré, avec l’aide de allah, toutes les terres musulmanes perdues. Cette « reconquista » à rebours de l’Al-Andalus fait que l’Espagne est un des pays d’Europe les plus pris en tenaille par l’islam et que l’Al-Andalus est un puissant thème mobilisateur pour les djihadistes tant soft que hard.

    3459606927.gifC’est le célèbre calife abbasside à Bagdad, Al-Maàmoun, de mère esclave perse (813-833), despote éclairé surnommé prince des mécréants en raison de son soutien à l’école rationaliste des mutazilites, qui encouragea le mouvement des traductions, en particulier du patrimoine intellectuel grec. L’Age d’Or de l’empire abbasside à Bagdad, doit beaucoup à la prestigieuse Université de Gondisapur, dans le sud-est de l’Iran actuel. Ces rares califes éclairés de Bagdad qui étaient à peine musulmans et fortement influencés par les cultures perse et mésopotamienne, étaient adeptes de l’hérésie des mutazilites, qui sera définitivement condamnée un siècle plus tard par les tenants de l’orthodoxie musulmane. La civilisation qui tenta de s’imposer  dans les cours de Bagdad, du Caire, d’Ispahan, ou de Cordoue, était en fait étrangère à l’islam-idéologie. Après cette période d’effervescence intellectuelle, l’islam, abandonnant le soufisme pour l’orthodoxie du sunnisme, forcera, jusqu’à aujourd’hui, les musulmans dans une foi aveugle et une acceptation littérale du coran. Toute tentative d’aggiornamento de l’islam apparut comme une innovation blâmable, une atteinte à l’éternité et à la perfection divine du coran soit-disant révélé à Mahomet, mot par mot par l’ange Gabriel mandaté par allah l’unique dieu. La novlangue musulmane apparut: le terme sophia, sagesse en grec, devint synonyme d’erreur en islam. De la même manière, la notion de bidaà, innovation, devint synonyme de blâmable. Depuis lors, juristes et fidèles de l’islam-idéologie sont soumis à une des quatre écoles orthodoxes du sunnisme. Le chiisme offrant avant Khomeini un peu plus de marge de manœuvre parce qu’il n’a jamais déclaré le coran incréé comme le sunnisme l’a fait. Après qu’aux X et XI ème siècles, les hadiths furent compilés, l’islam sunnite n’a connu ni réformes, ni conciles, ni innovations de grande ampleur, à l’inverse du christianisme et même du judaïsme.

    Lire la suite

  • Le Libéralisme et ses alternatives pour le XXIème siècle

    1478575125.jpg

    2ème colloque de Chisinau (15-16 décembre 2017)
    Contribution à la 4ème théorie économique. »

    Discours Chisinau le 14 Décembre 2017

    Mesdames et Messieurs,

    Je suis très honorée d’avoir été invitée à ce deuxième colloque de Chisinau consacré aux questions économiques. Une analyse de la problématique économique sera d’autant plus utile que la question sera abordée sous différents angles, qui permettront d’en mieux cerner les contours. Pour comprendre la question économique, il me semble en effet tout à fait impératif de mettre cette dernière dans un contexte spatio-temporel de nature institutionnelle. Aucune dissertation sur la question économique ne peut valablement trouver de fil conducteur si l’on ne fait pas l’effort de pratiquer une analyse sérieuse de son évolution institutionnelle dans le temps et dans l’espace.

    Or l’analyse des institutions, mesdames et messieurs, ne ressort pas à strictement parler du champ de compétence des économistes, qui sont des praticiens du domaine économique. L’examen du cadre institutionnel de l’économie est de la compétence des juristes.C’est donc en ma qualité de juriste que je vais intervenir à l’occasion de ce colloque consacré à la problématique économique. C’est également en ma qualité de juriste que je vais faire une indispensable incursion dans le champ monétaire et financier.

