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géopolitique - Page 761

  • Les amis du sinistre sioniste Fabius font couler le sang…

    Syrie, le père François Mourad a été égorgé

    Des « rebelles » ont assassiné dimanche 23 juin le franciscain François Mourad dans son couvent de Ghassanieh, près de Homs, en Syrie. Le couvent a été entièrement pillé par des hommes armés, rapporte la Custodie franciscaine de Terre sainte à Jérusalem.

    François Mourad, un religieux âgé de nationalité syrienne qui vivait en ermite, avait quitté son ermitage au début de la guerre en Syrie pour rejoindre un frère affaibli dans un couvent de la Custodie franciscaine. Il était bien connu dans la région et les tragiques circonstances de sa mort affectent particulièrement la Custodie.

    Après avoir fait son noviciat franciscain pour la Custodie à Rome, « François avait entendu un appel plus pressant du Seigneur à la vie contemplative. Appel qui trouva son accomplissement en Syrie, dont il était citoyen« , raconte le Père Halim Noujaim, Ministre régional des franciscains de Syrie. « Ses liens avec la Custodie étaient restés très forts et il venait régulièrement aider tel ou tel couvent en remplacement d’un frère ou l’autre« .

    A ce rythme, il ne restera plus un seul chrétien dans ces zones

    Les franciscains, qui militent pour instaurer la trêve et œuvrer à la réconciliation, dissuadent l’Occident de prendre des mesures susceptibles d’apporter davantage de violence et d’augmenter le nombre de morts. Pour les religieux, ce ne sont pas les armes qui sont en mesure de donner à la Syrie ce dont elle a besoin. « Je voudrais que tout le monde sache » , a insisté le Père Halim Noujaim, «qu’en soutenant les révolutionnaires, l’Occident soutient les extrémistes religieux et aide à tuer les chrétiens… A ce rythme, il ne restera plus un seul chrétien dans ces zones« , a-t-il déclaré à l’agence de presse catholique italienne SIR.

    Dans certaines zones, où sévissent des extrémistes armés, aucun déplacement, même pour des religieux, ne peut être tenu pour sûr. Pour preuve l’enlèvement par les rebelles de deux prêtres et de deux évêques, dont les franciscains sont toujours sans nouvelles depuis plusieurs mois…

    « Pourtant et en dépit des risques encourus, les frères se démultiplient pour venir au secours des populations » assure la Custodie sur leur site. « En plus des soins qu’ils apportent dans leurs dispensaires, où des religieuses franciscaines et du Rosaire travaillent avec eux, ils accueillent des déplacés dans certains couvents devenus des ‘dortoirs’. Ils distribuent de la nourriture aux réfugiés et à tous ceux qui se présentent aux portes des couvents. Ils participent financièrement à la restauration des maisons détruites des familles de leurs paroisses et aident les plus démunis. Ils servent parfois d’intermédiaires lors d’enlèvements de leurs paroissiens« .

    Cet accueil de tous vaut aux frères de la Custodie de subir régulièrement des représailles de l’un ou l’autre camp. En décembre dernier, un couvent a été bombardé ; il est depuis déserté. « La guerre a un impact négatif, mais elle a aussi amené les chrétiens de tous les rites à se rapprocher les uns les autres, à s’entraider et à prier ensemble » insistent-ils sur custodia.org. Dans des villages de la vallée de l’Oronte, en Syrie, alors que les franciscains sont les seuls religieux à être restés, ils célèbrent les sacrements pour tous les rites. Ailleurs, ils organisent des temps de prières où tous sont présents.

    Pour rappel, la présence de la Custodie en Syrie est multiséculaire. Elle y a toujours exercé sa mission de service des populations et continue dans ces temps troublés de le faire sans distinction de religions ou de partis.

    source: catho.be

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/les-amis-du-sioniste-fabius-font-couler-le-sang_99907.html#more-99907

  • La farce de Montreux

    Conférence pour la paix en Syrie: les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ne veulent pas la fin de la guerre civile

    A Montreux, en Suisse, la “communauté internationale” (ou ce qui en tient lieu...) tente de trouver une paix acceptable qui mettrait fin à la guerre civile qui fait rage depuis trois ans en Syrie et qui a détruit le pays. Ce que l’on met en scène sur les bords du Lac Léman n’est rien d’autre qu’une farce. Dès le départ, ni les puissances occidentales, surtout les Etats-Unis, qui soutiennent les rebelles dits “modérés”, ni l’Arabie saoudite, qui protège les combattants radicaux islamistes, n’ont intérêt à conduire des négociations sérieuses.

    Ainsi, le ministre américain des affaires étrangères, John Kerry, exige, en méconnaissant ainsi la situation réelle dans le pays, que le Président syrien Bechar El-Assad renonce au pouvoir. D’après Kerry, il serait impensable que l’homme “qui a oppirmé son peuple de manière si brutale” puisse encore continuer à diriger la Syrie. Et comme par miracle, juste avant que ne commencent les négociations de Genève II, les médias ont diffusé des images prouvant soi-disant les massacres d’opposants au régime, perpétrés par les forces de sécurité loyalistes syriennes. Quant à la puissance régionale que constitue l’Iran, elle a d’abord été invitée, puis, sous pression américaine, “dés-invitée” par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov définit cette exclusion de l’Iran comme “une faute impardonnable”.

    De cette façon, les deux alliés, inégaux entre eux que sont les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, ont constitué une sorte d’Axe dirigé directement contre l’Iran. En effet, les deux Etats poursuivent —pour des motifs certes divergents— un but commun, celui de contenir et d’encercler l’Iran. L’élément-clef de cette stratégie américano-saoudienne est de briser un maillon fort de “l’arc chiite”, espace géographique en forme de croissant qui part de l’Iran, s’étend à l’Irak et à la Syrie pour aboutir finalement aux zones contrôlées par le Hizbollah au Liban. Pour faire tomber Assad, Washington accepte délibérément que l’Arabie saoudite soutienne les combattants djihadistes de Syrie.

    Nikolaï Bobkin, qui appartient à la “Strategic Culture Foundation”, une boîte à penser russe, met bien la situation en évidence: “Ryad ne met plus de gants quand il s’agit de faire face aux initiatives internationales pour contrôler le programme nucléaire iranien. Les Saoudiens prônent sans fard le changement de régime en Syrie et ne cessent plus de verser des fonds pour armer l’opposition syrienne. Le royaume d’Arabie saoudite entretient des liens avec les adversaires les plus rabiques de Bechar El-Assad et est ainsi le principal soutien du terrorisme en Syrie”. A juste titre, Bobkin pose la question: l’Arabie saoudite ne mériterait-elle pas de subir les mêmes sanctions que l’Iran?

    L’Occident laisse faire le royaume islamo-fondamentaliste saoudien —dont la religion d’Etat est le wahhabisme (une secte sunnite)— qui peut ainsi intervenir non seulement en Syrie mais aussi dans l’Irak voisin. Ce laxisme est facile à comprendre: les Saoudiens, disposant à profusion de pétrodollars, sont de bons clients, surtout pour acheter du matériel militaire. Bobkin poursuit son raisonnement: rien que pour cette raison, la famille royale saoudienne peut demeurer sûre que “Washington et ses alliés européens continueront à fermer les yeux, quoi que fasse l’Arabie saoudite dans la région”.

    Fin 2011, Washington et Ryad ont signé un accord d’achat de matériels militaires pour une somme de 60 milliards de dollars. Bobkin démontre que, grâce à cet accord, les Saoudiens peuvent prendre sous leur aile protectrice les Etats qui leur sont loyaux dans la région, en soutenant financièrement leur programme d’armement: “Par exemple, l’Arabie saoudite a promis aux militaires libanais de financer à raison de trois millions de dollars un achat d’armes en France”. Les forces libanaises seront alors en mesure d’agir efficacement contre le Hizbollah, bien armé par l’Iran. Les membres de cette milice chiite libanaise se battent en Syrie aux côtés des troupes d’Assad.

