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géopolitique - Page 760

  • Entretien avec Alexandre Douguine sur l'Ukraine (commenté par Pascal Lassalle)

    Ukraine : « Unis par la haine »
    Version française corrigée d’un entretien donné par Alexandre Douguine au journaliste allemand Manuel Ochsenreiter,  (première mise en ligne,  le 29 janvier 2014).
    (http://manuelochsenreiter.com/blog/2014/1/29/united-by-hatred)
    Commentaires critiques de Pascal Lassalle rédigés le 18 février 2014 (NB: les commentaires de Pascal Lassalle apparaissent en italique). Pascal Lassalle est historien et conférencier. Il anime un Libre-Journal sur Radio Courtoisie et est animateur du Cercle Georges Sorel, affilié au MAS.
    Manuel Ochsenreiter : Professeur Douguine, les médias occidentaux mainstream et les politiciens établis décrivent l’actuelle situation en Ukraine comme un conflit entre, d’un côté, une alliance d’opposants pro-européens, démocrates et libéraux, et de l’autre, un régime autoritaire dirigé par un président-dictateur. Qu’en pensez-vous ?
    Alexandre Douguine : Je connais ces analyses et il est inutile de vous dire que je les considère comme totalement erronées. Il n’est plus possible, aujourd’hui, de diviser le monde comme à l’époque de la Guerre froide. Il n’y a pas, contrairement à ce que beaucoup de médias occidentaux affirment, un « monde démocratique » qui s’oppose à un « monde antidémocratique ».
    Tout à fait d’accord.
    Le monde qui se déploie sous nos yeux, est beaucoup plus complexe, avec des oligarchies transnationales ou non, qui se heurtent sur la vaste scène planétaire. En Ukraine, cette fois-ci, la partie la plus consciente du peuple ukrainien, son avant-garde, s’est levée face à un pouvoir oligarchique kleptocrate, prédateur et corrompu, qui a longtemps oscillé au gré de ses intérêts, entre Bruxelles et Moscou, dans une fragile logique multivectorielle, établie depuis la fin des années 90.
    La signature des accords avec Moscou mi-décembre 2013, a signifié la fin de cette politique de bascule aux yeux de nombre d’Ukrainiens.
    Si l’on en croit les médias mainstream, votre nation, la Russie, est un des principaux pays du « monde antidémocratique ». Et la Russie, avec le président Poutine, intervient dans les affaires nationales de l’Ukraine…
    C’est complètement faux. La Russie est une démocratie libérale. Lisez la constitution russe : nous avons un système électoral démocratique, un parlement qui fonctionne, la liberté du commerce. Notre constitution est basée sur des modèles occidentaux. Notre président Vladimir Poutine dirige le pays d’une manière démocratique. Nous ne sommes pas une monarchie, nous ne sommes pas une dictature, nous ne sommes pas un régime soviétique communiste.
    « Démocratie libérale ? ». Alexandre Douguine croit-il vraiment ce qu’il écrit ? Allons donc ! La « démocratie souveraine », consolidée par Vladimir Poutine au cours de ses mandats, n’est que l’ultime avatar d’une tradition bien russe, en vigueur depuis le tsar Ivan III au moins, celle d’un régime autocratique patrimonial, porté par un messianisme orthodoxe et impérial, une « korpocratura  plébiscitaire », pour reprendre la lumineuse expression de l’universitaire français Jean-Robert Raviot. Une forme de pouvoir indiscutablement (néo-)eurasiste, mais bien étrangère à la tradition politique européenne (« romano-germanique » selon la terminologie eurasiste).
    Les hommes politiques occidentaux affirment que Poutine est un dictateur.
    Ils se basent sur quoi ?
    Le terme de « dictateur » est effectivement totalement inadapté pour définir la nature du pouvoir exercé par Vladimir Vladimirovitch Poutine.
    À cause de ses lois sur l’homosexualité, de son soutien à la Syrie, des poursuites contre Mikhail Khodorkovski et les Pussy Riot…
    Ils le dénoncent comme un dictateur parce qu’ils n’aiment pas la mentalité russe. Chacun des points que vous avez mentionné est totalement légitime d’un point de vue démocratique et n’est nullement une marque d’autoritarisme.
    Il faudrait quand même admettre que la Russie, dont on peut ne pas aimer la politique, est un pays dirigé de manière libérale et démocratique. Le Président Vladimir Poutine accepte les règles démocratiques de notre système et il les respecte. Il n’a jamais violé la moindre loi. De ce fait, la Russie appartient au camp libéral démocratique et la grille de lecture de la Guerre froide n’est pas opérante pour expliquer la crise ukrainienne.
    « Manière libérale et démocratique » ?
    Nous ne discuterons pas des réalités d’un pouvoir fort, d’un état dysfonctionnel, d’une « dictature de la loi » purement formelle et à géométrie variable au gré du bon vouloir des gouvernants, du plus petit fonctionnaire au maître du Kremlin, cela nous entraînerait bien loin et dépasserait le cadre étroit de ces commentaires.
    Comment peut-on décrire ce conflit violent et sanglant ?
    Il faut en faire une analyse géopolitique et civilisationnelle. Et nous devons prendre en compte les faits historiques, même quand ils sont contraires aux idées en vogue !
    Je n’aurais pas dit mieux !
    Que voulez-vous dire ?
    Que l’Ukraine est un État qui n’a jamais existé dans l’histoire. C’est une entité qui a été créée récemment et qui se compose au moins de deux parties complètement différentes tant par leur identité que par leur culture. Il y a une Ukraine de l’Ouest qui participe de l’identité de l’Europe orientale. Les Ukrainiens occidentaux se considèrent en grande partie comme des Européens et leur identité est basée sur le rejet total du panslavisme et de la Russie. Les Russes sont considérés comme les ennemis absolus. On peut dire qu’ils haïssent les Russes, la culture russe et la politique russe. Cette haine est une composante importante de leur identité.
    Vision partielle et partiale, voire erronée, schématique et caricaturale. L’Ukraine fait partie de ces pays d’Europe, comme la Croatie ou la Slovaquie, qui ont vu leur construction étatique contrariée à cause des appétits impérialistes de puissants voisins (Pologne et Moscovie/Russie/URSS) ou de choix géopolitiques funestes. Des tentatives étatiques ukrainiennes ont donc bien existé. En décrivant d’une manière binaire, les fractures actuelles qui divisent le peuple ukrainien, Alexandre Douguine simplifie une réalité beaucoup plus complexe. Il se garde bien de préciser que cette traditionnelle division ouest/est, souvent exagérée, de l’ethnos ukrainien, ne correspond pas à une donnée civilisationnelle « naturelle », mais s’avère la conséquence d’une longue et récurrente politique de russification et de lutte contre tout ce qui pouvait incarner une identité distincte de celle porté par le pouvoir tsariste ou soviétique (à partir de Staline). Cette « haine » essentialisée et presque métaphysique que vous signalez n’est pas tombée du ciel, mais constitue la conséquences de politiques et de postures auxquelles les pouvoirs russes, quels qu’ils soient, rivés sur des schémas historiographiques et des représentations impérialistes, ont le plus grand mal à renoncer, pérennisant ainsi un contentieux qui ne peut que profiter aux forces occidentales et atlantiste.
    En tant que Russe, cela ne vous inquiète pas ?
    Pas du tout ! Il s’agit de leur identité. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils veulent nous faire la guerre, juste qu’ils ne nous aiment pas. Nous devons respecter cela. Les Américains sont haïs par de nombreux peuples et ils l’acceptent bien. Que les Ukrainien occidentaux nous haïssent n’est pas une bonne ou une mauvaise chose. C’est juste un fait qu’il faut simplement accepter. Tout le monde n’est pas obligé de nous aimer !
    Les Ukrainiens occidentaux pourraient revoir leurs sentiments à l’égard de votre pays si vous acceptiez de vous comporter différemment, dans une perspective « d’égalité et de réconciliation », en reconnaissant leur droit à bâtir une nation  unifiée au lieu de soutenir et de propager des visions séparatistes et clivantes, position qui serait inacceptable pour vous, rapportée à certaines régions de votre grand pays, multiethnique et multiculturel…
    Mais les Ukrainiens orientaux apprécient quant à eux les Russes.
    La majeure partie de ceux qui vivent dans la partie orientale de l’Ukraine partage une identité commune avec le peuple Russe – historiquement, civilisationnellement et géopolitiquement. L’Ukraine orientale est une terre russe et eurasienne. En réalité, il existe deux Ukraine. Nous voyons cela très clairement lors des élections. La population est partagée sur toutes les questions politiques importantes. Et quand elles ont trait aux relations avec la Russie, nous constatons à quel point ce problème devient dramatique : une partie de l’Ukraine est absolument pro-Russe, l’autre est rabiquement anti-Russe. Deux sociétés différentes, deux pays différents et deux identités nationales et historiques coexistent dans une seule entité.
    Il y historiquement un seul pays, l’espace géographique où s’est déployé l’ethnos ukrainien (qui dépasse d’ailleurs les frontières politiques actuelles). Une seule identité également, certes fragmentée, mise à mal par des fractures internes pesantes, mais pas insurmontables à moyen et long terme. Je ne parlerai pas des 17% de Russes ethniques, résultant de la politique de « grand remplacement » de Staline qui a remplacé les millions de victimes du génocide par la faim de 1932-33 (le « Holodomor ») par des colons russes.
    Les Ukrainiens « ethniques », de l’Est et du Sud du pays, produits d’une colonisation mentale et linguistique intense, qui les a profondément « dénationalisés » et aliénés par l’intégration de stéréotypes infériorisants, ne peuvent cependant pas être considérés comme partageant une identité civilisationnelle commune avec le peuple russe. Parler les mêmes langues, regarder les mêmes programmes télévisés ou écouter les mêmes tubes chantés par les pin-up de service ne suffit pas à faire un même peuple (dans ce cas, pourquoi ne pas faire des Irlandais, des Anglais comme les autres ?). Les effets de la russification/soviétisation ne sont pas moins désastreux et condamnables que l’occidentalisation mentale, sociologique et même linguistique que subissent nos peuples européens.
