On surveillait les djihadistes caucasiens, or c’est par les bobos ukrainiens que le coup est venu. Occident-Russie: 1-1.
L’écrivain serbo-croate Slobodan Despot relève de nombreuses similitudes entre la crise ukrainienne et le conflit qui a déchiré la Yougoslavie. Il dénonce le jeu trouble de l’Occident qui place ses pions à l’Est sans souci des réalités locales.
Loin d’instaurer la trêve qui a motivé jadis leur création, les Jeux olympiques sont des périodes à haut risque pour Vladimir Poutine. Il dut abandonner dare-dare l’ouverture des JO de Pékin en août 2008 pour diriger personnellement la contre-offensive en Ossétie du Sud, attaquée subitement par la Géorgie avec le soutien de l’OTAN. A Sotchi, où il était l’hôte, il n’eut pas le loisir d’enfiler son treillis. Les Russes sont orgueilleux jusqu’à l’enflure de leur grandeur sportive, et donc vulnérables lorsqu’ils ont l’occasion de la manifester. Résultat: l’effondrement de leur misérable allié Ianoukovitch a éclipsé la magnifique cérémonie de clôture. On surveillait les djihadistes caucasiens, or c’est par les bobos ukrainiens que le coup est venu. Occident-Russie: 1-1.
Seuls des journalistes-anesthésistes payés pour ne surtout pas réfléchir auront omis de relever ces drôleries du calendrier. Les mêmes continueront de prétendre sans ciller que le renversement de régime à Kiev ne fut rien d’autre qu’une révolte populaire spontanée que l’UE et les Etats-Unis auront suivie avec une légitime compassion, mais nullement suscitée et encore moins dirigée. Il s’agit là d’un axiome idéologique qu’aucun fait ne peut ébranler, pas même l’enregistrement des conversations entre l’ambassadeur américain en Ukraine et la secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland – Madame « Fuck-the-EU! » –, d’où l’on peut conclure que nos libérateurs de 1945 considèrent l’ensemble du Vieux Continent comme un vulgaire échiquier dont ils manipulent à la fois les pions et les règles du jeu. Quel Etat européen, déjà, a rappelé ses diplomates suite à cette insulte ? Aucun ? C’est que la poltronnerie va de pair avec le déni de réalité et que les dirigeants européens eux-mêmes sont prêts à « baiser l’Europe » si leurs patrons américains leur suggèrent de le faire.
Dans une autre vie, j’eusse pris cette comédie cum grano salis en observant le ratorium universel prophétisé par Alexandre Zinoviev, le premier à avoir compris que le totalitarisme n’était pas un accident de notre civilisation mais sa finalité. Mais dans la vie qui est présentement la mienne, j’ai vu la même comédie, la même bêtise, la même sentimentale partialité incendier le grand pays où je suis né, la Yougoslavie, et l’émietter en une poussière de baronnies ethno-ridicules rappelant l’Allemagne du temps des frères Grimm ou l’Italie du Décaméron.
Le « fuck » de Mme Nuland, cela ne vous rappelle rien ? Moi si. Suite aux accords péniblement mis sur pied par les Européens et leur ambassadeur Cutilheiro à Lisbonne au printemps 1992 en vue d’une partition pacifique de la Bosnie, il aura suffi d’un coup de fil et d’une promesse gratuite de l’ambassadeur US à Belgrade à Alija Izetbegović, le président fondamentaliste de la partie musulmane, pour lui faire retirer sa signature encore humide et déclencher du même coup la guerre civile. « Fuck Europe, Alija! Nous, on te donne toute la Bosnie ». C’est revendiqué tel quel, ou presque, dans les Mémoires du susnommé, Warren Zimmermann. Des Mémoires qu’aucun journalo-moraliste européen n’a lus ni cités, bien entendu.
La révolution « spontanée » de Maïdan ? Encadrée et formée par les spécialistes serbes d’Otpor, qui destituèrent élégamment (avec mon approbation naïve) le président Milošević en 2000 – celui-là même dont Jacques Chirac avait loué la responsabilité et l’esprit de coopération (gare au baiser de Judas !). Des spécialistes eux-mêmes formés par la National Endowment for Democracy et ses théoriciens anglo-saxons de la manipulation aux yeux desquels la révolution non-violente n’est qu’un des moyens – et des moins coûteux – de prise du pouvoir chez autrui. Autrui, c’est bien entendu tout régime moralement compromis sur la scène internationale qui hésitera du coup dans son recours à la force. Car on s’imagine bien ce qu’une démocratie occidentale sûre d’elle eût fait d’une révolte armée dans sa capitale ! Il n’est qu’à voir comment le régime de Paris a traité la Manif pour tous, non violente et bien plus massive que l’insurrection de Kiev où le néonazi s’illustra.