    A titre liminaire, il semble utile de replacer le cycle de conférences de Chisinau dans son contexte institutionnel international. Le présent colloque s’inscrit dans le droit-fil de la Déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944 qui, si elle avait été appliquée, se serait opposée à la fois à la liberté absolue du commerce international tenu par les multinationales et à l’établissement d’un système monétaire international unifié. Ceci est une vaste histoire…

    J’ai commencé l’analyse juridique et institutionnelle de la question économique à l’occasion de mon travail de thèse, consacré à l’entreprise. Par la suite, mon expérience en tant qu’avocate dans le domaine de la fiscalité internationale et plus précisément des prix de transfert, a induit une réorientation du champ de mes analyses. Mon approche, initialement juridique et institutionnelle, du domaine économique s’est peu à peu transformée en approche politique et géopolitique. Parce que toute analyse institutionnelle se poursuit nécessairement, naturellement, par une mise en perspective politique et géopolitique.

    L’économie, en raison des implications qu’elle a dans le quotidien des gens, doit aujourd’hui être considérée comme LA matière politique et géopolitique par excellence. Dans le contexte actuel de crise perpétuelle, si d’aucuns dissertent à l’envie et avec plus ou moins d’arrières pensées, sur l’impasse économique et financière dans laquelle le monde est plongé, personne ne semble entrevoir, et encore moins proposer, la moindre solution pour sortir de l’impasse.

    Or, un problème qui ne trouve pas de solution est un problème qui est mal posé. Le problème économique me semble justement particulièrement mal posé. Pour vous en convaincre, je vais vous faire part des constats auxquels mon approche, que d’aucuns jugeront « iconoclaste »,et qui est d’ordre juridique, institutionnelle, politique et géopolitique a abouti. Le qualificatif « iconoclaste », appliqué dans un contexte de pouvoir temporel et non pas dans un contexte de pouvoir spirituel, ne doit pas faire peur.Il est en effet tout à fait nécessaire de s’opposer à la tradition, même lorsqu’elle date de plusieurs centaines d’années, lorsque celle-ci mène l’humanité à sa perte ; or c’est justement dans cette direction que nous courrons collectivement. Il est des époques qui doivent être politiquement « iconoclastes », et nous sommes justement au cœur d’une telle époque.En pratiquant l’approche politique et géopolitique de l’économie, j’ai découvert un certain nombre d’éléments qui désignent, à eux seuls, la voie conceptuelle permettant de sortir de l’actuelle impasse économico-monétaire. Impasse qui sévit au niveau mondial et qui nous mène tout droit vers la destruction des peuples et la construction d’un gouvernement mondial dirigé par les principaux détenteurs de capitaux de la planète.
    Cette petite introduction, nécessaire à la compréhension du sujet, m’amène à faire la remarque selon laquelle les milieux académiques ne considèrent jamais l’économie selon cette approche institutionnelle, politique et géopolitique, pourtant déterminante. D’un point de vue académique, les économistes pratiquent l’économie tandis que les juristes mettent l’économie en musique règlementaire, sans jamais questionner la pertinence du cadre. Les juristes se cantonnent aujourd’hui à un rôle secondaire consistant à mettre en œuvre et éventuellement à perfectionner les règlementations économiques. Ils ont, depuis beaucoup trop longtemps, abdiqué leur rôle politique consistant à avoir une approche dynamique et critique de la législation. Ce faisant, les juristes sont devenus inutiles, de simples parasites alimentant un système économico-politique, de type newtonien, qui éloigne toujours plus l’humanité du soleil nécessaire à sa survie. Cette pente malheureuse est née de l’influence de la théorie pure du droit d’Hans Kelsen ; à partir de là les juristes praticiens sont devenus structurellement incapables de questionner les finalités du droit, seules les techniques juridiques leur sont restées accessibles.

    Pour retourner dans le vif du sujet économique et des alternatives envisageables, il faut d’abord et avant tout comprendre que les forces à l’œuvre dans le monde dans lequel nous vivons ont, au fil des siècles, organisé une domination institutionnelle totale du pouvoir économique sur le pouvoir politique. Cette domination devra prochainement trouver sa conclusion logique dans l’avènement d’un gouvernement mondial, appelé « Nouvel Ordre Mondial » par ses partisans. En réalité, ce Nouvel Ordre n’a rien de nouveau, il est l’aboutissement logique de la constante élévation sociale de l’ordre des banquiers commerçants qui a, aujourd’hui, rang de puissance politique. Cet ordre des banquiers commerçants, dont on peut, grosso modo, faire remonter la naissance à l’époque des Grandes Découvertes, en raison du considérable enrichissement dont ils ont pu alors bénéficier, est aujourd’hui arrivé à un point où il a acquis un pouvoir mondial de type monopolistique. Les tenanciers de ce pouvoir économique, à force d’accaparement des richesses, sont parvenus au stade où ils imposent des institutions internationales à leur mesure. Le constat, malheureux, est qu’aucune instance politique n’est plus en mesure de lutter efficacement contre ce conglomérat de banquiers commerçants, qui pratique un pouvoir absolu et sans partage.