    Pourtant l’Arabie saoudite ne constitue pas un sujet de conversation dans les milieux influents aux Etats-Unis. On se contente d’y réclamer un “changement de régime” à Damas et d’exercer à cette fin une pression constante sur le Président Obama. Elliott Abrams, conseiller de l’ex-Président George W. Bush, rappelle à Obama, dans une contribution au “Weekly Standard”, que le premier président afro-américain des Etats-Unis avait, il y a deux ans et demi, réclamé la chute d’Assad. Ensuite, Abrams dresse une longue liste de “péchés” commis par le gouvernement syrien. Celui-ci serait un “régime ennemi”, lié à l’Iran et au Hizbollah, qui opprimerait brutalement toute opinion divergente émise dans le pays. L’idéologue néo-conservateur utilise ensuite l’arme propagandiste de l’exagération en affirmant tout de go que le régime de Damas “a du sang américain sur les mains”, parce qu’il y a une dizaine d’années, il aurait favorisé le transit de djihadistes vers l’Irak, où ces derniers auraient tué des Américains. Abrams est aveugle quelque part: il refuse de voir que le régime d’Assad excite la haine des islamistes parce qu’il est séculier et laïque. Abrams ne constate pas cet état de choses, pourtant évident: il se borne à faire feu de tous bois pour attiser la haine anti-syrienne.

    Genève II n’apportera donc aucun résultat. L’invitation de représentants de la “Syrian National Coalition” (SNC), regroupement d’opposants à Assad, n’y changera rien. Cette SNC n’est rien d’autre qu’un spectre inconsistant qui donne l’illusion qu’existerait une opposition pro-occidentale. Car il ne faut pas se voiler la face: la plupart des rebelles sont des islamistes, dont beaucoup cultivent des liens à peine dissimulés avec le réseau Al-Qaeda. Le “Washington Post” commentait les préparatifs à Genève II comme suit: “L’incapacité de la coalition lui a coûté la sympathie de la plupart des Syriens normaux et de la majorité des groupes rebelles armés. Pour cette raison, on ne sait pas très bien qui cette coalition représente, ce qui pose problème si elle a l’intention de participer aux négociations”.

    Bernhard TOMASCHITZ.

    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°5/2014, http://www.zurzeit.at ).

  • L'Ukraine : un enjeu géostratégique, au cœur de la Guerre tiède

    À travers le soutien occidental à une troublante « révolution » ukrainienne et sa volonté d'ingérence, c'est l'idée d'empêcher le retour de la Russie comme grande puissance, via son affaiblissement régional, qui revient sur le devant de la scène.
    Dans le cadre d'une stratégie de reflux (roll back) de la puissance russe, menée depuis la fin de la Guerre froide, les puissances occidentales affichent une méfiance endémique à l'égard d'un Etat désespérément perçu comme l'héritier de l'axe (communiste) du mal. Cette stratégie « anti-russe » est attestée par les tentatives régulières de cooptation des anciennes républiques de l'URSS, au moyen d'innovations politiquement orientées telles que le « Partenariat oriental » (via l'UE) ou le « Partenariat pour la paix » (via l'OTAN) et, plus récemment, « l'accord d'association » de l'UE avec l'Ukraine.
    De manière plus ou moins explicite, ces « innovations » politiques développent l'idée d'un « voisinage partagé » et de valeurs communes, exprimant un droit d'ingérence occidental en périphérie post-soviétique, y compris en Ukraine. A l'échelle de la CEI, ces prérogatives politiques ne relèveraient donc plus du seul monopole russe et, en ce sens, menaceraient sa zone d'intérêts historique. Ce que Moscou ne pourra jamais accepter.
    L'Ukraine, au cœur d'une lutte d'influence
    Dans une large mesure, cette configuration explique l'enjeu géopolitique sous-jacent à la crise ukrainienne, qui loin d’être une « révolution », se retrouve en réalité au cœur d’une lutte d’influence entre les deux grands ennemis historiques. Depuis la transition post-communiste, cette lutte se poursuit dans le cadre de la guerre « tiède »(1), forme actualisée et désidéologisée de la Guerre froide, recentrée sur le contrôle des espaces et des « noeuds » stratégiques.
    Dans ce contexte, tout rapprochement de l'Ukraine avec l'UE (via l'accord d'association) peut être considéré comme l'étape préalable et « naturelle » à sa future intégration à l'OTAN, comme cela a été confirmé par Washington – véritable gifle et provocation stratégique à l'égard de la Russie. Sur un plan structurel, ces deux objectifs restent des priorités implicites de la nouvelle diplomatie américaine, verrouillée par l'administration Obama. Or, tendanciellement, la puissance russe est désireuse de sanctuariser son Etranger proche, contre les velléités expansives occidentales. Dans cette optique, l'OTAN reste, pour elle, un levier offensif et injustifié de la vieille lutte contre le communisme. Incroyable acharnement.
    Tout en s'inscrivant dans la stratégie anti-russe préconisée sous la Guerre froide par l'ancien conseiller du président américain J. Carter, Z. Brzezinski (2), ce double objectif de la politique étrangère américaine justifie l'énorme investissement médiatique de l'Occident dans l'actualité ukrainienne en vue de déstabiliser le gouvernement pro-russe et obtenir la démission du président (pourtant) légitime, Viktor Ianoukovitch. Le plus inquiétant est que l'évolution ukrainienne s'inscrit dans le prolongement des « révolutions » libérales « de couleur » en Géorgie (2003), en Ukraine (2004) et au Kirghizstan (2005) encouragées et financées en partie par l'administration américaine, selon une technique éprouvée et politiquement correcte.
    Une « révolution » manipulée
    Cette configuration explique l’existence de manipulations occidentales via les ONG (au nom des « droits de l’homme ») et leur soutien à l'opposition ukrainienne, la désinformation et le conditionnement de l'opinion publique, ainsi que l’ingérence troublante de dirigeants étrangers, dont américains et européens – et, naturellement, l’accusation de la « main de Moscou ». Aujourd'hui, l'Europe brille par son absence en Afrique et au Moyen-Orient, mais par contre, n'hésite pas à s'ingérer dans les affaires politiques intérieures de la souveraine Ukraine, en place de Kiev, par l'intermédiaire de Catherine Ashton, soutenue par son mentor américain, John Kerry. On croit rêver...
    Désormais, comme le souligne fort justement J.M. Chauvier, on assiste à une dérive extrémiste de nature néo-nazi de manifestations surfant sur un nationalisme anti-russe et échappant, de plus en plus, au contrôle des leaders de l'opposition pourtant aiguillés par l'Occident. Là est sans doute la plus grave erreur et le plus grand danger pour une Europe maladroite, dont la politique inconsciente contribue à réveiller les « vieux démons » dans l'espace post-soviétique, notamment dans les pays baltes et l'Ukraine. Or cette information est totalement occultée par la pensée unique, allégrement relayée par nos médias.
    Un accord dangereux pour l'Ukraine
    Pour les dirigeants occidentaux il s'agit de faire pression sur le président Ianoukovitch pour l'obliger à faire le « choix de l'Europe et de la liberté », selon le slogan redondant de l'opposition sous influence occidentale et ainsi, protéger le « bon peuple ukrainien » d'un éventuel retour de l'impérialisme russe –, au risque de heurter les susceptibilités de l'administration Poutine. Dans ce contexte, on comprend mieux le recul du président ukrainien, désireux de défendre ses intérêts nationaux et dans ce but, adoucir les contraintes drastiques (et irresponsables) imposées par l'accord d'association et de libre-échange. Contrairement à la rumeur médiatique, il ne s'agit donc pas d'un rejet de l'Europe mais d'une demande de reformulation de cet accord, politiquement non neutre et économiquement suicidaire pour l'Ukraine. Un rappel, aujourd'hui nécessaire.
    Face à cette instrumentalisation politique, la Russie ne pouvait rester sans réactions. D'autant plus que l'intégration de l'Ukraine à l'espace économique européen (objectif déclaré de l'UE) transformera ce pays en plateforme de réexportation des produits occidentaux – via les firmes multinationales – vers la Russie, dont l'économie serait ainsi attaquée et déstabilisée. Très vite, V. Poutine a su trouver une réponse adéquate, correspondant aux intérêts économiques de l'Ukraine mais respectant les intérêts politiques de la Russie, encline à protéger sa zone d'influence contre les convoitises de plus en plus pressantes de l'UE. Moscou ne l'a jamais caché et montre même une certaine transparence dans ce domaine, contrairement au jeu obscur de l'Europe, guidée par la « main » de Washington et navigant dans les eaux troubles de « sa » prude démocratie – imposée au monde globalisé, comme une vérité suprême. Curieux messianisme.
    Le retour russe, malgré tout...
    De manière explicite, cet accord vise à imposer l'idéologie néolibérale du « libre-marché », à partir d'une dérégulation économique et financière exprimant une vision anti-étatique désastreuse et, sur le moyen terme, considérablement appauvrissante pour la société ukrainienne – avec le risque de fabriquer une « nouvelle Grèce ». Le « peuple » qui manifeste ne le sait, sans doute, pas. Et il ne sait plus vraiment pourquoi il manifeste, emporté par la vague enthousiaste et mobilisatrice d'une révolution manipulée, comme la précédente de 2004. Encouragé par la bienveillance occidentale, il n'hésite plus à investir les bâtiments officiels, par la force et à « casser du flic ». Inquiétante redondance.
    Contrairement à ses homologues occidentales, la Russie est respectueuse des règles de droit internationales, dont celles sur la souveraineté des Etats. Suite à sa double initiative d'assistance financière (prêt de 15 milliards de dollars) et de réduction (d'un tiers) du prix du gaz acheminé en Ukraine, ainsi qu'à sa volonté de développer une véritable coopération économique et technologique avec cette dernière, Moscou a fait preuve, une fois de plus, d'une redoutable efficacité en matière de diplomatie – inversement à l'UE. Alors que d'autres Etats, d'une manière insidieuse, n'hésitent pas à instrumentaliser les « révolutions ». Mais, à quel prix ?
    Indéniablement, la Russie post-communiste revient de loin et, peu à peu, elle rejoue dans la cours des « grands », pour y défendre une certaine éthique et, si nécessaire, s'opposer aux fausses révolutions.
    La partie d'échecs américano-russe continue donc, au cœur de l'Eurasie, en Ukraine.
    notes
    Jean Geronimo  Grenoble le 27 janvier 2014
    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAkkyVplAjRQIZgwB.shtml
    Jean Geronimo est docteur, Expert de l'économie et de la géostratégie russes à l'Université Pierre Mendès France, Grenoble 2
    (1) Geronimo J. (2012) « La Pensée stratégique russe – Guerre tiède sur l’Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et après ? », préface de J. Sapir, éd. Sigest.
    (2) Z. Brzezinski est connu pour avoir provoqué l'intervention de l'armée rouge en Afghanistan, fin décembre 1979, dans l'optique de l'enliser dans un conflit périphérique, économiquement épuisant et politiquement destructeur pour l'URSS. Cette initiative stratégique a précipité la chute du régime soviétique, fin décembre 1991. Décembre maudit