Les yougo-analogies sont frappantes. Comme en Croatie, au Kosovo et en Bosnie, les héritiers des perdants des deux guerres mondiales sont en train de déboulonner les monuments dressés par les vainqueurs. La résistance au nazisme est déjà assimilée en Ukraine occidentale à l’impérialisme grand-russe. Il est bien évident que les zones russophones du sud-est ukrainien n’accepteront pas le nouveau pouvoir de Kiev. Ils vont donc rompre avec le nouveau pouvoir central comme le firent jadis les Serbes de Krajina rejetant la sécession croate appuyée par l’Allemagne. Avec la prévisible hypocrisie qui les caractérise, les atlantistes dénonceront comme illégale cette sécession, oubliant bien vite qu’eux les premiers ont bafoué le processus démocratique ukrainien et sanctionné le pouvoir de la rue. Comme lors de l’éclatement yougoslave en 1991. Comme lors du renversement de Milošević en 2000.
Mais la « pédagogie de la mémoire », où la Russie soviétique excella un certain temps, est un art déjà ancien sous nos latitudes. Si les papes putschistes de Rome ont pu évincer de l’histoire ceux, légitimes, d’Avignon, Washington et Bruxelles n’auront aucune peine à convaincre leur opinion que le douteux pouvoir de Kiev est l’avant-poste de la démocratie aux portes des steppes eurasiennes. N’оnt-ils pas réussi à faire passer le général révisionniste croate Tudjman, dont les écrits eussent été interdits en France, pour un phare de civilisation face aux hordes serbes ? L’impudent BHL n’est-il pas allé à Sarajevo glorifier son ami Izetbegović, islamiste vénéré et auteur de la belliqueuse Déclaration islamique ?
Et c’est ici que mon amusement face au « grand jeu » géopolitique dérobé par un voile humanitaire aux yeux des badauds cède la place à la mélancolie. Je songe aux déconvenues et à l’amertume qui attendent ces Ukrainiens qui dansent aujourd’hui aux portes de l’Europe comme les Belgradois de l’an 2000. La Serbie, depuis sa « révolution colorée », n’a pas vu ses conditions d’existence s’améliorer. En revanche, elle a vu défiler une invraisemblable galerie de potentats, chacun plus obséquieux envers l’Ouest que le précédent, chacun plus incompétent et chacun plus inepte. C’est que les Occidentaux ont pour système de soutenir et de porter aux nues à l’Est des gens qu’ils s’empresseraient de jeter en prison chez eux. Mais, comme Churchill le disait à MacLean lorsque celui-ci s’étonnait de l’abandon de la Yougoslavie aux communistes après la conférence de Téhéran: « Ni vous ni moi n’irons vivre là-bas. Alors ?»
Slobodan Despot, Le Figaro, 25/02/2014
Slobodan Despot est écrivain et éditeur. Son dernier roman, Le Miel a été publié chez Gallimard en janvier 2014.
http://www.polemia.com/ukraine-un-scenario-a-la-yougoslave/
géopolitique - Page 785
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Ukraine : un scénario à la yougoslave?
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Vladimir Poutine parle de la France et des pays européens d'une manière inquiétante
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Dans le piège centrafricain
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Ukraine : mobilisation militaire décidée par Kiev
La situation ne s'améliore pas.
Pour la suivre, notamment : Russia Today, la BBC, La voix de la Russie. Et les commentaires de Philippe Grasset sur "dedefensa".
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Ukraine: Moscou appelle à une solution politique
La Russie appelle à faire rentrer la situation en Ukraine dans le cadre politique, pour permettre à ce pays de sortir de la crise, a déclaré dimanche le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies Vitali Tchourkine.
Il faut faire rentrer cette situation (en Ukraine) dans la voie politique, dans le cadre constitutionnel, retourner à l'accord du 21 février et créer un gouvernement d'unité nationale. Il faut également arrêter d'essayer de recourir au langage de la force avec les opposants politiques ou ethniques ", a déclaré le diplomate russe.
Selon M.Tchourkine, il faut également "serrer la bride" aux radicaux et conseiller à l'opposition politique ukrainienne de prendre ses distances avec les radicaux.
Des négociations sur le règlement du conflit en Ukraine se sont déroulées le 21 février à Kiev. Elles ont abouti à la conclusion d'un accord signé par le président Ianoukovitch et par les dirigeants de l'opposition. Ce document prévoit notamment une élection anticipée du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et une réforme constitutionnelle élargissant les pouvoirs du premier ministre au détriment de ceux du président. Or, au mépris des ententes intervenues et sans attendre que la loi modifiant la Constitution soit signée par Viktor Ianoukovitch, les députés ont voté un décret transférant les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov.
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L'UE a joué au pyromane en Ukraine
Aymeric Chauprade dénonce l'ingérence de l'UE en Ukraine :
Le comportement irresponsable de l’union européenne qui n’a eu de cesse de jeter de l’huile sur le feu en Ukraine est en train de produire ses effets prévisibles. Le Front national avait mis en garde, dès le début de ces troubles, encouragés de l’extérieur, quant au risque d’envenimement de la situation ukrainienne.