    « Comment en est-on arrivé là ? »… Est une longue histoire faite de luttes, de contre-luttes et d’un nombre considérable d’abdications.

    Dès le début, la caste naissante et ambitieuse des banquiers commerçants a entrepris un mouvement en double révolution (sans jeu de mot), consistant d’une part en un effort conceptuel afin de dissoudre le « pouvoir » politique en place, et d’autre part à mettre en œuvre, pays par pays, une institution capable de centraliser et gérer les masses monétaires en circulation. Concrètement, les deux principaux outils utilisés par le pouvoir économique, pour s’élever au rang de pouvoir politique, ont été : premièrement l’élaboration et la diffusion du principe de « séparation des pouvoirs » et, deuxièmement la mise en place de « banques centrales ».Les Français ont eu un rôle de fer de lance dans la mise en place conceptuelle et institutionnelle de ces deux éléments de destruction massif des peuples et des Etats. Il semble juste, en retour, que des Français établissent les mesures conceptuelles qui permettront le rétablissement des Etats au sens politique du terme - qui est le sens premier et le seul pertinent -, dans leur capacité de fonctionnement normal. Dans le contexte actuel, il ne faut en revanche malheureusement pas compter sur des Français pour mettre en œuvre institutionnellement ces concepts nouveaux dont la finalité est la rénovation du pouvoir politique. Nous y reviendrons…

    Le premier moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est le principe dit « de séparation des pouvoirs », théorisé par Charles Louis de Secondat baron de Montesquieu. Ce principe a eu le succès spatio-temporel que vous savez. Universellement reconnu comme le seul moyen institutionnel de limiter le pouvoir, il a permis une uniformisation générale des modes de gouvernement de tous les pays du monde ; rendant dès lors possible le passage à la phase ultime du gouvernement mondial.

    La séparation des pouvoirs, fallacieusement présentée comme une « limitation » du pouvoir, est en réalité une « dissolution » du pouvoir. Il faut, pour s’en convaincre, remonter au sens premier du mot « politique » et se rappeler qu’un gouvernement est la traduction institutionnelle permettant la mise en œuvre de la « politique ». Au sens premier du terme, la « politique » est l’art d’organiser la vie de la Cité. A ce titre, la « politique » doit réguler les comportements individuels de manière à ce qu’ils soient compatibles avec un comportement de groupe, un comportement social. La « politique »s’accompagne donc nécessairement du pouvoir de maîtriser les lois qui s’appliquent sur son territoire, de rendre la justice, ainsi que du pouvoir de contrainte, permettant d’assurer l’intégrité du groupe. Retirer au « pouvoir politique » les fonctions législative et judiciaire revient tout simplement à retirer au pouvoir politique sa raison d’être, qui est en même temps la justification de son pouvoir de contrainte. Si en plus vous retirez au gouvernement la maîtrise de sa monnaie, qui est un des moyens permettant d’œuvrer à la paix sociale, vous obtenez la situation actuelle dans laquelle les Etats ne sont plus des entités politiques mais des entités au service du pouvoir économique caché.
    Il faut ajouter que le principe de « séparation des pouvoirs », chargé de dissoudre le pouvoir politique ancien, sera abandonné lorsqu’il aura rempli sa fonction et que le nouveau pouvoir pourra s’exprimer au grand jour. On assiste d’ailleurs précisément à cette évolution dans la construction européenne - qui est le premier pas vers le Nouvel Ordre Mondial - où le principe de séparation des pouvoirs est ouvertement abandonné. La « séparation des pouvoirs » ne sera évidemment pas appliquée par le futur gouvernement mondial.