  • La fabrication de la Troisième Guerre mondiale

    Dans le monde d’aujourd’hui, de plus en plus interdépendant et interactif, chaque action a une myriade de causes, de sens, d’objectifs et de réactions ; beaucoup sont visibles, beaucoup invisibles. Certaines, ouvertement admises et déclarées ; d’autres, personne n’oserai les confesser.
    Lorsqu’on tente de comprendre les nombreux conflits complexes en cours dans le monde et le rythme vertigineux auquel ils apparaissent, il serait erroné de les approcher isolément. Seul un coup d’œil surplombant et « holistique » peut nous donner une image de notre situation et, plus important, de la direction où nous sommes entraînés.
    La géopolitique du XXIe siècle ne peut pas être comprise en appliquant une mentalité de silo. La guerre civile en Syrie, le « printemps arabe » en Egypte, la destruction de la Libye et de l’Irak, la montée de la Chine, le Japon boiteux, la crise de l’Eurozone, le « bouclier antimissile » américain en Pologne, le programme nucléaire de l’Iran, le futur « printemps » en Amérique Latine… Avec une approche au hasard, l’image que nous obtenons est celle d’un chaos total. Avec une approche appliquant le bon modèle d’interprétation, nous commençons à voir comment les choses sont en relation, réagissent et évoluent en obéissant à des forces extrêmement puissantes et dynamiques – bien qu’invisibles pour la plupart – conduisant silencieusement le monde d’aujourd’hui.
    Ne lisez pas - seulement - les journaux.
    Il est bon d’être informé ; c’est néanmoins sans utilité si vous ne pouvez pas formater cette information en modèles intelligibles et appropriés. Une trop grande quantité d’information non-traitée aura un effet de saturation sur votre cerveau. C’est donc une bonne chose de s’éloigner des grands titres bruyants, des nouvelles sensationnelles, des rumeurs de terreur et des présentateurs-vedettes. C’est comme quand vous regardez un tableau impressionniste de Claude Monet : si vous vous tenez trop près, vous ne voyez qu’un dédale de petits points colorés, mais quand vous reculez de quelques pas alors la beauté de l’œuvre se déploie devant vos yeux.
    Dans la saturation de l’information d’aujourd’hui, nous devons relier les points correctement en dépit de l’insistance des médias mondiaux à nous dire que nous les relions tous mal.
    Aujourd’hui, la plupart d’entre nous ont compris que nous sommes « une planète en guerre » ; pas en guerre avec quelque monde étranger (ce qui rendrait les choses plus faciles à comprendre !). Nous sommes plutôt une civilisation menant une guerre civile avec elle-même et contre elle-même.
    En lisant la presse mondiale, vous pourriez penser qu’il s’agit d’une guerre entre nations souveraines, mais c’est plus compliqué que cela. Cette guerre mondiale est menée par une Elite Mondiale immensément puissante, illégitime, autoritaire mais numériquement infime, profondément incrustée dans les structures de pouvoir publiques et privées de presque toutes les nations de la Terre ; notamment, des Etats-Unis d’Amérique.
    Comme une tumeur maligne cancéreuse, nous ne pouvons pas l’enlever complètement ; nous pouvons seulement espérer l’affaiblir et stopper sa croissance avant qu’elle ne développe des métastases, tuant le corps politique entier de l’humanité. Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est une sorte de subtile « chimiothérapie politique virtuelle » pour enlever et détruire cette tumeur maligne gouvernant le monde.
    Une manifestation-clé de cette maladie sociale et politique se trouve dans les inégalités extrêmes qui existent aux USA, où les 1% les plus riches de la population possèdent 35% de la richesse du pays, alors que les 90% du fond doivent faire ce qu’ils peuvent avec seulement 25% de la richesse nationale. Encore pire, l’écrasante majorité des membres du Congrès, des Sénateurs, et des membres de l’Exécutif se trouve dans la catégorie des « 1% les plus riches » [1].
    Comprendre les intentions cachées, les plans à long terme, les ambitions hégémoniques et les complots inavouables nécessaires pour les réaliser est particulièrement important pour les citoyens américains, britanniques, européens et australiens. Après tout, ce sont leurs dirigeants qui ordonnent formellement aux forces armées de leurs pays de saccager et de détruire des pays-cibles.
    Quand les électeurs d’Argentine, de Colombie, du Nigéria ou de Malaisie choisissent les mauvais dirigeants, ils sont les seules victimes de leur mauvais jugement électoral. Mais quand les électeurs américains, britanniques ou français, dans leur sottise, mettent des gens inappropriés au pouvoir dans leurs pays, alors des centaines de millions de gens dans le monde souffrent de leurs bombes, drones, invasions, ingérences et changements de régimes.
    Rapport de la montagne de fer
    Un vieux livre de la fin des années 60 appelé Report from Iron Mountain on the Possibility and Desirability of Peace [2] [Rapport de la Montagne de Fer sur la possibilité et la désirabilité de la paix] fut, dit-on, rédigé par le think-tank de futurologie, le Hudson Institute, à la demande du Secrétaire US à la Défense de l’époque, Robert S. McNamara. Beaucoup disent que le livre est un faux. Mais il reflète étrangement les réalités du demi-siècle passé.
    Le livre inclut l’affirmation qu’il fut rédigé par un Groupe d’Etude Spécial de quinze hommes dont les identités devaient rester secrètes et qu’il n’était pas destiné à être rendu public. Il conclut que la guerre, ou un substitut crédible à la guerre, est nécessaire si les gouvernements veulent maintenir leur pouvoir.
    Le Report from Iron Mountain déclare que « les guerres ne sont pas ‘causées’ par des conflits d’intérêts internationaux. Une suite logique appropriée ferait qu’il serait souvent plus exact de dire que les sociétés guerrières ont besoin – et donc provoquent – de tels conflits. La capacité d’une nation à faire la guerre exprime le plus grand pouvoir social qu’elle peut exercer ; l’activité guerrière, active ou envisagée, est une question de vie ou de mort sur la plus grande échelle soumise au contrôle social ».
    Le rapport continue en expliquant que « la production d’armes de destruction massive a toujours été associée au ‘gaspillage’ économique ». Iron Montain souligne que la guerre est un instrument important, parce qu’elle crée une demande économique artificielle, une demande qui n’a pas d’issues politiques : « la guerre, et seulement la guerre, résout le problème de l’inventaire ».
    Sans surprise, Iron Mountain conclut que la « paix mondiale » n’est ni désirable ni dans les meilleurs intérêts de la société, parce que la guerre non seulement sert des fonctions économiques importantes mais joue aussi des rôles sociaux et culturels clés.
    « La possibilité permanente de la guerre est le fondement d’un gouvernement stable ; elle fournit la base pour une acceptation générale de l’autorité politique… La guerre est virtuellement synonyme de nationalité. L’élimination de la guerre implique l’élimination inévitable de la souveraineté nationale et de l’Etat-nation traditionnel ». Ainsi, « la guerre a été le principal procédé évolutionnaire pour maintenir un équilibre satisfaisant entre la population humaine brute et les ressources disponibles pour sa survie. Elle est particulière à l’espèce humaine ». Donc, afin de garantir sa propre survie par son retranchement à l’intérieur des structures de pouvoir américaines, britanniques, européennes et autres, les Maîtres du Pouvoir Mondial [Global Power Masters] ont besoin de la guerre, de la menace et des rumeurs de la guerre, tout comme le poisson a besoin d’eau, les tigres de proies faciles, et les chiens d’arbres… et tous pour des raisons similaires !
    Mais les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés ne peuvent pas avoir simplement un quelconque ennemi. Ils ont besoin d’un ennemi crédible, dangereux, « effrayant » : d’abord ce fut l’Allemagne, puis le Japon, l’Union Soviétique, la « Menace Rouge » mondiale ; aujourd’hui c’est le « Terrorisme fondamentaliste islamique » et, de plus de plus, la Chine et la Russie entrent dans la zone centrale de l’écran radar géopolitique des Maîtres du Pouvoir Mondial.
    Le cas de la Russie
    Dans l’époque récente, la Russie a diversement joué le rôle de Tampon, de Frein et (maintenant, espérons-le) de Mur contre l’agression des puissances occidentales.
    Quand la Russie agit comme un Tampon, le monde se sent frustré ainsi que les cas de la Serbie, de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan, de la Lybie et de la Palestine le montrent. Dans tous ces cas, la Russie prenait une posture d’adversaire, « affrontant » les US, R-U, UE et Israël, en mots mais certainement pas en actions. Les puissances occidentales obtinrent toujours ce qu’elles voulaient, même aux Nations Unies.