    Votre lucidité serait de le reconnaître au lieu de n’appliquer votre ethno-différentialisme qu’aux autres peuples, pour peu qu’ils ne situent pas dans votre « étranger proche ». Cette Ukraine russophone, russifiée et soviétisée est naturellement désireuse d’entretenir de bonnes relations avec sa puissante voisine (liens humains, économiques et culturels). Cela ne signifie pas pour autant qu’ils veuillent rejoindre Moscou dans un nouvel Anschluss, comme en témoignent régulièrement les études menées dans ce sens. Rappelons également que l’on ne parlait pas un mot de russe dans cette partie de l’Ukraine jusqu’au moins le début du XVIIIème siècle et que nombre de patriotes et de nationalistes ukrainiens, jusqu’au XXème siècle, sont nés dans ces régions. La translation vers l’Ouest (La Galicie sous une domination autrichienne plutôt souple) d’une Ukraine nationalement et identitairement consciente ne s’est faite qu’à cause d’une répression politique et culturelle impitoyable sous les tsars Alexandre II et III.
    Ici donc, nous avons encore affaire à des phénomènes pas vraiment « naturels », résultant  plutôt d’une politique ethnocidaire de type coloniale et jacobine menée avec une intégration/assimilation/vampirisation des élites ukrainiennes, de la petite noblesse cosaque aux cadres de l’époque soviétique).
    La question est donc, quelle société domine l’autre ?
    C’est un point fondamental de la politique ukrainienne. Nous avons deux Ukraine et nous n’avons qu’une capitale : Kiev. Mais à Kiev, nous avons les deux identités, cette ville n’est pas plus la capitale de l’Ukraine orientale que de l’Ukraine occidentale. La capitale de l’Ukraine occidentale est L'viv, celle de l’Ukraine orientale est Kharkiv. Kiev est la capitale d’une entité artificielle. Ceci est très important pour comprendre l’actuel conflit.
    Vision simpliste et erronée. Kiev et l’Ukraine centrale sont situées dans un entre-deux identitaire, ayant subi de plein fouet les distorsions évoquées ci-dessus. Cette partie de la population, en particulier ses jeunes générations, penche depuis 1991, d’une manière croissante vers l’idéal de la construction de l’état national (c’est elle qui vote pour les formations politiques nationales-démocrates, comme celle de Yulia Tymochenko). Cela est nettement perceptible au regard des événements de l’EuroMaidan, sans être pour autant nouveau. Le reste de la population d’Ukraine centrale a commencé à abandonner ses comportements traditionnels d’apathie et d’indifférence politique pour prendre son destin en main, en tant que communauté du peuple consciente.
    Les médias occidentaux ainsi que les « nationalistes » ukrainiens ne seront pas d’accord avec votre description de l’Ukraine comme un État « artificiel ».
    Les faits sont clairs. La création de l’État d’Ukraine au sein de ses frontières actuelles, n’est pas le résultat d’une évolution historique, mais d’une décision bureaucratique et administrative de l’Union soviétique. La République socialiste soviétique ukrainienne fut une des quinze républiques constituant l’URSS de sa création en 1922 à sa chute en 1991. Cependant, durant ces soixante-douze années d’histoire, les frontières de la République d’Ukraine furent modifiées à de nombreuses reprises, principalement quand une part conséquente de l’Ukraine occidentale fut annexée par l’Armée rouge en 1939 et lorsque la Crimée lui fut rattachée en 1954.
    Non, les faits ne sont aussi « clairs » que vous l’affirmez.
    L’ethnos ukrainien a préexisté à la construction difficile ou trop brève de son état national et souverain. Les frontières actuelles sont le résultat des calculs cyniques de Staline qui a utilisé les réalités ethniques (réunion des populations ukrainiennes au sein de la « grande patrie du socialisme ») pour accroître son territoire et légitimer le déplacement des frontières vers l’Ouest (Galicie, Volhynie, Ruthénie subcarpathique, Bukovine du nord). Il a opéré de facto, ce rassemblement des terres ukrainiennes, qui avait été tenté le 22 janvier 1919 avec l’union de la République Populaire Ukrainienne (UNR) et de la République populaire d’Ukraine Occidentale (ZUNR) en un seul état.
    Les Soviétiques, qui ont fait don de la Crimée sous Krouchtchev comme vous le rappelez justement, n’ont pour autant pas opéré de rectifications de frontières avec les terres ethniquement ukrainiennes des régions russes frontalières (Koursk, Rostov sur le Don, ou Krasnodar et le Kouban).
    Quant au terme d’« état artificiel », nous pourrions discuter très longuement de l’« artificialité » de très nombreux pays et pas des moindres, dont celle d’une Fédération de Russie, qui n’a pas fini de se débattre dans des problématiques identitaires loin d’être résolues, en dépit d’une doxa officielle rassurante.
    Certains hommes politiques et analystes estiment que la solution la plus simple serait la partition de l’Ukraine en deux États.
    Ce n’est pas aussi facile que cela semble à cause du problème des minorités nationales. Nombre de ceux qui vivent en Ukraine occidentale se considèrent comme des Russes. Nombre de ceux qui vivent en Ukraine orientale se considèrent comme des Ukrainiens uniquement. Une simple partition du pays ne résoudrait pas le problème mais en créerait de nouveaux. Seule la séparation de la Crimée est envisageable car elle est entièrement peuplée de Russes.
    Concernant les perspectives de partition de l’Ukraine, vous semblez vous être éloigné (réalisme ?) de positions précédentes beaucoup plus tranchées (1). Quant à ceux qui se considèrent comme Russes en Ukraine occidentale, mis à part les petits groupes de Russes ethniques résultant du brassage de l’époque soviétique (familles de fonctionnaires et de militaires notamment), je devine que vous faites allusion à la tendance extrêmement minoritaire (représentée par l’écclésiastique Dmytro Sidor) et potentiellement séparatiste de la population roussyne/ruthène de la région naguère hongroise de Transcarpatie. Celle-ci est considérée en Ukraine comme une variante régionale de l’ethnos titulaire ou comme une ethnie propre dans certains pays voisins qui en hébergent des représentants (Slovaquie et Vojvodine serbe notamment).
    L’immense majorité de la population ukrainienne (Crimée mise à part) ne souhaite pas de partition. Cette perspective menaçante est utilisée à des fins d’intimidation par des partisans du pouvoir actuel (des gouverneurs, comme celui de Kharkiv qui violent allègrement la constitution du pays) et des personnalités russes comme Serguei Glaziev. On parle d’ailleurs le terme de « fédéralisme » ou « fédéralisation », mais les mots n’étant pas les choses, on est loin dans ce cas de thématiques chères à certains de vos amis comme Alain de Benoist ou même à l’auteur de ces lignes. La praxis de cette région du monde depuis la chute de l’URSS nous renvoie plutôt à des logiques séparatistes, comme nous le rappellent les exemples caucasiens. La question de la Crimée et de Sébastopol est délicate et je conviens, sûrement avec vous, que supprimer son statut de République autonome, comme le souhaitent la plupart des nationalistes ukrainiens, pourrait déclencher un processus séparatiste aux conséquences incalculables pour la région.
    Vous oubliez, de plus, les Tatars dans la population de Crimée, traités comme des citoyens de seconde zone et qui ne semblent pas bénéficier de votre mansuétude proclamée, à l’égard du respect imprescriptible du droit des peuples (mais bon, malheur à ceux qui ont choisit à vos yeux, le mauvais camp géopolitique…).
    Terminons également par le cas de certains partis nationalistes dans les pays frontaliers de l’Ukraine qui sont tentés de profiter des troubles pour faire valoir de vieux contentieux ou des revendications territoriales inasouvies. Le Jobbik, dont vous avez rencontré le leader Gabor Vona en mai 2013 à Moscou, n’exclue pas l’intégration de son pays à l’Union eurasienne chère à Poutine. Toujours nostalgiques d’une Grande Hongrie d’avant le traité de Trianon de 1920 (perte de 28% de son territoire), ils ont fait une déclaration publiée le 4 février dernier selon laquelle ils appelaient le gouvernement hongrois à profiter de la situation incertaine en Ukraine et d’une « opportunité historique » pour « résoudre la situation des Hongrois en Transcarpathie ».
    Pourquoi l’Union européenne souhaite-t-elle tant intégrer tous ces problèmes dans sa sphère d’influence ?
    L’Union européenne n’y a aucun intérêt. Ce sont les États-Unis qui y ont intérêt. On assiste actuellement à une campagne politique contre la Russie. L’invitation faite par Bruxelles à l’Ukraine de rejoindre l’UE a immédiatement entraîné un conflit entre l’UE et Moscou et un conflit interne en Ukraine. Cela n’a rien de surprenant pour qui connaît la société ukrainienne et son histoire.
    Le conflit interne concernant l’UE a pourtant été initialement limité, dans la mesure où cette perspective initialement voulue par Ianoukovytch et les oligarques qui le soutiennent, a suscité dans l’Ukraine de l’Est et du Sud, au mieux une relative adhésion, bien que moins marquée que dans le reste du pays, au pire une certaine apathie ou indifférence comme c’est usuellement le cas sur de tels positionnements.
    C’est ensuite que le pouvoir et ses relais, soutenu par Moscou, ont lancé l’offensive, fin janvier, avec l’activation, à l’initiative de l’aile dure du Parti des régions et des communistes, d’un grotesque « Front ukrainien » pour lutter contre « l’envahisseur fasciste » (sic), reprenant l’imagerie de la Grande Guerre patriotique, y compris le fameux ruban de Saint-Georges, au cours d’un congrès réunissant 6000 délégués dans un gymnase de Kharkiv.
    Une démarche qui a peu d’assise populaire dans des régions qui constituent pourtant le bastion électoral traditionnel de l’actuel président.