    Le second moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est la centralisation des questions monétaires dans leurs mains. Le système de la centralisation monétaire dans les mains des banquiers, que nous appellerons ici - par facilité de compréhension - le « système des banques centrales », est né au Pays-Bas, s’est perfectionné en Angleterre, et s’est ensuite installé en France avant de se répandre dans tous les pays du monde. En se généralisant, le système des banques centrales s’est évidemment diversifié et complexifié. La plupart des banques centrales du monde, soixante parmi les plus importantes, sont aujourd’hui gérées et régulées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI en français, BIS en anglais) située à Bâle. Cet établissement bancaire et financier, créée en 1930 à l’occasion du plan Young, a été conçu dès l’origine comme une entité juridique de droit public comparable à un Etat, moins, évidemment, la fonction de régulation sociale.Pour l’anecdote - qui n’en est pas une -, ce sont les flux financiers (via de nombreux prêts) qui ont transité par la BRI qui ont financé l’effort de guerre nazi et permis l’avènement du IIIème Reich allemand.

    Le « système des banques centrales » s’est vu complété en 1944, au moment des Accords de Bretton Woods, par l’avènement d’institutions bancaires internationales telles que le FMI et la Banque mondiale ; créant dès lors ce qu’il est convenu d’appeler l’ordre financier international. Ce système financier bénéficie du support de nombreux autres organismes bancaires à vocation internationale, régionale et supra nationale telles que la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD, née en 1944 à Bretton Woods), la Banque Européenne d’Investissement (BEI créée en 1958), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD créée en 1991), la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB pour Council of Europe Development Bank ; créée en 1956)… Sans même évoquer les différentes institutions du système financier, de plus en plus intégré, de l’Union Européenne. S’ajoutent à tout ça les nombreux établissements bancaires et financiers chargés, moyennant une politique de prêts à intérêts, de mettre sous dépendance, par le biais d’un relais financier régional ou global, tous les territoires et pays du monde. Cette mise sous tutelle financière mondiale des Etats est cachée derrière les bons sentiments de la prétendue volonté de construire, reconstruire ou aménager les territoires. Il faut ici noter que cacher la réalité factuelle derrière une apparence de « bons sentiments claironnés » est la méthode suivie depuis toujours par les tenants du pouvoir économique afin d’arriver à leurs fins politiques.

    A cet égard et dans le droit fil de la méthodologie perverse généralement employée par la caste économique au pouvoir, je dois mettre l’auditoire en garde contre une interprétation fallacieuse, généralement faite, de l’origine de la construction européenne. OUI cette construction s’est faite dans le contexte de la domination américaine mondiale du XXème siècle, mais NON elle n’est pas un produit américain au sens strict.

    Car il faut considérer que l’Empire américain n’a été, et n’est encore, lui-même qu’un avatar de la puissance économique et financière globale. Cette puissance, qui a pris politiquement conscience d’elle-même au siècle dit des Lumières, s’est successivement incarnée dans les Empires Britannique puis Américain ; les Etats-Unis d’Amérique ont été au XXème siècle ce que la Couronne Britannique fut au XIXème siècle : une matérialisation du pouvoir grandissant des banquiers-financiers.Il n’est pas exclu que les détenteurs de la puissance financière mondiale aient opté pour la Chine en tant que nouvel Empire intermédiaire précédant l’arrivée concrète du gouvernement mondial. Toutefois, leurs plans pourraient être déjoués par le pouvoir politique chinois, qui vient par exemple d’interdire sur son territoire les plateformes de crypto-monnaies et qui semble poursuivre inlassablement depuis quelques années une implacable lutte contre la corruption. L’avenir nous renseignera sur le fait de savoir si la Chine sera ou non le 3ème et dernier Empire global, celui chargé de précéder l’avènement du Nouvel Ordre Mondial, c’est-à-dire de la dictature universelle...
    La construction européenne, dont l’origine technique remonte pour l’essentiel au XIXème siècle, a été pensée par et dans les cercles œuvrant à la domination du pouvoir économique global. La construction européenne est un laboratoire d’essai, elle est la première marche vers l’intégration de ce qui deviendra, inéluctablement au XXIème siècle, si personne ne s’y oppose sérieusement, le gouvernement mondial. L’expérience de l’intégration européenne - qui porte le nom d’Union Européenne - permet aux détenteurs du pouvoir économique de tester in vivo, sur le continent européen, ce qui sera généralisé à l’ensemble du monde et constituera les modalités de fonctionnement du gouvernement mondial. Il ne faut pas s’y tromper !