    Dans les temps récents, cependant, la Russie agit de plus en plus comme un Frein face aux ambitions hégémoniques occidentales, notamment en Syrie et en Iran. En novembre 2011 et en février 2012, la Russie mit son veto à deux Résolutions de l’ONU, proposées par les USA, le R-U et la France, contre la Syrie, et qui, si elles avaient été votées, auraient eu le même effet dévastateur sur la Syrie que la Résolution 1973 de l’ONU eut l’année dernière sur la Libye. Aussi, la Russie a refusé de soutenir les pseudo-rapports de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) et les sanctions contre l’Iran du fait de son programme nucléaire. De plus, la Russie a dépêché des forces militaires dissuasives crédibles pour contrer la militarisation du Golfe Persique et de la Méditerranée par l’OTAN.
    Ici nous commençons à nous demander si un affrontement pourrait réellement éclater. Cela eut l’effet modérateur d’obliger les USA, le R-U, la France et Israël à renoncer dans l’immédiat à leurs menaces de frappes unilatérales contre l’Iran et la Syrie. Le mauvais coté est que cela accule les USA et leurs alliés à recourir à des tactiques secrètes et criminelles impliquant des insurrections et des guerres civiles fabriquées – c’est-à-dire le « Printemps arabe » (voir plus loin).
    La question-clé est de savoir ce qui est nécessaire – quelle atrocité doivent commettre les puissances occidentales – pour que la Russie commence à agir comme un Mur solide, disant aux puissances occidentales en termes non-voilés : « Nous ne vous laisserons pas aller plus loin ; nous n’en tolérerons pas plus ! ». Si et quand la Russie fera finalement cela, les puissances occidentales reculeront-elles ou tenteront-elles de renverser le Mur russe ? C’est la question-clé parce que c’est d’elle que dépend le déchaînement ou non de la Troisième Guerre mondiale dans un futur proche.
    Plus important, concernant le processus de prise de décisions de l’Occident, tout ce que nous disons sur la Russie est aussi valable pour la Chine que les Maîtres du Pouvoir Mondial voient comme leur véritable ennemi à long terme, du fait de son énorme croissance économique, politique, démographique et militaire, et de son contrôle géopolitique croissant sur le bassin du Pacifique et l’Océan Indien.
    Le cas de la Chine
    En tant que grande puissances aériennes et navales, les USA et le R-U comprennent bien que la Chine a beaucoup plus d’options que la Russie pour contrôler les principaux océans, car la Russie est fondamentalement une puissance terrestre et enfermée par les glaces. Ajoutons à cela que la Chine détient plus de deux trillions de dollars en bons du Trésor US et un autre trillion en euros, et alors nous commençons à comprendre que la Chine détient la commande financière qui peut déclencher un effondrement soudain de l’hégémonie du dollar US.
    Nous devons cesser de penser uniquement en termes économiques et financiers comme le font généralement les Occidentaux, qui en concluent que la Chine n’inonderait jamais les marchés internationaux avec un ou deux trillions en bons du Trésor US parce que cela détruirait leur valeur et, par un processus de boomerang, aurait un impact négatif sur la Chine elle-même dont les réserves s’évaporeraient.
    Mais la Chine – l’Empire de Dix Mille Ans – a un processus de pensée différent. La Chine attend le bon moment lorsqu’elle joue aux échecs avec l’Empire Adolescent américain. La Chine pourrait même décider de jouer une carte géopolitique – et non financière ou économique –, en sacrifiant toutes ses réserves en dollars simplement pour détraquer la cavalerie monétaire du Béhémoth US avec laquelle ce dernier finance sa gigantesque machine militaire. La Chine tirera-t-elle les premiers coups géopolitiques sur la scène financière mondiale ?
    En 2010, Wikileaks a rapporté qu’en 2009 le Premier ministre australien d’alors Kevin Rudd a discuté avec la Secrétaire d’Etat US Hillary Clinton de la meilleure manière de traiter avec la Chine, tous deux exprimant leurs craintes concernant son ascension rapide et sa réserve de milliards de dollars de dette US, poussant Hillary à demander : « Comment traiter durement avec son banquier ? ». Tous deux conclurent que les puissances occidentales devaient tenter d’« intégrer la Chine dans la communauté internationale, tout en préparant aussi un déploiement de force si tout se passe mal ».
    Le Pentagone sait très bien que son ennemi à long terme après 2020 est la Chine. D’après US News & World Report, Aaron L. Friedberg – ancien proche conseiller de Dick Cheney, membre du PNAC [3] et du Council on Foreign Relations, et professeur à l’Université de Princeton – a déclaré que les USA ne devraient épargner aucun effort pour « maintenir le dragon chinois dans sa tanière » parce que « la force dissuade l’agression », et averti que « cela coûtera de l’argent ». En gardant la Chine à l’esprit, on comprend mieux les actions des USA dans d’autres lieux éloignés, en tant que tremplins directs ou indirects sur la route de la Chine.
    Prenons le Moyen-Orient, par exemple, où le positionnement géopolitique US et leur contrôle des réserves pétrolifères sert aussi de tête de pont sur le Heartland de la Russie et peut servir à couper les sources de pétrole de la Chine – notamment à partir de l’Iran.
    Wikileaks a aussi révélé que Kevin Rudd a dit à Hillary Clinton que la Chine était « paranoïaque concernant Taiwan et le Tibet », ajoutant que « l’Occident devrait promouvoir une communauté Asie-Pacifique afin d’émousser l’influence chinoise ». C’est encore un autre exemple du double discours et de la présentation tendancieuse des Occidentaux, parce que contrairement aux USA et aux Européens, la Chine n’a pas d’ambitions hégémoniques mondiales.
    La Chine cherche plutôt à rester la puissance dominante dans le bassin Asie-Pacifique, en repoussant l’intrusion, le colonialisme et l’ingérence traditionnels de l’Occident.
    Le pire scénario de cauchemar de l’Occident – comme le nota Samuel Huntington dans sa théorie du « Choc des Civilisations » dans les années 1990 – est si la Chine atteint deux objectifs géopolitiques clés vers lesquels elle progresse lentement mais sûrement :
    - Etablir des liens, une coopération et un accord plus étroits avec la Russie et l’Inde sur le continent asiatique, et
    - Négocier une coopération plus étroite et surmonter la défiance du passé avec le Japon. Si le Japon et la Chine s’accordent sur une stratégie géopolitique commune comme la France et l’Allemagne le firent après la Seconde Guerre mondiale (conduisant à l’Union Européenne), alors toute la puissance de la région Asie-Pacifique avec les deux tiers de la population mondiale seraient intouchables pour l’Occident. Imaginez seulement le mariage de la technologie de pointe japonaise avec les ressources et la main d’œuvre chinoise !
    Les cinq types de guerre
    Quand Report From Iron Mountain fut rédigé dans les années 60, ses auteurs allèrent jusqu’à étudier si des substituts pouvaient être mis en œuvre à la place de la guerre, mais – hélas – ils conclurent que la guerre devait être maintenue, et même améliorée dans son efficacité. La guerre pourrait cependant prendre des formes inattendues et plus subtiles. Les recommandations du Report incluaient :
    - Un programme de recherche spatial géant dont le but était largement impossible à atteindre (un trou noir, dévoreur de budget et donc capable d’alimenter l’économie) ;
    - Inventer un nouvel ennemi, non-humain : la menace potentielle d’une civilisation extraterrestre ;
    - Créer une nouvelle menace pour l’humanité : par exemple, la pollution ;
    - Mettre en œuvre de nouvelles manières de limiter les naissances : en ajoutant des drogues à la nourriture ou aux fournitures d’eau ;
    - Créer des ennemis alternatifs fictifs.
    Près d’un demi-siècle plus tard, certaines de ces recommandations ont été réalisées (par ex., 1 : un programme spatial militaire et civil), d’autres sont en cours de réalisation (3, 4, et, si la machine « Psy-Ops » d’Hollywood est une indication, la n°2 est en préparation), mais la 5 est la vraie clé de voûte : « Créer des ennemis alternatifs fictifs », que nous avons beaucoup vus récemment : l’Irak, l’Afghanistan, la Serbie, la Libye, le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord, le Terrorisme islamique, et maintenant l’Iran et la Syrie.
    L’immense problème qui se dresse devant l’humanité est que les USA ont de plus en plus recours à des méthodes de guerre secrètes, clandestines et technologiques, de préférence à des invasions ouvertes, car le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan ont fait vraiment mauvais effet dans les Informations du soir…
    Ainsi, il y a fondamentalement cinq types de guerres utilisées par les Maîtres du Pouvoir Mondial à travers leurs instruments USA, R-U et OTAN, chacun étant caractérisé par une complexité croissante de guerre psychologique [PsyWar] et stratégique-logistique :
