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géopolitique - Page 783

  • Tokyo, Pékin se préparent à une nouvelle crise aux USA

    Echaudés par la menace d’un défaut américain évité une fois encore in extremis, la Chine et le Japon, principaux créanciers des Etats-Unis, cherchent à se prémunir contre une résurgence de la crise budgétaire à Washington même si leurs options sont assez limitées.

    Le compromis auquel républicains et démocrates sont parvenus mercredi n’apporte qu’une solution temporaire et ne résout en rien la question du contrôle des dépenses fédérales ni celle du déficit budgétaire.

    Le texte de loi adopté par le Congrès permet le financement des services fédéraux jusqu’au 15 janvier et autorise le Trésor à emprunter jusqu’au 7 février, en lui laissant une marge de manoeuvre supplémentaire si aucun accord définitif n’est trouvé au début de l’an prochain.

    Nous sommes heureux qu’un accord ait été trouvé“, a déclaré un responsable japonais qui a requis l’anonymat. “Mais l’incertitude va persister et tout va recommencer de la même façon au début de l’année prochaine.

    Selon ses dires, corroborés par d’autres représentants des autorités japonaises, Tokyo a préparé un plan d’urgence en cas de défaut américain prévoyant notamment d’inonder le système bancaire de liquidités pour assurer le fonctionnement des marchés et faire face à une panique des investisseurs.

    Pékin pourrait de son côté accélérer l’internationalisation du yuan dans la perspective d’en faire une véritable alternative au dollar en particulier comme devise de libellé des échanges internationaux, selon plusieurs analystes.

    Le Japon et la Chine, respectivement deuxième et troisième économies mondiales, sont les principaux créanciers des Etats-Unis, Tokyo détenant 1.140 milliards de dollars de titres du Trésor américain et Pékin 1.280 milliards.

    Les deux pays cherchent à relancer leurs économies et dans ce contexte, une appréciation de leur devise qui résulterait d’un affaiblissement du dollar ne leur serait pas nécessairement favorable.

    L’absence de marchés de la dette aussi liquides et profonds que celui des bons du Trésor américain ne laisse en outre guère d’alternative aux deux géants asiatiques pour placer les réserves accumulées au fil des ans et leurs excédents commerciaux.

    Reuters (via Les Echos)

    http://fortune.fdesouche.com/329119-tokyo-pekin-se-preparent-une-nouvelle-crise-aux-usa#more-329119

  • Chasseurs de matières premières

    Chaque citoyen européen consomme par an en moyenne 26 kilos d’appareils en tous genres : ordinateurs, téléphones, télévisions, électro-ménager... L’avons-nous décidé ? Le souhaitons-nous ?
    Quoi qu’il en soit, cet acte apparemment innocent a en réalité un impact énorme. Sur la Nature, on s’en doute, mais aussi sur des êtres humains. Des femmes et des hommes du Sud sont condamnés à mourir de faim, leurs enfants seront privés d’éducation, ils souffriront de la malaria, de la tuberculose et autres maladies endémiques.
    Mais quel lien y a-t-il donc entre ces achats au Nord et cette misère au Sud ? C’est ici que le livre de Raf Custers apporte un éclairage indispensable. Cuivre, aluminium, fer, plomb, cobalt, zinc, manganèse, bauxite, chrome, uranium, or et diamants proviennent surtout d’Afrique, et leur extraction crée à la fois une richesse fabuleuse et une misère impitoyable. Raf Custers se rend sur place sur place et nous fait comprendre comment.
    Chasseurs de matières premières, nous le voyons comme une pièce qui doit absolument figurer dans votre dossier personnel « Puis-je faire quelque chose contre la faim, contre la pauvreté, pour la solidarité ? » Une pièce qui donne tout son sens aux recherches et à la colère de Jean Ziegler concernant la faim dans le monde, ses causes et la responsabilité des multinationales. Jean m’en a parlé :
    « Les chiffres sont catastrophiques. Toutes les cinq secondes, un enfant meurt de faim. 47.000 personnes meurent de faim tous les jours. Alors que l’agriculture mondiale dans l’état actuel de son développement pourrait nourrir sans problème douze milliards d’êtres humains! Un enfant qui meurt de faim, au moment où nous parlons, est un enfant assassiné. Sur le plan de la lutte contre la faim, l’échec est total. » Mais ce livre donne aussi tout son sens à mes recherches personnelles : pourquoi l’Amérique latine est-elle pauvre et quel espoir de libération apporte l’expérience d’Hugo Chavez, Evo Morales et d’autres...
    Nous sommes traumatisés, on peut le dire, par cette pauvreté qui persiste et même s’aggrave, en dépit des promesses les plus solennelles. Nous sommes angoissés par ce chiffre impitoyable : un milliard d’êtres humains souffrent aujourd’hui de la faim. Plus que jamais dans l’histoire de l’humanité ! Et donc nous sommes tous deux extrêmement soucieux de voir s’engager plus de forces encore dans cette bataille contre des règles économiques meurtrières, contre une concurrence aveugle qui pousse inexorablement à détruire la Nature et les hommes.
    Plus de forces, cela veut dire plus de témoignages, plus de reportages, plus d’analyses concrètes sur cette affaire qu’on veut absolument nous cacher : comment la politique du Nord, la politique du 1% (menée en notre nom en plus !), comment cette politique assassine-t-elle ? N’est-ce pas un slogan facile ?
    Le livre de Raf Custers prouve que non. Ce journaliste et chercheur - d’un genre particulier – parcourt le monde et il nous prête ses yeux pour voir tout ce qu’on cherche à nous cacher... Nous rencontrons ces mineurs maliens obligés par Bouygues et Cie de chercher l’or avec de l’arsenic et du cyanure qui les tuent en quatre ou cinq ans, et leur pays qui reste pauvre parce que les bénéfices de cette industrie s’en vont au Nord sans aucun partage. Nous entendons ces pêcheurs marocains que les bateaux industriels du Nord ont ruinés en pillant le poisson de l’Atlantique et qui ensuite ne trouvent aucun travail dans la région parce toute la richesse des mines de phosphate est confisquée par une élite marocaine corrompue qui la refile aux transnationales. Nous éprouvons l’amertume de ces paysans congolais qui vivent au pied d’un des plus grands barrages électriques du monde mais n’ont pas d’électricité parce que les tyrans et leurs protecteurs occidentaux ont décidé que cette énergie ne servirait qu’à faire du fric. Nous sentons l’angoisse de ces mineurs d’un peu partout qui ont ou n’ont pas de travail selon les décisions fluctuantes du « marché », c’est-à-dire - pour ne pas être hypocrites - des spéculateurs boursiers richissimes qui s’enrichissent sur leur sueur, mais dont la cupidité provoque des crises à répétitions. Tous ces gens, Raf Custers va à leur rencontre, les écoute et nous transmet leur vie : souffrances, colères, espoirs, résistances...
    Mais le livre va plus loin. Raf Custers interroge aussi... certains responsables de ce pillage et de cet appauvrissement. Pas au plus haut niveau, on s’en doute, mais des acteurs locaux : ingénieurs, directeurs d’exploitation, experts des firmes minières transnationales confient leurs petits secrets au reporter qui a su les approcher. Et nous en apprenons de belles sur les méthodes locales de ces firmes. Nous comprenons mieux leur logique dangereuse. Des connaissances dont nous avons besoin, en tant que citoyens : il faut savoir comment fonctionne notre adversaire.
    Mais Raf Custers n’est pas seulement témoin et reporter, il est aussi chercheur au Groupe de recherches sur l’économie alternative (Gresea), basé à Bruxelles. Et donc, il complète le dossier en analysant pour nous les mécanismes économiques, les règles de la concurrence, les stratégies spéculatives. En outre, quand il parcourt le monde, c’est aussi pour enquêter auprès de certains acteurs et experts locaux qui en savent long sur ces stratégies des multinationales. Bref, nous en apprenons beaucoup sur des groupes très connus : Bolloré, ArcelorMittal, George Soros, Mitsubishi. Et sur d’autres groupe moins connus qui préfèrent rester discrets, mais tout aussi importants : AngloGold, BHP Billiton, Banro, Umicore...
    Reste la question : comment ces transnationales ont-elles tant de pouvoir ?
    S’amènent-elles avec tellement de canons ? Parfois oui, mais en général, c’est plus subtil : corruption, chantage et lobbying. Et là aussi Raf Custers nous permet de comprendre comment ceux qui sont les instruments des transnationales manoeuvrent sur le terrain. C’est la Banque mondiale qui se présente toujours en humanitaire arrogant et dominateur alors que ses choix ont plongé dans la misère chacun des pays qu’elle a « aidés ». C’est le commissaire européen au Commerce, le Belge Karel De Gucht, qui s’amène à Kinshasa en rangeant au dernier moment son casque colonial au vestiaire. Ce sont ces ONG oeuvrant soi-disant à la « transparence », mais financées par un des spéculateurs les plus secrets et les plus criminels de la planète. C’est... oh surprise, le séduisant George Clooney transformé en vulgaire représentant de commerce des compagnies minières US qui cherchent à faire main basse sur les matières précieuses de la région.
    La leçon de Chasseurs matières premières est limpide et tellement utile : tant que les pays du Sud seront faibles et dépendants, tant qu’ils ne pourront décider par eux-mêmes, alors toutes les richesses de l’Afrique ne cesseront de s’enfuir par les « veines ouvertes » de l’Afrique. Mais c’est aussi une leçon d’espoir.
    Sa visite en Bolivie montre sur le terrain comment Evo Morales inverse la logique : au lieu d’exporter le lithium brut dont la transformation (et le gros des profits) se fera au Nord, les Boliviens ont mis en route tout un programme pour le transformer sur place, le vendre plus cher, voire même fabriquer eux-mêmes des autos électriques. S’industrialiser ? Grande fureur de Renault qui voulait garder le contrôle total comme « au bon vieux temps ».
    Ce que l’Amérique latine a entrepris, l’Afrique commence à se dire qu’elle peut le faire aussi. Récupérer la souveraineté sur les matières premières, employer ces richesses pour apporter – enfin - l’éducation et les soins de santé aux êtres humains qui produisent ces richesses. Et pour développer une économie locale qui permettra de nourrir ceux qui ont faim.
    Seulement, sur cette route, les pays africains auront à faire à forte partie ! Raf Custers nous révèle les chantages, sabotages, guerres civiles et autres crimes, le mot n’est pas trop fort, auquels recourent les transnationales. Tout faire pour empêcher un pays comme le Congo de se mettre debout et de décider de ses proches richesses. « Le souverainisme, voilà le danger », affirme crûment le néocolonial Karel De Gucht en visite à Kinshasa.
    La pauvreté n’est pas un accident, c’est un système. Très bien organisé et ceux qui en profitent n’ont aucune intention de le changer. Autant le savoir. Seule la lutte et la solidarité vaincront la pauvreté.
    Et là aussi, Custers est très utile. Son épilogue recherche où les pays africains pourront trouver la force nécessaire à ce combat. En s’unissant et en coopérant entre eux, bien sûr. En se tournant vers les nouvelles puissances économiques émergentes : Brésil, Inde, Russie, Afrique du Sud et surtout la Chine, bien sûr.
    Mais tout est fait pour empêcher l’Afrique de nouer un partenariat avec la Chine. Alors, la question – clé sera donc : où trouver la force pour imposer une autre politique ? Visitant l’Afrique du Sud, ses mineurs, ses syndicalistes, Custers nous répond : la force véritable ne se trouve pas au sommet, dans les Etats. Elle se trouve seulement en bas : en mobilisant les masses et en développant la démocratie. Voilà pourquoi ce livre ne nous apporte pas seulement la colère, il nous apporte aussi l’espoir.
    Et le rappel de notre responsabilité... Alors, on continue comme ça ? Au Nord, on jette et au Sud, on crève ? On laisse faire les transnationales ? En attendant l’explosion générale ? Ou bien, on s’assied, on écoute les témoignages et les analyses, et on décide ensemble, Nord et Sud, comment changer ces mécanismes meurtriers, comment supprimer la faim et la pauvreté, comment bâtir un autre monde...

