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géopolitique - Page 758

  • Ukraine: les apprentis sorciers ?

    A trop présenter un peuple ukrainien uni contre un dictateur corrompu, on oublie un peu trop que la population de ce pays comporte une minorité russe, de culture et de langue, minorité qui devient majorité quand on considère le Sud et l'Est. Et cette minorité, tout comme la majorité du puissant voisin qui voit dans dans l'Ukraine son berceau historique (la Rouss de Kiev), n'est pas forcément enthousiasmée par le genre de démocratie qui lui est imposé ces derniers jours. Par analogie, avec mille précautions, on pourrait dire qu'une partie de l'Ukraine est à la Russie ce que le Kosovo est à la Serbie. Mais on peut aussi dire que Poutine n'est pas Milosevic. C'est en quelque sorte ce que rappelle Philippe Grasset dans l'analyse qu'il propose aujourd'hui au sujet des développements de la crise concernant la Crimée. Extrait.

    "Les idéologues mondains du bloc BAO, qui sortent peu de leurs conférences climatisées où résonnent les seuls dialectes anglo-saxons, ont une vision extrêmement surréaliste de la situation russe. Ainsi de Andrew Wilson, professeur des études ukrainiennes à l’University College de Londres et auteur de Ukraine’s Orange Revolution, le 23 février 2014 dans The Independent. Sa thèse est que l’évolution “démocratique” en Ukraine va susciter un “effet de domino” et entraîner une “évolution démocratique” en Russie et un cataclysme pour Poutine. Cette thèse étrange, qui ferait penser que la politique est devenue une annexe de ce qu’on nomme l’“art contemporain”, se résume dans ce paragraphe...

    Notre perception assez simple, sinon évidente, est qu’il s’agit à peu près de l’inverse. Si Poutine veut éviter des difficultés, il devra suivre une politique qui tienne compte des exigences du patriotisme et du nationalisme historique russes. C’est-à-dire que, quelle que puisse être sa volonté de compromis, si elle existe, Poutine ne pourra pas céder sur l’essentiel dans la crise ukrainienne ; et le maximalisme du bloc BAO autant que des extrémistes ukrainiens de l’Ouest font que cet “essentiel”-là ne cessera de grandir dans ses projections et dans ses exigences pour les Russes. Ainsi, comme le voit justement Justin Raimondo (Antiwar.com, le 24 février 2014), si Poutine était menacé chez lui, en Russie, ce serait bien plus par sa droite nationaliste que par le pseudo-courant démocratique et occidentaliste, et pour la cause d'absence de fermeté en face à l'Ukraine."

    Où cela nous mènera t'il ?

    Paula Corbulon

  • Ukraine, les partis d'extrême droite contrôle Kiev

    Des militants, notamment de « Secteur droit », contrôlent toujours la mairie de la capitale ukrainienne, alors que le pays semble encore largement désorganisé.

    Des journalistes gauchistes de France 2 (pardon pour le pléonasme) y font un véritable voyage en enfer et n’en croient pas leurs yeux.
    Il est vrai qu’il y a un côté un peu surréaliste.

  • Vladimir Poutine, fou de rage contre Ianoukovitch…

    Entretien avec Pierre-Alexandre Bouclay

    Au vu des événements en Ukraine, Vladimir Poutine va-t-il lâcher Ianoukovitch pour jouer la carte Timochenko ?

    Poutine est un pragmatique, qui souhaite avant tout la stabilité à ses frontières – principalement avec l’Ukraine, pièce centrale de sa géopolitique vers les mers du Sud et l’Europe, notamment pour l’acheminement des hydrocarbures.

    Il est fou de rage contre Ianoukovitch, qui a saboté les Jeux olympiques auxquels il accordait la plus grande importance, en précipitant la révolution par des maladresses en cascades. En faisant tirer sur le peuple, Ianoukovitch a déclenché une crise irréversible. Poutine a refusé de lui accorder une audience la semaine dernière, se contentant de le saluer entre deux tribunes, dans un stade, alors que le président ukrainien avait fait le déplacement à Sotchi. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev l’aurait engueulé, le traitant d’incapable et lui demandant où étaient passés les milliards d’euros versés à l’Ukraine par la Russie. De fait, au lieu d’être employé pour prendre des mesures sociales d’urgence dans ce pays au bord de la faillite, l’argent s’est volatilisé.