Kiev n’a plus de gouvernement légal mais agit sous la pression de milices radicales qui ont annulé la démocratie, balayé les droits linguistiques des russophones, limité les programmes de télévision d’opposition, arraché les églises orthodoxes ukrainiennes du patriarcat de Moscou et menacé d’annuler l’autonomie de la Crimée garantie par des traités.
Il était logiquement prévisible que Moscou ne laisserait pas le nouveau pouvoir menacer les populations russophones de l’Est et de la Crimée. Vladimir Poutine pouvait-il rester sourd aux appels inquiets des foules massées à Kharkiv, Donetsk, Simferopol et Sébastopol? Pouvait-il prendre le risque d’une guerre civile généralisée en Ukraine qui aurait conduit à des massacres de grande ampleur?
Les pyromanes de salon qui ont joué avec le feu en poussant une partie de l’Ukraine contre une autre, sans se préoccuper des conséquences humaines, pourront bien dénoncer l’arrivée des pompiers russes. Ils porteront cependant, devant l’Histoire, une responsabilité écrasante quant à l’affaiblissement général de la souveraineté étatique ukrainienne.
Comme l’intervention armée française au Mali, l’intervention russe dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée vise d’abord à désarmer une population qui était en train de s’armer dangereusement, à garantir les droits des russophones qui venaient d’être anéantis par Kiev, et, bien évidemment aussi, à l’instar de la France en Afrique subsaharienne, à garantir quelques intérêts stratégiques propres à toute zone d’influence historique. [...]"
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Qui est derrière le coup d’État en Ukraine ?
Nicolas Bourgoin est démographe, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’Université de Franche-Comté (LASA-UFC). Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008)
Les impérialistes occidentaux ne renoncent jamais. Après avoir tenté en vain de faire tomber le régime de Bachar al-Assad à grands renforts de campagnes médiatiques mensongères et de livraisons d’armes aux rebelles (1), ils ont réussi à écarter l’Iran de la conférence de Genève 2 destinée à trouver une issue politique à la guerre en Syrie (2). Au Venezuela, la tentative de coup d’État orchestrée par la CIA se poursuit dans un silence diplomatique assourdissant (3). Autre front : l’Ukraine, pivot géostratégique entre l’Ouest et l’Est, repassée depuis 3 ans dans le giron russe après la période calamiteuse de la gouvernance « orange ». La tactique est la même – aide financière à une opposition factice et diffusion massive de contrevérités médiatiques à propos de la répression menée par le pouvoir -, le but également : affaiblir la Russie en la privant de ses partenaires commerciaux et en l’isolant diplomatiquement. Révolution orange, le retour.
Acte 1
On se souvient sans doute de la « Révolution orange », largement médiatisée à l’Ouest. Viktor Ianoukovitch, le candidat proche de Vladimir Poutine, est élu président de l’Ukraine le 21 novembre 2004. Une série de manifestations suivent la proclamation des résultats. Organisées par le candidat malheureux, Viktor Iouchtchenko, financées par des milliardaires ukrainiens et des organisations américaines (4), soutenues par de nombreux pays occidentaux dont les Etats-Unis (elles ont été financées à hauteur de 65 millions de dollars par l’administration Bush), elles prennent rapidement de l’ampleur et forcent le gouvernement à organiser un nouveau scrutin un mois plus tard. Entaché de nombreuses fraudes, il verra la victoire de Viktor Iouchtchenko et ouvre une période marquée par un rapprochement avec le camps occidental et l’OTAN mais aussi par une gouvernance calamiteuse gangrenée par la corruption. Les multiples malversations du « clan orange » (délits financiers, détournements de fonds, évasion fiscale, favoritisme) conduiront notamment Ioulia Timochenko, l’ex-Première ministre ukrainienne, derrière les barreaux. Le président sortant ne recueillera que 5,45 % des voix lors du scrutin de 2010. Rideau sur le premier acte de la « Révolution orange ».
Acte 2
Des milliers d’opposants pro-européens manifestent violemment suite au refus du président ukrainien en novembre dernier de signer un accord d’intégration avec l’UE, décision motivée par la lourdeur des "réformes structurelles" exigées en contrepartie par les européens (privatisations massives, réduction drastique des dépenses de l’État et de l’emploi public, remise en cause de la protection sociale et du droit du travail) alors que le pays est économiquement affaibli, ainsi que par le souhait de donner la priorité aux relations économiques avec la Russie. Rappelons que c’est aussi sur la base de ce rapprochement avec la Russie que le président ukrainien a été élu. Loin d’être pacifiques, ces manifestations apparaissent comme des tentatives de déstabiliser le gouvernement, voire de le renverser (5), des snipers israéliens sont même présents (6). Elles sont soutenues par Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange, et par la quasi-totalité des classes politiques occidentales. Certains manifestants sont affiliés à l’organisation d’extrême-droite Svoboda, violemment anti-russe, dont la plupart des membres sont armés (7). Des saccages, de nombreuses déprédations sont commis dont la destruction d’une statue de Lénine (8 la déclaration à ce sujet du Parti Communiste d’Ukraine). Des catapultes géantes sont même montées pour l’occasion et utilisées contre les forces de l’ordre qui comptent déjà de nombreuses victimes dans leurs rangs (9). L’opposition, qui n’a pas la majorité au parlement, ne peut en effet compter que sur la « pression » de la rue, autrement dit la violence, pour faire plier le gouvernement et tenter remettre sur les rails l’accord avec l’UE, d’autant plus que les ukrainiens dans leur majorité ne soutiennent pas les pro-européens, comme le montre un récent sondage (10).