    Michel Collon http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlkEyVkAyngBqUIFP.shtml

  • Le temps des guerres non conventionnelles

    Les guerres de la Révolution et de l’Empire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe achèvent la « guerre en dentelles » et bouleverse la réflexion stratégique européenne. De ces grandes transformations sort un abondant corpus théorique avec les écrits de Clausewitz et de Jomini. Les états-majors tant d’Europe qu’Amérique (pensons aux généraux de la Guerre U.S. de Sécession ou aux officiers chiliens de la Guerre du Pacifique contre le Pérou et la Bolivie) y puisent les moyens de remporter une victoire éclatante.

    La guerre s’organise de manière dite conventionnelle avec l’affrontement de deux armées sans atteindre les non-combattants. Or, dès le commencement du XXe siècle, la nature du conflit évolue du fait de l’implication croissante des populations civiles et du surgissement de la « guerre totale », mobilisatrice de tout le potentiel économique, financier, humain des États belligérants. Les deux guerres mondiales confirment la montée technique aux extrêmes. Après 1945, la menace de l’arme nucléaire fige les protagonistes dans un équilibre de la terreur qui favorise des conflits locaux de basse ou de moyenne intensité (Corée, Viêtnam, Afghanistan). En dépit de la multiplication des théâtres d’opération, les militaires des deux blocs formulent toujours leurs prévisions – offensives et défensives – dans un schéma conventionnel de chocs entre armées utilisant, le cas échéant, des armements nucléaires tactiques, chimiques et/ou bactériologiques.

    La fin de la « Guerre froide » remet en cause toutes ces considérations et l’Occident, après avoir parié (et perdu) sur les « dividendes de la paix », se lance dans des opérations extérieures pour lesquelles les critères habituels de la guerre conventionnelle deviennent au mieux inopérants, au pis facteurs certains de défaite.

    Installées en Lorraine, les éditions Le Polémarque publient deux essais qui remettent en cause le conservatisme des stratèges occidentaux. Le lieutenant français Pierre-Marie Léoutre explique Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres. Quant à l’universitaire suisse Bernard Wicht, il s’interroge sur l’avenir incertain du continent européen avec le risque de déboucher sur Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?.

    Malgré des centres d’intérêt différents, ces deux ouvrages présentent d’indéniables convergences, à savoir la mutation en cours de l’art de la guerre. Certes, le livre de Pierre-Marie Léoutre est plus concret, plus tactique, plus optimiste aussi alors que l’essai de Bernard Wicht, plus pessimiste, se veut d’abord une réflexion philosophique

    Penser les guerres asymétriques

    Pierre-Marie Léoutre entame sa réflexion à partir du bilan désastreux des interventions occidentales en Afghanistan et en Irak. Il constate que « l’arme nucléaire, si elle est efficace dans son rôle de dissuasion contre les États, apparaît inutile contre des organisations terroristes ou des mouvements de guérilla sans réelle assise territoriale (p. 11) ». La forme conventionnelle de la guerre restée au face-à-face de deux armées a été d’urgence remplacée dans les montagnes du Pamir et de l’Hindou Kouch et en Mésopotamie par de nouveaux types de conflits appelés « asymétriques » qui « mettent en exergue une des difficultés du mode de pensée occidental : il n’est plus possible dans certains cas de l’emporter par un choc décisif, car l’adversaire l’évite (p. 17) ». Ce nouveau genre de guerre rend les armées occidentales très fragiles d’autant qu’« un autre élément particulièrement visible du modèle occidental de la guerre est la recherche de la supériorité technologique (p. 23) », ce que les guérillas n’ont pas. En outre, les sévères restrictions budgétaires font que les armées occidentales ne disposent plus d’unités complètement autonomes, ce qui accroît leur handicap.

    Non préparées aux terrains irakien et afghan, les forces occidentales ne pourraient qu’échouer, elles qui « s’entraînèrent […] pendant cinquante ans à une guerre qui n’eut pas lieu et ne risquait guère d’advenir… et elles allèrent, hors de cette Europe qui monopolisait toutes les attentions mais était totalement gelée, de défaite en défaite car “ non adaptées ” aux guerres non conventionnelles qu’elles menaient sur le reste de la planète (p. 42) ». Préfigurations de l’Afghanistan et de l’Irak, ces défaites cinglantes s’appellent l’Indochine, l’Algérie, le Viêtnam. L’auteur aurait pu y ajouter les guerres africaines du Portugal. loin de réadapter le format des armées au lendemain de la fin de la Guerre froide, les responsables militaires ont gardé de vieux schémas en accordant une plus grande attention aux « Forces Spéciales (F.S.) [qui] sont devenues une véritable obsession des états-majors occidentaux (p. 29) ». Mais leur emploi dans une guerre asymétrique se doit d’être ponctuel. Les F.S. ne peuvent pallier les déficiences matérielles et morales des autres troupes. Elles n’arriveront jamais à vaincre les partisans de la « petite guerre », car leur logique ne correspond pas à celle de l’ennemi. Pour Pierre-Marie Léoutre, « l’objectif d’une guérilla au XXIe siècle n’est […] plus de libérer le pays uniquement par les armes. L’objectif actuel est de parvenir à l’abdication du pouvoir loyaliste (p. 49) ». Malgré leur professionnalisme, leur vaillance et leur abnégation, les unités spéciales n’arrêteront jamais une guérilla qui se fond dans la population. Cette dernière est son « biotope » qui lui sert à la fois de refuge, de centre de recrutement, de milieu de renseignement et de source de financement. L’appui qu’elle lui procure peut être contraint par la terreur ou volontaire grâce à une « contagion idéologique », fruit d’un long travail d’encadrement psychologique de masse. Toute guérilla véritable s’organise autour de structures militaires souples et une O.P.A. (organisation politico-administrative) en prise sur la société. Dans le monde musulman, « l’O.P.A. a un avatar : il s’agit des personnes qui soutiennent activement la rébellion en lui fournissant des renseignements, des caches, des notables qui poussent la population civile à aider les djihadistes, à les cacher, de djihadistes qui habitent tel ou tel village et servent de contact pour les bandes en maraude, les informant, les guidant, leur indiquant les représailles à effectuer pour s’assurer la collaboration, bien souvent forcée, des habitants de la zone (p. 57) ».

    Paul-Marie Léoutre rapporte l’embarras des militaires occidentaux face à des situations singulières. Pourtant, ce ne devrait pas être une nouveauté pour eux. Leurs prédécesseurs avaient trouvé une réponse appropriée à cet enjeu : « La guerre révolutionnaire encore appelée guerre subversive ou guerre psychologique (p. 11). » Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres évoque explicitement des praticiens, souvent français, de cette forme spécifique de lutte : le général Jacques Hogard (1918 – 1999) et les colonels Charles Lacheroy (1906 – 2005) et Roger Trinquier (1908 – 1986). On ignore en effet que « la France dispose […] si ce n’est d’un savoir-faire, du moins d’une expérience particulièrement intéressante de la guerre révolutionnaire et de l’arme psychologique. Elle doit pouvoir s’appuyer sur celle-ci pour relever les nouveaux défis du monde actuel (pp. 43 – 44) ».