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  • Ukraine: les leçons de l'Euro Maidan

    Intéressante analyse proposée par Alexandre Latsa.  Extrait de la fin. (nota, de nombreux liens, intéressants eux aussi, insérés dans l'article).

    "En 1945, le monde s’est retrouvé scindé en deux espaces dont les projets pour l’avenir étaient fondamentalement opposés et similaires à la fois, d’un mondialisme à l’autre. La chute de l’URSS n’a cependant pas arrêté la poussée occidentale que l’on aurait pourtant pu imaginer atténuée récemment par la crise financière de 2008. La prise de pouvoir politique de l’Amérique sur l’Europe via la construction européenne (François Asselineau l’a parfaitement expliqué ici) a permis la constitution d’un territoire utilisé pour y déployer territorialement l’Otan afin de permettre sa projection continentale mais également permettre la création d’un gigantesque marché économique dont les contours se dessinent de plus en plus clairement ces derniers mois : l’union transatlantique, cette nouvelle Otan économique.

    Les centres de gouvernances occidentaux et Otano-centrés viennent de clairement démontrer avec l’Ukraine que leurs objectifs d’extensions à l’Est continuent et que les révolutions de couleurs de nouvelle génération ne devraient pas utiliser les libéraux comme fantassins mais bel et bien les nationalistes afin de briser l’espoir de certains pays de constituer de potentiels grands espaces, voir des pôles indépendants.

    Ce faisant on peut imaginer que les micro-nationalismes tout comme les régio-nationalismes confirment et confirmeront dans un proche avenir leur rôle de meilleurs alliés de l’extension de l’Otan et d’intégration des nations européennes au sein de la matrice globale occidentale sous domination américaine. Une extension qui devrait permettre à l’Amérique de continuer à tranquillement « dépecer l’Europe » en la privant sans doute définitivement d’une alliance avec la Russie."

    Alexandre Latsa donnera mardi 4 mars une conférence à Paris. Des précisions ici.

    Paula Corbulon

  • La situation des femmes en Irak est devenue un véritable enfer

    Hanaa Edwar, secrétaire générale d'»Al-Amal», une organisation de défense des droits humains basée à Bagdad, est venue présenter à Genève son rapport au Comité de la «Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes» (CEDAW). Elle déclare à l'agence Apic :

    "Il faut d'abord rappeler que l'Irak a été longtemps le pays le plus progressiste de toute la région en ce qui concerne les droits des femmes. La «loi du statut personnel» de 1959, qui s’appliquait de manière uniforme à tous les Irakiens musulmans, était considérée comme l’une des lois sur la famille les plus progressistes du Moyen-Orient. L'Irak connaissait alors l’interdiction du mariage des fillettes, et rendait la polygamie plus difficile, alors que c'est une pratique autorisée par la charia, la loi islamique.

    Selon des chiffres non officiels, il y a actuellement en Irak 1,5 million de veuves – en raison notamment des diverses guerres, violences et attentats – sans parler des femmes abandonnées ou divorcées. Près de 11% des ménages sont tenus par des femmes seules. Il leur est très difficile de trouver du travail pour nourrir leur famille – 71% sont sans travail – et seule une minorité reçoit une rente de veuve de guerre. Alors qu’en 1970 la quasi-totalité des Irakiennes étaient alphabétisées, seules 40 % fréquentent aujourd’hui les salles de classe. [...]

    L'invasion américaine de 2003 a renforcé les divisions sectaires et ethniques, ainsi que la domination des partis islamiques. Ni les responsables américains ni les nouveaux gouvernants irakiens n'ont voulu imposer les principes d'égalité fondamentale entre hommes et femmes. Ils ont plutôt permis aux éléments extrémistes de promouvoir leurs traditions tribales et leurs coutumes religieuses et d'exploiter la loi pour renforcer leurs positions conservatrices en ce qui concerne le droit des femmes. C'est ainsi que les femmes ne sont plus vues que dans leur fonction reproductrice, au service de la famille, et dans la subordination aux hommes. [...]"