    Je pourrais longuement vous parler de l’actuel engouement pour les crypto-monnaies selon la technologie blockchain, du fonctionnement du circuit économique global et de la façon dont les multinationales s’y sont prises pour mettre les Etats sous leur dépendance économique. Toutefois, ces développements, longs, ne sont pas adaptés au format de cette présentation orale. Je pourrais également vous expliquer l’ensemble des conséquences techniques, en termes d’organisation gouvernementale, de la suppression du principe de « séparation des pouvoirs ». Mais là encore il nous faudrait un temps qui n’est pas compatible avec les exigences de la présentation d’ensemble, à laquelle répond ce discours.Permettez-moi juste de mentionner que si l’article 13 de l’actuelle Constitution russe est en débat, c’est surtout son article 10 qui devrait être mis en cause ; car la « séparation des pouvoirs », qui suppose la « dissolution » du pouvoir, pose un problème politique insoluble à tous les Etats qui l’ont adopté. L’article 13 litigieux, qui certes ajoute le dernier clou au cercueil du « pouvoir », n’est en réalité qu’une manifestation secondaire du problème politique réel.
    Pour tous les détails techniques, je vous donne rendez-vous dans un autre cadre…

    Je termine cet exposé en insistant sur le fait que LE DROIT est LE moyen qui permettra soit d’aller toujours plus loin vers l’avènement du gouvernement mondial, soit de stopper ce processus mortifère et d’entreprendre une lutte efficace contre les postulants économiques au pouvoir politique global.

    Connaître les techniques juridiques permettant de faire face au danger ne suffit évidemment pas.Il faut y ajouter une réelle détermination politique qui, seule, permettra de mettre ces techniques en œuvre. Cette volonté politique ne doit pas être recherchée dans les pays occidentaux, qui ne sont pas en capacité politique et socio-culturelle de lutter ; le réveil des BRICS doit, à cet égard, être considéré comme un potentiel espoir, tout en gardant à l’esprit que l’ennemi est puissant, y compris dans ces derniers Etats…

    Mesdames et Messieurs, je vous remercie de l’attention que vous avez bien voulu porter à cet exposé.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/04/24/le-liberalisme-et-ses-alternatives-pour-le-xxieme-siecle-6046056.html

  • Trump préfère Netanyahu à Macron. Un coup de poker aux conséquences imprévisibles

    d-trump-fake-news-awards-588x330.jpg

    Par Jean Bonnevey, journaliste 

    C’est un échec pour le président Macron. Malgré la séquence des mamours, celle de la leçon professorale et diverses interventions, Donald Trump quitte l’accord nucléaire avec l’Iran. C’est de toute évidence la ligne Netanyahu qui l’a emporté, la plus anti-iranienne qui soit.

    Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahu, plus ferme soutien de Donald Trump dans ce dossier, a en revanche dit soutenir « totalement » une décision « courageuse ». Le royaume sunnite d’Arabie saoudite, grand rival régional de l’Iran chiite, a également affiché son « soutien ».

    Il y a bien une triple entente, Israël, les USA et l’Arabie saoudite porte-parole du monde musulman sunnite, qui prend le risque d’une épreuve de force régionale avec Téhéran. Dans la guerre mondiale qui oppose le sunnisme et le chiisme, les USA ont fait leur choix. Ce sera l’islam sunnite dont, tout de même, est issu Daech. C’est une grande victoire pour les faucons américains et la droite israélienne la plus radicale. Donald Trump tient son programme et le retour de l’Amérique passe par des épreuves de force, quitte à fâcher les alliés historiques européens.

    Les signataires de l’accord ont, eux, vivement exprimé leur désaccord. « La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine », a déclaré sur Twitter Emmanuel Macron. Dans un communiqué commun, le président français, la chancelière allemande, Angela Merkel, et la première ministre britannique, Theresa May, qui s’étaient tous trois investis en vain pour tenter de convaincre Donald Trump de rester dans l’accord, se sont dits « déterminés à assurer la mise en œuvre » du texte en « maintenant les bénéfices économiques » au profit de la population iranienne. L’annonce américaine était très attendue au Moyen-Orient, où beaucoup redoutent une escalade avec Téhéran. La Turquie a dit craindre « de nouveaux conflits ».