    Il ne s’agit surtout pas de répéter la guerre d’Algérie, mais de s’en inspirer. La guerre psychologique implique une grande flexibilité au sein de l’armée. Or, depuis quelques années, elle s’ouvre au monde marchand et en adopte les règles. L’auteur observe qu’« en voulant faire du combattant un professionnel avant tout, en livrant le monde militaire aux méthodes entrepreneuriales, on a, finalement, ouvert le marché (p. 77) », d’où le rôle croissant des S.M.P. (sociétés militaires privées) qui méconnaissent le plus souvent le b.a.-ba de la contre-guérilla…

    L’Occident a beau mené, avec l’intégration de ses systèmes d’armes, d’information et de communication, une « guerre en réseau », il se révèle incapable de gagner une guerre subversive. S’imposerait une remise en cause des décisions prises. Déjà, partant des cas afghan et irakien et de la valorisation des unités spéciales qui « ont un entraînement plus poussé, jamais sacrifié à des tâches indues, et plus spécifique que les autres unités des forces armées occidentales. Leurs crédits sont bien plus élevés. Les F.S. disposent donc d’une polyvalence extrême et d’une importante capacité au combat interarmes et interarmées. À l’opposé, les forces “ régulières ” n’ont plus l’habitude de travailler avec toute la gamme des outils militaires (p. 30) », Pierre-Marie Léoutre estime que « la guerre subversive oblige l’armée à s’adapter en modifiant profondément sa structure interne (p. 60) ».

    Les nouvelles formes de guérilla

    Il suggère par conséquent la constitution d’une armée à deux niveaux opérationnels. D’une part, des unités mobiles, si possible héliportées, qui pourchassent les guérilleros. De l’autre, des unités territoriales ou de secteur qui amalgament Occidentaux et autochtones et dont le rôle n’est pas que militaire : il est aussi caritatif, sanitaire et éducatif. Les liens noués avec la population par ces soldats parlant la langue locale et fins connaisseurs des coutumes favorisent le contact, puis la récolte de renseignements et, au final, la réussite de la contre-guérilla. Cette mise en œuvre exige aussi de rendre les frontières imperméables à la logistique de la guérilla afin d’étouffer les maquis. Si « dans la lutte contre-insurrectionnelle, le renseignement joue un rôle crucial (p. 67) », l’auteur jongle avec les échelles et remarque que « la société du XXe siècle est celle de l’information et l’information est une des armes de la guerre psychologique (p. 86) ». C’est un point déterminant de sa réflexion. « La redécouverte de la doctrine de la guerre révolutionnaire doit également permettre de se réapproprier l’arme psychologique : elle est nécessaire à toute victoire puisqu’elle conditionne l’efficacité de toute opération militaire au niveau des esprits (p. 99). »

    Pierre-Marie Léoutre évoque à cette occasion la nécessité de maîtriser l’opinion publique et mentionne la portée subversive des célèbres « révolutions de couleur » préparées via les médiats de masse par quelques officines perturbatrices d’outre-Atlantique (Open Society Institute de George Soros, International Republican Institute ou National Endowment for Democracy, U.S.Aid aussi, etc.). À côté de la terre, de la mer, de l’air, de l’espace et du cyberespace, un sixième champ théorique d’affrontement s’offre aux stratèges militaires : le contrôle de la population et de ses représentations. Citant Gustave Le Bon, Serge Tchakhotine ou Jacques Ellul, il pense que la nouvelle guerre psychologique est tout autant contre-insurrectionnelle que médiatique. Elle suppose toutefois au préalable que l’État qui l’utilise ait la volonté de réaliser ses objectifs. Mais la structure stato-nationale est-elle toujours pertinente ?

    Bernard Wicht pose cette question implicite dans son bref essai. Il constate d’abord « la faillite au XXe siècle du système interétatique européen, source jusque-là de compétition et d’émulation à la base du dynamisme de l’Occident (p. 13) ». Ce nouveau contexte peut susciter des troubles internes, voire des guerres. Mais, rassure-t-il, « une Troisième Guerre mondiale semble peu probable, les États européens n’en ayant plus les capacités ni économiques ni militaires. Pour faire court, les armées d’Europe occidentale ne sont plus aujourd’hui que des échantillonnages d’unités relativement disparates, essentiellement orientées vers les missions de maintien de la paix à l’extérieur et manquant généralement de la chaîne logistique nécessaire à des opérations de longue durée (p. 9) ». Cela ne l’empêche pas d’examiner la macro-histoire et de remarquer que « l’hypothèse d’une guerre en Europe a été abandonnée avec la fin de la Guerre froide (p. 7) ». Néanmoins, « nos sociétés sont devenues très complexes, et que les sociétés complexes sont fragiles, que les sociétés fragiles sont instables et que les sociétés instables sont imprévisibles ! (pp. 21 – 22) ». Il craint par conséquent que le naufrage de la zone euro engendre des désordres dans toute l’Europe qui plongerait dès lors dans un long chaos comme le fut pour la Mitteleuropa et le monde germanique la Guerre de Trente Ans (1618 – 1648).

    L’Europe en phase instable

    Le raisonnement de Bernard Wicht repose sur une probabilité économique : la fin de la monnaie unique. « La crise de la zone euro est sans doute le chant du cygne de la Modernité occidentale, l’U.E. représentant l’ultime avatar de la construction étatique moderne avec sa bureaucratie supra-étatique et son centralisme à l’échelle continentale. Et dans l’immédiat, la crise devrait encore renforcer ce centralisme bureaucratique; la Commission s’est fait donner le mandat (certes temporairement limité) d’un contrôle économique des États membres. Ceci signifie un renforcement considérable du pouvoir supra-étatique de l’U.E. Mais paradoxalement, ce renforcement représente probablement l’épilogue de l’histoire de l’État moderne, le dernier acte d’une pièce qui s’est jouée pendant environ 500 ans, le dernier coup d’éclat d’un institution sur le déclin (p. 27). » L’affirmation de ce despotisme technocratique provoquerait certainement de vives résistances nationales, populaires et sociales, aboutissant par des tentatives armées de sécession. Les gouvernants ont dès à présent envisagé ce scénario en prévoyant dans le traité de Lisbonne une Eurogendfor (European Gendarmerie Force), une police militaire européenne composée de détachements français, italiens, néerlandais, portugais, espagnols et roumains, destinée à intervenir dans un État-membre en cas de grandes instabilités intérieures. On peut aussi imaginer que le maintien de l’« ordre » marchand s’exercerait aussi grâce aux S.M.P. On assiste au grand retour sur le vieux continent des condottiere sous la forme de contractors. Bernard Wicht souligne que la place de Londres, haut-lieu thalassocratique, héberge la plupart de ces entreprises régulièrement payées en prestations versées par d’autres compagnies appartenant à la même holding

    La séparation armée de pans entiers de l’Europe déboucheraient-elles sur une guerre généralisée et le renversement des États inaptes à garantir la sûreté des populations civiles ? L’auteur le pense. Assez optimiste sur ce point, il espère qu’« une nouvelle Guerre de Trente Ans jouerait le rôle de sas de décompression d’une Europe post-moderne, bureaucratique et supra-étatique vers un nouveau Moyen Âge global […] (p. 31). » Afin d’appuyer sa thèse, il fait référence à une histoire peu connue en France liée à ce long conflit, la « Guerre de Dix Ans (1634 – 1644) » qui ravagea la Franche-Comté alors possession des Habsbourg d’Espagne.

    Vers l’auto-gestion armée ?

    La présence de « grandes compagnies de routiers » brigands, les raids incessants et l’incapacité des institutions franc-comtoises à protéger les civils obligèrent le peuple à s’armer, à se donner des chefs et à combattre ! « Deux priorités semblent cependant guider l’ensemble de ces mesures : protéger la population des pillages et des exactions, harceler l’adversaire à chaque fois que possible (p. 44). » Ce conflit local au sein de la grande guerre européenne ne présente aucune facture conventionnelle, ni même la marque d’une quelconque guerre asymétrique. « Il s’agit ainsi d’une guerre sans front, se déroulant sur l’ensemble du pays en même temps (forçant le défenseur à constituer des réduits et des sanctuaires), mêlant étroitement jusqu’à la confusion des genres combattants et population (les chefs de bande devenant avec le temps des chefs politiques), mettant en œuvre à la fois les procédés de la guerre classique (sièges, batailles), la terreur, le massacre de civils, la destruction des récoltes, le tout conjugué à ces armes de destruction massive que sont alors la peste et la famine (p. 36). » Cette configuration propre aux guerres civiles a frappé le Liban entre 1975 et 1990 et frappe, à l’heure actuelle, la Syrie où des territoires en guerre cohabitent avec des havres pacifiés ou en paix.

    En citoyen helvète, Bernard Wicht ne croit pas en l’avenir de l’armée professionnelle, ni en sa pérennité, y compris si disparaissaient les autorités officielles. Il souscrit en revanche au citoyen en arme qui défend son espace de vie à côté de ses voisins. Il juge surtout indispensable de « réussir à réduire la complexité de nos formes d’organisation, parvenir à se recomposer en fonction des besoins de l’autodéfense et de la survie, se réarmer pour finalement se libérer (p. 47) ». désireux de développer cette nouvelle considération, Bernard Wicht évoque la T.A.Z. (zone autonome temporaire) théorisée par l’anarchiste Hakim Bey. Or la T.A.Z. correspond parfaitement aux modalités du monde ultra-moderne, à sa fluidité et à sa fugacité. On ne construit pas du solide sur des actions éphémères. Il faut rapprocher les intentions de Bernard Wicht de la notion de B.A.D. (base autonome durable) qui a l’avantage de cumuler une « conception de la liberté (de contournement plutôt que de confrontation), d’un tel état d’esprit (le salut vient des marges), de telles attitudes (agir dans la marge d’erreur du système) et associations d’idées (créer la culture, laisser faire le travail) que pourrait naître l’élément dynamique de la nouvelle donne stratégique, c’est-à-dire une volonté de découvrir de “ nouveaux territoires ”, d’agir par soi-même hors des appareils complexes et des modèles dominants (pp. 53 – 54) ».