Cette stratégie de la tension semble être jusqu’ici payante puisque Viktor Ianoukovitch s’est entretenu une nouvelle fois avec les chefs de file des opposants et a demandé que le Parlement se réunisse en urgence pour discuter de la démission du gouvernement réclamée par l’opposition, et tenter de mettre un terme à la crise politique… sans succès toutefois, l’opposition exigeant purement et simplement la démission du Président, pourtant légitimement élu. Après cet échec de l’ultimatum fixé au Président (11), les violences on repris de plus belle : nouvelles barricades, Ministère de l’Agriculture pris d’assaut par les manifestants en armes … (12). Ce 19 février, les forces de sécurité ukrainiennes ont repris une partie de la place de l’Indépendance à Kiev après une nuit d’affrontements avec les manifestants antigouvernementaux (13). Les États-Unis et l’Union Européenne, qui appuient les revendications de l’opposition, continuent de maintenir la pression et envisagent des sanctions contre Kiev en réponse à la répression des manifestations. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a brandi la menace de représailles contre les dirigeants ukrainiens, pourtant totalement légitimes. Le vice-président Joe Biden, pour sa part, a eu un entretien téléphonique avec le Président ukrainien et l’a averti que si les autorités ne calmaient pas la situation, cela aurait des "conséquences".
Dans les coulisses
Comme au temps de la Révolution orange, les media occidentaux présentent unanimement les manifestations anti-russes comme un mouvement spontané regroupant des « combattants de la liberté » épris d’Europe, en butte à un pouvoir autocratique (14). L’inénarrable Bernard-Henri Lévy, de tous les mauvais coups contre les pouvoirs hostiles à l’atlantisme, n’a évidemment pas fait défection en appelant même l’UE à suspendre sa participation aux jeux de Sotchi (15). En réalité, il s’agit d’une manipulation bien rodée et qui a déjà fait ses preuves lors de la Révolution orange dont la logistique avait été assurée par les organisations pro-occidentales Pora et Znayuliées au mouvement Otpor. Celui-ci avait déjà joué un rôle actif dans la chute de l’ex-président Slobodan Milosevic en juillet 2000, dans la « Révolution des roses » georgienne de décembre 2002 ainsi que dans les tentatives de putsch contre le président biélorusse en 2001 et 2004. Toutes ces organisations sont généreusement financées par des officines occidentales : le Konrad Adenauer Institute, proche de la CDU, l’Open Society Institute de Georges Soros, leNational Democratic Institute et la Freedom House, proches du gouvernement américain, entre autres.
Les manifestants actuels semblent bénéficier à nouveau des mêmes largesses dans le financement de mouvements dont l’objectif est in fine de déstabiliser des pays souverains afin de les soumettre aux intérêts occidentaux (16). En réalité, cela fait déjà longtemps que les USA s’intéressent à l’Ukraine (17). La volonté des américains de renverser le gouvernement ukrainien, pourtant totalement légitime, répond à trois objectifs, de nature économique et géostratégique : renforcer l’OTAN par l’intégration d’un nouveau pays (le plus grand d’Europe), affaiblir la Russie en l’isolant diplomatiquement et s’approprier un marché jugé trop protectionniste en créant un « climat d’investissement favorable aux entreprises étrangères» – en clair : en privatisant ce qui ne l’est pas encore et en faisant prévaloir les intérêts des investisseurs étrangers sur ceux de la population nationale. Ils justifient les financements faramineux investis dans l’aide logistique aux groupes anti-russes ainsi que l’effort déployé par les media occidentaux pour tenter de faire passer pour une révolution populaire et pacifique ce qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État.