    Le pari de Trump est clair : obtenir de l’Iran ce qu’il semble avoir obtenu de la Corée du nord par la menace verbale. Il y a cependant des différences régionales capitales.
    On va attendre la vraie réaction de l’Iran. Le risque est évident : un durcissement du régime avec l’arrivée au pouvoir des ultras. Le président iranien, Hassan Rohani, qui s’était beaucoup investi dans cet accord, a accusé son homologue américain de pratiquer « une guerre psychologique ». Assurant vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes, autres signataires de l’accord, il a averti que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu’il a consenties pour ses activités d’enrichissement d’uranium. Il est affaibli et menacé. Cela risque d’avoir des répercutions en Syrie en Irak et même au Liban ou les chiites ont remporté, autour du hezbolla, les élections législatives avec la défaite d’Hariri le candidat sauvé par Macron. Un sunnite kidnappé par nos ex alliés saoudiens.

    Bombarder la Syrie avec Donald Trump pour se retrouver contre Trump sur le dossier iranien où la géopolitique sioniste mène le jeu, décidément pour le président français, l’orient s’annonce très compliqué.

    Jean Bonnevey 13/05/2018

    Source : Metamag

    Crédit photo : Gage Skidmore [CC BY-SA 2.0], via Flickr

    https://www.polemia.com/trump-prefere-netanyahu-a-macron-un-coup-de-poker-aux-consequences-imprevisibles/

  • L’Algérie et le Maroc dans les mailles du conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran, par Bernard Lugan

    maroc-iran-600x360.jpg

    La rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Iran intervenue au mois d’avril 2018 constitue un des derniers épisodes du conflit opposant l’Arabie saoudite à l’Iran. Elle complique encore davantage les relations entre un Maroc aligné sur Ryad et une Algérie veillant à conserver son autonomie par rapport au système d’alliance saoudien. Constitué autour des monarchies du golfe (sauf le Qatar), ce dernier est soutenu directement par les Etats-Unis et indirectement par Israël.

    Le contexte est clair : l’Arabie saoudite connaît ses faiblesses face à l’Iran. Elle sait que, seule, elle serait militairement balayée. Elle a conscience que sa famille royale est haïe par des populations qu’elle méprise depuis des décennies. Elle n’ignore pas que sa légitimité historique et religieuse est discutable et que, si elle a pu s’emparer des lieux saints de l’Islam, ce fut grâce aux anglo-saxons. Pour assurer sa survie, elle doit rassembler autour d’elle tous les « Arabes » (lire les sunnites), contre l’ennemi séculaire perse (lire les chiites). En même temps, elle cherche à donner une nouvelle image d’elle en finançant de colossales campagnes de publicité dans la presse occidentale vantant l’aggiornamento qui en ferait désormais un pays ouvert, moderne et tolérant…

    Avec la guerre en Syrie, Ryad a amorcé la constitution d’une alliance offensive contre le « terrorisme iranien ». La manœuvre est cousue de fil blanc car le terrorisme islamiste n’est pas chiite, mais sunnite. Nulle marque de chiisme en effet dans les attentats de septembre 2001, dans ceux qui ont frappé l’Europe ou la Russie, dans Al-Qaïda, dans l’Etat islamique ou dans Boko Haram. Tous sont au contraire liés à des branches du sunnisme et dans bien des cas, financés par les officines wahhabites gravitant autour des cercles princiers saoudiens.

    Le plan de Ryad s’est déroulé en trois phases :
    1) Guerre du Yémen contre les miliciens Houthi proches de l’Iran.
    2) Isolement du Qatar qui a le tort de ne pas rompre avec l’ennemi perso-irano-chiite.
    3) Lutte à mort contre le Hezbollah libanais désigné par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Mohamed al Khalifa, comme « une menace pour la sécurité nationale arabe ». On ne peut être plus clair dans la dénonciation en creux de l’Iran perse…

    L’Arabie saoudite et Israël ont en commun d’avoir le même ennemi iranien et le même allié américain. Un allié lui aussi totalement obsédé par le « danger » iranien. Les voilà donc tous trois partenaires dans la grande manœuvre d’encerclement de l’Iran. Ils ont cependant subi un grave échec en Syrie où, non seulement ils n’ont pas réussi à chasser du pouvoir un allié de Téhéran, mais où, en plus, l’enchaînement des évènements a fait que leur partenaire turc s’est détourné d’eux pour finalement, réalpolitique oblige, se rapprocher de la Russie, donc, de facto, de l’Iran.