    Si Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres contredit Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?, ces deux livres n’en sont pas moins complémentaires. Le second imagine une situation désordonnée complexe surtout si les conseils du premier n’ont pas été assimilés, ce qui pourrait entraîner la déflagration des régimes en place. De la sophistication technologique, l’art de la guerre deviendra-t-il bientôt rudimentaire, psychologique et populaire ? On peut soit le redouter, soit l’espérer…

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/?p=3345

    • Pierre-Marie Léoutre, Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres, Le Polémarque, Nancy, 2013, 123 p., 10 €.

    • Bernard Wicht, Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexions et hypothèse sur la crise actuelle, Le Polémarque, Nancy, 2013, 57 p., 8 €.

  • Le Grand Marché Transatlantique contre notre liberté

    La « crise » précipite les choses, aux deux sens du verbe : accélère leur cours, et les révèle, comme dans un tube à essai où se mélangent divers liquides. Ce qui semblait presque une vue de l’esprit il y a quelques lustres, et augures improbables dignes de Cassandre, devient redoutablement concret. Il fallait le temps que certains nœuds se défassent, que des résistances faiblissent, qu’une génération disparaisse. Les esprits n’étaient pas encore mûrs, expliquent les progressistes. Les temps sont désormais consommés, et la parousie est imminente.

    La ruine et le terrorisme, les chantages à la guerre et à la misère, l’invocation de la nécessité du marché, comme jadis on expliquait les hécatombes humaines par les dieux ou le destin, pèsent comme un couvercle sur l’esprit des peuples. Les fieffés coquins nous mènent savent par le bout du nez, les partis 1 et 2, en maestros du mensonge, de la perfidie et du mépris, en tricheurs maniant avec dextérité leurs cartes, embobinent les masses, et les mènent à leur perte.

    Après le putsch budgétaire européen de l’an dernier, et le basculement vers le fédéralisme ultralibéral, c’est la fusion des parties occidentales et orientales de l’Atlantique Nord qui est projetée. L’absorption de l’Europe par les États-Unis est proche, elle est pour demain, pour 2014 ou 2015. Les échéances sont fixées : dans deux ans, nous auront achevé notre temps, notre destin, notre existence, et nous n’aurons plus aucun pouvoir sur notre avenir.

    Comme toujours, l’Union européenne et les États-Unis ont manigancé leur coup par-dessus les peuples. Sans qu’ils en aient été avisés, et qu’on leur ait donné la parole, on leur annoncera bientôt une libéralisation quasi totale des échanges commerciaux et financiers, et une harmonisation complète des politiques judiciaires et sécuritaires. On agitera comme il faut la presse propagandiste, on ne prendra pas le risque du référendum, les parlements voteront comme un seul traître, et l’affaire sera pliée.

    Le coup est pourtant préparé de longue date. Mais en catimini. En 2004, en effet, le P.D.G. d’Unilever, président européen du Transatlantic Business Dialogue (T.A.B.D.) et son homologue américain, P.D.G. d’U.P.S., rencontraient à Dublin les présidents Bush, Prodi et le Premier ministre irlandais dont le pays assumait la présidence tournante de l’Union européenne. Il fut question de lever les « obstacles à l’intégration » dans le domaine du commerce, des investissements et de la réglementation.

    Dans un autre domaine, la bonne volonté collaboratrice des bureaucrates de Bruxelles avait été jusqu’à échanger avec les services américains de sécurité les données sur les passagers empruntant les lignes transatlantiques. Sans réciprocité, bien sûr.

    Le projet bloquait néanmoins, notamment au niveau des biotechnologies, des problèmes environnementaux et de ceux liés à la consommation, les normes américaines de protection et de qualité étant, comme l’on sait, très laxistes (commerce et lobbies obligent). La pression des associations et des protestataires alternatifs ont sans doute eu quelque effet sur l’opinion. Les résurgences d’une guerre commerciale plus ou moins ouverte avec les U.S.A., notamment au sujet de l’acier, mettaient aussi un frein au projet.

    Mais les commissaires mondialistes Erkki Liikanen et Pascal Lamy veillaient, aidés efficacement par Elmar Brok, député européen chrétien démocrate allemand qui présidait la Commission des Affaires étrangères du Parlement. Tout ce beau monde agit par le truchement plus ou moins occulte, mais bien pourvu financièrement, du Réseau politique transatlantique (T.P.N.), un « groupe de réflexion » qui rassemblait en 2004 plus de quatre-vingt parlementaires européens et environ quarante-cinq membres du Congrès ainsi que trente-cinq entreprises géantes dont A.B.B., Daimler Chrysler, B.P., Nestlé, U.P.S., I.B.M., Boeing, Microsoft, Philips et Unilever.

    À son tour, le mai 2008, le Parlement européen a prévu pour 2015 la création d’un grand marché transatlantique, avec , de facto, dans la plupart des secteurs, l’application du droit états-unien.

    L’objectif est bien sûr économique, et obéit à la pensée unique ultralibérale qui domine actuellement, aux dépens des peuples. Mais il est évident que l’idéologie atlantiste des responsables politiques européens y trouve sa place, l’Union européenne s’étant systématiquement alignée sur la ligne de la diplomatie étrangère américaine, en l’appuyant et en participant, via l’O.T.A.N., à ses aventures guerrières.

    L’intégration de la France au commandement intégré de l’Organisation de l’Atlantique Nord a fait sauter tous les obstacles. Le prestige français, animé par l’esprit d’indépendance gaullien, n’est plus qu’un souvenir. Pour paraphraser Tacite, comme le Sénat romain, l’élite de notre pays, comme du reste l’oligarchie de l’Europe occidentale, suivie par la partie abusée du peuple, se rue vers la servitude.

    À terme, c’est une plus grande symbiose entre les politiques et les législations américaines et européennes qui va être à l’œuvre. Mais l’on ne voit pas pourquoi et comment l’hyper-puissance yankee n’imposerait pas ses normes et ses usages, dans la « protection » de l’environnement et des consommateurs, dans le domaine de la santé, au sujet du problème très sensible des O.G.M., , de la législation sur les produits chimiques. Tout cela se traduira inévitablement par une régression, à la grande satisfaction de ceux qui tentent, avec une obstination remarquable, de déréguler tous ces secteurs, sans trop de succès jusqu’à maintenant. Il est assuré que le Traité transatlantique va leur donner le sésame pour ouvrir toutes les portes, d’autant plus que ces combinaisons sont ficelées sans contrôle démocratique.

    Ce traité achève donc la perte de la souveraineté de l’Europe, qui, pour autant, n’en a eu que dans l’étroite marge que lui laissait la puissance américaine. Celle des vingt-sept nations européennes a pris fin l’an dernier, par le Traité d’équilibre budgétaire européen. Or, les lois qui régissent les relations internationales sont comme celles de la nature, nonobstant l’inévitable hypocrisie inhérente à l’espèce humaine. Le plus fort impose sa volonté, que l’on essaiera d’incarner, par exemple, par l’usage obligatoire de l’anglais comme langue maternelle.

    Parallèlement, la création d’un espace commun de contrôle des populations, d’une aire de coopération transatlantique en matière de « liberté de sécurité et de justice » est prévue d’ici 2014, surtout au profit de l’ultra-sécuritaire État américain, obsédé par le terrorisme et encouragé par le Military Commissions Act de 2006, qui permet de poursuivre toute personne quelle qu’elle soit, y compris non américaine, considérée comme ennemi, « combattant illégal ».

    L’étape suivante sera la réalisation d’un pouvoir exécutif, qui sera institué dans les dix ans, et qui usera comme il l’entend de la force judiciaire, policière et militaire. Les peuples devront se plier. Et comme le processus de domestication ne s’effectuera pas sans réactions, il est probable que des révoltes auront lieu, sans doute violentes, avec des réponses répressives adéquates. Une ère de dictature s’annonce.

    Nous sommes, nous, Français, Européens, à un tournant de notre histoire. Sera-t-il dit que nous ne savions pas, et que, quand il sera trop tard, nous n’ayons d’autre choix qu’entre la servitude et la mort ?

    Claude Bourrinet http://www.europemaxima.com/

    • D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 2 février 2013.

  • [Lyon] Cercle d’étude le mardi 5 novembre à 18h30

    L’eurasisme : politique, géopolitique et philosophie par Stéphane Blanchonnet

    L’oeuvre d’Alexandre Douguine nous invite à la fois à un dépassement des trois idées politiques caduques que sont le libéralisme, le socialisme et le fascisme, à une réflexion géopolitique sur la théorie des grands espaces et à une tentative de transposition politique de la pensée métaphysique d’Heidegger.

    Ces réflexions d’un penseur majeur de la Russie contemporaine peuvent-elles et doivent-elles inspirer les nationalistes français ?

    Renseignements complémentaires : 06 82 83 92 00

    lyon@actionfrancaise.net

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Lyon-Cercle-d-etude-le-mardi-5

  • La responsabilité des USA dans l’instabilité du monde arabe!