    Michel Janva

  • Bernard Lugan : Centrafrique: point de situation

    Philippe Meunier, député du Rhône, Secrétaire de la commission Défense rentre d’une mission parlementaire en RCA effectuée le 17 février dernier. L’Afrique Réelle lui a demandé un point de situation au moment où les organisations humanitaires parlent d’une "épuration" des musulmans par les chrétiens.

     

    Quelle est aujourd’hui la situation sécuritaire à Bangui ?

    Philippe Meunier : Une sécurité précaire est revenue à Bangui grâce et uniquement à la présence de nos militaires français, même si certains groupes sous couvert d’anti balakas commettent des délits. La tension reste néanmoins palpable et des incidents peuvent éclater à tout moment.

    A lire les médias, ce sont les chrétiens qui massacrent les musulmans alors que pendant un an, ces derniers les martyrisèrent. Avez-vous pu mesurer le degré de haine entre les communautés ? Pourquoi les chrétiens en veulent-ils à ce point aux musulmans ?

    Philippe Meunier : Les islamistes du Seleka, avec la complicité de leurs collaborateurs, ont procédé à Bangui et dans l’ensemble du pays à des massacres sans nom des mois durant à l’encontre des chrétiens. Conséquence de ces viols et massacres de masse, les chrétiens ne veulent et ne peuvent plus aujourd’hui vivre avec et aux côtés des musulmans. [...]

    La suite sur Afrique Réelle

  • L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu, par Aymeric Chauprade

    ia Realpolitik.tv
    Le coup de force organisé par les États-Unis et l’Union européenne soutenant Tiagnibok (seul leader qui contrôlait les émeutiers) pendant les Jeux de Sotchi (les Russes ayant alors les mains liées) a donc fonctionné et débouché à l’effondrement du pouvoir légal la veille de la fin des Jeux (le 23 février).

    Quelles leçons pouvons-nous tirer ?

    1) Les récents événements dramatiques démontrent qu’il n’existe aucune solution politique viable et durable pour l’Ukraine dans les frontières actuelles car l’Ukraine est divisée géopolitiquement.

    2) Le président Ianoukovitch qui a quitté le pouvoir de lui-même, et afin que le bain de sang cesse, avait certes des torts sérieux (corruption, incapacité à agir dès le début de la crise) mais il avait été élu démocratiquement (aucune contestation de l’OSCE) et était le président légal. C’est donc un coup de force, un coup d’État même, qui l’a poussé vers la sortie et ce coup d’État a bel et bien été soutenu par l’Union européenne.

    3) Le sang a coulé parce que l’opposition a tiré la première à balles réelles sur les forces de l’ordre. Les premiers morts ont été des policiers. Qu’aurait fait un gouvernement occidental si des manifestants avaient tiré à balles réelles sur ses forces de l’ordre? On se souvient que l’autoritaire M. Valls aura quand même fait jeter en prison des petits jeunes de la Manif pour tous ou de Jour de Colère pour un simple jet de canette !

    4) Dans cette situation dramatique, l’Union européenne et les États-Unis portent une très lourde responsabilité. Ils ont encouragé la rébellion qui a débouché sur la violence ; ils ont cautionné un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu.

    5) La trame de fond de cette affaire, ne l’oublions pas, est, premièrement l’affrontement entre les États-Unis et la Russie, les premiers voulant otaniser l’Ukraine, les seconds voulant y conserver leur influence stratégique.

    C’est, deuxièmement, un affrontement historique entre l’Allemagne qui a toujours voulu contrôler (Hitler) l’ouest de l’Ukraine (ce qui explique les néo-nazis de Svoboda) et la Russie qui tente de refouler cette influence (ce qui explique les slogans anti-nazis des ouvriers de Donetsk).