    À suivre

  • L'Ukraine à la Une du Monde

    140219Le quotidien "Le Monde", sans doute pour rappeler son existence à ses anciens abonnés, leur adresse chaque matin, un courriel résumant les principales nouvelles du jour.

    Ce mercredi 19 février 2014 à 8 h 46, on mettait en évidence 6 nouveaux articles, lesquels soulignaient le caractère dramatique des événements qui se déroulent en ce moment au cœur de l'Europe médiane.

    "À Kiev, titre-t-il en effet, du sang, des cendres et la crainte d'un assaut final." Un tel dernier adjectif semble quelque peu trompeur tant il se révèle difficile d'arrêter la marche tragique de l'Histoire des hommes en quête de liberté.

    Celle-ci dépasse certes le cadre de notre cher et Vieux Continent. Une autre information du même journal nous rappelle ce qui se passe au Venezuela. Le raid des forces de la répression néo-communiste, l'infâme SEBIN "bolivarien" contre le siège du parti d'opposition, qui vient d'être déclenché à Caracas, mérite au moins autant de préoccupation citoyenne dans notre pays que les pacifiques compétitions de Sotchi, cette bonne vieille résidence stalinienne. (1)⇓

    Désolé, en effet, mais là où Moscou ose accuser "les Occidentaux", là où certains intervenants commentateurs du site internet du "Monde" prétendent encore voir, ou s'époumonent à dénoncer la main des "fascistes", des "nazis" et autres affreux "nationalistes", – car dans la logomachie post-soviétique de tels vocables fonctionnent comme autant de synonymestoute personne sensée constate exactement le contraire.

    De richissimes, grossiers et stériles kleptocrates, Maduro comme Janoukovitch, héritiers des services spéciaux soviétiques, s'emploient toujours à opprimer les aspirations des peuples. Et ils utilisent, aujourd'hui encore, à Kiev comme à Caracas les mêmes recettes sanglantes et les mêmes réseaux de désinformation.

    Ce matin donc, les forces de répression prenaient position autour du centre de la capitale ukrainienne. Elles s'employaient à encercler les opposants encore sur place. Le nombre des morts augmente d'heure en heure.

    Un aspect plus grave encore était prouvé à nouveau par des vidéos amateurs. On ne peut pas parler de "civils tirant sur des civils" mais de tirs venant des "titouchkis", c'est-à-dire des voyous payés par le pouvoir. Là aussi le parallèle se révèle éclatant avec ce qui se passe à Caracas, où le régime "chaviste" se sert de l'appui des Cubains.