    Invasion militaire – Clairement visible, très territoriale et utilisant une force militaire et une force économique écrasantes. Ainsi que le recommande la Doctrine Colin Powell des années 90, « les USA ne devraient faire la guerre à des ennemis étrangers que lorsque la puissance militaire américaine est si écrasante que la victoire est garantie ». Une doctrine plus impitoyable peut-elle être imaginée par une grande puissance ? Des couards bombardant des gens à l’autre bout du monde, en utilisant une commande électronique et un écran à partir d’une installation sécurisée.
    Coup d’Etat militaire – Identifier les éléments dissidents et félons à l’intérieur des forces armées du pays-cible, les inciter à renverser les autorités légales locales et les soutenir avec des armes, de l’argent, une couverture médiatique mondiale et locale « positive » et un appui diplomatique. Une méthode favorite utilisée contre l’Amérique Latine dans les années 50, 60 et 70, elle est encore utilisée ici et là, comme le montre le cas de l’Egypte.
    Coup financier – Consiste à d’abord acculer un pays dans le bourbier d’une « dette souveraine » impayable face aux puissantes méga-banques mondiales. Puis, quand le pays-cible ne peut pas rembourser cette dette, les banksters envoient les sangsues du FMI et de la Banque Mondiale, soutenus par les médias mondiaux et les agences de notation. Ils provoquent des difficultés économiques et sociales, un effondrement financier et monétaire conduisant à un bouleversement social général, et donc « justifiant un changement de régime ». Dans toute l’Amérique Latine ils perfectionnèrent le « Modèle de la Dette souveraine » qui est maintenant utilisé contre la Grèce, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et – bientôt – le R-U et les USA.
    Coup social – Consiste à financer des activistes politiques pour provoquer un changement de régime contrôlé dans le pays-cible. Ici les ambassades des USA, du R-U ou d’Israël locales soutiennent toutes sortes de groupes dissidents en leur accordant un large financement et une large couverture médiatique, plus la logistique pour générer des troubles de rues constants, qui finissent par constituer quelque parti ou mouvement politique amical envers les USA. Dans les années 80, ils utilisèrent les dénommés mouvements des « droits de l’homme » en Amérique Latine, les « Mères de la Place de Mai » en Argentine étant un exemple-type [4].
    Guerre civile fabriquée – Consiste à financer, armer et soutenir des groupes d’« opposition » militarisés contre le gouvernement en place du pays-cible. Normalement, un conseil de « libération nationale » ou un « conseil » de ce genre est constitué, comme en Libye, en Egypte, en Syrie et ailleurs, autour duquel d’autres groupes militants, bandits et mafias peuvent évoluer. Ici, la CIA, le MI6 et le Mossad jouent un rôle-clé et, dans les cas de la Libye et de la Syrie, des ramifications de la CIA comme Al-Qaïda jouent aussi un rôle fondamental de « combattant de la liberté ». Au Moyen Orient, ils nommèrent cela le « Printemps arabe », le présentant à l’opinion publique mondiale comme un combat spontané, authentique et légitime pour la liberté, mené par la population locale contre des régimes soi-disant répressifs et autoritaires.
    Ainsi, on tire parti de conflits locaux prêts à exploser : des régimes qui sont au pouvoir depuis trop longtemps (comme en Egypte et en Libye) ; des divisions religieuses (chiites contre sunnites). Ce n’est pas une surprise d’apprendre que Bassma Kodmani, « membre du bureau exécutif et directrice des affaires étrangères » au Conseil National Syrien, assista à la Conférence du Bilderberg en juin dernier en Virginie, aux USA [5].
    Dernièrement, l’auteur de cet article a été informé de la montée d’un « Printemps d’Amérique Latine » qui tire parti des graves tensions sociales et politiques dans toute l’Amérique Latine et reflétant l’immense fossé qui existe entre les très riches et les très pauvres. Normalement, les riches sont très alignés sur les USA et les pauvres ont des dirigeants qui désignent naïvement « l’exploitation commerciale yankee » comme seule coupable, passant à coté de facteurs politiques et sociaux fondamentaux.
    Des signes de ce futur « Printemps latino-américain » peuvent être vus dans le récent coup d’Etat orchestré par le groupe de Monsanto au Paraguay, la fraude électorale à l’odeur d’argent au Mexique, et la militarisation US croissante en Colombie et ailleurs dans la région.
    Souvent ces types de guerre commencent à un niveau plus faible – disons, un coup social – et sont ensuite transformées en insurrection et en guerre civile complète si cela convient aux objectifs des Maîtres du Pouvoir Mondial. La Libye, la Syrie et l’Egypte en sont des exemples.
    Quoi, Pourquoi, Quand et ou
    Mais que signifie tout ceci exactement ? Fondamentalement, nous pouvons voir qu’un tel chaos orchestré par les Maîtres du Pouvoir Mondial, bien que localement chaotique dans des pays et des régions spécifiques, conduit en réalité à un « nouvel ordre mondial » à une échelle mondiale.
    La partie « chaos » est déployée pour détruire des pays entiers, spécialement ceux qui ont tenté de préserver leur souveraineté nationale d’une manière ou d’une autre. C’est une caractéristique-clé partagée par tous les « Etats-voyous » attaqués – Libye, Irak, Serbie – avant d’être envahis. La même chose est valable pour des cibles actuelles comme la Syrie, l’Iran, Cuba, le Venezuela, la Corée du Nord et l’Equateur. Les Etats plus souverains peuvent être affaiblis, au plus grand profit des mondialistes qui, après tout, veulent fondamentalement nous entraîner tous vers un unique Etat mondial, ressemblant au communisme, sous leur contrôle total.
    Tous ces « printemps » arabes (et latinos), invasions, zones d’interdiction de vol, sanctions ; toute cette rhétorique contre les « Etats-voyous », sont des mesures de préparation du terrain destinés à positionner les puissances occidentales et leurs alliés en vue de l’assaut final contre l’Asie, ce qui signifie la guerre avec la Russie et la Chine.
    Bien sûr, une telle guerre serait en grossière contradiction avec la Doctrine Powell. La Chine et la Russie sont très puissantes, donc le fait de les embêter comporte de gros risques. Si – que Dieu nous protège ! – on en arrive un jour à une guerre entre la Chine et la Russie d’une part et l’Occident d’autre part, entraînant d’autres puissances comme l’Inde, le Pakistan et le Brésil, cela n’arrivera probablement pas dans l’immédiat. Cependant, c’est ce qui se profile au-delà du seuil de 2020. Ses préliminaires sont en train de se jouer aujourd’hui dans divers points chauds.
    Pourquoi tout cela est-il fait ? Peut-être que la surextension impériale et le dollar énormément surévalué qui a sauvé les Banquiers du Pouvoir Financier (ne dites pas cela trop fort !) ont acculé les Elites occidentales dans un coin irréversible et intenable.
    C’est comme au jeu d’échecs : que faites-vous quand tous les coups possibles mènent à l’échec et mat ? Eh bien, fondamentalement, vous avez deux « options sur la table » : (1) admettre la défaite, ou (2) renverser la table de jeu et… sortir votre revolver.
    Adrian Salbuchi http://www.voxnr.com/cc/di_antiamerique/EFAEZyApkuOIAIUkri.shtml
    notes
    1] Voir Zbigniew Brzezinski, 14 octobre 2011, discours d’acceptation du Jury du Prix Tocqueville, attribué à Brzezinski par l’ancien président français Valéry Giscard D’Estaing. Sans surprise, tous deux appartiennent à la Commission Trilatérale Rockefeller/Rothschild, un organisme décisionnel clé « riche et puissant ».
    [2] Originellement publié en 1967 ; republié en 1996 par la Free Press (Simon & Schuster).
    [3] PNAC – Project for a New American Century [Projet pour un Nouveau Siècle Américain] ; le think-tank néoconservateur de la fin des années 90, qui conçut et planifia les invasions de l’Afghanistan et de Irak, promouvant les intérêts stratégiques d’Israël au Moyen Orient, qui servirent de plan de travail pour les politiques US d’après le 11 Septembre jusqu’à nos jours.
    [4] Son dirigeant Hebe Bonafini est connu pour avoir détourné des millions de dollars.
    [5] Voir le site official du groupe de Bilderberg : www.bilderbergmeetings.org/participants2012.html. La nationalité de Mme Kodmani est typiquement décrite comme « internationale ». Elle sert très bien ses maîtres internationaux.
    Adrian Salbuchi est un analyste politique, auteur, speaker et animateur de débats radiophoniques en Argentine. Il a publié plusieurs livres sur la géopolitique et l’économie en espagnol, et récemment publié son premier e-Book en anglais : The Coming World Government: Tragedy & Hope ? qui peut être commandé sur son site web www.asalbuchi.com.ar, ou des détails peuvent être demandés par E-mail à arsalbuchi@gmail.com. Salbuchi a 58 ans, marié, avec quatre enfants adultes, et travaille comme consultant stratégique pour des sociétés argentines et internationales. Il est aussi fondateur du Projet de la Seconde République en Argentine, qui se développe internationalement (visitez : www.secondrepublicproject.com).
    Cet article a paru dans le magazine New Dawn No. 134 (Sept-Oct 2012).