    Selon le quotidien italien Corriere della Sera, plus de deux cents marines ont été transférés d’une base militaire américaine en Espagne vers celle de Sigonella, en Sicile. Ces mouvements de personnel font suite aux tensions survenues entre Washington et la Libye après le raid qui a conduit à la capture d’Abou Anas al-Liby, l’un des leaders d’Al-Qaïda les plus recherchés par le FBI. Ils ont pour but de prévenir toute menace potentielle pour la sécurité de la mission diplomatique étasunienne en Libye.

    La situation est en effet quelque peu tendue entre Washington et Tripoli. Le gouvernement libyen a convoqué l’ambassadrice Deborah Jones ; il exige des précisions sur la capture du chef terroriste Nazih Abdul Hamed al-Raghie (nom de guerre d’Abou Anas al-Liby), capturé le week-end dernier à Tripoli par les forces spéciales étasuniennes en pleine journée. « Un véritable rapt » pour les autorités libyennes, décidé qui plus est à leur insu. Des informations officieusement démentis par le Pentagone, qui a toutefois réaffirmé « le droit de poursuivre les terroristes sans limites ni frontières ».

     

    « Celui qui a kidnappé mon père parlait un dialecte libyen », a déclaré le fils d’Abou Anas, témoin de l’enlèvement. Pour les médias étasuniens, l’opération est l’œuvre des fameux Navy Seals, les forces spéciales qui ont capturé et tué Oussama Ben Laden avec l’aide de la CIA et du FBI. Abou Anas a été amené au bord du San Antonio, un navire de guerre de la marine américaine stationné en Méditerranée, pour y être interrogé. « Abou Anas est désormais prisonnier des États-Unis », a déclaré le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, en précisant que le raid avait été approuvé par le président Obama en personne.

    Amnesty International a dénoncé la capture d’Abou Anas, car « elle viole les principes fondamentaux des droits de l’homme », et a demandé à Washington de « confirmer immédiatement son lieu de détention et lui fournir l’accès à un avocat ».

    Tripoli fait manifestement la grosse voix. Mais le gouvernement a une souveraineté limitée ; il a en effet été mis en selle par l’OTAN sous le bruit des bombes. Difficile dans ces conditions d’exister en dehors de l’Oncle Sam. La Libye « libérée » de Kadhafi est quotidiennement humiliée par des milices armées qui se disputent son territoire. Il y a quelques jours encore, alors que le gouvernement libyen a minimisé la portée d’un attentat à la bombe dernière l’hôpital al-Jala de Benghazi, le Pentagone a fait savoir qu’il avait envoyé un nombre non précisé de marines sur la base de Sigonella. On a parlé initialement de cinq cents hommes ; ils ne sont finalement « que » deux cents. Une véritable opération militaire, loin des entraînements de routine, qui relance le débat sur la finalité de la base sicilienne que les États-Unis utilisent depuis le 15 juin 1959. Plus de 7.000 militaires et leurs familles y ont élu domicile. Le gouvernement italien reste étrangement silencieux, peut-être pour ne pas trop faire de publicité à sa politique belliqueuse. Sigonella accueillera en effet prochainement un centre étasunien de traitement de drones.

    Abou Anas vivait tranquillement en Libye depuis deux ans. Une prime de cinq millions de dollars planait au-dessus de sa tête. Il est accusé de complicité dans les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie (11 morts et 70 blessés) et au Kenya (213 morts dont 12 citoyens étasuniens) en 1998. Indésirables à l’époque de Kadhafi, de nombreux musulmans radicaux ont quitté le pays dans les années 90 pour s’installer en Afghanistan ou en Irak, où ils sont entrés en contact avec Al-Qaïda avant de retrouver leur terre natale, en 2011. Avoir combattu aux côtés de l’OTAN contre la Jamahiriya libyenne leur a donné voix au chapitre. S’appropriant un arsenal militaire impressionnant au moment de la « guerre de libération », ils ont formé des milices armées et construit des camps d’entraînement pour les jeunes Libyens et les étrangers en partance pour les combats en Syrie. Ces groupes seraient devenus si puissants qu’ils n’ont désormais plus besoin de s’associer avec Al-Qaïda, préférant suivre leurs propres émirs locaux. Le groupe salafiste Ansar al-Sharia, enraciné dans l’est du pays, serait ainsi responsable de l’attaque contre le consulat américain à Benghazi le 11 septembre 2012 qui a coûté la vie de l’ambassadeur Chris Stevens et de trois autres Américains.

    La « fragmentation territoriale » fait désormais partie intégrante de la nouvelle stratégie étasunienne dans le monde islamique : elle consiste à détruire tous les États en favorisant la « balkanisation » de pays entiers. L’Irak et la Libye en sont des exemples concrets, et il s’en est fallu de peu que la Syrie ne connaisse le même sort. Peu importent les vies brisées et les conflits tribaux ou confessionnels qui découlent d’une telle instabilité : les vastes territoires que plus aucun gouvernement ne contrôle ne représentent plus aucun problème pour la politique extérieure de l’Oncle Sam. Mais celle-ci se doit d’être armée face aux bandes rebelles et aux terroristes… qui sont des pions géopolitiques utilisés à dessein par les États-Unis et son complexe militaro-industriel. Pourtant, Barack Obama s’est vu officiellement attribuer le prix Nobel de la paix 2009 « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples ». Nous sommes décidément en guerre : la propagande bat son plein !

    french.irib.ir

    http://fortune.fdesouche.com/328069-la-responsabilite-des-usa-dans-linstabilite-du-monde-arabe#more-328069

  • La diabolisation de la Russie est injuste

    Blog d'Alexandre Latsa : « Si la Russie court derrière le modèle occidental, elle sera toujours en retard »

    Aymeric Chauprade bonjour, pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de RIA-Novosti qui ne vous connaîtraient pas ?

    Je suis géopolitologue. Une formation scientifique d'abord (mathématiques) puis de sciences politiques (docteur) et dix années titulaire de la Chaire de géopolitique de l'Ecole de Guerre à Paris, entre 1999 et 2009. J'ai aussi enseigné la géopolitique et l'histoire des idées politiques en France à la Sorbonne et en Suisse à l'Université de Neuchâtel.

    Je suis maintenant également consultant international et très heureux de travailler de plus en plus avec la Russie. Mais je suis également souvent en Amérique Latine et j'ai des réseaux africains développés.

    Vous êtes considéré comme l’un des fondateurs de la nouvelle géopolitique française, pluridisciplinaire, attentive à décrire le « continu et le discontinu » dans l’analyse des questions internationales, pourriez vous expliquer aux lecteurs de RIA-Novosti ce qu’il en est exactement ?

    Je me rattache au courant dit réaliste qui tient compte de la force des facteurs de la géographie physique, identitaire et des ressources, dans l'analyse des relations internationales. Mais pour autant, je ne néglige pas les facteurs idéologiques. Ils viennent en combinaison des facteurs classiques de la géopolitique que j'évoquais à l'instant à savoir les déterminants liés à l'espace, aux hommes dans leur identité culturelle (ethnie, religion...), et à la quête des ressources. J'insiste sur la multicausalité (il n'y a pas de cause unique mais chaque situation est la combinaison unique, un peu comme l'ADN d'une personne, d'une multiplicité de facteurs déterminants) et sur la multidisciplinarité (je refuse l'idée que ma matière, la géopolitique, puisse rendre compte à elle seule de la complexité de l'histoire ; attention au "tout géopolitique", au "tout économique" ou "tout sociologique"). La tentation de tout expliquer par sa discipline, comme le font beaucoup les sociologues aujourd'hui, est une dérive née de l'hyperspécialisation qui nous éloigne de l'époque des savants généralistes, ces savants du XVIe siècle qui étaient à la fois philosophes, mathématiciens et souvent hommes de lettres!

    Quant au "continu et au discontinu" c'est ce souci qui me vient de ma première formation scientifique de séparer la dimension continue et même parfois linéaire des phénomènes, de leur dimension discontinue et parfois erratique. Il faut savoir suivre les courbes des facteurs de temps long (la démographie par exemple) mais il faut aussi savoir lire les discontinuités, les sauts, de l'Histoire.

    Vous avez le mois dernier été invité au prestigieux Forum Valdaï, cofondé par RIA-Novosti. Pourriez-vous nous faire part de vos impressions sur ce forum ?

    D'abord j'ai été très honoré de figurer parmi les nouveaux invités du Forum de Valdaï. Ce fut une expérience véritablement passionnante. Les débats sont de qualité, l'organisation rigoureuse. C'est une sorte de Davos russe mais avec une différence notable : il n'y a pas de pensée unique mondialiste unanimement partagée. Des sensibilités différentes sont représentées. Si l'on voulait simplifier d'un côté, les Occidentalistes qui, Russes ou Occidentaux, célèbrent le "modèle démocratique occidental", essentiellement américain et considèrent que celui-ci doit être l'horizon vers lequel doit tendre la société russe, et de l'autre côté, les partisans d'un modèle original russe, dont je fais partie, bien que n'étant pas russe, qui considèrent que la Russie n'est pas seulement une nation, mais une civilisation, dont la profondeur historique est telle qu'elle permet de proposer aux Russes un modèle original. A Valdai, j'ai beaucoup entendu les Occidentalistes se lamenter du fait que la Russie était encore loin des standards occidentaux, à cause d'un prétendu déficit démocratique et d'une forte corruption. Je n'idéalise pas la Russie sous Poutine qui travaille d'arrache-pied au redressement de ce pays depuis 13 ans ; j'en mesure les maux mais je dis simplement que lorsque l'on parle de corruption il faudrait premièrement rappeler que les indicateurs de mesure sont faits pour l'essentiel par les Occidentaux, et les Américains en particulier, ce qui n'est pas une assurance d'objectivité, et deuxièmement s'intéresser non seulement à la corruption de l'Occident lui-même mais à son fort pouvoir corrupteur dans les pays en voie de développement!