    Un reportage du "Monde" nous mène également "de l'autre côté des barricades au sein des terribles Berkout". Cette force spéciale aux ordres du ministère de l'intérieur est responsable des pires exactions commises à l'encontre des manifestants. (2)⇓

    On doit également se féliciter aussi de ce que "Le Monde" déjoue un autre aspect de la manipulation. Dressant le portrait de "Daniel, jeune père et prêt à prendre les armes" il qualifie ce militant ukrainien de "libéral de gauche". On ne doit pas douter pas d'ailleurs qu'aux côtés de cet homme on trouverait et on trouvera aussi d'excellents "patriotes de droite."

    Et, à juste titre, le journal souligne qu'à sa manière "il incarne la contestation ukrainienne, débutée pacifiquement et devenue depuis une lutte en partie violente contre un pouvoir déterminé à ne rien céder."

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/2014/02/lukraine-a-la-une-du-monde.html
    Apostilles
    1 - cf. le 11 février, chronique des événements courants "Vacances staliniennes à Sotchi".
    2 - cf. quelques images parlantes sur le site de "Die Welt".
  • Le cercle Dextra Versailles reçoit Aymeric Chauprade

    La section versaillaise de Dextra (pour plus d’information sur ce cercle de formation politique, voir l’article de nos camarades de Nouvel Arbitre) recevait mercredi dernier le géopolitologue Aymeric Chauprade.
    Venu présenter la dernière édition de sa Chronique du Choc des civilisations, celui qui fut professeur de géopolitique à l’Ecole de Guerre pendant près de dix ans reçut un accueil nombreux et chaleureux au bar le « Franco-Belge ».
    Les relations internationales ? Il les explique par le conflit saisissant surtout deux grilles de lecture du monde : la volonté américaine d’un monde unipolaire face aux réalités et velléités d’autres puissances d’entériner un monde multipolaire. Pendant près d’1h30, Aymeric Chauprade offre à son auditoire son analyse de l’actualité politique (conflit ukrainien, OTAN, place de la France…) et métapolitique : autonomie et identité semblent être les deux maîtres mots de la « pensée » chaupradienne pour comprendre les relations internationales. Deux notions qui s’inscrivent parfaitement dans la doctrine politique de Dextra.
    Rencontre avec Pierre-Louis, responsable de la section versaillaise de Dextra 
    1/ Pierre-Louis, cette conférence d’Aymeric Chauprade a attiré beaucoup de monde… Pourquoi choisir de faire venir Aymeric Chauprade ?
    Oui, c’est une réussite, merci surtout à Aymeric Chauprade. C’est un géopolitologue très renommé donc il a forcément des choses intéressantes à nous dire. Il a une vision assez originale, avec une grille de lecture qui s’appuie particulièrement sur l’identité des peuples et sur l’indépendance des nations donc cela rentre tout à fait dans notre ligne. Nous sommes là pour défendre la nation française donc évidemment l’identité française.
    2/ Que retenez-vous de cette conférence ? 
    Je relèverai deux points. Tout d’abord, le constat fait sur l’état du monde entre unipolarité (prôné par les USA et dont l’UE fait partie) et la multipolarité qu’on observe dans les faits. Ensuite, un aspect plus prospectif et assez encourageant du rôle prépondérant de la nation, que la nation devra jouer. L’avenir est clairement à la souveraineté nationale. Si la nation est aujourd’hui endormie, elle est appelée à prendre une place de plus en plus importante
    3/ Comment êtes-vous entré en contact avec Aymeric Chauprade ? Pourquoi ne pas avoir évoqué avec lui son engagement au sein du RBM dans le cadre des prochaines élections européennes ?
    C’est lui qui nous a contactés. Notre ligne l’a intéressé et il voulait venir parler chez nous. Ceci dit, c’est le géopolitologue que nous avons invité. Nous n’avons pas dissimulé son engagement politique, mais ce n’était pas le thème de la conférence d’aujourd’hui.
    4/ Parlons de Dextra, particulièrement de la section versaillaise qui est assez récente. Pourquoi une section à Versailles et pourquoi maintenant ?
    La section de Versailles a été montée l’année dernière pour répondre à une demande et s’adresser à toutes les personnes qui habitent à Versailles et dans les Yvelines qui n’ont pas forcément la possibilité de se déplacer sur Paris pour les conférences hebdomadaires de la section parisienne (tous les vendredis ndlr). On a donc une conférence par mois. Le but, c’est de continuer la formation politique, faire en sorte que ceux qui assistent à nos conférences en sortent mieux avertis de la situation de la France et de celle du monde et arrivent à réfléchir, au-delà de ce que nous servent les media de masse.
    5/ Quelle est votre ligne politique ? Qu’est-ce qui vous différencie d’autres mouvements de la « galaxie identitaire » comme Génération identitaire par exemple ?
    Les deux grands axes de notre doctrine sont autonomie et enracinement : autonomie, d’abord de la nation et également de tous les corps intermédiaires. Ce terme exprime notre volonté de promouvoir le principe de subsidiarité et la liberté des corps intermédiaires. Pour ce qui est de l’enracinement, on ne peut aller de l’avant que si l’on sait d’où on vient et qui on est. Nous sommes français mais nous faisons aussi partie d’une province ou d’une région.
    Je pense que la spécificité de Dextra vient d’abord de l’insistance sur la formation intellectuelle. On a un mode d’action atypique puisqu’on cherche d’abord à former les gens, à leur offrir des connaissances et aiguiser leur esprit critique.
    Moi-même, je me suis engagé à Dextra pour avoir les armes qui permettent de penser le monde et d’agir en politique, pour faire ma part du travail dans le relèvement de la France.
    6/ Dextra existe depuis quelques années maintenant. Comment expliquez-vous que ce mouvement ne dispose que d’une visibilité relativement faible aux yeux du grand public ?
    Dextra c’est d’abord un cercle de formation politique, on n’a pas forcément vocation à s’afficher ou « sortir dans la rue avec des banderoles ». On a aussi une action de terrain mais on sait qu’elle sera plus efficace politiquement sans nécessairement afficher la bannière « Dextra ». 
    Plus d’informations sur Dextra sur leur site officiel. Retrouvez également la page facebook de la section versaillaise