    6) L’affaire ukrainienne, après la Syrie, la Libye et tant d’autres depuis 1990, apporte la démonstration que l’antifascisme et l’antisémitisme sont une posture pour les partis dominants en France et non un combat réel, posture qui ne vise qu’à diaboliser les forces politiques réellement alternatives. Ce n’est en effet pas une conviction puisque, au nom de l’Union européenne, ces partis inféodés aux oligarchies pro-américaines ont soutenu les néo-nazis ségrégationnistes et antisémites de Svoboda, le fer de lance du coup de force contre le gouvernement légal d’Ukraine.

    Une fois de plus, l’Union européenne prouve qu’elle n’est rien devant les tendances lourdes de l’Histoire et les enjeux de puissance. Sa rhétorique sur la démocratie et les droits de l’Homme est instrumentalisée. Les gesticulations bellicistes de BHL en sont l’illustration pathétique.

    L’Ukraine face au réel

    L’opposition est divisée : que peut-il y avoir de commun en effet entre Ioulia Timochenko et les néo-nazis de Svoboda ?

    Les différents clans d’opposants vont devoir faire face à la réalité économique et géopolitique :

    - banqueroute de Naftogaz, la compagnie gazière

    - plus de service public, fonctionnaires non payés, caisses vides. L’UE ne donnera pas suffisamment. Donc Iatsenouk va devoir aller mendier l’argent russe et on imagine comment il sera accueilli.

    - chaos dans l’Ouest de l’Ukraine où des bandes ont pris le contrôle.

    - qui fera partir les extrémistes qui tiennent Maïdan ?

    Le retour à la Constitution de 2004 n’arrangera rien. Bien au contraire. Leonid Kuchma sentant le vent tourner en sa défaveur pendant la Révolution orange, avait imaginé une constitution perverse qui diluait tout les pouvoirs si bien que personne ne dirigeait vraiment l’Ukraine.

    Revenir à cette Constitution sera une catastrophe quand on connaît la fragilité géopolitique intérieure de l’Ukraine et ses difficultés économiques. Selon Standard&Poors, l’Ukraine fera défaut sur sa dette (elle doit rembourser 13 milliards de dollars cette année) si la Russie arrête son aide, ce qui est désormais probable.

    Que peut-on souhaiter ?

    Pour ramener la paix, il ne reste qu’une solution viable. Diviser l’Ukraine en deux États. Une Ukraine de l’Ouest tournée vers l’Allemagne, la Pologne et donc l’Union européenne. Ce sera l’Ukraine pauvre, nous serons perdants, sauf les Allemands qui vont y trouver une main d’œuvre à bas coût pour continuer à maintenir leur avantage compétitif sur nous.

    Une Ukraine de l’Est, indépendante ou rattachée à la Russie (après tout les habitants y sont russes) avec la Crimée bien sûr, éminemment stratégique pour Moscou.

    Conclusion

    Nous ne sommes qu’au début du chaos ukrainien et l’Union européenne porte une très lourde responsabilité. Manipulée par les États-Unis, l’Union a voulu exclure la Russie, acteur essentiel dans la zone, du règlement. Rappelons qu’après le Sommet de Vilnius de novembre 2013, le Kremlin a proposé de régler la question de l’Ukraine lors d’une conférence qui aurait rassemblé les Ukrainiens, les Russes et les Occidentaux.

    La crise ukrainienne est donc une nouvelle preuve de l’échec de l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas un facteur de paix, elle est un facteur de guerre.

    Aymeric Chauprade

    http://fr.novopress.info/157604/lue-soutenu-putsch-contre-gouvernement-democratiquement-elu-aymeric-chauprade/#more-157604

  • Ukraine, un point en bref

    bullet Le président déchu Viktor Ianoukovitch reste introuvable. Il aurait déjà tenté en vain de s’envoler vers la Russie, et l’on suppose qu’il se cache dans une région russophone  de l’Est ou du Sud de l’Ukraine (il a été vu pour la dernière fois en Crimée). Le nouveau ministère de l’Intérieur a émis un mandat d’arrêt à son encontre – il est donc théoriquement recherché – pour « meurtre de masse ».