    Par ailleurs je considère que si la Russie court derrière le modèle occidental, elle sera toujours en retard. Bien au contraire, un pays qui a su pousser si loin la création artistique et scientifique, me paraît plus que capable de proposer un contre-modèle, lequel ne devra pas être fondé sur la toute puissance de l'individualisme, mais au contraire sur l'âme russe, sur la dimension spirituelle de ce pays. Il faut faire attention à une chose : le communisme, comme rouleau compresseur de l'esprit critique et de la dimension spirituelle de l'homme, a été un préparateur redoutable pour le projet de marchandisation de l'homme que propose l'individualisme américain.

    Je suis convaincu que le retour à la Sainte Russie, au contraire, peut être un formidable réveil du génie créateur russe, qui seul lui permettra de reconstruire, au-delà des hydrocarbures et d'autres secteurs, une économie performante et innovatrice.

    La question de l’identité a été extrêmement discutée et le président russe a utilisé une rhétorique eurasiatique pour parler de l’Etat Civilisation russe, pensez vous comme certains que le réveil russe l’éloigne de l’Occident, et donc de l’Europe, et devrait intensifier son rapprochement avec la Chine ?

    Si la Russie s'éloigne de l'Occident ce sera de la faute de l'Occident américain. La Russie est en effet diabolisée dans les médias américains dominants et par conséquent dans les médias européens qui s'en inspirent. Cette diabolisation est injuste, c'est de la mauvaise foi qui vise à présenter le redressement russe comme agressif alors que celui-ci cherche à consolider sa souveraineté face à l'impérialisme américain qui fait glisser les frontières de l'OTAN aux frontières de la Russie et de la Chine.

    La Russie développe ses relations avec la Chine, dans le cadre notamment du groupe de Shangaï et aussi parce que les Chinois ont compris que les Russes pouvaient être des partenaires solides dans un monde multipolaire. De fait, ces deux puissances partagent la même vision de l'organisation du monde : elles respectent la souveraineté des Etats, refusent l'ingérence chez les autres, veulent l'équilibre des puissances comme garantie de la paix mondiale. Toutes deux s'opposent au projet unipolaire américain qui, il suffit de le constater, a déclenché une succession de guerres depuis l'effondrement soviétique : Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Libye, Syrie maintenant... Où avez-vous vu les Russes dans toutes ces guerres?

    Je pense que la Russie ne veut pas se contenter d'un partenariat avec la Chine. Certes la Russie est une puissance eurasiatique, mais il suffit de s'intéresser à son histoire, à son patrimoine culturel, pour voir qu'elle est une puissance profondément européenne et qu'elle n'entend pas se couper de l'Europe. Si les Européens se libéraient de leur dépendance à l'égard des Etats-Unis tout pourrait changer et un fort partenariat stratégique pourrait se nouer entre l'Europe et la Russie.

    Vous aviez lancé le 13 juin dernier un « Appel de Moscou », quel regard global portez vous sur la Russie d’aujourd’hui ?

    D'abord j'essaie de ne pas idéaliser la Russie même si je ne vous cache pas que je me sens extrêmement bien dans ce pays, parce que le matérialisme m'y paraît sans cesse équilibré par une sorte de profondeur d'âme insondable. Je pense que quelque chose est en train de se passer dans la Russie de Poutine et j'espère seulement que le Président Poutine pense à la manière de perpétuer son héritage, car la pire chose qui pourrait arriver ce serait le retour des occidentalistes de l'ère Eltsine, qui prennent la Russie pour un pays du Tiers monde qu'il faudrait mettre aux normes occidentales. L'appel de Moscou que j'ai lancé poursuivait deux buts: d'abord montrer mon soutien au refus russe du programme nihiliste venu d'Occident (mariage homosexuel, théorie du genre, merchandisation du corps), ensuite montrer aux Français qui défendent la famille et les valeurs naturelles que la Russie peut être une alliée précieuse dans ce combat. Je suis très surpris et heureux de constater à quel point mon appel de Moscou lancé à la Douma le 13 juin 2013 a circulé en France dans les milieux catholiques qui se sont mobilisés contre le mariage homosexuel.

    Le souverainisme est à vos yeux une notion clef de l’équilibre mondial. Très curieusement ce concept est abandonné en Europe alors qu’en Russie et dans nombre de pays émergents l’affirmation et le maintien de la souveraineté semble au contraire un objectif essentiel. Comment expliquez-vous cette différence d’orientation ?

    La souveraineté est une évidence pour tous les peuples du monde, et en particulier pour ceux qui ont pris leur indépendance récemment ou qui aspirent à créer un Etat indépendant. Les Européens de l'Ouest, ou plutôt leur fausses élites gouvernantes, sont les seules du monde à avoir abdiqué la souveraineté de leurs peuples. C'est une trahison dont elles devront répondre devant l'Histoire. Des millions de Français ont péri à travers l'Histoire pour défendre la liberté et la souveraineté du peuple français, sous les monarques comme en République. Mon nom est inscrit sur les monuments aux morts français. Si les Français voulaient s'en souvenir, il n'est pas une famille française qui n'ait son nom inscrit sur ces monuments aux morts, de la Première, de la Deuxième ou des guerres de défense de l'Empire français.

    Imaginez-vous un Américain ou un Russe abdiquer sa souveraineté? Pour eux le patriotisme est une évidence, qui va d'ailleurs tellement de soi que tout parti affirmant un programme nationaliste en Russie est perçu comme extrémiste parce qu'il n'y a nul besoin là-bas d'affirmer l'évidence. Nos amis russes doivent comprendre en revanche qu'en France ce n'est plus l'évidence et par conséquent qu'il est normal qu'un parti politique qui veut rendre au peuple la souveraineté, mette celle-ci au sommet de son programme!

    Aujourd’hui nous assistons à une relative rapide modification des relations internationales, avec le basculement du monde vers l’Asie et la potentielle fin du monde unipolaire. Comment envisagez vous que cette transition puisse se passer ?

    Ce que je vois c'est que les Etats-Unis refusent de perdre leur premier rang mondial et peuvent créer de grands désordres, peut-être même des guerres de grande ampleur, dans les décennies à venir, et que les Européens, quant à eux, sont dans la gesticulation kantienne, la proclamation de belles leçons de morale qui s'accompagnent d'un déclin en puissance dramatique et donc pathétique.

    Au sein de cet basculement, la France semble quant à elle pourtant de plus en plus aligner sa politique étrangère sur les intérêts américains, cela est visible avec la crise en Syrie. Comment l’expliquez-vous ?

    Je l'explique très simplement. L'oligarchie mondialiste a pris le contrôle des principaux partis de gouvernement français, le PS et l'UMP. La majorité de ses dirigeants ont été initiés dans les grands clubs transatlantiques. Ils ont épousé le programme mondialiste et ne raisonnent plus en patriotes français comme le faisait le général de Gaulle. Lorsque le peuple français l'aura compris, ces fausses élites seront balayés car elles n'ont pour bilan que le déclin en puissance de la France et la perte de sa souveraineté.

    Vous avez soutenu Philippe de Villers en 2004, auriez appelé à Voter pour Nicolas Sarkozy en 2007 et vous venez de vous ranger au coté de Marine Le Pen. Souhaitez-vous désormais entamer une carrière politique ?

    Le mot carrière ne me va guère. Si j'avais choisi de faire une carrière dans le système, alors j'aurais choisi de proclamer autre chose que des vérités qui dérangent. Je n'ai qu'une ambition, pouvoir dire à mes enfants, au seuil de la mort, que j'ai fait ce que je pouvais pour défendre la liberté et la souveraineté du peuple français. J'ai soutenu Philippe de Villiers que je respecte.

    Mais je n'ai jamais appelé à voter pour Nicolas Sarkozy, que je vois comme soumis aux intérêts américains. Je ne sais qui a pu dire une chose pareille mais je vous mets au défi de trouver un seul texte de soutien de ma part à Nicolas Sarkozy. C'est d'ailleurs son gouvernement, en la personne de son ministre de la défense Hervé Morin, qui m'a brutalement écarté de l'Ecole de Guerre parce j'étais trop attaché à l'indépendance de la France et que je m'opposait au retour de la France dans les structures intégrées de l'OTAN. Donc de grâce que l'on ne dise jamais que j'ai soutenu ou appelé à voter Sarkozy.

    En revanche, oui je soutiens Marine le Pen et il est possible que je joue prochainement un rôle sur la scène politique à ses côtés. Marine a un caractère fort, une carapace héritée des coups que son père a pris pendant tant d'années, et je la sens donc capable de prendre en main avec courage le destin du pays. Le courage plus que l'intelligence est ce qui manque aux pseudo-élites françaises, lesquelles sont conformistes et soumises à l'idéologie mondialiste par confort.

    Comment envisageriez vous la relation franco-russe ?

    Je l'ai dit et je le redis haut et fort. Si le Front national arrive au pouvoir, il rompra avec l'OTAN et proposera une alliance stratégique avec la Russie. Ce sera un tremblement de terre énorme au niveau international et c'est la raison pour laquelle, avant d'arriver en haut des marches, et même avec le soutien du peuple, il nous faudra affronter des forces considérables. Nous y sommes prêts. Et n'oubliez pas que la France est le pays de Jeanne d'Arc. Tout est possible donc, même quand tout semble perdu!

    Merci Aymeric Chauprade.