    La table ronde

    http://www.oragesdacier.info/2014/02/le-cercle-dextra-versailles-recoit.html

  • GMT : comment les USA vont continuer de dépecer l’Europe…

    Entretien avec Alain de Benoist
    Alors que François Hollande vient tout juste d’annoncer, depuis les États-Unis, une accélération des négociations concernant le Grand marché transatlantique (GMT), Alain de Benoist revient pour Boulevard Voltaire sur les conséquences dramatiques d’un tel Traité…
    Le GMT, gigantesque zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, est le grand projet du moment. Mais les médias n’en parlent que fort peu. Pourquoi ?
    Parce que l’opinion est tenue à l’écart, et que les négociations se déroulent à huis-clos. C’est pourtant une affaire énorme. Il s’agit en effet de mettre en place, en procédant à une déréglementation généralisée, une immense zone de libre-échange, correspondant à un marché de plus de 800 millions de consommateurs, à la moitié du PIB mondial et à 40 % des échanges mondiaux. Le projet porte le nom de « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissements ». S’ajoutant au « Partenariat transpacifique » également lancé en 2011 par les États-Unis, il vise à créer la plus grande zone de libre-échange du monde grâce à une vaste union économique et commerciale préludant à une « nouvelle gouvernance » commune aux deux continents.
    En créant une sorte d’OTAN économique, l’objectif des Américains est d’enlever aux autres nations la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice de multinationales largement contrôlées par leurs élites financières. Parallèlement, ils veulent contenir la montée en puissance de la Chine, aujourd’hui devenue la première puissance exportatrice mondiale. La création d’un grand marché transatlantique leur offrirait un partenaire stratégique susceptible de faire tomber les dernières places fortes industrielles européennes. Elle permettrait de démanteler l’Union européenne au profit d’une union économique intercontinentale, c’est-à-dire d’arrimer définitivement l’Europe à un grand ensemble « océanique » la coupant de sa partie orientale et de tout lien avec la Russie.
    Ces négociations se font à haut niveau, sans que les gouvernements concernés aient leur mot à dire. Nouvelle défaite du personnel politique ?
    La « libéralisation » totale des échanges commerciaux est un vieil objectif des milieux financiers et libéraux. Le projet de grand marché transatlantique a discrètement mûri pendant plus de vingt ans dans les coulisses du pouvoir, tant à Washington qu’à Bruxelles. Les premières négociations officielles se sont ouvertes le 8 juillet 2013. Les deuxième et troisième rounds de discussion ont eu lieu en novembre et décembre derniers. Une nouvelle réunion est prévue à Bruxelles en mars prochain. Les partenaires espèrent parvenir à un accord d’ici 2015. Les gouvernements européens ne sont pas partie prenante aux discussions, qui sont exclusivement menées par les institutions européennes. Les multinationales y sont en revanche étroitement associées.
    Sachant qu’à l’heure actuelle, quelque 2,7 milliards de biens et de services s’échangent déjà tous les jours entre l’Europe et les États-Unis, la suppression des derniers droits de douane va-t-elle vraiment changer quelque chose ?
    La suppression des droits de douane n’aura pas d’effets macro-économiques sérieux, sauf dans le domaine du textile et le secteur agricole. Beaucoup plus importante est l’élimination programmée de ce qu’on appelle les « barrières non tarifaires » (BNT), c’est-à-dire l’ensemble des règles que les négociateurs veulent faire disparaître parce qu’elles constituent autant« d’entraves à la liberté du commerce » : normes de production sociales, salariales, environnementales, sanitaires, financières, économiques, politiques, etc. L’objectif étant de s’aligner sur le « plus haut niveau de libéralisation existant », « l’harmonisation » se fera par l’alignement des normes européennes sur les normes américaines.
    Dans le domaine agricole, par exemple, la suppression des BNT devrait entraîner l’arrivée massive sur le marché européen des produits à bas coûts de l’agrobusiness américain : bœuf aux hormones, carcasses de viande aspergées à l’acide lactique, volailles lavées à la chlorine, OGM (organismes génétiquement modifiés), animaux nourris avec des farines animales, produits comportant des pesticides dont l’utilisation est aujourd’hui interdite, additifs toxiques, etc. En matière environnementale, la réglementation encadrant l’industrie agro-alimentaire serait démantelée. En matière sociale, ce sont toutes les protections liées au droit du travail qui pourraient être remises en cause. Les marchés publics seront ouverts « à tous les niveaux », etc.
    Il y a plus grave encore. L’un des dossiers les plus explosifs de la négociation concerne la mise en place d’un mécanisme d’« arbitrage des différends » entre États et investisseurs privés. Ce mécanisme dit de« protection des investissements » doit permettre aux entreprises multinationales et aux sociétés privées de traîner devant un tribunal ad hoc les États ou les collectivités territoriales qui feraient évoluer leur législation dans un sens jugé nuisible à leurs intérêts ou de nature à restreindre leurs bénéfices, c’est-à-dire chaque fois que leurs politiques d’investissement seraient mises en causes par les politiques publiques, afin d’obtenir des dommages et intérêts. Le différend serait arbitré de façon discrétionnaire par des juges ou des experts privés, en dehors des juridictions publiques nationales ou régionales. Le montant des dommages et intérêts serait potentiellement illimité, et le jugement rendu ne serait susceptible d’aucun appel. Un mécanisme de ce type a déjà été intégré à l’accord commercial que l’Europe a récemment négocié avec le Canada.
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier., Le 13 février 2014
    Source : Boulevard Voltaire
    http://www.polemia.com/gmt-comment-les-usa-vont-continuer-de-depecer-leurope/

  • Traité transatlantique : une affaire aussi de géopolitique

    C’est en Septembre dernier que la fondation Respublica organisait un colloque sur le projet de marché transatlantique, colloque auquel participaient autour de Jean-Pierre Chevènement, maître de cérémonie, Hubert Védrine, Xavier Bertrand, le journaliste Jean-Michel Quatrepoint et l’économiste Jean-Luc Gréau.

    Le traité transatlantique ? Une vraie question de géopolitqiue dont il faudrait sans doute parler.

    ***

    S’il aboutit, le traité de libre-échange en cours de négociation depuis Juin dernier entre les Etats-Unis et l’Union Européenne aura des conséquences géopolitiques considérables. Raison de plus de ne pas en parler, apparemment !

    « La classe politique ne s’exprime pas sur ce sujet ! La classe médiatique non plus ! », s’exclamait Xavier Bertrand (UMP), invité le 16 Septembre dernier par le Président de la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement, à s’exprimer sur ce projet de traité aux côtés d’Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires Etrangères. [...]

    Pascale Fournier - La suite sur Mediapart

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Traite-transatlantique-une-affaire

  • Les Grands Entretiens de Novopress – Nikola Mirkovic “Mourir debout plutôt que vivre à genoux”1/3

    Français d’origine serbe, Nikola Mirkovic est l’un des fondateurs de l’ONG Solidarité Kosovo qui vient en aide depuis 2004 aux populations serbes des enclaves du Kosovo. Dans Le Martyre du Kosovo (Editions Jean Picollec), il rappelle l’histoire de cette antique province, cœur culturel et spirituel de la Serbie. Il fait également la démonstration implacable de la substitution de population dont ont été victimes les Serbes du fait des Ottomans, des communistes de Tito puis de l’empire du Bien américain. Il répond aux questions de Novopress.

    Propos recueillis par Pierre Saint-Servant

    Le premier intérêt de votre livre est de briser un lieu-commun solidement établi qui voudrait que le Kosovo ne soit nullement une terre serbe mais le pays de « kosovars »…

    Toute une partie de la rhétorique guerrière de l’OTAN, relayée par les grands médias, consiste en effet à essayer de nous faire croire que le Kosovo est habité de gentils Kosovars martyrisés pas de méchants Serbes venus coloniser le pays. On ne peut être plus éloigné de la réalité. Le Kosovo, à l’origine, n’est même pas une province mais une plaine à qui les Serbes ont donné le nom de Kosovo Polje (ce qui signifie, en serbe, le champ des merles). La grande majorité des noms des villages, des villes, des montagnes, des rivières, etc .ont tous des noms d’origine serbe. La plupart des anciens monuments, qui sont le trésor du Kosovo et de la Métochie, sont serbes. Il n’y a pas de peuple kosovar, cela n’existe pas ; ceux qu’on appelle communément kosovars aujourd’hui sont en fait des Albanais. Quant aux frontières du Kosovo actuel, elles ont été dessinées par Tito à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’est vous dire si les racines «kosovardes » sont lointaines…

    Il n’y a pas de peuple kosovar, cela n’existe pas ; ceux qu’on appelle communément kosovars aujourd’hui sont en fait des Albanais.

    La bataille du Champ des Merles est un évènement fondateur de l’identité serbe, pouvez-vous y revenir ?

    Cet événement est historique par la grandeur de l’armée serbe qui a osé affronter, seule, l’immense empire ottoman avec une armée deux fois plus importante sur le champ de bataille. Cet événement est également historique par sa profondeur spirituelle, le roi serbe et ses chevaliers sont tous partis à la guerre pour se battre pour leur foi chrétienne. Ils ont préféré mourir debout plutôt que vivre à genoux. Pendant les siècles d’occupation ottomane, le courage, la bravoure et la foi de ces guerriers ont nourri l’espérance serbe et donné les modèles à suivre pour devenir des hommes libres.