Nicolas Bourgoin http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAFuEAEukeDOVQkGF.shtml
Source : http://www.lesobservateurs.ch/2014/02/21/qui-derriere-le-coup-detat-en-ukraine/ : http://bourgoinblog.wordpress.com/2014/02/19/qui-est-derriere-le-coup-detat-en-ukraine/
notes :
(1) http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/09/05/bruits-de-bottes-en-syrie-apres-lennemi-interieur-lennemi-exterieur-2/
(2) http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140120-conference-geneve-2-onu-retire-invitation-iran-opposition-syrienne-confirme-participation/
(3) http://www.legrandsoir.info/venezuela-la-tentative-de-coup-d-etat-se-poursuit.html
(4) http://www.russie.net/article1963.html
(5) http://fr.starafrica.com/actualites/ukraine-le-premier-ministre-denonce-un-coup-detat.html
(6) http://strategika51.wordpress.com/2014/02/20/kiev-des-snipers-israeliens-au-milieux-des-neonazis/
(7) http://www.france24.com/fr/20131202-opposition-ukraine-kiev-violence-extreme-droite-ue/
(8) http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-apres-la-demolition-de-la-statue-de-lenine-a-kiev-le-neo-fascisme-ne-passera-pas-pour-le-pc-121523378-comments.html
(9) http://www.youtube.com/embed/mXcFhvEhQTc
(10) http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Les-ukrainiens-ne-soutiennent-pas-EuroMaidan-Sondage_a7298.html
(11) http://www.dailymotion.com/video/x1a71w2_bfm-story-ukraine-les-manifestants-posent-un-ultimatum-au-president-viktor-ianoukovitch-23-01_news
(12) https://twitter.com/LeNouvelObs/status/426504792597610497/photo/1/large?utm_source=fb&utm_medium=fb&utm_campaign=Henri_Pignatel&utm_content=426505647954624512
(13) http://fr.news.yahoo.com/affrontements-meurtriers-Ã -kiev-ianoukovitch-menace-063341844.html
(14) http://www.rtl.fr/blog/aphatie/manifestations-en-ukraine-une-lecon-d-amour-a-l-europe-7767571031
(15) http://www.bernard-henri-levy.com/
(16) http://french.ruvr.ru/2013_11_25/Ukraine-combien-coutent-les-actions-de-protestation-8223/
(17) http://www.michelcollon.info/Les-enjeux-de-la-bataille-pour-l.html -
Obama "très préoccupé" par les mouvements militaires russes en Ukraine
L'Ukraine a dénoncé la violation de son espace aérien par la Russie. Quelque 2 000 soldats russes auraient été aérotransportés sur le sol ukrainien, selon un haut-responsable local.Nouvelle étape dans les tensions entre l'Ukraine et la Russie. "Nous assistons aujourd'hui à une invasion armée russe. (...) L'espace aérien [en Crimée] est fermé en raison du grand nombre d'atterrissages d'avions et d'hélicoptères russes", a déclaré le représentant du président ukrainien en Crimée, Serguiï Kounitsyne, à la chaîne de télévision ART, vendredi 28 février.
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Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard, par Gabriele Adinolfi (traduction exclusive pour le C.N.C.)
Gabriele Adinolfi s'exprime sur les événements d'Ukraine : Certaines choses ne s'achètent pas, pour le reste, il y a Mastercard
La fierté d'un peuple en armes est inestimable.Assis derrière le clavier, de nombreux camarades occidentaux ont jacassé sur les camarades Ukrainiens, les qualifiant d'agents des Américains, des banquiers, des technocrates.
Les commissaires politiques de chez nous ont invoqué la géopolitique, soudainement devenue la clé unique et absolue de tout, un peu comme la théorie de la plus-value pour les marxistes les plus inexpérimentés.
On a entendu des personnages, ceux qui s'écartaient sans s'exposer quand on nous tirait dessus, émettre des malédictions du genre: «l'extrême droite est un phénomène des agences de renseignement occidentales."
On en sait quelque chose. Personnellement, j'ai croisé trois fois les services occidentaux réunis : dans trois différentes tentatives de m'incriminer pour dépister les enquêtes sur leurs amis, qui étaient nombreux et qui se trouvaient aussi à l'extrême gauche, pas à l'extrême droite.
Celle-ci est de la race de ceux qui palabrent.
Là bas, des camarades sont allés mourir. Trente, si je ne me trompe pas, dans les rangs du Praviy Sektor, (le Secteur Droit, rassemblement de plusieurs mouvements nationalistes ukrainiens comme Tryzub ou l'UNA-UNSO, NDT) et plus de quinze dans ceux du plus «modéré» Svoboda.
Mais c'est ainsi : des gens qui dans leur vie n'ont jamais été dans une bagarre ni payé une amende, crachent des jugements sentencieux sur celui qui se bat et meurt.
Vision héroïque de la vie . Rune du combattant.Avec Poutine ?
En dehors de ces experts de la vie et de la mort (des autres) qui décident des peuples en regardant une carte sur Google Map, il y a ceux qui se demandent en toute bonne foi : mais ne sommes-nous pas avec Poutine ?
Oui, en russophiles, non en tant que Russes, ni en tant qu'agents russes.
Nous sommes avec Poutine en tant qu' alliés potentiels et non comme des esclaves. Bien sûr, c'est un concept difficile pour certains des surhommes de chez nous qui imaginent l'avenir politique au service d'un Ivanhoé qui viendra pour lutter contre l'usurpateur. Leur plus grande ambition : être l'écuyer d'un maître car ils ne savent même pas ce que cela signifie d'être un seigneur.