  • De l’Atlantique à l’Oural ?

    par Louis-Joseph Delanglade - La Faute à Rousseau

    Les Jeux Olympiques de Sotchi constituent de façon évidente, pour les médias et politiciens « occidentaux » de la bien-pensance, une excellente opportunité : que n’a-t-on entendu depuis huit jours sur la Russie de M. Poutine !

     

    La critique la plus récurrente est qu’elle ne serait pas un pays « démocratique » car la loi y serait ouvertement homophobe. Les journalistes de France Inter, perdant tout sens de la mesure, sont même allés jusqu’à proposer à notre admiration un certain M. Hoie, ministre de la Santé norvégien, qui assistera aux Jeux en compagnie de son mari !

    A qui fera-t-on croire que « la cause homo » mérite tout ce tintouin ? [...]

    La suite ici

  • Aymeric Chauprade commente... : “Fuck the EU” by the US State Department

    “Fuck the EU (European Union)”, lance la n°2 de la diplomatie américaine

    “Que l’Europe aille se faire e…” a tout simplement déclaré Victoria Nuland (photo), la secrétaire d’État adjointe des États-Unis, en charge des relations avec l’Europe, à son ambassadeur en Ukraine, lors d’une conversation téléphonique enregistrée à l’insu des deux protagonistes le jeudi 6 février.

    La prise est tellement explicite que la diplomate américaine n’a eu d’autre choix que de s’excuser auprès des diplomates européens. Mais qui a entendu un seul chef d’État, un seul ministre des affaires étrangères européen émettre une quelconque protestation ?

    Très bon éclairage sur ce que pensent réellement les Américains de l’Union européenne : qu’elle n’est rien et qu’elle a vocation à rester une périphérie molle des États-Unis. Au passage la conversation est révélatrice, au-delà même de l’insulte faite à l’Union européenne. Elle en dit long aussi sur le rôle que joue l’ONU aux yeux des Américains. Jugez-en plutôt : “Ce type de l’ONU, Robert Serry” explique Victoria Nuland à son ambassadeur, “ce serait super pour aider à coller les choses, d’avoir cette colle ONU et, tu sais quoi, que l’UE aille se faire foutre”. L’ONU ce n’est donc qu’un pot de colle servant à fixer les morceaux du puzzle américain sur le grand tableau mondial.[...]