    Le prince Lazare est comparé à certains à saint Louis. Quels éléments permettent de rapprocher les deux souverains ?

    Saint Lazare comme saint Louis ont été des rois hors du commun, des chefs que très peu de pays ont eu l’honneur d’avoir. Tout d’abord les deux sont très pieux et très chrétiens. C’est leur foi dans le Christ qui les guide dans leurs choix quotidiens que ça soit pour guider le royaume, rendre la justice, partager avec les plus pauvres ou gérer les affaires quotidiennes. Les deux rois prient et savent que leur passage sur terre est éphémère et que c’est le Royaume éternel qui est l’objectif suprême. Aussi, ces deux rois n’ont pas peur de mettre leurs épées et leurs vies derrière leur foi. Ce sont des guerriers qui sont tous les deux descendus dans l’arène pour affronter l’islam conquérant qui convoitait les terres chrétiennes. C’est aussi à la guerre que les deux vont trouver la mort et devenir des héros, des saints qu’on respecte et qu’on vénère encore de nos jours.

    Fin de la première partie, deuxième partie jeudi 20 février.

    http://fr.novopress.info/156768/les-grands-entretiens-de-novopress-nikola-mirkovic-mourir-debout-plutot-que-vivre-a-genoux/#more-156768

  • Chine : nouveaux mensonges onusiens sur les « dons » d’organe des condamnés à mort ?

    [Article de Laurent Glauzy, en exclusivité pour Contre-info.]

    La Chine arrêterait la pratique de la transplantation des organes prélevés sur ses condamnés à mort, alors que ce commerce est en pleine expansion

    Sur son site, Cntransplantation affiche le slogan La vie n’a pas de prix. Cette agence chinoise spécialisée dans les transplantations d’organes argumente que, « dans le monde entier, de plus en plus de patients viennent en Chine à la recherche d’une réincarnation. » Chaque internaute peut renseigner un formulaire préétabli, en se dissimulant derrière le profil type d’un homme de 47 ans, cherchant un rein de donateur en bonne santé. Quelques heures plus tard, un médecin vous informe par courriel que la Chine satisfera votre demande.

    En raison d’une pénurie momentanée, le coût de l’intervention est de 350 000 dollars, frais de clinique et hébergement inclus. Dans le cas où le patient se présente avec un donateur, l’opération s’élève seulement à 55 000 dollars. La prestation est exorbitante, mais il est vrai que les médecins chinois se targuent d’un taux de réussite de 100 %.

    L’empire communiste accueille ainsi des patients fortunés, venus du monde entier.

    Même en Chine, qui occupe la deuxième place pour les transplantations d’organes, derrière les États-Unis, les donateurs deviendraient extrêmement rares. Le gouvernement, avare de manière générale de statistiques fiables, indique une baisse des transplantations imputées à une prétendue diminution des dons d’organes. En 2004, 12 000 transplantations ont été recensées, contre 7 900 en 2012. Est-ce alors un hasard si, toujours d’après les estimations de Pékin, sur une liste d’attente de 1,5 million de Chinois, à peine 1 % obtiendra une greffe de cœur, de rein ou de foie. Heureusement, les patients de Cntransplantation sont mieux lotis ! D’ailleurs, l’agence certifie un rein en excellent état : « Vous verrez, les chirurgiens sont très expérimentés. »

    Dans une première étape, le receveur se déplacera à Pékin pour établir un enregistrement médical. Il sera pris en charge à l’aéroport : « Informez-moi quelques jours avant votre vol », demande le médecin chinois. Le prix pour la recherche d’un organe est de 3 500 dollars. Le patient devra s’acquitter de cette somme en liquide.

    Bien qu’interdites depuis 2007, les transplantations provenant d’organes de prisonniers exécutés, constitueraient la moitié de ces interventions. Depuis 1969, la Chine aurait ainsi fait le commerce de cent mille organes de prisonniers exécutés.

    Der Spiegel (n° 48/2013, p 140) explique qu’en Chine, les prisonniers seraient exécutés sur commande. L’hebdomadaire allemand ajoute qu’« un patient désirant une transplantation cardiaque devant attendre des mois dans un autre pays, doit seulement patienter deux semaines en Chine, comme en témoignent deux Israéliens ».

    Un des principes fondamentaux de la médecine de transplantation est le volontariat. Jusqu’à présent, les autorités affirment que les condamnés accordent librement le prélèvement de leurs organes. L’Association médicale mondiale et la Société internationale de transplantation, qui contredisent ces propos mensongers, précisent que les condamnés n’ont aucune liberté : leurs organes ne peuvent donc pas être légalement utilisés.

    Cette pratique devrait en principe isoler la Chine ! En effet, les chirurgiens effectuant des transplantations en Chine ne pourront plus, en théorie, présenter leurs résultats aux Congrès mondiaux de médecine, ni écrire dans des revues médicales. De plus, ils seront persona non grata sur le territoire américain.

    Der Spiegel démontre que ce soi-disant isolement est hypocrite. Car ce sont avant tout des médecins américains, conseillers du gouvernement, comme Wu Youmin, de l’État de New York, Michael Millis, chirurgien spécialiste des transplantations de l’Université de Chicago, et le Dr John Fung de TTS (Société américaine de transplantation), qui ont formé les médecins chinois à la technique des transplantations. Millis coopère, dans le cadre de son université, avec Peking Union Medical College. Fung est, lui, engagé depuis vingt ans dans la formation des transplanteurs chinois mais, malgré cette longue expérience, il ne s’est jamais prononcé sur l’origine des organes transplantés ! Il en est de même, en Europe, avec le Centre de transplantation cardiaque (DHZB) de Berlin, qui travaille avec plus de trente hôpitaux chinois, dont des cliniques spécialisées dans les transplantations : Roland Hetzer, directeur du centre, ne répond jamais sur l’origine des organes en Chine.

    Pour sortir de ce soi-disant isolement, le vice-ministre de la Santé Huang Jiefu tente de légaliser la pratique des dons d’organes fondés sur le volontariat des détenus. À long terme, il ne reste pas d’alternative car, d’après les autorités chinoises, le nombre d’exécutions serait en recul. Devons-nous le croire ? Ou bien s’agit-il d’un moyen pour mobiliser les associations humanitaires étrangères afin d’étendre le trafic des dons d’organes à de nouveaux donateurs ? Dui Hua Foundation parle de 10 000 exécutions en 2005, contre 4 000 en 2011. Cette ONG a été fondée en 1999 par l’ancien homme d’affaires John Kamm, maintes fois récompensé pour ses actions par les plus hautes instances américaines. En 1997, John Kamm reçoit le Prix Best Global Practices Award des mains du président Bill Clinton et, en 2001, le président George W. Bush lui attribue l’Eleanor Roosevelt Award for Human Rights. En 2005, les Nations unies accordent à Dui Hua le « statut consultatif spécial ». John Kamm est donc très apprécié par la mafia des instances maçonniques internationales.

    Par conséquent, nous avons tout lieu de douter d’une baisse des condamnations à mort, surtout quand les dissidents chinois parlent d’une accentuation de la répression.