    Les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter votre blog ou le site Realpolitik-TV.

    L’opinion exprimée dans cet article ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction, l'auteur étant extérieur à RIA Novosti.

    Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".

    http://fr.ria.ru/blogs/20131016/199564880.html

  • Chine : Et si le monde se “désaméricanisait” ?

    L’agence Chine Nouvelle (Xinhua) traduit en général la pensée des dirigeants chinois et visiblement ces derniers envisagent de tourner la page de l’Amérique toute puissante et de son dollar. Chine nouvelle souhaite en effet un “nouvel ordre mondial” alors que se poursuit aux États-Unis un bras de fer budgétaire menaçant le pays d’un défaut de paiement sur sa dette.

    Alors que les États-Unis sont paralysés par un shutdown, et que les hommes politiques américains échouent à “trouver un accord viable pour refaire fonctionner normalement les institutions politiques dont ils sont si fiers, c’est peut-être le bon moment pour une planète abasourdie de commencer à envisager la construction d’un monde désaméricanisé“, a indiqué le média d’État chinois.

    Les jours inquiétants où les destinées d’autres pays se trouvent dans les mains d’une nation hypocrite doivent prendre fin et un nouvel ordre mondial doit être mis en place, où toutes les nations [...] verront leurs intérêts respectés et protégés sur un pied d’égalité“, a poursuivi l’agence dans un commentaire au ton cinglant.

    La Chine, principal détenteur de la dette US

    Faute d’un accord budgétaire au Congrès, les administrations centrales américaines tournent au ralenti depuis une dizaine de jours et les États-Unis pourraient se déclarer en défaut de paiement le 17 octobre si les parlementaires ne réussissaient pas à s’entendre sur un relèvement du plafond de la dette du pays.
    Pékin a multiplié ces derniers jours les avertissements et appels au compromis budgétaire, mettant en avant les relations “inséparables” qui lient les économies des deux pays.

    Le blocage qui paralyse de façon cyclique à Washington tout accord bipartisan [entre démocrates et républicains, NDLR] sur le budget fédéral et le relèvement du plafond de la dette menace de nouveau les importantes réserves en dollars de nombreux pays et angoisse fortement la communauté internationale“, a insisté l’agence Chine Nouvelle.

    Création d’une “nouvelle devise de réserve

    La Chine est en fait la première concernée: la deuxième économie mondiale est le principal détenteur de dette américaine, avec 1.277 milliards de dollars en bons du Trésor, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.

    Au lieu d’honorer avec responsabilité ses devoirs de leader mondial, Washington avec en tête ses propres intérêts a abusé de son statut de superpuissance et accru le chaos dans le monde en transférant à l’étranger les risques [de son système] financier”, mais également “en attisant les tensions dans des différends territoriaux et en menant des guerres injustifiées sous le couvert de mensonges“, a ajouté Chine nouvelle, en référence au conflit engagé par les États-Unis en Irak.

    Les économies émergentes doivent avoir davantage leur mot à dire dans les institutions financières internationales“, a plaidé le média d’État, évoquant la création d’une “nouvelle devise de réserve” pour remplacer le dollar et une évolution du Fonds monétaire international (FMI), où Pékin ne pèse guère plus que l’Italie. Une réforme de la gouvernance du FMI est préparée depuis trois ans, mais son entrée en vigueur est bloquée par le veto de fait des États-Unis qui doivent la faire ratifier par le Congrès.

    Le Point

    http://fortune.fdesouche.com/328333-chine-et-si-le-monde-se-desamericanisait#more-328333

  • Situation de l’Union européenne, vue par Michel Geoffroy/ Entretien avec le magazine serbe « Geopolitika »

    « L’histoire est le lieu de l’inattendu »
    Michel Geoffroy répond aux questions du magazine serbe « Geopolitika » sur la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne, sur le rôle dominant de l’oligarchie, sur la post-démocratie, sur les mécanismes du Système médiatique occidental, sur l’ampleur prise par les droits des minorités, sur l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne et plus globalement sur les relations internationales entre l’U.E. et les deux grands pouvoirs, USA et Russie, avec leurs incidences sur les grandes questions telles que celles de la Syrie et du Proche-Orient.
    Cet entretien a été publié dans la livraison de septembre 2013 de « Geopolitika », en langue serbe. Nos lecteurs serbophones le retrouveront en cliquant ICI. Nos lecteurs habituels en prendront connaissance ci-après.
    Polémia

    1 Geopolitika - Monsieur Geoffroy, vos analyses des processus et de la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Europe moderne brillent d’une perspicacité, d’une approche analytique inhabituelle et d’un cynisme intellectuel. Mais, pour nos lecteurs en Serbie et dans les Balkans, pourriez-vous, pour commencer, nous donner une appréciation de la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne ? D’autres pays, d’autres peuples passent par des crises différentes, mais les crises de l’Europe, de l’Occident, ont quelque chose de spécial, parce que jusqu’au début du XXe siècle l’Europe a été le chef de file de la civilisation, et l’Amérique, ou on peut dire aussi l’Occident, a triomphalement accueilli la fin du XXe siècle. Qu’est-ce qui s’est passé en si peu de temps, qu’est-ce qui a provoqué la crise ? S’agit-il uniquement d’une crise économique, d’une crise de modèle, d’esprit, de l’Homme ?…
    Michel Geoffroy- L’Europe occidentale traverse une crise systémique et globale, comme cela s’est déjà produit plusieurs fois dans son histoire, notamment après la Guerre de 1914/1918.
    Cette crise résulte de la convergence de plusieurs facteurs de longue durée, qui viennent à maturité au début du XXIe siècle, même s’ils ont pris racine avant. Pour ma part je vois la conjonction de trois phénomènes majeurs :
    - d’abord, le vieillissement de la population européenne, inscrit dans sa démographie et son « grand remplacement » par des populations immigrées beaucoup plus prolifiques. Ce remplacement, sans précédent dans l’histoire moderne, constitue un défi majeur à relever. Malheureusement l’oligarchie occidentale n’a pas du tout l’intention de le relever et, au contraire, elle encourage l’immigration de peuplement, car celle-ci répond aux intérêts des grandes entreprises multinationales. Cela provoque un désarroi croissant des Européens autochtones qui ont le sentiment d’être abandonnés par leurs élites ;
    - ensuite, l’Europe occidentale a perdu le monopole de la puissance, de la science et de la croissance, au profit du reste du monde et notamment des pays émergents. C’est le vrai sens du mot « mondialisation ». Les Européens n’en ont pas encore tout à fait conscience car on leur cache la réalité. Mais l’Europe occidentale ne parvient plus à s’imposer dans un monde de plus en plus concurrentiel, car elle s’est ralliée à l’idéologie libre-échangiste. Pour la première fois depuis bien longtemps les Occidentaux en viennent à douter de leur avenir ;
    - enfin, le système politique occidental est devenu post-démocratique : aujourd’hui ce ne sont plus les citoyens qui sont souverains, mais les oligarchies financières et économiques transnationales. Ces oligarchies voient les peuples non comme la fin suprême de la politique, mais comme des obstacles qu’il faut éradiquer. L’Europe occidentale n’est plus une démocratie au sens où l’entendaient nos ancêtres, mais un espace économique ouvert : c’est-à-dire un vide existentiel béant. Les Européens n’arrêtent pas de parler de leurs « valeurs » en faisant la morale aux autres, mais en réalité c’est pour cacher leur triste condition servile. D’autant que ces « valeurs » se retournent aujourd’hui contre eux comme dans le cas des droits de l’homme.
    Bref la crise européenne est globale : mais elle est d’abord culturelle et morale avant d’être économique.

    2 Geopolitika - Il est intéressant que, malgré une multitude de différents auteurs et théories selon lesquels une élite pensante globale contrôle tout, vous pensez autrement : « L’oligarchie pense qu’elle gouverne le monde ». Vous dites que l’oligarchie mondiale « ne gouverne aucun pouvoir qu’elle a imprudemment libéré. Ces pouvoirs gouvernent maintenant l’oligarchie, nous tirant tous vers un abîme ». Pourriez-vous nous donner des arguments plus détaillés concernant votre théorie ?
    M.G.- L’oligarchie s’imagine qu’elle peut gouverner le monde contre la volonté des peuples. Elle croit que l’économie constitue l’horizon indépassable de l’humanité et que la post-démocratie représente le meilleur régime politique possible. Elle croit incarner la fin de l’histoire.
    Mais tout cela n’est qu’illusion. Le petit club des privilégiés qui composent l’oligarchie prend ses désirs pour des réalités : des désirs qui reposent au surplus sur un présupposé à caractère raciste, celui qui pose que le modèle anglo-saxon serait le seul et le meilleur possible.
    Il ne faut pas surestimer le pouvoir de l’oligarchie dans la mesure où les faits ne cessent de la démentir.
    Les identités et les cultures résistent à l’impérialisme des marchés. Les crises financières à répétition montrent que l’oligarchie ne maîtrise plus l’économie. La puissance américaine est ébranlée même si elle reste encore redoutable, car les pays émergents rendent le monde toujours plus multipolaire.  Et en Europe même l’oligarchie se trouve de plus en plus contestée, au fur et à mesure que la crise se développe.
    Le Système oligarchique ne tient que parce qu’il ne fait pas encore l’objet d’une contestation globale et parce qu’aucun concurrent crédible ne se dresse devant lui, si l’on excepte le cas de l’Islam radical, mais qui ne peut concerner les Européens.
    Mais on sent que les temps d’une nouvelle alternative politique au Système oligarchique occidental approchent.