    La suite sur RealPolitikTV

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Aymeric-Chauprade-commente-Fuck

  • J.O. de Sotchi : un enjeu géopolitique ?

    Entretien accordé par Arnaud Leclercq à La Voix de la Russie le 28 janvier 2014 sur le sujet des J.O. de Sotchi.

    Je crois comprendre que quoi que fasse la Russie, elle sera toujours considérée comme coupable. Si elle n’était pas candidate et si elle n’avait pas remporté l’organisation de ces Jeux, on lui reprocherait très probablement de ne pas prendre d’initiative, et maintenant qu’elle l’a fait et qu’elle l’a bien réussi, on lui reproche de trop en faire.

    La Voix de la Russie : Qu’est-ce qu’en fait que ces Jeux ? Un enjeu politique ou juste de la chronique sportive ?

    Arnaud Leclercq : L’enjeu est avant tout sportif mais déborde sur la géopolitique. Tout d’abord, pour noter ce que l’on vous reproche très souvent et ce que l’on entend dans les journaux occidentaux, je crois comprendre que quoi que fasse la Russie, elle sera toujours considérée comme coupable. Si elle n’était pas candidate et si elle n’avait pas remporté l’organisation de ces Jeux, on lui reprocherait très probablement de ne pas prendre d’initiative, et maintenant qu’elle l’a fait et qu’elle l’a bien réussi, on lui reproche de trop en faire. C’est une première remarque préliminaire pour relativiser certaines critiques que l’on entend. Ensuite on peut quand même aussi rappeler que la Russie participe aux Sports d’hiver depuis 1956, époque de l’URSS, et qu’elle est probablement le pays qui a remporté le plus de médailles avec la Norvège et le Canada. Il est donc assez légitime que ce pays du Nord – même si les Jeux se passent à Sotchi – remporte ces JO d’hiver pour y avoir participé depuis longtemps et avoir gagné beaucoup de médailles.

    Ensuite le choix de Sotchi peut paraître étonnant, mais il n’y a pas énormément d’endroits où aller faire ces Jeux en Russie… entre l’Altaï, par trop éloigné des régions développées et l’Oural qui est trop bas. Il faudra peut-être rappeler aussi quelques leçons de géographie de base à ceux qui font cette critique aux organisateurs. Enfin concernant cette remarque préliminaire sur toute l’organisation et l’infrastructure réalisée, je crois que la Russie, comme la Chine avant elle et d’autres pays, a d’abord répondu aux règles qui lui ont été imposées par le Comité Olympique. Cet organisme a des critères extrêmement élevés aussi bien qualitatifs que quantitatifs.

    Alors je crois que la Russie, comme n’importe quel pays qui a gagné, a tout simplement tenu ses engagements vis-à-vis du Comité Olympique afin de construire tout ce qu’il fallait. Je l’ai dit pour remettre l’église au milieu du village et il n’y a là rien d’extraordinaire.

    Est-ce que cela déborde sur la géopolitique ? Je crois que – tout d’abord – cela déborde sur la Russie elle-même. À l’intérieur, cela déborde bien au-delà de Sotchi : c’est très important pour les Russes, parce qu’ils sont très fiers de ces Jeux, et à juste titre, comme un Français l’aurait été si cela se passait à Albertville. Je pense que cela contribue – et c’est bien ce que l’on voit actuellement sur la scène internationale – à mettre la Russie à nouveau à une place importante et c’est celle qui très probablement lui revient, sur la scène internationale. Même si c’est un événement sportif, cela n’en reste pas moins un symbole. Et l’on sait que le grand événement sportif de ce type – prenons de façon beaucoup plus caricaturale la future Coupe du Monde au Qatar – est toujours un symbole du rôle que souhaite prendre un pays organisateur dans le monde actuel.

    Je pense qu’il faut regarder sur ce plan-là. Et l’important n’est pas seulement de participer, comme disait Coubertin, mais c’est aussi en l’occurrence, d’organiser et de le faire bien ! Le Président Poutine en a fait un enjeu personnel avec des infrastructures particulièrement spectaculaires. Cependant ce que l’on peut regretter dans tout cela, c’est plutôt la méthode. Je pense que les intentions de départ étaient très bien. Et on sait que ce chantier gigantesque a été assez difficile. Dès le départ, il y a eu un certain nombre de responsables de ce grand projet qui ont été remplacés au fur et à mesure régulièrement sans parler d’une loi spéciale qui a été faite pour toute la région de manière à finir ce chantier dans les temps. Donc, il y a, malheureusement, toute la méthode qui a dérivé contrairement aux bonnes intentions de départ. On parle aussi beaucoup de corruption plus que des résultats… Une fois encore, on mélange toujours ce résultat que je trouve vraiment remarquable et légitime et une méthode qui, pour faire tout cela est sans doute plus discutable, en tout cas, d’après ce que l’on peut deviner.

    La Voix de la Russie : Certaines compagnies financières internationales entendent investir dans le Caucase… Comme Vinci, par exemple, qui serait prête, de source non confirmée, mettre jusqu’à 1,5 milliard d’euros dans l’escarcelle. Comment trouvez-vous ces plans : est-ce un bon investissement avec un résultat garanti à la clé ?

    Arnaud Leclercq : Je crois qu’il faut toujours se méfier un petit peu des effets d’annonce. D’une part, soit ils interviennent sur commande c’est-à-dire qu’ils interviennent comme constructeurs pour réaliser un certain nombre de travaux avec un grand partenaire local avec lequel cette organisation partage l’investissement : là ce serait parfaitement quelque chose de faisable… Pourquoi pas ? Cela peut être aussi un Etat ou une région qui garantit comme les autoroutes, si vous voulez, qui se paient sur la durée.

    Mais maintenant si les grandes sociétés – et je ne peux parler bien sûr au nom de la société que vous venez d’évoquer – décident elles-mêmes d’investir des sommes très importantes pour conduire des projets avec des dimensions que l’on connaît, ça me surprend beaucoup. D’abord je ne sais pas non plus si les organismes d’assurance-exports accepteront d’assurer des projets de cette dimension, particulièrement dans une zone connue pour être politiquement encore instable, à évoquer le drame de Volgograd survenu encore récemment. J’en doute un petit peu. Mais tout dépend de la casquette que ladite société mettra pour intervenir. Maintenant le fait que ces infrastructures très impressionnantes soient construites à Sotchi est un fait positif. Je crois qu’il faut finalement s’en réjouir. Je n’ai pas de jugement à porter sur le budget de l’Etat : était-ce trop cher ? Je ne suis pas citoyen russe. J’ai la modestie de rester à ma place. Il faut voir aussi que n’importe quel autre pays a des investissements importants à réaliser. En France, quand on voit certaines mairies, certains bâtiments qui sont construits… Certes, c’est à moindre échelle ! S’il n’y en avait eu, il n’y aurait probablement aucun grand bâtiment ou grande construction dans ce monde ! Il faut également espérer que le tourisme y aille de toute la CEI pour faire vivre ces magnifiques installations et peut- être même au-delà ! Je crois qu’il faut être juste à l’égard de la Russie, pas complaisant, mais juste.

    Cadre dirigeant reconnu dans le monde de la gestion de fortune, plus particulièrement avec les marchés émergents, Arnaud Leclercq est à titre privé un spécialiste en géopolitique de la Russie. Il a publié chez Ellipses l’ouvrage La Russie puissance d’Eurasie. Histoire géopolitique des origines à Poutine.

    http://www.realpolitik.tv/2014/02/j-o-de-sotchi-un-enjeux-geopolitique/

  • Les États-Unis, premiers financiers mondiaux du terrorisme

    Depuis la guerre d’Afghanistan contre les Soviétiques, de nombreux auteurs ont mis en évidence le rôle des États-Unis dans le financement du terrorisme international. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, il ne s’agissait que d’actions secrètes, jamais assumées sur le moment par Washington. Un pas décisif a été franchi avec la Syrie : le Congrès a voté le financement et l’armement de deux organisations représentant Al-Qaïda. Ce qui était jusque-là un secret de polichinelle devient désormais la politique officielle du « pays de la liberté » : le terrorisme.