    Bien que les promesses de Pékin en termes de droits de l’homme ne soient pas souvent suivies d’effets, fin 2013, le ministre chinois de la Santé Li Bin a clairement avancé que l’utilisation des organes des condamnés cesserait dès le milieu 2014, c’est-à-dire sept ans après son interdiction ! Davantage intéressé par les réalités économiques que par les droits de l’Homme, pour complaire à l’Occident, le nouveau président Xi Jimping, élu en 2013, a proposé des mesures telles que la suppression des camps de rééducation, l’assouplissement de la politique de l’enfant unique et garantie de droits aux paysans, présentées par l’Occident comme des avancées sociales. Surfant sur ce vent de démocratisation, Li Bin promet un plan en cinq points prévoyant notamment une liste d’attente sur informatique et la limitation des dons d’organes aux patients ayant réellement besoin d’une greffe pour raison médicale. TTS qualifie ces propositions chinoises de grande avancée.

    Le 2 novembre 2013, lors de la conférence de Hangzhou, où étaient présents le président de TTS, le professeur de Harvard Francis Delmonico et son successeur l’Australien Philip O’Connor, Huang Jiefu, ancien ministre adjoint de la Santé, qui dirige la réforme de la transplantation d’organes, a affirmé que la Chine allait mettre fin à la transplantation des organes de prisonniers exécutés. Qu’on se le dise !

    À présent, la Chine a besoin du soutien international, écrit Delmonico dans son rapport sur la Déclaration de Hangzhou. Des promesses contre une aide internationale ? TTS et l’Organisation mondiale de la Santé (sous l’autorité de l’ONU) ont signalé leur participation à une grande conférence sur la transplantation, qui se tiendra en Chine en juin 2014. Cette conférence se situe dans la perspective du plan des cinq points et de son application pour mettre fin au prélèvement d’organes sur les condamnés à mort.

    En pratique, seulement 40 des 169 centres licenciés de transplantation ont déclaré qu’à l’avenir, ils renonceraient à des organes de prisonniers. Les autorités communistes ne disent toujours pas précisément comment sera interrompue la pratique des transplantations.

    Comment la Chine honorera-t-elle la demande mondiale croissante de dons d’organes si la source principale, celle des condamnés à mort, se tarit ?

    Pour la première fois, en 2010, une nouvelle campagne fondée sur le libre consentement de donateurs chinois a débuté. Les résultats ont été un échec : 63 dons d’organes ont été enregistrés pour toute la population de l’empire. Ce chiffre a augmenté quand la Croix-Rouge [fondée en 1901 par le Franc-maçon Henri Dunant : cf. Heinz Günter Deiters, Die Freimaurer. Geheimnis und Enthüllung, 1963 et Paul Naudon, Histoire générale de la Franc-maçonnerie, 2004.] a rémunéré à hauteur de milliers de dollars les dons d’organes aux familles donatrices ! Il s’agit, à n’en pas douter, de dépenses gigantesques pour cette organisation et d’une véritable fortune pour les populations vivant sous le seuil de pauvreté, avec un salaire de 280 euros par an. Malgré ces nouvelles mesures abusant de l’extrême pauvreté des paysans chinois, en 2013, Li Bin a parlé de réussite. De plus, cette même année, le ministre de la Santé a annoncé le chiffre de 3 175 organes prélevés sur 1 161 donateurs décédés. Ces pratiques ne convainquent pas le président de TTS, pour qui l’achat d’organes, surtout dans des régions pauvres, « contredit la ligne de l’Organisation mondiale de la santé ».

    Toutes ces campagnes laissent entrevoir une machination orchestrée par des institutions mafieuses comme l’ONU, qui couvrent très certainement par ce procédé les agissements très lucratifs de criminels sans vergogne, voyant dans les transplantations d’organes un moyen d’accroître leurs bénéfices. De plus, l’actualité démontre que le trafic d’organes ne se limite pas à la Chine, puisqu’il a été mis à jour au sein même de l’Europe, et par des journalistes courageux :

    Le Corriere della Sera du 7/9/91 exposait : « Selon la presse de Lima, des ressortissants italiens auraient importé 1 500 petits Péruviens, qui ont ensuite été assassinés pour permettre l’utilisation de leurs organes. » Lorsque Il Giornale du 4/9/1995 a affirmé que des enfants de l’Europe de l’Est ont été mutilés pour que leurs organes servent à des transplantations en Italie, Antonio Guidi, ministre de la Famille de 1994 à 1995 et ministre de la Santé de 2001 à 2006, a rétorqué avec beaucoup de légèreté et un certain sadisme : « En Italie, non. C’est impossible ! Ils traversent nos terres comme des oiseaux migrateurs, dont le destin est d’être abattus. »

    La Chine serait en passe de devenir un « paradis communiste », sous la surveillance d’instances bien peu crédibles comme l’OMS. Qui peut croire à un tel mensonge de la part d’instances démocratiques criminelles aux ordres des Illuminati ?

    « Pour qu’il y ait un gouvernement mondial, il est impératif d’éliminer des esprits l’individualisme, le sentiment national, les dogmes religieux et la loyauté envers la famille. » Brock Chrisholm, premier président de l’OMS [Cf. Par Robertson, The New World Order – Il will change the way you live, Dallas, 1991, p. 7.]

    Laurent Glauzy

    http://www.contre-info.com/chine-nouveaux-mensonges-onusiens-sur-les-dons-dorgane-des-condamnes-a-mort#more-31446

  • Les amis du sinistre sioniste Fabius font couler le sang…

    Syrie, le père François Mourad a été égorgé

    Des « rebelles » ont assassiné dimanche 23 juin le franciscain François Mourad dans son couvent de Ghassanieh, près de Homs, en Syrie. Le couvent a été entièrement pillé par des hommes armés, rapporte la Custodie franciscaine de Terre sainte à Jérusalem.

    François Mourad, un religieux âgé de nationalité syrienne qui vivait en ermite, avait quitté son ermitage au début de la guerre en Syrie pour rejoindre un frère affaibli dans un couvent de la Custodie franciscaine. Il était bien connu dans la région et les tragiques circonstances de sa mort affectent particulièrement la Custodie.

    Après avoir fait son noviciat franciscain pour la Custodie à Rome, « François avait entendu un appel plus pressant du Seigneur à la vie contemplative. Appel qui trouva son accomplissement en Syrie, dont il était citoyen« , raconte le Père Halim Noujaim, Ministre régional des franciscains de Syrie. « Ses liens avec la Custodie étaient restés très forts et il venait régulièrement aider tel ou tel couvent en remplacement d’un frère ou l’autre« .

    A ce rythme, il ne restera plus un seul chrétien dans ces zones

    Les franciscains, qui militent pour instaurer la trêve et œuvrer à la réconciliation, dissuadent l’Occident de prendre des mesures susceptibles d’apporter davantage de violence et d’augmenter le nombre de morts. Pour les religieux, ce ne sont pas les armes qui sont en mesure de donner à la Syrie ce dont elle a besoin. « Je voudrais que tout le monde sache » , a insisté le Père Halim Noujaim, «qu’en soutenant les révolutionnaires, l’Occident soutient les extrémistes religieux et aide à tuer les chrétiens… A ce rythme, il ne restera plus un seul chrétien dans ces zones« , a-t-il déclaré à l’agence de presse catholique italienne SIR.

    Dans certaines zones, où sévissent des extrémistes armés, aucun déplacement, même pour des religieux, ne peut être tenu pour sûr. Pour preuve l’enlèvement par les rebelles de deux prêtres et de deux évêques, dont les franciscains sont toujours sans nouvelles depuis plusieurs mois…

    « Pourtant et en dépit des risques encourus, les frères se démultiplient pour venir au secours des populations » assure la Custodie sur leur site. « En plus des soins qu’ils apportent dans leurs dispensaires, où des religieuses franciscaines et du Rosaire travaillent avec eux, ils accueillent des déplacés dans certains couvents devenus des ‘dortoirs’. Ils distribuent de la nourriture aux réfugiés et à tous ceux qui se présentent aux portes des couvents. Ils participent financièrement à la restauration des maisons détruites des familles de leurs paroisses et aident les plus démunis. Ils servent parfois d’intermédiaires lors d’enlèvements de leurs paroissiens« .