    Dans le monde dit « arabe », et fidèle à sa politique d’indépendance, l’Algérie garde la tête froide, conservant de bonnes relations avec tous les protagonistes, dont l’Iran et la Syrie. Consciente de son isolement, elle a renoué des relations un moment distendues avec la Russie et elle s’est spectaculairement rapprochée de la Turquie. C’est alors qu’est intervenu un évènement aussi grave qu’insolite et dont les conséquences pourraient être considérables. Il s’agit d’une « livraison d’armes » du Hezbollah libanais allié de l’Iran, au Polisario, lequel est un appendice des services algériens.

    Une telle livraison, si toutefois elle était avérée, conduit à faire trois remarques :
    – Militairement, elle ne présente aucun intérêt car le Polisario dispose déjà de toutes les facilités dans les arsenaux algériens.
    – En revanche, une telle livraison, réelle ou supposée, a eu un très fort impact au Maroc où l’on est plus que chatouilleux dès-lors qu’est posée la question du Sahara. Les services iraniens ont-ils donc voulu faire comprendre au Maroc qu’ils ont les moyens de lui compliquer la tâche dans ses provinces sahariennes revendiquées par le Polisario s’il persiste à s’aligner sur Ryad ?
    – Mais ce faisant, Téhéran ayant violé cette souveraineté qu’elle défend si jalousement, comment va réagir l’Algérie ?

    En définitive, cet épisode montre deux choses :

    1) Face à la menace algéro-polisarienne sur ses provinces sahariennes, le Maroc est condamné à un quasi alignement sur la position américano-saoudienne.

    2) L’Algérie qui porte à bout de bras le Polisario depuis sa création n’est pas à l’abri d’une provocation de la part de ce dernier qui pourrait déclencher une crise majeure avec le Maroc. L’épisode en cours pourrait alors lui faire enfin comprendre qu’un accord avec Rabat lui serait plus profitable qu’un soutien aveugle à un Polisario paraissant chercher de nouveaux parrains, avec pour conséquence qu’Alger risquerait de moins le contrôler dans l’avenir. Cette livraison pourrait alors être un bon prétexte pour couper les ailes à un mouvement dont les ramifications islamo-mafieuses commencent à poser bien des problèmes dans toute la région saharo-sahélienne.

    Un tel accord serait bénéfique pour les deux pays. Le Maroc qui n’aurait plus à craindre un conflit avec l’Algérie, pourrait alors moins dépendre des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, ce qui, par voie de conséquence renforcerait l’Algérie dans sa constante d’indépendance et permettrait enfin la définition d’une politique maghrébine commune.

    Bernard Lugan

    Texte repris du site Blog de Bernard Lugan

    https://fr.novopress.info/

  • Skripal : un coup dans l'eau pour le contre-espionnage anglais

    Le laboratoire chargé par les Britanniques d’analyser l’agent toxique qui a empoisonné Sergueï Skripal a rendu ses conclusions : impossible de le lier à la Russie. Et comme la victime se porte mieux, l’affaire Skripal, exploitée sans scrupule par le Royaume Uni, tourne à la déconfiture. 

    Il y a de l'eau dans le gaz de l'affaire Skripal ! Les uns après les autres, les arguments britanniques pour lancer une campagne antirusse quasiment sans précédent depuis la fin de la Guerre froide s'effondrent. Souvenez-vous, nous l'analysions dans notre dernier numéro Skripal, ex-agent double russe et sa fille auraient été empoisonnés au Novichok, un gaz de combat développé par l'URSS. Ni le mauvais timing, ni l'absence de mobile, ni le modus operandi, ni même les questions autour du Novichok (produit inexistant ou au contraire connu de tous ?) n'allaient ébranler le « story telling » de Londres, repris en boucle par les chancelleries occidentales et les médias.