    bullet Probablement occupée par les Jeux Olympiques, Moscou semble avoir été prise de court par l’accélération des événements et par la fuite du président. « Sonnée, la Russie prend acte de l’impensable. En témoigne le ton des présentateurs des principales chaînes de télévision, sous contrôle de l’État: après avoir vilipendé à longueur d’antenne les «nazis» du Maïdan, les voici à court d’arguments. Bafouilles et hésitations se multiplient, signe que la ligne éditoriale n’est pas fixée. »  (source)

    bullet L’ancien premier ministre et rivale de Ianoukovitch, Ioulia Timoshenko, une oligarque libérale réputée pro-Occident, est hélas en bonne position pour prendre sa suite. Un choix dont s’accommoderait bien le Kremlin ! Eh oui ! En 2009, quand il a fallu renégocier les contrats gaziers, elle s’est très bien entendue avec Vladimir Pou­tine. « Timochenko convient aussi bien à Vladimir Poutine qu’à l’Union européenne. Récemment, Poutine a redit publiquement qu’il avait très bien travaillé avec le gouvernement Timochenko. Dans son langage, cela signifie qu’il est prêt à recommencer si elle donne des garanties », assure Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Échos de Moscou.

     bullet Côté nationaliste, Oleg Tyagnibok, président du parti nationaliste Svoboda, espère récolter les fruits de la mobilisation de son parti – élément essentiel de la contestation de ces derniers mois – lors des prochaines élections, qu’il envisage dans le cadre d’une coalition électorale large.
    Les activistes nationalistes de « Secteur droit », s’ils n’entendent pour l’heure pas participer aux élections, souhaitent que la révolution continue.

    bullet Des statues de Lénine ont été (enfin !) abattues à travers le pays, de même que des locaux du Parti communiste ukrainien ont été attaqués ; la lutte contre le régime de Ianoukovitch étant aussi envisagée comme un combat contre le soviétisme…

    http://www.contre-info.com/

  • Le « néo-komintern », tribune libre de Xavier Moreau

     

    “Les ennemis  [de ce « néo-komintern »] sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine, issue des rapports Kinsey.”

     

    À la suite de la révolution bolchévique, les communistes soviétiques décident en 1919 de la création d’une troisième internationale ouvrière, qui vise à coordonner les actions des partis communistes dans le monde en général et en Europe en particulier. C’est cette structure qui, au moyen d’agents plus brillants les uns que les autres, favorisera le socialisme et le pacifisme en Europe, tout en recrutant les volontaires des brigades internationales pour l’Espagne. Ses agents d’influence se répandent en Europe et aux États-Unis et obtiennent l’adhésion de l’intelligentsia européenne au stalinisme (nous recommandons la lecture de « La fin de l’innocence » de Stephen Koch à ce sujet).

     

    Les plus connus de ces personnalités sont Otto Katz et Willy Münzenberg. C’est ce dernier qui organisa avec brio la manipulation de l’opinion publique française. C’est aussi lui qui définit les principes de l’ « agit-prop » : suprématie de l’émotion contre la raison, égalité du mensonge et de la vérité en communication, rejet du débat d’idées au profit du terrorisme intellectuel. Désormais, celui qui est contre le bolchévisme et Staline serait un fasciste.

     

     

     

    La propagande anti-russe d’aujourd’hui fonctionne sur les mêmes principes. Pas de débat, il suffit de regarder une émission sur la Russie sur les chaines de télévision françaises, « C dans l’air » en est l’exemple le plus frappant. Terrorisme intellectuel, ne pas dire du mal de Vladimir Poutine vous ferait passer pour « fasciste ». Mensonge de masse et indifférenciation entre le mensonge de la vérité, enfin et surtout émotivité, incarné par un Bernard-Henri Lévy pleurnichant sur Canal+, sans personne pour lui apporter la contradiction. Pour illustrer ces principes de propagande, il faut absolument regarder la vidéo du séminaire anti-Poutine du 16 février 2014 sur le site « La Règle du jeu », tout y est, à commencer par le mensonge de masse.