    Cet accueil de tous vaut aux frères de la Custodie de subir régulièrement des représailles de l’un ou l’autre camp. En décembre dernier, un couvent a été bombardé ; il est depuis déserté. « La guerre a un impact négatif, mais elle a aussi amené les chrétiens de tous les rites à se rapprocher les uns les autres, à s’entraider et à prier ensemble » insistent-ils sur custodia.org. Dans des villages de la vallée de l’Oronte, en Syrie, alors que les franciscains sont les seuls religieux à être restés, ils célèbrent les sacrements pour tous les rites. Ailleurs, ils organisent des temps de prières où tous sont présents.

    Pour rappel, la présence de la Custodie en Syrie est multiséculaire. Elle y a toujours exercé sa mission de service des populations et continue dans ces temps troublés de le faire sans distinction de religions ou de partis.

    source: catho.be

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/les-amis-du-sioniste-fabius-font-couler-le-sang_99907.html#more-99907

  • La farce de Montreux

    Conférence pour la paix en Syrie: les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ne veulent pas la fin de la guerre civile

    A Montreux, en Suisse, la “communauté internationale” (ou ce qui en tient lieu...) tente de trouver une paix acceptable qui mettrait fin à la guerre civile qui fait rage depuis trois ans en Syrie et qui a détruit le pays. Ce que l’on met en scène sur les bords du Lac Léman n’est rien d’autre qu’une farce. Dès le départ, ni les puissances occidentales, surtout les Etats-Unis, qui soutiennent les rebelles dits “modérés”, ni l’Arabie saoudite, qui protège les combattants radicaux islamistes, n’ont intérêt à conduire des négociations sérieuses.

    Ainsi, le ministre américain des affaires étrangères, John Kerry, exige, en méconnaissant ainsi la situation réelle dans le pays, que le Président syrien Bechar El-Assad renonce au pouvoir. D’après Kerry, il serait impensable que l’homme “qui a oppirmé son peuple de manière si brutale” puisse encore continuer à diriger la Syrie. Et comme par miracle, juste avant que ne commencent les négociations de Genève II, les médias ont diffusé des images prouvant soi-disant les massacres d’opposants au régime, perpétrés par les forces de sécurité loyalistes syriennes. Quant à la puissance régionale que constitue l’Iran, elle a d’abord été invitée, puis, sous pression américaine, “dés-invitée” par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov définit cette exclusion de l’Iran comme “une faute impardonnable”.

    De cette façon, les deux alliés, inégaux entre eux que sont les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, ont constitué une sorte d’Axe dirigé directement contre l’Iran. En effet, les deux Etats poursuivent —pour des motifs certes divergents— un but commun, celui de contenir et d’encercler l’Iran. L’élément-clef de cette stratégie américano-saoudienne est de briser un maillon fort de “l’arc chiite”, espace géographique en forme de croissant qui part de l’Iran, s’étend à l’Irak et à la Syrie pour aboutir finalement aux zones contrôlées par le Hizbollah au Liban. Pour faire tomber Assad, Washington accepte délibérément que l’Arabie saoudite soutienne les combattants djihadistes de Syrie.

    Nikolaï Bobkin, qui appartient à la “Strategic Culture Foundation”, une boîte à penser russe, met bien la situation en évidence: “Ryad ne met plus de gants quand il s’agit de faire face aux initiatives internationales pour contrôler le programme nucléaire iranien. Les Saoudiens prônent sans fard le changement de régime en Syrie et ne cessent plus de verser des fonds pour armer l’opposition syrienne. Le royaume d’Arabie saoudite entretient des liens avec les adversaires les plus rabiques de Bechar El-Assad et est ainsi le principal soutien du terrorisme en Syrie”. A juste titre, Bobkin pose la question: l’Arabie saoudite ne mériterait-elle pas de subir les mêmes sanctions que l’Iran?

    L’Occident laisse faire le royaume islamo-fondamentaliste saoudien —dont la religion d’Etat est le wahhabisme (une secte sunnite)— qui peut ainsi intervenir non seulement en Syrie mais aussi dans l’Irak voisin. Ce laxisme est facile à comprendre: les Saoudiens, disposant à profusion de pétrodollars, sont de bons clients, surtout pour acheter du matériel militaire. Bobkin poursuit son raisonnement: rien que pour cette raison, la famille royale saoudienne peut demeurer sûre que “Washington et ses alliés européens continueront à fermer les yeux, quoi que fasse l’Arabie saoudite dans la région”.

    Fin 2011, Washington et Ryad ont signé un accord d’achat de matériels militaires pour une somme de 60 milliards de dollars. Bobkin démontre que, grâce à cet accord, les Saoudiens peuvent prendre sous leur aile protectrice les Etats qui leur sont loyaux dans la région, en soutenant financièrement leur programme d’armement: “Par exemple, l’Arabie saoudite a promis aux militaires libanais de financer à raison de trois millions de dollars un achat d’armes en France”. Les forces libanaises seront alors en mesure d’agir efficacement contre le Hizbollah, bien armé par l’Iran. Les membres de cette milice chiite libanaise se battent en Syrie aux côtés des troupes d’Assad.

    Pourtant l’Arabie saoudite ne constitue pas un sujet de conversation dans les milieux influents aux Etats-Unis. On se contente d’y réclamer un “changement de régime” à Damas et d’exercer à cette fin une pression constante sur le Président Obama. Elliott Abrams, conseiller de l’ex-Président George W. Bush, rappelle à Obama, dans une contribution au “Weekly Standard”, que le premier président afro-américain des Etats-Unis avait, il y a deux ans et demi, réclamé la chute d’Assad. Ensuite, Abrams dresse une longue liste de “péchés” commis par le gouvernement syrien. Celui-ci serait un “régime ennemi”, lié à l’Iran et au Hizbollah, qui opprimerait brutalement toute opinion divergente émise dans le pays. L’idéologue néo-conservateur utilise ensuite l’arme propagandiste de l’exagération en affirmant tout de go que le régime de Damas “a du sang américain sur les mains”, parce qu’il y a une dizaine d’années, il aurait favorisé le transit de djihadistes vers l’Irak, où ces derniers auraient tué des Américains. Abrams est aveugle quelque part: il refuse de voir que le régime d’Assad excite la haine des islamistes parce qu’il est séculier et laïque. Abrams ne constate pas cet état de choses, pourtant évident: il se borne à faire feu de tous bois pour attiser la haine anti-syrienne.

    Genève II n’apportera donc aucun résultat. L’invitation de représentants de la “Syrian National Coalition” (SNC), regroupement d’opposants à Assad, n’y changera rien. Cette SNC n’est rien d’autre qu’un spectre inconsistant qui donne l’illusion qu’existerait une opposition pro-occidentale. Car il ne faut pas se voiler la face: la plupart des rebelles sont des islamistes, dont beaucoup cultivent des liens à peine dissimulés avec le réseau Al-Qaeda. Le “Washington Post” commentait les préparatifs à Genève II comme suit: “L’incapacité de la coalition lui a coûté la sympathie de la plupart des Syriens normaux et de la majorité des groupes rebelles armés. Pour cette raison, on ne sait pas très bien qui cette coalition représente, ce qui pose problème si elle a l’intention de participer aux négociations”.

    Bernhard TOMASCHITZ.

    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°5/2014, http://www.zurzeit.at ).