    Vous l'avez donc entendu pendant des semaines il est « hautement probable » que les Russes aient fait le coup, éructait Boris Johnson quelques jours après les faits. Pour étayer cette allégation, les confidences de Porton Down. Ce laboratoire militaire spécialisé en armes chimiques aurait garanti au ministre des Affaires étrangères que Skripal avait été empoisonné par un agent neurotoxique « d'un type développé par la Russie ». Tout en finesse, Johnson accusera nommément Poutine, l'ancien du KGB, d'être derrière l'affaire.

    En conséquence, Londres demandait la plus grande fermeté vis-à-vis de Moscou à ses alliés, tout en refusant de leur fournir des preuves et en traînant des pieds pour collaborer avec l'OIAC, l'organisme international chargé du contrôle des armes chimiques. Les alliés, donc, avec un enthousiasme variable se sont plies à la solidarité. S'en est suivi un intense ballet de diplomates russes expulsés, bientôt suivi par un nombre équivalent d'officiels priés de quitter la Russie. Bref, ce seront quelque 300 diplomates de toutes nationalités qui auront récolté des miles sur leur carte de fidélité. Et ce n'était qu'un début, la Grande-Bretagne boycottant - diplomatiquement uniquement, il ne faut pas risquer une révolution - la Coupe du monde de football qui se tient cet été en Russie. Une compétition que Johnson comparera aux JO de Berlin en 1936, Moscou ressortant aussitôt les photos des athlètes britanniques tendant le bras devant Hitler. Ambiance.

    Et puis patatras ! Au milieu de ce chassé-croisé, le laboratoire Porton Down rend, le 3 avril dernier, ses conclusions, dans lesquelles il s'avoue incapable de prouver que l'agent toxique qui a touché Skirpal et sa fille venait bien de Russie. Curieusement, on n'entendra guère Boris Johnson à ce sujet, il essaiera même d'effacer ses Tweets accusant la Russie sur la foi « des rapports de Porton Down », mais trop tard. Embarrassing, isn't it ?

    Si, peut-être sous pression politique, le laboratoire affirme tout de même que les Skripal ont été empoisonnés au Novichok, Porton Down n'a pas toujours été aussi catégorique à ce sujet. Le docteur Robin Black, son chef, écrivait en 2016 que « les indices de l'existence éventuelle d'un tel produit sont quasi-inexistants et sa composition reste inconnue ». Comment alors identifier un produit dont la composition est inconnue ? Mystère.

    Embarrassing, Isn't it ?

    Et pire encore, si l'on ose dire, Sergueï Skripal et sa fille vont mieux ! On l'oublie presque, mais ses deux principaux protagonistes étaient bien à l'hôpital et non au cimetière. Alors qu'ils n'avaient, paraît-il, que 1 % de chance de survivre au Novichok, les voici tirés d'affaire, tout comme le policier qui les avait découverts, sorti de l'hôpital dès le 22 mars dernier. D'ailleurs, une médecin qui avait administré les premiers soins à Ioulia Skripal pendant plus de 30 minutes n'a pas été affectée ni aucune autre personne dans le voisinage de Skripal ou dans les lieux où se serait produit le gazage presque fatal.

    D'ailleurs, les rapports officiels indiquent que les échantillons de sang de Sergueï et Ioulia ont « montré une exposition à un agent neurotoxique ou à un composé similaire. » En clair, ces analyses ont montré des traces de décomposition d'un produit qui pourraient être « un agent neurotoxique de type Novitchok ou d'un agent très ressemblant. » Quand c'est flou, il y a un loup.

    Certains alliés de Londres montrent maintenant plus de mesure, à l'exemple de Berlin qui a proposé à Moscou de remplacer ses diplomates expulsés. Officiellement le Royaume-Uni continue sur sa lancée avec les menaces de Theresa May, expliquant qu elle utilisera « tous les moyens à sa disposition », « y compris militaires », contre l'ennemi russe. Un discours en droite ligne avec la nouvelle stratégie de Défense britannique, pour laquelle la menace principale n'est plus le terrorisme, mais la Russie, la Chine et la Corée du Nord.

    Les victimes des attentats de Londres ou Manchester apprécieront cet alignement manifeste sur Washington, auquel ont été priés de se plier l'ensemble des capitales européennes à l'occasion de cette affaire Skripal, qui tombait décidément à pic pour isoler une Russie rétive à l'ordre du monde occidental.

    Richard Dalleau monde&vie 19 avril 2018