    3 Geopolitika – Nous attirons l’attention aussi sur votre analyse de l’interprétation médiatique du meurtre à Rennes, où un garçon français âgé de 13 ans avait été étranglé par un jeune immigré âgé de 16 ans, originaire de Tchétchénie, et dont les médias avaient remplacé le prénom, Souleymane, par Vladimir. Quel est le contexte de cette décision de cacher la vérité quand il s’agit de ce meurtre ou d’autres affaires basées sur des questions raciales ou ethniques, de quoi ont-ils peur ceux qui sont au pouvoir ainsi que les médias contrôlés ? Ont-ils peur de voir le rêve sur la vie multiculturelle en Europe se désintégrer ou d’autre chose ?
    M.G.- Le Système médiatique occidental est asservi aux puissances économiques et financières, qui militent toutes pour un développement de l’immigration de peuplement. Car l’immigration a été le moyen pour le patronat de se débarrasser des salariés autochtones et des lois sociales.
    Les médias s’efforcent en permanence de nous présenter l’immigration, notamment musulmane, sous des traits toujours positifs, comme « une chance pour la France ». Les médias ont donc pris l’habitude de minimiser les réalités de la délinquance  quant elle provient de l’immigration, par exemple. En clair : de travestir la réalité, comme l’a maintes fois démontré la fondation Polémia.
    Pourquoi font-ils ainsi ? Parce que montrer que l’immigration n’est pas une « chance » mais au contraire une catastrophe conduirait inévitablement à désigner les responsables de cette situation : l’oligarchie occidentale. Le Système médiatique préfère donc masquer les faits, comme changer l’identité des protagonistes par exemple.
    Mais de plus en plus d’Européens, confrontés aux dures réalités quotidiennes de l’immigration, savent « lire entre les lignes » désormais et traquer les « bobards ».

    4 Geopolitika – Nous voudrions partager avec nos lecteurs votre analyse brillante sur l’abus politique de la démocratie, où sont relativisées la gouvernance du peuple et la souveraineté en tant qu’éléments essentiels de la démocratie elle-même. La voix du peuple, la voix de la majorité est limitée par les droits des minorités, des immigrés, des minorités religieuses et sexuelles… Que s’est-il passé ? En quoi la démocratie a-t-elle été transformée dans les sociétés occidentales ? Est-ce qu’il existe toujours le danger des formes modifiées de totalitarisme et de communisme ?
    M.G.- Je ne crois pas au retour du communisme en Europe occidentale, car cette doctrine ne fait plus rêver et parce que « la classe ouvrière »  a profondément changé au cours du XXe siècle.
    Le péril qui nous menace est autre : celui d’un totalitarisme de marché à visage humain. C’est ce que l’on appelle la post-démocratie.
    La post-démocratie découle en effet du retour en force de l’idéologie libérale, après la chute de l’URSS. Elle accompagne la montée en puissance des grandes entreprises et des institutions financières comme seul pouvoir souverain, au-dessus des Etats et des frontières, au nom des bienfaits supposés de la libération des échanges et du commerce.
    L’idéologie libérale réduit la démocratie à la défense procédurale des droits individuels : elle ne repose plus sur la participation active des citoyens à la vie de la cité. Elle s’attaque aux Etats afin que les oligarchies règnent sans contrôle populaire.
    A l’âge post-démocratique les citoyens ne contrôlent donc plus leur destin : ils deviennent une simple « ressource humaine » au service des marchés. L’émancipation du pouvoir économique de toute régulation provoque en outre une augmentation des inégalités sociales, phénomène perceptible partout en Occident.
    En réduisant la démocratie à l’idéologie des droits de l’homme et au principe de « non-discrimination », la post-démocratie conduit, au surplus, à l’implosion sociale et à la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire à la violence.
    Ainsi, par exemple, selon les juges européens qu’inspire cette idéologie, les étrangers qui entrent irrégulièrement sur le territoire ont les mêmes droits, voire des droits supérieurs à ceux des citoyens qui respectent les lois. Cette idéologie  détruit donc le lien social et l’ordre politique. Elle rend la société de plus en plus conflictuelle. C’est pourquoi en post-démocratie il y a plus de policiers que de soldats et le contrôle de la population – qu’il soit policier ou médiatique – devient une préoccupation majeure.

    5 Geopolitika – Il existait dans l’armée française des officiers qui se souvenaient de l’amitié qui existait entre la France et la Serbie. Que pensez-vous de cette amitié passée entre nos deux peuples, qui s’était forgée dans les tranchées du Front de Salonique, même si cette question peut paraître anachronique pour ceux qui voient le monde avec les yeux des grands médias ?
    M.G.- Je ne crois pas que l’on doive fonder la politique internationale sur des sentiments ni sur la réminiscence perpétuelle du passé, fût-il glorieux. La politique internationale doit, au contraire, se fonder sur les rapports de force existant ou futurs, ainsi que sur l’intérêt des Etats et des nations et cet intérêt est par nature changeant dans l’espace et dans le temps, même si la géopolitique a ses lois.
    Je crois que si les opérations de l’OTAN contre la Serbie ont provoqué un malaise chez certains militaires français, cela tenait au fait qu’ils comprenaient, malgré les bobards médiatiques auxquels on nous soumettait, que ce n’était pas l’intérêt de l’Europe ni celui de la France qu’ils défendaient en bombardant la Serbie. Ils découvraient aussi que le général De Gaulle avait raison quand il affirmait que l’OTAN ferait courir le risque d’entraîner la France dans des guerres qui ne seraient pas les siennes. La suite des événements leur a malheureusement donné raison, me semble-t-il.

    6 Geopolitika – L’élite politique de Belgrade voudrait faire entrer la Serbie dans l’Union européenne, apparemment même au prix de donner le Kosovo aux Albanais. Quel est votre message pour les Serbes ? Devraient-ils accéder à l’Union européenne ?
    M.G.- C’est d’abord aux Serbes eux-mêmes de répondre à cette question !
    Mais il faut qu’ils sachent que l’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui ne protège pas l’identité ni la survie des peuples européens. Chaque jour elle devient un peu plus la « prison des peuples », comme autrefois l’Autriche-Hongrie. L’Union européenne n’est pas une zone de prospérité, de paix et de liberté comme elle le prétend, mais un espace de contrainte et l’instrument de la destruction de la souveraineté des Européens. Il faut donc soit l’ignorer soit tenter de la refonder, mais non s’y soumettre.

    7 Geopolitika – Pourriez-vous qualifier la situation actuelle des relations internationales entre les deux grands pouvoirs, les Etats-Unis et la Russie, l’Union européenne, la Chine, ainsi que sur la guerre en Syrie et la crise au Proche-Orient, qui se complique de plus en plus ?
    M.G.-Les Etats-Unis aspirent à conserver le rôle de superpuissance mondiale qu’ils ont acquis après la disparition de l’URSS et du Bloc soviétique, alors que le monde devient chaque jour plus multipolaire. Cette contradiction engendre et engendrera des conflits croissants, car il n’y a que les Européens à se soumettre encore au leadership américain.
    Les Etats-Unis ont aussi mené une politique d’encerclement stratégique de la Russie. Ils redoutent plus que tout cette Europe « de l’Atlantique à l’Oural » qu’appelait De Gaulle de ses vœux. On assiste aussi à une compétition mondiale pour la maîtrise des ressources naturelles. Sans parler du réveil de l’Islam comme universalisme concurrent.
    Tout cela démontre que, contrairement à ce que prétendaient certains libéraux, la fin de l’histoire n’arrivera pas au XXIe siècle. Au contraire, de nouveaux acteurs et de nouveaux enjeux ne cessent d’apparaître.
    Mais dans ce contexte conflictuel l’Union européenne, qui revendique le rôle de « soft power », est de moins en moins capable de proumouvoir ses intérêts malheureusement.

    8 Geopolitika – Vous êtes l’un des rares penseurs qui, non seulement analyse, mais aussi appelle à la résistance. Vous avez défini l’Europe, vous faites appel à la verticale épique européenne, les 300 Spartiates, les marins de Lépante… Vous mentionnez le pessimisme en tant qu’une force politique montante en Europe, qui peut se transformer en action. En effet, comment lutter dans l’époque du conformisme et du découragement,  comment faire revenir l’éclat de la nation chrétienne européenne et des identités irremplaçables ?
    M.G.- Si l’on s’en tient au monde factice que nous présentent les médias, il y a tout lieu de se montrer pessimiste en effet sur l’avenir de l’Europe. Mais si l’on examine plus précisément la réalité, on perçoit les germes du renouveau européen : en particulier dans la population active et dans la jeunesse.
    Car la situation de l’Europe occidentale ressemble beaucoup à celle de l’URSS sur sa fin : une nomenklatura coupée du peuple et qui cumule tous les pouvoirs, des intellectuels entrant en dissidence contre l’idéologie du Système, une propagande officielle déconsidérée, une perte de compétitivité croissante, des Etats réduits à leur rôle répressif.
    Le Système occidental apparaît puissant vu de l’extérieur, mais il est vermoulu à l’intérieur. Le mur médiatique se fissure déjà. D’autres murs tomberont. L’oligarchie ne cesse de nous répéter qu’il faudrait s’adapter – donc se résigner – à ce monde. De plus en plus d’Européens pensent au contraire qu’il est encore temps de le changer.
    Et comme aimait à l’écrire le grand historien disparu Dominique Venner, « l’histoire est le lieu de l’inattendu ».

    Geopolitika– Merci beaucoup pour votre temps précieux.
    M.G.- Merci de vos questions pertinentes.
    Geopolitika et Michel Geoffroy, Paris – Juillet 2013

    Article publié par Geopolitika en serbe