    En violation des résolutions 1267 et 1373 du Conseil de sécurité, le Congrès des États-Unis a voté le financement et l’armement du Front al-Nosra et de l’Émirat islamique d’Irak et du Levant, deux organisations relevant d’Al-Qaïda et classées comme « terroristes » par les Nations Unies. Cette décision est valide jusqu’au 30 septembre 2014.

    La première semaine de la Conférence de paix de Genève 2 aura été pleine de rebondissements. Malheureusement, le public occidental n’en a pas été informé, victime de la censure qui l’opprime.
    C’est en effet le principal paradoxe de cette guerre : les images sont l’inverse de la réalité. Selon les médias internationaux, le conflit oppose d’un côté, des États réunis autour de Washington et de Riyad qui prétendent défendre la démocratie et conduire la lutte mondiale contre le terrorisme, de l’autre la Syrie et ses alliés russes, inhibés à force d’être diffamés en dictatures manipulant le terrorisme.
    Si tout le monde est conscient que l’Arabie saoudite n’est pas une démocratie, mais une monarchie absolue, la tyrannie d’une famille et d’une secte sur tout un peuple, les États-Unis ont l’image d’une démocratie et mieux encore du « pays de la liberté ».
    Or, la principale information de la semaine a été censurée dans l’ensemble des États membres de l’Otan : le Congrès états-unien s’est réuni secrètement pour voter le financement et l’armement des « rebelles en Syrie » jusqu’au 30 septembre 2014. Vous avez bien lu. Le Congrès tient des séances secrètes dont la presse n’a pas le droit de faire mention. C’est pourquoi l’information, originellement publiée par l’agence britannique Reuters [1], a été scrupuleusement ignorée par toute la presse imprimée et audio-visuelle aux États-Unis et la plupart des médias en Europe occidentale et dans le Golfe. Seuls les habitants du « reste du monde » ont eu droit à connaître la vérité.
    La liberté d’expression et le droit des citoyens à l’information sont pourtant des préalables à la démocratie. Ils sont mieux respectés en Syrie et en Russie qu’en Occident.
    Personne n’ayant lu la loi adoptée par le Congrès, on ignore ce qu’elle stipule exactement. Cependant, il est clair que les « rebelles » en question ne cherchent pas à renverser l’État syrien —ils y ont renoncé—, mais à le « saigner ». C’est pourquoi, ils ne se comportent pas en soldats, mais en terroristes. Vous avez encore bien lu : les États-Unis, prétendument victimes d’Al-Qaïda le 11 septembre 2001 et depuis leaders de la « guerre globale au terrorisme », financent le principal foyer de terrorisme international où agissent deux organisations officiellement subordonnées à Al-Qaïda (le Front al-Nosra et l’Émirat islamique d’Irak et du Levant). Il ne s’agit plus là d’une manœuvre obscure des services secrets, mais d’une loi, pleinement assumée, même si elle a été adoptée à huis clos de manière à ne pas contredire la propagande.
    D’un autre côté, on ne voit pas comment la presse occidentale, qui affirme depuis 13 ans qu’Al-Qaïda est l’auteur des attentats du 11-Septembre et ignore la destitution du président George W. Bush ce jour-là par les militaires, pourrait expliquer cette décision à son public. Effectivement, la procédure états-unienne de « Continuité du gouvernement » (CoG) est elle aussi protégée par la censure. De la sorte, les Occidentaux n’ont jamais su que, ce 11 septembre, le pouvoir avait été transféré des civils aux militaires, de 10h du matin jusqu’au soir, que durant cette journée les États-Unis avaient été gouvernés par une autorité secrète, en violation de leurs lois et de leur constitution.
    Durant la Guerre froide, la CIA finançait l’écrivain George Orwell lorsqu’il imaginait la dictature du futur. Washington croyait ainsi éveiller les consciences au danger soviétique. Mais en réalité, jamais l’URSS ne ressembla au cauchemar de « 1984 », tandis que les États-Unis en sont devenus l’incarnation.
    Le discours annuel de Barack Obama sur l’état de l’Union s’est ainsi transformé en un exceptionnel exercice de mensonge. Devant les 538 membres du Congrès l’applaudissant debout, le président a déclaré : « Une chose ne changera pas : notre détermination à ce que des terroristes ne lancent pas d’autres attaques contre notre pays ». Et encore : « En Syrie, nous soutiendrons l’opposition qui rejette le programme des réseaux terroristes ».
    Pourtant, lorsque la délégation syrienne à Genève 2 a soumis à celle sensée représenter son « opposition » une motion, exclusivement basée sur les résolutions 1267 et 1373 du Conseil de sécurité, condamnant le terrorisme, celle-ci l’a rejetée sans provoquer la moindre protestation de Washington. Et pour cause : le terrorisme, c’est les États-Unis, et le délégation de l’« opposition » reçoit ses ordres directement de l’ambassadeur Robert S. Ford, présent sur place.
    Robert S. Ford, l’ancien assistant de John Negroponte en Irak. Au début des années 80, Negroponte avait attaqué la révolution nicaraguayenne en engageant des milliers de mercenaires qui, mêlés à quelques collaborateurs locaux, constituèrent les « Contras ». La Cour internationale de Justice, c’est-à-dire le tribunal interne des Nations Unies, condamna Washington pour cette ingérence qui ne disait pas son nom. Puis, dans les années 2000, Negroponte et Ford rejouèrent le même scénario en Irak. Cette fois, il s’agissait d’anéantir la résistance nationaliste en la faisant combattre par Al-Qaïda.
    Pendant que les Syriens et la délégation de l’« opposition » discutaient à Genève, à Washington, le président poursuivait son exercice d’hypocrisie et assénait au Congrès qui l’applaudissait mécaniquement : « On lutte contre le terrorisme non seulement à l’aide du renseignement et des opérations militaires, mais aussi en restant fidèles aux idéaux de notre Constitution et en donnant l’exemple au monde (…) Et nous continuerons à travailler avec la communauté internationale pour faire naître l’avenir que mérite le peuple syrien – un avenir sans dictature, sans terreur et sans peur ».
    La guerre livrée par l’Otan et le CCG à la Syrie a déjà fait plus de 130 000 morts —selon les chiffres du MI6 diffusés par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme—, dont les bourreaux attribuent la responsabilité au peuple qui ose leur résister et à son président, Bachar el-Assad.

    Thierry Meyssan

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAElZuyuugtNkGdyD.shtml

    notes :

    [1] “Congress secretly approves U.S. weapons flow to ’moderate’ Syrian rebels”, par Mark Hosenball, Reuters, 27 janvier 2014.

    Source: Al-Watan (Syrie)

  • La Hongrie d’Orban se tourne vers Poutine

    08/02/2014 – BUDAPEST (NOVOpress/Kiosque courtois)
    Il y a deux semaines, la Hongrie et la Russie ont signé un accord prévoyant l’extension de l’unique centrale nucléaire hongroise, au détriment d’Areva. Un prêt russe sur 30 ans à des taux avantageux a été accordé à la Hongrie. De son côté Viktor Orban (photo) – premier ministre – a appuyé le projet de gazoduc South Stream.

    Les sondages donnent le parti Fidesz de Viktor Orban, gagnant avec une large avance pour les élections législatives de début avril. La reprise économique hongroise participe à son maintien au gouvernement.

    Ce choix économique est aussi politique

    La Hongrie est lassée des perpétuelles intrusions de l’Union européenne dans sa politique intérieure, intrusion qui est allée jusqu’à menacer de la priver de ses droits de vote au sein des institutions européennes. Par ailleurs, depuis qu’Edward Snowden a révélé que la NSA — les barbouzes américains — avait mis toute la Hongrie sur écoute, les relations entre Etats‑Unis et Hongrie sont plus tendues.

    Enfin la nation magyare est sensible au positionnement politique de la Russie de Poutine, qui s’affirme comme pôle conservateur des valeurs traditionnelles en Europe face à l’entreprise cosmopolite des atlanto‑européistes.

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