Mais pour d'autres, pour ceux qui se posent des questions rationnelles et qui se demandent s'il aurait valu mieux d'éviter l'affrontement, la réponse est dans l'identification. Prouvez donc que vous pouvez vous identifier.
Poutine, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, a confié l'Ukraine à une minorité ethnique qui a profité du pouvoir pour s'imposer, dénationaliser et russifier.
Une minorité qui a utilisé la propagande soviétique, anti-fasciste, anti-nationaliste et anti-nationale. Et qui en a abusé.
C'est comme si Massimo d'Alema, Laura Boldrini et Rosi Bindi (représentants italiens de la gauche farouchement anti-nationale et « droitdelhommiste » NDT) avaient reçu les pleins pouvoirs .
C'est ce qui arrivé.
Et à celui qui dit : “mais n'était-il pas préférable de différer et d'essayer d'arranger les choses quand même “, je réponds la chose suivante : le lendemain des massacres de Primavalle ou d'Acca Larentia, seriez vous venus nous dire que nous devions nous mettre d'accord avec ces gens-là au lieu de défendre notre peau ainsi que notre droit d'exister et de nous affirmer ?
Seulement un abstrait, un branleur ou un dément pourrait nous dire que oui.En pratique
On nous dira, beaucoup plus raisonnablement cette fois, que désormais la situation est compromise et que la porte a été ouverte aux vautours. C 'est possible et même si cette défaite était inévitable, en tout état de cause, ce sont les deux factions et non pas une seule qui en porteraient la responsabilité.
Mais est-ce vraiment le cas?
Certes, à entendre nos commissaires politiques du clavier, il faudrait un peu moins lire les médias internationaux et surtout ceux des Américains, qui craignent de ne pouvoir contrôler une peuple qui prétend faire valoir ses raisons.
Traçons un résumé de ce que les camarades ukrainiens ont gagné pour l'instant.
Non seulement la libération, accordée, de toutes les personnes arrêtées lors des émeutes, mais aussi le licenciement de cinquante juges du « syndicat de la magistrature » local accusés de corruption, la grâce et la libération d'un père et de son fils condamnés (prison à perpétuité et quinze ans ) pour avoir abattu le magistrat symbole de la corruption post-communiste et l'octroi à un membre du parti Svoboda du poste de procureur général de toute l'Ukraine. Pendant ce temps, la rue, dominée par le Praviy Sektor, a poussé Yulia Timochenko à la retraite anticipée en lui faisant retirer sa candidature et a clairement fait savoir que l'Ukraine n'est pas disposée à devenir une colonie américaine.
C'est toujours le Praviy Sektor qui a réussit à faire rejeter la candidature au poste de Premier ministre du champion des Américains, Vitaliy Klitchko.
Après, la vice-présidence du Conseil de sécurité nationale lui a été offerte. Peut-être par une méthode de cooptation; le fait est qu'au moment ou j’écris, le Praviy Sektor n'a pas encore retiré toutes ses réserves.
Ceux tombés pour la Révolution ont été proclamés Héros de la Nation, en tant que "Centurie Céleste" .Dangers
Malgré la poisse des révolutionnaires par procuration de chez nous, eux qui ne savent qu'insulter ceux qui se battent, peut-être parce que c'est la seule façon qu'ils ont de sublimer leur vies de supporters en fauteuil, les scénarios apocalyptiques qu'ils souhaitent ne se sont pas encore réalisés, mais persistent sous la forme d'un risque.
Ce qui se passe est avant tout dû à la division et à la marginalisation.
D'autre part, Svoboda regarde avec confiance en direction de l'Ouest, mais pas le Praviy Sektor.
Définir ce que signifie un regard confiant vers l'Ouest, dans une zone de frontière, est une autre chose. Comme il en est pour la proposition d'élargissement de l'OTAN, qui, il ya quelques années seulement, a été formulée par le même Poutine qui voulait que la Russie y participe.
Les catégories de la realpolitik sont souvent différentes de celles des “supporters“ politiques.
Et, pour rester toujours dans la realpolitik, le résultat de la tragédie ukrainienne est susceptible d'aboutir à un partage convenu dans une sorte d'un nouveau petit Yalta.
Le fait est que les inconnues restent nombreuses et que les camarades ukrainiens ont un rôle à jouer non-négligeable, soit en faisant pencher la balance, soit en tant qu'agneaux sacrificiels.Occasions
Évidemment, si Svoboda et le Praviy Sektor entrent en concurrence et en conflit l'un avec l'autre, si les fonctionnaires de Svoboda s'avèrent aussi débiles que, par exemple, ceux de AN (Alleanza Nazionale NDT), les hommes de Soros remporteront le match et le Praviy Sektor sera la dinde destinée à être sacrifiée sur l'autel de l'occidentalisation .