     

    Bernard-Henri Lévy n’a d’ailleurs pas vu de « fascistes ou d’antisémites » à Kiev. Il est vrai qu’au moment où il s’exprimait sur la tribune, il n’y en avait pas. Mais où est donc passé le membre le plus déterminé du trio infernal, Oleg Tiagnibok ? La question qui nous vient à l’esprit, est de savoir si le leader fasciste a refusé de poser avec un représentant d’une communauté que son électorat hait, ou si BHL a jugé de mauvais goût de s’afficher avec l’héritier de Stepan Bandera. BHL a donc eu droit à l’insignifiant Iatseniouk et à l’inénarrable, Klitschko, dont les saillies oratoires en ont fait désormais le « Jean-Claude Van Damme » de la politique ukrainienne [lien à 01 :53].

     

    Notre référence au Komintern n’est pas gratuite. C’est là que se trouve l’explication du soutien de BHL aux milices fascistes, malgré ses origines. « Le petit télégraphiste » s’efforce d’accomplir pour l’administration américaine ce qu’Otto Katz a accompli pour l’URSS au moment du pacte germano-soviétique. Il soutiendra n’importe quelle alliance avec les idiots utiles des milices néo-nazies ukrainiennes, pourvu que triomphe l’idéologie américaine et que la Russie soit défaite. L’écrivain Arthur Koestler avait rompu avec le stalinisme au moment du pacte germano-soviétique, mais il n’y a pas de « Koestler » au sein du « néo-komintern », ni par le talent, ni par le courage. Il y a en revanche beaucoup de « Katz » et s’attaquer à eux est dangereux lorsqu’on est du « milieu » intellectuel. Au moment du Kosovo, il n’y eu guère qu’Elisabeth Levy et Régis Debray pour tenter de rétablir la vérité, ou, au moins, de nuancer la propagande anti-serbe.

     

    Pour BHL ou pour Médiapart, qui appelle en renfort un aréopage d’intellectuels ukrainiens américanophiles (nous n’allons pas vérifier les noms de ces illustres inconnus mais nous constatons d’emblée que sur 41 signataires, 19 sont basés aux États-Unis où dans leurs « dominions »), le recul de la Russie vaut bien une alliance avec des milices néo-nazies et un parti fasciste. Nous ne sommes pas étonnés de les voir soutenir « les héros de Maïdan » (et la fraternité blanche ?) au côté de l’extrême droite française. Les ennemis sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine, issue des rapports Kinsey. La renaissance des Églises orthodoxe et catholique en Europe, leur réconciliation inéluctable, le rejet consécutif du modèle libertaire américain, c’est ce qui justifie le soutien atlantiste aux fascistes ukrainiens. C’est aussi et enfin un avertissement des États-Unis vis-à-vis des nations européennes, sur ce qu’ils sont capables de faire et d’organiser en cas de velléité d’indépendance. Le sort de l’Europe ne se joue pas à Maïdan, en revanche une bataille pour la liberté et la souveraineté des peuples européens se déroule bien en Ukraine.

     

    Xavier Moreau

    Source : Realpolitik.tv.

    http://fr.novopress.info/157423/le-neo-komintern-tribune-libre-de-xavier-moreau/#more-157423

  • Le conflit en Ukraine : moralisme et réalité

    Nous avons publié sur cet site jeudi 20 février un appel de Myroslav Marynovych, vice-recteur de l'université catholique d'Ukraine, à propos des événements se déroulant dans son pays. Xavier Moreau, géo-politicien, spécialiste de la Russie et collaborateur du site Realpolitik.tv, apporte ici en réponse une autre vision. On pourra trouver ses autres analyses sur le sujet sur Realpolitik.tv, le site de géopolitique créé par Aymeric Chauprade.

    Nous avons beaucoup écrit sur l’Ukraine, en essayant d’expliquer l’enjeu géopolitique qu’elle représente pour les États-Unis, la Pologne, l’Allemagne et la Russie. Le conflit qui secoue le pays n’est pas une lutte des gentils manifestants contre les méchants policiers. Nous pourrions, pour répondre du berger à la bergère à Myroslav Marynovych, donner les liens internet où l’on voit les policiers ukrainiens torturés, assassinés, brulés vifs…  mais se jeter les morts et les blessés à la figure ne ferait pas avancer ce débat. Nous nous contenterons donc, de rappeler à Myroslav Marynovych quelques règles de base de la démocratie française, qui pourraient inspirer ses partisans :

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