Si, toutefois, en apprenant la leçon de Togliatti (secrétaire communiste italien à la fin de la guerre NDT), les camarades ukrainiens forment des cellules durables de magistrats, si les liens de sang entre les équipes restent supérieurs aux sirènes de l'arrivisme, les choses en iront autrement. Si nous étions en Italie, je ne serais pas confiant, mais nous parlons d'un peuple encore debout , avec des gens arrivés de partout pour se battre (en prenant congé régulièrement des chantiers ! ), des gens plus sérieux que ceux que nous avons l'habitude de rencontrer.
Ils peuvent le faire. Ils ne le feront que si ils sont eux mêmes garants de nouvelles relations économiques, énergétiques et diplomatiques avec la Russie. Relations qui sont une nécessité objective.
Ceux qui répondent que les deux côtés se haïssent et que cela constitue un barrage indépassable, n'ont pas le sens de la réalité. Les relations internationales ne se bâtissent pas uniquement sur la sympathie entre les partenaires ou pour une cause commune, mais sont, le plus souvent, basées sur des intérêts communs, qui ne sont communs que lorsque les deux parties contractantes sont égales, pas quand l'une d'entre elles est assujettie. Elles se créent aussi, et surtout, parmi ceux qui se haïssent.
Il n'est pas du tout inconcevable que, dans les prochains mois, il incombe précisément aux nationalistes ukrainiens de gérer les relations avec la Russie. Si , bien sûr, une guerre civile n'éclate pas avant.De l'écriture.
La situation peut basculer ; elle ne finira pas nécessairement dans l'abîme.
Et même si elle y tombe, cela aura toujours valu la peine.
Parce que rien ne vaut autant qu'un peuple qui lutte et affirme sa dignité par l'effusion de son sang. Un peuple qui sait ce que nous avons oublié : qu'il n'y a pas de dieu qui prend les armes à la place de ceux qui prient au lieu de combattre.
Quoi qu'il arrive, même si c'est ce qu'espèrent une grande partie des envieux et porteurs de poisse, les camarades ukrainiens ont donné un exemple existentiel, un exemple guerrier.
Ils ont écrit une page d'histoire épique en faisant leurs les paroles de Nietzsche: "écris avec ton sang et tu découvriras que le sang est esprit."
Au lieu de cela, nous écrivons sur Facebook ou sur des forums.
Et nous nous permettons de juger ceux qui se battent et meurent. Nous ne valons pas mieux que Boldrini, vraiment pas mieux.
Comme des esclaves envieux, nous souhaitons des chaînes à ceux qui ont eu la force de les briser.Gabriele Adinolfi
Notes: Première mise en ligne le jeudi 27 février 2014 sur le site noreporter.org
http://www.noreporter.org/index.php?option=com_content&am...Traduction de l'italien (romain): Angelo S. en collaboration avec Pascal Lassalle pour le Cercle Non Conforme
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Des lobbies au gouvernement mondial
Les États contemporains, même (et surtout) ceux qui, en apparence, ont conservé leur indépendance nationale, sont-ils pour autant encore souverains ? Les gouvernants de pays comme la Suisse ou Israël, le Venezuela ou le Japon, l’Afrique du Sud ou la Norvège gouvernent-ils effectivement, c’est-à-dire détachés de toute subordination économique ou morale à des organisations internationales officielles (à l’instar de l’Organisation des Nations unies et de ses satellites ou de celles à compétence régionale comme l’Union européenne) comme officieuses ? Eu égard à la place grandissante des traités et accords internationaux, notamment dans les domaines commerciaux et financiers, quasiment tous les États du monde, y compris ceux qui sont soumis à des mesures internationales de rétorsion (embargos militaires et commerciaux par exemple), sont “dépendants” d’un contexte international de plus en plus prégnant sur les plans juridique et politique.
Absence de complot
La réponse, en revanche, est moins simple, s’agissant des officines officieuses et de la nature comme de l’intensité des relations qu’elles entretiendraient avec les États et, plus précisément, leur gouvernement. C’est à bon droit, par exemple que l’on a pu s’interroger sur les connivences pouvant exister entre la mouvance Al-Qaida (et son chef insaisissable, Oussama Ben Laden) et l’État d’Israël et les États-Unis, son mentor et bailleur de fonds. L’objectif ? Endiguer l’expansionnisme islamique en Occident en criminalisant, autant que possible, l’ennemi arabo-musulman et ses séides. Loin de nous l’intention de tout expliquer par la théorie du complot. Comme l’a si bien montré Frédéric Rouvillois dans la revue Les Epées (n° 19, avril 2006), cette théorie vise un ennemi abstrait et éthéré qu’il convient de démasquer ; elle est à la fois légitimante (en ce qu’elle fonde et justifie le discours dominant) et simpliste (car elle occulte délibérément ou inconsciemment la complexité du réel). Néanmoins, force est d’admettre et d’observer, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, que nos sociétés actuelles, bien que saturées d’informations de toutes sortes, sont pourtant caractérisées par une opacité rendant malaisée la lisibilité autant que la compréhension de la politique nationale et internationale. Ce défaut de transparence, sans avoir été initialement voulu, sert, malgré tout, utilement les intérêts des divers “think tank” (littéralement, “réservoirs de pensées”) et autres groupes de pression aux allures de sociétés secrètes. En somme, pour gouverner sans être dérangé par des mouvements d’opinion ou des sautes d’humeur populistes, demeurons à l’abri des regards soupçonneux dans lesquels se lit une frénésie de contrôle démocratique.
Des réseaux puissants
Ce n’est pas céder, en effet, à la paranoïa conspirationniste que d’affirmer l’existence d’une “internationale” de ce que d’aucuns dénomment les “maîtres du monde”. Ces hommes et femmes d’influence, parce qu’ils sont placés aux endroits stratégiques de la gouvernance économique, politique ou scientifique, détiennent incontestablement une part du pouvoir mondial. Mais si ce “situationnisme” est une condition nécessaire, il n’est, cependant, pas suffisant. Encore faut-il que ces décideurs soient partie intégrante de réseaux aux ramifications particulièrement précises et nombreuses pour les relier entre eux, sans pour autant sacrifier à une démarche pyramidale ou centralisatrice. Suivant le principe des cercles concentriques, allié à la méthode de la toile d’araignée, les réseaux d’influence finissent par couvrir la quasi-totalité de la planète, et ce, quel que soit le domaine d’intervention. Insidieusement, se met donc en place un gouvernement mondial, qui, certes, n’avance pas à visage découvert et sous cette qualification orwelienne, mais agit toujours de concert, au service d’une idéologie de l’universel dont les origines philosophiques sont multiples (toutes empreintes, nonobstant, de l’idéologie des Lumières). Quoi qu’il en soit, au pouvoir déclinant des gouvernements nationaux s’est substitué (souvent avec la complicité active de ceux-ci, par bradage systématique de pans entiers de souveraineté) un nouveau pouvoir, subtil, planétaire et global, échappant complètement au contrôle des peuples. Les citoyens des nations développées, conditionnés par le réflexe consuméro-pavlovien du démocratisme, continuent mécaniquement d’élire des responsables d’institutions nationales alors que le pouvoir réel a été déplacé sournoisement vers de nouveaux centres. C’est ainsi que, sans surprise, le Béhémoth démocratique s’est accouplé au Léviathan oligarchique du gouvernement planétaire.
Talon d’Achille
En outre, il est remarquable de constater que ces groupes d’influence s’entremêlent étroitement avec des cénacles plus notoires. Les uns et les autres se complètent sans jamais se concurrencer. Certains gouvernements peuvent, sans hésitation, être considérés comme des groupes d’influence suigeneris, les États-Unis en constituant un exemple archétypique. Il n’est donc pas étonnant de trouver des membres du Siècle ou de la Trilatérale au sein d’institutions ayant pignon sur rue, comme la Commission européenne ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la grande majorité d’entre eux se recrutant dans le puissant groupe de Bilderberg. De même que l’on retrouve des représentants américains et français siégeant dans les mêmes instances (Forum de Davos, par exemple), alors que leurs intérêts politiques et économiques sembleraient apparemment divergents. De plus, les interconnexions sont tellement denses qu’il en résulte une confusion entretenue entre les lobbies industriels et économiques et les décideurs politiques. Ainsi, il n’est guère surprenant que l’Accord multilatéral sur l’investissement (un faux AMI, en quelque sorte, négocié sous l’égide de l’OMC et qui prône, entre autres, le bannissement de toutes les entraves aux échanges économiques et commerciaux), ou encore la directive Bolkestein, aient été le fruit d’une collusion entre les hauts responsables politiques et fonctionnaires internationaux et européens. C’est aussi ce qui explique la raison pour laquelle le président Sarkozy manifeste tant d’empressement à imposer, dans le dos des électeurs qui l’ont rejetée en son temps, la Constitution européenne “simplifiée”. Attiré dans la sphère d’influence des États-Unis, Nicolas Sarkozy est en train de concrétiser le rêve d’une mainmise de ces derniers sur la France et donc sur l’Europe. Les conséquences suivant les causes, il est aisé de deviner que le nouveau “mini-traité” (environ 250 pages !) européen est un prélude aux négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Mais peut-être est-ce là le talon d’Achille de ces puissants planétaires. Dévorés par l’orgueilleuse ambition de mettre le monde en coupe réglée, ils n’ont pas conscience qu’en favorisant l’entrée du loup turc dans la bergerie européo-américaine, ils vont, sans doute, précipiter leur Tour de Babel à sa perte. Nous ne nous en plaindrons pas, il suffit d’attendre.
aleucate@yahoo.fr
L’Action Française 2000 n° 2736 – du 15 au 28 novembre 2007Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international, lobby 0 commentaire